Le
symbolisme du Caducée :
Asclépios était le dieu grec
de la médecine et il portait un caducée. Ce
dernier était un bâton autour duquel s'enroulait
un unique serpent. On disait qu'Asclépios s'était
servi de ce bâton pour blesser un serpent et qu'ensuite
il avait vu un autre serpent apporter des herbes médicinales
pour le soigner. En observant ces serpents il aurait ainsi
appris comment guérir les hommes.
>Voir des représentations du caducée d'Asclépios.
Une autre sorte de caducée était
porté par le dieu grec Hermès. Mas ce dernier
n'avait aucun rapport avec la médecine, étant
le dieu des marchands et des voleurs ainsi que le messager
de Zeus. Son caducée s'appelait "kêrúkeion"
c'est à dire "insigne de héraut "
car il était un bâton comme en portaient les
messagers et les diplomates pour être inviolables. A
l'origine ce bâton était en olivier avec trois
rubans blancs ou avec deux branches enroulées à
son extrémité pour former un "8" avec
un seul noeud (un "noeud d'Héraclès / Hercule").
Il est très probable que le rameau d'olivier symbole
de paix provienne de ce kêrúkeion.
>Voir des représentations du caducée d'Hermes.
Plus tard les Romains mettront aussi un caducée
/ kêrúkeion dans les mains de leur dieu Mercure
car ils identifiaient celui-ci au dieu grec Hermès.
Cependant, confondant ce bâton avec celui d'Asclépios
(Esculape en latin) , ils remplaceront les deux branches par
deux serpents . Ils ajouteront aussi une paire d'ailes au
sommet.
Le Romain Caius Julius Hyginus (-67+17) racontait que ce caducée
de Mercure était une baguette d'or que lui avait donné
Appolon et autour de laquelle s'étaient ensuite enroulés
deux serpents en lutte lorsqu' il avait voulu les séparer.
Ce mythe, en fait, n'est que la refonte d'une ancienne légende
grecque disant que le voyant Tirésias s'était
transformé en femme après avoir utilisé
une baguette pour séparer deux serpents en train de
copuler.
>Voir des représentations du caducée de Mercure.
Plus tard, à partir du 16ème
siècle, les médecins reprendront le caducée
comme symbole de leur métier. Mais, les confondant,
ils auront tendance à utiliser aussi bien celui de
Mercure que celui d'Esculape / Asclépios (auquel ils
ajouteront un miroir au sommet).
Les Phéniciens Carthaginois, vers le
2ème siècle av.JC, connaissaient aussi le caducée
dont ils faisaient le symbole de Baal ou du dieu-enfant Joel
(identifié à Hermes / Mercure). Ils gravaient
ce symbole sur des stèles, à côté
du signe de Tanit, symbolisant leur principale déesse.
Il est probable que ce soit au contact des Grecs (et des Romains
?), en Sicile, qu'ils avaient pris connaissance du caducée.
>Voir
des représentations du caducée carthaginois.
Cependant le symbole du caducée médical
pourrait être bien plus ancien que la Grèce.
Il semble bien que, plus anciennement, il existait déja
une tradition mélant serpents et médecine chez
les Hébreux.
En effet, dans II Rois 18,4 il est écrit :
"Il (Ézéchias) ôta
les hauts lieux, et brisa les statues, et coupa les ashères,
et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse
avait fait, car jusqu'à ces jours-là les fils
d'’Israël lui brûlaient de l’'encens
; et on l'’appelait Nehushtan."
Cela signifie que les Hébreux vénéraient
une statue de serpent en airain appelée "Nehustan".
Il est possible que son nom vienne de "Nachoshet"
et signifie "bronze", mais il est plus probable
qu'il vienne de "Naashtan" qui est le pluriel de
"Naash" (serpent).
Étant donné qu'il n'y avait qu'une seule statue
et que le mot est pourtant au pluriel cela signifie qu'elle
représentait au moins deux serpents ... et donc qu'elle
pouvait être un caducée !
C'est dans Nombres 21,6-9 qu'est expliqué
l'origine de cette statue :
"... Et l’'Éternel
envoya parmi le peuple les serpents brûlants, et ils
mordaient le peuple ; et, de ceux d’Israël, il
mourut un grand peuple.
Et le peuple vint à Moïse, et dit : Nous avons
péché, car nous avons parlé contre l'Éternel
et contre toi ; prie l’'Éternel qu'il retire
de dessus nous les serpents. Et Moïse pria pour le peuple.
Et l’'Éternel dit à Moïse : Fais-toi
un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il
arrivera que quiconque sera mordu, et le regardera, vivra.
Et Moïse fit un serpent d’'airain, et le mit sur
une perche ; et il arrivait que, lorsqu’un serpent avait
mordu un homme, et qu’'il regardait le serpent d’'airain,
il vivait."
En réalité ces "serpents
brûlants" n'étaient pas de vrais serpents
mais des "séraphins", ces derniers n'étant
pas conçus à cette époque comme des anges
mais comme des serpents de feu.
Cependant ce texte montre que c'est bien pour un usage médical
que cette statue d'airain fut fabriquée. Cela est donc
compatible avec un caducée comme en avait Asclépios..
Mais on retrouve des caducées encore
plus anciens. L'un d'eux a été retrouvé
gravé sur la coupe de Goudéa de Lagash, dans
le pays de Sumer, vers 2150 av.JC. Il était l'emblème
de Ningishzida / Gizzida / Damu, dieu de la végétation
ou des plantes médicinales dont le nom signifiait "seigneur
du bon arbre". Il était le fils de Ningirda et
de Ninazu ("seigneur guérisseur") dont l'animal-symbole
était le dragon Mush-hussu ("serpent rouge").
Ningishzida avait été enlevé par un démon
qui l'emporta aux enfers sur une barque (voir
texte). La, il semble être devenu un portier du
monde souterrain en compagnie de Dumuzi, un autre dieu de
la végétation qui avait également été
enlevé par les démons. Geshtinanna ("dame
de la vigne"), la soeur de Dumuzi, venait prendre la
place de son frêre pendant la moitié de l'année
pour travailler comme scribe aux enfers. Et Ama Cilama, la
soeur de Ningishzida, semble en avoir fait autant pour son
frêre. Ningishzida avait d'ailleurs épousé
Geshtinanna.
Plus tard, un texte raconte qu'Adapa retrouva Ningishzida
et Dumuzi chez Anu (le dieu du ciel) ou ils avaient été
"mutés". Ils étaient devenus les portiers
de son palais céleste ainsi que les distributeurs de
l''"eau de la vie" et du "pain de vie",
aliments donnant l'immortalité aux dieux.
Etant associé aux plantes (par son nom et par sa femme),
à la médecine (par son père), au ciel
et aux enfers (par ses séjours) ainsi qu'à l'usage
des produits donnant l'immortalité, Ningishzida devait
être un dieu pour qui la santé, la vie et la
mort n'avaient plus aucun secret.
Son animal-symbole était le dragon Mush-hussu (comme
son père) ou la vipère cornue Basmu, (correspondant
à l'actuelle constellation de l'hydre). Un texte l'appelle
d'ailleurs "Ningishzida, qui rassemble les serpents géants
et les dragons".
>Voir des représentations du caducée de Ningishzida.
Chez les Élamites on trouvait également
le symbole du "double-serpent", tant dans le royaume
d'Anshan que dans celui de Suse, et cela dés l'époque
de Suse-B (3400-2800 av.JC). ainsi qu'à Jiroft dans
le Kerman.
A Suse, In-shushinak ("Seigneur de Suse"), le dieu
de la mort, avait pour attribut un serpent à tête
de dragon.
En Anshan le dieu Napiri-sha ("dieu-grand") chevauchait
un serpent androcéphale représentant les eaux
primordiales. Il était l'équivalent. d'Ea /
Enki, le dieu mésopotamien des eaux souterraines.
>Voir
des représentations du double-serpent à Jiroft.
>Voir d'autres représentations
du double-serpent à Jiroft.
Chez les les Élamite de Suse-B (3400-2800 av.JC) on
a retrouvé aussi des représentations de "serpopards",
animaux fabuleux à tête de léopard et
aux longs cous entremêlés en noeuds de caducée.
>Voir des représentations des double-serpents élamites
et des serpopards.
Vers 3000 av.JC, en Égypte, la palette
de Narmer (le 1er Pharaon) représente exactement les
mêmes serpopards aux cous entremêlés. Et
un peu plus anciennement, à l'époque de Nagada,
des manches de couteaux égyptiens étaient ornés
de véritables caducées à deux serpents.
>Voir des représentations du caducée égyptien.
Le symbole du caducée à deux
serpents entrelacés s'est également introduit
en Inde à une date inconnue : Chez les Dravidiens,
il est sculpté sur des pierres appelées "Nagakkâls"
qui sont associées à la fertilité. Souvent
elles représentent le linguam (phallus) du dieu Shiva
et les serpents sont accompagnés de symboles shivaïstes
(le taureau Nandi par exemple).
>Voir des représentations des nagakkals.
>Voir d'autres représentations de nagakkals.
En Inde le caducée symbolise également les nadis
(canaux) véhiculant l'énergie vitale kundalini.
La baguette du caducée représentant Sushumna,
le nadi central parcourant la colonne vertébrale, et
les deux serpents représentant Ida et Pingala, les
deux nadis secondaires s'enroulant autour du Sushumna.
>Voir des représentations des nadis.
Et le symbole du caducée semble avoir
été connu encore plus à l'est. Les Chinois
racontent que les habitants du Dian (ancien royaume thaï
du sud-ouest de la Chine) érigeaient des "she",
c'est à dire des colonnes de pierre avec un serpent
enroulé autour (en chinois "she" signifie
serpent").
A l'époque de la dynastie Han (206 av.JC - 220 ap.
JC), les Chinois racontaient qu'ils avaient été
civilisés jadis par le souverain Fou-hi (Fuxi) et la
souveraine Niu-wa (Niugua), qui étaient à la
fois frêre et soeur mais aussi mari et femme. On les
représentait comme des humains avec le bas du corps
en forme de serpent. Et les deux queues de serpents étaient
entrelacées comme dans un caducée, ce qui symbolisait
l'acte sexuel selon certains.
>Voir
des représentations de Fouhi et Niuwa.
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