ÉGYPTIENS :



< La mort d'Osiris                                                                                     

 

 

Osiris fut couronné à Hérakléopolis (ou Héliopolis ?), il prit le dieu Thot comme vizir et s'adjoignit deux généraux, Hou (le Verbe) pour la Haute-Égypte, et Sia (l'Intellect) pour la Basse-Égypte. 

Selon Plutarque : Dès qu'Osiris fut monté sur le trône, il retira les Égyptiens de la vie sauvage et misérable qu'ils avaient menée jusqu'alors; il leur enseigna l'agriculture, leur donna des lois et leur apprit à honorer les dieux. Ensuite, parcourant la terre, il adoucit les mœurs des hommes, eut rarement besoin de la force des armes, et les attira presque tous par la persuasion, par les charmes de la parole et de la musique."

Selon Diodore de Sicile : "Osiris, qui voulait servir l'humanité et acquérir la gloire, rassembla une grande armée et forma le projet de parcourir toute la terre habitée et d'enseigner au genre humain l'art de planter la vigne et de semer le froment et l'orge. Il pensait en effet qu'en retirant les hommes de l'état sauvage, en leur faisant adopter un régime de vie civilisé, il se rendrait, par l'importance de ce bienfait, digne d'honneurs immortels. Et c'est bien ce qui arriva."

Osiris enseigna alors avec l'aide d'Isis, son épouse et sa sœur, l'agriculture à l'humanité. Isis coupa les gerbes et pétrit la farine ; Osiris pressa les grappes et but le première coupe de vin. Il lui donna des lois et lui montra comment honorer les dieux. Confiant la responsabilité de la gestion du pays à Isis , Osiris parcourut le pays pour gagner l'adhésion de tous, par la musique et sans combat. Tout ne devait pas être aussi limpide, cependant.

En effet, Osiris, dans un moment d’égarement sans doute, avait trahi la confiance d’Isis et avait partagé la couche de son autre sœur Nephtys, néanmoins épouse de Seth.

Selon Plutarque : "Isis apprit qu'Osiris avait eu, par erreur, commerce avec Nephtys, sa sœur, qui en était amoureuse, et qu'il avait pris pour Isis, et elle en eut la preuve dans la couronne de mélilot qu'il avait laissée auprès de Nephtys."

Selon un papyrus magique : "Isis vient de la montagne à midi en été, la vierge couverte de poussière ; ses yeux sont remplis de larmes, son cœur est plein de chagrin ; son père Thot le grand vient à elle et lui demande : ‘Pourquoi, Isis ma fille, vierge couverte de poussière, tes yeux sont-ils pleins de larmes, et ton cœur plein de chagrin, et le bas de ta robe souillé ? Trève de larmes !'.
Elle lui répondit : ‘Cela ne dépend pas de moi, ô mon père, ô singe Thot, ô singe Thot. J'ai été trahie par ma compagne. J'ai découvert un secret : oui, Nephtys couche avec Osiris ... mon frère, le fils de ma propre mère'."

Selon Plutarque : "Isis se mit à la recherche de l'enfant né de cette union, que sa mère avait exposé juste après l'accouchement, par peur de Seth.Elle le découvrit, non sans beaucoup de peine et d'efforts, grâce à des chiens qui la guidaient. Elle se chargea de l'élever, et il devint son garde du corps et son suivant, sous le nom d'Anubis. On dit qu'il est préposé à la garde des dieux, comme les chiens sont faits pour garder les hommes."

La jalousie de Seth, quant il l'apprit, en fut augmentée.
Tentant alors de séduire sa sœur Isis, il prend alors l’aspect d’un taureau et court après la déesse qui se change en lévrier. “
Seth fut incapable de l’atteindre... alors il éjacula sur le sol. Elle lui dit : 'Il est dégoûtant que d’avoir ainsi éjaculé, taureau !' " Mais son sperme poussait dans le sol désertique et devint la plante beddedkaou.

Seth se mit alors à conspirer contre Osiris qui était parti en voyage.

Selon Plutarque : "Seth, qui, pendant l'absence d'Osiris, n'avait osé rien innover, parce que Isis administrait le royaume avec autant de vigilance que de fermeté, tendit des embûches à Osiris lors de son retour, et fit entrer dans la conjuration soixante-douze complices. Il fut secondé aussi par la reine d'Ethiopie, qui se nommait Asô. Il avait pris furtivement la mesure de la taille d'Osiris, et avait fait faire un coffre de la même grandeur, très richement orné, qu'on apporta dans la salle du festin qu'il donnait à ce prince. Tous les convives l'ayant regardé avec admiration, Seth leur dit, comme en plaisantant, qu'il en ferait présent à celui d'entre eux qui, s'y étant couché, se trouverait justement de la même grandeur. Chacun d'eux l'ayant essayé à son tour sans qu'il convînt à personne, Osiris y entra aussi et s'y étendit. A l'instant les conjurés accourent, ferment le coffre, et pendant que les uns en clouent le couvercle, les autres font couler sur les bords du plomb fondu pour le boucher exactement ; après quoi ils le portent dans le Nil, d'où il fut poussé dans la mer par l'embouchure Tanitique, dont les Égyptiens, pour cette raison, ne prononcent encore aujourd'hui le nom qu'avec horreur. Cette conjuration eut lieu le 17 du mois Athyr (3 Octobre), où le soleil parcourt le signe du Scorpion, la vingt-huitième année du règne d'Osiris ; d'autres disent de son âge et non pas de son règne."

"... Isis n'en fut pas plutôt informée, qu'elle coupa, dans le lieu même où elle l'apprit, une boucle de ses cheveux, et prit une robe de deuil. (...) Elle courait de tous côtés, livrée aux plus cruelles inquiétudes, et s'informant à tous ceux qu'elle voyait du coffre qui faisait l'objet de ses recherches..."

Cependant, le sarcophage flottait et arrivant à la mer, il s'éloigna d'Egypte. Beaucoup de temps se passa jusqu'à ce qu'un beau jour le sarcophage arrive en Phénicie et les vagues le déposèrent au pied d'un pin. le corps d'Osiris communiqua sa vitalité à l'arbre, lequel grandit jusqu'à une hauteur gigantesque enroulant son tronc autour du sarcophage. La taille exceptionnelle de l'arbre fut remarquée par le roi, Malcandre, au point qu'il en fit une colonne pour soutenir le toit de son palais.

La première quète d'Isis :

Aussitôt son crime accompli, l'assassin, Seth, le dieu méchant, avait pris la précaution d'enfermer Isis dans une chambre de sa maison, afin qu'elle ne pût rechercher le cadavre qu'il avait jeté dans le Nil avec l'aide de ses compagnons. Mais Isis s'échappa de la prison. Elle rencontra Thot, le dieu grand, prince de Vérité, qui lui dit :
"Viens, ô déesse Isis, reprends courage et confie-toi à moi, je te guiderai et je t'aiderai. Cache-toi et voici ce qui arrivera : tu auras un fils ; il deviendra grand et il sera beau, et il sera fort. Il siègera sur le trône de son père, et il vengera, et il sera le Roi des Deux-Couronnes ; le plus puissant des monarques qui régents sur la terre."
Mais la déesse Isis à ce moment là ne pensait pas au petit enfant Horus, qui n'était pas encore né. Elle songeait qu'à retrouver le corps de son mari assassiné pour l'ensevelir et le déposer dans sa tombe.

Elle réussit donc à quitter la maison de Seth dans la nuit ; grâce à Thot, elle était escortée de sept scorpions : Petet, Tjetet, Matet, Meseret, Mesetetef, Tefen et Befen. Ils marchaient auprès d'elle et qui devaient mordre quiconque la menacerait ou même qui tenterait de s'approcher d'elle. Deux d'entre eux ouvraient la marche, explorant la route, deux autres l'escortaient, l'un à droite, et l'autre à gauche, la protégeant sur chaque flanc. Et les trois derniers, l'arrière-garde, la suivaient à peu de distance. Ils avaient tous reçu de Thot des instructions sévères et des ordres stricts : ils ne devaient parler à personne ; ils devaient avancer les yeux fixés à terre pour scruter le chemin, car les serpents et les vipères sont au service de Seth.

Et ceux qui marchaient les premiers, Trefen et Befen, conduisirent Isis jusqu'à la ville de Pa-Sin, à l'entrée des marais des Papyrus. En entrant dans la ville qu'il fallait traverser, l'étrange cortège intrigua les femmes installées à filer leur quenouille sur le pas de leur porte. Craignant sans doute qu'on ne lui demandât asile pour Isis qui se traînait péniblement, fatiguée de la longue étape, l'une de ces femmes rentra chez elle précipitamment et claqua bruyamment la porte au nez de la déesse, tout effrayée qu'elle était à la vue de cette escorte de scorpions. A cette insulte, les sept gardes du corps s'arrêtèrent pour délibérer. Après quoi, l'un après l'autre, ils s'approchèrent de leur chef, Tefen, et chacun à son tour injecta son venin empoisonné dans la queue de Tefen. Pendant ce temps , une paysanne qui habitait un peu plus loin et qui s'appelait Taha, quitta le seuil de sa maison, et s'avança pour accueillir la voyageuse inconnue qu'elle ne soupçonnait guère d'être la déesse Isis. Elle l'invita à prendre du repos chez elle. Isis se réfugia donc dans la vieille maison délabrée de cette femme pauvre et charitable.

Tefen, le chef des scorpions avec sa queue bien remplie de venin, se glissa sous la porte de la méchante femme qui se nommait Usa, celle qui avait grossièrement fermé sa porte au nez de la déesse, et il piqua le petit enfant de Usa, et, du coup, voilà que par sortilège le feu prit à la maison qui se mit à flamber et il n'y avait d'eau nulle part pour éteindre le feu. Et le cœur de Usa était plein d'angoisse car elle pensait que son fils allait mourir. Alors elle se mit à courir à travers les rues de la ville, appelant au secours. Mais personne ne répondait à son appel, personne n'osait sortir de sa maison. Ce fut Isis qui vint à son aide. La déesse eut pitié du petit enfant et elle souhaita dans son cœur que cet innocent fût sauvé. Elle s'écria, appelant la femme Usa :
"
Viens me trouver, viens me trouver! Ma bouche possède le souffle de vie. Je suis une femme dont on connaît bien le pouvoir dans mon pays. Mon père m'a enseigné le secret qui chasse le démon de la mort. Moi, sa fille bien-aimée, j'ai le pouvoir."

Alors Isis étendit ses mains sur l'enfant dans les bras de sa mère, et récita cette formule :
"O poison de Tefen, sors du corps de l'enfant, tombe à terre, ne pénètre pas plus avant son petit corps. O poison de Tefen, sors, tombe sur le sol. Je suis Isis, la déesse, la maîtresse des mots magiques et des charmes puissants. Je sais composer des formules qui guérissent, je sais dire les paroles qui charment le mal. Prêtez l'oreille à mes paroles : que chacun des reptiles qui a mordu voie son venin tomber à terre. Obéissez à ma voix. Je vous parle, ô scorpions. Je suis seule et dans la douleur ; je veux que l'enfant vive et que le poison soit sans action. Au nom de Râ, le dieu vivant, que la force du poison s'éteigne. Qu'Horus soit sauvé par sa mère Isis, et que celui qui a été piqué soit aussi sauvé."

Et, tout à coup, bien que ce ne fût pas la saison des pluies, la pluie tomba du ciel sans nuages et la maison incendiée cessa de brûler ; les flammes furent étouffées et tout rentra dans l'ordre. La colère du ciel était vaincue par l'intervention d'Isis.
Et la dame Usa, désolée d'avoir fermé sa porte à la face d'Isis, apporta dans la maison de la paysanne sa voisine des cadeaux pour la déesse, qu'elle se rependait cruellement d'avoir méconnue. Ainsi, le petit enfant fut sauvé grâce aux charmes d'Isis. Et quand sa mère le vit bien portant et gai, elle revint une seconde fois dans sa gratitude, chargée de toutes sortes de bonnes choses pour Isis.

Puis la déesse reprit sa route, en quête du corps de son mari. Partout devant elle les méchants esprits des chemins, les serviteurs de Seth, semaient la panique et, saisis d'épouvante, les hommes se cachaient si bien qu'Isis ne rencontrait personne qu'elle pût interroger. Une jour, cependant, elle aperçut des petits enfants qui jouaient sur le bord de la route et elle lui demanda :
"Petits enfants, avez-vous vu passer par ici des hommes qui portaient un coffre très long et très lourd ?"
"Oui, nous avons vu des hommes transporter un coffre. C’est dans la branche du Nil qui passe à Tanis qu’ils l’ont jeté et c’est par là que le flot a dû l’emporter vers la mer."

Selon Plutarque : "Elle apprit que le coffre, porté par les flots de la mer auprès de la ville de Byblos, avait été déposé doucement sur un buisson, qui, en peu de temps, parvint à un tel degré de grandeur et de beauté, que sa tige enveloppa le coffre et le couvrit entièrement ; en sorte qu'on ne pouvait l'apercevoir. Le roi du pays, frappé de la grandeur de cette plante, ayant fait couper la tige qui cachait le coffre dans son sein, en fit une colonne qui soutenait le toit de son palais."

Isis, l’éplorée arriva à Byblos, les "escaliers du levant".
Selon Plutarque : "
Isis, qui en fut, dit-on, avertie par une révélation céleste, vint à Byblos et s'assit auprès d'une fontaine, les yeux baissés et versant des larmes, sans adresser la parole à personne ; seulement elle salua les esclaves de la reine, leur parla avec bonté, arrangea leurs cheveux, et leur communiqua l'odeur délicieuse qui s'exhalait de son corps. La reine, frappée de la coiffure de ses esclaves et de l'odeur agréable qu'elles répandaient, conçut le plus vif désir de voir cette étrangère.
On la fit venir, et la reine, dont elle devint l'amie, lui donna un de ses enfants à nourrir. On dit que le roi s'appelait Malcandre et la reine Astarpe; d'autres la nomment Saosis, et quelques-uns Nemanou(n).

"Isis, pour nourrir l'enfant, lui mettait, au lieu de mamelles, le doigt dans la bouche ; la nuit, elle le passait dans le feu pour consumer ce qu'il y avait en lui de mortel, et prenant la forme d'une hirondelle, elle allait se placer sur la colonne et déplorait la perte d'Osiris."

Il vint pourtant une nuit où la reine Nemanou, inquiète, se leva et alla voir ce qui se passait dans la chambre de son petit enfant. O surprise, le petit enfant dormait paisiblement, mais il était environné de hautes flammes, brûlant sans fumée autour de lui, tandis que sept scorpions de grande taille le veillaient attentivement. Aux cris de la reine, le roi Malcandre, les serviteurs, et même la gouvernante Isis, tout le monde accourut. Et d'un geste, Isis eut tôt fait de faire tomber les flammes. Les scorpions disparurent. Et Isis dit tristement à la reine :
"Tu n'as pas eu confiance. Ton fils ne sera jamais immortel."

Selon Plutarque : "Alors la déesse se fit connaître et demanda la colonne qui soutenait le toit. Elle lui fut accordée, et ayant coupé la tige avec facilité, elle l'enveloppa d'un voile, y répandit des parfums et la remit au roi et à la reine. Ce bois est encore à Byblos, dans le temple d'Isis, où le peuple l'honore."

"La déesse se jeta sur le coffre et poussa des cris si affreux, que le plus jeune des fils du roi en mourut de frayeur. Isis, accompagnée de l'aîné, s'embarqua avec le coffre, et fit voile pour l'Egypte. Comme au lever de l'aurore il soufflait du fleuve Phédrus un vent impétueux, la déesse, irritée, le dessécha entièrement."

"Dès qu'elle se vit seule dans un lieu écarté, elle ouvrit le coffre, et, collant son visage sur celui d'Osiris, elle le baisa et l'arrosa de ses larmes. Le fils du roi s'étant approché doucement par derrière pour l'observer, Isis, qui s'en aperçut, se retourna et lança sur lui un regard si terrible, qu'il ne put le soutenir, et en mourut de frayeur. D'autres racontent autrement sa mort, et disent qu'il tomba dans la mer..."

Puis elle cacha le coffre dans les marécages de Chemnis, dans les environs de Bouto, à l'endroit où elle devait élever son fils.

(Selon certains papyrus, cependant, ce n'est pas en Phénicie que le corps d'Osiris avait été retrouvé : "Isis est venue ; Nephthys est venue. L'une de l'ouest, l'autre de l'est. L'une en sterne, l'autre en milan. Elles ont trouvé Osiris comme son frère Seth l'avait étendu à terre à Nédit (ou à Gehesty)")

La 2ème quète d'Isis :

Cependant Seth retrouva le coffre.
Selon Plutarque :
"Seth, en chassant la nuit au clair de la lune, trouva le coffre, et, ayant reconnu le corps d'Osiris, il le coupa en quatorze parties, qu'il dispersa de côté et d'autre."

Selon Diodore de Sicile,.le corps fut découpé en 26 morceaux. Et selon la géographie sacrée d'Edfou, ce fut en 42 morceaux.

Commença alors la seconde quête d’Isis : Elle prit alors une barque pour repérer tous les morceaux.
Une autre version relate qu'elle se changea à nouveau en oiselle, pour mieux apercevoir, de plus haut, les parties du corps. Une autre version encore dit que son fils Horus (Hor-imy-shenut ) était déja né et que c'est lui qui alla chercher les morceaux de son père.

Selon Plutarque : "Isis l'ayant appris, monta sur une barque faite d'écorce de papyrus, et parcourut les marais voisins pour les chercher. De là vient que ceux qui naviguent dans des vaisseaux de papyrus ne sont point attaqués par les crocodiles, soit crainte, soit respect pour la déesse de la part de ces animaux. A mesure qu'Isis trouvait une partie du corps d'Osiris, elle lui élevait une sépulture dans le lieu même ; et c'est pour cela qu'on voit eu Egypte plusieurs tombeaux d'Osiris..(...) Il n'y eut que les parties naturelles qu'Isis ne retrouva point, parce que Typhon les avait jetées tout de suite dans le Nil, où elles furent dévorées par le lépidote, le pagre et l'oxyrhynque (le mormyre) ; aussi ce sont maintenant les poissons que les Egyptiens ont le plus en horreur. La déesse, pour remplacer cette perte, en fit faire une représentation, et elle consacra le phallus, dont les Egyptiens célèbrent encore aujourd'hui la fête."

Il semble bien, en fait, qu'ayant rassemblé tous les morceaux retrouvés, isis en fit avec l'aide de Nephtys et d'Anubis, la première momie.


A SUIVRE .....