Des
Papes indignes :
Les Papes n'ont pas toujours été
un exemple de conduite dans le monde catholique, loin de la.
Il leurs faudra plusieurs siècles avant d'acquérir
un semblant de dignité à la hauteur de leur
fonction.
Au début du Moyen Âge, les Papes
étaient élus par le peuple de Rome en tant qu'évêques
de la Ville éternelle. Ces élections se déroulaient
sous la pression des grandes familles qui se partageaient
le territoire de la ville.
Dans les dernières décennies de l'ère
carolingienne se succèdent des papes qui n'ont rien
des qualités spirituelles qu'on leur prête.
Brigands, jouisseurs, voleurs, guerriers, ils se comportent
en chefs de gang, accumulant richesses sur richesses dans
leur résidence officielle du Latran.
Le pape Formose, fils du prêtre Léon, avait été
à la tête d’une faction contre le Pape
Jean VIII et fut deux fois excommunié par celui-ci.
Mais il fut quand même élu Pape en 890.
En 896, le chef de la maison de Spolète qui était
alors une femme, Agiltrude, s’empare de Rome et prend
le contrôle de la Papauté. Vindicative, elle
n’avait pas oublié la trahison du Pape Formose
à l’égard de son fils Lambert.
Benoît / Etienne VI ou VII (896) devient alors le nouveau
Pape. Sous l'influence d'Agiltrude, il fait exhumer le cadavre
de son prédécesseur Formose, lui fait un procès
et le jette dans le Tibre. Ce concile dit "cadavérique"
choqua une bonne partie de la noblesse romaine qui fomenta
une émeute pour le renverser en 897; on le jeta bas
du trône pontifical; on le déshabilla vivant
pour le vêtir d'un froc de moine, on l'emprisonna puis
on l'étrangla, ce fut le deuxième pape assassiné.
En moins de huit ans, de 896 à 904, neuf papes se succédèrent.
Tous mécontentèrent une partie de l’aristocratie,
soit en essayant de réhabiliter Formose, soit en salissant
davantage sa mémoire. Le parti des ducs de Spolète
était antiformosien et celui des allemands était
formosien.
Léon V est alors élu pour trois mois en 903,
mais Il sera emprisonné et étranglé,
à la suite d'une révolte, par l'antipape Christophore.
Celui-ci sera également arrêté et étranglé
en 904 sur l'ordre de son successeur, Serge III (904 - 911)
du parti des antiformosiens et assisté par le comte
Théophylacte de Tusculum (haut fonctionnaire du Palais
pontifical et duc de la milice romaine). Ce dernier prend
ainsi le contrôle de la papauté romaine. Il est
assisté de sa femme Théodora I, et de ses filles
: Théodora II la jeune et Marouzie.
Avec Serge III commence la période dite de la pornocratie
(ou de l'influence des femmes débauchées) qui
durera jusqu'en 963. D'ailleurs il eut un fils, le futur Jean
XI, avec Marouzie Théophylacte, qui était sa
maitresse dés l'age de 13 ou 15 ans).
Jean X, ancien archevêque de Ravenne, et amant de Théodora
II sera ensuite pape de 914 à 928. En 924 il poussera
le peuple à tuer Albéric 1er, roi d'Italie et
mari de Marozie, qui avait tenté de le renverser avec
une armée de barbares hongrois. Il sera ensuite renversé,
emprisonné et assassiné (étouffé
sous un oreiller) par Marouzie, remariée avec Guido
de Toscane qui s'était emparé de Rome.
On appelle cette période très sombre de la papauté
"L'âge de fer". A cette époque, la
papauté tomba entre les mains de Marouzie. Celle-ci
s'ingéra directement dans les affaires romaines et
sut tellement intriguer qu'elle dirigea la papauté
pendant quarante ans.
C'est elle qui fera monter sur le trône pontifical son
fils illégitime Jean XI (931-936) qu'elle avait eu
du pape Serge III. (Marozie aurait même eu des relations
incestueuses avec son propre fils).
Elle empoisonera ensuite son mari Guido de Toscane en 929,
et elle épousera le demi-frère de celui-ci,
Hugo, roi de Provence puis d'Italie, aprés l'avoir
fait divorcer.
Alors Albéric II, fils de Guido et Patrice de Rome,
la renversera alors (lors de la cérémonie de
maripuis la jettera en prison où elle demeurera jusqu’à
sa mort. Albéric fera aussi empoisonner Jean XI.(son
demi-frêre) et nommera un pape-fantoche : Leon VII (936-939).
Puis Étienne VIII, un Allemand, sera élu Pape
en 939, mais il sera défiguré par le peuple
lors d'une révolte en 942.
Lui succéderont deux papes-fantoches nommés
par Albéric II : marin II (942-946) puis Agapet II
(946-955).
Puis viendra Jean XII, batard d'Albéric II, qui sera
Pape de 955 à 963. On l'appelait l'«enfant Pape»
parce qu'il fut élu souverain pontife à 16 (ou
18) ans. Il fit du palais de Latran un bordel, il nourrissait
ses 2000 chevaux avec des amandes et des figues trempées
dans du vin, il pillait les offrandes des pèlerins,
violait les étrangères dans la basilique Saint-Pierre
et buvait à la santé du Diable pendant les orgies
offertes au palais de Latran. Il fit aussi castrer ou crever
les yeux de ses opposants.
Il sera déposé par l'empereur germanique Othon
I le Grand qui désapprouvait ses moeurs et avait décidé
de le sanctionner pour son attitude immorale.
En présence de tout le peuple, on accusa le saint père
d’avoir joui de plusieurs femmes, et surtout d’une
nommée Étiennette, qui était morte en
couche. Les autres chefs d’accusation étaient
:"d’avoir fait évêque de Todi un enfant
de dix ans, d’avoir vendu les ordinations et les bénéfices,
d’avoir fait crever les yeux à son parrain, d’avoir
châtré un cardinal, puis ensuite de l’avoir
fait mourir; enfin de ne pas croire en Jésus-Christ,
et d’avoir invoqué le diable".
Il mourra assassiné par un mari jaloux qui l'avait
trouvé dans un lit avec sa femme Stefanetta.
On a écrit que ne croyant pas à la religion
dont il était pontife, il ne voulut pas recevoir le
viatique en mourant.
Jean XII était mort sans héritier direct mais
la famille Théophylacte n’était pas abattue
pour autant. Deux branches cadettes mais rivales n’allaient
pas tarder à s’emparer du pouvoir à Rome
: les Crescentis (descendants directs de Théodora II)
et les Albericis.(descendants directs d’Albéric).
L'empereur germanique Othon I imposa d'abord un Crescenti
comme pape : Jean XIII (965-972), fils de Théodora
II (sœur de la terrible Marouzie).
La mort du puissant Otton I en 973 permit à un autre
fils de Théodora II, Crescentius , de prendre le pouvoir
à Rome. Il fera étrangler le Pape Benoît
VI (973-974), imposé par l'empereur, et installera
son ami Franco à sa place sous le nom de Boniface VII
(974 puis 984-985). Lors de son deuxième règne
Boniface VII fera emprisonner le pape Jean XIV (nouveau pape
allemand nommé par l'empereur Otton II) et le laissera
mourir de faim.
Ensuite Otton III désignera un allemand, son propre
cousin Bruno, comme pape sous le nom de Grégoire V
en 996. Ce dernier sera chassé de Rome par Crescentius
II (fils de Crescentius ou frère de Jean XIII) qui
nommera Jean XV comme nouveau Pape.
Mais en 998, l'empereur germanique Otton III parut à
la tête d’une puissante armée et fit décapiter
Cerscentius II. Jean XV eut les yeux et la langues arrachés,
le nez et les oreilles coupés. On le jeta en cet état
du haut du château saint Ange dans la place. Il continua
pourtant de survivre jusqu'en 1013 à l'abbaye de Fulda.
Grégoire V fut rétabli comme Pape mais, l'année
d'après, il mourait, empoisonné.
Otton III imposa alors Gerbert d'Aurillac (Sylvestre II :
999-1003).
Crescentius III, le fils de Crescentius II, pris le controle
de Rome et en garda le contrôle jusqu’à
sa mort en 1012. Il disposa de la Papauté à
trois reprises, en élevant successivement Jean XVII
(1003), Jean XVIII (1004-1009) et Serge IV (1009-1012).
En 1012, la maison de Tusculum, acheta le pouvoir au nouvel
empereur germanique Henri II dont elle se reconnaissait vassale.
Benoït VIII Théophylacte (1012-1024) devenait
ainsi Pape et les derniers Albericis et Crescentis, ses cousins,
furent éliminés.
A sa mort son frère prit sa place sous le nom de Jean
XIX : il vivra dans la débauche, jusqu'en 1032.
Avec le décès de celui-ci, le troisième
frère, Albéric III, confiera la papauté
à son fils Benoît IX Théophylacte (1032-1048)
: élu pape vers l'âge de 12 ou 14 ans, ce dernier
récupéra le siège papal deux fois. Deux
autres papes furent élus à prix d’argent
et s'opposèrent à lui. Mais, par une conciliation
heureuse, ces trois papes s’accordèrent à
partager les revenus de l’église, et à
vivre en paix chacun avec sa maîtresse. Finalement Benoît
IX Théophylacte revendra sa charge pontificale à
son propre parrain, qui prit le nom de Grégoire VI
(1045-1046).
Appelé par l’aristocratie romaine, l'empereur
germanique Henri III réunit alors un grand Concile
à Pavie en 1046, qui condamna sévèrement
la simonie de Grégoire VI et l'exila.
Un nouveau pape allemand fut nommé : Clément
II .... qui sera empoisonné en 1041 par Benoît
IX, qui reprendra ainsi sa place..
La période de la pornocratie ne prit réellement
fin qu’avec sa chute en 1048 devant l'armée de
l'empereur Henri III.
A considérer ce scandale permanent, on pourrait penser
que c'en était fini de l'Église catholique et
de la papauté ! Mais le salut va venir du clergé
régulier, celui qui vit selon une règle monastique.
Henri III, le plus énergique de tous les empereurs
germaniques, va en effet imposer Bruno de Toul comme Pape
en 1049. Sous le nom de Léon IX (1049-1054) il formera
le collège réformateur de la papauté
. Pour réussir dans son entreprise, le Pape, qui, au
début du Moyen Âge, était simplement considéré
comme l'évêque de Rome, voudra imposer sa prééminence
sur les autres évêques.
C'est sous son pontificat, en 1054, que se confirme la rupture
définitive entre l'église romaine, qui prétend
au qualificatif de catholique, c'est-à-dire universelle,
et l'église byzantine, qui se qualifie d'orthodoxe
(en grec : conforme à la vraie Foi).
Ensuite viendra Grégoire VII (1073-1085) : Il était
l'amant de Mathilda, duchesse de Toscane. Mais il continuera
la réforme (qui sera appelé la réforme
grégorienne).
L'évêque Yves de Chartres et les moines de Cluny
furent les principaux inspirateurs de cette réforme,
qui visait à instaurer l'autorité du Pape sur
la chrétienté.
Grégoire VII commenca par proscrire le mariage et le
concubinage des prêtres; il condamna également
la simonie.
Enfin, par vingt-sept propositions célèbres
de 1075 (le Dictatus papae), il réserva au collège
des cardinaux l'élection des papes.
Il condamna les investitures laïques, c'est-à-dire
le droit qu'avaient les souverains de nommer les évêques.
L'Église sorti considérablement rajeunie de
cette réforme grégorienne.
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