DOSSIER ISLAM :



Mahomet vivait-il en arabie ?                                                                   

 


Mahomet, l'introducteur du Coran, serait né en 570 à la Mecque et serait mort en 632 à Médine. Le Hedjaz, dans l'ouest de l'Arabie, aurait donc été sa base de départ pour l'unification de tous les Arabes et leur soumission à l'Islam.
Cependant diverses sources semblent indiquer que celà pourrait être faux. Il n'est pas impossible, en effet, que Mahomet aurait opéré bien plus au nord-ouest et que son but n'était pas de soumettre les Arabes du Hedjaz mais de s'emparer de Jérusalem et de la Judée pour les délivrer des Byzantins. Il poursuivait là un rêve d'origine juive... Sioniste, même, pourrait-on dire : Libérer la Terre Sainte pour y préparer la venue du Messie.


Influence nazaréenne :


Il semble probable que la religion professée au début par Mahomet ait été différentes de l'Islam actuel. En effet elle était probablement très influencée par celle des Judéo-Chrétiens Nazaréens installés en différentes régions du Proche-Orient. Dans son "Panarion" (en 376), Epiphane localisait ces Nazaréens en Décapole (Jordanie) autour de Pella et en Basanitide dans la région de Kokba au sud-ouest de Damas.

Selon les sources arabes, Mahomet aurait rencontré Waraqa ibn Nawfal, l'oncle ou le cousin de sa femme Khadija, qui était un "Chrétien parlant l'hébreu" (un "Nasraniy" plus exactement).

Des hadiths de Aïsha en parlent :
"Le Prophète retourna vers Khadija tandis que son coeur battait rapidement. Khadijâ le conduisit chez son cousin Waraqa bin Nawfal ibn Asad ibn 'Abd al-'Uzzä ibn Ouzzä. Celui-ci avait embrassé le christianisme lors de son âge d'ignorance, et il avait pris l'habitude de transcrire l'Ecriture hébraïque et l'Injil de l'hébreu, tant que Dieu lui en avait accordé la force de le faire. Waraqa était très âgé et il était privé de la vue...."
(Sahih Al-Bukhari, Volume 4, livre 55, 605)

-"... Waraqa était le fils de son oncle paternel, c'est à dire le frère de son père, qui pendant la période pré-Islamique était devenu un chrétien. Il savait tracer les caractères hébraïques et avait copié en hébreu toute la partie de l’Evangile qu’Allah avait voulu qu’il transcrivit. Il était âgé et était devenu aveugle...."
(Sahih Al-Bukhari, Volume 9, livre 87,111)

Waraqa a probablement influencé fortement Mahomet. En effet, Buhari disait ceci :
"Lorsque Waraqa est décédé, la révélation s’est tarie".
Celà montre qu'il était l'inspirateur de Mahomet pour l'écriture des Sourates. Lorsque Waraqa est mort, Mahomet n'en a plus écrit.

La Sourate 16;105 montre d'ailleurs que les Arabes soupçonnaient cette influence de Waraqa :
"Certes nous savons que les infidèles disent : 'Cet homme a seulement pour maître un mortel !' Mais la langue de celui auquel ils pensent est une langue barbare, alors que cette prédication est en claire langue arabe'." (sourate 16,105).

Ce Waraqa était très probablement un Nazaréens, car il était "Chrétien" tout en parlant l'hébreu, c'est à dire qu'il faisait partie de cette "secte juive" acceptant Jésus comme Messie, mais sans l'identifier à Dieu.

D'ailleurs la sira de Ibn Hicham l'affirmait :
"Il était nazaréen ... il était devenu nazaréen et avait suivi les livres et appris des sciences des hommes (…) il était excellent connaisseur du nazaréisme. Il a fréquentéles livres des Nazaréens, jusqu'à les connaitre comme les gens du Livre."

Dans sa Lettre 112 à Saint Augustin, Saint Jérôme écrit ceci sur ces Nazaréens :
“Jusqu’aujourd’hui, dans toutes les synagogues de l’Orient, il y a chez les Juifs une secte (...) qui est jusqu’ici condamnée par les Pharisiens; on les appelle vulgairement Nazaréens; ils croient au Christ, fils de Dieu, né de la Vierge Marie, et ils disent que c’est celui qui, sous Ponce Pilate a souffert et est ressuscité; en lui nous aussi nous croyons; mais tandis qu’ils veulent tout ensemble être Juifs et chrétiens, ils ne sont ni Juifs ni chrétiens.”

D'autres sources arabes parlent aussi du moine Nastûrâ / Nastûr rencontré à Bosra (Syrie du sud) par Mahomet et qui aurait reconnu celui-ci comme prophète.
Et Théophane (avant 822) écrit ceci dans sa chronique :
"Chaque fois qu'il venait en Palestine, il (Mahomet) fréquentait avec les juifs et les chrétiens et obtint d'eux certains matériaux scripturaires."

On notera d'ailleurs que le Coran est composé de 114 sourates, c'est à dire le même nombre que les logias que l’Evangile de Thomas.

Jean Damascène (vers 650-750) a raconté également ceci :
"Muhammad était tombé par hasard sur l'Ancien et le Nouveau Testaments et même, paraît-il, après avoir conversé avec un moine arien, avait conçu sa propre hérésie."
Des sources syriaques appellent ce moine Sergius Bahîrâ (Baeira / Pakhyras).
Cependant les Chrétiens Ariens (Disciples d'Arius) étaient comparables aux Nazaréens car ils rejetaient eux aussi la divinité de Jésus.

Dans le Coran, l'influence nazaréenne de Waraqa se voit dans l''interdiction de boire du vin. En effet les Nazaréens ne buvaient pas de vin, se référant à cette parole de Jésus :
”Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père." (Matthieu 26,29)

L'influence nazaréenne se voit aussi dans le rejet de la Trinité et de la divinité de Jésus.
Il existe ainsi une transcription du colloque de 639 ou 644 entre le patriarche jacobite Jean 1er et l'émir des Mahgrâyés (Musulmans) Amru bar Sa’d, gouverneur de Homs en Syrie et ancien compagnon de Mahomet. On remarquera que, dans cette transcription, nulle part on ne parle encore du Coran (ni de la Mecque) mais uniquement du Pentateuque et de l'évangile, et que les Musulmans acceptent ces deux livres. La seule chose qui intéresse Amru bar Sa’d c'est de convaincre le patriarche que le Christ était certes un prophète, mais non pas Dieu.

D'autres textes montrent que les anciens Musulmans croyaient que Jésus était un simple homme et non un Dieu. Et c'était alors le seul point qui les différenciait des Juifs et Chrétiens.
Dans le "Traité des hérésies" de Jean Damascène (Mansour Ibn Sarjoun, Arabe chrétien de Damas, 676-749), on lit ceci (vers 746) :
"Il (Mahomet) dit qu’il y a un seul Dieu, créateur de toutes choses, qu’Il n’a pas été engendré et qu’Il n’a pas engendré. Selon ses dires, le Christ est le Verbe de Dieu et son Esprit, mais il est crée et il est un serviteur ; il est né sans semence de Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron. En effet dit-il, le Verbe et l’Esprit de Dieu sont entré en Marie et ont engendré Jésus, qui fut un prophète et un serviteur de Dieu. Et, selon lui, les juifs, au mépris de la Loi, voulurent le mettre en croix, et, après s’être emparés de lui, ils n’ont crucifié que son ombre. Le Christ lui – même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel, parce qu’Il l’aimait. Et il dit également, qu’une fois le Christ monté aux cieux, Dieu l’a interrogé en disant ? : 'Jésus ! as-tu dis : je suis le fils de Dieu et Dieu ?' Jésus d’après lui, a répondu : 'Sois miséricordieux envers moi, Seigneur ! Tu sais que je n’ai pas dit cela et que je ne dédaigne d’être ton serviteur. Mais les hommes mauvais ont écrit que j’avais fait cette déclaration ; ils ont menti à mon égard, et ils sont dans l’erreur'. Dieu, dit il, lui a répondu : 'Je sais que tu n’as pas fait cette déclaration' (...)
Ils nous appellent 'associateurs' parce que, disent-ils, nous introduisons à côté de Dieu un associé lorsque nous disons que le Christ est le fils de Dieu et Dieu."


Le manuscrit arménien du "Vardabed Ghévond" (vers 771) nous transcrit la lettre de Omar II, (Umar ben Abd al-Aziz, 8ème calife Omeyade)à l'empereur byzantin Léon III l'Isaurien (717-741) :
"... Pourquoi ne trouve-t-on, dans le Code mosaïque, aucune indication à propos du paradis ou de l’enfer, ou de la résurrection et du jugement ? Ce sont les évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean, qui en ont parlé selon leur talent. N’est-il pas vrai que Jésus, en parlant dans l’Evangile de la mission du Paraclet ou Consolateur à venir, indiquait la mission de notre Mahomet ? Pour quelle raison les peuples chrétiens se sont-ils, après la mort des disciples de Jésus, partagés en soixante douze races (sectes) ? Pourquoi ont-ils fait de Jésus l’associé et l’égal du Dieu unique et tout puissant, en professant trois Dieux, et en changeant arbitrairement toutes les lois, comme celle de la circoncision en baptême, celle du sacrifice en eucharistie, celle du samedi en dimanche ? Est-il possible que Dieu ait habité dans la chair et dans le sang, et dans les entrailles souillées d’une femme ?"

La Sourate 4,171 du Coran confirme le rejet de la divinité de Jésus par les Musulmans :
"Ô gens du Livre (Chrétiens), n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que la vérité. Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager d'Allah, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle de vie venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas 'Trinité'. Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n'est qu'un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant. C'est à Lui qu'appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre et Allah suffit comme protecteur."

Bien que n'étant pas Dieu, Jésus était cependant reconnu comme Messie par les Musulmans. Des sources contemporaines à Mahomet (datant de vers 626) indiquent que celui-ci se prenait pour un prophète et qu'il annonçait la redescente du Messie Jésus. Hors les Judéo-Chrétiens Nazaréens semblaient attendre eux aussi le retour de Jésus.

Dans la Chronographie de Théophane, il est écrit (pour l'année 622) :
“Les juifs se sont attachés à Mahomet parce qu’ils le tenaient pour un de leurs prophètes”.

Jacques d’Edesse (633-708) écrivait :
“Les Mahgrayes (Musulmans) confessent tous fermement qu’il (Jésus) est le vrai Messie qui devait venir et qui fut prédit par les Prophètes ; sur ce point, il n’y a pas de dispute avec nous.”

Dans la chronique arménienne "Doctrina Jacobi / Didascalie de Jacob V,16,209" (datant de vers 634- 640), le Juif Abraham de Césarée racontait ceci :
“On disait que le prophète (Mahomet) était apparu, venant avec les Saracènes (Arabes), et qu’il proclamait la venue du Messie qui allait venir. Etant arrivé à Sykamine, je m’arrêtai chez un vieil homme bien versé dans les Ecritures et lui dis : 'Que me dis-tu du prophète apparu avec les Saracènes ?' Il me répondit dans un profond soupir : 'Il est faux car les prophètes ne viennent pas armés avec épée et char de guerre.' ... Et moi, Abraamès, ayant poussé l’enquête, j’appris de ceux qui l’avaient rencontré qu’on ne trouve rien d’authentique dans ce prétendu prophète : il n’est question que d’effusion du sang des hommes. Il dit aussi qu’il détient les clés du Paradis, ce qui est incroyable.”

Cette croyance de Mahomet en la descente prochaine de Jésus est confirmée par un hadith de Bukhari et Muslim :
“Selon Abu Hourayra, le Prophète a dit : 'Par Celui qui tient mon âme en sa main, la descente de Jésus fils de Marie est imminente ; il sera pour vous un arbitre juste (…) il mettra fin à la guerre et il prodiguera des biens tels que personne n’en voudra plus. En ce moment, une seule prosternation sera meilleure que le monde et son contenu.”

La tradition nous parle aussi de plusieurs tribus "juives" qui se sont alliées aux Arabes de Mahomet. Il s'agissait probablement de Judéo-Chrétiens, donc de Nazaréens.
L'historien byzantin Théophane (vers 758/760-817/818) prétendait d'ailleurs que l'islam trouvait son origine chez des "Juifs qui prennent Mahomet pour leur Christ tant attendu."

Cependant l'alliance entre les Arabes et les Judéo-Chrétiens ne durera pas et les deux peuples finiront par se séparer, à la fois politiquement et religieusement.

Ainsi Théophane (avant 822) écrit ceci sur Mahomet dans sa chronique :
"En cette année mourut Mouamed, le leader et le faux prophète des Sarrasins, après la nomination de son parent Aboubacharos à sa chefferie. Dans le même temps sa renommée se répandit et tout le monde avait peur. Au début de son avènement les Juifs égarés croyaient qu'il était le Messie qui est attendu par eux, de sorte que certains de leurs dirigeants se joignirent à lui et acceptèrent sa religion tout en délaissant celle de Moïse, qui a vu Dieu. Ceux qui l'ont fait étaient au nombre de dix, et ils sont restés avec lui jusqu'à son assassinat. Mais quand ils le virent manger de la viande de chameau, ils ont réalisé qu'il n'était pas celui qu'ils croyaient, mais, ayant peur d'abjurer sa religion, ces malheureux hommes lui ont appris des choses illicites dirigées contre nous, Chrétiens, et sont restés avec lui."


La tribu des Quraychites :


Les Quraychites / Qoreychites sont la tribu dont faisait partie Mahomet. Est-il possible de prouver qu'on la trouvait bien au Hedjaz (région de la Mecque) à l'époque de Mahomet ?

La plus ancienne mention de ces Arabes Quraychites se trouve peut-être dans la Bible, où apparait le nom de "Korachites".
Ceux-ci étaient les gardiens-portiers du temple de Salomon à Jérusalem, comme on le lit dans "1Chronique 9;19" :
"Et Sallum, fils de Koré, fils d'Ebiasaph, fils de Korach, et ses frères les Korachites, selon la maison de son père, préposés au service, qui gardaient les seuils du Tabernacle ; et leurs pères [avaient étés] gardiens de l'entrée du camp de l'Éternel."

On les mentionne aussi dans "1Chronique 26;1" :
"Quant aux classes des portiers : des Korachites, Mésélémia, un fils de Koré, des fils d'Asaph."

Ces Korachites de Jérusalem étaient donc des portiers ... hors la Sira d'Ibn Ishaq signale également que les Qoraychites sont des portiers.
Cette tribu ne semblait donc pas, à cette époque, se trouver à la Mecque, au Hedjaz (Arabie de l'ouest).
Mais avait-on vraiment affaire là aux Quraychites de Mahomet ?

Un texte moins ancien mentionne ensuite des Qéréchites sévissant en Mésopotamie. Vers 485 ap.JC, en effet, le Syrien Narsaï de Nisibe mentionne leurs raids dans la région de Beith ‘Aramayé (Séleucie-Ctésiphon, prés de Bagdad) :
"Le raid des fils d’Hagar fut plus cruel même que la famine... Déplorons la tendance infecte des fils d’Hagar et en particulier de la tribu de Qurayshs qui sont comme des animaux.”
Certains identifient cependant ces Qurayshs aux Qadishayes (Kadisènes), des Kurdes installés au Jabal Sinjar, entre la Syrie du nord et l'Iraq du nord. Cependant le fait qu'ils étaient appelés des "Fils d’Hagar" montre que c'était bien des Arabes. Mais le plus étrange c'est de les voir agissant en Mésopotamie et non au Hedjaz.

D'aprés la tradition musulmane, ce serait seulement à l'époque de leur chef Qusay (400-480) que les Quraychites se seraient emparés de la Mecque (avant, ils ne possédaient que les montagnes aux alentours). Mais cette histoire est-elle certaine ?

D’après des sources diverses, les Quraychites semblent aussi avoir eu leurs commerces et leurs propriétés agricoles en Syrie et en Palestine. La toponymie indique également que les Quraychites vivaient en Syrie. Tout celà continue de nous éloigner du Hedjaz et aucune source historique n'indique donc que cette tribu ait pu exister dans la région de la Mecque.

Se pourrait-il donc que le lieu d'action des Quraychites, à l'époque de Mahomet, se soit trouvé non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : en Syrie-Palestine ?


Medine :


La tradition musulmane dit cependant que Mahomet s'est réfugié à Yatriba / Yathrib, au Hedjaz. Est-il possible de trouver des documents indiquant ce qui se passait dans cette ville à cette époque ?

Vers 550 av.JC, le roi babylonien Nabonide évoquait déjà cette ville sous le nom de "Yatribu". Au 2ème siècle, Ptolémée l'appelait "Lathrippa" et, au VIème siècle, Étienne de Byzance lui donnait le nom de "Yathrippa".

Plus tard, dans les hadiths, on dira que Yathrib était l'ancien nom de la ville et qu'elle fut rebaptisée par Mahomet qui lui donna le nom de "Medine / Madinah" ("Madinah al Mounawara" = "Ville illuminée" ou "Madinah ar-rasul Allah" = "Ville du messager d’Allah"). Pourtant, dans le Coran, ces deux noms apparaissent dans le même verset, ce qui démontre que Medine et Yathrib n'étaient pas des synonymes. Il semble, en fait, qu'à l'origine Medine était le nom d'une région dont la capitale était Yathrib. A cette époque, en effet, "madinah" ne signifiait pas "ville", mais "région" ("ville" se disant "qura").

La Sira d’Ibn Hichâm parle des trois tribus juives de Médine / Yathrib que mahomet aurait affrontées : les Qorayzas, les Banous Nadirs et les Qaynoqas. Pourtant il n'existe aucune source littéraire, archéologique ou épigraphique qui parle de ces tribus. Et les sources juives de l’époque, qui détaillent les implantations juives partout au Proche-Orient, ne mentionnent jamais cette ville.
On peut donc se demander si c'est vraiment à Médine / Yathrib, au Hedjaz, que Mahomet se serait réfugié.


La Mecque :

Mahomet aurait vécu à la Mecque. Est-il possible de trouver des documents indiquant ce qui se passait dans cette ville à cette époque ?

En réalité, on ne trouve aucune source ancienne mentionnant la Mecque. Pourtant celle-ci, selon la tradition, passait pour être une importante place commerciale.

Aucun des compagnons de Mahomet n'y a été enterré. Etrangement tous sont enterrés au cimetière d'El Baqi à Médine y compris le père et la nourrice de Mahomet (Halima). La mère de Mahomet serait elle enterrée prés de Mastoura lors du retour d'un voyage à Médine. La seule tombe connue de la Mecque est attribuée Abou Taleb ... mais d'après une tradition qui n'est pas vérifiable.

On peut donc se demander si la Mecque existait déjà à l'époque de Mahomet.
D'ailleurs, selon les chroniqueurs syriaques et byzantins (Théophile d'Edesse par exemple), Mahomet n'était pas un natif de la Mecque mais de Yathrib.

Ptolémée signalait bien une ville du nom de Mocoraba dans son "Almageste", vers 140 ap. J.C.... mais celle-ci n'était pas située au même endroit que la Mecque. Et on ne peut pas se tromper, car une chaine de montagne était mentionnée et Mocoroba n'était pas située du bon côté.
Ptolémée, dans sa "Géographie, V, 17,5" mentionnait également la ville de Moka ... mais celle-ci se trouvait en Arabie Pétrée, c'est à dire en Jordanie.

En fait, la plus ancienne référence à la Mecque se trouve dans l' "Arabica Continuato Byzantia", au 8ème siècle. C'était donc une petite ville mal connue qui ne se trouvait pas du tout sur la route du commerce international... il se pourrait même qu'elle ait été fondée APRES la mort de Mahomet !
En réalité, le mot Makka / Mecca (La Mecque), comme il apparaît dans le Coran, n'est pas un nom propre mais un nom commun désignant une vallée basse en araméen (certains prétendent aussi que ce mot pourrait désigner un "temple" ou un "palais").

De plus, dans le Coran, on trouve souvent le mot "Bakka" à la place de "Makka" (la Mecque).
Exemple, dans les Sourates 3;96-97 :
"La première Maison qui a été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka bénie et une bonne direction pour l'univers. Là sont des signes évidents, parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout; et quiconque y entre est en sécurité. Et c'est un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d'aller faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne croit pas... Allah Se passe largement des mondes."

Le mot est présent aussi chez 'Atâ qui aurait dit :
"On trouva à la Mecque une pierre où il était inscrit : 'En vérité, Moi, Je suis le Maître de Bakka que J’ai bâtie le jour où J’ai fait le soleil et la lune et autour de laquelle J’ai placé sept anges'."

Cela pose un problème car il est peu probable que l'un des mots soit la déformation de l'autre. Alors pourquoi identifier Bakka avec Makka (La Mecque) ?

Les musulmans ont inventé plusieurs explications pour résoudre cette énigme ...
Ainsi, selon Al Yaqût, "Bakka" désigne l’emplacement de la Kaaba tandis que Makka (la Mecque) désigne l’ensemble de la cité.
D'autres prétendent que "Makka" (la Mecque) est le nom de l’enceinte sacrée et "Bakka" le nom de la vallée où se situe la ville.
En fait, on ignore ce que représente cette "Bakka" et où elle se trouvait exactement.

Cependant il existe justement une Bakka dans la région de Jérusalem : la "vallée des larmes / lamentations" citée dans le Psaume 84;6-8 :
"Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur coeur des chemins tout tracés.
Lorsqu'ils traversent la vallée de BACA, Ils la transforment en un lieu plein de sources, Et la pluie la couvre aussi de bénédictions.
Leur force augmente pendant la marche, Et ils se présentent devant Dieu à Sion."

Et le nom "Bekka" ou "Bakka" peut encore être trouvé dans des cartes de Jérusalem comme étant le nom d’une vallée a 5km au sud ouest du Mont du Temple.

On ne peut nier qu'il est bien plus probable que Abraham soit passé dans cette Bakka de Judée que dans une Bakka située au Hedjaz en Arabie. Mais celà signifierait que, primitivement, la Bakka citée dans le Coran n'était pas la Mecque ... or c'est vers cette Bakka que devaient se diriger les prières, et vers elle aussi que devaient se diriger les pélerins.

Certains pensent aussi que la Bakka pourrait aussi être évoquée dans la Genèse 25;16-18 :
"Ce sont là les fils d’Ismaël, et ce sont là leurs noms, selon leurs villages et leurs campements : douze princes de leurs tribus.
Et ce sont ici les années de la vie d’Ismaël : cent trente-sept ans ; et il expira et mourut, et fut recueilli vers ses peuples.
Et ils habitèrent depuis Havila jusqu’à Shur, qui est en face de l’Égypte, quand tu vas ("B'KH") vers l’Assyrie. Il s’établit (ou tomba) à la vue de tous ses frères."

Dans la Bible Samaritaine, "B'KH" est remplacé par "BK", c'est à dire "Bakka". Ce mot désignerait alors, dans ce contexte, un lieu habité par les Ismaéliens, c'est à dire les Arabes.

Une lettre de l'empreur Léon au calife Omar II émet d'ailleurs des doutes en ce qui concerne l'emplacement du lieu sacré des Musulmans.:
"La région vers laquelle se tournaient les prophètes lorsqu’ils faisaient leurs prières n’est pas connue ; c’est toi seul qui es porté à vénérer l’autel de sacrifice de païens, que tu appelles maison d’Abraham ; l’Ecriture sainte ne nous dit nullement qu’Abraham soit allé jusqu’à l’endroit qui devint plus tard, par ordre de Mahomet, le centre d’adoration de tes coreligionnaires."
Se pourrait-il donc que le lieu sacré des Musulmans, à l'époque de Mahomet, se soit trouvé non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : vers Jérusalem ?

La direction de la prière :

Selon le Coran, dans la Sourate 2:142-150), la direction de la prière, originellement orientée vers Jérusalem, a été réorientée vers la Mecque :
"Les faibles d'esprit parmi les gens vont dire: 'Qui les a détournés de la direction (qibla) vers laquelle ils s'orientaient auparavant? ' - Dis: 'C'est à Allah qu'appartiennent le Levant et le Couchant. Il guide qui Il veut vers un droit chemin'.
Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous. Et Nous n'avions établi la direction vers laquelle tu te tournais que pour savoir qui suit le Messager (Mahomet) et qui s'en retourne sur ses talons. C'était un changement difficile, mais pas pour ceux qu'Allah guide. Et ce n'est pas Allah qui vous fera perdre la récompense de votre foi, car Allah, certes est Compatissant et Miséricordieux pour les hommes
Certes nous te voyons tourner le visage en tous sens dans le ciel. Nous te faisons donc orienter vers une direction qui te plaît. Tourne donc ton visage vers la Mosquée sacrée. Où que vous soyez, tournez-y vos visages. Certes, ceux à qui le Livre a été donné savent bien que c'est la vérité venue de leur Seigneur. Et Allah n'est pas inattentif à ce qu'ils font
Certes si tu apportais toutes les preuves à ceux à qui le Livre a été donné, ils ne suivraient pas ta direction ! Et tu ne suivras pas la leur; et entre eux, les uns ne suivent pas la direction des autres. Et si tu suivais leurs passions après ce que tu as reçu de science, tu sera, certes, du nombre des injustes.
Ceux à qui nous avons donné le Livre, le reconnaissent comme ils reconnaissent leurs enfants. Or une partie d'entre eux cache la vérité, alors qu'ils la savent !
La vérité vient de ton Seigneur. Ne sois donc pas de ceux qui doutent.
A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc dans les bonnes oeuvres. Où que vous soyez, Allah vous ramènera tous vers Lui, car Allah est, certes Omnipotent.
Et d'où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée sacrée. Oui voilà bien la vérité venant de ton Seigneur. Et Allah n'est pas inattentif à ce que vous faites.
Et d'où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée sacrée. Et où que vous soyez, tournez-y vos visages, afin que les gens n'aient pas d'argument contre vous, sauf ceux d'entre eux qui sont de vrais injustes. Ne les craignez donc pas; mais craignez-Moi pour que Je parachève Mon bienfait à votre égard, et que vous soyez bien guidés !"


Cela se serait passé le 11 février 624 de notre ère, lorsque Mahomet a rompu avec les Juifs.
Le problème c'est que divers documents et découvertes archéologiques indiquent que la rupture des Musulmans avec les Juifs (marquée par le changement d'orientation des prières) n'a probablement pas eu lieu du vivant de Mahomet mais bien des années plus tard. Cette sourate serait donc un texte tardif inséré dans le Coran pour antidater cet évènement.

En effet, la chronique "Doctrina Jacobi / Didascalie de Jacob" indique que, vers 634-640, les Arabes et les Juifs étaient encore alliés dans leur occupation de la Palestine, établissant ainsi une communauté judéo-arabe en Terre Sainte. Cela prouverait donc que la séparation des Juifs et des Arabes n'a pas pu se passer du vivant de Mahomet mais bien plus tard.

De plus, les plus anciennes mosquées dont on a retrouvé les restes (une à Wasir et l'autre près de Bagdad, datant du VIIIème siècle) ont leur qibla (niche indiquant la direction pour la prière) orientée trop au nord. Quand à la qibla de la première mosquée de Kufa, en Irak, prétendument construite en 670, elle aurait été orientée trop à l'ouest. Et la première qibla de la mosquée de Fustat, prés du Caire, était orientée elle aussi trop vers le nord.

Tout celà semble indiquer qu'au VIIIème siècle les mosquées étaient encore dirigées vers Jérusalem.
Cela prouverait donc que l'orientation des mosquées vers la Mecque n'a pas pu être instaurée du vivant de Mahomet mais bien plus tard.
(Cependant, certains pensent que les anciennes mosquées auraient pu être orientées vers le lever ou le coucher du soleil et non vers la Kaaba : http://www.islamic-awareness.org/...)

Le Dôme du Rocher, à Jérusalem, est actuellement considéré comme le troisième lieu saint de l'islam, après la Mecque et de Médine. Construit par Abd al-Malik en 691, ce n'est toutefois pas une véritable mosquée, car il n'a pas qibla. Il a la forme d'un octogone avec huit piliers, ce qui suggère qu'il a été utilisé pour la circumambulation... tout comme la Kaaba de la Mecque. D'ailleurs cet édifice en a remplacé un autre, plus ancien, qui avait la forme d'un cube... donc la même forme la kaaba de la Mecque (le mot "Kaaba" vient d'ailleurs de "Cubos" qui signifie "Cube"). Peut-être le Dôme du Rocher représente-t-il la Kaaba originelle des Musulmans, celle vers la quelle ils se dirigeaient primitivement pour prier.

Tout cela pourrait donc indiquer que l'institution de la Mecque comme principal lieu saint, à la place de Jérusalem, n'a pas pu être effectuée du vivant de Mahomet mais bien plus tard.

La tradition rapporte aussi que le calife Walid 1er (705-715) a donné l'ordre que, partout dans son empire, on détruise, modifie et reconstruise les mosquées. Il est probable que c'est seulement alors que leur qibla fut orientée vers la Mecque en remplacement de Jérusalem.

Cependant Jacques d'Edesse (633-708) nous décrivait déjà des Juifs et des Musulmans, en Egypte, priant vers leurs lieux saints respectifs :
"Ce n'est pas vers le sud que (... ) prient les Mahgrayes (Musulmans) (...) les Juifs et les Mahgrayes qui vivent en Egypte, comme je le vis de mes propres yeux et veux vous l'exposer maintenant, prient vers l'est, et ces deux peuples continuent à faire ainsi : les Juifs vers Jérusalem et les Mahgrayes vers la Kaâba (...) Les Mahgrayes qui sont en Babylonie prient vers l'ouest, vers la Kaâba, et ceux qui sont au sud de la la Kaâba prient vers le nord, vers ce lieu."

La décision de changer la direction des prières a donc pu avoir lieu avant l'époque de Walid 1er. Ce dernier n'aurait fait que l'imposer partout dans son empire.

Se pourrait-il donc que le lieu sacré des Musulmans, à l'époque de Mahomet, se soit trouvé non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : à Jérusalem ?


Mahomet au Hedjaz :

Mahomet aurait opéré et écrit le Coran au Hedjaz, en Arabie occidentale. Est-il possible de prouver celà ?

Le Coran contient un grand pourcentage de mots en langues étrangères (grec, araméen syriaque, perse, latin) ... pourtant le Hedjaz est une région où l'on ne parle que l'arabe. De plus, de nombreuses phrases du Coran sont bien plus compréhensibles si on les lit en araméen ... qui est une langue d'arabie du nord et non du Hedjaz. Les plus anciens Corans sont d'ailleurs tous écrit en arabo-syriaque.

On peut observer que, dans les Sourates 95;1-3, on jure par des monts qui ne se trouvent pas en Arabie mais bien plus au nord :
“Par le figuier et l’olivier ! Et par le Mont Sinîn ! Et par cette cité sûre !”
Le mont des figuiers existe en Syrie, le mont des oliviers existe à Jérusalem, et le Mont Sinîn est le Sinaï.

Dans la sourate 3;75 il est dit :
"Et parmi les gens du Livre, il y en a qui, si tu lui confies un qintar, te le rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinar, ne te le rendra que si tu l'y contrains sans relâche..."
Pourtant le dinar (denarius / denier) et le qintar (quinaire) sont des monnaies byzantines qui avaient cours dans les "colonies" (on retrouvé des denarius datant du 7ème siècle à Jérusalem). Or, jamais les byzantins n'ont posés les pieds à la Mecque ni même à Médine. Il faut remonter bien plus au nord que le Hedjaz pour trouver une région où l'on utilisait ces monnaies byzantines.

Dans les Sourates 53;20-23 du Coran, on parle de trois divinités païennes prés-islamiques adorées jadis à la Mecque :
"Que pensez-vous d'al-Lat et al-'Uzzâ
et de l'autre, Manât, la troisième
Aurez-vous le garçon et Dieu la fille
Quel inique partage !"


Ces trois déesses, filles d'Allah, sont bien attestées dans l'épigraphie jordano-syrienne. Cependant on n'en trouve aucune trace dans le Hedjaz.
Al-Lât (Al-ilahat = "La déesse") était une déesse connue des Thamoudéens, Palmyréens et Nabatéens. Elle correspondait à Ham'llat chez les Safaïtes et Hérodote la connaissait sous le nom de Alilat.
Al-'Uzzâ (Alizat = "La puissante") était une déesse connue des Nabatéens, Dédanites et Lihyanites.
Manât (Maniya = "Destin") correspondait à la déesse Manawat des Nabatéens et Palmyriens.
Leur père Allah (Al-Ilâh = "Le dieu") correspondait au dieu Ilah des Nabatéens, safaïte, Thamoudéens et Lihyanites, au dieu Il des Araméens et au dieu El des Cananéens.
Toutes ces divinités nous reportent au nord de l'Arabie et non au Hedjaz.

Le Coran parle parfois d'arbres dans la paysage autour de la Mecque ... hors la région est un désert aride et sans arbres.
Le "Traité des hérésies" (vers 746) de Jean Damascène (676-749) le faisait déjà remarquer :
"Ils (les Ismaélites / Arabes) nous accusent aussi d’idolâtrie parce que nous nous prosternons devant la croix qu’ils ont en horreur. Nous leur disons alors : 'Pourquoi donc frottez–vous à cette pierre dans votre Ka’Ba, et aimez-vous la pierre au point de l’embrasser ?' Certains d’entre eux disent que c’est sur elle qu’Abraham s’est uni à Agar, d’autres qu’il y a attaché la chamelle au moment de sacrifier Isaac. Nous leur répondons : 'Il y avait là, selon l’ Ecriture, une montagne buissonneuse et des arbres ; Abraham en coupa pour l’holocauste et en chargea Isaac, et il laissa les ânes en arrière avec les serviteurs. Pourquoi alors ces stupidités ? A cet endroit, en effet, il n’y a pas de bois provenant d’une forêt, et les ânes n’y passent pas'. Ils éprouvent alors de la honte ; ils disent cependant que c’est la pierre d’Abraham."
On peut donc se demander si c'est vraiment au Hedjaz, ou plus au nord, que le Coran a été écrit.

En outre, selon le linguiste Robert Kerr, l'alphabet utilisé dans le Coran dériverait de l'alphabet araméen issu du nord de l'Arabie (Jordanie, Syrie et Iraq) et non de la région de la Mecque et de Médine où l'on employait plutôt l'alphabet sudarabique comme dans le royaume de Saba au Yémen. (Cependant certains auteurs estiment qu'à l'époque de Mahomet, la région de la Mecque avait peut-être déjà remplacé l'alphabet sudarabique par l'alphabet araméen.)


Le déroulement de l'expansion arabe :


Si on se base sur les anciennes sources chrétiennes, le déroulement de l'expansion arabe ne s'est pas vraiment déroulée comme le relate la tradition musulmane.

En 614, Chosroès II roi des Perses prend Jérusalem aux Byzantins, et y installe des Juifs qui le voyaient comme un libérateur. En 617, cependant, des Nazaréens (Judéo-Chrétiens) et des Arabes chassent ces Juifs de la ville. L'empereur byzantin Héraclius lance alors, à partir de 622, une grande contre-offensive contre les Perses pour reprendre le controle de la région. Il reprend la Judée, puis Jérusalem en 627. En 631 l’empereur byzantin Héraclius vint en triomphe à Jérusalem pour y replacer solennellement la relique de la Croix récupérée sur les Perses qui l’avaient enlevée.
Or c'est en 622 que les Arabes de Mahomet arrivent à Yathrib (Médine). On peut alors se demander si ces Arabes ne venaient pas de la Judée plutôt que de la Mecque, accompagnés de Judéo-Chrétiens Nazaréens et fuyant l'armée byzantine. Ces Arabes se donnaient d'ailleurs le nom le nom de "Mouhajirouns", or "Muhadjirs / Muhâjirûns" signifie "Ceux de l'Exode", 622 étant la date traditionnelle de l'"Hégire" c'est à dire de l'"Exode". Un papyrus de 643 est daté de l'an "vingt-deux", ce qui montre que la date traditionnelle de l'Hégire, en 622, avait déjà été choisie comme début du calendrier arabe à cette époque.

Un chroniqueur arménien présente d'ailleurs les faits d'une manière allant dans ce sens :
"Douze peuples de toutes les tribus juives étaient assemblés dans la ville d'Edesse. Quand ils ont vu que les troupes iraniennes étaient parties et avaient laissé la ville en paix, ils ont fermé eux-mêmes les portes fortifiées. Ils ont refusé l'entrée aux troupes de la Seigneurie romaine. Alors Héraclius, empereur des Byzantins, a donné l'ordre de les assiéger. Lorsque les Juifs ont réalisé qu'ils ne pouvaient pas lui résister militairement, ils ont promis de faire la paix. Ouvrant la porte de la ville, ils sont allés devant lui, et Héraclius a ordonné qu'ils devraient partir pour rester dans leur propre place. Alors ils sont partis, en prenant la route qui traverse le désert pour aller à Tachkastan des fils d'Ismaël. Les Juifs ont demandé l'aide des Arabes, familiarisés avec eux grâce aux relations qu'ils avaient à travers les livres de l'Ancien Testament. Bien que les Arabes étaient convaincus de leur relation étroite, ils ont été incapables d'obtenir un consensus à cause de leur multitude, car ils étaient divisés les uns des autres par la religion. Dans cette période, un homme d'entre les fils d'Ismaël, nommé Muhammad, un commerçant, est monté au premier plan."

Par la suite eurent aparemment lieu les guerres qui, selon la tradition musulmane, permirent à Mahomet de convertir et unifier les Arabes ... mais celà se passait-il au Hedjaz ou dans les marges de la Judée ?
En effet, d’après une attestation de Jacob d’Edesse (vers 640), Mahomet effectuait ses raids en Palestine, et non contre les Mecquois.

En Septembre 629 eu lieu la bataille de Mouta (Mu'tah à l'est du Jourdain), entre une armée d'Arabes dépêchée par Mahomet et une armée de l'empire byzantin alliée aux tribus de Judham et Lakhm (Lakhmides). Les Arabes voulaient probablement envahir Jérusalem et la Terre sainte en passant par le Jourdain, en imitant le récit biblique de l'Exode.

Théophanès (759-818) a décrit la bataille dans sa "Chronographia 335-6" :
"Mouamed était déjà mort, mais il avait nommé quatre émirs pour pour combattre ceux qui parmi les Arabes étaient chrétiens. Les musulmans marchèrent contre une ville appelée Moukhea / Moukhéon, dans laquelle se trouvait le vicaire Théodoros, qui avait l'intention de surprendre les Arabes le jour où ils sacrifiaient à leurs idoles. Le vicaire, apprenant ceci d'un certain Quraysh appelé Koutabas, qui était à sa solde, rassembla les soldats de ses garnisons du désert, et quand il connut le jour où les forces musulmanes allaient attaquer, il anticipa leur assaut à un endroit appelé Mothous / Mouthous, où ses forces tuèrent trois des émirs et le gros de leur armée. Un des émirs, Khaled / Khalid, qu'ils appelaient 'le Sabre d'Allah', a réussi à s'échapper."

Cette défaite a été évoquée, ainsi qu'une prophétie sur la revanche des Arabes, dans les Sourates 30;1-4 :
"Les Romains (Byzantins) ont vaincu aux confins de notre terre. Maix eux, après leur victoire, seront vaincus dans quelques années. A Allah appartient le sort dans le passé comme dans le futur. Alors les croyants se réjouiront du secours d'Allah. Il secourt qui il veut. Il est le puissant, le miséricordieux."
Si on se base sur les chroniques chrétiennes, Mahomet était mort AVANT cette bataille de 629. Il ne pouvait donc pas être l'auteur de cette sourate. Mais si on se base sur la tradition musulmane, Mahomet est mort seulement en 632, donc APRES cette bataille. Il pourrait donc bien être l'auteur de cette sourate.

Selon les textes arabes, la revanche arabe aurait eu lieu en Octobre 630, à la Bataille de Tabouk (Ghazwat Tabu¯k dans le Nord-Ouest de l'actuelle Arabie saoudite). Mahomet y aurait repoussé une attaque byzantine. Cependant aucune chronique byzantine ne parle de cet évènement.

Il faudra attendre la mort de Mahomet en 632 pour que les Arabes parviennent enfin à s'emparer de la Terre sainte en 634, puis de Jérusalem en 638 après un siège de deux ans. Le Calife Omar (‘Umar ibn al Khattab) fera alors construire un lieu de prière à l'emplacement de l'ancien temple de Salomon.
Les chroniques grecques et le texte musulman de Moudjir-ed-dyn nous disent que le Patriarche Sophrone et les habitants de Jéusalem voulaient que Omar en personne vienne dans la ville pour y entrer en tant que pélerin et non en conquérant.
Omar entra dans la ville en haillons. Il portait une tunique en poils de chameau ce qui mettait mal à l'aise aussi bien les Musulmans que le Patriarche Sophrone. Celui-ci lui proposa des habits plus décents, surtout pour visiter les lieux saints, ce que Omar refusa. Sophrone dira en le voyant : 'Voilà l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint, comme l’a annoncé le prophète Samuel !' Sophrone lui proposa de faire la prière dans différentes églises, ce qu'il refusa dit-on pour que les Arabes n'accaparent pas ces lieux en disant que Omar y a prié.

Le seul but d'Omar était de trouver le temple de David. Sophrone le conduit au Mont du temple où la tradition musulmane dit que les Romains y jettaient les ordures. En entrant dans les lieux, Omar se metta à déblayer pour découvrir le rocher sur lequel dormait Jacob lorsqu'il a eu la vision de l'échelle. Omar y aurait construit une mosquée rudimentaire en bois sous forme de cube, à l'endroit même du coeur de l'ancien temple de Salomon. C'était aparemment la première Kaaba et, plus tard, cet humble bâtiment sera remplacé par la "mosquée" du Dôme du rocher.

La tradition musulmane prétendait que Mahomet avait visité ce lieu, une nuit, emporté par un cheval volant.
La Sourate17;1 décrit ainsi ce fameux "voyage nocturne" de Mahomet :
"Gloire à Lui (Allah) qui, de nuit, transporta son Serviteur (Mahomet) de la Mosquée sacrée (Al-Haram à la Mecque) jusqu'à la mosquée la plus éloignée (Al-Aqsa), dont Nous avons béni les environs, afin de lui montrer certains de Nos signes, car Il est Celui qui entend tout et qui voit tout."

Cependant Muhammad ibn al-Hanafiya (638-700), un proche parent de Mahomet, aurait démenti que le prophète ait jamais mis les pieds sur le Rocher de Jérusalem :
"Ces maudits Syriens (les Omeyyades) prétendent que l'envoyé d'Allah mit Son pied sur le Rocher de Jérusalem, alors qu'une seule personne a jamais mis le pied sur le Rocher, et ce fut Abraham."
En fait, absolument rien ne permet d'identifier cette "Mosquée la plus éloignée" avec le Rocher de Jérusalem.

On remarquera aussi que les textes historiques ne disent pas que ces Arabes ayant conquis la Terre sainte étaient des "Musulmans". Ce nom était alors encore parfaitement inconnu.
Vers 634-640, la "Doctrina Jacobi" donnait le nom de "Sarrasins" à ces Arabes.
En 639, le Colloque avec le patriarche Jean les appellait des "Mahgrayes" (Muhagireens = "Muhadjirs / Muhâjirûns" = "Ceux de l'Exode") et disait que leur Emir avait ordonné de traduire l'Évangile en arabe.
En 640, Thomas le Presbytre parlait des "Arabes Mhmt" ("Tayayê d-Mhmt") qui ont vaincu les Byzantins près de Gaza en 634.
En 640, les lettres de l'Evêque Isho'yahb III les appellaient "Mahgres" ou "Mahgrayes" .
En 642 les Byzantins parlaient des Magaritais.
En 684, Athanase les appellait également Mahgrayes.
En 705, Jacques d'Édesse leurs donnait le nom d' "Hagarenes" (= Descendants d’Abraham par Agar).
En 746, dans son "Traité des hérésies", Jean Damascène (676-749) les appelait ismaélites, Agarènes ou Saracènes (sarrasins) :
"Il y a aussi la religion des Ismaélites qui domine encore de nos jours, égare les peuples, et annonce la venue de l’antéchrist. Elle tire son origine d’Ismaël, le fils d’Abraham et d’Agar. Pour cette raison on les nomme Agarènes et Ismaélites ; on les appelle aussi Saracènes / Sarrasins, ce qui signifie 'dépouillé par Sara'. Agar répondit, en effet, à l’Ange : 'Sara m’a renvoyée dépouillée'. Jadis ils étaient idolâtres et adoraient l’Etoile du Matin et Aphrodite, qu’ils ont appelée précisément Chabar (Shahar, l'étoile du matin) dans leur langue, ce qui veut dire 'Grande."

En fait, le mot "Musulmans" apparaît pour la première fois sur les murs du "Dôme du Rocher" construit en 691 à Jérusalem. Il entra dans l’usage officiel vers 720, fut utilisé sur une monnaie pour la première fois en 768, et sur papyrus en 775 seulement.
On notera cependant que les premiers écrits coraniques sur pièces et sur le Dôme du Rocher ne coïncident pas avec l'actuel texte du Coran.
Quand au nom de Mahomet et son titre de prophète, ils ne sont apparus qu'à partir de 685 sur une pièce de monnaie frappée à Bishapur.
La première forme de la déclaration de foi "chahada" des Musulmans a pu être reconstituée à partir des anciens graffitis et gravures sur pierre en arabe. Elle se présentait comme ceci : "Je témoigne qu'il n'y a de dieu que Dieu, pas d'associé à lui."
En 690 apparait la forme : "Je témoigne qu'il n'y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète"
La forme actuelle ne s'imposera qu'à partir de 735 : "Il n'y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète."
Pourtant en 740 on connait encore cette forme étrange : "Je témoigne qu'il n'y a de dieu que Dieu, et le Christ est son prophète."

Aparemment la religion musulmane, sous sa forme actuelle, semblerait donc ne pas avoir existé à l'époque de Mahomet : Elle se serait construite petit à petit au cours du siècle suivant sa mort, en se différenciant progressivement de la religion des Judéo-Chrétiens Nazaréens.

Aprés la mort de Mahomet et de ses successeurs immédiats, la dynastie arabe des Omeyyades (661-750) installa son siège à Damas. On peut d'ailleurs se demander pourquoi elle avait choisi cette ville plutôt que la Mecque ou Médine ... mais celà pourrait s'expliquer si on admet que les Arabes musulmans ne venaient pas du Hedjaz mais de plus au nord.

La chronique "Chronica byzantia-arabica (vers l'an 741) a décrit comment, en 692, le khalife Ommeyyade Abdelmalik (Abdelmele) pris la Mecque à Abdallah Ibn as-Zubayr (Abdelà) qui voulait détourner le pélerinage à son profit :
"Abdelmele, après son accession au trône, reigna pendant vingt ans. Pendant la première année de son règne, il fit usage de toute l'expérience et la valeur de son armée pour attaquer Abdelà, contre qui son père avait soutenu plusieurs batailles, puis ensuite, alla à Macca (La Mecque), la patrie d'Abraham comme le croient les Sarracènes (Sarrasins / Arabes), cet endroit se trouvant dans le désert entre Ur, une ville des Chaldéens, et Carras, une ville de Mésopotamie."
(Etrangement, selon ce texte, la Mecque se trouve en Mésopotamie et non au Hedjaz !)

AbdelMalik n'était autre que le khalife Ommeyyade qui a fondé le "Dôme du Rocher" en 688-691 à Jérusalem. Et Abdallah Ibn as-Zubayr était un Arabe dissident qui, entre 680 et 692, s'était emparé du sud de l'Iraq, de la Syrie, de l'Egypte, du Hedjaz et du Yémen. Aparemment il voulait transformer la Mecque en lieu sacré, centre de pélerinage des Musulmans, pour l'opposer à Jérusalem, centre de pélerinage promu par AbdelMalik.
C'est peut-être à cette époque que la Mecque commenca a devenir le lieu central des Musulmans en remplacement de Jérusalem ?

Comme on le voit, l'ancrage géographique du point de départ de l'expansion musulmane n'est pas aussi certain que ce qu'on croit actuellement.

On peut donc, pour résumer, diviser l'histoire de l'islam en deux phases :
- Pendant la première, l'Islam était une religion Judéo-Chrétienne (Nazaréenne) orientée vers Jérusalem et la Terre Sainte. Les croyant portaient alors le nom de "Mahgrayes".
- Pendant la seconde, l'Islam est devenu une religion distincte, orientée vers la Mecque et l'Arabie.
C'est probablement les Califes successifs qui ont modifiés les dogmes et les textes afin de faire de l'Islam une religion purement arabe, prétendument née à la Mecque et Médine. C'est à ce moment que les croyants porteront le nom de "Musulmans".