MÉSOPOTAMIENS :



Le mythe d'Adapa :                                                                        




"... la parole (d'Ea) est capable de donner des ordres comme celle d'Anu.
Il combla Adapa d'un large entendement pour qu'il dévoile les secrets du pays,
A lui, il donna la sagesse; mais il ne lui donna pas la vie étemelle.

En ce temps-là, dans ces années-là, vivait le Sage Adapa, le Fils d'Eridu,
Ea l'avait créé comme protecteur de l'humanité.
En tant qu'Apkallu ("Grand Sage"), personne ne peut annuler la parole d'Ea,
car le savant, le plus intelligent des dieux Anunnakis, c'est lui.
Le saint, celui qui a les mains pures, l'oint qui se soucie sans cesse des rites,
avec les cuisiniers, il faisait la cuisine, avec les cuisiniers d'Eridu, il faisait la cuisine.
Chaque jour, il pourvoyait à la nourriture et à la boisson d'Eridu.
De ses mains pures, il dressait la table. Sans lui, la table n'était pas desservie.
Il manoeuvrait le bateau, il allait à la pêche pour Eridu.
Lorsque les dieux étaient encore hommes, ils assumaient le travail et supportaient le labeur,
grand était le labeur des dieux, lourd, leur travail, et longue, leur détresse.

A ce moment-là, Adapa, fils d'Eridu,lorsque le prince Ea s'étendait sur sa couche,
vérifiait chaque jour le verrou d'Eridu.
Au quai pur de Kar-Usakar (Kar-Udsar), au Quai-du-Disque-Lunaire, il embarqua sur une barque "shahhitum",
mais sans gouvernail, sa barque dériva, sans même une perche, il tenta de diriger son bateau,
il arriva ainsi au milieu de la vaste mer ......
...... Pour la maison de son Seigneur, au milieu de la mer, il péchait du poisson;
la mer étail pareille à un miroir.
Shutu,le Vent du Sud, se mit à souffler et lui fit faire naufrage.
Il le fit s'enfoncer dans le domaine des poissons.
Adapa dit alors : "Vent du Sud, ....
tes maléfices sont nombreux ....
Je veux briser ton aile !"
Par la parole qu'il prononça l'aile du Vent du Sud se brisa.

Pendant 7 jours le Vent du Sud ne souffla plus sur le Pays.
Le dieu Anu appela son vizir Ilabrat :
"Pourquoi le Vent du Sud, depuis 7 jours, ne souffle-t-il plus sur le Pays ?"
Son vizir Ilabrat lui répondit :
"Mon Seigneur, c'est Adapa, le fils d'Ea, qui a brisé l'aile du Vent du Sud".
Anu, en entendant ces paroles, s'écria : "Au secours !"
Il se leva de son trône : "Qu'on me l'amène ici !"

Ea, qui connaît les cieux, toucha Adapa.
II lui fit porter des cheveux défaits, il le vêtit d'un vêtement de deuil.
Il lui donna des instructions :
"Adapa, tu vas aller, toi-même, devant Anu, le Roi.
Tu prendras le chemin des cieux et lorsque tu seras monté aux cieux,
tu t'approcheras de la porte d'Anu.
A la porte d'Anu, Dumuzi et Gishzida (Ningishzida) se tiennent.
Ils te verront et te presseront de questions.
-"Homme, pour qui t'es-tu change ainsi ? Pour qui t'es-tu vêtu d'un vêlement de deuil ?"
-"Dans notre pays, deux dieux ont disparu. Voilà pourquoi j'agis ainsi".
-"Qui sont les deux dieux qui ont disparu dans le Pays ?"
-"Ce sont Dumuzi et Gishzida".
Ils se regarderont l'un l'autre et éclateront de rire.
Alors, ils diront des paroles favorables à Anu.
Et c'est le visage amical d'Anu qu'ils te feront voir.

Lorsque tu te tiendras devant Anu, on t'offrira la nourriture de mort.
N'en mange pas !
On t'offrira la boisson de mort.
N'en bois pas !
On t'offrira un vêtement.
Revêts-le !
On t'offrira de l'huile.
Oins-t'en !
Les instructions que je t'ai données, ne les néglige pas.
Les paroles que je t'ai dites, souviens-t'en.

Le messager d'Anu arriva :
"Adapa, qui a brisé l'aile du Vent du Sud, qu'on l'amène devant moi !"
Il lui fil prendre le chemin des cicux et il monta aux cicux.
Lorsqu'il arriva aux cicux, à l'approche de la porte d'Anu,
à la porte d'Anu se tenaient Dumuzi et Gishzida.
Ils le virent et s'écrièrent :
-"Ho ! Adapa ! Pour qui t'es-tu change ainsi ?
Adapa, pour qui t'es-tu vêtu d'un vêtement de deuil ?"
-"Dans le Pays, deux dieux ont disparu. Voilà pourquoi j'ai revêtu le deuil".
-"Qui sont les deux dieux qui ont disparu dans le Pays ?"
-"Dumuzi et Gishzida".
Ils se regardèrent l'un l'autre et éclatèrent de rire.

Lorsqu'Adapa entra en présence d'Anu, le Roi, Anu l'aperçut et s'écria :
"Viens, Adapa, pourquoi as-tu brisé l'aile du Vent du Sud ?"
Adapa répondit à Anu :
"Mon Seigneur, pour la maison de mon Seigneur Ea, au milieu de la mer,
je péchais du poisson; la mer était pareille à un miroir.
Le Vent du Sud se mit à souffler et il me fit faire naufrage.
Il me fit m'enfoncer dans le domaine des poissons.
Dans la colère de mon coeur, j'ai maudit le Vent du Sud".
Répondirent à ses côtés Dumuzi et Gishzida, en disant à Anu des paroles favorables.
Son coeur s'apaisa et il se tut.

"Pourquoi Ea, à une humanité qui n'en est pas digne, a-t-il révélé
ce qui appartient au ciel et à la terre ?
D'un coeur courageux il l'a doté. C'est bien son oeuvre !
Nous, qu'allons-nous faire de lui ?
De la nourriture de vie, apportez-lui pour qu'il mange !"
On lui apporta
de la nourriture de vie, mais il ne mangea pas.
On lui apporta de l'eau de vie, mais il ne but pas.
On lui apporta un vêtement, il s'en vêtit.
On lui apporta de l'huile, il s'en frotta.
Anu le contempla et lui rit au nez :
-"Allons, Adapa, pourquoi n'as-tu ni mangé ni bu ?
Tu n'auras donc pas la vie étemelle, pas plus que les humains innombrables !"
-"Mon Seigneur Ea m'a dit : 'Ne mange pas, ne bois pas'.
Anu s'exclama alors :
"Qu'on le prenne et qu'on le ramène sur terre !"

..............

Anu, devant l'oeuvre d'Ea, rit bruyamment :
"Des dieux du ciel et de la terre, autant qu'il y en a, lequel aurait pu
agir ainsi ?
Qui oserait rendre sa parole supérieure à celle d'Anu ?
Adapa a contemplé les cicux de leur base
à leur sommet et il en a vu la splendeur".
Alors, Anu plaça sur Adapa la ......
Ensuite d'Ea, il établit la liberté.
Anu, pour faire resplendir à jamais sa souvcraineté, .décréta le destin :
Il pardonna Adapa, qui était de race humaine,
qui, de ses propres forces, avait brisé victorieusement l'aile du Vent du sud
et qui ensuite était monté aux cicux : "Qu'il en soit ainsi !
La maladie "..." dont le souffle frappe méchamment les gens,
et la maladie "simmu" qui s'installe dans le corps des gens,
que pour lui la pure Ninkarrak les apaise !
Que s'en aille la simmu, que s'en retourne la maladie !
Sans lui, que survienne la fièvre,
et que le malade ne puisse trouver le sommeil réparateur !"
 



NOTES :

Adapa est un personnage qu'on retrouve dans le mythe des sept sages civilisateurs :

Vers 290-278 av.JC, Bérose, prêtre de Marduk à Babylone, a écrit en grec un livre racontant l'histoire de son pays : le Babyloniaká. Ce texte a été depuis perdu mais des extraits en avaient été cités par Polyhistor, Apollodore et Abydens. Et voila ce que racontait Bérose au sujet des anciens civilisateurs de son peuple :

" La première année (du règne d'Alôros / Alulim / Ayalu) Oannès sortit de la mer. C'était un animal doué de raison (…) dont le corps revêtait l'apparence d'un poisson mais qui possédait une tête d'homme sous celle du poisson, avec des pieds, également par-dessous, semblables à ceux d'un homme, joints à la queue de poisson, et dont la voix et le langage aussi étaient articulés et humains. On a préservé jusqu'à aujourd'hui une image de lui. Cette bête passa de nombreux jours parmi les hommes, mais il ne prenait pas de nourriture. Il enseigna aux hommes l'écriture, les sciences et toutes les sortes d'arts. Il leur apprit comment fonder des villes, construire des temples, édicter des lois et mesurer les champs, et encore à semer et cueillir les fruits, et d'une manière générale tout ce qui faisait la vie civilisée, il le donna aux humains. Depuis ce temps, rien de nouveau n'a été découvert. Lorsque le soleil se couchait, l'animal faisait de même, Oannès retournait dans la mer, et passait la nuit dans ses profondeurs, car il était lui-même amphibie. Après lui, il y eut d'autres Annedotis au nombre de cinq tous semblables à Oannès dans la forme extérieure et enseignant la même chose…"

Voici la liste des sept annedotis dont parlait Bérose :
- Oannès,
- Deutero-anedottos (le 2ème annedote)
- Euedôkos (Eudoque),
- Eneugamos (Éneugame),
- Eneuboulos (Eneubule),
- Anêmentos (Enémonte),
- Odachos / Anodaphos (Odakôn).

Toujours selon Bérose, voici la liste des sept Lugals (Rois) pré-diluviens qui ont employés ces annedotis comme conseillers :
- Alôros
- Alaparos
- Ammènôn
- Amegaloros
- Daônos
- Amempsinos
- Euedôranchos

Pour en revenir à Oannès, ce héros civilisateur n'est autre que le Uanna des Sumériens. Son nom (U-An) signifiait "Lumière de Anu" (le dieu du ciel).
Il était également connu sous le surnom d'Adapa ("Sage"). L'inscription de fondation du Sanctuaire d'Uruk10 lui donne en effet le nom d'UAn-Adapa. Et dans les « Catalogues des textes et auteurs » on trouve les deux mentions suivantes : "Oeuvres d'Uanna-Adapà" et "Oeuvre réalisée sous la dictée dUanna-Adapà".

Oannés / Uanna faisait partie de ces créatures appelées "Abgals" (Nun-me / En-me) en sumérien et "Apkallus" en Akkadien (= "Grands hommes aquatiques").
Ces Apkallus étaient des génies au service du dieu Enki / Ea (dieu de la sagesse et des eaux douces souterraines). On notera d'ailleurs que le dieu Ea / Enki portait lui-même le nom d' "Apkallu des dieux" (Akal-ilî) car il était leur conseiller.
Plus tard le mot "Apkallu" servira aussi à désigner les prêtres de ce dieu Enki / Ea. Ceux-ci étaient habillés d'un manteau en forme de poisson, ce qui correspond à la description donnée par Bérose pour ses « Annedotis » civilisateurs.
Ces prêtres étaient des exorcistes maîtres de la purification par l'eau et l'huile. On les rencontrait également dans les opérations magiques de fabrication et d'animation des statues des dieux. A l'époque romaine, les Nabatéens de Jordanie avaient encore une catégorie de prêtres appelés "Apkallum".

Les prêtres Apkallus / Abgals sont évoqués dans un passage du texte "Le voyage d'Enki à Nibru" c.1.1.4  :
"Seigneur de la sagesse, Seigneur Enki, Seigneur qui détermine les destins, Nudimmud, Seigneur d'Eridu, ne laisse personne te regarder. Tes prêtres Abgals se lavent les cheveux…" »

Trois types d'apkallūs apparaissent sur les gravures mésopotamiennes; ce sont les suivants :
- Les Apkallus-carpes / Suhurs-Apkallus / Purâdus-Abgals (hommes habillés d'un manteau en forme de poisson) : Surtout à Eridu, Bad-tibira, Larak, et Sippar. >Voir.
- Les Apkallus-humains / Ûmu-Apkallus / Ummânūs (hommes lumineux et ailés) : Surtout à Ur, Nippour, Eridu, Kullab, Kish, Lagash et Shuruppak. >Voir.
- Les Oiseaux-Abgals (Hommes à tête d'oiseau).  >Voir.
- Les Apkallus-oiseaux / Nisrochs (hommes à tête de rapace) : Surtout en Assyrie. >Voir.

Le texte du Bî-Mêseri III d'Uruk donne la liste d'apkallus suivante :
"Voilà les sept carpes (purâdu / Suhur-ku) pures, les carpes de la mer, les sept apkallus nés dans la rivière, qui gardent en ordre les plans du ciel et de la terre :
-Uanna, qui a complété les plans du ciel et de la terre;
-Uannedugga, qui a une large compréhension;
-Enmedugga, à qui un bon sort a été décrété;
-Enmegalamma, qui est née dans une maison;
-Enmebulugga, qui a grandi sur les terres de pâturage;
-Anenlilda, le prêtre purificateur de la ville d'Eridu;
-Utuabzu, qui est monté au ciel;
Voici maintenant les quatre apkallus, d'ascendance humaine (et postdilluviens), que le Seigneur Enki / Ea a dotés d'une large compréhension.
-Nungalpiriggaldim, l'apkallu d'Enmerkar, qui a fait descendre du ciel la déesse Ishtar dans le sanctuaire et qui a fait la harpe de bronze décorée de lapis-lazulis ;
-Piriggalnungal, né à Kish, qui a irrité le dieu Ishkur / Adad au ciel, alors ce dernier n'a permis ni pluie ni croissance dans le pays pendant trois ans;
-Piriggalabzu, né à Adab, qui a apposé son sceau sur un "poisson-chèvre" (Capricorne du dieu Enki / Ea) et a ainsi mis en colère le dieu Enki / Ea dans la mer d'eau douce, de sorte qu'un foulon l'a frappé avec son propre sceau;
- Lu-Nanna, qui est seulement aux deux tiers apkallu, et qui a expulsé un dragon de l'É-Ninkiagnunna, le temple d'Ishtar et de Shulgi… "

(Après ceux-là, les Sages ne s'appelleront plus des "Apkallus", mais des "Ummânus", c'est à dire "Techniciens".)

Le revers de la tablette LKA 76 donne également cette liste incomplète :
"Adapa (?), le prêtre de purification d'Eridu
(…) qui est monté au ciel.
Ils sont les sept apkallus brillants, purādus (carpes) de la mer,
sept apkallus élevés dans la rivière, qui assurent le bon fonctionnement des plans du ciel et de la terre.
-Nunpiriggaldim, l'apkallu d'Enmerkar, qui a fait descendre du ciel Ishtar dans le temple de l'Eanna;
-Piriggalnungal, issu de Kish, qui a irrité Adad au ciel, ce qui a entrainé qu'il ne laissa pas de pluie et donc de végétation dans le pays pendant trois ans;
-Piriggalabzu, issu d'Eridu qui (. . . ) et a ainsi mis en colère Ea dans l'Apsû, ce qui fait qu'il (…) coupé les cordes de (…) le sceau autour de son cou (?) (…)
-Lu-Nanna, seulement aux deux-tiers apkallu, qui a sorti le dragon Ushumgallu de l'Eninkarnunna (Enikiagnunna), le temple d'Ishtar de Shulgi.
(…) d'origine humaine, que le seigneur Ea avait doté d'une large compréhension."

Il y a aussi la « Liste des rois et sages d'Uruk » ULKS / W 20030,7 (Tablette écrite par Anu-bēlshunu, fils de Nidittu-Anu), datée de 164 av.JC, qui liste les Apkallus et Ummânus :
"A l'époque du roi Ayalu, U'an était apkallu,
A l'époque du roi Alalgar, U'anduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammelu'anna (Seigneur des lois), Enmeduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammegalanna (Seigneur des grandes lois), Enmegalamma était apkallu,
A l'époque du roi Enme-Ushumugalanna, Enmebulugga était apkallu,
A l'époque du roi Dumuzi le Sipa (Berger), Anenlilda était apkallu,
A l'époque du roi Enmeduranki, Utu'abzu était apkallu.
Après le Déluge, pendant le règne d'Enmerkar, Nungalpiriggal était apkallu, c'est lui qui a fait descendre des cieux la déesse Ishtar dans l'Eanna et a créé la lyre de bronze décorée de lapis-lazuli, selon la technique de Ninagal (le forgeron d'Ea). La lyre a été placée devant Anu (…) la demeure de son dieu personnel.
(……)
A l'époque du roi Gilgamesh, Sîn-leqe-Unnlni était ummânu (technicien),
A l'époque du roi Ibbi-Sîn, Kabtu-il-Marduk était ummânu,
A l'époque du roi ISbi-Erra, Sidu, alias Enlil-ibni, était ummânu,
A l'époque du roi Abi-ESuh, Shû-Gula et Taqish-Gula étaient ummânus,
A l'époque du roi (…) Esagil-kini-apla était ummânu,
A l'époque du roi Adad-apla-iddina, Esagil-kîni-ubba (Saggil-kina-ubbib ?)était ummânu,
A l'époque du roi Nebuchadnezzar (Nabuchodonosor), Esagil-kini-ubba était ummânu,
A l'époque du roi Assarhaddon d'Assyrie, Aba-Enlil-dari était ummânu, celui que les Ahlaméens (Araméens) appellent Ahiqar, alias Niqaqurushû (Il fut l'auteur d'un livre de maximes de sagesse).
(…) Iniqaqurusu (= Nikarchos, le shaknu d'Uruk )."

On notera que seuls les sept premiers Apkallus, ceux d'avant le déluge, étaient considérés comme d'origine divine. Ils formaient un groupe à part.
Selon l'Hymne du Temple de Ku'ara, tous les sept sages auraient appartenu à l'origine à la ville d'Eridu.

Un extrait du Poème d'Erra (I, 162) dit également ceci à leur sujet : 
"Ces Sept Apkallus de l'Apsû (eaux douces souterraines), carpes saintes, qui, pareils à Éa, leur maître, ont été dotés par lui d'une ingéniosité extraordinaire…"

Parfois on confond les Apkallus avec les Ummanûs.
Ainsi, dans le mythe épique d'Erra et Ishum, iI est expliqué que tous les Techniciens Ummanus ont été envoyés dans l'Apsu avec les matériaux précieux nécessaires pour façonner les statutes divines :

"J'ai fait que les Ummanus descendent dans l'Apsu, et j'ai dit qu'ils ne devaient pas remonter".
Et le dieu Marduk demande :
"Où sont les Sept Techniciens Ummanus de l'Apsû, les purs purâdus (carpes) qui, comme leur seigneur Ea, ont été dotés d'une sagesse sublime ?"

Deux autres Apkallus mortels apparaissent aussi, en tant qu'écrivains, dans quelques textes : un certain Enlil-muballit, apkallu de Nippur sous Enlil-bani de Isin, (dans le texte AMT 105: 24) et un certain Ur-Gatumduga dans l'hymne de Shulgi (dans le texte PBS 1/1 n ° 11).

En ce qui concerne les rois antédiluviens qui ont employés les Apkallus, le texte MS 2855 (vers 2000-1800 av.JC) en donne la liste suivante :
"- Alulim régna comme roi 28000 ans à Eridu.
- Elalgar régna 43200 ans à Eridu.
Puis Eridu fut abandonnée et la royauté passa à Bad-Tibira.
- Ammilu'anna régna 36000 ans à Bad-Tibira.
- Enmegallana régna 28800 ans à Bad-Tibira.
- Dumuzi régna 28800 ans à Bad-Tibira.
Puis Bad-Tibira a été abandonnée et la royauté passa à Larak.
- Ensipazianna régna 13800 ans à Larak.
- Puis Larak a été abandonnée et la royauté passa à Sippar.
- Meduranki régna 7200 ans à Sippar.
- Puis Sippar a été abandonnée et la royauté passa à Shuruppak.
- Uburtutu régna 36000 ans à Shuruppak.
Total des rois : 222600 ans."

La Liste royale sumérienne (2000 av.JC) donne la version suivante :
" Après que la royauté descendit du ciel, elle alla à Eridu.
- Alulim d'Eridu : 28 800 ans (8 sars)
- Alalgar d'Eridu : 36 000 ans (10 sars)
- En-men-lu-ana de Bad-Tibira : 43 200 ans (12 sars)
- En-men-gal-ana de Bad-Tibira : 28 800 ans (8 sars)
- Dumuzid de Bad-Tibira : 36 000 ans (10 sars)
- En-sipad-zid-ana de Larak : 28 800 ans (8 sars)
- En-men-dur-ana de Sippar : 21 000 ans (5 sars et 5 ners)
- Ubara-Tutu de Shuruppak : 18 600 ans (5 sars et 1 ner)
Puis le déluge balaya tout.
Après que le déluge ait tout balayé, la royauté descendit à nouveau du ciel et elle passa à Kish…"

Bien d'autres versions existent encore, parfois assez contradictoires.

Voici une synthèse des listes sur les Apkallus :

Les rois de la Liste d'Uruk Les Apkallus de la Liste d'Uruk Les Apkallus du Bit Meseri Les Apkallus selon Berose
Aalu Ud U'an / U'anna Oannes
Alalgar Udduga / Uanduga Uan(ne)dugga Deutero Anedotos
Amelu'anna Enmeduga Enmedugga Euedokos / Eneudotos
Amegalana Enmengalama Enmegalanna Eneugamos
Enme-Ushumgalana Enmebuluga Enmebulugga Eneuboulos
Dumuzi Enlilda / Anenlilda Anenlilda Anementos
Enmeduranki Utu'abzu Utu'abzu / Utuabba Odakon / Odachos / Anodaphos

Et voici une synthèse des noms des lugals (rois) :

Liste d'Uruk W200 Liste de Bérose Liste A Liste royale WB444 Liste des rois MS-2855 Liste C Liste de Larsa Liste WB62
Aalu Aloros de Babylone 36000 ans Alulim de Kuara 67200 ans Alulim d'Eridu 28800 ans Alulim d'Eridu 28800 ans Alulim d'Eridu 28800 ans Alulim de Subaru Alulim 67200 ans
Alalgar

Alagaros / Alaparos de Babylone10800 ans

Alalgar de Kuara 10800 ans Alalgar d'Eridu 36000 ans Elalgar d'Eridu 43200 ans Elalgar d'Eridu 72000 ans Alalgar de Subaru Alalgar 72000 ans
Ame'luana Amelon / Amillaros de Pantiblia 46000 ans Ameluana de Bad Tibira 36000 ans Enmen- Luanna de Bad Tibira 43200 ans Amminu 'Anna de Bad Tibira 36000 ans Xidunnu de Larsa 72000 ans Kidunu Sakinkin de Larsa Enkidunu 72000 ans
Amegalana Amenon de Pantiblia 43200 ans   Enmen- Galana de Bad Tibira 28800 ans Enmen- Galanna de Bad Tibira 28800 ans Alima de Larsa 21600 ans Ukku de Larsa (...)alimma  21600 ans
      Dumuzi de Bad Tibira 36000 ans Dumuzi de Bad Tibira 28800 ans Dumuzi de Bad Tibira 28800 ans Dumuzi de Bad Tibira Dumuzi 28800 ans
Enme Ushum galana Megalaros de Pantiblia 64800 ans       Enmen Luana de Bad Tibira 21600 ans Enme Luana de Larak Enmen Luana 21600 ans
    En Sipa Zianna de Bad Tibira 43200 ans En Sipa Zianna  de Larak 28800ans En Sipa Zianna de Larak 13800 ans En Sipa Zianna de Larak 36000 ans En Sipa Zianna de Larak En Sipa Zianna 36000 ans
Dumuzi Daos / Daonos de Pantiblia 36000 ans Dumuzi de Bad Tibira 36000 ans          
Enme- duranki Evedorachos de Pantiblia 64800 ans Enmen- Duranki de Sippar 6000 ans Enme- Duranki / Enme- Durana de Sippar / Zimbir 21000 ans Meduranki de Sippar 7200 ans Enne- Duranki de Sippar 72200 ans Enme- Duranna de Sippar Enme- Duranna 72000 ans
          Shurrupak de Shurrupak 28800 ans    
  Amenpsinos de Larak / Laranchi 36000 ans Ubartutu de Shuruppak 6000 ans Ubara Tutukin de Shuruppak 18600 ans Ubartutu de Shuruppak 3600 ans Ubartutu de Shuruppak 36000 ans Ubaratutu  
  Otiartes de Larak 28800 ans         Sukurlam de Shuruppak Sukurlam 28800 ans
  Xisouthros / Sisithros de Larak 64800 ans Ziusudra de Shuruppak 1800 ans       Zirisutra Ziusudra 36000 ans

(En couleur : Les noms qui ont subi un déplacement.)

On peut penser que le concept grec des sept sages, antérieurs aux philosophes, dérive du mythe mésopotamien des sept Apkallus.