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Les chakras :                                                                              

 



Les chakras sont sept "centres psychiques", décrits comme des sortes de tourbillons énergétiques invisibles, trés à la mode dans les milieux ésotériques occidentaux à notre époque. Ils sont disposés le long de la colonne vertébrale et les new-ages prétendent que chacun d'eux réveille des pouvoirs parapsychiques latents lorsqu'on parvient à l'activer.
Leur nom signifie "roue / disque" mais on les appelle aussi "padmas", ce qui veut dire "lotus" (car on les représente souvent entourés de pétales).

Les données sur ces chakras proviennent des textes de l'hindouisme qui ont été révélés en Occident, vers 1919, par Arthur Avalon (Sir John Woodroffe,1865-1936), avec à son livre "La puissance du serpent". Cet auteur avait reçu une véritable initiation tantrique et avait été autorisé par des maîtres compétents à publier des textes et des commentaires.

Parmi les textes hindouistes, le Yoga Kundalini Upanishad 9-11 décrit les chakras ainsi :
" Il y a six chakras : Muladhara se trouve vers l'anus, Svadhisthana (="siège de la force vitale") près des organes génitaux, Manipura (="joyaux avancé") dans le nombril, Anahata (="son spontanné") dans le cœur, Vishuddhi (="pureté") à la base du cou, et Ajna (="commandement") dans la tête, entre les deux sourcils. "

Et le Yoga Chudamani Upanishad 4-6 écrit :
" Comment pourrait atteindre à la perfection celui qui les ignore ? Il y a tout d'abord la base (Muladhara), chakra à quatre pétales, puis le centre de son propre soi (Svadhisthana), à six pétales.
Au nombril (Manipura), il y a le chakra à dix pétales, et au cœur (Hridaya), le chakra à douze pétales. Puis le centre de purification (Vishuddha), à seize pétales, et dans l'espace entre les sourcils (Bhrumadhya), le chakra à deux pétales.
Le lotus à mille pétales (Sahasrara) se tient sur la fontanelle (Brahmarandra), là où s'ouvre le sentier sublime."


> Voir image 1  -  > Voir image 2   -  > Voir image 3

Hélas, rapidement, des occultistes et autres illuminés occidentaux vont s'emparer du sujet pour le répendre sous une forme déformée. C'est ainsi qu'en 1927 le théosophes Charles Webster Leadbeater (1847-1934) publia "Les chakras", un livre de vulgarisation qui donne sa vision personnelle des choses.

Le tableau ci-dessous indique les positions des septs chakras telles qu'elles sont décrites par les Tantrikas (Hindouistes Tantriques) et les New-ages occidentaux. Les glandes et les plexus correspondant (selon les théosophes) sont également indiqués :

Chakras hindouistes
Nbre de pétales
Chakras new-ages
Nbre de pétales
Glandes
Plexus
Vertebres
Sahasrâra (sommet du crâne)
1000
C. coronal
972
pinéale    
Ajnâ (entre les sourcis)
2
C. frontal
96
pituitaire   1ère cervicale
Vishuddha (gorge)
16
C. laryngé
16
thyroïde laryngé

3 ou 6 ème cervicale

Anâhata (au dessus du coeur)
12
C. cardiaque
12
thymus pulmonaire 5 ou 8 ème dorsale
Manipûra (au dessus du nombril)
10
C. ombilical
10
pancréas lombaire 8 ème dorsale ou 1ère lombaire
Svadhisthana (entre sexe et nombril)
6
C. splénique
6
surrénales splénique 1 ou 5 ème lombaire
Mûlâdhara (entre anus et sexe)
4
C. racine
4
gonades coccygéal 4 ème sacrée

On trouve plusieurs divergences dans la description des chakras en Inde et en Occident.
C'est ainsi que le chakra "splénique" des Occidentaux est placé prés de la rate alors que le chakra correspondant chez les Hindouistes Tantrikas (le Svadhisthana) est placé plus loin, entre le sexe et le nombril.
Le chakra coronal est considéré comme un vrai chakra par les Occidentaux alors que les Hindouistes Tantrikas ne le mettent pas sur le même plan : pour eux le Sahasrâra n'est pas un chakra mais correspond au Brahmarandhra (ouverture du Brahman). C'est un orifice (la fontanelle) par lequel notre esprit peut se fondre dans le divin. D'ailleurs le Shatchakranirûpana et le Yoga Kundalini Upanishad citent seulement six chakras, en omettant le Sahasrâra.
Les couleurs associées aux chakras sont également assez divergentes entre les Occidentaux et les Tantrikas. En fait, les textes sont assez contradictoires tant en occident qu'en Inde sur ce sujet, ainsi que le montre le tableau ci-aprés :

Chakras
1
2
3
4
5
6
7 8 9 10 11
Sahasrâra 
irisé
?
 
?
?
?
?
?
?
 
Ajnâ
 
?
     
?
?
     
Vishuddha
 
             
udâna
Anâhata 
                 
prâna
Manipûra
             
?
 
samâna
Svadhisthana
irisé
               
nyâna
Mûlâdhara
                 
apâna
1 = Selon les New-ages. 
2 = Selon Leadbeater (1927).
3 = Selon Jean Varenne (1926-1997).
4 = Selon Campigny (1941).
5 = Selon le Shatchakra Niroupana.
6 = Selon le Shiva Samhita (17-18e s).
 

7 = Selon le Garuda Purana.
8 = Selon le Karma Purana.
9 = Selon Brojendranath Seal (1864-1938).
10 = Selon Ajit Mookerjee.
11 = Couleurs des 5 souffles pranas.

Même en Inde, la tradition n'est pas restée fixe. Ainsi le nombre de pétales assigné à chaque chakra a pu changer.
C'est ainsi que, dans le Yoga kundalini Upanishad, il est dit que le Anâhata a 16 pétales (au lieu de 12)

Dans le Saubhagya Lakshmi Upanishad III-4, il est dit que le Anâhata chakra a 8 pétales (au lieu de 12:
"La quatrième, la roue du cœur, possède huit pétales et elle est tournée vers le bas."

Idem dans le Dhyânabindou Upanishad 26 :
"Le lotus du cœur est composé de huit pétales entourant trente-deux étamines."

Par contre au chapitre 50 il est écrit que l'Anâhata chakra a 12 pétales :
"... s'en vient tourbillonner dans cette grande roue aux douze rayons, l'Anahata chakra ..."

Et dans le Yoga-Shudamani upanishad 13 (et le le Shândilya Upanishad ?), le Manipûra a 12 pétales (au lieu de 10) :
"Dans la région de l'ombilic, se trouve un chakra que l'on appelle souvent Manipûra; c'est un grand chakra à douze pétales, dont l'essence est l'au-delà des notions de bien et mal."

Et le nombre de chakras, chez les Tantrikas, n'a pas toujours été fixé à sept (ou à six, si on ne tient pas compte du Sahasrâra). En fait ce n'est que vers le 11ème siècle que le nombre sept s'est imposé.

Ainsi le Bhavana Upanishad dit qu'il y a neuf chakras :
"Les neuf chakras sont en affinité avec les pouvoirs des mudras."

E
t le Vijnanabhairava Tantra semble affirmer qu'il y en a plutôt douze :
"De centre en centre, de proche en proche, l’énergie vitale, tel un éclair jaillit jusqu’au sommet du triple poing, tant qu’à la fin le grand Éveil se produit. Les douze modalités successives correspondent exactement à la distinction en douze phonèmes. S’étant libéré graduellement des conditions matérielle, subtile, et suprême, en dernier lieu, on s’identifie à Shiva même."

Effectivement, en se basant sur d'autres sources, on voit que de nombreux "chakras secondaires" sont cités. Par exemple, le Saubhagya Lakshmi Upanishad décrit un chakras suplémentaire sur la luette, et un autre, à 16 pétales, au dessus du Sahasrâra.
En compilant ces différents textes, on peut ainsi atteindre le nombre de 12 chakras en tout (ou de 13 si on ajoute le Sahasrâra), ainsi que le montre ce tableau :

Chakras classiques
Benoy Kumar Sarkar (1887–1949
Mahanirvana Tantra
Shyams Sundar Goswami
Sahasrâra 
(sommet du crâne)
Sahasrâra  Sahasrâra Sahasrâra
      Guru (12 pétales)
      Nirvana (100 pétales)
  Soma (16 pétales) Soma (6 pétales) Indu (16 pétales)
(sur le front)
  Manas (8 pétales) Manas (6 pétales) Manas (6 pétales)
Ajnâ
(entre les sourcis)
Ajnâ Ajnâ Ajnâ
  Lalâna (12 pétales) Kala Talu (61 pétales)
(racine du palais, luette)
Vishuddha
(gorge)
Bhâratisthâna Vishuddha Vishuddha
Anâhata / Hridaya  
(dessus du coeur)
Anâhata  Anâhata Anâhata
      Hrit (8 pétales)
(au coeur)
Manipûra
(dessus du nombril)
Manipûra Manipûra Manipûra
Svadhisthana
(sous le nombril)
Svadhisthana Svadhisthana Svadhisthana
Mûlâdhara
(périnée)
Âdhara Mûlâdhara Mûlâdhara

Dans le Acararka Paramapara Devapatha sont décrits également 12 chakras (rangés en 4 groupes de trois) mais ils portent des noms différents : Muladhara, Svadhisthana, Manipura, Hrit, Hridaya (= Anahara), Vishuddha, Manobhava (= Lalana ?), Ajna, Sadayathana (= Manas ?), Soma, Mulakarana (= Nirvana ou Guru ?) et Sahasrara.

Les Tantrikas disent aussi que le corps contient de nombreux nadis ("canaux") véhiculant le prana ("souffle vital").
Selon le Bhutashuddi Tantra, ceux-ci sont au nombre de 72000.
Selon le Prapanchasâra Tantra, ceux-ci sont au nombre de 300000.
Selon le Siva Samhitâ, ceux-ci sont au nombre de 350000.
Mais seuls 14 d'entre eux sont importants : Sushumnâ, Ida, Pingala, Gandhari, Hastajihva, Kuhu, Saraswati, Pusha, Sankhini, Payashvini, Varuni, Alambusha, Vishvodhara et Yashasvini.
(Dans le Dhyânabindou Upanishad et le Yoga Shudamani Upanishad, les nadis Saraswati, Pasyasvini, Varuni et Vishvodhara sont omis. Mais ils sont tous cités dans le Sandilya Upanishad, le Gheranda Samhita, le Hatha Yoga Pradipika et les Yoga Sutras de Patanjali.)

Le plus important de ces nadis est le Sushumnâ, qui traverse la colonne vertébrale du périnée jusqu'au sommet du crane, en reliant tous les chakras. A sa base se trouve une énergie symbolisée par la Shakti Kundalini ("Déesse lovée en serpent ") endormie. Lorsqu'on parvient à l'éveiller, elle monte dans la Shushumnâ, en activant les chakras au passage, et elle atteint le Saharâra ou elle s'unit à Brahma (c'est à dire qu'on atteint l'extase spirituelle).

Le Yoga Kundalini Upanishad 7 explique :
"Le yogi avisé doit saisir la kundalini là où elle se tient, dans le Muladhara, et la tirer jusqu'au Sahasrara, le lotus aux mille pétales qui couronne la tête. Ce processus est ce qu'on nomme Shakti Chalana, l'ascension de l'énergie divine."

Lors de sa montée, la kundalini, perce également trois "noeuds" : le Brahma-Granthi (noeud de Brahma), le Vishnu-Granthi (noeud de Vishnu) puis le Rudra-Granthi (Noeud de Rudra / Shiva).

Le Varaha Upanishad dit :
" Par ce balancement de la colonne vertébrale, la déesse (Kundalini) qui se tient en son centre s'ébranle. C'est tout d'abord au Brahma Granthi qu'elle se perce un passage. Ensuite, elle perce le Vishnu-Granthi, puis le Rudra-Granthi. "

Et le Yoga Kundalini Upanishad 85-86 explique :
"Échauffée par Agni et attisée par Vayu, la Kundalini se perce un passage à travers le Brahma Granthi, puis à travers le Vishnu Granthi. Puis elle se perce un passage à travers le Rudra Granthi, et à travers les six lotus (chakras). Alors la Shakti jouit de l'union avec Shiva dans le lotus aux mille pétales (Sahasrâra). Cet état doit être reconnu comme étant le plus haut qui soit et le seul qui octroie la béatitude finale."

Ces trois noeuds sont formés par le croisement du nadi Shushumnâ (appelé aussi Sarasvati) avec deux autres nadis : Le nadi négatif Idâ (appelé aussi Ganga) et le nadis positif Pingalâ (appelé aussi Yamunâ). Ces deux nadis zig-zaguent en effet autour du Shushumnâ en formant un motif ressemblant à un caducée.
Le problème est que les textes ne sont pas d'accord sur le nombre d'ondulations et de noeuds que forment ces deux nadis. > Voir image .
Certains parlent de trois noeuds : Brahma, vishnu et rudra.
D'autres citent deux noeuds : le Yukta triveni en bas et le Mukta triveni en haut.
Le Siva Samhita 5.127 prétend même qu'il y aurait 8 noeuds en tout :  
"Quand tous les nâdî sont fermés au niveau des huit noeuds, et que seule la kundalinî est libre, le passage de Brahmâ peut s'ouvrir."

Le tableau ci-dessous montre la position des noeuds selon les différents modèles :

Chakras
2 noeuds 3 noeuds 4 noeuds 5 noeuds 6 noeuds 7 noeuds
Sahasrâra 
   
     
             
Ajnâ
 
       
 
Vishuddha
   
 
 

     
 
Anâhata 
 
   
 

     
 
Manipûra
   
 
 
       
 
Svadhisthana
       

           
Mûlâdhara

Mais de quand datent les premiers écrits sur les chakras ?
Les plus anciens connus se trouvent dans les Upanishads tardifs qui parlent du yoga. Il est difficile de dater exactement ces textes, mais ils doivent avoir été écrits vers les premiers siècles aprés JC.
On pense que, parmi eux, les deux plus anciens sont le Yogatattva Upanishad et le Brahman Upanishad.

Dans le Yogatattva Upanishad 83-98, il est écrit :
"Il y a les cinq éléments : Prithvi (terre), Apas (eau), Agni (feu), Vayu (air) et Akasa (éther).
Pour le corps des cinq éléments, il y a cinq Dharanas. Des pieds aux genoux il y a la région de Prithvi (terre), elle a une forme à quatre côtés (carré) de couleur jaune et porte la lettre HA...
La région de l'Apas (eau) s'étend des genoux à l'anus. Apas a une forme de demi-lune, de couleur blanche et porte la lettre VA comme Bija (lettre-semence) ...
De l'anus jusqu'au coeur s'étend la région d'Agni (feu). Agni est de forme triangulaire, de couleur rouge et porte la lettre RA pour semence...
Du cœur jusqu'au milieu des sourcils se trouve la région de Vayu (air). Vayu est de forme hexagonale, de couleur noire et brille avec la lettre YA...
Du centre des sourcils jusqu'en haut de la tête se trouve la région de l'Akasa (éther), elle est de forme circulaire, de couleur fumeuse et brille avec la lettre HA."

Les éléments, couleurs et symboles associés à ces régions correspondent exactement à ceux que l'on associera plus tard aux chakras Mûlâdhara, Svâdhisthana, manipûra, Anâhata et Vishuddha ... par contre leur emplacement est trés différent. Ce ne sont donc encore que des "proto-chakras".

Dans le Brahman Upanishad 3, il est écrit :
"Sache maintenant que ce Purusha (esprit) a quatre emplacements dans le divin Brahmapura, le corps humain : le nâbhi (nombril), le hridaya (coeur), le kantha (gorge) et le mtudhâ (tête). Là, brille le Brahman sous ses quatre aspects : jagrat (l'état de veille), svapna (l'état de rêve), sushupti (l'état de sommeil profond), et turiya (l'état quatrième transcendantal). Dans l'état de veille, Il est Brahma; dans le rêve, Il est Vishnu; dans le sommeil profond, Il est Rudra (Shiva); dans le quatrième état, Il est Akshara, l'Unique, suprême et indestructible."

A cette époque, il y avait donc seulement quatre proto-chakras, sans noms mais correctement placés, et ils étaient associée à des états de conscience.

Dans le Brahman Upanishad 21-22, il est écrit :
"Le sanctuaire du coeur ressemble au calice du lotus, plein de cavités, mais aussi tournant sa face vers la Lumière supérieure. Sache qu'il est le réceptacle de l'univers en son entier.
Sache également que l'état de veille a son centre dans les yeux; l'état de rêve, dans la gorge; l'état de sommeil profond, dans le coeur; et l'état transcendantal, au sommet du crâne."

Cet autre passage cite également quatre proto-chakras, mais ils sont cités dans le sens inverse, et celui du nombril est remplacé par le sommet du crâne, ce qui rompt l'ordre logique de la première liste. Cela indique soit qu'il y a eu une erreur de copie, soit qu'il s'agit d'un système de cinq chakras maladroitement présenté.

On notera d'ailleurs que, même actuellement, les Hindouisres Tantrikas Shivaîstes du Cachemire ne reconnaissent encore que cinq chakras.


Au début, la doctrine des chakras, décrite dans les Upanishads tardifs, était utilisée par les Hindouistes Yogins (adeptes du Yoga). Pour éveiller la Kundalini ils utilisaient en effet les techniques du Hatha-yoga et du Kundalini-yoga : Asanas (postures), yamas (régimes), prayanamas (exercices respiratoires), dharana (concentration), etc ....

Mais vers la même époque (au 5ème siècle aprés JC) la Kundalini était également utilisée par un autre courant Hindouiste, celui des Shaktas / Tantrikas (adeptes du Tantrisme hindouiste). Ce courant utilisait les mantras (incantations), les mudras (gestes), les yantras (figures géométriques) et l'ascèse sexuelle. Sa doctrine était décrite dans les livres Tantras.
Plus tard ces deux courants hindouistes fusionneront, la partie "Yoga" étant appelée "Tantra blanc" ou "Daksinâcâra" (voie de la main droite) et la partie sexuelle étant appelée "Tantra rouge" ou "Vâmâcâra" (voie de la main gauche).

Cependant les pratiques du Tantrisme n'étaient pas une invention des Hindouistes car elles étaient déja apparues un siècle plus tôt (au 4ème siècle aprés JC) chez les Bouddhistes. (Une forme de proto-Tantrisme semble même être décelable dans le Dharani Pitaka, livres bouddhistes datant de vers le 1er siècle aprés JC).
Actuellement ce Tantrisme bouddhiste (Tantrayana) a disparu de l'Inde, mais il survit encore au Thibet sous la forme du Bouddhisme Vajrayana.

Chez les Thibétains, on peut donc retrouver des données restées plus primitives sur les chakras. Ceux-ci y sont appelés "khorlos", le nadi Shushumnâ est appelé "Mu / Ouma", le prana est appelé "Lung" et la Kundalini est appelée "Tummo".
Les khorlos sont au nombre de cinq, comme dans le Yogatattva Upanishad, mais ils sont placés d'une manière moins déroutante.
Il existe aussi un autre système avec 6 khorlos (4 principaux plus deux secondaires). Les khorlos principaux étant ceux ou les tsas (nadis) Roma et Kyongma (Ida et Pingala) forment le plus de noeuds. Ici le Tummo monte par la colonne vertébrale jusqu'au sommet du crâne, pour redescendre ensuite devant, vers le point situé entre les deux sourcils (et qui ne semble pas être compté parmi les khorlos).
> Voir image 1 - > Voir image 2

Voir dans le tableau ci-dessous :

Chakras hindouistes
Khorlos tibétains 1
Khorlos thibétains 2
Sahasrâra 
(crâne)
1000 pétales
     
Vent
32 pétales
1 noeud
Éveil
Ajnâ
(sourcis)
2 pétales
 
Cerveau
Éther
-?-
Veille
Vishuddha
(gorge)
16 pétales
Éther
Gorge
Air
Gorge
16 pétales
1 noeud
Rêve
Anâhata
(coeur)
12 pétales
Air
Coeur
Feu
Coeur
8 pétales
3 noeuds
Sommeil
Manipûra (nombril)
10 pétales
Feu
Nombril
Eau
Nombril
64 pétales
1 noeud
Veille
Svadhisthana (sexe/nombril)
6 pétales
Eau
 
Place secrète
32 pétales
Rêve
Mûlâdhara (périnée)
4 pétales
Terre
Périnée
Terre
Bijou
8 pétales
Sommeil

Cependant les pratiques utilisant les chakras et la Kundalini ne semblent pas être non plus une invention des Bouddhistes. En effet ceux-ci avaient été devancés par les Chinois Taoistes. Et il est probable que ce sont les missionnaires bouddhistes qui ont rapporté ces pratiques de leurs voyages en Chine vers le 3ème siècle aprés JC (ou même avant).

Les Chinois Taoistes, en effet, connaissaient déja tous les concepts du Tantrisme, probablement dés avant JC.
Chez eux l'énergie ou souffle vital (Prana) s'appelait "QI / CHI", les nadis s'appelaient "KINGs", la Kundalini s'appelait "JING" et les chakras s'appelaient "DAN-TIENs", ce qui signifie "champs de cinabre". Ce nom évoque le cinabre (sulfure de mercure) que les alchimistes chinois Taoistes utilisaient dans leurs essais de transmutation. Cette alchimie s'appelait WEI-DAN ("alchimie externe"), mais, il en existait une autre : la NEI-DAN ("alchimie interne") qui consistait à transmuter le corps lui-même pour le rendre immortel. On disait que son but était de produire le HUAN-DAN, "l'élixir d'or" ou "cinabre du retour à l'unité primordiale", à partir du souffle QI, de l'essence JING et de l'esprit SHEN.

Le plus ancien alchimiste chinois connu était LI SHAOJUN (mort en 133 av. JC). Il cherchait à transmuter le cinabre en mercure par l'alchimie externe, mais cherchait aussi à transmuter le corps en esprit immortel par l'alchimie interne, en utilisant un régime sans céréales.

LIEOU-AN / HOUAINANTZEU (mort en 122 av.JC) pratiquait aussi l'alchimie et fut le premier à parler du souffle vital QI.
(Il est possible qu'une même tradition alchimiste ait alors existé en Inde car on connait Vyâdi, un alchimiste hindouiste qui aurait vécu au 1er siècle avant JC. Et Bolos de Mendes,le premier alchimiste gréco-égyptien, aurait vécu vers la même époque à Alexandrie).

WAIPOYANG (mort en 142 ap.JC) écrivit le premier manuel d'alchimie, le CANDONG-QI / TSAN-TUNG-CHI. Il passa de l'alchimie externe à l'alchimie interne et fut le premier à parler des DAN-TIENs situés dans le corps et à utiliser des techniques de rétension du souffle et du sperme pour atteindre l'immortalité.

WEI HUACUN / WEI HUA-TSUN (225-334), une taoiste, écrivit le livre HUANG TING WAIJING ("L'écrit radiant externe de la cour jaune") qui décrit une ou deux 'Cours jaunes', c'est à dire des DAN-TIENs :
"La Cour jaune est dans la tête. Elle englobe trois palais connu sous le nom de 'Temple de la Lumière', 'Chambre-caverne', et 'Champ d'élixir'; En partant de la zone entre les sourcils et en allant vers l'arrière de la tête : Après un pouce, il y a le Temple de la Lumière, après deux pouces, il y a la Chambre-caverne; après trois pouces, il ya le champ d'élixir. Ces trois palais constituent la Hauteur ultime.
(...)
Selon une autre explication, la Cour Jaune est la rate. Elle est située à un pouce au-dessus du grand magasin (l'estomac). La rate est le siège du Dieu du Centre, le Seigneur jaune Lao.
(...)
Le Champ d'élixir est situé à trois pouces sous le nombril. Il fait environ trois pouces carrés. Son QI est subtil et merveilleux.
"

GE-HONG / KO-HONG (283-343) écrivit le livre alchimique BAO-PU-ZI (en 332) ou sont décrits également des exercices respiratoires (XING-QI) et sexuels (FANG ZHONG SHU). Son but était de trouver le CHIN-TAN / JIN-DAN (élixir de vie).

Ces Taoistes pensaient que, dans notre corps, se trouvaient trois centres appelés DANTIENs ou TANTIENs (l'équivalent des chakras) :

- Le XIAO-DANTIEN (DANTIEN inférieur) / HUA-SHI (étang fleuri) / HUANG-TING-GONG (palais de la cour jaune), situé derrière le nombril, face aux deux reins. C'est le siège du dieu appelé "le Un inférieur" ou le petit YINGER. Au IVème siècle il était placé à 2 pouces sous le nombril; plus tard on le placera à 3 poucesl.

- Le ZHONG-DANTIEN (DANTIEN médian) / ZHONG-LIAN-SHI (étang médian du lotus) / JIANG GONG ou XIANG-GONG (palais écarlate) / TU-FU (chaudron de terre), situé à trois pouces en-dessous le coeur, derrière lui. C'est le siège du dieu appelé "le Un médian" ou ZHEN-REN (Homme réel).

- Le SHANG-DANTIEN (DANTIEN supérieur) / SHANG-LIAN-SHI (étang supérieur du lotus) / YUTING (chaudron de jade), appelé aussi NIWAN, ce qui signifie théoriquement "pilule de boue" ... mais qui est plutôt la déformation du terme bouddhiste "Nirvana". Il est situé dans le crane, derrière les sourcis, à l'intérieur du "palais mystérieux" (pinéale). C'est le siège du dieu appelé "le Un supérieur" ou CHIZI-DIZUN (le Seigneur impérial nouveau-né).

Certains parlent encore d'un autre DANTIEN, le XUAN-DAN-GONG (palais du cinabre mystérieux), centre invisible situé au-dessus de la tête et siège du dieu suprême "Seigneur grand-Un" sous la forme d'un bébé.

Les DANTIENs étaient aussi le siège de trois démons appelés GUs ("vers") à partir du 2ème siècle aprés JC, et SHIS ("cadavres") aprés le 4ème siècle aprés JC. Celui du DANTIEN inférieur s'appelait XUE-SHI ("cadavre sanglant"), celui du DANTIEN médian était BAI-GU, la "demoiselle blanche", et celui du DANTIEN supérieur était QING-GU, le "vieux bleu".
Ces trois créatures allaient rapporter tous les pêchers de leur détenteur au Seigneur du ciel, incitant celui-ci à abréger sa durée de vie en punition. Pour atteindre l'immortalité il était donc nécessaire de se débarasser d'eux grace à un régime spécial excluant toute céréale (de tels régimes spéciaux existent aussi chez les Hindouistes Tantrikas).

On disait aussi que le DANTIEN inférieur contient l'essence JING, de nature sexuelle. Cette dernière étant de deux sortes : Il y a le XIANTAN-JING (Essence innée) qui provient de l'hérédité et est associée au sperme et au sang menstruel. Et il y a le HOUTIAN-JING (Essence acquise) qui est produite à partir du souffle et de la nourriture dans le JING-SHE (Demeure de l'essence), prés du DANTIEN inférieur.
Le DANTIEN médian contient le souffle QI provenant de la respiration.
Et le DANTIEN supérieur contient l'esprit SHEN.
Tout cela fait penser aux cinq vayus ('"souffles") des Hindouistes, qui sont situés chacun dans la région d'un des cinq chakras inférieurs : Apana, Vyâna, Samâna, Prâna et Udâna.

Pour rallonger sa vie il était nécessaire d'économiser son JING. Il était même intéressant d'accroitre celui-ci en l'"émouvant" grace à la présence du sexe opposé ... mais il fallait ensuite éviter de le dépenser lors de l'acte sexuel. Les Taoistes avaient donc mis au point une technique sexuelle (FANG-TCHONG) de rétension du sperme, exactement comme les Tantrikas.
L'essence de l'homme était appelée "essence YANG" (essence masculine / sperme) et l'essence de la femme était appelée "essence YIN" (essence féminine / sang menstruel). Pour conserver la jeunesse, il était conseillé aux hommes d'aspirer l'essence YIN de nombreuses jeunes femmes tout en conservant leur essence YANG. Ainsi leur essence YANG était renforcée par l'essence YIN. Le SUNU-JING dit que l'empereur HUANGDI serait devenu immortel ainsi. De même il était conseillé aux femmes de vampiriser l'essence YANG de nombreux jeunes hommes afin de renforcer leur essence YIN. Selon Zhuangzi, auteur du 4ème siècle av.JC, la déesse XIWANGMU conservait sa jeunesse ainsi, en couchant avec de nombreux jeunes hommes à qui elle soutrayaiit leur énergie YANG :
"C'est une femme qui obtint le Tao en nourrissant son propre yin."

Un autre texte précise :
"La reine du paradis occidental (XIWANGMU) n'a aucun mari mais elle aime copuler avec de jeunes garçons. Ce secret, cependant, ne devrait pas être divulgué, de peur que d'autres femmes n'essayent d'imiter les méthodes de la Reine-mère."

Dans les mythes chinois, on trouve aussi les HULU-JINGs, ce sont des renards capables de se transformer en belles jeunes filles pour séduire les hommes et les vampiriser de leur essence YANG, afin d'atteindre l'immortalité. (On représente souvent un tel renard à coté de XIWANGMU). Des mythes comparables existent au sujet des chats et des blaireaux. (On remarquera que ces trois animaux cités correspondent à trois constellations chinoises placées à cheval sur les constellations occidentales de la balance et du scorpion).

Pour transmuter leur corps et le rendre immortel, les Taoistes avaient également mis au point la technique du TAI-XI (Respiration embryonnaire) qui tentait de reproduire la respiration du foetus (par le cordon ombilical). Cela consistait à avaler de l'air par l'oesophage au lieu de l'aspirer par la trachée. Puis on retenait sa respiration le plus longtemps possible afin conserver l'air et de se "nourrir des souffles" c'est à dire du QI contenu dans l'air. (C'était donc une forme d'aérophagie !) Le QI était ensuite descendu jusque dans le DANTIEN inférieur ou il se mélait à l'essence JING, puis les deux remontaient le long du canal médulaire pour traverser le DANTIEN médian et atteindre le DANTIEN supérieur afin d'y "réparer le cerveau".

Bien qu'assez divergents, les textes décrivaient l'opération ainsi :
Le QI et le JING étaient symbolisés par le MERCURE HUNG et le PLOMB K'IEN ou par le DRAGON LUNG et le TIGRE HU (les alchimistes occidentaux parlaient du MERCURE volatile et du SOUFRE fixe, ou du ROI et de la REINE).
L'essence JING véritable / TCHEN-YIN (YIN véritable) était l' "Eau véritable" contenue dans le feu YANG du coeur. Elle était symbolisée par une fille en noir qui descendait dans le corps.
Le souffle QI véritable / TCHEN-YANG (YANG véritable) était le "Feu véritable" contenu dans l'eau YIN des reins. Il était symbolisé par un garcon en rouge qui montait dans le corps.
La fille montant et le garcon descendant se rencontraient dans la chambre jaune HOANG-WOU (rate ?). On appelait cela l" "Union du Tigre YIN et du Dragon YANG" ou le "petit retour au champs de cinabre". Dans le "grand retour au champs de cinabre", cette union avait lieu dans le NIWAN (DANTIEN supérieur). De cette union naissait la "perle noire / germe jaune" qui devait être descendu dans le DANTIEN inférieur.
C'est à dire que l'union créait le SHEN (esprit) immortel, ce dernier apparaissant symboliquement sous la forme d'un "embryon mystérieux" qui devait se développer. Le CANTONGQI l'appelait l' "enfançon" ou la "perle", et l'alchimiste DAOZHANG l'appelait XUAN-ZHU (la perle mystérieuse) ou LU-ZHU (la perle de rosée). Cet embryon était concu dans le DANTIEN inférieur (trois pouces sous le nombril), se développait dans le DANTIEN médian puis naissait dans le DANTIEN supérieur. Ensuite il ne fallait pas le laisser sortir tout de suite par la "porte du ciel" (fontanelle) car il était encore trop faible. Il fallait l' "alaiter" encore pendant trois ans jusqu'à ce qu'il devienne un YIN-SHEN capable de sortir du corps sous une forme immatérielle. Puis il se transformait en un YANG-SHEN immortel capable de se déplacer sous une forme matérielle.
Cette transformation était parfois symbolisée par la transformation du Mercure YIN en Cinabre YANG.

Cette transformation était également décrite en termes alchimiques par l'écoleTCHONG-LU : Il fallait d'abord réaliser le XIAO-TCHENG (l'accomplissement mineur) consistant à transformer le JING en QI. Puis venait le ZHONG-TCHENG (accomplissement médian) consistant à transformer le QI en SHEN. Et tout se terminait par le DA-TCHENG (accomplissement majeur) consistant à fondre le SHEN dans le HIU (vacuité).
Ces trois accomplissements sont également appelés SAN-HUA (les trois fleurs) dans le livre TAOFA HOUEIYUAN. L'atteinte de la vacuité, à la fin du processus, portant le nom de SAN HUA TSIU TING (Rassemblement des trois fleurs au sommet de la tête).

La rétension du souffle QI utilisée par les Taoistes était connue aussi par les Hindouistes sous le nom de "Prana-yama".

Ainsi, dans le Yoga Kundalini Upanishad 19, il est écrit :
"Je vais maintenant te décrire brièvement le contrôle du souffle, Pranayama. L'énergie vitale, Prana, est le vayu (souffle) qui se meut à l'intérieur du corps. La rétention du souffle est appelée Kumbhaka.

Le Dhyana-Bindu Upanishad 23 dit :
"On doit prolonger la rétention de souffle aussi longtemps qu'on peut tenir, tout en psalmodiant l'Omkara, jusqu'à sa dernière vibration."

Et le Yoga Chudamani Upanishad 100 explique :
"Tant que l'énergie vitale ascendante occupe le corps, l'énergie vitale descendante doit être empêchée; la quantité de Prana introduite dans le corps par une inspiration doit être conservée et mobilisée dans l'akasha du cœur en allées et venues. "

Cependant, vers le 10ème siècle, les Taoistes estimèrent que la technique de rétension du souffle était une erreur. En effet il existe deux sortes de QI : Le WAI-QI (souffle externe) qui provient de l'air respiré et le NEI-QI (souffle interne) ou YUAN-QI (souffle originel) qui est hérité des parents et est stocké naturellement entre les reins.

Le DongYuan Jing explique à ce sujet :
"Il existe deux QIs (souffles) : le NEI-QI (souffle interne) et le WAI-QI (souffle externe). Celui qui dissipe est semblable à un nuage de fumée, et celui qui recueille est comme une chevelure; il est visible sur la peau, il a les cinq couleurs, vert, rouge, jaune, blanc et noir, celui-ci est le WAI-QI (souffle externe). Mais le NEI-QI (souffle interne) de l'homme provient du DANTIEN ..."

Il était donc inutile d'aspirer du WAI-QI, il suffisait juste d'empécher le NEI-QI de sortir du corps lors de l'expiration.

Ces pratiques demandaient que l'on se concentre sur les DANTIENs afin d'y mener le QI. Mais il existait plusieurs écoles taoistes qui s'y prenaient chacune à leur manière :
- L'école du nord conseillait de se concentrer sur le centre du DANTIEN inférieur.
- L'école de l'est conseillait de se concentrer sur un point situé entre les deux reins, derrière le DANTIEN inférieur.
- L'école de l'ouest conseillait de se concentrer sur le DANTIEN inférieur mais aussi sur un "DANTIEN extérieur".
- L'école du sud conseillait de se concentrer sur le DANTIEN médian, dans la poitrine.

Et les Taoistes utilisaient encore un autre parcour pour diriger le QI : Cette méthode, qui est encore utilisée dans le QIGONG, consiste à faire circuler le QI autour du corps à l'intérieur de deux méridiens d'acupuncture. Le QI monte dans le dos, en suivant le méridien TOU-MO / DU-MAI (vaisseau gouverneur du yang) jusqu'au sommet du crane. Ensuite il redescend par le devant du crane (cela rappelle le circuit utilisé par la Tummo des Thibétains). Arrivé au niveau du palais supérieur de la bouche, le QI est bloqué. Il faut alors lever la langue pour lui faire toucher le palais, ce qui permet au QI de passer pour pénétrer dans un autre méridien d'acupuncture : le JEN-MO / REN-MAI ( vaisseau conception du yin). Le point de passage entre les deux méridiens, situé sur le palais, à 4 cm derrière les incisives, était appelé HSUAN-YING ou "Pont des pies". Il peut être rapproché du chakra Tâlu / Lalâna / Kala que l'on situe dans le palais uvulaire. Ensuite le QI redescendait sur le devant du corps jusqu'au périnée ou elle pouvait à nouveau entrer dans le méridien TOU-MO pour recommencer un nouveau tour. On appelle ca l' "orbite microcosmique".

On notera que cette pratique consistant à remonter la langue pour établir le circuit entre les deux méridiens ressemble à des pratiques similaires chez les Hindouistes .

Ainsi, dans le Yoga Kundalini Upanishad 40-41, il est écrit :
"Ô toi, le meilleur parmi les sages, je te conseille donc de le pratiquer par étapes successives. Quand la langue va toucher le Brahmarandhra en passant par l'extérieur, il faut y placer la langue seulement après avoir déplacé le verrou de Brahman , lequel ne peut être maîtrisé par les Devas."

Et le Yoga Chudamani Upanishad 52 dit :
"Renverser la langue et l'introduire dans la cavité de la tête, tout en fixant son regard entre les sourcils, c'est cela le khechari mudra".

Et le Dhyana-Bindu Upanishad 79-81 dit :
"Lorsque la langue est renversée dans le pharynx, c'est le mudra de la vision subtile, latente entre les sourcils, que l'on nomme Khechari (Khechari Mudra = sceau de l'Oiseau / geste du corbeau).
Celui qui connaît et pratique le Khechari Mudra ne connaît plus ni maladie, ni mort, ni sommeil, ni faim, ni soif, ni évanouissement. "

Le circuit de l'orbite microcosmique est indiqué dans le tableau ci-dessous, avec ses 12 principaux points, chacun étant mis en correspondance avec un signe du zodiaque chinois (l'identification avec les chakras des Tantrikas est également indiquée) :

Sahasrâra 

Niwan kung (porte du Niwan / Nirvana) / Huang gong (palais jaune)
Porte WU (cheval) - Point Baihui (vg20) - Sommet du crane.

Ajnâ Mintang / Palais de la vie / 
Tsuchiao / Zuqiao /
Cavité originelle de l'esprit.
Porte WEI (mouton)
Point Yintang (hm1).
Entre les sourcis.
(3)
Yuzhen / Yuigen / Oreiller de jade / 3ème passe. Porte SI (serpent)
Point Zuzheng.
Pompe cervicale à Qi.
Nuque, occiput.
(Vishuddha )

Anâhata 
Tanzhong / Danzhong / Chang koann / Shan chung / Shin gong / Jiunjuu gong / Palais du gentilhomme / Feu céleste du coeur.
Porte Shen (singe)
Point Tufou (vc17)
Coeur.
(2)
Taodao / Tachui / Tanzhui / Porte Chen (dragon)
Point jizhong (vg6)
7ème vertèbre cervicale.
Hridaya Zhongqe / Dang gong / Chun gong / Palais du milieu.
Porte YU (coq)
Point Chungwan / Zhongwan / Tchongkoann (vc12)
Plexus solaire.
----------- Jiaji / Chichung / 2ème passe / Porte médiane / Portique jaune.
Porte MAO (lapin)
11ème vertèbre dorsale.
Manipûra Shenque / Chichung / Qizhong / Tombeau de l'esprit.
Porte XU (chien)
Point Shenjue (vc8)
Nombril, rate.
  Xuanshu.
Porte yin (tigre)
Point Xuan shu (vg5).
Svadhisthana

Qihai / Chihai / Océan de chi.
Porte HAI (porc)
Point Qihai (vc6)
Le Hara, 1 à 4 doigts sous le nombril.

(1)

Shentang / Dazhui / Grille vitale.
Porte CHOU (boeuf)
Point Mingmen / Porte de la vie (vg4)
2ème ou 3ème vertèbre lombaire, entre les reins.

Mûlâdhara
Weilu / Welu kuan / Weilu guan / Porte du destin / 1ère passe / Cour jaune.
Porte ZI (rat) - Point Cheng qiang / Chong chiang / Chang chang (vg1)
Pompe sacrée à Qi - Sacrum, coccyx.

- En bleu : Les points dépendants du méridien Tumo / Dumai (vaisseau gouverneur du yang), montant dans le dos.
- En rose : Les points dépendant du méridien Jenmo / Renmai (vaisseau conception du yin), descendant dans le ventre.

- (1) : Emplacement du DANTIEN inférieur.
- (2) : Emplacement du DANTIEN médian.
- (3) : Emplacement du DANTIEN supérieur.

Les listes des points remarcables de l'orbite microcosmique étant parfois assez divergentes, en voici une autre :

Sahasrâra 

Niwan kung (porte du Niwan / Nirvana) / Huang gong (palais jaune)
Point Baihui (vg20) - Sommet du crane.

Ajnâ Mintang / Palais de la vie / 
Tsuchiao / Zuqiao /
Cavité originelle de l'esprit.
Point Yintang (hm1).
Entre les sourcis.
(3)
Yuzhen / Yuigen / Oreiller de jade / 3ème passe.
Point Zuzheng.
Pompe cervicale à Qi.
Nuque, occiput.
Vishuddha

Hsuanchi / Étoile du nord / Perle précieuse / Pivot de jade.
point Xuanji (vc21) ou Tiantu (vc22). Gorge.
Taodao / Tachui / Tanzhui /
Point jizhong (vg6)
7ème vertèbre cervicale.
Anâhata  Zanzhong / Danzhong / Chang koann / Shan chung / Shin gong / Jiunjuu gong / Palais du gentilhomme / Feu céleste du coeur.
Point Tufou (vc17)
Coeur.
(2)
Giape.
Point opposé au coeur.
Hridaya Zhongqe / Dang gong / Chun gong / Palais du milieu.
Point Chungwan / Zhongwan / Tchongkoann (vc12)
Plexus solaire.
---------- Jiaji / Chichung / 2ème passe / Porte médiane / Portique jaune.
11ème vertèbre dorsale.
Manipûra Shenque / Chichung / Qizhong / Tombeau de l'esprit.
Point Shenjue (vc8)
Nombril, rate.
(1)
Shentang / Dazhui / Grille vitale.
Point Mingmen / Porte de la vie (vg4)
2ème ou 3ème vertèbre lombaire, entre les reins.
Svadhisthana

Qihai / Chihai / Océan de chi.
Point Qihai (vc6)
Le Hara, 1 à 4 doigts sous le nombril.

Weilu / Welu kuan / Weilu guan / Porte du destin / 1ère passe / Cour jaune.
Point Cheng qiang / Chong chiang / Chang chang (vg1)
Pompe sacrée à Qi - Sacrum, coccyx.

Mûlâdhara
Hainin / Passe de la mortalité - Point Huiyin / Rencontre du yin (vc1) - Périnée.

Les méridiens TOU-MO et JEN-MO ne font pas partie des 12 KINGs (méridiens) classiques d'acupuncture mais des 8 méridiens d'acupunctures dits "curieux" ou "merveilleux".
Les divers méridiens chinois peuvent être rapprochés des principaux nadis hindouistes. Ainsi le TSOU-TAE-YANG (méridiens de la vessie) prend sa source dans le coin de l'oeil et rejoint le 5ème orteil, et le TSOU-YANG-MING (méridien de l'estomac) prend sa source prés de l'oeil et de l'oreille et rejoint le 2ème orteil, et : Ils ressemblent aux nadis Gandhari et Hastajihva qui relient l'oeil (droit et gauche) avec le gros orteil (droit et gauche), et aux nadis Pusha et Yashasvini qui relient l'oreille (gauche ou droite) avec le gros orteil (gauche ou droit). Par contre les autres méridiens et nadis sont difficiles à faire correspondre.

Au 6ème siècle, le CHANGTONG SINTAN KINGKIUE résumait toutes ces méthodes en disant que l'alchimie interne NEIDAN utilisait TSOU-CHEN (concentration), PI-QI (rétension du souffle), FANG-TCHONG (pratiques sexuelles), PI-KOU (régimes), etc ...
Toutes ces pratiques seront utilisées également dans le Tantrisme de l'Inde.


Aprés s'être répendue dans le Taoisme, le Bouddhisme et l'Hindouisme, la doctrine des chakras sera également adoptée par l'Islam.
Dans le Risala-i-haq, écrit en 1647 par Mohamed dar Shikoh, se trouvent ainsi décrits trois centres ressemblants aux chakras : Le Dil-i-muddawar (coeur sphérique, mère du cerveau), le Dil-i-sanowaki (coeur de cèdre) et le Dil-i-nilofari (coeur de lis).
Et les Musulmans Soufis utiliseront aussi les six Lataifs (subtilités), sortes de chakras donnant des pouvoirs spirituels :
- Le Latifa-an-Nafsi, jaune, au dessous du nombril
- Le Latifa-al-Qalbi, rouge (ou jaune), à gauche dans la poitrine.
- Le Latifa-an-Ruhi, vert ou blanc (ou rouge), à droite dans la poitrine (ou au centre).
- Le Latifa-as-Sirri, blanc ou vert, dans le plexus solaire (ou à droite).
- Le Latifa-al-Khafi, bleu (ou noir), entre les sourcils.
- Le Latifa-al-Akhfa, violet ou noir (ou vert), en haut du crâne.

Et on retrouve même, semble-t-il, une influence de la doctrine des chakras en Europe, Dans le livre "Theosophia practica" écrit en 1696 par le rosicrucien Johann Georg Gichtel (1638-1710), un élève de Jacob Boehme. > Voir image 1 - > Voir image 2


Étant donné que la doctrine sur les chakras et la Kundalini varie beaucoups selon les religions, on peut se demander si celle-ci correspond vraiment à une chose objective. Elle ressemble plutôt à une simple croyance subjective qui se répend en se déformant et en s'adaptant aux différentes cultures. Les gens l'adoptant en tant que croyance, sans jamais s'interroger sur son bien-fondé.

Cependant il existe un fait curieux : Les Boshimans !Kungs d'Afrique du sud possèdent eux aussi une tradition sur une énergie appelée N/UM et qui ressemble beaucoups à la Kundalini. Pourtant ils n'ont jamais été en contact avec les Taoistes, les Bouddhistes ou les Hindouistes.
C'est ainsi que ce peuple pratique une danse appelée N/UM TCHAî impliquant une respiration rapide et superficielle permettant d' "enflammer" le N/UM dans le creux de l'estomac et de le faire monter dans la colonne vertébrale pour atteindre l'état !KIA. C'est ainsi qu'il est possible d'acquérir des capacités parapsychiques : Dons de guérison, vision à distance, capacité à marcher sur le feu, etc ... (Les Hindouistes Tantrikas prétendent développer également de tels pouvoirs et leurs donnent le nom de "Siddhis"). > Voir image.