Mahomet
vivait-il en arabie ? 
Mahomet, l'introducteur du Coran, serait né en 570
à la Mecque et serait mort en 632 à Médine.
Le Hedjaz, dans l'ouest de l'Arabie, aurait donc été
sa base de départ pour l'unification de tous les Arabes
et leur soumission à l'Islam.
Cependant diverses sources semblent indiquer que celà
pourrait être faux. Il n'est pas impossible, en effet,
que Mahomet aurait opéré bien plus au nord-ouest
et que son but n'était pas de soumettre les Arabes
du Hedjaz mais de s'emparer de Jérusalem et de la Judée
pour les délivrer des Byzantins. Il poursuivait là
un rêve d'origine juive... Sioniste, même, pourrait-on
dire : Libérer la Terre Sainte pour y préparer
la venue du Messie.
Influence nazaréenne :
Il semble probable que la religion professée au début
par Mahomet ait été différentes de l'Islam
actuel. En effet elle était probablement très
influencée par celle des Judéo-Chrétiens Nazaréens installés en différentes régions du Proche-Orient.
Dans son "Panarion" (en 376), Epiphane localisait
ces Nazaréens en Décapole (Jordanie) autour de Pella et en Basanitide
dans la région de Kokba au sud-ouest de Damas.
Selon les sources arabes, Mahomet aurait rencontré
Waraqa ibn Nawfal, l'oncle ou le cousin de sa femme Khadija,
qui était un "Chrétien parlant l'hébreu"
(un "Nasraniy" plus exactement).
Des hadiths de Aïsha en parlent
:
"Le Prophète retourna vers
Khadija tandis que son coeur battait rapidement. Khadijâ le
conduisit chez son cousin Waraqa bin Nawfal ibn Asad ibn 'Abd
al-'Uzzä ibn Ouzzä. Celui-ci avait embrassé le christianisme
lors de son âge d'ignorance, et il avait pris l'habitude de
transcrire l'Ecriture hébraïque et l'Injil de l'hébreu, tant
que Dieu lui en avait accordé la force de le faire. Waraqa
était très âgé et il était privé de la vue...."
(Sahih Al-Bukhari, Volume 4, livre 55, 605)
-"... Waraqa était
le fils de son oncle paternel, c'est à dire le frère de son
père, qui pendant la période pré-Islamique était devenu un
chrétien. Il savait tracer les caractères hébraïques et avait
copié en hébreu toute la partie de l’Evangile qu’Allah avait
voulu qu’il transcrivit. Il était âgé et était devenu aveugle...."
(Sahih Al-Bukhari, Volume 9, livre 87,111)
Waraqa a probablement influencé fortement Mahomet.
En effet, Buhari disait ceci :
"Lorsque Waraqa est
décédé, la révélation s’est
tarie".
Celà montre qu'il était l'inspirateur de Mahomet
pour l'écriture des Sourates. Lorsque Waraqa est mort,
Mahomet n'en a plus écrit.
La Sourate 16;105 montre d'ailleurs que les Arabes soupçonnaient
cette influence de Waraqa :
"Certes nous savons
que les infidèles disent : 'Cet homme a seulement
pour maître un mortel !' Mais la langue de celui auquel
ils pensent est une langue barbare, alors que cette prédication
est en claire langue arabe'." (sourate
16,105).
Ce Waraqa était très probablement un Nazaréens,
car il était "Chrétien" tout en parlant
l'hébreu, c'est à dire qu'il faisait partie
de cette "secte juive" acceptant Jésus comme
Messie, mais sans l'identifier à Dieu.
D'ailleurs la sira de Ibn Hicham l'affirmait :
"Il
était nazaréen ... il était devenu nazaréen et avait suivi les livres et appris des sciences des hommes (…) il était excellent connaisseur du nazaréisme. Il a fréquentéles livres des Nazaréens, jusqu'à les connaitre comme les gens du Livre."
Dans sa Lettre 112 à Saint Augustin, Saint Jérôme
écrit ceci sur ces Nazaréens :
“Jusqu’aujourd’hui,
dans toutes les synagogues de l’Orient, il y a chez
les Juifs une secte (...) qui est jusqu’ici condamnée
par les Pharisiens; on les appelle vulgairement Nazaréens;
ils croient au Christ, fils de Dieu, né de la Vierge
Marie, et ils disent que c’est celui qui, sous Ponce
Pilate a souffert et est ressuscité; en lui nous aussi
nous croyons; mais tandis qu’ils veulent tout ensemble
être Juifs et chrétiens, ils ne sont ni Juifs
ni chrétiens.”
D'autres sources arabes parlent aussi du moine Nastûrâ
/ Nastûr rencontré à Bosra (Syrie du sud)
par Mahomet et qui aurait reconnu celui-ci comme prophète.
Et Théophane (avant 822) écrit ceci dans sa
chronique :
"Chaque fois qu'il
venait en Palestine, il (Mahomet) fréquentait avec
les juifs et les chrétiens et obtint d'eux certains
matériaux scripturaires."
On notera d'ailleurs que le Coran est composé de 114
sourates, c'est à dire le même nombre que les
logias que l’Evangile de Thomas.
Jean Damascène (vers 650-750) a raconté également
ceci :
"Muhammad était
tombé par hasard sur l'Ancien et le Nouveau Testaments
et même, paraît-il, après avoir conversé
avec un moine arien, avait conçu sa propre hérésie."
Des sources syriaques appellent ce moine Sergius Bahîrâ
(Baeira / Pakhyras).
Cependant les Chrétiens Ariens (Disciples d'Arius)
étaient comparables aux Nazaréens car ils rejetaient eux aussi la divinité de Jésus.
Dans le Coran, l'influence nazaréenne de Waraqa se
voit dans l''interdiction de boire du vin. En effet les Nazaréens ne buvaient pas de vin, se référant à
cette parole de Jésus :
”Je vous le dis, je
ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au
jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume
de mon Père." (Matthieu 26,29)
L'influence nazaréenne se voit aussi dans le rejet
de la Trinité et de la divinité de Jésus.
Il existe ainsi une transcription du colloque de 639 ou 644
entre le patriarche jacobite Jean 1er et l'émir des
Mahgrâyés (Musulmans) Amru bar Sa’d, gouverneur
de Homs en Syrie et ancien compagnon de Mahomet. On remarquera
que, dans cette transcription, nulle part on ne parle encore
du Coran (ni de la Mecque) mais uniquement du Pentateuque
et de l'évangile, et que les Musulmans acceptent ces
deux livres. La seule chose qui intéresse Amru bar
Sa’d c'est de convaincre le patriarche que le Christ
était certes un prophète, mais non pas Dieu.
D'autres textes montrent que les anciens Musulmans croyaient
que Jésus était un simple homme et non un Dieu.
Et c'était alors le seul point qui les différenciait
des Juifs et Chrétiens.
Dans le "Traité des hérésies"
de Jean Damascène (Mansour Ibn Sarjoun, Arabe chrétien
de Damas, 676-749), on lit ceci (vers 746) :
"Il (Mahomet) dit qu’il
y a un seul Dieu, créateur de toutes choses, qu’Il
n’a pas été engendré et qu’Il
n’a pas engendré. Selon ses dires, le Christ
est le Verbe de Dieu et son Esprit, mais il est crée
et il est un serviteur ; il est né sans semence de
Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron. En effet
dit-il, le Verbe et l’Esprit de Dieu sont entré
en Marie et ont engendré Jésus, qui fut un prophète
et un serviteur de Dieu. Et, selon lui, les juifs, au mépris
de la Loi, voulurent le mettre en croix, et, après
s’être emparés de lui, ils n’ont
crucifié que son ombre. Le Christ lui – même,
dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a
pris près de lui dans le ciel, parce qu’Il l’aimait.
Et il dit également, qu’une fois le Christ monté
aux cieux, Dieu l’a interrogé en disant ? : 'Jésus
! as-tu dis : je suis le fils de Dieu et Dieu ?' Jésus
d’après lui, a répondu : 'Sois miséricordieux
envers moi, Seigneur ! Tu sais que je n’ai pas dit cela
et que je ne dédaigne d’être ton serviteur.
Mais les hommes mauvais ont écrit que j’avais
fait cette déclaration ; ils ont menti à mon
égard, et ils sont dans l’erreur'. Dieu, dit
il, lui a répondu : 'Je sais que tu n’as pas
fait cette déclaration' (...)
Ils nous appellent 'associateurs' parce que, disent-ils, nous
introduisons à côté de Dieu un associé
lorsque nous disons que le Christ est le fils de Dieu et Dieu."
Le manuscrit arménien du "Vardabed Ghévond"
(vers 771) nous transcrit la lettre de Omar II, (Umar ben
Abd al-Aziz, 8ème calife Omeyade)à l'empereur
byzantin Léon III l'Isaurien (717-741) :
"... Pourquoi ne trouve-t-on,
dans le Code mosaïque, aucune indication à propos
du paradis ou de l’enfer, ou de la résurrection
et du jugement ? Ce sont les évangélistes Matthieu,
Marc, Luc et Jean, qui en ont parlé selon leur talent.
N’est-il pas vrai que Jésus, en parlant dans
l’Evangile de la mission du Paraclet ou Consolateur
à venir, indiquait la mission de notre Mahomet ? Pour
quelle raison les peuples chrétiens se sont-ils, après
la mort des disciples de Jésus, partagés en
soixante douze races (sectes) ? Pourquoi ont-ils fait de Jésus
l’associé et l’égal du Dieu unique
et tout puissant, en professant trois Dieux, et en changeant
arbitrairement toutes les lois, comme celle de la circoncision
en baptême, celle du sacrifice en eucharistie, celle
du samedi en dimanche ? Est-il possible que Dieu ait habité
dans la chair et dans le sang, et dans les entrailles souillées
d’une femme ?"
La Sourate 4,171 du Coran
confirme le rejet de la divinité de Jésus par
les Musulmans :
"Ô gens du Livre (Chrétiens),
n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que
la vérité. Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager
d'Allah, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle de
vie venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers.
Et ne dites pas 'Trinité'. Cessez ! Ce sera meilleur pour
vous. Allah n'est qu'un Dieu unique. Il est trop glorieux
pour avoir un enfant. C'est à Lui qu'appartient tout ce qui
est dans les cieux et sur la terre et Allah suffit comme protecteur."
Bien que n'étant pas Dieu, Jésus était
cependant reconnu comme Messie par les Musulmans. Des sources
contemporaines à Mahomet (datant de vers 626) indiquent
que celui-ci se prenait pour un prophète et qu'il annonçait
la redescente du Messie Jésus. Hors les Judéo-Chrétiens Nazaréens semblaient attendre eux aussi le retour de Jésus.
Dans la Chronographie de Théophane, il est écrit
(pour l'année 622) :
“Les juifs se sont
attachés à Mahomet parce qu’ils le tenaient
pour un de leurs prophètes”.
Jacques d’Edesse (633-708) écrivait :
“Les Mahgrayes (Musulmans)
confessent tous fermement qu’il (Jésus) est le
vrai Messie qui devait venir et qui fut prédit par
les Prophètes ; sur ce point, il n’y a pas de
dispute avec nous.”
Dans la chronique arménienne "Doctrina Jacobi
/ Didascalie de Jacob V,16,209" (datant de vers 634-
640), le Juif Abraham de Césarée racontait ceci
:
“On disait que le
prophète (Mahomet) était apparu, venant avec
les Saracènes (Arabes), et qu’il proclamait la
venue du Messie qui allait venir. Etant arrivé à
Sykamine, je m’arrêtai chez un vieil homme bien
versé dans les Ecritures et lui dis : 'Que me dis-tu
du prophète apparu avec les Saracènes ?' Il
me répondit dans un profond soupir : 'Il est faux car
les prophètes ne viennent pas armés avec épée
et char de guerre.' ... Et moi, Abraamès, ayant poussé
l’enquête, j’appris de ceux qui l’avaient
rencontré qu’on ne trouve rien d’authentique
dans ce prétendu prophète : il n’est question
que d’effusion du sang des hommes. Il dit aussi qu’il
détient les clés du Paradis, ce qui est incroyable.”
Cette croyance de Mahomet en la descente prochaine de Jésus
est confirmée par un hadith de Bukhari et Muslim :
“Selon Abu Hourayra,
le Prophète a dit : 'Par Celui qui tient mon âme
en sa main, la descente de Jésus fils de Marie est
imminente ; il sera pour vous un arbitre juste (…) il
mettra fin à la guerre et il prodiguera des biens tels
que personne n’en voudra plus. En ce moment, une seule
prosternation sera meilleure que le monde et son contenu.”
La tradition nous parle aussi de plusieurs tribus "juives"
qui se sont alliées aux Arabes de Mahomet. Il s'agissait
probablement de Judéo-Chrétiens, donc de Nazaréens.
L'historien byzantin Théophane (vers 758/760-817/818)
prétendait d'ailleurs que l'islam trouvait son origine
chez des "Juifs qui prennent Mahomet pour leur Christ
tant attendu."
Cependant l'alliance entre les Arabes et les Judéo-Chrétiens
ne durera pas et les deux peuples finiront par se séparer,
à la fois politiquement et religieusement.
Ainsi Théophane (avant 822) écrit ceci sur Mahomet
dans sa chronique :
"En cette année
mourut Mouamed, le leader et le faux prophète des Sarrasins,
après la nomination de son parent Aboubacharos à
sa chefferie. Dans le même temps sa renommée
se répandit et tout le monde avait peur. Au début
de son avènement les Juifs égarés croyaient
qu'il était le Messie qui est attendu par eux, de sorte
que certains de leurs dirigeants se joignirent à lui
et acceptèrent sa religion tout en délaissant
celle de Moïse, qui a vu Dieu. Ceux qui l'ont fait étaient
au nombre de dix, et ils sont restés avec lui jusqu'à
son assassinat. Mais quand ils le virent manger de la viande
de chameau, ils ont réalisé qu'il n'était
pas celui qu'ils croyaient, mais, ayant peur d'abjurer sa
religion, ces malheureux hommes lui ont appris des choses
illicites dirigées contre nous, Chrétiens, et
sont restés avec lui."
La tribu des Quraychites :
Les Quraychites / Qoreychites sont la tribu dont faisait partie
Mahomet. Est-il possible de prouver qu'on la trouvait bien
au Hedjaz (région de la Mecque) à l'époque
de Mahomet ?
La plus ancienne mention de ces Arabes Quraychites se trouve
peut-être dans la Bible, où apparait le nom de
"Korachites".
Ceux-ci étaient les gardiens-portiers du temple de
Salomon à Jérusalem, comme on le lit dans "1Chronique
9;19" :
"Et Sallum, fils de
Koré, fils d'Ebiasaph, fils de Korach, et ses frères
les Korachites, selon la maison de son père, préposés
au service, qui gardaient les seuils du Tabernacle ; et leurs
pères [avaient étés] gardiens de l'entrée
du camp de l'Éternel."
On les mentionne aussi dans "1Chronique 26;1" :
"Quant aux classes
des portiers : des Korachites, Mésélémia,
un fils de Koré, des fils d'Asaph."
Ces Korachites de Jérusalem étaient donc des
portiers ... hors la Sira d'Ibn Ishaq signale également
que les Qoraychites sont des portiers.
Cette tribu ne semblait donc pas, à cette époque,
se trouver à la Mecque, au Hedjaz (Arabie de l'ouest).
Mais avait-on vraiment affaire là aux Quraychites de
Mahomet ?
Un texte moins ancien mentionne ensuite des Qéréchites
sévissant en Mésopotamie. Vers 485 ap.JC, en
effet, le Syrien Narsaï de Nisibe mentionne leurs raids
dans la région de Beith ‘Aramayé (Séleucie-Ctésiphon,
prés de Bagdad) :
"Le raid des fils d’Hagar
fut plus cruel même que la famine... Déplorons
la tendance infecte des fils d’Hagar et en particulier
de la tribu de Qurayshs qui sont comme des animaux.”
Certains identifient cependant ces Qurayshs aux Qadishayes
(Kadisènes), des Kurdes installés au Jabal Sinjar,
entre la Syrie du nord et l'Iraq du nord. Cependant le fait
qu'ils étaient appelés des "Fils d’Hagar"
montre que c'était bien des Arabes. Mais le plus étrange
c'est de les voir agissant en Mésopotamie et non au
Hedjaz.
D'aprés la tradition musulmane, ce serait seulement
à l'époque de leur chef Qusay (400-480) que
les Quraychites se seraient emparés de la Mecque (avant,
ils ne possédaient que les montagnes aux alentours).
Mais cette histoire est-elle certaine ?
D’après des sources diverses, les Quraychites
semblent aussi avoir eu leurs commerces et leurs propriétés
agricoles en Syrie et en Palestine. La toponymie indique également
que les Quraychites vivaient en Syrie. Tout celà continue
de nous éloigner du Hedjaz et aucune source historique
n'indique donc que cette tribu ait pu exister dans la région
de la Mecque.
Se pourrait-il donc que le lieu d'action des Quraychites,
à l'époque de Mahomet, se soit trouvé
non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : en
Syrie-Palestine ?
Medine :
La tradition musulmane dit cependant que Mahomet s'est réfugié
à Yatriba / Yathrib, au Hedjaz. Est-il possible de
trouver des documents indiquant ce qui se passait dans cette
ville à cette époque ?
Vers 550 av.JC, le roi babylonien Nabonide évoquait
déjà cette ville sous le nom de "Yatribu".
Au 2ème siècle, Ptolémée l'appelait
"Lathrippa" et, au VIème siècle, Étienne
de Byzance lui donnait le nom de "Yathrippa".
Plus tard, dans les hadiths, on dira que Yathrib était
l'ancien nom de la ville et qu'elle fut rebaptisée
par Mahomet qui lui donna le nom de "Medine / Madinah"
("Madinah al Mounawara" = "Ville illuminée"
ou "Madinah ar-rasul Allah" = "Ville du messager
d’Allah"). Pourtant, dans le Coran, ces deux noms
apparaissent dans le même verset, ce qui démontre
que Medine et Yathrib n'étaient pas des synonymes.
Il semble, en fait, qu'à l'origine Medine était
le nom d'une région dont la capitale était Yathrib.
A cette époque, en effet, "madinah" ne signifiait
pas "ville", mais "région" ("ville"
se disant "qura").
La Sira d’Ibn Hichâm parle des trois tribus juives
de Médine / Yathrib que mahomet aurait affrontées
: les Qorayzas, les Banous Nadirs et les Qaynoqas. Pourtant
il n'existe aucune source littéraire, archéologique
ou épigraphique qui parle de ces tribus. Et les sources
juives de l’époque, qui détaillent les
implantations juives partout au Proche-Orient, ne mentionnent
jamais cette ville.
On peut donc se demander si c'est vraiment à Médine
/ Yathrib, au Hedjaz, que Mahomet se serait réfugié.
La Mecque :
Mahomet aurait vécu à la Mecque. Est-il possible
de trouver des documents indiquant ce qui se passait dans
cette ville à cette époque ?
En réalité, on ne trouve aucune source ancienne
mentionnant la Mecque. Pourtant celle-ci, selon la tradition,
passait pour être une importante place commerciale.
Aucun des compagnons de Mahomet n'y a été enterré.
Etrangement tous sont enterrés au cimetière
d'El Baqi à Médine y compris le père
et la nourrice de Mahomet (Halima). La mère de Mahomet
serait elle enterrée prés de Mastoura lors du
retour d'un voyage à Médine. La seule tombe
connue de la Mecque est attribuée Abou Taleb ... mais
d'après une tradition qui n'est pas vérifiable.
On peut donc se demander si la Mecque existait déjà
à l'époque de Mahomet.
D'ailleurs, selon les chroniqueurs syriaques et byzantins
(Théophile d'Edesse par exemple), Mahomet n'était
pas un natif de la Mecque mais de Yathrib.
Ptolémée signalait bien une ville du nom de
Mocoraba dans son "Almageste", vers 140 ap. J.C....
mais celle-ci n'était pas située au même
endroit que la Mecque. Et on ne peut pas se tromper, car une
chaine de montagne était mentionnée et Mocoroba
n'était pas située du bon côté.
Ptolémée, dans sa "Géographie, V,
17,5" mentionnait également la ville de Moka ...
mais celle-ci se trouvait en Arabie Pétrée,
c'est à dire en Jordanie.
En fait, la plus ancienne référence à
la Mecque se trouve dans l' "Arabica Continuato Byzantia",
au 8ème siècle. C'était donc une petite
ville mal connue qui ne se trouvait pas du tout sur la route
du commerce international... il se pourrait même qu'elle
ait été fondée APRES la mort de Mahomet
!
En réalité, le mot Makka / Mecca (La Mecque),
comme il apparaît dans le Coran, n'est pas un nom propre
mais un nom commun désignant une vallée basse
en araméen (certains prétendent aussi que ce
mot pourrait désigner un "temple" ou un "palais").
De plus, dans le Coran, on trouve souvent le mot "Bakka"
à la place de "Makka" (la Mecque).
Exemple, dans les Sourates 3;96-97 :
"La première
Maison qui a été édifiée pour
les gens, c'est bien celle de Bakka bénie et une bonne
direction pour l'univers. Là sont des signes évidents,
parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout;
et quiconque y entre est en sécurité. Et c'est
un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d'aller
faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne croit
pas... Allah Se passe largement des mondes."
Le mot est présent aussi chez 'Atâ qui aurait
dit :
"On trouva à
la Mecque une pierre où il était inscrit : 'En
vérité, Moi, Je suis le Maître de Bakka
que J’ai bâtie le jour où J’ai fait
le soleil et la lune et autour de laquelle J’ai placé
sept anges'."
Cela pose un problème car il est peu probable que l'un
des mots soit la déformation de l'autre. Alors pourquoi
identifier Bakka avec Makka (La Mecque) ?
Les musulmans ont inventé plusieurs explications pour
résoudre cette énigme ...
Ainsi, selon Al Yaqût, "Bakka" désigne
l’emplacement de la Kaaba tandis que Makka (la Mecque)
désigne l’ensemble de la cité.
D'autres prétendent que "Makka" (la Mecque)
est le nom de l’enceinte sacrée et "Bakka"
le nom de la vallée où se situe la ville.
En fait, on ignore ce que représente cette "Bakka"
et où elle se trouvait exactement.
Cependant il existe justement une Bakka dans la région
de Jérusalem : la "vallée des larmes /
lamentations" citée dans le Psaume 84;6-8 :
"Heureux ceux qui placent
en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur coeur des chemins
tout tracés.
Lorsqu'ils traversent la vallée de BACA, Ils la transforment
en un lieu plein de sources, Et la pluie la couvre aussi de
bénédictions.
Leur force augmente pendant la marche, Et ils se présentent
devant Dieu à Sion."
Et le nom "Bekka" ou "Bakka" peut encore
être trouvé dans des cartes de Jérusalem
comme étant le nom d’une vallée a 5km
au sud ouest du Mont du Temple.
On ne peut nier qu'il est bien plus probable que Abraham soit
passé dans cette Bakka de Judée que dans une
Bakka située au Hedjaz en Arabie. Mais celà
signifierait que, primitivement, la Bakka citée dans
le Coran n'était pas la Mecque ... or c'est vers cette
Bakka que devaient se diriger les prières, et vers
elle aussi que devaient se diriger les pélerins.
Certains pensent aussi que la Bakka pourrait aussi être
évoquée dans la Genèse 25;16-18 :
"Ce sont là
les fils d’Ismaël, et ce sont là leurs noms,
selon leurs villages et leurs campements : douze princes de
leurs tribus.
Et ce sont ici les années de la vie d’Ismaël
: cent trente-sept ans ; et il expira et mourut, et fut recueilli
vers ses peuples.
Et ils habitèrent depuis Havila jusqu’à
Shur, qui est en face de l’Égypte, quand tu vas
("B'KH") vers l’Assyrie. Il s’établit
(ou tomba) à la vue de tous ses frères."
Dans la Bible Samaritaine, "B'KH" est remplacé
par "BK", c'est à dire "Bakka".
Ce mot désignerait alors, dans ce contexte, un lieu
habité par les Ismaéliens, c'est à dire
les Arabes.
Une lettre de l'empreur Léon au calife Omar II émet
d'ailleurs des doutes en ce qui concerne l'emplacement du
lieu sacré des Musulmans.:
"La région vers
laquelle se tournaient les prophètes lorsqu’ils
faisaient leurs prières n’est pas connue ; c’est
toi seul qui es porté à vénérer
l’autel de sacrifice de païens, que tu appelles
maison d’Abraham ; l’Ecriture sainte ne nous dit
nullement qu’Abraham soit allé jusqu’à
l’endroit qui devint plus tard, par ordre de Mahomet,
le centre d’adoration de tes coreligionnaires."
Se pourrait-il donc que le lieu sacré des Musulmans,
à l'époque de Mahomet, se soit trouvé
non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : vers
Jérusalem ?
La direction de la prière
:
Selon le Coran, dans la Sourate 2:142-150), la direction de
la prière, originellement orientée vers Jérusalem,
a été réorientée vers la Mecque
:
"Les faibles d'esprit
parmi les gens vont dire: 'Qui les a détournés
de la direction (qibla) vers laquelle ils s'orientaient auparavant?
' - Dis: 'C'est à Allah qu'appartiennent le Levant
et le Couchant. Il guide qui Il veut vers un droit chemin'.
Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de
justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme
le Messager sera témoin à vous. Et Nous n'avions
établi la direction vers laquelle tu te tournais que
pour savoir qui suit le Messager (Mahomet) et qui s'en retourne
sur ses talons. C'était un changement difficile, mais
pas pour ceux qu'Allah guide. Et ce n'est pas Allah qui vous
fera perdre la récompense de votre foi, car Allah,
certes est Compatissant et Miséricordieux pour les
hommes
Certes nous te voyons tourner le visage en tous sens dans
le ciel. Nous te faisons donc orienter vers une direction
qui te plaît. Tourne donc ton visage vers la Mosquée
sacrée. Où que vous soyez, tournez-y vos visages.
Certes, ceux à qui le Livre a été donné
savent bien que c'est la vérité venue de leur
Seigneur. Et Allah n'est pas inattentif à ce qu'ils
font
Certes si tu apportais toutes les preuves à ceux à
qui le Livre a été donné, ils ne suivraient
pas ta direction ! Et tu ne suivras pas la leur; et entre
eux, les uns ne suivent pas la direction des autres. Et si
tu suivais leurs passions après ce que tu as reçu
de science, tu sera, certes, du nombre des injustes.
Ceux à qui nous avons donné le Livre, le reconnaissent
comme ils reconnaissent leurs enfants. Or une partie d'entre
eux cache la vérité, alors qu'ils la savent !
La vérité vient de ton Seigneur. Ne sois donc
pas de ceux qui doutent.
A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez
donc dans les bonnes oeuvres. Où que vous soyez, Allah
vous ramènera tous vers Lui, car Allah est, certes
Omnipotent.
Et d'où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée
sacrée. Oui voilà bien la vérité
venant de ton Seigneur. Et Allah n'est pas inattentif à
ce que vous faites.
Et d'où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée
sacrée. Et où que vous soyez, tournez-y vos
visages, afin que les gens n'aient pas d'argument contre vous,
sauf ceux d'entre eux qui sont de vrais injustes. Ne les craignez
donc pas; mais craignez-Moi pour que Je parachève Mon
bienfait à votre égard, et que vous soyez bien
guidés !"
Cela se serait passé le 11 février 624 de notre
ère, lorsque Mahomet a rompu avec les Juifs.
Le problème c'est que divers documents et découvertes
archéologiques indiquent que la rupture des Musulmans
avec les Juifs (marquée par le changement d'orientation
des prières) n'a probablement pas eu lieu du vivant
de Mahomet mais bien des années plus tard. Cette sourate
serait donc un texte tardif inséré dans le Coran
pour antidater cet évènement.
En effet, la chronique "Doctrina Jacobi / Didascalie
de Jacob" indique que, vers 634-640, les Arabes et les
Juifs étaient encore alliés dans leur occupation
de la Palestine, établissant ainsi une communauté
judéo-arabe en Terre Sainte. Cela prouverait donc que
la séparation des Juifs et des Arabes n'a pas pu se
passer du vivant de Mahomet mais bien plus tard.
De plus, les plus anciennes mosquées dont on a retrouvé
les restes (une à Wasir et l'autre près de Bagdad,
datant du VIIIème siècle) ont leur qibla (niche
indiquant la direction pour la prière) orientée
trop au nord. Quand à la qibla de la première
mosquée de Kufa, en Irak, prétendument construite
en 670, elle aurait été orientée trop
à l'ouest. Et la première qibla de la mosquée
de Fustat, prés du Caire, était orientée
elle aussi trop vers le nord.
Tout celà semble indiquer qu'au VIIIème siècle
les mosquées étaient encore dirigées
vers Jérusalem.
Cela prouverait donc que l'orientation des mosquées
vers la Mecque n'a pas pu être instaurée du vivant
de Mahomet mais bien plus tard.
(Cependant, certains pensent que les anciennes mosquées
auraient pu être orientées vers le lever ou le
coucher du soleil et non vers la Kaaba : http://www.islamic-awareness.org/...)
Le Dôme du Rocher, à Jérusalem, est actuellement
considéré comme le troisième lieu saint
de l'islam, après la Mecque et de Médine. Construit
par Abd al-Malik en 691, ce n'est toutefois pas une véritable
mosquée, car il n'a pas qibla. Il a la forme d'un octogone
avec huit piliers, ce qui suggère qu'il a été
utilisé pour la circumambulation... tout comme la Kaaba
de la Mecque. D'ailleurs cet édifice en a remplacé
un autre, plus ancien, qui avait la forme d'un cube... donc
la même forme la kaaba de la Mecque (le mot "Kaaba"
vient d'ailleurs de "Cubos" qui signifie "Cube").
Peut-être le Dôme du Rocher représente-t-il
la Kaaba originelle des Musulmans, celle vers la quelle ils
se dirigeaient primitivement pour prier.
Tout cela pourrait donc indiquer que l'institution de la Mecque
comme principal lieu saint, à la place de Jérusalem,
n'a pas pu être effectuée du vivant de Mahomet
mais bien plus tard.
La tradition rapporte aussi que le calife Walid 1er (705-715)
a donné l'ordre que, partout dans son empire, on détruise,
modifie et reconstruise les mosquées. Il est probable
que c'est seulement alors que leur qibla fut orientée
vers la Mecque en remplacement de Jérusalem.
Cependant Jacques d'Edesse (633-708) nous décrivait
déjà des Juifs et des Musulmans, en Egypte,
priant vers leurs lieux saints respectifs :
"Ce n'est pas vers
le sud que (... ) prient les Mahgrayes (Musulmans) (...) les
Juifs et les Mahgrayes qui vivent en Egypte, comme je le vis
de mes propres yeux et veux vous l'exposer maintenant, prient
vers l'est, et ces deux peuples continuent à faire
ainsi : les Juifs vers Jérusalem et les Mahgrayes vers
la Kaâba (...) Les Mahgrayes qui sont en Babylonie prient
vers l'ouest, vers la Kaâba, et ceux qui sont au sud
de la la Kaâba prient vers le nord, vers ce lieu."
La décision de changer la direction des prières
a donc pu avoir lieu avant l'époque de Walid 1er. Ce
dernier n'aurait fait que l'imposer partout dans son empire.
Se pourrait-il donc que le lieu sacré des Musulmans,
à l'époque de Mahomet, se soit trouvé
non au Hedjaz (en Arabie) mais bien plus au nord-ouest : à
Jérusalem ?
Mahomet au Hedjaz :
Mahomet aurait opéré et écrit le Coran
au Hedjaz, en Arabie occidentale. Est-il possible de prouver
celà ?
Le Coran contient un grand pourcentage de mots en langues
étrangères (grec, araméen syriaque, perse,
latin) ... pourtant le Hedjaz est une région où
l'on ne parle que l'arabe. De plus, de nombreuses phrases
du Coran sont bien plus compréhensibles si on les lit
en araméen ... qui est une langue d'arabie du nord
et non du Hedjaz. Les plus anciens Corans sont d'ailleurs
tous écrit en arabo-syriaque.
On peut observer que, dans les Sourates 95;1-3, on jure par
des monts qui ne se trouvent pas en Arabie mais bien plus
au nord :
“Par le figuier et
l’olivier ! Et par le Mont Sinîn ! Et par cette
cité sûre !”
Le mont des figuiers existe en Syrie, le mont des oliviers
existe à Jérusalem, et le Mont Sinîn est
le Sinaï.
Dans la sourate 3;75 il est dit :
"Et parmi les gens
du Livre, il y en a qui, si tu lui confies un qintar, te le
rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinar,
ne te le rendra que si tu l'y contrains sans relâche..."
Pourtant le dinar (denarius / denier) et le qintar (quinaire)
sont des monnaies byzantines qui avaient cours dans les "colonies"
(on retrouvé des denarius datant du 7ème siècle
à Jérusalem). Or, jamais les byzantins n'ont
posés les pieds à la Mecque ni même à
Médine. Il faut remonter bien plus au nord que le Hedjaz
pour trouver une région où l'on utilisait ces
monnaies byzantines.
Dans les Sourates 53;20-23 du Coran, on parle de trois divinités
païennes prés-islamiques adorées jadis
à la Mecque :
"Que pensez-vous d'al-Lat
et al-'Uzzâ
et de l'autre, Manât, la troisième
Aurez-vous le garçon et Dieu la fille
Quel inique partage !"
Ces trois déesses, filles d'Allah, sont bien attestées
dans l'épigraphie jordano-syrienne. Cependant on n'en
trouve aucune trace dans le Hedjaz.
Al-Lât (Al-ilahat = "La déesse") était
une déesse connue des Thamoudéens, Palmyréens
et Nabatéens. Elle correspondait à Ham'llat
chez les Safaïtes et Hérodote la connaissait sous
le nom de Alilat.
Al-'Uzzâ (Alizat = "La puissante") était
une déesse connue des Nabatéens, Dédanites
et Lihyanites.
Manât (Maniya = "Destin") correspondait à
la déesse Manawat des Nabatéens et Palmyriens.
Leur père Allah (Al-Ilâh = "Le dieu")
correspondait au dieu Ilah des Nabatéens, safaïte,
Thamoudéens et Lihyanites, au dieu Il des Araméens
et au dieu El des Cananéens.
Toutes ces divinités nous reportent au nord de l'Arabie
et non au Hedjaz.
Le Coran parle parfois d'arbres dans la paysage autour de
la Mecque ... hors la région est un désert aride
et sans arbres.
Le "Traité des hérésies" (vers
746) de Jean Damascène (676-749) le faisait déjà
remarquer :
"Ils (les Ismaélites
/ Arabes) nous accusent aussi d’idolâtrie parce
que nous nous prosternons devant la croix qu’ils ont
en horreur. Nous leur disons alors : 'Pourquoi donc frottez–vous
à cette pierre dans votre Ka’Ba, et aimez-vous
la pierre au point de l’embrasser ?' Certains d’entre
eux disent que c’est sur elle qu’Abraham s’est
uni à Agar, d’autres qu’il y a attaché
la chamelle au moment de sacrifier Isaac. Nous leur répondons
: 'Il y avait là, selon l’ Ecriture, une montagne
buissonneuse et des arbres ; Abraham en coupa pour l’holocauste
et en chargea Isaac, et il laissa les ânes en arrière
avec les serviteurs. Pourquoi alors ces stupidités
? A cet endroit, en effet, il n’y a pas de bois provenant
d’une forêt, et les ânes n’y passent
pas'. Ils éprouvent alors de la honte ; ils disent
cependant que c’est la pierre d’Abraham."
On peut donc se demander si c'est vraiment au Hedjaz, ou plus
au nord, que le Coran a été écrit.
En outre, selon le linguiste Robert Kerr, l'alphabet utilisé dans le Coran dériverait de l'alphabet araméen issu du nord de l'Arabie (Jordanie, Syrie et Iraq) et non de la région de la Mecque et de Médine où l'on employait plutôt l'alphabet sudarabique comme dans le royaume de Saba au Yémen. (Cependant certains auteurs estiment qu'à l'époque de Mahomet, la région de la Mecque avait peut-être déjà remplacé l'alphabet sudarabique par l'alphabet araméen.)
Le déroulement de l'expansion arabe :
Si on se base sur les anciennes sources chrétiennes,
le déroulement de l'expansion arabe ne s'est pas vraiment
déroulée comme le relate la tradition musulmane.
En 614, Chosroès II roi des Perses prend Jérusalem
aux Byzantins, et y installe des Juifs qui le voyaient comme
un libérateur. En 617, cependant, des Nazaréens
(Judéo-Chrétiens) et des Arabes chassent ces
Juifs de la ville. L'empereur byzantin Héraclius lance
alors, à partir de 622, une grande contre-offensive
contre les Perses pour reprendre le controle de la région.
Il reprend la Judée, puis Jérusalem en 627.
En 631 l’empereur byzantin Héraclius vint en
triomphe à Jérusalem pour y replacer solennellement
la relique de la Croix récupérée sur
les Perses qui l’avaient enlevée.
Or c'est en 622 que les Arabes de Mahomet arrivent à
Yathrib (Médine). On peut alors se demander si ces
Arabes ne venaient pas de la Judée plutôt que
de la Mecque, accompagnés de Judéo-Chrétiens
Nazaréens et fuyant l'armée byzantine. Ces Arabes
se donnaient d'ailleurs le nom le nom de "Mouhajirouns",
or "Muhadjirs / Muhâjirûns" signifie
"Ceux de l'Exode", 622 étant la date traditionnelle
de l'"Hégire" c'est à dire de l'"Exode".
Un papyrus de 643 est daté de l'an "vingt-deux",
ce qui montre que la date traditionnelle de l'Hégire,
en 622, avait déjà été choisie
comme début du calendrier arabe à cette époque.
Un chroniqueur arménien présente d'ailleurs
les faits d'une manière allant dans ce sens :
"Douze peuples de toutes
les tribus juives étaient assemblés dans la
ville d'Edesse. Quand ils ont vu que les troupes iraniennes
étaient parties et avaient laissé la ville en
paix, ils ont fermé eux-mêmes les portes fortifiées.
Ils ont refusé l'entrée aux troupes de la Seigneurie
romaine. Alors Héraclius, empereur des Byzantins, a
donné l'ordre de les assiéger. Lorsque les Juifs
ont réalisé qu'ils ne pouvaient pas lui résister
militairement, ils ont promis de faire la paix. Ouvrant la
porte de la ville, ils sont allés devant lui, et Héraclius
a ordonné qu'ils devraient partir pour rester dans
leur propre place. Alors ils sont partis, en prenant la route
qui traverse le désert pour aller à Tachkastan
des fils d'Ismaël. Les Juifs ont demandé l'aide
des Arabes, familiarisés avec eux grâce aux relations
qu'ils avaient à travers les livres de l'Ancien Testament.
Bien que les Arabes étaient convaincus de leur relation
étroite, ils ont été incapables d'obtenir
un consensus à cause de leur multitude, car ils étaient
divisés les uns des autres par la religion. Dans cette
période, un homme d'entre les fils d'Ismaël, nommé
Muhammad, un commerçant, est monté au premier
plan."
Par la suite eurent aparemment lieu les guerres qui, selon
la tradition musulmane, permirent à Mahomet de convertir
et unifier les Arabes ... mais celà se passait-il au
Hedjaz ou dans les marges de la Judée ?
En effet, d’après une attestation de Jacob d’Edesse
(vers 640), Mahomet effectuait ses raids en Palestine, et
non contre les Mecquois.
En Septembre 629 eu lieu la bataille de Mouta (Mu'tah à
l'est du Jourdain), entre une armée d'Arabes dépêchée
par Mahomet et une armée de l'empire byzantin alliée
aux tribus de Judham et Lakhm (Lakhmides). Les Arabes voulaient
probablement envahir Jérusalem et la Terre sainte en
passant par le Jourdain, en imitant le récit biblique
de l'Exode.
Théophanès (759-818) a décrit la bataille
dans sa "Chronographia 335-6" :
"Mouamed était
déjà mort, mais il avait nommé quatre
émirs pour pour combattre ceux qui parmi les Arabes
étaient chrétiens. Les musulmans marchèrent
contre une ville appelée Moukhea / Moukhéon,
dans laquelle se trouvait le vicaire Théodoros, qui
avait l'intention de surprendre les Arabes le jour où
ils sacrifiaient à leurs idoles. Le vicaire, apprenant
ceci d'un certain Quraysh appelé Koutabas, qui était
à sa solde, rassembla les soldats de ses garnisons
du désert, et quand il connut le jour où les
forces musulmanes allaient attaquer, il anticipa leur assaut
à un endroit appelé Mothous / Mouthous, où
ses forces tuèrent trois des émirs et le gros
de leur armée. Un des émirs, Khaled / Khalid,
qu'ils appelaient 'le Sabre d'Allah', a réussi à
s'échapper."
Cette défaite a été évoquée,
ainsi qu'une prophétie sur la revanche des Arabes,
dans les Sourates 30;1-4 :
"Les Romains (Byzantins)
ont vaincu aux confins de notre terre. Maix eux, après
leur victoire, seront vaincus dans quelques années.
A Allah appartient le sort dans le passé comme dans
le futur. Alors les croyants se réjouiront du secours
d'Allah. Il secourt qui il veut. Il est le puissant, le miséricordieux."
Si on se base sur les chroniques chrétiennes, Mahomet
était mort AVANT cette bataille de 629. Il ne pouvait
donc pas être l'auteur de cette sourate. Mais si on
se base sur la tradition musulmane, Mahomet est mort seulement
en 632, donc APRES cette bataille. Il pourrait donc bien être
l'auteur de cette sourate.
Selon les textes arabes, la revanche arabe aurait eu lieu
en Octobre 630, à la Bataille de Tabouk (Ghazwat Tabu¯k
dans le Nord-Ouest de l'actuelle Arabie saoudite). Mahomet
y aurait repoussé une attaque byzantine. Cependant
aucune chronique byzantine ne parle de cet évènement.
Il faudra attendre la mort de Mahomet en 632 pour que les
Arabes parviennent enfin à s'emparer de la Terre sainte
en 634, puis de Jérusalem en 638 après un siège
de deux ans. Le Calife Omar (‘Umar ibn al Khattab) fera
alors construire un lieu de prière à l'emplacement
de l'ancien temple de Salomon.
Les chroniques grecques et le texte musulman de Moudjir-ed-dyn
nous disent que le Patriarche Sophrone et les habitants de
Jéusalem voulaient que Omar en personne vienne dans
la ville pour y entrer en tant que pélerin et non en
conquérant.
Omar entra dans la ville en haillons. Il portait une tunique
en poils de chameau ce qui mettait mal à l'aise aussi
bien les Musulmans que le Patriarche Sophrone. Celui-ci lui
proposa des habits plus décents, surtout pour visiter
les lieux saints, ce que Omar refusa. Sophrone dira en le
voyant : 'Voilà l’abomination de la désolation
établie dans le lieu saint, comme l’a annoncé
le prophète Samuel !' Sophrone lui proposa de faire
la prière dans différentes églises, ce
qu'il refusa dit-on pour que les Arabes n'accaparent pas ces
lieux en disant que Omar y a prié.
Le seul but d'Omar était de trouver le temple de David.
Sophrone le conduit au Mont du temple où la tradition
musulmane dit que les Romains y jettaient les ordures. En
entrant dans les lieux, Omar se metta à déblayer
pour découvrir le rocher sur lequel dormait Jacob lorsqu'il
a eu la vision de l'échelle. Omar y aurait construit
une mosquée rudimentaire en bois sous forme de cube,
à l'endroit même du coeur de l'ancien temple
de Salomon. C'était aparemment la première Kaaba
et, plus tard, cet humble bâtiment sera remplacé
par la "mosquée" du Dôme du rocher.
La tradition musulmane prétendait que Mahomet avait
visité ce lieu, une nuit, emporté par un cheval
volant.
La Sourate17;1 décrit ainsi ce fameux "voyage
nocturne" de Mahomet :
"Gloire à Lui
(Allah) qui, de nuit, transporta son Serviteur (Mahomet) de
la Mosquée sacrée (Al-Haram à la Mecque)
jusqu'à la mosquée la plus éloignée
(Al-Aqsa), dont Nous avons béni les environs, afin
de lui montrer certains de Nos signes, car Il est Celui qui
entend tout et qui voit tout."
Cependant Muhammad ibn al-Hanafiya (638-700), un proche parent
de Mahomet, aurait démenti que le prophète ait
jamais mis les pieds sur le Rocher de Jérusalem :
"Ces maudits Syriens
(les Omeyyades) prétendent que l'envoyé d'Allah
mit Son pied sur le Rocher de Jérusalem, alors qu'une
seule personne a jamais mis le pied sur le Rocher, et ce fut
Abraham."
En fait, absolument rien ne permet d'identifier cette "Mosquée
la plus éloignée" avec le Rocher de Jérusalem.
On remarquera aussi que les textes historiques ne disent pas
que ces Arabes ayant conquis la Terre sainte étaient
des "Musulmans". Ce nom était alors encore
parfaitement inconnu.
Vers 634-640, la "Doctrina Jacobi" donnait le nom
de "Sarrasins" à ces Arabes.
En 639, le Colloque avec le patriarche Jean les appellait
des "Mahgrayes" (Muhagireens = "Muhadjirs /
Muhâjirûns" = "Ceux de l'Exode")
et disait que leur Emir avait ordonné de traduire l'Évangile
en arabe.
En 640, Thomas le Presbytre parlait des "Arabes Mhmt"
("Tayayê d-Mhmt") qui ont vaincu les Byzantins
près de Gaza en 634.
En 640, les lettres de l'Evêque Isho'yahb III les appellaient
"Mahgres" ou "Mahgrayes" .
En 642 les Byzantins parlaient des Magaritais.
En 684, Athanase les appellait également Mahgrayes.
En 705, Jacques d'Édesse leurs donnait le nom d' "Hagarenes"
(= Descendants d’Abraham par Agar).
En 746, dans son "Traité des hérésies",
Jean Damascène (676-749) les appelait ismaélites,
Agarènes ou Saracènes (sarrasins) :
"Il y a aussi la religion
des Ismaélites qui domine encore de nos jours, égare
les peuples, et annonce la venue de l’antéchrist.
Elle tire son origine d’Ismaël, le fils d’Abraham
et d’Agar. Pour cette raison on les nomme Agarènes
et Ismaélites ; on les appelle aussi Saracènes
/ Sarrasins, ce qui signifie 'dépouillé par
Sara'. Agar répondit, en effet, à l’Ange
: 'Sara m’a renvoyée dépouillée'.
Jadis ils étaient idolâtres et adoraient l’Etoile
du Matin et Aphrodite, qu’ils ont appelée précisément
Chabar (Shahar, l'étoile du matin) dans leur langue,
ce qui veut dire 'Grande."
En fait, le mot "Musulmans" apparaît pour
la première fois sur les murs du "Dôme du
Rocher" construit en 691 à Jérusalem. Il
entra dans l’usage officiel vers 720, fut utilisé
sur une monnaie pour la première fois en 768, et sur
papyrus en 775 seulement.
On notera cependant que les premiers écrits coraniques
sur pièces et sur le Dôme du Rocher ne coïncident
pas avec l'actuel texte du Coran.
Quand au nom de Mahomet et son titre de prophète, ils
ne sont apparus qu'à partir de 685 sur une pièce
de monnaie frappée à Bishapur.
La première forme de la déclaration de foi "chahada"
des Musulmans a pu être reconstituée à
partir des anciens graffitis et gravures sur pierre en arabe.
Elle se présentait comme ceci : "Je témoigne
qu'il n'y a de dieu que Dieu, pas d'associé à
lui."
En 690 apparait la forme : "Je témoigne qu'il
n'y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète"
La forme actuelle ne s'imposera qu'à partir de 735
: "Il n'y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète."
Pourtant en 740 on connait encore cette forme étrange
: "Je témoigne qu'il n'y a de dieu que Dieu, et
le Christ est son prophète."
Aparemment la religion musulmane, sous sa forme actuelle,
semblerait donc ne pas avoir existé à l'époque
de Mahomet : Elle se serait construite petit à petit
au cours du siècle suivant sa mort, en se différenciant
progressivement de la religion des Judéo-Chrétiens Nazaréens.
Aprés la mort de Mahomet et de ses successeurs immédiats,
la dynastie arabe des Omeyyades (661-750) installa son siège
à Damas. On peut d'ailleurs se demander pourquoi elle
avait choisi cette ville plutôt que la Mecque ou Médine
... mais celà pourrait s'expliquer si on admet que
les Arabes musulmans ne venaient pas du Hedjaz mais de plus
au nord.
La chronique "Chronica byzantia-arabica (vers l'an 741)
a décrit comment, en 692, le khalife Ommeyyade Abdelmalik
(Abdelmele) pris la Mecque à Abdallah Ibn as-Zubayr
(Abdelà) qui voulait détourner le pélerinage
à son profit :
"Abdelmele, après
son accession au trône, reigna pendant vingt ans. Pendant
la première année de son règne, il fit
usage de toute l'expérience et la valeur de son armée
pour attaquer Abdelà, contre qui son père avait
soutenu plusieurs batailles, puis ensuite, alla à Macca
(La Mecque), la patrie d'Abraham comme le croient les Sarracènes
(Sarrasins / Arabes), cet endroit se trouvant dans le désert
entre Ur, une ville des Chaldéens, et Carras, une ville
de Mésopotamie."
(Etrangement, selon ce texte, la Mecque se trouve en Mésopotamie
et non au Hedjaz !)
AbdelMalik n'était autre que le khalife Ommeyyade qui
a fondé le "Dôme du Rocher" en 688-691
à Jérusalem. Et Abdallah Ibn as-Zubayr était
un Arabe dissident qui, entre 680 et 692, s'était emparé
du sud de l'Iraq, de la Syrie, de l'Egypte, du Hedjaz et du
Yémen. Aparemment il voulait transformer la Mecque
en lieu sacré, centre de pélerinage des Musulmans,
pour l'opposer à Jérusalem, centre de pélerinage
promu par AbdelMalik.
C'est peut-être à cette époque que la
Mecque commenca a devenir le lieu central des Musulmans en
remplacement de Jérusalem ?
Comme on le voit, l'ancrage géographique du point de
départ de l'expansion musulmane n'est pas aussi certain
que ce qu'on croit actuellement.
On peut donc, pour résumer, diviser l'histoire de l'islam
en deux phases :
- Pendant la première, l'Islam était une religion
Judéo-Chrétienne (Nazaréenne) orientée
vers Jérusalem et la Terre Sainte. Les croyant portaient
alors le nom de "Mahgrayes".
- Pendant la seconde, l'Islam est devenu une religion distincte,
orientée vers la Mecque et l'Arabie.
C'est probablement les Califes successifs qui ont modifiés
les dogmes et les textes afin de faire de l'Islam une religion
purement arabe, prétendument née à la
Mecque et Médine. C'est à ce moment que les
croyants porteront le nom de "Musulmans".
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