DOSSIER JEUX :



Histoire du jeu d'Echecs :                                                

 

Le jeu d'Echecs passe pour le roi des jeux de plateaux. il semble bien que ss origines doivent être recherchées du coté de l'Inde.
 


Les Echecs hindous :

- Des fouilles ont montré que la "Culture de l'Indus", au Pakistan, fabriquait déja des échiquiers de pierre vers 1600 av JC. Ceux-ci, cependant, contenaient parfois plus de 11x11 cases et étaient utilisés pour un jeu inconnu. (> Voir)

- Vers le 4ème ou 3ème siècle av.JC, en Inde, le livre "Vinayapitaka" décrit l'"Ashtapada", un échiquier de 8x8 cases. Celui-ci, cependant, servait encore pour un simple jeu de parcours et pas encore pour un jeu d'Echecs. (> Voir)

- Selon une légende, ce serait un certain Sissa ibn Dahir qui aurait inventé ( vers 570 ap.JC) les premiers Echecs en Inde. Il s'agissait du jeu de "Chaturanga" ("Tchatu-ranga" = "Quatre membres") qui se pratiquait sur un plateau d'Ashtapada..

- D'aprés le livre perse "Mâdayân î chatrang" / "Chatrang nâmag" ("Livre des échecs"), le roi indien Dêwisarm (Divsaram = Deva Sarvavarman, 560-585 ap.JC, roi de Kanauj de la dynastie des Maukhari) envoya son vizir Tâtarîtos (Takhtritus) au shah de Perse Chosroes 1er Anushirwan (531-579 ap.JC) vers 578 ap.JC. Sa mission était de présenter un jeu nouveau composé de seize pièces en émeraudes et de seize pièces en rubis. Un défi accompagnait cette caravane :
"Comme ton nom est Roi des Rois, ton emprise sur nous signifie que tes sages sont plus sages que les notres. Soit tu découvres les secrets de ce jeu, soit tu nous paies un tribut en retour."

Le sage Vazorgmitro (Wuzurgmihr) trouva la réponse :

"Divsaram a fait ce jeu comme la guerre. Il y a les Rois, semblables à deux généraux, les Farzins (Ministres) pour diriger les flancs droit et gauche, les Éléphants qui ressemblent aux gardes du corps royaux, les Chevaux dirigeant la cavalerie et les Fantassins identiques à ceux qui mènent la bataille."

Ce jeu est bien l'ancêtre du jeu d'Echecs; Il se joue sur un plateau de 8x8 cases et comporte les pièces suivantes pour chaque joueur :
Un Rajah (Roi), un Mantri / Naïb (Vizir), deux Gajas / Hastis (Eléphants), deux Asvas (Cavaliers), deux Rathas (Chars) et huit Padatis (Fantassins / Pions).
Le Roi se  déplace d'un pas dans toutes les directions.
Le Vizir se déplace d'un pas en diagonale.
L'Eléphant see déplace de deux pas en diagonale.
Le Cavalier se déplace d'un pas orthogonal puis d'un pas en diagonale.
Le Char se déplace de plusieurs pas dans les 4 directions orthogonales.
Le Fantassin se déplace d'un pas en avant.
http://www.chessvariants.org/historic.dir/chaturanga.html

- En Inde, dans son livre "Vasavadatta", Subandhu (550-620) décrit des "nayadyutairs" qui pourraient être des "joueurs d'Echecs".

- En Inde, dans son livre "Harshacharita" (vers 625-645 ap.JC), Bana Bhatta décrit ce jeu de Chaturanga qui se joue sur un échiquier d'Ashtapada.

- En 840, Al Adli décrit un Chaturunga où les positions de l'Eléphant et du Char sont interverties.

- En 1030, Albiruni cite deux jeux de Chaturanga : Un Chaturanga classique à deux joueurs, et un "Chaturaji / Choupat" à quatre joueurs pour lequel c'est un jet de dés qui détermine quelle pièce on doit déplacer (Dans ce jeu, les déplacement de l'Eléphant et du Char sont également intervertis).

- Vers 1100, le livre "Manasollasa" décrit aussi ces deux versions du Chaturanga. Dans le jeu à quatre, les positions de l'Eléphant et du Char sont interverties. Le Char, cependant, est appelé maintenant "Bateau", par confusion entre les mots "Rokh" ("char" en arabe) et "Roka" ("bateau" en langue indienne).
http://www.chessvariants.org/historic.dir/chaturang4.html

- Vers 1148, au Cachemire, dans le livre "Rajatarangini", Kalhana décrit encore un Chaturanga à quatre joueurs;.

- Vers 1300, dans le sud de l'Inde, est encore décrite une version du Chaturanga où les positions de l'Eléphant et du Char (appelé ici "Chameau") sont interverties.

- Les peuples de l'Insulinde s'étant converti à la culture hindouiste, adoptent par la même occasion le jeu de Chaturanga. C'est ainsi qu'en 1285 Marco Polo décrit un jeu de plateau contenant des pièces en forme d'éléphants, observé dans le royaume malais du Champa (dans le sud Viet-Nam).
Il en dérivera le "Main-Chatar" ("Jeu de Chaturanga") malais dont le nom des pièces provient manifestement de la langue indienne :Raja (Roi), Mantri (Vizir), Gajah (Eléphant / Ministre), Kuda (Cavalier), Ter / Chemor (Char) et Bidaq (Soldat).

- Il en dérivera les jeux de "Mak-Ruk" au Siam et d "Ouk-Chatrang" au Cambodge, décrits vers 1687. Ce sont des variantes du Chaturanga se jouant sur un plateau de 8x8 cases avec les pièces suivantes : Un Roi / Seigneur (se déplacant d'un pas dans toutes les directions), un Officier / Graine (se déplacant d'un pas sur les 4 diagonales), deux Nobles / Pilliers (se déplacant d'un pas sur les 4 diagonales ou d'un pas en avant verticalement, deux Chevaux (se déplacant comme le cavalier des Echecs européens), deux Bateaux (se déplacant de plusieurs pas dans les 4 directions orthogonales) et de 8 poissons (se déplacant d'un pas en avant).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Makruk
Il en existe une version birmane, le "Sittuyin", où les joueurs, en début de partie, placent où ils veulent leurs 16 pièces sur le plateau :  Un Roi, un Général, deux Eléphants, deux Chevaux, deux Chars (ou Bateaux) et 8 Fantassins.
http://en.wikipedia.org/wiki/Sittuyin
On trouve également une version cambodgienne se jouant sur un plateau de  9x9 cases avec 18 pièces par joueurs (dont deux Officiers encadrant le Roi / Seigneur)
http://homepage.eircom.net/~reidr1/Cambodian.htm
http://history.chess.free.fr/cambodian_hill.htm

- Le jeu de "Surakarta", dans l'ile de Java, dérive probablement lui aussi du Chaturanga indien, mais bien plus lointainement. Le plateau se compose d'un réseau de 6x6 lignes plus 4 arcs de cercle..
http://lwh.free.fr/shareware/surakarta/surakarta.htm

http://www.ludoteka.com/surakarta-fr.html
il en existe une variante corénne à 4x4 lignes seulement.


Les Echecs arabes :

Les Echecs arabes proviennent directement du jeu Indien Chaturanga.

- Le Chaturanga fut d'abord adopté par les Perses, vers 578 ap.JC, sous le nom de "Shatreng". Les pièces qu'il contient sont les mêmes qu'au Chaturunga : Un Shâh (roi), un Ferz / Farzin (Vizir), deux Pils (Eléphants), deux Asps (Chevaux), deux Rokhs (Chars ?) et 8 Payadags (Fantassins).
http://ancientchess.com/page/play-shatranj.htm

- Aprés la conquète de l'empire perse par les Arabes, ceux-ci adoptèrent à leur tour ce jeu sous le nom de "Chatrandj" vers 728 ap.JC. Les pièces qu'il contient sont les mêmes qu'au Chaturunga et au Shatreng :Un Shâh (roi), un Firz / Firzan (Vizir), deux Al-Fils (Eléphants), deux Faras (Chevaux), deux Rukhs (Chars ?) et 8 Baidâqs (Fantassins).
http://history.chess.free.fr/shatranj.htm

- A Afrasiab, en Ouzbékistan (Ferghana), ont été trouvées des pièces d'un jeu d'Echecs datés de 761. Le "Rukh" y est représenté comme un "Oiseau-Rok".

- Au 8ème siècle, Khâlil ib Ahmad (718-791) ajoute deux pièces "Jamals" ("Chameaux", se déplacant de deux pas dans toutes les directions) au Chatrandj et invente ainsi le "Chatrandj al Kabir" ("Grand Shatrandj") ou "Shatrandj al kamil" ("shatrandj parfait") à 18 pièces sur 10x10 cases.

- Au 9ème siècle, les Arabes inventent les Echecs oblongs ("Shatrandj al mustarila" / "Shatranj at tawila") à 4x16 cases.
http://history.chess.free.fr/oblong.htm
http://www.chessvariants.com/historic.dir/oblong.html

- Au 10 ème siècle (?) aurait été inventé le "shatrandj circulaire" ("Shatrandj al muddawara").
http://history.chess.free.fr/byzantine.htm

- Vers 1011, le livre "Shânâma" décrit à nouveau le "Chatrandj al Kabir" en indiquant que le "Shutur" ("Chameau") est placé entre l'Eléphant et le Cavalier. (Ce Chameau se déplace de trois pas orthogonaux puis deux pas en diagonale).

- Vers 1140, ce jeu à 10x10 cases devient le "Shatrandj al Tâmma" et les deux Chameaux sont remplacés par deux "Dabbabas" ("machines de guerre") placés entre le Roi (ou le Vizir) et l'Eléphant et se déplacant d'un pas dans toutes les  directions.
http://history.chess.free.fr/complete.htm

- Vvant 1352, Mahmud al Amuli décrit les jeux de son époque : Le "Shatrandj al mustarila" est à nouveau cité, ainsi que le Shatrandj circulaire ( "Shatrandj al Rûmîya" = "Echecs Bizantins"). Quand au "Shatrandj al Tâmma", il est devenu le "Shatrandj citadelle" par adjonction de deux cases "citadelles" servant de refuge au Roi. Il en existe une version "Shatrandj al husûn" avec 10x10 cases et 4 citadelles (ou des "machines de guerre" se déplacent de plusieurs pas en oblique). http://www.chessvariants.org/historic.dir/citadel.html
http://history.chess.free.fr/citadel.htm

- Au 14ème siècl, le "Shatrandj citadelle" devint les "Echecs de Tamerlan" avec 11x11 (ou 10x11) cases et deux citadelles. Les pièces utilisées sont les suivantes : Un Roi / Shah, un Vizir, deux Généraux, deux Giraffes, deux Taliahs (Fous ?), deux Cavaliers, deux tours, deux Machines de guerre, deux Chameaux, deux Eléphants et 11 Soldats.
http://en.wikipedia.org/wiki/Tamerlane_Chess
http://www.chessvariants.org/historic.dir/tamerlane.html
http://history.chess.free.fr/tamerlane.htm

- Au 14 et 15ème siècles, diverses versions modifiées de ces "Echecs de Tamerlan" seront inventées.
http://history.chess.free.fr/tamerlane-full.htm

- Par la suite, les Echecs arabes déclineront progressivement face au prestige croissant des Echecs européens.

(> Voir l'évolution des pièces du jeu d'Echecs au Moyen-Orient)


Les Echecs européens :

Les Echecs européens dérivent directement des Echecs arabes "Shatrandj".

- Vers 802, un texte arabe affirme que le jeu d'Echecs existe déja dans l'Empire Byzantin (sous le nom de "Zatriki" ou "Zatrikion").

- Vers 822, le Shatrandj arrive dans le sud de l'Ibérie, grace aux Arabes de Cordoue.

- A Celanova ont été retrouvés les plus anciens Echecs d'Espagne, datés de 938.

- Vers 892-996 sont connues les plus anciennes pièces d'Echec de France, à Loisy.

- Les Echecs se diffusent ensuite dans toute l'Europe occidentale. Le mouvement des pièces reste encore semblable à celui du Shatrandj arabe mais leur nom se modifie peu à peu... Le Char "Rukh" devient ainsi un "Roc / Roccus" puis une "Tour"(car le mot "Rocca" en italien désignait une forteresse). L'eléphant "Fil" devient un "Fol" puis un "Fou" en francais, et un "Evèque" dans les pays germaniques (car la forme de la pièce ressemblait alors à une mitre). Le Vizir "Firz / Ferz" est déformé en "Fierce" puis "Fierge", avant de devenir une "Vierge" en francais

- Le poème suisse "Versus de Schachis", daté de vers 990-997, parle pour la première fois des "Reginas" ("Reines") à la place des "Vierges". C'est la première fois aussi qu'est décrit un échiquier avec des cases de deux couleurs (blanches et rouges à cette époque).

- Vers 1030, en Bavière, le poème "Ruodlieb" parle du "Ludus scachorum" ("Jeu d'Echecs").

- Vers 1202-1204, dans la future Allemagne, Wirnt von Gravenberg décrit une nouvelle variante du jeu d'Echecs : le "Jeu du courrier" avec 2x24 pièces sur 8x12 cases. Les pièces utilisées sont : La Tour, le Cavalier, l'Evèque, le Courrier / Messager, le Coursier / Espion, la Dame, le Roi, le Conseiller / Sage et le Pion.
http://www.chessvariants.org/historic.dir/courier.html
http://www.chessvariants.org/index/displayitem.php?itemid=CourierChess

- Vers 1283, en Castille, le "Livre des jeux" décrit un jeu appelé "Grande Acedrex" ("Grands Echecs") qui se pratique avec 2x24 pièces sur 12x12 cases. (- Voir ici -) Les pièces utilisées sont : La Tour, le Lion, la Licorne, la Giraffe, le Crocodile, le Roi, le Griffon et le Pion.
http://www.chessvariants.com/historic.dir/acedrex.html
http://history.chess.free.fr/acedrex.htm
Il cite aussi un jeu d'Echecs pour quatre : le "Acedrex de los quatro tiempos" ("Jeu des quatre saisons" - Voir ici -), que l'on pratique avec des dés
http://history.chess.free.fr/quatro-tiempos.htm
Probablement que ce jeu dérive du "Chaturaji / Choupat" rapporté des Indes par les Arabes sous le nom de "Shatrandj à quatre".
Le livre cite également un "Jeu d'Echecs décimal" (sur 10x10 cases) utilisant 2x16 pièces (dont un Juge, placé entre le cavalier et le Fou. (Ce jeu pourrait dériver du "Chatrandj al Kabir" des Arabes).
(> Voir le Jeu d'Echecs illustré dans le "Livre des jeux")

- Vers 1337, Kunrat von Ammenhausen raconte qu'on joue encore au "jeu du Courrier" à Constance.

- Dans le "Roman de la Rose" (1420-1430), on donne encore le nom de "Fierge" à la Reine et de "Roc" à la Tour. Ce sont la des termes désormais archaîques.

- Vers 1475, à Valence, Francesc de Castellvi, Bernat Fenollar, et Narcis de Vinyoles écrivent le poème "Scachs d'amor" ("Echecs d'amour") qui décrit un jeu d'Echecs où la Dame et le Fou se déplacent plus loin que dans le jeu habituel.

- En 1495, le Catalan Vicent Francesch parle du jeu "Scacchi alla rabbiosa" (Echecs à l'enragée"). Il s'agit d'un nouveau jeu d'Echecs dans lequel la Dame peut se déplacer d'autant de cases que l'on veut, dans tous les sens. Et le Fou peut se déplacer en oblique d'autant de cases que l'on veut, également.
Il s'agit la de la version moderne du Jeu d'Echecs.

- Vers 1497, dans le livre "Repeticion de amores e art de axedrez con 15 Juegos de partido", Luis Ramirez Lucena décrit ce jeu moderne.

- Vers 1513 en Italie, dans le poème "De ludo scacchorum", Vida décrit Appolon et Mercure jouant à cette nouvelle version des Echecs.

- Vers 1540, ces Echecs modernes s'imposent enfin en France sous le nom de "Jeu de la Dame enragée".

Le cas des Echecs Grecs et Russes :

- Selon le livre "Alexiade" de la princesse Anne Commène (vers 1150), les Byzantins auraient recu leur Jeu d'Echecs "Zatrikion" des Perses ... donc avant l'arrivée des Arabes. Dans son Encyclopédie, Diderot écrit ceci : "La princesse Anne Comnene, dans la vie de son pere Alexis Comnene empereur de Constantinople dans le XIème siecle, nous apprend que le jeu des échecs, qu’elle nomme zatrikion, a passé des Persans aux Grecs". Un texte arabe affirme d'ailleurs qu'à son époque (vers 802) le jeu d'Echecs est déja connu dans l'Empire Byzantin . Plus tard ce jeu de "Zatriki / Zatrikion" sera remplacé par le jeu moderne "Skaki" venu d'Italie.

- Les Echecs ("Shakhmat") ont été introduit en Russie, vers 820, en venant de l'Empire Byzantin (ou de la Perse ?). Les pièces y étaient semblables, à l'origine, à celles des jeux perses, arabes et indiens : On y trouvait un Eléphant  ("Slon") ainsi qu'un Vizir dont le nom, "Ferz", provient directement du perse. La Tour était appelée "Ladya" ce qui signifie "Bateau" et indique une influence ultérieure des Echecs indiens.
Ce jeu ancien existait encore au XVIIème siècle ainsi que le montrent des pièces en ivoire de Mammouth trouvées à Kholmogory, puis il sera progressivement remplacé par la version européenne moderne des Echecs


Les Echecs d'Asie centrale :

Les Echecs d'Asie centrale proviennent eux aussi du jeu indien de Chaturanga, probablement apporté à travers l'Himalaya.
Au Thibet ce jeu porte le nom de "Chandaraki", en Mongolie de "Hia-Shatar" ("Echecs des gardes du corps") et à Touva de "Shydyran". Il est connu depuis au moins le XIIi ème siècle et utilise 2x20 pièces sur 10x10 cases.
Voici la liste de ces pièces :
  - Un Roi (Mongolie) / Lion (Thibet) : Se déplace comme le Roi en Occident.
  - Une Panthère des neiges (Mongolie) / Tigre (Thibet) : Se déplace comme la Reine en Occident.
  - Deux Gardes du corps : Se déplacent de une ou deux cases dans tous les sens.
  - Deux Chameaux : Se déplacent de deux cases en oblique.
  - Deux Chevaux : Se déplacent comme les Cavaliers en Occident.
  - Deux Cartes : Se déplacent comme les Tours en Occident.
  - Dix Enfants : Se déplacent comme les Pions en Occident.
http://history.chess.free.fr/mongeng.htm


Les Echecs Chinois :

Les Echecs chinois portent le nom de "Xiang-qi" (Xiang-xi / Hsiang-chhi).
Voici les étapes qui ont marqué leur développement :

- Dans le livre "Zhao-hun" (3ème ou 2ème siècle av.JC), Song-yu cite pour la première fois un jeu appelé "Xiang-qi". Ce nom devait signifier, à cette époque, "Jeu d'ivoire", "Jeu des images" ou plus probablement "Jeu astronomique" (mais pas "Jeu des éléphants" comme on le dit parfois). Ce jeu n'était certainement pas le même que le jeu d"échecs chinois portant ce nom actuellement;

- Dans son livre "Shuo-Yuan", Liu-xian (79-08 av.JC) cite également le Xiang-qi. Mais rien ne prouve qu'il sagissait du même jeu que les échecs chinois actuels.

- Selon le livre "Xiang-Jing" (569 ap.JC), l'empereur Wudi (561-578 ap.JC) aurait inventé une nouvelle version du Xiang-qi en 568 ap.JC. C'était bien un "jeu astronomique" et on pense pouvoir le restituer ainsi : Il se jouait sur un plateau comportant 8 cases externes (symbolisant les points cardinaux), 8 cases médianes (symbolisant les 8 trigrammes du Yi-king) et 12 cases internes (symbolisant les 12 mois de l'année). Dans les cases externes on déplacait des pions "chevaux" représentant les 5 éléments chinois, et dans les cases internes on déplacait des pions "dragons" représentant le soleil, la lune et les étoiles. On ignore cependant les règles exactes de ce jeu qui servait peut-être à des fins divinatoires.

- Dans son livre "Shui-Shu", Wei-Zheng (580-643) prétend que l'empereur Wudi déplacait des "esprits et des fantomes" sur le plateau de ce jeu.

- Vers 712, Fazang décrit un jeu appelé "Prasena" qui se jouait en Asie centrale. On y déplacait plus de 20 pions appelés "éléphants" et "chevaux". Il est probable qu'il s'agissait la d'une forme du jeu d'échecs indien Chaturanga qui commencait à se diffuser chez les peuples turco-mongols.
Par la suite les influences venues de l'Inde amèneront les Chinois à remplacer leur ancien Xing-qi par un vrai jeu d'échecs portant le même nom.

- Dans son livre "Xuanqi-lu" (Xuanguai-lu = Livre des merveilles), Niu Sengru (Niu Zeng Yu, 779-847) parle d'un jeu Xian-qi apercu en rêve par un certain Cen-shun en 762. Le mouvement de ses pièces est décrit ainsi :
"Le Tian-ma (cheval céleste) va en diagonale et s'arrête à la troisième ligne, le Jiang (général) se déplace des quatre cotés sur le terrain, le Ju (char) va droit devant dans le territoire ennemi, et les six Jias (soldats en armure) suivent leur colonne sans jamais revenir en arrière (...)
(...) Le tambour retentit et un cheval sauta trois pieds en diagonale. Le tambour retentit à nouveau et un soldat a avancé d'un pied sur sa route. Le tambours retentit une troisième fois et le char roula en avant."
On a ici affaire pour la première fois à un vrai jeu d'échecs chinois, bien que sous une forme encore primitive, différente de celle actuelle.
On peut essayer de reconstituer ainsi ce jeu :
Le plateau devait comporter 6 x 6 cases (ou un réseau de 6 x 6 lignes). Sur la première ligne se trouvaient alignées les pièces suivantes : un char, un cheval, un général, un Xiang (ministre / éléphant) ?, un cheval et un char. Sur la 2ème ligne s'alignaient six pions / soldats.

- En 829, un poème de Bo-Juyi (772-846) dit que le jeu de Xiang-qi comporte des pions et des chariots.

- Un échiquier de 8 x 8 cases (ou 9 x 9 lignes), datant du Xème siècle, a été retrouvé à Suzhou.

- Yin Zhu (1001-1047) aurait écrit un livre sur le Xiang-qi, mais celui-ci a ensuite été perdu. Des auteurs ultérieurs affirment cependant que le jeu qu'il décrivait était différent du jeu actuel.

- Dans le livre "Xiang-qi-shiguang" (vers 1055-1075), Cheng Hao (1032-1085) décrit les pièces du Xiang-qi : Il y a un Che (chariot), un Ma (cheval), un Jiang (général), un Pian (ministre / général adjoint), un Bai (conseiller / assistant du général) et des soldats.
Le général peut se déplacer dans tous les sens à l'intérieur de son palais-forteresse composé de 9 cases (c'est la 1ère fois que ce palais est décrit). Les soldats peuvent se déplacer d'un pas en diagonale dés qu'ils ont traversé la rivière (c'est la 1ère fois que cette rivière, divisant le plateau en deux, est décrite).
Il semble bien que ce jeu est alors trés proche des actuels échecs chinois.

- Dans le livre "Qiguo Xiangqi Ju" (1071-1085), Sima Guang (1019-1086) décrit une version du Xiang-qi à 7 joueurs : le "Qiguo-Xiangqi". Celui-ci nécessite 120 pièces sur un plateau composé d'un réseau de 19 x 19 lignes (= un plateau de Go). Parmi les pièces apparait pour la première fois un Pao (catapulte).
http://www.chessvariants.com/xiangqivariants.dir/chin7.html
http://www.quadibloc.com/chess/ch0303.htm
http://history.chess.free.fr/qiguoxiangxi.htm

- Dans son livre "Guong Xiang Xixu" (1079), Zhao Bu Zhi (1053-1110) décrit lui aussi un Xiang-qi se jouant sur un réseau de 19 x 19 lignes. Mais celui-ci ne comporte plus que 98 pièces.
Il décrit aussi un Xiang-qi comportant 34 pièces sur un réseau de 11 x 11 lignes.
On peut tenter de reconstituer ce jeu ainsi : Sur la première ligne sont alignés une catapulte (?), un chariot, un cheval, un ministre / éléphant, un conseiller, un général, un conseiller, un ministre / éléphant, un cheval, un chariot et une catapulte (?). Sur la 2ème ligne s'alignent six pions séparés chacun par un espace vide.

- Un jeu de Xiang-qi constitué de 32 pièces a été retrouvé à Anyi, daté de vers 1102-1106. Et un autre, comparable, a été retrouvé à Jiangyou, daté de vers 1102-1110
Ces jeux sont comparables au Xiang-qi actuel qui se joue sur un réseau de 10 x 9 lignes. Ils se composent de :
Deux généraux Jiang.
Quatre gardes / conseillers Shi
Quatre ministres / éléphants Xiang
Quatre chars Ju
Quatre chevaux Ma
Quatre catapultes Pao (qui deviendront ensuite des canons / bombardes)
Dix pions Ju.

Liens sur le Xiang-qi actuel :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Xiangqi

- Vers le 16ème siècle apparait une version coréenne du Xiang-qi : le Jianggi Jiangki / Changgi). Ce jeu se différencie du jeu chinois actuel dans la position du général et le déplacement de quelques pièces.
http://www.chessvariants.com/oriental.dir/koreanchess.html
http://ancientchess.com/page/play-janggi.htm

- Il existe aussi une version vietnamienne des Echecs chinois : Le Tuo-cong.

- Les Chinois inventeront une version simplifiée du Xiang-Qi en 1970 : le Ban-Qi où 2x16 pions s'affrontent sur un plateau de 5x9 lignes.
http://en.wikipedia.org/wiki/Banqi
http://woodpress.org/banqi/
ils s'inspireront aussi du Xiang-Qi pour créer le Dou-Shou-Qi ("Jeu du combat des animaux") où 2x8 animaux s'affrontent sur un plateau de 7x9 cases.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_du_combat_des_animaux
http://jeuxstrategie.free.fr/Xoudouqi_complet.php
http://www.taiji-grenoble.com/dou_shou_qi.pdf
A partir de la, ils créeront également le Jun-Qi ("Jeu de l'armée") / Luzhang-Qi ("Jeu de la bataille") où 2x25 soldats s'affrontent sur un plateau de 5x12 lignes.
http://en.wikipedia.org/wiki/Luzhanqi
http://ancientchess.com/page/play-luzhanqi.htm
http://www.chessvariants.org/oriental.dir/tezhi.html
http://www.hackcraft.de/games/luzhanqi/index.html


Les Echecs japonais :

Les Echecs japonais portent le nom de "Sho-gi" ("Jeu du général") et dérivent, eux aussi, du jeu indien Chaturanga. On ignore cependant si le Shogi provient d'un courant culturel passé par la Chine ou (plus probablement) par l'Insulinde.
Voici les étapes qui ont marqué le développement de ce Shogi :

- Dans son livre "Kirinshô", Fujiwara Yukinari (972-1027) parle déja du jeu de Shogi.

- A Kofuku-ji on été retrouvées 16 pièces du Shogi datées de 1058.

- Dans le livre "Shin saru gakuki" (vers 1058-1064), Fujiwara Akihira (989-1066) parle lui aussi du jeu de Shogi.

- Vers 1210-1221, le livre "Nichûreki" (vers 1210-1221), compile deux ouvrages antérieurs : le "Shôchûreki" et le "Kaichûreki", datés de vers 1120. Il y décrit deux versions du Shogi à son époque : Un Shô-Shogi ("Petit Shogi") de 2x18 pièces sur 8x8 ou 8x9 cases et un Dai-Shogi ("Grand Shogi") de 2x34 pièces sur 13x13 cases (http://en.wikipedia.org/wiki/Heian_dai_shogi)

- Au 13ème siècle, le Shô-Shogi se joue avec 2x21 pièces sur 9x9 cases, et le Dai-Shogi se joue avec 2x65 pièces sur 15x15. http://en.wikipedia.org/wiki/Dai_shogi
http://www.shogi.net/rjhare/dai-shogi/dai-intro.html

- Au 14-15ème siècle, le Dai-Shogi se joue sur 17x17 ou 25x25 cases (http://en.wikipedia.org/wiki/Tai_Shogi) et le Shô-Shogi est concurrencé par le "Chu-Shogi" ("Shogi moyen") de 2x46 pièces sur 12x12 cases (http://fr.wikipedia.org/wiki/Chu_Shogi)

- Au 15-16ème siècle, sont inventés le Tenjiku-Dai-Shogi ("Grand Shogi exotique") à 16x16 cases (http://en.wikipedia.org/wiki/Tenjiku_shogi) et le Taikyoku-shogi ("Shogi ultime") à 36x36 cases (http://en.wikipedia.org/wiki/Taikyoku_shogi).

- Au 16ème siècle, l'empereur Go-Nara (1527 ou 1536-1557) réforme l'ancien  Shô-Shogi (en supprimant la pièce "éléphant ivre"), créant ainsi le "Hon-Shogi" ("Shogi moderne", -Voir ici- ) à 2x20 pièces sur 9x9 cases.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sh%C5%8Dgi

- Des pièces d'échecs retrouvées à Fukui, datées de 1567, correspondent encore à un Shô-Shogi de 2x21 pièces sur 9x9 cases. Cette version ancienne du Shogi était donc encore parfois utilisée à cette époque.

- En 1636, Soko Ohashi (1576-1654) publie le livre "Shogi Zushiki", un traité exposant les règles normalisées du Hon-Shogi. Ce dernier deviendra la version officielle des Echecs japonais actuels.