Histoire
des dogmes chrétiens :
Le Christianisme n'a pas toujours préché la
doctrine actuelle. Ses croyances se sont même beaucoups modifiées
au cours des siècles.
La première transformation s'est faite lors du heurt entre
Paul, qui n'avait pas connu personellement Jésus, et les apôtres
qui l'avaient connu ...
Le concile de Jérusalem (vers 49 ap. JC) :
A Antioche, Paul et Barnabé baptisaient des païens au Christianisme
(Pagano-Chrétiens / hellénistes), lorsqu'ils furent confrontés
à l’arrivée dans cette ville de Chrétiens de Jérusalem (les
Judéo-Chrétiens / Nazaréens) qui proclament que nul ne peut
se dire Chrétien s'il n'observe pas la loi mosaîque et la
circoncision. Pour eux le Christianisme n'est qu'un rameau
du Judaîsme.
Le conflit est porté devant l’Eglise de Jérusalem, qui jouit
d’une grande autorité. Jacques, frère du Seigneur, apparaît
à cette époque comme le chef incontesté de cette Eglise.
Au cours de ce premier concile (qui eut lieu entre 47 et 53)
Jacques, Pierre et Jean, après en avoir beaucoup conféré,
donnent raison aux deux missionnaires sur la question de la
circoncision. Ils écrivirent alors aux Pagano-Chrétiens d'Antioche,
en Syrie et en Cilicie, une lettre disant ceci : "Il
a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous point imposer
d’autre charge que celles-ci, qui sont nécessaires: savoir,
de vous abstenir des viandes immolées aux idoles, et du sang,
et de la chair étouffée, et de la fornication." Les Pagano-Chrétiens ne sont donc tenus qu’au respect de quelques
principes : C’est la première rupture avec la communauté Juive,
le premier signe d’indépendance de la religion qui est en
train de naître.
Les deux branches du Christianisme se
séparèrent ensuite de plus en plus, et le Pagano-Christianisme
de Paul finit par devenir une religion complètement séparée
du Judaîsme.
C'est Paul qui a fait de Jésus un Dieu et du Christ un principe
mystique, alors que les Judéo-Chrétiens niaient la divinité
de Jésus.
Pendant un certain temps s'opposeront ensuite les Adoptianistes
et les Docétistes.
Les Adoptianistes descendaient des Judéo-Chrétiens
Nazaréens et pensaient que Dieu est unique (doctrine
Unitatiste) et que Jésus n'était qu'un homme
ayant gagné le titre de "Fils de Dieu" grace
à ses mérites. Il avait été en
quelque sorte adopté par Dieu.
Les Docétistes, par contre, allaient encore plus loin
que les Pagano-Chrétiens de Paul dans la divinisation
de Jésus : Ils pensaient que celui-ci était
un être immortel et immatériel qui n'avait été
crucifié qu'en apparence.
Mais le Christianisme verra ses dogmes se modifier encore
plus au cours des temps.
Vers 70 / 120, parrait la "Didakhé
/ Didaché" ou "Doctrine des douze apôtres",
qui est une sorte de catéchisme de prédicateurs
itinérants (plutôt de la mouvance judéo-chrétienne
que pagano-chrétienne). Ce livre ne dit rien de la vie
ni de la nature de Jésus.
Vers 107 - 115, Ignace, évêque d'Antioche, cité
par Polycarpe de Smyrne, écrit le 1er texte connu parlant
de Jésus comme d'un homme historique :
"Bouchez-vous les oreilles
si quelqu'un prêche sans parler de Jésus-Christ,
de la lignée de David, né de Marie, qui est vraiment
né, qui a mangé et qui a bu, qui a vraiment été
persécuté sous Ponce Pilate, qui a vraiment été
crucifié, et qui est mort, devant le ciel, la terre et
les enfers, et puis qui est vraiment ressuscité d'entre
les morts. "
"...Car notre Dieu, Jésus-Christ,
a été porté dans le sein de Marie, selon
l'économie divine, est né de la race de David
et du Saint-Esprit..."
Ce texte semble avoir été écrit pour s'opposer
aux Docétistes qui niaient l'incarnation de jésus.
Vers 116 - 117 : Apparition du texte judéo-chrétien
des "Révélations d'Elkasaî" en
Babylonie.
Celui-ci dit que le fils de Dieu est un ange masculin et que
l'Esprit-saint est un ange féminin.
Vers 95 - 140, le texte du "Pasteur
d'Hermas", écrit par le frêre du Pape, ne
parle même pas de Jésus et de sa crucifixion.
Pour lui, le fils de Dieu c'est l'Esprit Saint qui emplit
tous les hommes.Et iI est le chef des six archanges qui forment
le "conseil de Dieu".
Vers 110 - 135, Papias, évêque de Hiérapolis
en Phrygie (80 - 155) ne reconnait pas la mort sur la croix
et soutient que Jésus est décédé
dans un "âge avancé". Et Judas serait
mort chez lui d'une infection :
"...il sortit du pus et des
vers de chaque partie de son corps, à sa grande honte.
Après beaucoup d'agonie et châtiment, disent-ils,
il est finalement mort dans son propre lieu ..."
Vers 70 /130 est écrite l'"épître de
Barnabé / Barnabas". Ce texte ne parle pas de Jésus
mais de "Josué fils de Noun".
En 140 - 144, Marcion diffuse les textes
de Paul et de Luc à Rome.
Il affirmait ceci : "Jésus
a prit l'apparence de l'homme parce s'il était vraiment
devenu un homme il aurait cessé d'être un Dieu".
Pour lui Jésus n'était qu'une
image de Dieu, une sorte d'ange qui était descendu sur terre
en l'an 30. Il s'était dérobé sur la croix sans souffrir alors
qu'un certain Simon aurait été crucifié à sa place. C'est
la une conception Docétiste.
Poussant la pensée de Paul à son extrême, il pensait aussi
que le Dieu de l'Ancien Testament était un mauvais Dieu différent
de celui du Nouveau Testament (conception gnostique).
Marcion fut finalement rejeté comme hérétique.
Vers 150, le Pseudo-Clément de Rome
(probablement un Judéo-Chrétien Elchasaïte)
rapporte quelques logions (paroles de Jésus) qui ne
sont pas cités par les Évangiles.
Il croit à l'unité absolue de Dieu, et dit que
le "véritable prophète" s'était
incarné dans les grands personnages de l'histoire religieuse
de l'humanité : Adam, Moïse puis Jésus.
Il décrit la lutte de Pierre contre Simon de Samarie
... mais tout le monde s'accorde pour reconnaître que
le nom de Simon a été écrit pour remplacer
celui de Paul. Pour le Pseudo-Clément. Jacques était
le personnage le plus important de l'Église de Jérusalem
... ce qui est une thèse Judéo-Chrétienne.
Vers 152 - 160, Justin de Naplouse (Justin
Martyr, 100 - 163) écrit la "Vie du Christ"
en utilisant les "Mémoires des apôtres"
("Apomnémoneumata"). Pour lui Jésus
n'était pas un homme mais une sorte d'ange-messie.
C'est donc une doctrine Docétiste.
Théophile d'Antioche (évêque
d'Antioche vers 168 après J.C) ne nomme jamais Jésus.
Il mentionne les évangiles non comme l'Histoire vécue
de Jésus mais comme les paroles inspirées de
Dieu. Lorsqu' Autolycus lui demande une preuve de résurrection,
Théophile ne mentionne même pas celle de Jésus.
L'accent est mis sur le Dieu d'Israël, les prophètes
et le "verbe" incarné.
Vers 169, Hermogène l'Africain dit qu’il n’y a pas de Trinité,
mais une seule personne. C'est la une doctrine Unitariste, donc
Judéo-Chrétienne.
Vers 178 - 180 Celse écrit "le Discours Vrai"
ou il critique les croyances des chrétiens. Il les accuse
de dire "que la science fait
perdre aux hommes la santé de l'âme"
Il écrit aussi : "Jésus
s'étant attaché dix ou onze hommes décriés,
publicains et mariniers fort misérables, s'est enfui
avec eux de çà et de là, mendiant sa subsistance
d'une manière honteuse et sordide" et "Jésus ne fut donc
qu'un homme, tel que la vérité elle-même
le montre et la raison le prouve."
Celse suivait donc des idées plutôt Judéo-Crétiennes.
Vers 180, Noët prêche le Patripassianisme / Noétisme à Smyrne
:
Sa doctrine est que "le Christ
est lui-même le Père et c'est le Père qui est né, qui a souffert
et qui est mort." Il n'y a donc
pas de Trinité. C'est une doctrine Unitariste, donc Judéo-Chrétienne.
Praxéas s'inspirera ensuite des doctrines Judéo-Chrétiennes
Unitaristes et Adoptianistes, et dira que : "Le
Père souffre, mais avec le Fils" et "Il est l'Esprit-Père
descendu dans la Chair-Fils, née de Marie".
Vers 180 - 185 , Irénée de Lyon (130 - 202) critique les Judéo-Chrétiens
Adoptianistes Ebionites.
Pour ceux-ci, Jésus était un simple homme né de Joseph
et de Marie, adopté par Dieu comme son Fils. Il aurait été élevé
à la dignité de Fils de Dieu sans l'être depuis toujours.
Vers 193 - 200, Clément d'Alexandrie (150 - 215) affirme
que Jacques reçut la doctrine secrète du Christ
ressuscité avant Pierre et Jean. C'est une doctrine issue
des Judéo-Chrétiens.
Vers 197 apparaissent les Archontiques / Monarchiques. Ils attribuent
la création du monde aux Archanges et nient la Trinité, n’admettant
qu’une seule personne (doctrine Judéo-Chrétienne
Unitariste).
Un graffiti du mont Palatin, à Rome (et datant de peu
aprés l'an 200 ap. Jc) représente un homme crucifié
à tête d'âne. Un autre homme est debout devant
lui et une inscription dit : " Alexamenos
adore son dieu ". Cela montre
qu'à cette époque Jésus était déja
identifié par certains avec le dieu d'Israel. Les Romains
croyaient en effet que le dieu des juifs avait une tête
d'âne. Tertullien, dans "Ad nationes, I, XI"
écrit : "Certains,
parmi vous, ont rêvé que notre Dieu était
une tête d'âne. Tacite est le premier auteur de
cette ridicule invention."
En 216, le synode (concile non-œcuménique) d'Antioche condamne
l'Artémonisme / Artémosianisme, créé par Artémon / Artémas.
Cette doctrine disait que Jésus n'était pas Dieu car il avait
eu un commencement. Artémon affirmait aussi que Jésus n'avait
jamais été considéré comme un Dieu avant Victor, le 13ème Pape.
Ce synode condamne également l'Adoptianisme créé
par Théodote le corroyeur à la fin du IIème
siècle. Selon cette doctrine Jésus n'était
pas le fils de Dieu mais un simple homme adopté par Dieu
en raison de sa grande vertu.
Vers 230, Origène (185 - 254) exprime sa méfiance
envers l'"Épître aux Hébreux"
:
"L'opinion, qui courait avant
nous, est qu'elle a été écrite par Clément,
évêque de Rome ; d'autres, qu'elle est l'œuvre
de Luc, auteur de l'Evangile. L'authenticité de cette
Epître a été niée aussi par Irénée,
évêque de Lyon, qui vivait en 178 ; par Hippolitus
qui vivait en 220 ; par Novatus, presbytère de Rome,
qui vivait en 251. Tertullien, presbytère de Carthage
en 200, attribue cette Epître à Barnabas. Caïus,
presbytère de Rome, qui vivait en 212, compte treize
Epîtres de Paul, mais il ne comprend pas dans ce nombre
l'Epître aux Hébreux. Cyprien, évêque
de Carthage en 248, ne fait pas mention de cette Epître.
jusqu'à ce moment, l'Eglise Syriaque refuse de reconnaître
la 2ème Epître de Pierre, la 2ème et la
3e de Jean."
En 244, un concile non-œcuménique condamne le Bérylianisme,
créé par Bérylle.
Cette doctrine niait la divinité de Jésus et affirmait qu'il
n'était qu'un homme que l'Esprit de Dieu avait habité.
Au synode non-œcuménique de Rome ou d'Alexandrie, en 261, est
condamné le Sabellianisme, créé par Sabellius vers 217 :
Cette doctrine professait que le Père, le Fils et le Saint-Esprit
sont trois "manifestations" ou "modalités" d'un Dieu unique.
Dieu ne serait donc pas une pluralité de personnes mais posséderait
trois manières d'être. (doctrine Unitariste)
Aux conciles non-œcuméniques d'Antioche I, II, et III (263 -
269) est condamnée la doctrine Adoptianiste de Paul de samosate,
évêque d’Antioche.
Celui-ci s'opposait aux innovations philosophiques de l'Église
grecque d'Alexandrie qui étaient fort à la mode depuis qu'Origène
avait interprété allégoriquement plein de passages de la Bible.
Paul de samosate prétendait que le Jésus n'était pas descendu
du Ciel : "Jésus est d'ici-bas !". Pour lui, Jésus était
un homme dans lequel le Verbe impersonnel avait habité “comme
dans un temple”. L’union de Jésus et du Verbe n'était qu’une
union volontaire et non pas substantielle.
Au concile non-œcuménique d'Elvire (305-312) est interdit de
faire des images de Jésus.
Le concile de Nicée I, premier concile œcuménique (20 mai-25
juillet 325) :
Ce premier concile est réuni par l'empereur Constantin (qui
venait de reconnaitre le Christianisme en 313) à cause de l'Arianisme.
L'Arianisme / Subordinationisme était une doctrine propagée
par Arius, un prêtre d'Alexandrie.
Arius niait la divinité de jésus et son incarnation : le Christ
n'était qu'une créature créée par Dieu, ce qui ne l'empêchait
pas d'avoir été exceptionnel par sa sainteté. Mais on ne pouvait
pas l'adorer puisque seul le Père est de nature divine. (Cette
doctrine provenait probablement de Paul de Samosate, condamné
par le concile non-œcuménique d'Antioche en 269)
A l'issu des débats, sous l'influence de l'empereur, les thèses
d'Arius sont condamnées. On proclame que le Fils est de même
substance que le Père. Il est à la fois de nature humaine et
divine.
En guise de texte synthétisant la pensée du concile, les Pères
se rallient au "Credo de Nicée" présenté par l'évêque Eusèbe.
Celui-ci affirme que le Christ est de même nature que le Père
et non pas son subordonné.
Mais cela n'empécha pas l'Arianisme de continuer à se développer.
L'empire se divise alors entre les Ariens (suivant Arius) et
les Nicéens (suivant le crédo de Nicée). Même les empereurs
penchent tantôt pour l'un, tantôt pour l'autre.
Le concile condamne également le Novatianisme fondé par Novatien.
Cette doctrine s'opposait au pardon des lapsis (ceux qui avaient
renié leur foi lors des persécutions).
En 305 Donat fonda le Donatisme : il soutient que le Fils de
Dieu était moindre que le Père, et que le Saint Esprit était
moindre que le Fils (doctrine de type Subornationniste). Il
refuse aussi d'accepter les sacrements et l'autorité spirituelle
des évèques qui avaient apostasié pour échapper aux persécutions
(attitude novatienne)..
Au concile non-œcuménique de Constantinople (336) est condamné
Marcel d'Ancyre (300-374), qui avait combattu les Ariens au
concile de Nicée, car il professait une doctrine se rapprochant
du sabellianisme :
il affirmait qu'à la fin des temps, Jésus renoncerait à sa nature
humaine et retournerait en Dieu.
Aux conciles non-œcuméniques de Milan (345 et 347) puis de Sirmium
(351-352) est condamné Photin, évêque de Sirmium, qui passait
pour professait des idées Adoptianistes :
Il disait que le Christ n’était qu’un simple homme adopté par
Dieu comme Fils à cause de ses vertus. (Cette doctrine Adoptianiste
influenca aussi les Bonosiens de Bonose de Sardique qui enseignaient
que Joseph et Marie avaient eu des enfants.)
Le concile de Sirmium affirmat la distinction des personnes
divines ... mais dans des termes Subordinationnistes :
"Nous ne plaçons pas le Fils sur la
même ligne que le Père, mais nous le subordonnons au Père".
En 354 est Fixée la Nativité de Jésus au 25 décembre par l'évêque
Libèrus de Rome.
De 359 date la plus ancienne représentation de Jésus
qui nous soit parvenue. Celle-ci se trouvait sur le sarcophage
d'un certain Junius Bassius. Jésus, à cette
époque, était encore représenté
comme un philosophe imberbe; son image barbue apparaitra bien
plus tard.
Le concile non-œcuménique de Laodicée I (en
360) écarte l'Apocalypse du canon sacré.
C'est pourquoi Cyril de Jérusalem (315-386) cite tous
les livres du Nouveau Testament sauf l'Apocalypse.
En 362, Apollinaire prétend encore que les trois personnes de
la Trinité étaient inégales.
Le concile de Constantinople I, deuxième concile œcuménique
(mai-juillet 381) :
Ce concile est réuni par l'empereur Théodose à cause du problème
posé par les Macédonianistes / Pneumatomaques. Seuls les évêques
d'Orient y sont conviés.
Le Macédonianisme était la doctrine répendue par Macédonios,
évêque de Constantinople (342 - 360) : Ce rejeton de l'Arianisme,
après avoir rejeté la divinité du Fils, niait aussi la divinité
du Saint-Esprit.
Contre eux, Basile de Césarée, soutenu par les pères Grégoire
de Nysse et Grégoire de Nazianze, affirme à la fois l'unité
en Dieu et la distinction du Père, du Fils et du Saint-Esprit
: une seule nature ou substance en trois personnes distinctes.
Le concile rassemble environ 150 évêques Nicéens et seulement
36 Macédonianistes. Il confirme la foi définie à Nicée et condamne
les positions de Macédonios. Il compléte aussi le "Credo de
Nicée", en y affirmant clairement que le Saint-Esprit est lui
aussi de même nature que le Père.
Le concile réaffirme aussi le condamnation de Marcel d'Ancyre
qui disait qu'à la fin des temps, Jésus renoncerait à sa nature
humaine et retournerait en Dieu.
Pour le contrer, on ajoute à la profession de foi : "Et son
Règne n'aura pas de fin".
Le concile condamne aussi la doctrine Apollinariste d'Apollinaire
le jeune qui prétendait que la nature humaine de Jésus avait
été absorbée par la nature divine du Verbe; et donc il n'y avait
pas eu vraiment d'incarnation.
Le concile accorde également une primauté d'honneur au patriarche
de Constantinople (capitale de l'empire romain), malgré la protestation
du Pape Damase.
En 382 et 405, une nouvelle traduction latine de laBible (Vulgate)
est publiée sous la supervision de St Jérôme,
en éliminant tous les textes qui ne plaisaient pas ...
et que l'on appellera "apocryphes".
En 390, le concile non-œcuménique de Milan condamne le Jovianisme
fondé par Jovinien.
Cette doctrine anti-Docétiste s'opposait niait la divinité de
Jésus et la virginité de Marie.
En 397 est inventée la doctrine du pêché originel par Saint-Augustin.
Le concile non-œcuménique de Laodicée II
(en 397) réintégre l'apocalypse dans le canon
sacré.
Au concile non-œcuménique de Carthage (397), les
27 livres du Nouveau Testament sont déclarés "Écritures
divines". Il est décrété aussi que
seuls ces livres devront être lus dans les Eglises comme
Ecriture Sainte.
Les plus anciennes représentations connues de Jésus crucifié
datent de 420, à Londres, et de 430, à la basilique Ste Sabine
de Rome.
Le concile d'Éphèse, troisième concile œcuménique (juin-septembre
431) :
Ce concile est réuni par l'empereur Théodose, à la demande de
Cyrille d'Alexandrie, à cause de l'opposition entre les deux
grandes écoles de théologie d'Antioche (dirigée par Jean d'Antioche)
et d'Alexandrie (dirigée par Cyrille d'Alexandrie). Selon l'écoles
d'Antioche, les deux natures du Christ, divine et humaine, sont
strictement séparées. Selon l'école d'Alexandrie il y a unité
complète des deux natures, le divin absorbant complètement l'humain.
Mais ce consile a surtout à se prononcer sur le Nestorianisme.
Le Nestorianisme était la doctrine professée par Nestorius,
patriarche de Constantinople à partir de 428. Il poussait à
leurs extrémes les idées d'Antioche : Pour lui le Verbe s'était
incarné provisoirement à l'intérieur de l'homme Jésus sans fusionner
avec lui. Le titre de "Mère de Dieu" ne pouvait donc pas être
donné à Marie car elle n'était la mère que de la partie humaine
de Jésus.
Le concile s'occupe aussi du problème posé par le Pélagianisme.
Le Pélagisme était la doctrine professée par le moine anglais
Pélage (360-422). Il exaltait la libre responsabilité de l'homme
et la puissance de sa volonté pour atteindre le bien. Pour lui
chacun a en lui-même la force nécessaire pour y parvenir. Pélage
niait donc le péché originel et le rôle de la grâce donnée par
Dieu.
L'empereur d'Orient intervient en personne dans les discussions
en voulant déposer les deux rivaux Cyrille et Nestorius.
Jean d'Antioche et Cyrille s'affronteront violemment pendant
deux ans avant de se réconcilier.
Finalement l'empereur oblige le concile à condamner le Pélagianisme
et le Nestorianisme. La maternité divine de Marie sera confirmée
et les deux natures de jésus déclarées unies ... mais sans se
confondre complètement.
Le Nestorianisme continuera cependant à exister et se répendra
en Perse et en Asie centrale. Et le Pélagisme se maintiendra
en Gaule (courant du semi-Pélagianisme anti-Augustinien) jusqu'au
concile d'Orange en 529.
Le pseudo-concile d'Ephèse / brigandage d'Ephèse (449) :
Ce concile est réuni par l'empereur Théodose II, à la demande
d'Eutychès et Dioscore qui veulent faire entériner leur doctrine
du Monophysisme.
Le Monophysisme, créé par Eutychès, était une doctrine qui poussait,
cette fois-ci, les idées Alexandrines à leurs extrémes. Elle
soutenait qu'il n'y avait en Jésus Christ qu'une nature unique
: la divine ("la nature humaine du Christ avait été absorbée
par sa nature divine comme une goutte de miel se dilue dans
la mer").
Le Pape Léon 1er, proteste contre le déroulement de ce concile
qu'il appelle"brigandage" car l'opposition au Monophysisme ne
put s'y faire entendre et les thèses Monophysites y furent imposées
de manière anti-démocratiques (présence de soldats menacants).
Le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique (8 octobre
- 1er novembre 451) :
Ce concile est réuni par l'empereur Marcien, à la demande du
Pape pour re-étudier d'une manière plus régulière la question
du Monophysisme.
Ce concile condamne cette fois-ci cette doctrine et affirme
qu'il y avait bien deux natures (humaine et divine) dans le
Christ et que leur union n'a pas supprimé leur différence.
Mais le Monophysisme continue quand-même à se développer et
se répand en orient ou les églises feront cécession (Coptes
d'Alexandrie, Jacobins de Syrie, puis Arméniens).
Ce concile déclare également que "Marie est Vierge à jamais".
Et il place sur un pied d'égalité théorique Rome et Constantinople,
au-dessus des autres églises ... malgré les désirs du Pape d'obtenir
la prééminence. Mais ce dernier se retrouvera bientôt trés affaibli
par la chute de Rome face aux barbares en 476.
Vers 535 les Agnoètes font remarquer que Jésus est inférieur
au Père (doctrine de type Subornationniste) car il ignore certaines
choses que ce dernier sait.
Le concile de Constantinople II, cinquième concile œcuménique,
non reconnu par les Protestants (4 mai - 2 juin 553) :
Ce concile est réuni par l'empereur Justinien, réunificateur
de l'empire, dans l'espoir de réconcilier l'église de Constantinople
avec les Monophysistes d'orient.
Pour les contenter, les thèses des Nestoriens Théodore de Mopsueste
(maître de Nestorius), de Théodore de Cyr (ami de Nestorius)
et de Ibas d'Edesse (disciples de Nestorius) avaient été condamnées.
Le Pape Vigile s'était opposé mais Justinien l'avait fait séquestrer
à Constantinople pendant 7 ans pour le contraindre à se plier.
Libéré, le Pape refuse de se rendre au concile ou seuls les
évèques favorables aux idées de l'empereur avaient été convoqués.
Le concile condamne donc ces trois Nestoriens ... Mais les Monophysites
refusent de rentrer dans le rang, et l'empereur décide donc
de reprendre les persécutions contre eux.
Ce concile condamne également l'Origénisme.
L'Origénisme était une doctrine dérivant de l'enseignement d'Origène
(185-254). Elle affirmait que le saint-Esprit était subordonné
au Fils et que le Fils était subordonné au Père (doctrine subornationniste).
Pour lui l'âme était préexistante et tombait dans le corps par
châtiment. La matière était éternelle, mais les punitions n'étaient
pas éternelles : les démons et les réprouvés seraient sauvés
un jour ("apocatastase"). Il pensait aussi que le règne de Jésus
aurait une fin.
La doctrine de la réincarnation est également interdite, sous
la pression de l’empereur Justinien, simplement parceque qu'elle
gênait l’impératrice Théodora qui ne voulait pas accepter qu’elle
puisse être d’un rang inférieur dans une vie future : "Quiconque
supportera le mythe de la doctrine de la pré-existence de l’âme
et par consequent à l'opinion magnifique de son retour, que
cela soit un anatheme". Cependant ce ne fut pas l’ensemble
de la doctrine qui fut condamné, mais seulement la position
d'Origène et de ceux qui affirmaient que “les âmes pouvaient
revenir sur terre par lassitude de la contemplation divine ou
refroidissement de l’amour de Dieu et qu’elles étaient renvoyées
dans des corps par châtiment.”
En 593 apparait la doctrine du purgatoire.
Le concile de Constantinople III, sixième concile œcuménique,
non reconnu par les Protestants (7 novembre 680 - 16 septembre
681) :
Ce concile est réuni par l'empereur Constantin IV, dans l'espoir
encore de réconcilier l'église de Constantinople avec la Papauté
d'occident dans la querelle du Monothélisme.
Comme compromis, le Patriarche Sergius (610-638) avait créé
la doctrine Monoénergiste : tout en ayant deux natures distintes
en lui, le Christ ne contenait qu'une seule activité, ou énergie.
Cette doctrine sera remplacée ensuite par le Monothélisme (une
seule volonté en Jésus), imposée par un décret impérial en 638.
Le Pape Séverin avait désapprouvé le Monothélisme en
640. Puis le Pape Martin s'y était opposé si fortement
en 649 que l'empreur Constant II le fit arréter en 653 ... ce
qui déclancha une crise larvée entre les églises de Rome et
de Constantinople.
Le concile finit cependant par condamner le Monothélisme, suivant
ainsi la doctrine soutenue par Rome. Il fut déclaré qu'en Jésus,
il y avait bien deux volontés distinctes, l'une divine, l'autre
humaine et subordonnée à la première. Honorius, un Pape qui
avait jadis approuvé le Monothélisme, fut également condamné
comme hérétique ... ce qui engendrera d'interminables querelles
chaque fois que l'on aura à débattre de la prétendue infaillibilité
pontificale.
Le concile de Nicée II, septième concile œcuménique, non reconnu
par les Protestants (septembre - octobre 787) :
Ce concile est réuni par l'impératrice Irène pour régler la
crise de l'iconoclasme.
L'Iconoclasme était une doctrine interdisant l'utilisation des
images de saints, ainsi que le préconisent l'Ancien Testament
et le Coran ("Iconoclaste" signifie "briseur d'images"). Trois
empereurs byzantins, Léon III l'Isaurien (717-741), Constantin
V Copronyme (741-775) et Leon IV (775-780), avaient interdit
le culte des images et des reliques allant jusqu'à la destruction
des icônes et la persécution des partisans C'est ce qu'on appelle
la "querelle des images" (726/730 - 843). L'empereur avait fait
confirmer cette condamnation par un concile local en 754, contre
l'avis du Pape. Cependant, à la mort de Leon IV, l'impératrice
Irène rétablit le culte des icônes.
Le concile aboutit à la conclusion que la vénération des images
(et non leur adoration, réservée à Dieu) s'adresse aux personnes
représentées et n'est donc pas idolatre. Il condamne donc l'iconoclasme
comme une hérésie.
Le Pape approuve la décision, mais pas les évèques des Gaules
qui estiment qu'on peut peindre des images mais pas les vénérer.
Le concile de Constantinople IV, huitième concile œcuménique,
non reconnu par les Protestants (octobre 869 - février 870 ou
879 - 880) :
Ce concile est réuni par l'Empereur Basile pour régler la querelle
du "Filioque".
Le Credo de Nicée (définit en 325) contenait la phrase "Nous
croyons dans l'Esprit Saint, qui est seigneur et qui donne la
vie. Il procède du Père."
Il s'inspirait de Jean 15, 26, qui disait : "Je vous enverrai
de la part du Père l'Esprit de vérité qui procède du Père."
Mais lors du concile non-œcuménique anti-Ariens de Tolède III,
en 589, des catholiques occidentaux avaient décidé d’ajouter
un terme à ce Credo : "FILIOQUE" ("Et du Fils"). Ce terme étant
inspiré du Traité de la Trinité de saint Augustin, ou il était
écrit : "Le Père a accordé au Fils que le Saint-Esprit procède
de lui comme il procède de lui-même."
Ensuite, au Concile non-œcuménique d’Aix la Chapelle, en 809,
Charlemagne, avait imposé ce "Filioque" à toute l’Eglise franque.
Ancien credo :
Je crois en l'Esprit-Saint , qui règne
et donne la vie, qui procède du Père ... (Et in Spiritum Sanctum,
Dominum et vivificantem, qui ex Patre procedit...)
Nouveau credo :
Je crois en l'Esprit-Saint , qui règne
et donne la vie, qui procède du Père ET DU FILS... (Et
in Spiritum Sanctum ,Dominum et vivificantem , qui ex Patre FILIOQUE procedit...)
Mais l'église orthodoxe de Constantinople
refusait cette adjonction au Credo, s'en tenant à sa formulation
originale. Des Papes comme Adrien I (772-795) et Léon III (795-816)
avaient également rejeté cette interpolation au début. En 867,
le Pape Nicolas I, favorable au Filioque sera même excommunié
par Photius, Patriarche de constantinople.
Le Filioque ne sera vraiment officiellement approuvé à Rome
qu'en 1014 / 1017.
La querelle autour de cette nouvelle formulation reflètait deux
conceptions différentes du dogme de la Trinité :
- Pour les orthodoxes de Constantinople, le Fils et l'Esprit
sont considérés sur le même plan par rapport au Père dont ils
émanent directement l'un et l'autre.
- Pour les catholiques de Rome, le Fils et l'Esprit n'agissent
plus à égalité sur le même plan : l'action de l'Esprit devient
subordonnée à celle du Fils (qui est en communion consubstantielle
avec le Père).
Pour les Catholiques, le vrai Concile de Constantinople IV est
celui de 869 - 870 : Il condamne l'Église de Constantinople
et son Patriarche Photius pour son opposition au "Filioque".
Il décide aussi que l'homme est constitué seulement d'un corps
et d'une âme, et non plus d'un ensembles corps-âme-esprit comme
on le croyait avant.
Pour les Orthodoxes, le vrai Concile de Constantinople IV est
celui de 879 - 880 : Il réhabilite Photius et condamne l’Église
de Rome pour son approbation du "Filioque".
Cette querelle débouchera finalement sur le Grand Schisme d'Orient
de 1054, séparant les Catholiques des Orthodoxes.
Cependant un compromis sera trouvé en 1438-9, au concile d'union
de Florence : Les deux Églises s'entendront pour dire que "Le
Saint-Esprit procédait du Père par le Fils".
Comme on le voit, la doctrine actuelle
du Christianisme ne date pas du tout début : elle a subit de
nombreux changements.
Au début s'opposaient le Docétisme qui considérait Jésus comme
une sorte d'esprit angélique immatériel (doctrine des Pagano-Chrétiens
Hellénistes de Paul) et l'Adoptianisme qui considérait que Jésus
n'était qu'un homme "possédé" par l'esprit de Dieu ou ayant
gagné le titre de "fils de Dieu" en récompense de ses vertus
(doctrine des Judéo-Chrétiens Nazaréens de Jacques, frêres de
Jésus).
La trinité n'était pas non plus reconnue puisque dominaient
les Unitariens qui la rejetaient (souvent des Docétistes pensant
que Jésus était Dieu) et les Subordationnistes qui pensaient
qu'elle était hétérogène (souvent c'était des Adoptianistes
qui pensaient que Jésus était inférieur à Dieu).
Ce n'est que lentement, au fil des conciles,
que les dogmes actuels vont être peu à peu imposés. |