Les
dolmens :
Quand on parle de dolmen, on pense généralement à une grosse dalle de pierre reposant sur des blocs servant de pilliers. Certe, un dolmen c'est une sorte de table de pierre … mais ce n'est pas que ça : La table de pierre n'est que la structure interne centrale du dolmen, elle en est la partie la plus massive et la plus solide qui subsiste quand tout le reste, autour, a disparu à cause de l'érosion. En fait un dolmen est constitué d'un cairn (c'est à dire un tumulus de petites pierres) dans lequel un couloir permet l'accés à une chambre mortuaire construite avec de gros blocs de pierre (mégalithes). C'est cette chambre qui forme la table de pierre quand le tumulus s'est éboulé et a disparu. Quand aux corps qui ont été enterrés dans la chambre, ils ont souvent disparu, rongés par l'acidité des sols.
Si on les étudie en détail, on voit qu'il existe un grand nombre de types différents de dolmens, selon les lieux et les époques.
En Europe, leur apparition est due à la conjonction de deux courants culturels qui se sont rencontrés en Bretagne : Le courant des longs tumulus funéraires, venu du nord, et le courant des cistes (coffres de pierre) funéraires, venu du sud.
Voici comment s'est développée la « mode » des dolmens funéraires …
Les cistes proto-mégalithiques de Méditerranée :
Vers 4900-4500 av.JC, un nouveau type de sépultures apparait en France du sud et dans les pays voisins : les cistes (coffres de pierre) enterrés sous un tumulus.
On ne peut pas encore les considérer comme des dolmens car elles contiennent parfois une structure d'accès mais jamais de couloir. Cependant, elles ont un certain rôle à jouer dans la genèse des tombes mégalithiques car elles sont composées parfois de blocs de pierre assez gros.
Ces tombes à cistes étaient de types assez divers :
-Ibérie orientale : "Fosses à dalles" (fosses circulaires entourées de dalles et recouvertes d'un tumulus).
-Ibérie occidentale : Cistes recouvertes d'un toît de bois sous un "mamoa", tumulus bas en terre entouré de pierres (4900 av.JC). Ces tombes pseudo-mégalithiques sont parfois appelées "dolmens sans couloir" (ou "dolmens sans ouverture"… mais ce ne sont pas des vrais dolmens au sens propre.
-Catalogne : Fosses couvertes de pierres puis fosses entourées de dalles et recouvertes d'un tumulus (4900 av.JC).
-Roquefort : Cistes sous tumulus, avec une porte en dalle à l'est (4900 av.JC).
-Solsona (Catalogne) : Cistes, parfois avec une dalle frontale amovible, sous tumulus circulaire (culture de Montbolo, 4800 ou 4100-3600 av.JC).
-Tavertet (Barcelone, en Catalogne) : Cistes sous tumulus (culture de Montbolo, 4800 ou 4100-3600 av.JC).
-Caramany (Pyrénées-Orientales) : Cistes dans une fosse et cistes dans un tumulus circulaire parementé de galets, parfois avec une porte en dalle amovible (culture de Montbolo, 4800 ou 4100-3600 av.JC).
-Cortaillod (Suisse) : Cistes de type Glis-Chamblande sous tumulus cerclé de pierres. Individuels (4800-4300 av.JC) puis collectifs (4300-4100 av.JC).
-Martin Violet (Loire atlantique) : Cistes avec un plancher de bois, sous un tumulus rond (4700-4500 av.JC) puis cistes collectifs avec couvercle amovible, sous un tumulus rond entouré d'un fossé ouvert au sud-est (Culture de Chambon, 4100-3700 av.JC).
-Boujas (Hérault) : Cistes sous tumulus rond bordé de dalles.
-Coste rouge (Hérault) : Cistes avec une dalle amovible.
-Chasséens (Culture de Chassey) : Petites cistes fermées et grandes cistes à ouverture frontale par dalle amovible, individuelles (4500 av.JC) puis collectives (4300-3300 av.JC). Elles sont alors moins profondément enfouies pour que leur couvercle soit plus facile à ouvrir.
-Najac (Hérault) : Cistes sous tumulus avec parfois une structure d'entrée en dalle basse (Culture de Chassey, 4400-3300 av.JC).
-Saint Jean du Désert (Marseille) : Coffres sous tumulus cerclé de pierres (Culture de Chassey, 4400-3300 av.JC).
-Saint Michel du Touch (Toulouse) : Chambre rectangulaire avec un tout de bois sous un cairn de gallets (Culture de Chassey, 4400-3300 av.JC).
-Chasséens du nord : Coffre de bois ou de pierre dans une fosse (4100-3400 av.JC).
-Arzachena (Sardaigne) : Cistes entourés d'un cercle de pierres (4000 av.JC ?)
Les tumulus proto-mégalithiques du Bassin Parisien :
Les Danubiens à poteries rubanées étaient des agriculteurs et éleveurs néolithiques qui avaient remonté le Danube et s'étaient installées dans le Bassin Parisien.
Leurs sépultures n'entrent pas dans la catégorie des dolmens car elles ne sont pas constituées par des gros blocs de pierre érigés et elles ne contiennent pas de couloir d'accès. Cependant leur évolution permettra l'émergence ultérieure des vrais dolmens. Voici les phases de cette évolution …
- Les Danubiens de Villeneuve-saint-germain (-5000-4700 av JC) :
Expansion vers la Bretagne.
Dans le nord (Aisne, Marne, Champagne-Ardennes) les morts sont enterrés tête à l'est ou au sud-est dans des "fosses à niche et à banquette".
- Les Danubiens de Cerny-Videlles (-4600-4400 av JC) :
La société devient moins égalitaire et une aristocratie apparait. Les morts communs sont enveloppés dans un suaires et enterrés dans des fosses ovales avec de l'ocre, tête à l'est. Les élites sont inhumées dans de grandes fosses recouvertes par une énorme dalle de pierre ("tombes de type Malesherbes").
- Les Danubiens de Cerny-Barbuise (-4400-4200 av JC) :
Les inégalités se développent de plus en plus et les élites se font inhumer dans des tombes de plus en plus grandes. Les morts sont enterrés sur le dos, tête à l'ouest, dans des petits caveaux de bois sous des tertres de terre entourés d'un fossé et parfois d'une palissade. Parfois un tertre contient plusieurs caveaux : dans ce cas tous les morts qu'il abrite sont du même sexe.
Les premiers tertres étaient de forme simple, ensuite ils s'ornèrent d'un renflement sur leur coté est, la ou se trouvait le caveau (tombes de style "Belloy").
Avec le temps ils s'allongèrent démesurément, atteignant parfois 350 m de long (tombes de type "Passy").
En Normandie, des variantes apparaissent : les renflements pouvaient se trouver au centre ou alors le tertre peuvent prendre une forme trapézoïdale (de plus, les caveaux peuvent être en pierres).
En Normandie apparaissent aussi des tertres bas et courts (de style "Belloy") constitués de mottes de gazon et consolidés autour par des dalles de pierre (tertres de Sarceaux dans l'Orne). On retrouve ce type de tertre aux Fouaillages à Guernesey qui n'a plus de fossés mais possède des caveaux de pierres.
Les tertres longs seront adoptés aussi par les peuples de Chambon dans la Vienne : tombes individuelles en forme de tertres allongés orientés vers le sud-est, contenant un ciste (coffre de pierre). Les morts ont la tête à l'est.
Les tertres longs se retrouveront jusqu'en Aquitaine (à Bernet, par exemple).
Vers 4700-4200 av JC, des Danubiens s'installent dans le sud de l'Angleterre où ils fondent la civilisation de Windmill-hill. Ils construisent des "long-barrows" (tumulus bas allongés) contenant des caveaux en bois (mégaxyles). En fait ces caveaux sont des "maisons mortuaires" en bois qui ont été brûlées avant d'être recouvertes par le tumulus. Ce dernier est entouré de deux fossés et d'un mur en bois ou en mottes de terre. Des poteaux de bois précèdent parfois une véritable entrée (placée vers l'est) permettant d'entrer dans la tombe.
Les tumulus longs de forme quadrangulaire (long-barrows) se massent surtout dans le centre-sud de l'Angleterre. Dans le sud-est on trouve aussi des "oval-barrows", de forme plus arrondie, en terre ou en pierres, avec une chambre de bois.
Vers -4200-3500 av.JC, les poteaux à l'entrée sont remplacés par deux "antennes" ou "cornes" (avancées du tumulus), celles des tombes écossaises de Clydes-Carlingford et des "sépultures à cours" d'Irlande du nord devenant particulièrement volumineuses.
Les Dolmens atlantiques :
Dés 4500 av.JC, sous l'influence des Danubiens de Cerny, les peuples de Bretagne ont, eux aussi, commencé à construire des tumulis funéraires allongés. Mais ils subissaient également l'influence des peuples de Chassey, au sud, avec leurs tombes à cistes.
Les sépultures de Bretagne sont donc constituées par des caveaux de pierre enfuis dans des tertres de vase callés par des pierres et entourés d'un fossé (tumulus carnacéens de type "Mané-Hui" ou "Manio" à tombes individuelles).
Ces caveaux de pierre sont des cistes (coffres de pierre) ou des espaces entourés de blocs de pierre, avec un plancher surélevé. Ils sont sans structure d'accès (ce ne sont donc pas encore de vrais dolmens) et souvent recouverts d'un tas de pierres (cairn) noyé sous le tumulus.
Vers 4300 av.JC, apparaissent les premiers vrais dolmens, c'est à dire des tombes mégalithiques munies d'un couloir d'accès (sépultures collectives de type "Kerlagat »). Elles ont la forme d'une chambre mégalithique ronde en tholos (voute en encorbellement) avec un couloir et recouverte d'un cairn (tumulus de pierres sèches) à parements concentriques en gradins ( >Voir
le plan d'un dolmen ). On les trouve de la Bretagne jusqu'en Charente et, à partir de 4200 av.JC av.JC, ils pénètrent dans la péninsule ibérique (dolmens "antas"). Leurs porteurs semblent être venus de Bretagne par la mer, puis ont suivi les cotes atlantiques de l'Espagne et du Portugal. Au début on a affaire à des "dolmens simples" c'est à dire avec une entrée mais sans couloir. Ensuite viendront les dolmens à couloir court puis à couloir long.
Vers -4100 -3800 av.JC, les couloirs sont progressivement raccourci, les chambres deviennent plus carrées et les grands cairns sont remplacés par des tumulus bas en terre (actuellement, ceux-ci ont souvent été détruits par l'érosion, laissant leur chambre de pierre à nu).
En Espagne du nord et au Portugal, la forme des chambres évolue pareillement : au début elle était polygonale, ensuite elle sera parfois carrée.
Les dolmens atteignent aussi la Catalogne du nord, mais avec des chambres rondes en pierres sèches.
Vers 3800 av.JC, plusieurs styles régionaux apparaissent dans la construction des dolmens :
- Dolmens breton (dolmens carrés compartimentés au nord et dolmens cruciformes / transeptés / à cabinets latéraux au sud)
- Dolmens angevins carrés à portique : Dolmens compartimentés dont le couloir est remplacé par un portique, avec un tumulus à facade rectiligne à l'avant et arrondie à l'arrière.
- Dolmens angoumoisins : Dolmens à couloir court décentré et chambre ronde ou carrée.
- Dolmen de Marsac : Dolmen simple à chambre piriforme avec entrée en "V"(Creuse, -3750-3500 av.JC).
Vers 3300-2500 av.JC, les dolmens portugais pénètrent en Andalousie. Ils deviennent de plus en plus grands, les couloirs sont de plus en plus longs, et le plafond de la chambre est remplacé par une fausse coupole ("dolmens à tholos", parfois en partie enterrés).
A la même époque, les Indo-Européens de "Seine-Oise-Marne" (3400 à 2800 av.JC), venus de l'est, commencent à avancer vers la cote atlantique française. Leurs tombes mégalithiques en »allées couvertes" (voir plus loin) sont construites dans les vallées et non plus sur les hauteurs comme les dolmens. Leur influence sur ceux-ci donnera naissance à de nouveaux types de tombes dolméniques, plus allongées :
- Longs dolmens en équerres (coudés en "L") des côtes sud de la Bretagne (culture de Kerougou, -3300-2800 av.JC).
- Dolmens en forme de "V" de hauteur uniforme, sous tumulus , à l'intérieur de la Bretagne occidentale.
- Dolmens angevins rectangulaires de type "Loire", sous tumulus, avec portique surbaissé (trilithe bas) remplacant le couloir (2900 av.JC : domination des Indo-Européens de "Vienne-charente")
Les Dolmens anglais :
-3900 -3700 av.JC : Des populations venues de Bretagne introduisent l'usage des dolmens simples sans couloir ("tombes à entrée" / "entrance graves") en Cornouailles et en Irlande du sud-est.
Ensuite viennent les dolmens à couloir de Bargrennan ("passage graves", sous tumulus rond, avec une chambre ronde, polygonale ou carrée) qui remontent jusque dans l'Écosse du sud-ouest.
-3800 -3200 av.JC : Nouvelles infliltrations venues de Bretagne. Les dolmens à couloir avec chambres transeptées arrivent au pays de Galles et en Irlande.
Les traditions des dolmens (placés sur des hauteurs) et des longs tumulus (placés en plaine) se mélangent alors pour donner des types hybrides :
- Entre l'Angleterre et le Pays de Galles on trouve des longs tumulus dont le caveau de bois est remplacé par une chambre dolménique transeptée en pierres (sépultures de Severn-Cotswold : -3800 -3600 av.JC).
- Dans le Kent, les longs tumulus de Medway (3300 av.JC ?) ont leur caveau de bois remplacé par une chambre dolménique en pierres (influences venues de Bretagne ou d'Allemagne du nord ?)
- En Écosse du sud-est on trouve des longs tumulus dont le caveau de bois est remplacé par une chambre dolménique carrée en pierre (Sépultures de Clydes-Carlingford, 3700 av.JC ?) parfois avec des dalles septales de division comme en Bretagne).
- En Irlande, les tumulus à cours se munissent de chambres mégalithiques (sans vrai couloir) et deviennent des "dolmens à portique / portail" ("quoits" : 3800?--3200 av.JC). Ils s'exportent jusqu'en Cornouailles et au pays de Galles.
Vers -3200 -2900 av.JC, dans l'est de l'Irlande, les tombes à portail et les tombes à cours, placées en plaines, sont concurencées par les dolmens transeptés géants de la Boyne, placés sur les hauteurs.
- En Écosse du nord et Orcades on trouve encore des dolmens compartimentés (à stalles) de type Orknay-Cromarty (-3700-3100 av.JC) puis des dolmens à cabinets latéraux de type Maes-Howe (-3100-2500 av.JC).
Plus tard viendront les derniers dolmens : les sépultures cunéiformes ("wedge tombs" en forme de coin ou de "U" dans l'ouest de l'Irlande (-3200 ou -2400 à -2100 av.JC) . Peut-être sont-ils apparentés aux allées couvertes (voir plus loin) ?
Ils seront ensuite suivis, vers 1500-800 av.JC, par les « Boulder burials » composés d'un gros rocher reposant sur trois petits blocs.
Les Dolmens méditerranéens :
Vers -3400-2800 av.JC, les Indo-Européens de "Seine-Oise-Marne" (voir plus loin) s'installent dans le Bassin Parisien et progressent vers la cote atlantique. Fuyant cette invasion, des tribus de ces régions migrent vers le sud et apportent les dolmens sur le versant méditerranéen de la France.
De nombreux types de dolmens sont alors construits …
- Dolmens à vestibule-puits des Pyrénées :
Ce sont des dolmens simples, sans couloir, dans lesquels on pénètre par un puits débouchant sur le sommet du tumulus.
- Dolmens à porte-fenêtre ("chambres pyrénéennes") :
Ce sont des dolmens simples, sans couloir, dans lesquels on pénètre par une petite fenêtre placée en hauteur.
- Dolmens est-pyrénéens / Dolmens catalans :
Ces dolmens ont l'entrée orientée au sud-est. Leur couloir est court et étroit, leur chambre est ronde au début puis devient carrée avec un chevet engagé (-3400-3000 av.JC).
Sous l'influence des "allées d'Aquitaine" (voir plus loin), ces dolmens voient leur couloir s'allonger et s'élargir pour former des pseudo-allées couvertes de type "Aude" (« galeries catalanes », -2900-2500 av.JC) qui remplaceront les dolmens à vestibule-puits et à porte-fenêtre.
- Dolmens caussenards : Ils ont une chambre carrée ouverte vers le sud-est (ou au sud-ouest pour le type ardèchois), avec un chevet engagé. Leur cairn est rectangulaire (type caussenard central et ardéchois) ou trapézoïdal (type quercynois).
Certains sont sans vestibule (dolmens simples quercynois), d'autres ont un vestibule / couloir droit (dolmens à vestibule quercynois) ou coudé (type caussenard central et ardéchois).
- Dolmens simples ouest-pyrénéens du pays basque :
Ils ressemblent aux dolmens simples caussenards sauf que leur tumulus est rond. Ils n'ont pas de vestibule / couloir et leur entrée, orientée à l'est, est plus étroite que le chevet. Ce dernier est engagé.
- Dolmens languedociens :
On les trouve dans les plaines. Leur tumulus est rond et leur chambre est carrée, à chevet engagé, avec l'entrée orientée au sud-ouest. Le couloir long et surbaissé peut être axial ou dévié vers la gauche (dolmens en "p") ou vers la droite (dolmens en "q"). Parfois des dalles échancrées marquent l'entrée de la chambre. Parfois celle-ci possède aussi une antichambre. Les dolmens de type A sont entièrement en dalles de pierre. Ceux de type B (les plus nombreux) ont leur chambre en dalles et leur couloir en pierres sèches. Ceux de type C sont entièrement en pierres sèches.
- Dolmens provencaux occidentaux / bas-rhodaniens :
On les trouve sur des sites de hauteur. Leur tumulus est rond et leur couloir est court. Leur chambre rectangulaire a des parois latérales en pierres sèches. L'entrée est orientée vers le sud ou le sud-ouest. A l'ouest du Rhone, ces dolmens ont le chevet débordant alors qu'il est engagé à l'est.
- Dolmens provencaux orientaux :
On les trouve sur des sites de hauteur. Leur tumulus est rond, leur couloir est court et surhaussé, et leur chambre carrée à chevet débordant a les parois latérales en pierres sèches ou en petites dalles. L'entrée est orientée vers le sud ou le sud-ouest.
- Dolmens alpins :
Ce sont des dolmens en dalles de pierre avec un couloir aussi large que la chambre. Celle-ci est rectangulaire et séparée du couloir par un passage reserré entre deux pilliers orienté vers le sud-ouest.
- Dolmens de type "Schwörstadt" (3400 av.JC) :
Ils n'ont pas de couloir et leur entrée, orientée vers l'est, est réduite à un simple trou.
Ces dolmens proviennent d'une influence des "allées couvertes" de Seine-Oise-Marne (voir plus loin) sur les anciennes tombes à cistes.
- Dolmens de type "Aillevans" :
Ils sont munis d'un faux couloir constitué de deux dalles appelées "antennes". Leur entrée, orientée vers l'est, est réduite à un simple trou ou à un petit passage latéral. Le tumulus est rond ou allongé.
Ces dolmens dérivent des ceux de type "Schwörstadt" avec une influence encore plus grande des "allées couvertes" de Seine-Oise-Marne.
Les Dolmens du type « Allées couvertes » :
Ils ont une origine distincte des Dolmens classiques …
Au début, les Indo-Européens de la culture des gobelets-entonnoirs (Plaine d'Europe du nord, -4700-2900 av.JC) enterraient les hommes du peuple dans des fosses individuelles ou collectives et les nobles dans des fosses à ocre sous des kourganes.
Ensuite, vers -4000 -3600 av.JC, les hommes du peuples ont eu droit à des tombes plates ou à cistes alors que les nobles étaient placés dans des chambres de pierre ou de bois sous des longs tumulus en terre (kourganes trapézoîdaux) entourés de palissades en bois ("sépultures de Cujavie" ou « pseudo-dolmens sans accés").
En Hollande, Hesse, Westphalie et Scandinavie, les tumulus funéraires évoluent ensuite vers le type "dolmens élargis" (vrais dolmens avec un couloir d'accés) sous tumulus ronds ou longs.
Vers 3400-2900 av.JC, les Indo-Européens de la culture des gobelets-entonnoir sont chassés par d'autres tribus et s'enfuient vers l'ouest, se divisant eu deux. La tribu de Pfyn part s'installer en suisse ou elle fondera la civilisation de Horgen (3400 à 2800 av.JC). Une autre tribu issue de la Hesse-Westphalie part à la conquète du bassin parisien ou elle fondera la civilisation de Seine-Oise-Marne (3400 à 2800 av.JC). Cette dernière va ensuite soumettre la Bretagne (culture de »Quessoy ») vers 3200-3000 av.JC.
Les "dolmens élargis" perdent leur tumulus, s'allongent encore plus et deviennent ainsi des "allées couvertes".
Celles-ci existent sous deux formes:
- Les allées couvertes à entrée latérale orientée vers le sud (Westphalie, Pays-bas, Picardie puis Bretagne), à partir de 3300 av.JC.
- Les allées couvertes à vestibule orienté vers le sud ou vers l'est (Hesse, Scandinavie, Bassin parisien puis Bretagne).
Ces allées à vestibule peuvent elle-même être de type enterré (Hesse-Westphalie, Belgique et Bassin parisien) ou de type aérien (Allemagne du nord, Belgique puis Bretagne).
Au Franche Comté, dans la civilisation de Horgen, on utilise un autre type de sépulture né d'un croisement entre les allées couvertes et les tombes à cistes des peuples du sud. Ce sont les dolmens de type "Schwörstadt" (3400 av.JC). Ils n'ont pas de couloir et leur entrée est réduite à un simple trou orienté vers l'est.
Ils seront suivis par les dolmens de type "Aillevans". Ceux-ci sont munis d'un faux couloir constitué de deux dalles appelées "antennes". Leur entrée, orientée à l'est, est réduite à un simple trou ou à un petit passage latéral. Le tumulus est rond ou allongé.
Les Indo-Européens Séquaniens de Seine-Oise-Marne s'infiltrent ensuite vers le centre-ouest (cultures de "Taizé" et de "Vienne-Charente") puis vers l'Aquitaine (culture d'»Isle-Dordogne") vers 3100 av.JC. Les cultures de Taizé, Vienne-Charente et isle-Dordogne sont souvent réunies sous le nom de "Loire-Dordogne".
La culture d'Isle-Dordogne adoptera les allées couvertes aériennes sous tumulus. Ces allées couvertes méridionales se divisent alors en deux types :
- Les allées d'Aquitaine : Assez courtes, avec une entrée plus basse et plus étroite que le fond.
- Les allées de type girondin : Assez longues, basses et étroites sur toute leur longueur.
Il est possible que les sépultures allongées de l'Aude et des Pyrénées orientales (« Allées de type Aude" ou « Galeries catalanes", -3000-2500 av.JC) viennent d'une influence des allées d'Aquitaine.
Ces « Allées de type Aude" sont sous tumulus rond. Leur couloir, long et aussi large que la chambre, est à bords parallèles (type en "U") ou à bords divergeants (type en "V"). Deux dalles échancrées ou une dalle perforée en hublot permettent de marquer le passage entre le couloir et la chambre. Celle-ci est très allongée et a un chevet non-engagé. Parfois une antichambre se trouve entre le couloir et la chambre.
Ces pseudo-allées vont progresser vers les Pyrénées (jusqu'au pays basque) où elles prendront la place des dolmens simples à porte-fenètre ("chambres pyrénéennes") ou à vestibule en forme de puits.
Les pseudo-allées seront même exportées jusqu'en Sardaigne, l'entrée orientées au sud, et elles se diviseront en plusieurs types :
- Dolmens simples sans couloir (ou dont le couloir a disparu ?).
- Dolmens avec entrée en dalle perforée (avec, probablement, un tumulus et un couloir qui ont disparu, érodés par le temps).
- Dolmens avec un long couloir et une longue chambre séparés par une dalle perforée, appelés "tombes à poliandre" ou »allées de Sardaigne", apparentées aux "allées de l'Aude" / "galeries catalanes" de France.
Dés 1800 av.JC, ces "allées de Sardaigne« évolueront pour donner des tombes plus évoluées, en pierres taillées : les "navetas" des Baléares (dolmens navétiformes, c'est à dire en forme de quille de bateau retourné) et les "allées à exèdre" ou »tombes de géants" de Sardaigne (avec facade monumentale).
Les dolmens "bazinas" ou "chouchas" d'Afrique du nord dérivent peut-être de ces dolmens insulaires, mais à une date plus tardive.
Les Dolmens coréens de type « chepins / goindols » :
Ils ont une origine distincte des Dolmens d'Europe.
C'est vers 1600 av JC, à l'ouest de la Corée, dans la province chinoise du Liaoning, que se forme la civilisation de Shangmashi. Celle-ci connait le bronze et enterre ses morts dans des dolmens (influence venue de Mongolie ?). A la même époque, on trouve aussi des dolmens à Yueshi, en Chine, au nord du Shandong (Peut-être a-t-on affaire là au peuple des Yis, une ethnie aujourd'hui disparue). En Corée du nord, le peuple de Shangmashi crée la civilisation de Mumun ancien (-1500-850 av.JC). Les dolmens (appelés "goindols" ou "chepins") sont alors des "dolmens en table" ("dolmens de type nord"). Ils ressemblent à des cistes non-enterrées et munies d'une dalle amovible. On peut les considérer comme des dolmens simples, sans couloir et sans tumulus.
Selon la légende, c'est alors (en 1126 av.JC) qu'un Chinois appelé Kijia aurait créé un royaume en unifiant la Corée du nord.
Vers 850 av JC la culture Mumun envahit la Corée du sud, y apportant l'usage du bronze et des dolmens, formant ainsi la civilisation de Mumun moyen (-850-550 av.JC) puis de Mumun récent (-550-300 av.JC) / culture de Songguk-ri . Les dolmens / goindols sont alors des "dolmens enterrés" ("dolmens de type sud"). Ce sont des cistes enterrées dans le sol, recouvertes par une grosse pierre mégalithique posée sur des petites pierres.
Une partie du peuple coréen de Mumun passe dans le sud du Japon (dans le nord-ouest de l'ile de kyushu) et s'installe à Itazuke ou il introduit l'usage du riz, du bronze et des dolmens. Il forme alors la culture proto-Yayoi en refoulant les Jomons vers le nord du Japon. (La légende dit que c'est alors, en 660 av JC, que Jimmu Tenno aurait fondé le royaume du Japon).
Vers 300 av jc, au Japon, les Coréens de Mumun forment la culture Yayoi (300 av.JC - 300 ap.JC) qui remonte vers le centre du pays en refoulant les Jomons vers l'île de Hokkaid?. Les Yayois sont semblables physiquement aux Japonais modernes alors que les Jomons semblent être les ancètres des actuels Aïnous.
Les Yayois utilisent des dolmens mais enterrent également leurs morts dans des jarres kamekans (mode apparue vers 200 av JC en Corée du sud-ouest). Ils commencent aussi à construire des tumulus carrés ou ronds (contenant un caveau de bois en fosse) entourés de fossés, une autre mode née en Corée.
En 57 ap JC les Chinois décrivent pour le 1ère fois ces Japonais Yayois. Ils les appellent des Was (= Nains) et disent qu'ils sont divisés en nombreux clans qui se font la guerre.
Selon les Chinois, vers 188-248, une reine Himiko règne sur un empire de Yamatai / Yamate (au Japon central) qui a unifié une partie des Was.
Vers 248, les empereurs japonais du Yamate / Yamato commencent à se faire enterrer dans de grands tertres dolméniques appelés "kofuns", dans la zone de Kyushu, Kyoto, Nara et Osaka.
Ces kofuns sont en forme de "trou de serrure". Ils sont composés, en général, d'une partie basse, rectangulaire, destinée aux dépôts d'offrandes et d'une partie haute, ronde, contenant une fosse contenant un cercueil de bois. Par la suite, après 450, cette fosse sera remplacée par un couloir menant à une chambre funéraire en pierre, avec un cercueil en pierre, transformant ainsi les kofuns en véritables dolmens, entourés de douves (kofuns de type Yokoama).
Divers types de kofuns existent cependant :
- Les kofuns en trou de serrure dont la partie haute est ronde sont appelés "Zenpô kôen fun".
- Les kofuns en trou de serrure dont la partie haute est carrée sont appelés "Zenpô kôhô fun".
- Les kofuns ronds, sans partie basse, sont appelés "Em-fun / En-pun".
- Les kofuns carrés, sans partie basse, sont appelés "Hô-fun".
- Les kofuns octogonaux, sans partie basse, sont appelés "Hakkaku-fun".
Vers 500-550, ils se répandent vers l'est et le nord du Japon.
Vers 500-600, ils se répandent en Corée, dans le bassin du Yeongsean.
En 538, les kofuns impériaux cessent d'être construits.
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