La neurothéologie:
Des études ont montré que les bouddhistes pratiquant
régulièrement la méditation avaient leurs
lobes frontaux mieux irrigués par le système
sanguin (meilleures capacités pour penser rationellement)
et qu'ils controlaient mieux leurs amygdales (gérant
les émotions, surtout la peur et l'agressivité)
contrairement aux fanatiques.
Andrew Newberg, neuroradiologue à l’Université
de Philadelphie, a observé l’activité
cérébrale de personnes maîtrisant les
techniques de méditations bouddhiques tibétaines
(ou les frontières du corps semblent se dissoudre).
Durant cette expérience, l’aire cervicale gauche
d’orientation et d’association (zone qui gère
la différenciation entre soi-même et le monde
extérieur) est moins irriguée par le système
sanguin. Ainsi, le méditant entre dans un état
ou les barrières entre le soi et le non-soi s’estompent.
Apparemment, l’extinction des aires qui assurent la
limite entre le soi et le non-soi expliquerait la sensation
de communication avec une entité supérieure.
L’aire d’orientation gauche ne définissant
plus de frontière entre le soi et le monde ; la
personne en méditation aurait l’impression de
se fondre dans son environnement; le sens du "Moi"
est aboli.
L’aire équivalente dans l’hémisphère
droit traite les informations sur le temps et l’espace,
c’est-à-dire sur le contexte où agit le
corps. Parce que cette aire d’orientation et d’association
droite n’est plus stimulée non plus, les relations
spatiales et temporelles se dissipent aussi, d’où
une impression d’éternité et d’infini.
Les mêmes phénomènes exactement ont été
observés chez des sœurs franciscaines en train
de prier.
D'autres études ont montré qu'un excés
de sérotonine dans ce cortex pariétal supérieur
induit également des expériences de fusion mystique
ou l'on ne fait plus qu'un avec le tout.
Vilayanur Ramachandran de l'University de Californie à
San Diego a découvert en 1997 une aire cérébrale
située dans le lobe temporal droit, derrière
l'oreille, qu'on a nommé "le module de Dieu".
Lors des crises épileptiques, ce foyer donne naissance
à des visions mystiques et à une augmentation
de la foi religieuse ("ils voient
l’Univers dans un grain de sable, et nagent dans une
mer d’extase religieuse"). Cela explique
que les personnes souffrant d’épilepsie du lobe
temporal soient plus croyantes que la moyenne de la population.
Cela peut parfois aller jusqu'au fanatisme. Ils peuvent aussi
être atteints d'hallucinations auditives ou visuelles.
Le chercheur canadien Michaël Persinger de l’Université
Laurentienne a également réussi à provoquer
des expériences spirituelles chez quatre personnes
sur cinq en soumettant leur lobe temporal droit à un
champ électro-magnétique trés faible.
Les sujets ont alors l'impression de quitter leur corps et
ressentent la présence d'un être supérieur
invisible.
Hors une baisse du sucre ou de l'oxygène, des états
d’angoisse, une dépression ou simplement un manque
de sommeil, peuvent provoquer une instabilité électrique
dans le lobe temporal. Ce serait pourquoi de nombreuses personnes
ont des révélations au cours des périodes
difficiles de leur vie. Le docteur Persinger en déduit
que les expériences de Dieu sont provoquées
par le cerveau et que c'est donc un processus utile sélectionné
par l'évolution naturelle.
Le neurologue Olaf Blanke a refait la même observation,
en Suisse, en stimulant électriquement le gyrus angulaire
droit (une région du cerveau située juste au-dessus
de l’oreille droite). Cette région sert à
associer les images que nous recevons du monde extérieur
avec les sensations qui nous viennent de notre propre corps.
Le patient a alors vécu une expérience ou il
avait l'impression d'être hors de son corps (comme dans
les "projections astrales" des new-ages).
Il y a presque quarante ans, le neurochirurgien Wilder Penfield
avait déja découvert que la stimulation électrique
d'une zone du lobe temporal droit (la scissure sylvienne,
juste au-dessus de l'oreille) déclenchait des sensations
étranges : les sujets entendaient de la musique
céleste, rencontraient des amis ou des proches morts,
avaient l'impression de voyager hors de leur corps et voyaient
même leur vie défiler devant leurs yeux.
Le philosophe et neuro-scientifique Arthur Mandell avait également
écrit : "Le royaume des cieux peut être
trouvé dans le lobe temporal droit ".
Le Dr Morse pense que cette zone du lobe temporal droit sert
à nous relier de manière globale au reste de
l'univers.
Mais pourquoi cette capacité existe-t-elle dans notre
cerveau ? Certains disent qu'il s'agit simplement d'un
mécanisme primitif de défense, un mécanisme
qui, au moment de la mort, est destiné à nous
réconforter. D'autres pensent que cela encourage la
loyauté parentale ou la stabilité à l'intérieur
d'un groupe, comme par exemple une tribu ou une famille.
Mais le lobe temporal, comportant le "module de Dieu"
est également connecté à deux structures
du système limbiques : l’hippocampe et le
noyau amygdalien, qui servent à gérer les émotions.
Chez les personnes saines, les réactions émotionnelles
les plus intenses sont induites par des photographies de membres
de sa famille, ou par des images de sexe ou de violence. Par
contre les épileptiques dont le "module de Dieu"
est activé ressentent de fortes émotions quand
ils entendent le mot"Dieu" ou regardent des images
religieuses.
Quand les aires cérébrales responsables de la
vision d’images sacrées et les centres de l’émotion
du système limbique ont leurs connections renforcées,
les scènes sacrées sont perçues avec
un impact émotionnel hors du commun.
Mais l'interprétation de tous ces résultats
est délicate.
Newberg a précisé : "Il
n'y a aucun moyen de déterminer si les modifications
neurologiques associées à l'expérience
spirituelle signifient que c'est le cerveau qui provoque ces
expériences ou si, au contraire, ce dernier percoit
une réalité spirituelle."
Et Craig Kinsley, neurologue à l'Université
de Virginia à Richmond, a résumé le dilemme
en remarquant : "Le problème
est que nous ne savons pas si c'est le cerveau qui a créé
Dieu ou si c'est Dieu qui a créé le cerveau."
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