Les
faux initiés :
Les Rose-Croix et Franc-Macons :
L'alchimiste Paracelse (1493-1541) évoquait
la transformation de l'homme dans son « Liber de resurrectione
et corporum glorificatione » (1533), d'une manière particulière
: Il combinait avec insistance les symboles de la Croix et
de la Rose en les reliant à la transmutation alchimique et
à la résurrection.
Peut-être est-il le précurseur du symbole de la Rose-Croix.
Les historiens pensent que le mouvement
"Rose-Croix" a commencé en 1608, sous l'impulsion du "Cénacle
de Tübingen", composé de Johann Arndt (1555-1621), Johann
Valentin Andreae (1586-1654), Christoph Besold, Tobias Hess
(1558-1614), Abraham Hölzel, le pasteur Vischer et Wilhelm
von Wense, intellectuels luthériens intéressés entr'autre
par l'alchimie. Ils formèrent le projet d'une nouvelle réforme,
complémentaire de celles de Luther et Calvin qu'ils jugeaient
insuffisantes.
En 1614 sort à Kassel, en Allemagne, une lettre ouverte, intitulée
"Fama Fraternitatis de l’ordre louable de la Croix de Rose",
qui constitue le premier manifeste rosicrucien. Ce texte très
court dont les principes plongent leurs racines à l’aube de
l’humanité, propose une réforme universelle sensée résoudre
le chaos européen. Cette science aurait été recueillie par
un personnage mystérieux : Christian Rosenkreutz (Chrétien
Rose-Croix). Ce texte est sans nom d’auteur, mais a probablement
été écrit par Tobias Hess car on y retrouve des extraits de
son livre "Theca gladii spiritus" (Le Fourreau de la gloire
de l'esprit)... ou le nom "Christian Rosenkreutz" était remplacé
par "Christian Cosmoxene".
(A noter que les écrits prétendument trouvés dans la tombe
de Rosenkreutz en 1604, selon ce livre, se rapportaient à
l'alchimiste Paracelse ... or Paracelse ne naitra qu'en 1493
alors que RozenKreutz est sensé être mort à l'age de 106 ans
en 1484)..
En 1615, paraît un deuxième manifeste en Allemagne, à kassel
: la "Confessio Fraternitatis" ("Confession de la Fraternité
R.C. mise à jour") qui s’adresse aux hommes de science européens.
Ce livre est prophétique et annonce la fin de l’ancien ordre
(papauté, etc…). Il prétend que Rozenkreutz est né en 1378
et est signé "Philémon R.C.". Mais Roland Edighoffer a montré
qu'un passage entier est extrait presque mot pour mot du dernier
volume des «Quatre livres du vrai christianisme» de Johan
Arndt. Il serait en plus inspiré d'un ouvrage alchimique de
John Dee (1527-1608): la "Monade Hieroglyphique" (1564).
Un an plus tard Johann Valentin Andrea publie un troisième
ouvrage à Strasbourg, très différent des deux premiers : "Les
Noces chimiques de Christian Rosenkreutz " (Chymische Hochzeit).
Il s’agit d’un roman initiatique et alchimique qui raconte
l’histoire des noces d’un roi et d’une reine auxquelles est
convié le vieux Christian Rosenkreutz.
Le jeune étudiant en théologie protestante (agé de 19 ans),
J. V. Andreae, qui est à l'origine de ce canular peut bien
rire : il a pu faire avaler ses couleuvres à un esprit aussi
cartésien que Descartes. Son livre a même influencé Leibitz
et Goethe.
D’une manière générale ces textes rosicruciens du Cercle de
Tübïngen.puisent leurs idées à plusieurs courants : le Paracelcisme
(Paracelse était un médecin alchimiste), le Joachisme (Johachim
de Flore était un mystique occidental), le mysticisme rhénan
de Maître Eckhart et l’Hermétisme de la Renaissance. Ce sont
eux qui vont lancer le mythe de la Rose-Croix à travers l'Europe.
Profitant de cet engouement, de nombreuses sociétés groupées
sous le nom de "Rose-Croix", ou inspirées par la Rose-Croix,
apparaissent alors en Europe, surtout en Allemagne ... mais
elles n'avaient absolument aucun lien de filiation avec l'ancien
Cercle de Tübingen :
-Dans la 1ère moitier du 18ème siècle, la "Société Alchimique
de Nuremberg" se réclame du rosicrucianisme. Selon certains
auteurs, G. W. Leibniz (1646-1716) aurait été le secrétaire
de cette société.
-En 1710, Sincerus Renatus (Samuel Richter), un pasteur luthérien
intéressé par l'alchimie, fonde "l'Ordre de la Rose-Croix
d’or" à Nuremberg et à Ancone. Cet ordre ne recrute que parmi
les Francs-maçons, et forme ainsi une certaine osmose entre
le rosicrucisme et la franc-maçonnerie.
-La franc maçonnerie, dite spéculative, d'essence philosophique,
prendra forme officielle le 24 juin 1717 avec la formation
de la premiére grande loge à Londres, dans un "terreau" préparé
par le Rosicrucianisme. Cette grande loge naitra grâce à la
réunion de quatre Loges à la taverne "L'Oie et le Grill".
Les Trois autres Loges portaient le nom de la taverne qui
les hébergeait : "La Brasserie de la Couronne", "La Taverne
du Pommier", et "Le Grand Verre et les Raisins".(Quand au
néo-druidisme, il a été fondé le 22 septembre 1717 à la "Taverne
du Pommier" par John Toland, un penseur proche des francs-macons).
Il semble bien que cette Franc maçonnerie spéculative dérive
de la Franc-maçonnerie opérative sous l'influence de l'idéal
Rose-Croix. La notifications de statut dés 1390 atteste de
l'existence en Ecosse de sociétés de batisseurs et de tailleurs
de pierres organisés autour de code de valeurs.Ces batisseurs,
se transmettant cet art, étaient exonérés de toutes charges,
d'où le terme Free Mason (littéralement franc-maçon, franc
signifiant libre en vieux français). Ils constituaient ainsi
des sociétés de travailleurs totalement indépendantes : c'était
la Franc-maçonnerie opérative.
Dès 1638, les relations entre francs-maçons et Rosicruciens
étaient évoquées dans The Muses, un poème d'Adamson. En 1676,
le Poor Robin's Intelligence publia une notice indiquant que
"l'Ancienne Fraternité de la Rose-Croix, les Adeptes de l'Hermétisme
et de la Compagnie des Maçons Acceptés, ont décidé de dîner
ensemble". Ce lien sera encore souligné dans un article du
Daily Journal de1730 qui indique : " Il existe une Société
à l'étranger, de laquelle les Francs-Maçons anglais […] ont
copié quelques cérémonies, et s'efforcent de persuader le
monde qu'ils en sont issus et lui sont identiques. On les
appelle Rosicruciens."
Vers 1757, Hermann Fictuld crée un rite maçonnique à tendance
alchimique, composé d'un ensemble de grades rosicruciens :
la Fraternité des Rose-Croix d'Or.(c'est la même année qu'apparait
le grade de "Chevalier Rose-Croix" chez les Francs-maçons).
De celle-ci sortira la loge des Trois Épées, puis, en 1776,
l'Ordre de la Rose-Croix d'Or d'Ancien Système.
-En 1767, Martinés de Pasqually (1727-1774) fonda l’ordre
des chevaliers maçons Elus-Cohen de l’Univers. Louis Claude
de Saint-Martin (1743 -1803), son secrétaire et disciple,
participa à l’organisation de cet ordre qui influença l’ordre
écossais rectifié.
Disparu en 1780, l’ordre fut reconstitué en 1942 par des initiés
maçons sous l’appellation d’ordre Martiniste des Elus-Cohen.
En 1778, Alexandre Cagliostro fonde en Hollande une loge d'un
genre nouveau : un rite égyptien. Selon lui en effet les origines
des Rose-Croix remonteraient à l’époque de l’ancienne Égypte
... pourtant les plus grands égyptologues n’y ont jusqu’à
ce jour trouvé aucune trace du symbole de la rose-croix, pour
la bonne et simple raison qu’en ce temps là, la rose n’existait
pas. Il s’agit d’une fleur hybride, venue de Chine en Europe
vers les premiers siècles de l’ère chrétienne.
Ensuite, à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième
siècle vont se créer à nouveau plusieurs sociétés rosicruciennes
sans aucun rapport aucun avec celles du 18 ème siècle.
C'est ainsi que voient le jour :
-La Societas Rosicruciana in Anglia (S.R.I.A) : Fondée en
1866 par Robert Wentworth Little (1840-1878), un Franc-Maçon
trésorier de la Grande Loge Unie d'Angleterre.
-L’Hermetic Order of the Golden Dawn, appelé aussi Golden
Dawn :
Ordre maçonnique rosicrucien fondé vers 1887 à Londres et
à Auteuil par William Wynn Westcott (1848-1925), Samuel Liddell
Mathers (1854-1918) et R. William Woodman, membres de la S.R.I.A.
Mathers (le beau-frère du philosophe Henry Bergson) en devient
le dirigeant. Les rituels empruntent beaucoup à la magie et
aux kabbalistes chrétiens. En sortira Aleister Crowley, le
mage noir qui fondera l’Astrum Argentinum.
-L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix : Fondé par Stanislas
de Guaïta (1861-1897) en 1888, lui-même inspiré d'Eliphas
Levi. Erik Satie et Claude Debussy en firent partie.
-L'ordes Martiniste : Le martinisme, héritier de la pensée
de Louis Claude de St-Martin, a été fondé en en 1891 par Augustin
Chaboseau et le docteur Papus Gerard Encausse, (1865 -1916),
ancien membre de la Société théosophique, il fut aussi partie
de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. l'Ordre Martiniste
exerce aujourd'hui ses activités sous l'égide de l'A.M.O.R.C.
-L’Ordre de la Rose-Croix, du temple et du Graal (appelé aussi
Rose-Croix catholique) : Fondé en 1891 par Joséphin Péladan
(1858-1918), dissident de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
-L'Association rosicrucienne (1907), fondation de Max Heindel
aux Etats-Unis qui a son siège à Oceanside en Californie.
Max Heindel (1865-1919) adhéra tout d'abord à la Société Théososophique.
En 1907, il rencontra à Berlin un frère majeur de l'orde de
la Rose-Croix. De retour en Amérique, Heindel fonda alors
son propre groupe qui porta le nom d'Association rosicrucienne
d'Oceanside et, en 1920, un temple rosicrucien fut construit.
-La "fraternité des polaires" : Fondée sur une méthode oraculaire
enseignée par Zam Bathiva, se prétend une résurrection de
la «vraie Rose-Croix»; et l’École internationale de la Rose-Croix
-Lectorium Rosicrucianum : Fondée dans les années 1920 aux
Pays-Bas, elle se définit comme "fraternité gnostique", s’inspirant
à la fois des cathares, du Graal, de la Rose-Croix et de la
franc-maçonnerie. Elle reprend aussi l'ancien nom d'"ordre
des Rose-Croix d'Or".
-L'Ancien et Mystique Ordre Rose-Croix (A.M.O.R.C.) : Fondée
en 1909 par par Harvey Spencer Lewis (né en 1889). C'est l'organisation
rosicrucienne la plus connue et quantitativement la plus importante
et elle recourt fréquemment à un vocabulaire maçonnique. Il
s'agit de conférer à la jeune organisation la patine ancestrale
de la maçonnerie et le même sérieux initiatique. Sa littérature
n’est qu’une compilation des différents ésotérismes en vogue
à l’époque, la plupart venant de la Théosophie, justement
en plein essor à cette époque. (Par exemple, il y a reprise
de la doctrine typiquement théosophique des races inférieures
et supérieures). Spencer Lewis monta de toute pièce un canular
invraisemblable auquel croient aveuglément les rosicruciens
: Il prétend avoir été chargé de mission par la «grande loge
blanche» pour «restaurer» et installer l’ordre rosicrucien
aux États Unis. L’ordre rosicrucien qu’il a fondé ne serait
pas la première manifestation de l’ordre : Celui-ci apparaîtrait
cycliquement sur terre et ses périodes de fonctionnement alterneraient
avec des périodes de mise en veilleuse.
Les Spirites et les Théosophes
:
Le mot grec THEOSOPHIA ("Sagesse divine")
est emprunté aux néoplatoniciens du 3e siècle.
Aux sources du mysticisme théosophique, on retrouve, entre
autres, Platon (vers 425 - 347 avant notre ère), Plotin (vers
205 - 270) et autres néo-platoniciens, de même que Jakob Boehme
(1575 - 1624). En philosophie occidentale, son dernier avatar
a été l'Idéalisme allemand du dix-neuvième siècle. La tradition
mystique reste bien vivante au sein de nombreux systèmes philosophiques
non occidentaux, comme la philosophie indienne.
A Hydesville, près de New York. Là, une nuit de décembre
1847, deux petites filles, Margaret et Katie Fox, entendent
des coups étranges " frappés " contre les murs. Les portes
s'ouvrent toutes seules, les meubles et les objets se déplacent,
comme poussés par des mains invisibles. Loin d'être effrayées,
les deux fillettes se prennent au jeu et finissent par établir
un code pour dialoguer avec "l'esprit frappeur". Dans la soirée
du 31 mars 1848; elles prétendirent être entrées en contact
avec le fantôme et avoir pu soutenir avec lui une conversation
au moyen de coups frappés sur les murs selon un alphabet convenu.
Cette affaire provoqua des remous conséquents et, à partir
de ce moment, le spiritisme se répandit à travers le monde
comme un déluge. Savants, prêtres, magistrats et curieux affluèrent
à Hydesville pour assister aux phénomènes.
Ainsi devait naître le spiritisme, dont un médecin français,
Hippolyte-Léon Rivail, dit Alain Kardec (1804-1869), allait
jeter les bases dogmatiques et philosophiques en publiant
le "Livre des Esprits" en1857.
Ce phénomène connut un succès si immédiat qu'à peine six ans
plus tard on comptait déjà aux Etats-Unis dix mille médiums,
trois millions d'adeptes et une vingtaine de revues spécialisées.
En 1893, le plus vieux et large groupe de spiritualiste, l'Association
Nationale des spiritualistes, était formé à Chicago.
Grâce au spiritisme s'est ouvert une époque de démocratisation
de l'ésotérisme. La table est devenu un instrument de communication
avec l'autre monde que tout le monde pouvait se procurer.
C'est dans cette ambiance spirite qu'un dignitaire de la franc-maçonnerie
des Etats-Unis, le colonel Henry Steel Olcott (1832-1907),
qui enquêtait pour un journal américain sur une histoire de
fantômes, fit la connaissance, en 1874, d'une spirite russe
nommée Héléna Petrovna Blavasky (1831-1891). Par la rencontre
entre ces deux personnes devait naître à New-York, le 20 octobre
1875, la sociéte dite "d'investigations spiritualistes". Elle
pris rapidement le nom de "Société Théososophique" dés le
17 novembre 1875. Le but initial était d'entreprendre l'étude
systématique des théosophies antiques. Son président était
le colonel Olcott, sa secrétaire était H.P.Blavatsky et son
trésorier était Henry J. Newton, un spirite. Parmi les membres,
on trouvait Charles Sotheran, un des hauts dignitaires de
la Franc-Maçonnerie américaine.
La "Théosophie" existait déjà, doctrine ésotérique occidentale
transmise par des penseurs mystiques tels Jacob Böhme (1575-1624),
mais la doctrine propagée par la Société nouvelle n'avait
rien à voir avec celle des siècles passés. Celle-ci apportait
aux recherches un certain esprit méthodique : expériences
sur des médiums, conférences d'érudits, magnétisme, télépathie,
tout lui paraissait intéressant. Peu à peu, elle s'aménuisa
et, finalement, il ne resta plus que le colonel Olcott et
H.P.Blavatsky.
Durant les trois années qui suivirent, les travaux de la Société
Théosophique portèrent sur la rédaction du livre: "Isis dévoilée".
Cet ouvrage mélangeait les doctrines de la Kabbale, du bouddhisme,
des écritures hindoues et taoistes, de Pythagore et d'Agrippa
et prétendait avoir été inspiré par des êtres mystérieux,
gardiens des vérités oubliées : les "Supérieurs Inconnus".
Dans ce livre, H.P. Blavatsky fustige la Science et le matérialisme,
parce qu'ils ne reconnaissent pas le spiritisme et s'en prend
aux religions établies.
W.E. Cola?eman, un expert en matière de spiritisme, accusa
alors H.P. Blavatsky de plagiat, preuves à l'appui, car de
nombreux passages avaient été simplement recopiées dans la
littérature ésotérique disponible à l'époque). En 1878, Olcott
et H.P.Blavatsky partirent donc se réfugier en Inde ou leur
société avait fait de nombreux adeptes. En 1882 ils purent
acquérir à Adyar, près de Madras en Inde, une propriété qui
devint le centre mondial de la Société Théosophique. H.P.Blavatsky
acceptant difficilement le rapport de la Société pour la recherche
psychique, déclarant en 1885 qu'elle était "un imposteur parmi
les plus parfaits, les plus ingénus, les plus intéressants
de tous les temps", décida de regagner l'Europe pour y apporter
son second ouvrage: "La doctrine secrète", qui clarifierait
certains points obscurs de son "Isis dévoilée". Ce nouveau
livre empruntait cette fois aux littératures hindouistes et
bouddhiques, les "Supérieurs Inconnus" étant remplacés par
les "Maîtres Invisibles" vivant dans un sanctuaire sacré de
l'Himalaya : le royaume de Shamballa. Ces derniers étaient
sensés communiquer par l'intermédiaire de lettres qui apparaissent
comme par enchantement sur le bureau de H.P.Blavatski.
Mais une société de "recherche psychique" regroupant des passionnés
de spiritisme, la Society for Physical Research (SPR), dénonce
l'imposture en 1885, avec là encore de nombreuses preuves
à l'appui : trucages, manipulations… L'information sera reprise
par René Guénon (un franc-maçon français) dans un livre intitulé
"Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion".
Ce scandale n'empêchera pas la Société de Théosophie de prospérer
H.P.Blavatsky mourut le 8 mai 1891, alors que le colonel Olcott,
qui était resté en Asie, s'était converti au bouddhisme et
préparait et hâtait la libération des Indes. Il se mit à parcourir
l'Asie pour "réveiller les foules endormies" jusqu'à la fin
de sa vie, le 17 février 1907
Annie Besant, devient ensuite la nouvelle présidente de la
Société Théosophique et aloa?rs Charles.W. Leadbeater comme
conseiller. Né en 1847, ce dernier s'était converti au bouddhisme
puis à la théosophie.
Annie Besant et C.W. Leadbeater se lancent alors dans des
recherches qui aboutissent à une rupture avec certains des
enseignements essentiels d'H.P.Blavatsky. Ils finirent par
"démontrer" en 1909 que Jésus était réapparu dans la personne
d'un jeune Hindou de 14 ans : Krishnamurti, et ils décidèrent
de prendre son éducation en main pour en faire leur Messie.
La Société Théosophique développe alors l'idée messianique
de la proche apparition de l"'Instructeur mondial", maître
spirituel qui unifierait toutes les traditions religieuses.
En 1910, elle fonde, à côté de la Société Théosophique, un
ordre ésotérique destiné à faciliter la tâche du nouveau Messie
: l'ordre de l'Etoile d'Orient, dont Krisnamurti est désigné
comme chef suprême.Elle fonde aussi l'éphémère "Ordre du Temple
de la Rose-Croix" en 1912.
Rudolf Steiner (1861-1925), secrétaire général de la section
allemande de la Société Théosophique depuis 1905, quant à
lui, se refusait à suivre Annie Besant et récusa ses pratiques
spirites et son antichristianisme. En 1913, il envoya un télégramme
comminatoire à Adyar pour demander la déposition d'Annie Besant.
Steiner fonda ensuite une nouvelle société théosophique dissidente
(plus tournée vers le christianisme)à Dornach, près de Bâle.
Il fonda à Berlin, la Société Anthroposophique qui fut principalement
une "université libre de sciences spirituelles". Selon ces
antroposophes, H.P.Blavatsky aurait joué avec les forces noires
de la magie et aurait affaibli ses visions de l'au-delà. Steiner,
qui avait suivi la voie du "noble clairvoyant", aurait, quant
à lui, découvert la vraie vérité.
Pendant ce temps, entre 1912 et 1921, Krisnamurti poursuivait
ses études à Londres et à Paris où il donna une conférence
remarquable à la Société théosophique de Paris.
En 1922, il se rend à Ojaï, vallée montagneuse près de Los
Angeles ou, après deux semaines de méditatioa?n, il subit
une expérience mystique. Il se détache alors peu à peu de
la Société Théosophique par une rupture consommée progressivement
de 1922 à la mort d'Annie Besant. Il rejette le rôle qu'on
voulait lui faire jouer et décide de suivre sa propre voie,
en maître spirituel reconnu : Le 3 août 1929 Krishnamurti
annonce la dissolution de l'Ordre de l'Etoile. La Société
Théosophique se trouve alors dans une grande confusion : Les
théosophes voulaient faire une nouvelle église avec lui, mais
cette unique tentative de la Société Théosophique de s'ériger
comme "religion" se trouve ainsi avortée.
Ainsi que Krishnamurti l'avait prévu, ses anciens amis se
séparent alors de lui.
Krishnamurti se retire ensuite en Californie et écrit une
oeuvre philosophique et religieuse très importante Il enseigne
plus de cinquante ans par des conférences, des livres et dans
les écoles qu'il fonde. Il mourra le 17 février 1986, aux
Etats-Unis, à Pine Cottage, à côté de Los Angeles, à près
de 91 ans.
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