Pourtant il ne réussissait à obtenir qu'un corps desséché,
immobile et glacé, que le Double ne pouvait ni soulever
ni faire remuer et qui le condamnait à mener une existence
ténébreuse.
Thot et Isis voulurent qu'Osiris fût plus favorisé. Ils
ajoutèrent cette fois à la préparation de la momie des rites
magiques qui devaient procurer à la chair desséchée une
nouvelle existence. Et voici comment ils s'y prirent.
Isis avait, au moment de ses trouvailles, revivifié l'un
après l'autre chacun des membres du dieu mutilé. Elle enveloppa
ces membres dans une figure faite de cire et d'aromates,
et de terre mélangée de blé, et d'encens, et de pierres
précieuses, de la grandeur d'Osiris et faite à sa ressemblance.
Ensuite, elle fit sur cette figure des opérations magiques.
Et Isis et Nephthys lui dirent :
"Tu as repris ta tête, tu as resserré
tes chairs, on t'a rendu tes veines, tu as rassemblé tes
membres".
Et Sibou, le père d'Osiris, présidait la cérémonie, et Râ,
du ciel, envoyait les déesses Vautour et Uraeus, celles
qui ceignent comme d'une couronne le front des dieux, mettre
en place la tête d'Osiris et consolider sa nuque.
Et la satue fut revêtue d'un linceul de lin bien ajusté.Alors
Isis et Nephthys, en robes de deuil, les cheveux dénoués,
se meurtrissant la poitrine de coups, se mirent à chanter
lamentablement, suppliant Osiris de revenir habiter sa forme
reconstituée.
Isis chanta en embrassant les pieds de la momie :
" Viens vers ta demeure, viens à
ta demeure,
Toi qui n'a plus d'ennemis,
O bel adolescent, viens à ta demeure pour que tu me voies.
Je suis ta sœur que tu aimes,
Ne te sépare pas de moi, bel adolescent.
Viens à ta demeure,
Je ne te vois pas et pourtant
Mon cœur aspire à te rejoindre
Et mes yeux te réclament
Je cours de tous côtés pour te voir.
(...)
Cela est merveilleux de te contempler.
(...)
Viens à celle qui t'aime, qui t'aime ô Ounen-Nèfer,
Viens auprès de ta sœur,
Viens auprès de ta femme,
Toi dont le cœur a cessé de battre !
Viens vers la maîtresse de ta maison.
Je suis ta sœur, de la même mère,
Ne t'éloigne pas de moi...
Les dieux et les hommes ont tourné leur visage vers toi
Et tous te pleurent ensemble car ils me voient
Je t'appelle et je pleure si fort
Qu'on l'entend dans le ciel
Mais tu n'entends pas ma voix ?
Je suis la sœur que tu aimais sur terre,
Tu n'aimais aucune autre femme
En dehors de moi, ô mon frère, ô mon frère"
Et Nephthys, penchée sur la tête de la momie, dit à son
tour :
"Reviens en cette heure, mon maître,
toi qui est parti,
Afin de faire ce qui te plaît, sous les arbres.
Tu as éloigné mon cœur de moi de milliers de mille.
Avec toi seul, je désire faire ce que j'aime !
Si tu vas au pays d'éternité, je t'accompagne,
J'ai peur que mon époux ne me tue.
Y eut-il roi qui, en son temps, fit ainsi ?
Je suis venue pour l'amour de toi.
Tu délivres mon corps de ton amour."
Ils enveloppèrent encore la momie d'un autre linceul de
lin qu'ils fixèrent avec des bandelettes ; puis ils tracèrent
sur les bandelettes des figures sacrées et des formules
magiques, ils déposèrent sur les membres des amulettes recélant
des charmes puissants ; ils tracèrent ensuite sur les planches
du cercueil et sur les murs de la chambre mortuaire les
scènes de l'existence terrestre et de la vie d'outre-tombe
en chantant des incantations pour rendre à Osiris l'usage
de ses yeux pour voir, de ses oreilles pour entendre, de
sa bouche pour manger et parler, de ses mains pour agir,
de ses jambes pour marcher et ces formules sont écrites
dans "le Livre de l'ouverture de la bouche".
Et ils firent encore autre chose. Ils dressèrent à côté
du cercueil qui contenait la momie une satue faite à la
ressemblance du vivant. Et ils la remirent aux mains des
habilleurs qui lui firent subir une toilette minutieuse,
ablutions, fumigations, encensements, onctions du fard,
puis ils revêtirent la statue de bandelettes vertes, rouges,
jaunes et blanches, d'armes et de couronnes. Ensuite, ils
firent fabriquer soit en cornaline, soit en pierreries,
soit en or, la croix ansée, signe de vie, les liens de cou,
de poignets, de chevilles, toutes les amulettes destinées
à éloigner Seth l'adversaire et l'ennemis et à le frapper
d'impuissance.
Et à la statue aussi ils chantèrent les chants magiques
pour ouvrir sa bouche, ses yeux et ses oreilles, pour délier
ses bras et ses jambes, pour donner le souffle à son gosier
et pour susciter les battements de son coeur. Et les formules
qu'ils prononcèrent étaient si puissantes que le double,
cette statue à l'image d'Osiris, vit et entendit, parla
et mangea, assis devant une table chargée de toutes les
choses bonnes et pures que donne le ciel, que crée la terre,
que le Nil amène de sa cachette. Et les pains, les viandes,
les fruits, les boissons écartent à jamais de lui toute
menace de soif ou de faim.
Isis la magicienne alors transformée de nouveau en oiselle
battit l'air avec ses ailes pour lui redonner le souffle
vital, et ranima son frère-époux. Mais "c'est
une chose à garder bien cachée ! qu'il ne soit pas permis
qu'un homme ou une femme la divulgue à haute voix !". Puis,
grâce à sa magique puissance, elle lui rendit quelques instants
son membre disparu et descendit en planant doucement sur
le corps d'Osiris qui, revirilisé par cette action, la féconda.
Ressuscité, Osiris aurait pu reprendre sa place parmi les
hommes et quelquefois il lui est arrivé de se montrer à
ses fidèles serviteurs. Mais il ne voulut pas séjourner
dans les villes comme l'avaient fait ses ancêtres. Ils préféra
la Prairie du repos au milieu des marais dans les îlots
sablonneux à l'abri des inondations du Nil. Ce fut le premier
royaume d'Osiris où il mena une existence toute semblable
à sa vie première, mais sans vieillir jamais.
Là est son royaume éternel. Le soleil et la lune l'éclairent
en même temps. Quand il fait chaud au milieu du jour, le
vent du nord souffle pour rafraîchir l'atmosphère, les moissons
y sont abondantes et magnifiques. Des remparts épais protègent
ce séjour des entreprises de Seth et des esprits malfaisants.
Un palais semblable à celui de Pharaon, mais mille fois
plus beau, s'y élève au milieu de jardins délicieux. Osiris
entouré des siens y mène une vie tranquille où abondent
tous les plaisirs de la vie terrestre sans aucune de ses
douleurs.
Cependant Osiris, Ounnefer-le-bon, le type de la bonté parfaite,
a voulu ouvrir les portes de son paradis aux âmes de ses
anciens sujets fidèles, ceux qui sont les suivants d'Horus,
afin que ceux qui ont été bons sur la terre, qui ont compris
les enseignements sacrés et qui ont suivi la voie droite,
mènent dans l'autre monde une heureuse existence et jouissent
du bonheur éternel auprès du dieu qu'ils ont adoré et honoré
pendant leur vie humaine. Il prit la croix de la vie, l'Ankh
de la résurrection, et avec elle dans son Ba il alla pour
sauver et protéger tous ceux qui, seuls ou terrifiés, pénétraient
dans l'Amenti . Il leur revint de vivre à l'ouest en attendant
ceux qui, déshérités, sont exilés du règne de la vie.
Naissance d'Horus :
Alors Isis se réfugia à Bouto, la ville où elle était née,
au milieu des marais et des roseaux qui la protégèrent contre
les entreprises de Seth. Et après elle, plus d'une fois,
ces mêmes marais et ces mêmes roseaux ont protégé aussi
le Pharaon contre les attaques de ses ennemis.
Isis veille, enceinte, chargée de la semence de son frère
Osiris. Elle se lève, la femme abandonnée, son cœur se réjouissant
de la semence de son frère Osiris.
Elle dit :
"0 Dieu, je suis Isis, la sœur d'Osiris,
celle qui verse des larmes pour le père des dieux, Osiris,
celui qui fut le juge au temps des troubles du Double Pays.
Maintenant sa semence est à l'intérieur de mon corps. J'ai
assemblé la forme d'un dieu dedans un œuf, tel le fils de
celui qui préside à l'Ennéade; il régentera ce pays, il
succédera à Geb, il parlera pour son père et massacrera
Seth, l'ennemi de son père Osiris. Venez dieux ! Assurez
sa protection en mon sein! Connaissez en vos cœurs qu'il
est bien votre maître, cette divinité qui est encore dedans
son œuf bleu en son aspect, seigneur des dieux, plus grand
et plus beau qu'eux, agitant ses deux plumes de lapis-lazuli."
- "Ah! " dit Rê-Atoum, "Que
ton fils soit satisfait, ô femme ! Mais comment sais-tu
qu'il s'agit bien d'un dieu, d'un maître, héritier des dieux
primordiaux, alors que tu agis à l'intérieur d'un œuf ?"
- " Je suis Isis, efficiente et sacrée
plus que les autres divinités. Un dieu est à l'intérieur
de mon corps, il est la semence d'Osiris."
Alors Rê-Atoum dit :
"Tu as conçu en te cachant cet enfant
que tu portes mais tu accoucheras auprès des dieux, car
Il est la semence d'Osiris. Que ne vienne pas l'être hostile
qui a tué son père, afin de briser l'œuf en sa jeunesse!
Qu'il redoute le dieu à la grande magie !"
"Ecoutez cela, ô dieux ", dit Isis.
"Rê-Atoum, le seigneur du château
des faucons, a parlé. A mon intention, il a ordonné que
mon fils soit protégé à l'intérieur de mon corps; il a assemblé
une garde autour de lui en mon sein, car il sait qu'il s'agit
bien de l'héritier d'Osiris. La protection du faucon qui
est moi est assurée par Rê-Atoum, le maître des dieux.
Viens, sors sur la terre afin que je t'acclame et te loue,
afin que les compagnons de ton père Osiris te suivent. J'établirai
ton nom après que tu auras atteint l'horizon, ayant franchi
les murailles du dieu au nom caché. Une force sort de l'intérieur
de ma chair, après qu'une puissance ait attaqué mon sein;
la puissance atteint sa pleine vigueur, lorsque le Lumineux
commence son voyage . Il (Horus) établit lui-même son siège,
s'asseyant à la tête des dieux, dans le Collège du Démembré
(Osiris), 0 mon fils Horus, installe-toi donc en ce pays
pour ton père Osiris en ce tien nom de Faucon qui est sur
les murailles du château du dieu au nom caché. Je demande
que tu demeures dans la suite de Rê-Horakhty, à la proue
de la barque du Primordial, pour le temps éternel et le
temps infini."
Isis descend vers Celui qui est démembré, amenant Horus,
afin de demander qu'il demeure aussi avec lui, telle une
image divine pour le temps éternel.
- "Contemplez donc Horus, ô vous
les dieux !"
- "Je suis Horus, le grand faucon
qui est dans les murailles du château du dieu au nom caché.
Mon essor a atteint l'horizon, je me suis éloigné des dieux
du ciel et j'ai rendu ma place plus éminente que celle des
Primordiaux. Même le dieu laaou ne peut atteindre mon premier
envol. Ma place est loin de celle de Seth, l'ennemi de mon
père Osiris. J'ai conquis les chemins du temps éternel et
de la lumière. je m'élève grâce à mon essor. Aucun autre
dieu ne peut accomplir ce que J'ai accompli. Je vais partir
en guerre contre l'ennemi de mon père Osiris, je le placerai
sous mes sandales en mon nom de Furieux. Car je suis Horus,
qu'Isis a mis au monde et dont la protection a été assurée
alors qu'il était à l'intérieur de l'œuf. L'haleine ardente
de votre bouche ne peut me blesser, pas plus que ne peut
m'atteindre ce que vous dites à mon encontre. Je suis Horus,
dont la place est loin des dieux et des hommes. Je suis
Horus, le fils d'Isis."
Isis le mit au monde dans les marais du lac Burlos, non
loin de Bouto dans le delta, où elle s'était cachée en un
endroit qui s'appelle Chemnis, au milieu des grands roseaux.C'est
là qu'elle garda et éleva dans la solitude, sans que nul
oeil sût où il était, pour le garder des entreprises et
des attaques de Seth, le mauvais.
(Selon Plutarque, cependant, ce n'est pas Horus mais Harpocrate
qu'Isis mit alors au monde :
"Isis, avec qui Osiris avait
eu commerce après sa mort, en eut un fils qui naquit
avant terme, et qui était boiteux. On lui donna le
nom d'Harpocrate.")
Tant qu'il fut en bas âge, il vécut tout nu, car il fait
chaud dans les marais du Nil, paré et vêtu seulement de
ses colliers et de ses bracelets, choisis pour leurs vertus
magiques qui devaient écarter les ennemis du petit enfant.Sa
mère, accroupie sur la terre pour être mieux cachée, le
berçait sur ses genoux et le nourrissait de son lait.
Et elle lui chantait une chanson qui disait :
"Mon fils, Pépi, mon prince, prends
mon sein, tette, mon prince, pour que tu vives, mon prince,
toi qui est petit, mon prince."
Et parfois, changé en épervier, il tétait sa mère du bout
de son bec.
Elle le nourrissait, comme elle se nourrissait elle-même,
de graines contenues dans la pomme du papyrus, ces grosses
têtes larges et rondes qui se balancent sur des tiges hautes
de vingt-cinq pieds, plus grosses que le bras d'un homme.De
temps en temps, elle allait jusqu'à la ville passer toute
la journée qu'elle employait à mendier.
Elle demandait aux gens charitables quelque nourriture et
le soir, à son retour, elle prenait Horus dans ses bras,
son enfant si beau, son petit garçon en or.
Et, un soir, le cherchant parmi les papyrus et les roseaux,
elle le trouva sans vie, couché à terre.Le sol était trempé
des larmes qu'il avait versées et l'écume souillait ses
lèvres. Le petit coeur ne battait plus, les membres pendaient
sans force et le corps blême semblait un cadavre.
Isis, la déesse, poussa un immense cri de douleur qui perça
le silence, puis elle éclata en lamentations à haute voix,
déplorant sa nouvelle infortune. Horus mort, qui restait
pour la protéger, pour tirer vengeance de Seth, le méchant?Quand
les gens du village le plus proche entendirent ses cris,
ils accoururent et partagèrent son affliction ; eux aussi
se mirent à pleurer à grands cris, à gémir bien haut.
Mais si grandes que fussent leur sympathie et leur pitié,
ni leurs larmes, ni leurs cris ne pouvaient rendre la vie
au divin Horus! Alors une femme se détacha du groupe et
vint tout près d'Isis, la mère éplorée. Cette femme était
bien connue dans le village où elle possédait de grandes
propriétés. Elle essaya de consoler Isis, la réconfortant,
et lui assurant qu'Horus pouvait être guéri.
"Car, dit-elle, c'est
un scorpion qui l'a piqué.Il a été blessé par le reptile
Aunab."
Isis, alors se pencha sur l'enfant pour vérifier s'il respirait
encore ; elle vit la piqûre et, regardant de près, elle
constata qu'il y avait du poison dans la plaie.Saisissant
l'enfant dans ses bras, elle fit avec lui un bond (comme
le poisson qu'on a déposé sur les charbons ardents), poussant
des hurlements de douleur qui résonnèrent bien loin, bien
loin, à travers l'espace... Au bruit de cette explosion
douloureuse, la déesse Nephthys, la soeur d'Isis et d'Osiris,
accourut, et elle aussi se lamenta et pleura amèrement,
partageant le chagrin de la mère. Et arriva aussi la déesse
des scorpions : Serquet / Selkis. Nehthis conseilla à sa
soeur d'invoquer Ra, le dieu grand, et d'implorer son secour.
Isis obéit. Elle cria, elle appela de toutes ses forces,
elle hurla ses supplications désespérées et Ra, le dieu-Soleil,
fit arrêter la course de sa barque divine : tout fut suspendu
un instant sur la terre entière. Et le dieu Thot sortit
alors de la barque et descendit à terre, Thot qui possède
les charmes les plus puissants qui soient dans l'univers.
"Qu'y a-t'il? Qu'y a t'il, ô Isis,
ô toi, la déesse des sortilèges, toi dont la bouche sait
prononcer les maîtres-mots ? Certainement, il n'est pas
possible que le mal diabolique ait atteint l'enfant Horus?
Car il est le protégé de Râ, le grand dieu. Rassure-toi,
j'ai quitté la barque divine pour venir guérir ton fils."
Ainsi Thot dissipa l'angoisse du coeur maternel, car il
apportait les remèdes et la guérison. Se tournant vers l'enfant
inanimé, il commança à réciter ses formules magiques, disant
:
"Eveille-toi, Horus ! Réjouis le
coeur de ta mère Isis, et permets à nos coeurs de partager
sa joie! La barque royale de Râ, le grand dieu, s'est arrêtée
dans sa course pour le salut d'Horus et de sa mère Isis.
Poison, descends dans la terre! C'est la volonté des dieux
que moi, Thot, je guérisse l'enfant Horus, que je le sauve
pour la consolation de sa mère. O Horus! ô Horus! réveille-toi!
tu dois vivre pour ta mère."
Et le petit enfant Horus revint à la vie pour la plus grande
joie de sa mère.Alors Thot remonta dans sa barque des milliers
d'années qui reprît aussitôt sa course majestueuse, et,
d'un bout du ciel à l'autre, tous les dieux se réjouirent
dans leur coeur.
Rendu à la vie, Horus continua de grandir, caché parmi les
roseaux et les papyrus géants ; il apprit à lire dans les
livres et il étudiait sur un rouleau de papyrus étalé sur
ses genoux, pour apprendre à déchiffrer lessignes sacrés.Il
grandit ainsi et Osiris revint une fois sur la terre pour
armer son fils et le préparer à ses épreuves
futures.
Selon Plutarque : "Osiris apparut
des enfers à son fils Horus, et l'instruisit dans
l'art des combats ; après quoi il lui demanda quelle
action il regardait comme la plus glorieuse : '
C'est, répondit Horus, de venger les torts qu'auraient
essuyés un père et une mère'
Osiris lui demanda encore quel animal il croyait le plus
utile pour la guerre. Horus lui ayant répondu que
c'était le cheval, Osiris, étonné,
lui demanda pourquoi il n'avait pas nommé le lion
plutôt que le cheval : 'C'est, répliqua Horus,
que le lion est utile à ceux qui n'ont besoin que
de défense ; mais avec le cheval on poursuit son
ennemi et on le tue.'
Osiris, charmé de ses réponses, comprit que
son fils était assez préparé pour le
combat."
Alors Osiris, rassuré, retourna vivre paisiblement dans
l'autre monde. Horus se consacra tout entier au rôle de
vengeur de son père.Il chaussa des sandales blanches pour
traverser le pays. Il réunit autour de lui les Egyptiens
restés fidèles à Osiris et rassurés depuis qu'ils avaient
pour chef son propre fils ; on les nomma tantôt les survivants
d'Horus et tantôt les serviteurs d'Horus. Ils comptent parmi
eux des guerriers armés d'arc, des guerriers armés du boomerang
conduits par le loup Ouponat / Oupouaout, dont l'insigne
est traversé d'une massue.
ls ne perdirent pas de temps pour attaquer les conjurés
de Seth. Ceux-ci surpris par l'attaque, se métamorphosèrent
en gazelles, hippopotames, crocodiles, porcs sauvages, puis
en serpents, tous animaux impurs et dévoués à Seth.
Selon Plutarque : "On dit qu'une
foule d'Egyptiens passèrent dans le parti d'Horus,
et entre autres une concubine de Seth, nommée Thoueris.
Un serpent qui la poursuivait fut tué par les gens
de la suite d'Horus; et c'est en mémoire de cette
action, qu'encore aujourd'hui, ils apportent dans leurs
assemblées une corde qu'ils coupent en plusieurs
morceaux."
Vaincues, les hordes de Seth se retirèrent vers le Nord.
Mais elles revinrent à la charge et l'on vit, dans une terrible
mêlée, s'affronter les boeufs d'Horus et les ânes de Seth.
Horus, le magicien, était le premier au combat. Un jour,
il s'était métamorphosé en épervier pour s'abattre sur l'échine
d'un hippopotame qui n'était autre que Seth. Mais celui-ci,
forcé dans son gîte, se changea en gazelle et disparut avant
qu'Horus, devenu faucon, ne pu le saisir.
Un autre jour il prit, pour effrayer son ennemi, la forme
d'un lion à tête humaine, et dont les griffes étaient tranchantes
comme des couteaux. Mais Seth s'échappait toujours...
Trois jours durant les chefs se battirent sans résultat,
hommes d'abord, puis hippopotames, et la bataille continuait,
corne à corne.
Selon Plutarque : "Le combat
dura plusieurs jours, et Horus remporta la victoire. Isis
ayant trouvé Seth enchaîné,
ne le fit point périr, mais le délia et lui
rendit la liberté. Horus, dans l'indignation qu'il
en conçut, porta la main sur sa mère, et lui
arracha les marques de la dignité royale qu'elle
portait sur sa tête. Thot lui donna en dédommagement
un casque qui représentait une tête de taureau."
La guerre ne finit jamais ; le combat continuait sans qu'aucun
fût vainqueur, si bien que les dieux appelèrent les deux
rivaux devant leur tribunal, et tous deux convinrent d'accepter
comme arbitre Thot, seigneur d'Hermopolis.
A SUIVRE .....