DOSSIER HISTOIRE :



Bulles et bandes dessinées :                                                  

 

Depuis quand existent les bandes dessinées ?
Depuis quand existent les "bulles" de bandes dessinées ?
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les bulles et les bandes dessinées ont eu une longue histoire indépendante avant de se rejoindre.

Les débuts de l'art séquentiel :

Les plus anciens ancètres des planches de bandes dessinées peuvent être trouvés dans les anciennes bibles du moyen-âge. Certaines de leurs pages, en effet, étaient ornées d'une suite d'images représentant, dans l'ordre, les différentes séquences d'une action : La création du monde en six jours par exemple.
> Cliquez pour voir quelques exemples du IX au XIII ème siècle.
> Cliquez pour voir quelques exemples des XIV et XV èmes siècles.
Ces dessins ne pouvaient toutefois pas être considérés comme de vraies bandes dessinées car ils ne faisaient qu'illustrer le texte placé dans la page d'à-coté.

Il existait aussi d'autres séquences d'images se rapportant à des sujets parfois plus profanes et incorporant quelques lignes écrites indépendantes des pages de texte.
> Cliquez pour voir quelques exemples du X au XIII ème siècle.
> Cliquez pour voir quelques exemples du XIV au XVIII ème siècle.
La aussi on est assez loin des vraies bandes dessinées car ces dessins ne représentent souvent que quelques épisodes isolés de l'histoire racontée. Ils ne s'enchainent pas d'une manière dynamique mais se contentent d'illuster quelques passages-clés de l'action. Le texte peut donc trés bien être lu et compris en se passant d'eux.

Grace à l'invention de l'imprimerie, ces textes illustrés deviendront  plus répendus. Peu à peu, certaines des séquences seront constituées d'images mieux enchainées ... mais le texte les accompagnant reste encore trop descriptif et redondant.
> Voir une série dessinée par john Nixon en 1792.
> Voir une série dessinée par Richard Newton  (1777-1798) en 1793.

Certaines séries de dessins seront également utilisées pour reproduire des pièces de théatre.
Par exemple, aux Pays-bas, la pièce "Urbanue en Isabel" vers 1750.  > Voir la planche ici
> Voir ici une autre édition datant de 1805 (sur le site "www.thuisinbrabant.nl").
> Voir ici une autre édition datant de 1822 (sur le site "www.geheugenvannederland.nl").
> Voir ici encore une autre édition (sur le site "picasaweb.google.com").
Une autre pièce théatrale a également été représentée ainsi : "Leonardo und Blandine", en Allemagne en 1783.
> Voir une planche ici.

> Voir la pièce complète
(sur le site "Andy's Early Comics Archive").
Ici les illustrations suivent l'action pas à pas, probablement pour montrer comment se décompose la pièce, en soulignant les différentes postures et jeux scéniques des acteurs. Le résultat en est  que l'on se trouve là trés proche d'une véritable bande dessinée.

Cependant la majorité des productions resteront dans un style encore trés illustratif ("histoires en images") pour une bonne partie du XIXème siècle; La production des "images d'Epinal" (dés 1796) et les progrés de l'imprimerie en augmenteront cependant la diffusion.
> Voir ici un exemple d'image d'Epinal.
> Voir ici une page dessinée par william Elmes en 1812.
> Voir ici l'histoire "The little woman" publiée vers 1820 - 1830 (sur le site "Early Comics Archive").
> Voir ici l'histoire "The little woman" publiée vers 1820 - 1830 (sur le site "Archive.org").
> Télécharger l'histoire "The little woman" (sur le site "Project Gutenberg").


La littérature en estampes :

C'est au suisse francophone Rodolphe Töpffer (1799 - 1846) que les historiens européens attibuent la paternité des premières vraies bandes dessinées. C'est ce dernier en effet qui a inventé, en 1827, ce qu'il appelait "la littérature en estampes"; celle-ci se présentait sous la forme d'images reliées dynamiquement, avec un texte placé dessous.

Töpffer était d'ailleurs bien conscient d'avoir créé la un art nouveau, et il décrivait celui-ci ainsi dans un de ses livres :
"Ce petit livre est d’une nature mixte. Il se compose de dessins autographiés au trait. Chacun des dessins est accompagné d'une ou deux lignes de texte. Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman d’autant plus original qu’il ne ressemble pas mieux à un roman qu’à autre chose."

En 1845, il écrivit un "Essai de Physiognomonie" où il expliquait comment faire ressortir le caractère des personnages que l'on dessine. Il y donne aussi une définition de sa "littérature en estampe" :
"L'on peut écrire des histoires avec des chapitres, des lignes, des mots : c'est de la littérature proprement dite. L'on peut écrire des histoires, avec des successions de scènes représentées graphiquement : c'est de la littérature en estampes."

C'est Goethe lui-même qui l'encouragea à publier ses oeuvres et à les faire connaitre. Enthousiaste, il écrivait ceci, en 1831, à propos des histoires de Töpffer :
"C'est vraiment trop drôle ! C'est étincelant de verve et d'esprit ! Quelques-unes de ces pages sont incomparables. S'il choisissait, à l'avenir, un sujet un peu moins frivole et devenait encore plus concis, il ferait des choses qui dépasseraient l'imagination."

Les histoires créées par Tôpffer sont les suivantes :
- Histoire de Monsieur Vieuxbois en 1827 (publié en 1839). > Voir les croquis.  > Voir la BD.
- Histoire de Monsieur Crépin en 1827 (édité en 1837).
- Histoire du docteur Festus en 1829 (publié en 1840).  
- Histoire de Monsieur Trictrac en 1830 (publié en 1937).
- Histoire de Monsieur Cryptogame en 1830 (publié en 1846). > Voir la BD.
- Histoire de Monsieur Jabot en 1831 (édité en 1833).
- Histoire de Monsieur Pencil en 1831 (édité en 1840).
- Histoire de Monsieur Albert en 1844 (édité en 1845). > Télécharger la BD.

Les oeuvres de Tôpffer seront trés vite publiées dans toute l'Europe (et aux USA en 1947), inspirant des émules un peu partout.
Trés vite il sera imité par le dessinateur francais Cham (Amédé de Noé 1818-1879).
Ce dernier publiera les histoires suivantes :
- Monsieur Lajaunisse (1839)
- Monsieur Mélasse (1839)
- Histoire de Monsieur Jobard (1840)
- Deux vieilles filles vaccinées à marier (1840)
- Histoire de Monsieur Vertpré et de sa ménagère (1840), ...
- Etc...

Puis le belge Richard de Querelles publiera "Le Déluge à Bruxelles" en 1843.
Le français Gustave Doré publiera "Les Travaux d'Hercule" en 1847.
Nadar publiera "La Vie publique et privée de Monsieur Réac" en 1848.

En Allemagne, en 1865, Wilhelm Busch (1832-1908) publiera "Max und Moritz" dans le journal "Fliegende Blätter" Cette oeuvre, plus tournée vers les enfants, aura un grand succés.
> Voir la BD sur le site "Department of Foreign Languages"
> Voir la BD sur le site "J A D U - Internetworld"
> Télécharger la bande dessinée.

En France il y aura aussi le dessinateur Christophe (Georges Colomb, 1856 - 1945) qui créera plusieurs histoires célèbre dans la revue "Le Petit Français illustré" ::
- La famille Fenouillard (1889 - 1893)    > Voir.    > Télécharger sur le site "Gallica"
- Les facéties du sapeur Camember (1890 - 1896)    > Voir sur le site de Pierre Aulas.
- L'idée fixe du savant Cosinus (1893 - 1899)   > Voir sur le site de Pierre Aulas.
- Les Malices de Plick et Plock (1893 - 1904)    > Voir sur le site de Pierre Aulas.

Cependant, à la fin du XIXème siècle en Europe, l'art de la bande dessinée commencait à stagner. Les textes prenaient de plus en plus d'importance par rapport aux images et le dynamisme créé par Töpffer se perdait.
Ce qu'il manquait à cette "littérature en estampes" pour devenir de la vraie bande dessinée moderne (des "comics") c'était les bulles.
Pourtant celles-ci étaient déja connues à l'époque, mais on ne les employait pas dans les bandes dessinées. Nous allons voir maintenant leur origine, des début jusqu'à l'époque où elles intégreront les bandes dessinées ...

Les "Phylactères", ancêtres des bulles :

Le mot "phylactères" signifie 'talisman protecteur" et désignait à l'origine les "téffilims", bandes de parchemins portant des passages de la Bible que les Juifs employaient comme amulettes.
Par dérivation, ce mot a ensuite désigné les longues bandes ondulantes servant de support aux textes dans les dessins des manuscrits (depuis l'époque de l'Empire Carolingien au IXème siècle)..
> Cliquez pour voir quelques exemples du XII au XVème siècle.
> Cliquez pour voir quelques exemples du XVI au XVIII ème siècle.
Ils avaient différentes fonctions : Porter le titre des 'images, apporter des informations sur les personnages, ou transcrire les paroles qu'ils prononcaient. Ces phylactères pouvaient aussi bien sortir de la bouches de ces personnages que les toucher ou être tenus dans leurs mains.

On remarquera que les phylactères n'étaient pas utilisés dans les séquences de dessins mais seulement dans les illustrations en une seule image.
Il existe cependant des exceptions comme, par exemple, un imprimé de 1682 dénoncant (calomnieusement) un "complot papiste".
> Cliquez pour voir une partie de ce document.
> Cliquez pour voir ce document en entier (sur le site "British printed images to 1700").
Une autre exception est un curieux document créé en 1784 par Thomas Rowlandson (1756–1827).
> Cliquez ici pour voir ce document.
Cependant on ne peut pas parler ici de bandes dessinées à bulles car les dessins ne font qu'illustrer le texte au lieu de suivre l'histoire de manière dynamique.

Les phylactères n'étaient pas la seule méthode pour transcrire las paroles des personnages dans les dessins. On pouvait également écrire les paroles directement devant leur bouche.
> Cliquez pour voir quelques exemples des XIV au XVII ème siècle.

Les "Labels", premières bulles :

Le plus ancien dessin où les phylactères étaient remplacés par de vraie bulles a été retrouvé à Zutphen aux Pays-bas, dans une lettre écrite par le conte de Meurs en 1493. Mais il s'agit la d'un document isolé.
> Cliquez ici pour voir ce document.
Plusieurs images sont utilisées mais ce n'est pas pour ca qu'on doit considérer ce document comme une vraie bande dessinée ... ce n'est, la encore, que du texte illustré.

C'est surtout à partir du milieu du XVIII ème siècle, en Angleterre, que les "bulles" sont employées de manière massive dans les dessins de satires politiques.
Idem aux USA, au Canada ainsi qu'au Québec (qui vient alors de tomber sous la domination anglaise). Aux USA ces "bulles" sont appelées "Labels".
> Cliquez pour voir quelques exemples de 1749 à 1770.
> Cliquez pour voir quelques exemples de 1775 à 1813.
> Cliquez pour voir quelques exemples de 1813 à 1850.
> Cliquez pour voir quelques exemples de 1852 à 1861.

A la même époquen, cependant, la France continue d'éditer des images satiriques sans bulles, avec la légende placée sous le dessin.
> Cliquez pour voir quelques exemples d'avant 1815.
Aprés 1815 et la chute de l'empire, cependant, la France adoptera également les bulles / labels.
> Cliquez pour voir quelques exemples d'aprés 1815.

La Suisse utilise également les bulles, ainsi que le montre ce dessin humoristique de Tôpffer ...
-> Cliquez ici pour voir ce document de 1827.
Cependant on remarquera qu'il ne les emploit pas dans ses "littératures en estampes". Nulle part en Europe, d'ailleurs, on n'a l'idée d'employer ces bulles dans les bandes dessinées.

Ensuite, dans la 2ème partie du 19ème siècle, les bulles cesseront d'être à la mode en Europe, les dessins humoristiques se contentant d'une simple légende placée en-dessous pour indiquer les dialogues.
> Voir ici un exemple de dessin du Charivari en 1835 (France).
> Voir ici un exemple d'un dessin de Daumier en 1844 (France).
> Voir ici un exemple de dessins de 1872 à 1892, en France.
> Voir ici des exemples de dessins anglais de 1865 à 1880.

Entre 1840 et 1890, les bulles ne sont plus employées en Europe que dans les rébus.
> Voir ici un exemple.

En France, on remarquera cependant la présence de trois bulles vers la fin de la bande dessinée "Cosinus" (1893-1899) de Christoffe ... mais ce n'est la qu'un élément isolé et exceptionnel qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans la centaine de dessins que cette histoire comporte.
> Cliquez ici pour voir ce document.

En Amérique du nord, cependant, les bulles / labels continuent d'être employées...
> Voir ici des exemples de dessins à bulles de 1838 à 1848 (USA).
> Voir ici des exemples de dessins canadiens à bulles de 1873 et 1883.
> Voir ici des exemples de dessins à bulles de 1897 à 1907 (USA).


Les bulles du Yellow Kid" :

C'est au dessinateur américain Richard Felton Outcault (1863-1928), ancien illustrateur de Thomas Edison, qu'on attibue le premier personnage récurrent de la bande dessinée.

Le 2 juin 1894, Outcault créa la série "Hogan’s Alley" dans "Truth Magazine". Il ne s'agissait pas d'une vraie bande dessinée mais de grands dessins humoristiques en noir et blanc, sans bulles, représentant les facéties d'une bande d'enfants dans un quartier imaginaire de New York. L'un de ces enfants était chauve et portait une grande chemise.

Le 17 février 1895, Outcault quitta "Truth Magazine" et alla dessiner sa série "Hogan’s Alley" dans le sopplément du dimanche (en couleur) du journal "New York World".
Le petit garcon chauve était toujours la et sa chemise fut teinte en bleu ... puis en jaune. C'est pourquoi il fut appelé désormais le "yellow Kid" (son vrai nom étain Mickey Dugan). Il devint rapidement le personnage principal de la série.
> Voir sur lle site "Cartoons.osu.edu".
Le 15 mars 1896 Outcault commenca à faire parler son personnage. Les parole n'étaient cependant pas écrites dans des bulles mais directemennt sur sa grande chemise jaune. Ce procédé nouveau et original ne fera cependant pas école.
> Cliquez ici pour voir ce document
Le 23 Aout 1896, quelques bulles firent leur apparition pour faire parler des personnages secondaires. On ne pouvait toutefois pas parler là d'une bande dessinée à bulles puisqu'il s'agissait toujours d'une illustration en une seule image.
> Cliquez ici pour voir ce document

Le 4 Octobre 1896, Outcault quitta le "New York World" pour rejoindre le "New York Journal" le 18 octobre. Il y reprit sa série sous un nouveau nom, "McFadden’s Row of Flats",... et toujours avec le Yellow Kid,.
Le 25 Octobre 1896, Outcault dessina pour la première fois une vraie bande dessinée de cinq cases avec son personnage... en le faisant parler dans une bulle. Les historiens américains estiment que cette planche représente la première bande dessinée à bulle de l'histoire.
> Cliquez ici pour voir ce document.
Cependant cet essai resta isolé. Seule une autre planche datée du18 décembre 1896 utilise également des bulles ... mais en parallèle avec un texte placé sous chaque case.
> Cliquez ici pour voir ce document.
Et une autre planche datée du 3 janvier 1897 emploit des lignes de textes placées devant la bouche des personnages.
> Cliquez ici pour voir ce document.
Les autres bandes dessinées du Yellow Kid, qui dureront jusqu'au 23 janvier 1898, renonceront à tout emploi de bulles et se contenteront des textes dessinés sur sa chemise
> Cliquer ici pour voir un exemple daté du 30 Octobre 1897.
Cette utilisation de bulles dans une bande dessinée par Outcault doit donc être considérée seulement comme un essai sans lendemain.

A noter qu'on a retrouvé une bande dessinée à bulles encore plus ancienne, créée par James A. Shepherd en 1891 .. mais la aussi il s'agissait d'un essai sans suite.
> Cliquez ici pour voir le document.

On connait aussi une planche datant de 1855, originaire des USA, qui porte à la fois quelques bulles et des légendes sous les images. La aussi on a affaire à un essai isolé.
> Cliquez ici pour voir le document.


Les premiers comics :

En fait ,la première vraie bande dessinée utilisant des bulles de manière systématique (ainsi que des personnages récurents) n'apparait que le 12 décembre 1897 dans le "American Humorist", supplément hebdomadaire du "New York Journal". Il s'agit des "Katzenjammer kids" (les "Enfants Gueules-de-bois"), une série qui s'inspiratit visiblement du"Max und Moritz" de Wilheim Busch. Son créateur était Rudolph Dirks (1877-1968), un dessinateur d'origine allemande.
Au début, les textes étaient encore placés sous les images, à l'ancienne mode, et c'est seulement à partir de Juillet-Aout 1899.que les bulles seront utilisées.
> Voir sur le site "Itomi et les mangeurs d'images".
> Voir sur le site "Barnacle Press".
Cette bande dessinée est la plus ancienne existant dans le monde puisqu'elle continue à être publiée à notre époque. En france elle est connue actuellement sous le nom de "Pim, Pam, Poum".

La 2ème bande dessinée a utiliser régulièrement des bulles fut "Happy Hooligan" (du 11 Mars 1900 au 14 Aout 1932) dans le "New York Journal". C'était une création du dessinateur Frederick Burr Opper (1857 - 1937). On notera que le personnage de Happy Hooligan a probablement influencé le personnage de Charlot au cinéma.
> Voir sur le site "Barnacle Press".
Toujours pour le même journal, Frederick Burr Opper dessina deux autre bandes dessinées à bulles :
- Alphonse et Gaston (22 Septembre 1901 ...)
- And Her Name Was Maud (24 Juin 1904...)
> Voir sur le site "Cartoons".

Quand à Richard Felton Outcault, aprés le Yellow Kid, il  dessina la série "Pore Li'l Mose" du 2 Décembre 1900 au 24 Aout 1902 dans le "New York Herald". C'était une sorte de texte illustré, comportant parfois quelques bulles.
> Voir sur le site "Mastodon Studio".
Ensuite, pour le même journal, il dessina la série "Buster Brown" du 4 Mai1902 au 15 août 1920..C'était, cette fois, une vraie bande dessinée moderne avec des bulles.
> Voir sur le site "Barnacle Press".

En 1903 apparut une des bandes dessinées les plus originales jamais inventée : "Upside-downs of little lady Lovekins and old man Muffaroo", dessinée par Gustave Verbeck (1867-1937) pour le "New York Herald". Les pages y sont faite à l'ancienne mode, avec du texte sans bulles ... mais chacune se lit aussi bien à l'endroit qu'à l'envers ! Cette BD existera du 11 Octobre1903 jusqu'au 15 Janvier 1905.
> Voir sur le site "Amazing Art".
> Voir sur le site "PlanetPerplex".
> Voir sur le site "Barnacle Press".
> Télécharger des plances de la BD.

Une autre bande dessinée incontournable fut "Little Nemo in Slumberland" créée par Winsor McCay (1867 - 1834) et qui est parue du 15 Octobre 1905 au 26 Juillet 1914 dans le "New York Herald" puis dans le "New York American". Au début, les bulles y étaient accompagnées d'un petit texte sous chaque case ... puis les bulles furent utilisées seules à partir du 11 Mars 1906...
> Voir sur le site "Wikipedia"

> Voir sur le site "BDPIF".

A la même époque, en Europe, les bandes dessinées continuaient d'être de la "littérature en estampes" à l'ancienne mode. Les plus notables furent "Bécassine", créée par Joseph Pinchon (1871 - 1953) dans le "Semaine de Suzette" le 2 Février 1905 et les "Pieds Nickelés", créés par Louis Forton (1879 - 1934)  dans le journal l’Épatant. le 4 Juin 1908.

La première bande dessinée francaise a utiliser des bulles comme dans les comics américains sera "Sam et Sap" créée par Rose Candide (Edmond Tapissier, 1861 -1943) dans le journal "Saint-Nicolas" en 1908. Mais cette utilisation restera un fait ponctuel et isolé.
Les "Pieds Nickelés" commenceront cependant à incorporer des bulles dans leurs histoires, mais petit à petit et parallèlement aux textes placés sous les images.
> Voir ici une planche des Pieds Nickelés.

En 1923, l'hebdomadaire "'Excelsior Dimanche" commence à publer des BD américaines (à bulles) en France. Il deviendra le "Dimanche illustré"en 1924. Sous son influence, Bécassine commencera à employer quelques bulles à partir de cette même année.
La première bande dessinée francaise à vraiment populariser l'usage des bulles sera "Zig et Puce",
créée par Alain Saint-Ogan (1895 -1974) dans ce même "Dimanche illustré" le 3 mai 1925.
Le style de cette BD inspirera peu aprés le dessinateur belge Hergé pour créer le personnage de "Tintin" en 1929.
> Cliquer ici pour voir les documents sur le site "Collections.citebd.org"

Aux USA, lors de la grande crise économique de 29-33, la bande dessinée humoristique pour enfants continue avec le personnage de Mickey Mouse par Walt Disney (en dessins animés à partir de 1928, en BD à partir de 1930) mais elle commence à reculer devant une arrivée massive d'histoires d'aventures réalistes et de science-fiction (Tarzan et Buck Rogers en 1929, puis Dick Tracy en 1931, Flash Gordon en 1933, Mandrake en 1934, etc...), initiant ainsi l'âge des BD américaines "classiques".
En 1934 le "Journal de Mickey" arrive en France et y lance la mode de ces BD américaines classiques. Dans les années suivantes, de nombreux autres journaux apparaitront, spécialisés dans les BD d'outre-Atlantique (et italiennes), initiant ce que certains appelleront "l'âge d'or de la bande dessinée" en Europe. Celui-ci sera cependant brutalement arrété vers 1941 par la 2ème guerre mondiale.
L'adoption des bulles dans les BD francaises centinuera à progresser lentement. Ainsi il faudra attendre le nouveau dessinateur Pellos, en 1948, pour que les Pieds Nickelés soient enfin totalement débarassés des textes en dessous des cases.

Vers 1938-1939, aux USA, commencera ce que certains appellent l'"âge d'or" de la BD américaine. Celui-ci est caractérisé par la prédominance des super-héros (Superman en 1938, Batman en 1939, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Captain America, etc...) et durera jusqu'à la fin des années 40.

Vers la même époque, dans l'Europe de l'aprés-guerre, apparait l'"école franco-belge" de bandes dessinées. Au début celle-ci voyait la prédominance des dessinateurs belges et elle se divisait en deux branches :

- L'école de Marcinelle (ou de Charleroi) fondée par Franquin (1924-1997), avec le journal Spirou (1938),et utilisant le style "gros nez". Il en sortira les personnages de Spirou (1938), Tif et Tondu (1938), Lucky Luke (1947), Gaston Lagaffe (1957), les Schtroumpfs (1958), Benoît Brisefer (1960), Natacha (1969), Isabelle, Marc Dacier, Johan et Pirlouit, le Vieux Nick, Boule et Bill, le Scrameustache, les Tuniques bleues, etc...

- L'école de Bruxelles fondée par Hergé (1907-1983), avec le journal Tintin (1946), et utilisant le style "ligne claire". Il en sortira les personnages de Tintin et Milou (1929), Blake et Mortimer (1946), Alix (1948), Michel Vaillant, Ric Hochet, Cubitus, Dany, Aria, etc... (Cette école, plus réaliste et moins humoristique que la première, dérivait graphiquement du style de "Zig et Puce" d'Alain Saint-Ogan).

Par la suite, la prédominance passera peu à peu à la France, grace à une nouvelle école fondée par René Goscinny, Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier avec le journal "Pilote" en 1959. Au début celle-ci reste dans le style de l'école de Marcinelle, avec les personnages d'Astérix (1959), Achille Talon (1963), etc ..., avant de devenir plus adulte et fantastique aprés Mai 68. En sortiront les personnages de Lone Sloane, Philémon, Valérian, le concombre masqué, etc... Par la suite les revues l'"Echo des savanes" (1973) et "Métal hurlant" (1975) iront encore plus loin dans l'aspect adulte et fantastique, en imitant les BD undergrounds des USA (1967-1974). "Pilote" disparaitra cependant en 1986 et "Métal Hurlant" en 1987.

Puis viendra l'époque des mangas, bandes dessinées japonaises inventées en 1947 par Tezuka Osamu (1928-1989). C'est en 1978, dans la revue "Le cri qui tue", que fut publié le premier manga en France...,