Histoire
des cartes et tarots:
Il court une légende prétendant
que le Tarot serait une invention des anciens Égyptiens.
Mais c'est la une pure invention qui ne repose absolument
sur rien..
On sait que les chinois sont les inventeurs
des 1ères cartes àjouer sous la dynastie TANG
(618-907 ap. Jc). Ces cartes formaient le jeu "YEH-TZA" qui
s'inspirait des figures des "flêches divinatoires coréennes".
Les dessins symboliques représentés étaient
variés : Homme, poisson, corbeau, faisan, antilope,
étoile, lapin, cheval, etc...
En 969 il est dit que l'empereur Mu-tsung
jouait avec sa femme avec des "cartes de dominos". C'était
des cartes à points inspirés des dominos chinois
GU-PAI.
En 1120 les chinois inventèrent aussi les cartes à
points TA-TIN-KAU, en s'inspirant de leur jeu de dés
CHA-TIN-KAU. Ce jeu comportait une série de 10 cartes
militaires MO et deux séries de cartes civiles MAU
(les terme MO et MAU proviennent du jeu de dominos chinois).
Ensuite, en multipliant le nombre de séries, furent
créés les jeux HAN-KOW et FA-HO.
Plus tard, s'inspirant des billets de banques, les chinois
inventèrent de nouvelles cartes représentant
des valeurs monétaires : le jeu de YA-PAI (de 32 cartes)
sous la dynastie Song, puis le jeu de MA-DIAO / MA-TCHIAO-P'AI
/ MA-TSEUK.(de 40 cartes) sous la dynastie Ming. Ce
jeu comportait des séries de 11 cartes "sapèques",
de 9 cartes "centaines de sapèques", de 9 cartes "myriades
de sapèques" et de 11 cartes "millions de sapèques".
Ce jeu sera l'ancêtres du MAH-JONGG, du BAT de Canton,
du TO-TOM vietnamien et des cartes siamoises et malaises actuelles.
S'inspirant du jeu d'échec TSEUNG-KI, les chinois créérent
aussi les cartes CHU-MA-POU. Celles-ci comportaient plusieurs
séries colorées de sept figures : Roi / général,
mandarin, cavalier, char, éléphant, canon et
soldat (ce sont les pièces des échecs chinois).
De ce jeu dérivèrent le TAM-CUC du nord Viet-Nam,
le TU-SAC du sud Viet-Nam et le CAO-HO et le PHAI-PHONG de
Bornéo.
Lien sur les cartes chinoises : http://zoubaoum.over-blog.com/article-2707235.html
Les cartes chinoises furent alors adoptées
par les hindous qui les assortirent à leur propre jeu
d'échecs CHATURUNGA pour créer le jeu GANJIFA.
Les figures de ces cartes étaient alors les suivantes,
dans chaque série : Radja (roi), Naïb (vizir)
et 10 cartes de points.
Les 2 X 4 séries représentaient divers symboles
:
Séries supérieures "Bishbur" = Couronne, lune
(ou cercle), sabre, esclave.
Séries inférieures "Kunbur" = Harpe, soleil
(ou pièce d'or), diplome (ou chèque), ballot
de marchandise (ou double-chèque).
Ce jeu sera adopté par les perses sous le nom de GHENDGIFEH
ou GUNGEIFU, puis par les Syriens sous le nom de KANJIFAH.
Au 8ème siècle les hindous
inventeront un nouveau jeu appeléDASAVATARA-GANJIFA
("jeu des 10 avatars") dont les séries représentaient
les symboles des 10 incarnations du dieu Vichnou :
- Le poisson Matsya (qui a sauvé Manou du déluge.
couleur = rouge),
- La tortue Kurma (qui a servi de support pour le barattage
de l'océan. couleur = rouge),
- Le coquillage ou le sanglier de Varha (le sanglier qui a
remonté la terre engloutie. couleur = jaune),
- Le disque ou le lion de Nara-simha (l'homme-lion qui a battu
les Asuras. couleur = vert),
- La cruche de Trivikrana ou du nain Vamana (vainqueur d'un
géant. couleur = vert),
- La hache de Purusa-Rama (qui a battu les guerriers révoltés
contre les brahmanes. couleur = brun),
- L'arc ou le singe de Rama-Chandra (qui a battu les Rakshasas.
couleur = jaune),
- La massue de Balarama ou la vache de Krishna (qui a aidé
les Pandavas dans leur guerre contre les Kauravas. couleur
= brun),
- Le lotus ou la conque de Jagamatha ou de Bouddha (ou l'enfant
de Krishna. couleur = noir)
- Le sabre, le cheval ou le parasol de Kalkin (le "messie"
du futur. couleur = noir).
L'un de ces jeux sera retransmis aux turcs MAMELOUKS
d'Egypte sous une forme simplifiée, avec seulement
quatre séries : La cruche (ou myriade), la pièce
(ou disque), le sabre et la massue (ou crosse de polo).
Ces quatre symboles étaient d'ailleurs les plus importants
pour les hindous puisqu'on les retrouvait aussi chez le dieu
Shiva (qui tenait une coupe et un sceptre-massue) et chez
sa parèdre la déesse Kali (qui tenait un sabre
et un anneau).
Ces quatre symboles se retrouvaient aussi chez les bouddhistes
: Vajradhara porte un sceptre-foudre et une clochette alors
que Prajna-Paramita porte un sabre et une coupe en crane humain.
Ce jeu des Mamelouks comportait les "couleurs" suivantes,
dans chaque séries : Roi, naïb (vizir), vice-naïb
et 10 cartes de points.
Ce jeu sera ramené en Europe par les croisés
ou les marchands vénitiens et il sera connu sous le
nom de JEU DE NAIB.
Un passage des statuts de l'abbaye de Saint Victor de Marseille
en l'an 1337, décrit quelques jeux défendus
aux religieux : "Que personne
n'ose, ni n'entreprenne de jouer aux dés, ni aux pages,
ni aux échecs". Du Cange
explique le mot "paginas" par "jeu de cartes".
En 1367, un décret identique est énoncé
contre les cartes à Berne, en Suisse.
En Catalogne, en 1371, on site le jeu de NAIP.
En Italie, un décret du 23 mars 1375 des prieurs de
Florence parle du jeu de NAIBBE.
En 1377, le Prévôt de Paris défend de
jouer les jours ouvrables aux "Paumes, boules, CARTES, dés,
quilles".
La chronique italienne de Jean de Collevuzzo note qu'en 1379
"fut apporté à
Viterbe le jeu de CARTES NAIB, par un sarrasin du nom de Hayl".
Ces cartes se répendront alors rapidement dans tout
l'Occident et un texte de 1408 nous apprend qu'à cette
époque il existait deux version du jeu : Le JEU LOMBARD
et le JEU SARAZIN.
- Le jeu de cartes SARAZIN
:
Ce jeu a d'abord été connu en Espagne ou on
l'appelait NAIBS ou NAIPS (NAYPES au Portugal et NAYB / NAIBBE
en Italie). C'est l'ancêtre des "arcanes mineures" du
jeu de TAROT.
Il se répendra sur les cotes atlantiques de la France
ou il deviendra le JEU
DE LUETTE ou JEU D'ALUETTE au 15ème siècle.
Il se répendra aussi en Allemagne.
Ses "couleurs" étaient alors les suivantes : Roi, reine
(apparue tardivement), cavalier, valet et 10 cartes de points.
Le jeu CARY-YALE VISCONTI était plus gros car le cavalier
et le valet étaient multipliés par deux : il
y avait un cavalier, une cavanière, un valet et une
servante..
Et les séries étaient : Coupes, massues / batons,
deniers et épées (en Allemagne les deniers étaient
remplacés par des grenades).
Les Allemands inventeront ensuite de nouveaux symboles :
La coupe deviendra un coeur rouge (ou une fleur en Suisse).
Le denier deviendra un épis ou un gland vert.
Le baton deviendra un grelot jaune.
L'épée deviendra une feuille verte (ou un bouclier
en Suisse).
Les "couleurs" seront : Roi, Obermann, Untermann et 10 cartes
de points.
En 1544 sera créé aussi
le jeu "VIRGIL SOLIS" à Nuremberg dont les
quatre symboles seront remplacés par des lions, des
singes, des perroquets et des paons. (Ce jeu influencera celui
de Catelin à Lyon en 1557).
Mais ces JEUX ALLEMANDS
disparaitront devant l'expansion du jeu francais (JEU
DE PIQUET).
Celui-ci aussi avait inventé de nouveaux symboles vers
1480 :
La coupe deviendra un coeur rouge.
Le denier deviendra un trèfle noir.
Le baton deviendra un carreau rouge.
L'épée deviendra un pique noir.
Les "couleurs" seront : Roi, reine valet et 10 cartes de points.
Par la suite, en 1827, les Anglais inventeront les figures
doubles permettant de regarder les cartes dans les deux sens;
et en 1857 les Américains inventeront le Joker.
- Le jeu de cartes LOMBARD
:
C'est lui qui est l'ancètre des arcanes majeures du
TAROT (TARROCO pourrait provenir de l'arabe TARIQA au singulier
et TURUQ au pluriel, signifiant "la voie", au sens
de voie initiatique : les confrêries soufies sont autant
de "turuqs").
On le découvre pour la première fois en Italie.
Il est constitué d'un jeu de carte SARAZIN classique
auquel sont ajoutées 22 cartes dites "atouts" ou "triomphes",
probablement sous l'influence des 22 lettres de l'alphabet
hébreu utilisées dans la Kabbale. On appelait
aussi "arcanes mineures" les cartes du jeu SARAZIN
alors que les 22 cartes ajoutées étaient appelées
"arcanes majeures".
C'est de 1420 que date la plus ancienne référence
à des cartes représentant des "animaux allégoriques"
(jeu des "dieux et oiseaux"), et c'est en 1442 qu'on trouve
le plus ancien emploi du mot "triomphes" (à Ferrare).
A partir de 1450-1470, les italiens sépareront les
22 "arcanes majeures " du reste du jeu afin d'en faire un
jeu divinatoire appelé TAROT CARDINAL (TARROCO au singulier
et TAROCCHI au pluriel).
Les cartes restantes ("arcanes mineures") donneront
le jeu "DES 4 COULEURS" puis de TRAPPOLA, ressemblant au JEU
SARAZIN d'Espagne. Elles servaient déja à la
divination dés 1487.
Quand aux jeux de TAROT CARDINAL, ils pouvaient être
classés en trois groupes principaux, selon l'orde de
classement des cartes :
- L'ordre "A" ou "III", méridional ou Bolonais, apparu
en Italie :
Le plus ancien exemplaire conservé (incomplet) est
le TAROT DE CHARLES
VI (créé par Gringonneur en 1392, ou à
Bologne un siècle plus tard) , puis viennent le TAROCCHINO
de Bologne en 1423, le
TAROT ROSENWALD de Florence et le ROTSCHILD
vers 1500, puis le TAROCCHINO
DI MITELLI daté de 1664. En dérivera le
TAROT
DE SICILE aprés 1663, puis le TAROT
DE BOLOGNE en 1725 qui remplacera les cartes du pape,
de la papesse, de l'empereur et de l'impératrice par
quatre Maures.
- L'ordre "B" ou "II", oriental ou de Ferrare, apparu en Italie
du nord-est :
Par exemple le TAROCCO
DI ERCOLE D'ESTE (1460-1480), le TAROT
DU METROPOLITAN MUSEUM (vers 1500), le TAROT DE FERRARE
décrit par le "SERMONES DE LUDO" (vers 1450-1480)
et par ARETINO PASQUINATA (1521), le TAROT de Ferrare
décrit par GUILIO BERTONI (vers 1540) et le TAROT GARZONI
de Venise (1585).
- L'ordre "C" ou "I", occidental ou milanais, apparu en Italie
du nord-ouest :
Le TAROT PIERPONT-MORGAN-VISCONTI
de Milan, vers 1441 ou 1452, est peut-être un exemplaire
primitif des cartes de cet ordre.
Plus tard on aura le TAROT
DE PARIS et le TAROT
DE JACQUES VIEVILLE vers 1650 (d'ou descendra le TAROT
BELGE VANDENBORRE en 1775).
On trouve également le CARY
de Milan vers 1500, puis le TAROT
DE GEOFFROY CATELIN de Lyon en 1557 d'ou dérivera
le fameux TAROT DE
MARSEILLE.
Ce dernier existera d'abord sous la forme du TAROT
NOBLET de Paris vers 1650, puis il sera ?dit? par Francois
Chosson à Marseille en 1672 (recopié par Pierre
Madenie à Dijon en 1709), par Jean Dodal à Avignon
en 1701 / 1715 (recopié par Jean-Pierre Payen à
Avignon en 1713), puis par Francois Heri à Soleure
en Suisse en 1718 (inspiré de Madenie puis de Dodal),
puis en ESPAGNE en 1736, puis par Nicolas Conver à
Marseille en 1761, puis par Giacomo Zoni à Bologne
en 1780, puis au Piémont et à Milan en Lombardie
vers 1800.
En dériveront le TAROT DE PELAGIUS MAYER à Constance
vers 1680, puis le TAROT DE LEQUART SIGNÉ ARNOULT à
Paris en 1748, puis le TAROT
DE BESANCON en1818 puis le TAROT
SUISSE en 1860.
Le TAROT
LEBER de Rouen semble intermédiaire entre les ordres
B et C.
D'autres jeux de cartes de type éducatif, appelés
NAIBIS, seront "galement "dit"s d"s 1393
? Florence, ils comportaient de nombreuses images supl"mentaires.
Par exemple le TAROCCHI
CARY-YALE-VISCONTI de Milan (créé vers 1441),
d'ordre "C", comportait au moins trois atouts supplémentaires
: la foi, l'espoir et la charité. Il y eut aussi le
TARROCCHI MANTEGNA
en 1465 ou 1475 (5 séries de 10 images), le TAROT SOLA-BUSCA
en 1491 (représentant des figures issues de l'histoire)
et le MINCHIATE
de Florence en 1725 (avec 41 atouts, dont 21 des atouts classiques,
plus les 12 signes du zodiaque, les 4 éléments,
la prudence, la foi, l'espoir, et la charité). Le TAROT
DE LUCQUES / ORFEO (17/18e) semble dériver du MINCHIATE.
Vers la fin du XVIII siècle un érudit français,
Court de Gibelin affirma (totalement sans preuve) que le TAROT
était d'origine égyptienne, et représenterait
un résumé du livre de Thot (Le Monde primitif,
1781). Court de Gibelin appartenait à l'ordre secret
et occultiste des Elus Coens fondé par Martines de
Pasqually. Il était le disciple et l'ami du mystique
Louis-Claude de Saint Martin. Il fut le maître de Fabre
d'Olivet.
En 1790, ETTEILA
créera un nouveau TAROT basé sur cette théories
égyptienne.
Cette idée gratuite émise par Court de Gibelin
fut reprise par Eliphas Lévi (Dogme et rituel de la
haute magie, 1856) et elle eut un grand succés parmi
les franc-maçons et occultistes français.
Pourtant on pourrait bien chercher pendant longtemps, et en
vain, le moindre symbole égyptien dans le TAROT !
La carte du pape est typiquement chrétienne. La carte
du diable est judéo-chrétienne (les égyptiens
ne connaissaient ni diable cornu ni satyre) ainsi que la carte
de la tempérance qui représente un ange. La
carte représentant le jugement dernier et la mort représentée
par un squelette sont également de la mythologie judéo-chrétienne
et on ne trouvait rien de semblable en Egypte. Même
la carte de la roue de fortune qui porte parfois un sphynx,
n'est pas de nature égyptienne : en effet ce dernier
est ailé. C'est donc un sphynx sémitique ou
grec et non pas un sphynx égyptien. Quand à
la carte de l'hermite elle représente un vieillard
portant soit un sablier (dans ce cas il représente
le temps, symbole typiquement européen) soit une lanterne
(dans ce cas il représente le philosophe Diogène
... qui était GREC). Quand à la carte du monde,
elle est entourée des 4 animaux d'Ezéchiel,
qui sont aussi les symboles des 4 évangélistes;
donc on se retrouve toujours en pleine culture judéo-chrétienne.
Actuellement c'est le jeu de TAROT DE MARSEILLE qui est le
plus connu. Mais il serait faux de croire que ses images nous
ont été transmises inchangées depuis
les 1ers TAROTS.
Voici donc la liste des différences entre les plus
anciens jeux de TAROT et le jeu actuel dérivant du
TAROT DE MARSEILLE :
-I : Le bateleur :
Un bateleur présente des batons, des coupes, des épées
et des deniers sur une table (dans le TAROT DE MARSEILLE,
le Vieville, et le VANDERBORRE).
Dans toutes les anciennes versions du jeu, ces objets étaient
remplacés par du matériel classique de bateleur
(ex : gobelets). Dans le TAROT DE PARIS, d'ERCOLE D'ESTE,.le
MINCHIATE et le SICILIEN, il était avec deux badeaux
(3 dans le TAROT DE CATELIN). Il était remplacé
par un artisan dans le TAROT DE MANTEGNA et par un joueur
de tambourin (avec un chien) dans le MITELLI.
-II : La papesse :
Une papesse assise, seule et tenant un livre (dans le TAROT
DE MARSEILLE).
Dans le VISCONTI PIERPONT-MORGANI elle tient une croix en
plus. Le MINCHIATE la remplace par un grand duc, le TAROT
BELGE VANDENBORRE par le capitaine Fracasse et le TAROT SUISSE
et de BESANCON par Junon.
-III : L'Impératrice :
Une impératrice assise avec un sceptre et un aigle
(dans le TAROT DE MARSEILLE).
Dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN elle n'a pas de sceptre,
dans le ROSENWALD elle a un globe à la place de l'aigle.
Elle est avec 4 servantes dans le CARY-YALE VISCONTI. Le MINCHIATE
la remplace par l'empereur d'occident.
-IV : L'Empereur :
Un empereur assis de profil, jambes croisées, avec
un sceptre et un aigle (dans le TAROT DE MARSEILLE).
Le MINCHIATE l'appelle l'empereur d'orient. Dans le CHARLES
VI il est avec deux hommes. Dans le CARY-YALE VISCONTI il
est de face, sans aigle, avec 4 serviteurs. Ses jambes sont
non croisées dans le CHARLES VI, le ROSENWALD et le
SICILIEN.
-V : Le Pape :
Le pape avec sa crosse, avec deux hommes (dans le TAROT DE
MARSEILLE).
Dans le CHARLES VI il n'a pas de crosse. Il est seul et tient
une croix dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN. Dans le MITELL
et le ROSENWALD il est seul et ne tient rien. Il est absent
du TAROT MINCHIATE. Dans le TAROT BELGE VANDENBORRE il est
remplacé par Bacchus et dans le TAROT SUISSE et de
BESANCON par Jupiter.
-Vl : L'Amour / l'amoureux:
Cupidon survole un homme hésitant entre deux femmes
(dans le TAROT DE MARSEILLE, le METROPOLITAN, le VIEVILLE
et le VANDERBORRE).
Dans le CHARLES VI, il y a 2 Cupidons et 3 couples. Dans le
MINCHIATE, le ROSENWALD, le CARY-YALE VISCONTI, le VISCONTI
PIERPONT-MORGAN, le PARIS, le BOLONAIS et le SICILIEN il y
a un Cupidon et un couple. Dans le ROSENWALD, le VISCONTI
PIERPONT-MORGAN et le CARY-YALE VISCONTI le Cupidon a les
yeux bandés. Le Cupidon est seul dans le MITELLI.
-VII : Le Chariot / le char de triomphe:
Un guerrier sur son char de triomphe tiré par deux
chevaux (dans le TAROT DE MARSEILLE, le ROSENWALD et le CHARLES
VI).
Ceux-ci ont un visage humain dans le VIEVILLE. Le guerrier
est remplacé par une femme dans le MITELLI, le CARY-YALE
VISCONTI, le VISCONTI PIERPONT-MORGAN et le MINCHIATE. Un
des chevaux est monté dans le CARY-YALE VISCONTI et
le MINCHIATE. Il y a plusieurs personnes dans le char dans
le TAROT DE FERRARE et le METROPOLITAN. Il y a un seul cheval
dans le TAROT BELGE VANDENBORRE et aucun dans le MITELLI et
le MANTEGNA. Dans le TAROT DE PARIS ce sont des oies qui tirent
le char.
-VIII.: La Justice:
Elle est assise et porte un glaive et une balance (dans le
TAROT DE MARSEILLE).
Elle est accompagn?e d'un cavalier en armure dans le VISCONTI
PIERPONT-MORGAN. Elle est debout dans le MITELLI, debout et
aveugle dans le TAROT DE PARIS. Elle est ailée dans
le TAROT BOLONAIS.
-IX : L'Hermite / le vieillard / le temps:
Un vieillard avec un baton et une lampe (dans le TAROT DE
MARSEILLE, le METROPOLITAN et le SICILIEN).
Il porte un sablier dans le TAROT VISCONTI PIERPONT-MORGAN
et le CHARLES VI. Il est ailé dans le TAROT BOLONAIS,
le ROTHSCHILD et le MITELLI. Il a une béquille et un
sablier dans le LEBER de Rouen. Il a deux béquilles
dans le MINCHIATE, le ROSENWALD, le ROTHSCHILD et le MITELLI.
Il est accompagné? d'un cerf dans le MINCHIATE.
-X : La Roue de Fortune :
Une roue entraine trois animaux habillés en hommes
(dans le TAROT DE MARSEILLE et le VIEVILLE, ou quatre hommes
et animaux dans le METROPOLITAN).
Dans les TAROTS BOLONAIS, SICILIEN, BELGE, de PARIS,
VISCONTI BRERA-BRAMBILLA et VISCONTI PIERPONT-MORGAN, il y
a 4 hommes (dont un avec une tête animalisée
dans le MINCHIATE et le ROTHSCHILD).
Une femme aux yeux bandés se tient au centre de la
roue dans le CARY-YALE-VISCONTI
et le VISCONTI PIERPONT-MORGAN. La femme
est seule sur la roue dans le MITELLI (dans le LEBER de Rouen
elle est en plus entourée de bébés).
-XI : La Force :
Une femme maitrise un lion à mains nues (dans le TAROT
DE MARSEILLE, de PARIS, le CARY-YALE VISCONTI, le VIEVILLE
et le VANDENBORRE).
La femme brise une colonne dans le TAROT DE CHARLES VI (à
coté d'un lion dans le MANTEGNA) ou elle la touche
seulement dans le TAROT SICILIEN, BOLONAIS, MITELLI, MINCHIATE
et ROSENWALD. Dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN c'est un homme
qui frappe un lion avec un baton.
-XII : Le Pendu / le traitre :
Un homme pendu par le pieds à un portique, ses jambes
sont croisées (dans le TAROT DE MARSEILLE).
Il a une bourse dans le TAROT DE CHARLES VI (deux bourses
dans le MINCHIATE et le ROSENWALD). Ses jambes sont décroisées
dans le TAROT DE CHARLES VI. Il est pendu par le cou dans
le TAROT SICILIEN. Remplacé par un traitre qui tue
un homme endormi dans le TAROT MITELLI.
-XIII : La Mort :
Un squelette faucheur. (dans le TAROT DE MARSEILLE, de PARIS,
le VIEVILLE et le VANDENBORRE).
Elle est à cheval dans le TAROT DE BOLOGNE, le SICILIEN,
le ROSENWALD, le MINCHIATE, le CHARLES VI et le METROPOLITAN.
Dans le TAROT VISCONTI PIERPONT-MORGAN il porte un arc.
-XIV : La tempérance :
Un ange verse de l'eau dans son vin (dans le TAROT DE MARSEILLE).
C'est une simple femme dans le CARY, le CHARLES VI, le MINCHIATE,
le ROSENWALD, le PARIS, le SICILIEN, le BOLONAIS, l'ERCOLE
D'ESTE.et le VISCONTI PIERPONT-MORGAN. Dans les TAROTS BELGE
et VIEVILLE c'est une femme couronnée. Dans le TAROT
DE PARIS c'est une femme qui verse de l'eau sur du feu.
-XV : Le Diable :
Le diable accompagné de deux diablotins (dans le TAROT
DE MARSEILLE).
Il est avec un couple dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN et
le CARY-YALE-VISCONTI. Il est seul dans le PARIS, le VIEVILLE
et le VANDENBORRE. Il est seul et porte un trident dans le
TAROT DE FERRARE, le MITELLI, le ROSENWALD, le METROPOLITAN
et le MINCHIATE. Dans le CARY il embroche des hommes. Dans
le TAROT LEBER de Rouen il est remplacé par Pluton
qui enlève Proserpine. Dans le TAROT SICILIEN il est
remplacé par un bateau.
-XVI : La Maison Dieu / maison des damnés:
Deux hommes tombent d'une tour foudroyée (dans le TAROT
DE MARSEILLE).
Une tour intacte dans le TAROT SICILIEN. Une tour en feu sans
personnages dans le TAROTS DE BOLOGNE, de CHARLES VI, le ROSENWALD
et le METROPOLITAN. Un homme sous un arbre foudroyé
dans le TAROT BELGE VANDENBORRE et le VIEVILLE. Un homme seul
est foudroyé dans le MITELLI. Un couple nu (Adam et
Eve?) fuit un batiment en feu dans le MINCHIATE. Et on voit
le diable avec les damnés dans le TAROT DE PARIS (?)
-XVII : L'étoile:
Une femme verse de l'eau avec deux vases sous une étoile
(dans le TAROT DE MARSEILLE).
Elle est sans vase et porte l'étoile dans le TAROT
VISCONTI PIERPONT-MORGAN. Dans le TAROT LEBER de Rouen, la
femme se baigne sous l'étoile. Dans le TAROT BELGE
VANDENBORRE, de PARIS et VIEVILLE on voit un astrologue sous
l'étoile; deux astrologues dans le TAROT D'ERCOLE D'ESTE,
et trois rois dans celui de BOLOGNE. dans le SICILIEN et le
MINCHIATE on voit un cavalier sous l'étoile et dans
le MITELLI c'est un voyageur à pieds. Dans le ROSENWALD
il y a l'étoile toute seule.
-XVIII : La Lune :
Deux chiens et une écrevisse sous la lune (dans le
TAROT DE MARSEILLE).
Une femme tenant la lune dans le VISCONTI PIERPONT-MORGANI
et le CARY-YALE-VISCONTI (Diane dans le MITELLI). Une fileuse
sous la lune dans le TAROT BELGE VANDENBORRE et VIEVILLE.
Un astrologue sous la lune dans le TAROT D'ERCOLE D'ESTE et
MINCHIATE, deux dans celui de BOLOGNE et de CHARLES VI. Un
femme regarde un homme endormi sous la lune dans le TAROT
SICILIEN. Un homme donne la sérénade à
sa dame sous la lune dans le TAROT DE PARIS. Dans le ROSENWALD
il n'y a que la lune.
-XIX : Le Soleil :
Deux hommes sous le soleil (dans le TAROT DE MARSEILLE).
Deux amoureux sous le soleil dans le MINCHIATE, un homme tenant
le soleil dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN (Appolon dans le
MITELLI). Un homme qui en attaque
un autre à terre, sous le soleil, dans le SICILIEN.
Une fileuse sous le soleil dans les TAROTS DE CHARLES VI,
de ROTHSCHILD et de BOLOGNE. Une femme et un singe dans le
TAROT DE PARIS. Un cavalier avec un drapeau, sous le soleil,
dans le TAROT VANDENBORREN et le VIEVILLE. Diogéne
dans son tonneau conversant avec Alexandre le Grand sous le
soleil dans le TAROT D'ERCOLE D'ESTE. Le soleil au-dessus
d'un batiment dans le ROSENTHAL, et au-dessus de quatre arbres
dans le METROPOLITAN. Dans le ROSENWALD il n'y a que le soleil.
-XX : Le jugement dernier / l'ange / la renommée :
Un ange sonne du cor et des hommes sortent du tombeau (dans
le TAROT DE MARSEILLE, de PARIS, de BOLOGNE, VANDERBORRE,
ROSENWALD, ROTHSCHILD, METROPOLITAN et VIEVILLE). Deux anges
avec cors dans le TAROT DE CHARLES VI et CARY-YALE-VISCONTI
(avec Dieu dans le VISCONTI PIERPONT-MORGAN). L'ange de la
renommée, seul, sonne du cor dans les TAROTS MINCHIATE
et MITELLI. Remplacé par Jupiter dans le TAROT SICILIEN.
-XXI : Le Monde :
Une femme nue dans une guirlande entourée des symboles
des 4 évangelistes (dans le TAROT DE MARSEILLE, le
VIEVILLE et le CARY-YALE VISCONTI).
Une femme (dans le TAROT DU CHATEAU D'URSINO, le VANDENBORRE,
le TAROT DE PARIS, de CHARLES VI, de ROTHSCHILD et le CARY-YALE
VISCONTI), ou Mercure (dans le TAROT DE BOLOGNE), ou un ange
(dans le TAROT D'ERCOLE D'ESTE, le METROPOLITAN, le ROSENWALD
et le MINCHIATE) sur un globe contenant une ville (la femme
porte une voile dans le TAROT BELGE VANDENBORRE et de PARIS,
et elle est ailée dans le TAROT BELGE VANDENBORREN).
Le globe est porté par deux angelots dans le TAROT
VISCONTI PIERPONT-MORGAN ou par Atlas dans le TAROT SICILIEN
et MITELLI.
-XXII ou 0 : Le Fou / le Mat:
Un vagabond avec un baton et un baluchon, mordu par un chien
(idem dans le CARY-YALE-VISCONTI et le BELGE).
Avec un grand baton dans le TAROT VISCONTI, MANTEGNA et SICILIEN.
Avec deux enfants dans le TAROT MINCHIATE et d''ERCOLE D'ESTE.,
ou 4 dans le TAROT DE CHARLES VI. Il joue du tambour dans
le TAROT SICILIEN et danse dans le MITELLI.
En ce qui concerne l'ordre des cartes du TAROT, il a également
été trés variable.
Le tableau ci-dessous indique les différents ordres
de cartes retrouvés :
CHA = TAROT DE CHARLES VI (vers 1500)
ROS = TAROT ROSENWALD de Florence (vers 1500)
MIT = TAROT MITELLI de Bologne (1660)
SIC = TAROT SICILIEN (1663)
BOL = TAROT DE BOLOGNE(1725)
MIN = TAROT MINCHIATE de Florence (1725)
MET = TAROT DU METROPOLITAN MUSEUM (vers 1500)
B/G = TAROTS DE FERRARE ET VENISE selon BERTONI (1540) et
GARZONI (1585)
FER = TAROT DE FERRARE selon le "SERMONES DE LUDO"
(1480) et PASQUINATA (1521)
OR = TAROT D'ORLANDO FURIOSO (Roland furieux)
LB = TAROT LEBER de ROUEN
ALC = TAROT décrit par ANDREA ALCIATO (1543)
PIS = TAROT du Piemont décrit par FRANCESCO PISCINA(1565)
SUS = TAROT de Pavie décrit par GIAMBATTISTA SUSIO
(1570)
VIE = TAROT VIEVILLE (1650)
H/L = TAROT de type Belge décrit par HAUTOT (1658)
et LAMARINIERE (1659)
MAR = TAROTS DE MARSEILLE, de PARIS, de BESANCON, CATELIN
et VANDENBORRE.
A = Famille des TAROTS d'ordre méridional.
B = Famille des TAROTS d'ordre oriental.
C = Famille des TAROTS d'ordre occidental
|
CHA. |
ROS. |
MIT. |
SIC. |
BOL |
MIN. |
MET. |
B/G. |
FER. |
OR. |
LB. |
ALC |
PIS |
SUS |
VIE |
H/L |
|
MAR |
|
A |
A |
A |
A |
A |
A |
B |
B |
B |
B |
B/C |
C |
C |
C |
C |
C |
|
C |
Bateleur |
1 ? |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
|
|
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
|
1 |
Papesse |
4 ? |
2 |
2 |
? |
? |
? |
3 |
4 |
4 |
|
|
2 |
2 |
3 |
2 |
2? |
|
2 |
Impératrice |
2 ? |
3 |
3 |
2 |
? |
? |
2 |
2 |
2 |
|
|
3 |
3 |
2 |
3 |
4 |
|
3 |
Empereur |
3 |
4 |
4 |
3 |
? |
? |
4 |
3 |
3 |
|
|
4 |
4 |
4 |
4 |
3 |
|
4 |
Pape |
5 |
5 |
5 |
? |
? |
? |
5 |
5 |
5 |
|
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
5? |
|
5 |
Amoureux |
6 |
6 |
6 |
8 |
6 |
5 |
8 |
8 |
7 |
8 |
|
6 |
6 |
6 |
6 |
6 |
|
6 |
Chariot |
7 |
10 |
7 |
9 |
7 |
10 |
7 |
7 |
8 |
|
7 |
9 |
7 |
8 |
8 |
7 |
|
7 |
Justice |
9 |
8 |
9 |
7 |
9 |
8 |
20 |
20 |
20 |
|
|
7 |
8 |
7 |
7 |
8 |
|
8 |
Hermite |
12 |
12 |
12 |
12 |
12 |
11 |
11 |
11 |
11 |
|
11 |
11 |
9 |
11 |
11 |
9 |
|
9 |
Roue |
11 ? |
11 ? |
11 |
10 |
11 |
9 |
10 |
10 |
10 |
|
10 |
10 |
10 |
10 |
10 |
10 |
|
10 |
Force |
10 |
9 |
10 |
6 |
10 |
7 |
9 |
9 |
9 |
|
|
8 |
11 |
9 |
9 |
11 |
|
11 |
Pendu |
13 |
13 ? |
13 |
11 |
13 |
12 |
12 |
12 |
12 |
12 |
|
12 |
12 |
12 |
12 |
12 |
|
12 |
Mort |
14 |
14 |
14 |
13 |
14 |
13 |
13 |
13 |
13 |
|
|
13 |
13 |
13 |
13 |
13 |
|
13 |
Tempér. |
8 |
7 |
8 |
5 |
8 |
6 |
6 |
6 |
6 |
|
|
14 |
14 |
14 |
14 |
14 |
|
14 |
Diable |
15 ? |
15 |
15 |
14? |
15 |
14 |
14 |
14 |
14 |
|
14 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
|
15 |
Tour |
16 |
16 |
16 |
15 |
16 |
15 |
15 |
15 |
15 |
|
|
16 |
16 |
16 |
16 |
16 |
|
16 |
Étoile |
17 |
17 |
17 |
16 |
17 |
36 |
16 |
16 |
16 |
16 |
16 |
17 |
17 |
17 |
17 |
17 |
|
17 |
Lune |
18 |
18 |
18 |
17 |
18 |
37 |
17 |
17 |
17 |
17 |
|
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
|
18 |
Soleil |
19 |
19 |
19 |
18 |
19 |
38 |
18 |
18 |
18 |
18 |
|
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
|
19 |
Jugement |
21 |
21 |
21 |
20 |
21 |
40 |
19 |
19 |
19 |
|
|
20 |
21 |
20 |
20 |
20 |
|
20 |
Monde |
20 |
20 |
20? |
19 |
20 |
39 |
21 |
21 |
21 |
|
|
21 |
20 |
21 |
21 |
21 |
|
21 |
Mat |
0 |
0 |
0 |
0/22 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
|
0 |
22 |
22 |
22 |
22 |
|
22 |
Si c'est vrai que les 22 cartes du TAROTproviennent
des 22 lettres de l'alphabet hébraïque utilisées
dans la Kabbale, il n'est pas évident d'en voir la
correspondance.
Voila en effet la signification de ces 22 lettres :
1 ) ALEPH = Boeuf, époux, homme.
2 ) BEITH /VEITH = Habitation, bouche.
3 ) GHIMMEL = Chameau, secours.
4 ) DALETH = Porte, pauvreté.
5 ) HAY = Souffle de vie.
6 ) WAV = Clou, crochet, baton.
7 ) ZA?N = Arme, lance, flêche.
8 ) cHEITH = Cloture, champs.
9 ) THEITH = Ballot, toît, boyau.
10 ) YOD = Main, index.
11 ) CAPH / CHAPH = Paume, poing.
12 LAMED = Aiguillon, coeur, bras.
13 ) MEM = Eau, femme.
14 ) NOUN = Poisson, fruit.
15 ) SAMECH = Serpent, plante, poisson.
16 ) A?N = Oeil.
17 ) PAY / PHAY = Bouche, langue.
18 ) TSADE = Flêche, justice, toît.
19 ) KOPH = Singe, hache, voix.
20 ) RESCH = Tête.
21 ) SHIN / SIN = Dents, arc.
22 ) TAV / THAV = Marque, signe.
S'il y a un symbolisme kabbalistique
dans les 22 arcanes du TAROT, celui-ci est donc loin d'être
apparent.
Mais en fait il n'est même pas
certaiin que le TAROT, au début, contenait bien 22
arcanes majeures.
En effet le TAROT
VISCONTI PIERPONT-MORGAN, créé vers 1441 ou
1452, nous est parvenu incomplet. Il
ne comporte que 20 arcanes majeures, celles du diable et de
la maison-Dieu étant manquantes.
Mais en regardant bien on remarque que ce jeu présent
est inhomogène : 6 des cartes ont été
ajoutée par un artiste inconnu (de l'école de
Ferrare aparemment) 20 ans aprés la fabrication du
jeu initial probablement par l'artiste Bonifacio Bembo. Ces
cartes ajoutées sont : La tempérance, la force,
l'étoile, la lune, le soleil et le monde. Donc, aparemment,
les cartes initiales n'étaient qu'au nombre de 14 !
Et ce chiffre est en harmonie avec les arcanes mineures qui
accompagnaient ce jeu : elles étaient 56, c'est à
dire 4 séries de 14.
De plus un document de Ferrare nous rapporte que Iacobos Sagramoro,
un artiste de de Ferrare, avait recu une commande pour peindre
un jeu de 14 "triomphes" (= "arcanes majeures")
en 1441.
Et on notera également que 14 arcanes majeures plus
56 arcanes mineures cela ferait un jeu de 70 cartes en tout.
Hors un texte ancien fait état de l'existance d'un
tel jeu de 70 cartes à Ferrare en 1457.
C'est seulement vers 1461-1494 qu'un texte (le poème
de Boiardo) parlera pour la 1ère fois d'un jeu de 78
cartes (4 séries de 14 cartes + 22 atouts).
Il est donc vraisemblable qu'au début
les arcanes majeures n'étaient qu'au nombre de 14 :
Le bateleur, la papesse, l'impératrice, l'empereur,
le pape, l'amoureux, le chariot, la justice, l'hermite, la
roue de fortune, le pendu, la mort, le jugement dernier et
le mat.
Un jeu ressemblant à cela existait encore vers le 17ème
ou 18ème siècle : le TAROT DE LUCQUES ou TAROT
D'ORFEO qui contenait 4 séries de 14 arcanes mineures
plus 13 arcanes majeures (mais peut-être qu'une 14ème
a été égarée ?). Ces arcanes majeures
sont : La char, la roue, l'hermite, le pendu, la mort, la
diable, la maison-Dieu, l'étoile, la lune, le soleil,
le monde, le jugement dernier (ou la renommée) et le
fou. Cependant, tant par ses dessins que par sa numérotation,
ce jeu dérive clairement du MINCHIATE dont il est une
version réduite.
Mais les choses sont cependant encore
plus compliquées car exactement à la même
époque, vers 1441, existait le TAROT CARY-YALE VISCONTI
dont ne nous sont parvenues que 11 des arcanes majeures :
L'impératrices, l'empereur, l'amoureux, le char, la
force, la mort, le jugement dernier, le monde, la charité,
l'espoir et la foi.
On remarquera la présence de trois cartes inhabituelles
: la charité, l'espoir et la foi (ce sont les "trois
vertus théologiques").
Il est possible que les arcanes majeures de ce tarot aient
été au nombre de 16 car les arcanes mineures
qui les accompagnaient étaient au nombre de 64 (4 séries
de 16). On aurait pu alors les faire correspondre aux 16 figures
de la géomancie ou aux 16 pièces du jeu d'échec.
Mais tout cela est assez hypothétique.
Cependant, en 1425, Martiano da Tortona avait bien décrit
l'existance d'un tel jeu possédant 16 arcanes majeures.
Mais ici ces cartes représentaient des dieux grecs.
On notera aussi la présence, dans de
nombreux tarots (sauf celui de LUCQUES), de la tempérance,
de la force et de la justice. Il manque la prudence pour obtenir
les quatre "vertus cardinales" au complet. Peut-être
faisaient-elles partie du jeu à l'origine ? D'autant
plus que Ringhieri a rapporté qu'en 1551 existait à
Bologne un jeu de carte appelé "jeu du roi"
et dont les arcanes mineures étaient classées
ainsi :
- La série des épées correspondait à
la justice.
- La série des coupes correspondait à la tempérance.
- La série des colonnes (= batons) correspondait à
la force.
- La série des miroirs (= deniers) correspondait à
la prudence.
Il n'est donc pas impossible qu'au début il ait existé
une plus forte correspondance entre les arcanes mineures et
les arcanes majeures.
Cependant il existait en Allemagne un jeu
de cartes qui représente peut-être un état
encore plus ancien du jeu de TAROT : c'est le jeu de KARNÖFFEL
ou les arcanes mineures et majeures se confondent.
Voila la liste des cartes de ce jeu, de la plus forte à
la plus faible :
- Unterman (= Karnöffel / le cogneur)
- 7 (= le diable)
- 6 (= le pape)
- 2 (= le kaiser / empereur)
- Roi
- 3 (= oberstecker / le preneur de l'oberman)
- Oberman
- 4 (= unterstecker / le preneur de l'unterman)
- 5 (= farbensteker / le preneur de couleurs)
- 10
- 9
- 8
- 7 (= le diable).
La plus ancienne mention de ce jeu date de 1426 à Nordlingen
en Bavière. Il doit correspondre au "jeu des huit
empereurs" que Marchesa Parisina d'Este aurait commendé
à Florence en 1423. Ensuite il apparait sous le nom
de "carta da imperatori" (cartes des empereurs)
à Florence et Ferrare en 1434 puis au "ludus imperatori"
(jeu des empereurs) de Würzburg en 1443 et aux "carta
de imperaturi" de Ferrare la même année.
En 1457 il devient le jeu de Kaiserspiel (jeu des empereurs)
à Zurich en Suisse.
Un texte de 1546 rapporte qu'à cette époque
les cartes 2, 3, 4 et 5 étaient toutes appelées
"kaiser" (empereur).
Il n'est cependant pas certain du tout que les empereurs,
papes et diables de ce jeu aient un rapport avec ceux du TAROT.
|