Les faux souvenirs :
Notre mémoire se laisse bien plus facilement
berner qu'on le croyait. Les auteurs d'une nouvelle étude
américaine assurent qu'il suffit de quelques suggestions pour
réussir à fabriquer de faux souvenirs chez le commun des mortels.
Les chercheurs sur la mémoire Jacquie Pickrell et Elizabeth
Loftus de l'Université de Washington ont divisé 120 sujets
en quatre groupes. On a dit à ces personnes qu'ils allaient
devoir évaluer une annonce publicitaire, remplir plusieurs
questionnaires et répondre à différentes questions à propos
de leurs voyages à Disneyland.
Certains furent soumis à la lecture d'une fausse publicité
de Disneyland où il était question de Bugs Bunny. Environ
un tiers des gens à qui on a montré la fausse publicité racontent
ensuite comment ils ont rencontré et serré la main de Bugs
Bunny, disent qu'ils s'en souviennent ou affirment que cela
leur est bien arrivé.
Le scénario décrit par l'annonce ne s'est pourtant jamais
produit puisque Bugs Bunny est un personnage de dessin animé
de la Warner Bros que l'on ne risque pas de croiser dans une
propriété de Walt Disney.
"La chose la plus effrayante qui ressort
de cette étude c'est qu'elle démontre à quel point il est
facile de créer de faux souvenirs" a expliqué Pickrell.
La mémoire est très vulnérable et très malléable. Les gens
ne sont pas toujours conscients des choix qu'ils font. Cette
étude met en évidence le pouvoir des évocations subtiles sur
les souvenirs."
(source : http://www.sciencedaily.com/releases/2001/06/010612065657.htm)
Un autre cas de fausse mémoire artificiellement induite est
la "mémoire retrouvée" ou "syndrome des faux souvenirs" :
Apparu aux Etats-Unis au début des années 80, ce phénomène
commence à apparaitre en France. Au cours d’une psychothérapie,
des souvenirs traumatisants d’abus sexuels ayant eu lieu soi-disant
durant l’enfance ressurgissent, vingt ans plus tard, à la
mémoire. Pourtant, aucun de ces prétendus souvenirs †d’enfance
n’aurait existé avant le début de la thérapie. Ainsi, les
patients, certains d’avoir retrouvé la cause de leur souffrance
interne, accusent leurs parents d’inceste. Il s'agirait bien
d’une sorte d’acharnement thérapeutique consistant à retrouver
à tout prix dans la mémoire des souvenirs grâce à des questions
suggestives et à se focaliser activement sur la maltraitance
et les abus sexuels.
Des milliers de patients aux USA ont suivi une tentative de
traitement par des psychothérapeutes pour des troubles de
la mémoire inexistants. En conséquence, ces mêmes thérapeutes
ont involontairement favorisé un trouble réel de la mémoire
: le syndrome de la fausse mémoire (False Memory Syndrom,
FMS).
Habituellement la thérapie se concentre sur la recherche de
souvenirs d’un traumatisme de l’enfance qu’elle présente comme
la cause des problèmes psychologiques d’aujourd’hui. Avec
le temps ces « souvenirs retrouvés » deviennent de plus en
plus bizarres et le patient devient de plus en plus dépendant
de son thérapeute.
N'oublions pas que cette profession de psychothérapeute, ne
doit pas être confondue avec celles de psychiatre et de psychologue,
qui sont sanctionnées par des diplômes d’état. La psychothérapie
ne dispose en France d’aucun diplôme dans le cadre officiel,
si bien que n'importe qui, du jour au lendemain, peut apposer
sur sa porte une plaque de psychothérapeute sans même avoir
suivi une formation.
Parmi ces pseudo-thérapeutes il y en a, de plus en plus nombreux,
qui ont pour postulat de base que « tous » les symptômes de
leurs clients sont dus à un abus sexuel occulté. Nous sommes
donc face à un système irrationnel, dogmatique et sectaire
par son exclusivisme destructeur de familles et d’individus.
Cette manipulation mentale est patente lorsque les soi-disant
souvenirs d’abus remontent à l’âge de 1 à 3 ans. Ces thérapeutes
croient que les enfants refoulent immédiatement tout souvenir
de sévices sexuels peu après leur occurrence, les faisant
disparaître d †e la mémoire sans laisser de traces. Ils essayent
donc de «guérir» les troubles de leurs patients en les engageant
dans une thérapie de «mémoire retrouvée» (Recovered Memory
Therapy, RMT), un kaléidoscope de techniques qui diffèrent
chez chaque thérapeute. Le but de cette RMT est de permettre
au patient de ramener à la conscience des souvenirs parfaitement
exacts d'un ancien traumatisme sexuel.
En réalité, la RMT produit des fantasmes dérangeants qui sont
incorrectement perçus par le patient et incorrectement interprétés
par le thérapeute. Faussement appelés Mémoire Retrouvée (RM)
par le thérapeute et le patient, ce sont en réalité des Fausses
Mémoires (FM).
Certains thérapeutes RMT interprètent abusivement des maladies
psychologiques communes comme des signes de sévices sexuels
subis durant l'enfance. Dans leur zèle à retrouver des souvenirs,
ils négligent toute explication alternative des maladies de
leur patient. Les thérapeutes RMT ignorent ce principe psychologique
de base que tout patient est influençable, et que les patients
en détresse qui viennent chercher une psychothérapie sont
particulièrement enclins à adopter les croyances et les partis
pris de leur thérapeute.
Les thérapeutes RMT ne se donnent généralement pas la peine
de vérifier les "souvenirs retrouvés" en interrogeant des
tiers, ou en consultait les dossiers pédiatriques ou scolaires.
Certains d'entre eux expliquent que s'ils ne vérifient pas
les allégations sérieuses qui surgissent de la RMT, c'est
parce que leur travail consiste seulement en ce que leurs
patients se sentent "en sécurité" et guérissent.
Les chercheurs Loftus et Ketcham prétendent que, souvent,
l'hypothèse d'un abus sexuel oublié est carrément implantée
dans l'esprit de patients dont le thérapeute est convaincu
que tel symptôme relève d'un abus sexuel précoce et refoulé.
Loftus et ses collaborateurs présentent des vignettes de personnes
qui, dès les premières entrevues se voient offrir l'interprétation
suivante : "Votre mal est dû à un † inceste dont vous avez
refoulé le souvenir". En règle générale, les patients résistent
à cette interprétation dans un premier temps. On connaît le
cas de la journaliste de CNN qui, pour préparer une émission
sur le sujet, se présente chez une thérapeute en se faisant
passer pour une personne souffrante. Dès la seconde séance,
la thérapeute déclare à la pseudo-patiente qu'elle avait sans
aucun doute refoulé le souvenir d'un inceste et que la thérapie
allait avoir pour but de faire émerger ce souvenir afin que
les symptômes du refoulement puissent se résorber. La journaliste
niant formellement l'existence d'un abus passé dut faire face
à l'insistance de la thérapeute sûre de son diagnostic (Loftus
& Ketcham, 1994).
Ces dernières années, il y a eu un grand nombre de procès
résultant d'une RMT, avec des enfants adultes attaquant un
ou plusieurs membres de leur famille. Même dans les cas où
leur cause est perdue, les plaignants restent persuadés que
leurs souvenirs retrouvé sont vrais. Il y a un nombre croissant
de femmes qui reviennent sur leurs faux souvenirs et intentent
des procès à leur thérapeute pour faute professionnelle.
Le même problème avait déja surgi avec les 1ères analyses
psychanalytiques menées par Freud lui-même. La thèse qu'il
avait développée se fondait massivement sur sa conviction
de n'avoir été personnellement pour rien dans le fait que
ses patients avaient "inventé" des souvenirs de scènes sexuelles
supposées plus ou moins traumatisantes avec des adultes ou
avec des enfants plus âgés. Pourtant les textes de l'époque,
notamment les Études sur l'hystérie, montrent on ne peut plus
clairement à quel point Freud, convaincu de la justesse de
ses théories, influençait massivement ses patients.(En témoigne,
parmi tant d'autres exemples, l'acharnement forcené avec lequel
il mène manu militari l'interprétation du rêve de l'Homme
aux Loups pour aboutir, à la force du poignet, à "reconstituer"
la vision d'un coït.) S'étant mis hors de cause dans la production
de ces faux souvenirs, il ne lui restait plus qu'à inventer
une théorie ad hoc pour les expliquer.
L'Association Psychiatrique Américaine (APA) a donc mis en
garde sur le fait qu'il n'y a aucun moyen d'établir la véracité
des accusations provoquées par une RMT en l'absence d'évidences
objectives.
En 1994, en Australie, une association de psychologues dénonçait
le risque de suggérer des souvenirs. En 1997, le Royal College
of Psychiatry engage les psychiatres anglais à "éviter de
recourir à toute technique de réactivation des souvenirs basée
sur l’hypothèse de violences sexuelles anciennes dont le patient
a perdu le souvenir" car elles posent 2 problèmes :
- Accroître le risque de suggestion
- Amener le patient à croire fermement à la véracité de ces
faux souvenirs induits par la thérapie
D’autres déclarations ont invité les thérapeutes à suivre
leurs patients au lieu de les précéder, à n’exercer aucune
pression sur eux.
Tout cela montre à quel point nos souvenirs sont peu fiables
et à quel point ils peuvent être encombrés par des reconstructions
totalement artificielles....issues de nous même ou des autres.
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