CHRISTIANISME :



Menahem le paraclet :                                                                              

 

Dans Jean 14;16-17, Jésus dit :
"... et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre CONSOLATEUR, pour être avec vous éternellement, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous."

Dans Jean 14;26, Jésus dit :
"... Mais le CONSOLATEUR, l’Esprit Saint (ou : l'Esprit, le Saint), que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites."

Dans Jean 15; 26-27, Jésus dit :
"...Mais quand le CONSOLATEUR sera venu, lequel moi je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi.
Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi.
"

Et dans Jean 16; 5-14, Jésus dit :
"...Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande :
Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.
Toutefois, je vous dis la vérité : Il vous est avantageux que moi je m’en aille ; car si je ne m’en vais, le CONSOLATEUR ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.
Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement :
De péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ;
De justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ;
De jugement, parce que le chef de ce monde est jugé.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant.
Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver.
Celui-là me glorifiera ; car il vous transmettra ce qu'il a recu de moi."


Ce Consolateur qui viendra aprés Jésus (et dont seul Jean a parlé) a été appelé le "Paraclet" (du grec "Paraklétôs" = consolateur, défenseur, intercesseur, avocat) et on pense souvent qu'il n'est autre que le Saint Esprit. Cependant les textes disent plutôt qu'il est l'"Esprit de vérité", ce qui pourrait être différent.

Cependant, dans la première Epître de Jean 2,1, le terme "Paraclet", dans le sens évident d'"avocat", est appliqué à Jésus :
"Mes enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ; et si quelqu'un a péché, nous avons un PARACLET auprès du Père, Jésus Christ, le juste par excellence.

Jésus présentait cependant ce "Paraclet" comme une personne qui devait venir aprés lui, donc qui était distincte de lui. Mais dans Jean 14;16-17, il précisait bien qu'il s'agirait d'un AUTRE Paraclet, ce qui indique qu'il y avait plusieurs Paraclets : lui-même et un autre personage qui devait venir pour le remplacer. "Paraclet" était donc un titre, une fonction, plutôt qu'une personne précise.

Cependant certains (dont A. Geiger et H. Gressmann) ont avancé l’idée selon laquelle "Paraclet" serait la traduction du mot hébreu "Menahem". Ce mot, justement, servait à désigner le Messie dans certains textes rabbiniques (Talmud de Babylone Sanhedrin 98b et le Talmud de Jérusalem 2,4-5a Lamentations Rabba 1,16) :

"Rabbi Johanan a dit : 'Pour l'amour du Messie. Quel est son nom ? - L'école de Rabbi Shila a dit : Son nom est Shiloh, car il est écrit Jusqu'à sa venue. (Genèse 49;10 : Le sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que Shiloh vienne ; et à lui sera l'obéissance des peuples.)
L'école de Rabbi Yannai a dit : Son nom est Yinnon, car il est écrit que son nom durera toujours :
Devant le soleil il s'appelait Yinnon (Psaume de Salomon 72;17 : Son nom sera pour toujours ; son nom se perpétuera devant le soleil, et on se bénira en lui : toutes les nations le diront bienheureux.)
L'école de Rabbi Haninah a maintenu : son nom est Haninah, ainsi qu'il est écrit : Je ne vous donnerai pas Haninah.
D'autres disent : son nom est Menahem, le fils de Ezéchias, car il est écrit que Menahem soulagerait mon âme. (Lamentations de Jérémie 1;16 : À cause de ces choses je pleure ; mon œil, mon œil se fond en eau ; car il est loin de moi, le consolateur (Menahem) qui restaurerait mon âme. Mes fils sont péris, car l'ennemi a été le plus fort.)"

(Talmud de Babylone, Sanhédrin 98b;25-29)

Jésus étant considéré comme le Messie, il pouvait donc porter le titre de "Paraclet / Menahem"... mais qui était alors l'autre "Paraclet / Menahem" qu'il annoncait pour lui succéder auprés des apôtres ?

Justement, pour les Juifs, il devait y avoir deux Messies : le Mashia'h ben Yossef (Messie de la lignée de Joseph) avec une mission spirituelle et le Mashia'h ben David (Messie de la lignée de David) avec une mission royale. Le premier est un "Messie souffrant", qui subira bien des humiliation avant de parvenir à rassembler le peuple, et le second est un "Roi Sauveur" qui viendra vaincre les méchants et règner sur Israel.
On peut penser que Jésus s'identifiait au premier (le Messie souffrant) et, donc, qu'il attendait la venue du deuxième (le Messie guerrier). Et celle-ci était sensée arriver du vivant de ses disciples :

"En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu'à ce qu'ils aient vu le fils de l'homme venant dans son royaume."
(Matthieu 16;27-28)

Certains pensent donc que "Ménahem" était simplement le nom de ce 2ème Messie annoncé.

Les Actes des Apôtres13;1 nous apprennent justement qu'un certain Manahem fut élevé avec Saül (Paul) chez Hérode Agrippa et qu'il faisait partie des Chrétiens ayant fondé la communauté d'Antioche :
"...Or il y avait à Antioche, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des docteurs : et Barnabas, et Siméon, appelé Niger, et Lucius le Cyrénéen, et MANAHEM, qui avait été nourri avec Hérode le tétrarque, et Saül..."
... mais on ne sait rien de la vie ni des actes de ce Manahem.

Pour les Musulmans, Menahem ne serait autre que leur Prophète Mahomet (Muhammad) dont la venue aurait ainsi été prédite des siècles à l'avance.
En effet ils prétendent que ce n'est pas "parakletos" (consolateur) qu'il faut lire mais "periklytos" qui signifie "glorieux". Hors Ahmad, pseudonyme de Mahomet dans le Coran, signifie aussi "le glorifié" ou "le glorieux".
Cependant le grec écrit, contrairement à l'arabe écrit, indique bien toutes les voyelles et il n'y a pas d'erreurs possibles : tous les exemplaires anciens de la Bible en grec contiennent bien "parakletos" et non "periklytos".
Menahem n'était donc pas Mahomet.

Mais il a existé aussi un "Menahem l’Essénien", mais c'était un leader messianique qui précéda Jésus.
Voila ce qu'en dit l'historien Flavius Joseph :

"Il y avait parmi les Esséniens un certain Manahem, d'une honnêteté éprouvée dans la conduite de sa vie, et qui tenait de Dieu le don de prévoir l'avenir. Un jour qu'Hérode, alors enfant, allait à l'école, cet homme le regarda attentivement et le salua du titre de roi des Juifs. Hérode crut que c'était ignorance ou moquerie et lui rappela qu'il n'était qu'un simple particulier. Mais Manahem sourit tranquillement et lui donnant une tape familière sur les fesses : 'Tu seras pourtant roi, lui dit-il, et tu régneras heureusement, car Dieu t'en a jugé digne. Et souviens-toi des coups de Manahem, et que ce soit pour toi comme un symbole des revirements de la fortune. Ce te serait, en effet, un excellent sujet de réflexions, si tu aimais la justice, la piété envers Dieu, l'équité à l'égard des citoyens ; mais, moi qui sais tout, je sais que tu ne seras pas tel. Tu seras heureux comme personne ne l'a été, tu acquerras une gloire immortelle, mais tu oublieras la piété et la justice, et cet oubli ne saurait échapper à Dieu ; sa colère s'en souviendra à la fin de ta vie.' Sur le moment Hérode ne fit pas grande attention à ces prédictions, n'ayant aucun espoir de les voir se réaliser ; mais quand il se fut élevé peu à peu jusqu'au trône et à la prospérité, dans tout l'éclat du pouvoir, il fit venir Manahem et l'interrogea sur la durée de son règne. Manahem ne lui en dit pas le total ; comme il se taisait, Hérode lui demanda s'il régnerait dix ans. Manahem répondit oui, et même vingt, et trente, mais n'assigna aucune date à l'échéance finale. Hérode se déclara cependant satisfait, renvoya Manahem après lui avoir donné la main, et depuis ce temps honora particulièrement tous les Esséniens."
(Ant Jud XV; 10;5)

On sait que ce Menahem l'Essénien fut expulsé et excommunié du Sanhédrin avec ses disciples, lors de la révolte qui suivit la mort d’Hérode le Grand en 4 av jc, et qu'il fut assassiné par les soldats romains la même année. Ce n'est donc pas lui le Menahem qui devait venir aprés Jésus.

Mais il y a eu encore un autre Menahem, juste aprés Jésus, qui se disait le Messie et voulait récupérer le trône de David en chassant les Romains. Peut-être était-ce lui que Jésus attendait ... mais dans ce cas cela aurait voulu dire que les attentes de Jésus étaient plus tournées vers la politique que vers la spiritualité.

Voila l'histoire de ce Menahem et de sa famille :
Ezéchias, "médecin et rabbin appartenant à une famille fortunée de la région du Golan", était devenu le chef des Asidéens et Zélotes qui luttaient contre les occupants romains. Ses hommes attaquèrent les garnisons romaines, laissées par Pompée en Palestine et leurs alliés représentés par les Hérodiates et les Sadducéens. Mais Ezéchias fut tué en 44 av jc lors d'une rencontre armée avec une patrouille d'Hérode le Grand.

Le commandement des Zélotes passa ensuite à son fils Judas le Galiléen. Il était le nouveau prétendant au trône de Jérusalem en tant qu’Asmonéen direct descendant de David. Mais après avoir soutenu plusieurs batailles contre les Romains et contre Hérode le Grand, il mourut durant la guerre du recensement (6 ap Jc).

L'historien Flavius Joseph a rapporté ceci :
"Celui-la était le Judas qui, comme j'ai expliqué avant, avait poussé le peuple à la révolte contre les Romains, pendant que Quirinus faisait le recensement en Judée."
(Ant. Jud. XX-102).

Il a écrit aussi :
"... Judas dit le Galiléen, un docteur très dangereux qui, déjà au temps de Quirinus, avait réprimandé les habitants de la Judée pour avoir reconnu la domination des Romains alors qu’ ils avaient déjà un Dieu comme Seigneur... ".
(Guerre Jud. II-17).

Judas le Galiléen laissait sept fils : Jean l'aîné, Simon, Jacques le majeur, Judas-Thaddée, Jacques le Mineur, MENAHEM et Eléazar (ce dernier n'était peut-être pas un fils de Judas le Galiléen mais plutôt un simple membre de la famille). Comme leur père ils continueront la lutte "dynastique" de revendication du trône de Jérusalem et participeront à tous les désordres, révoltes et guerres qui se succéderont à cette époque.

L'historien Flavius Joseph a rapporté la mort de Simon et Jacques le majeur :
"Au-delà de ça, Jacques et Simon, fils de Judas de Galilée, furent jugés par ordre venant d'Alexandre (Tibère) et furent crucifiés."
(Ant. Jud. XX-102).

Judas mourra à son tour dans une collision armée en 45 ap Jc sous le procureur Cuspide Fado pour avoir organisé une émeute. L'historien Flavius Joseph a rapporté :
"Pendant que Fado était procureur de la Judée, un imposteur du nom de Thaddée (Theudas), persuada une grande partie de la foule de prendre avec eux leurs propres avoirs et à le suivre jusqu'au fleuve Jourdain: il disait en effet être un prophète et qu'à son signe, le fleuve se serait ouvert, leur offrant un passage facile. Nombreux il en trompa de cette manière. Mais Fado ne permit pas qu'ils tirassent profit de pareille folie et il envoya un escadron de cavaliers qui tomba soudainement sur eux : nombreux furent tués et nombreux furent faits prisonniers. Et parmi ceux-ci Judas Thaddée, il fut décapité et sa tête fut portée à Jérusalem."
(Ant Jud. XX, 97-99).

Après la mort des autres, Menahem et Eléazar continuèrent à revendiquer le trône de Jérusalem en combattant contre les Romains dans les guerres qui suivirent.
En 66 ap. J.C., le Procurateur Florus se livra à de terribles exactions à Jérusalem. Le peuple se révolta sous la conduite d'Éleazar, un fils du Grand Prêtre Ananias. C'était le début de la 1ère guerre juive (66-70).

L'historien Flavius Joseph a expliqué :
"...Les révoltés entreprirent une expédition contre une forteresse du nom de Massada ; ils l'occupèrent par surprise, égorgèrent la garnison romaine et établirent une garnison juive à la place. En même temps, dans le Temple, Eléazar, fils du grand prêtre Ananias, jeune homme plein d'audace et qui y remplissait alors les fonctions de capitaine, détermina les prêtres officiants à n'accepter désormais ni offrandes ni sacrifices offerts par un étranger. C'était là déclarer véritablement la guerre aux Romains....."
. (Guerre Jud. II-17,2)

"...Les notables, les grands prêtres et tous les citoyens épris de paix occupèrent la ville haute ; car les séditieux étaient maîtres de la ville basse et du Temple. On se jetait sans relâche des pierres et des balles de fronde : de part et d'autre les traits volaient ; parfois même des détachements faisaient une sortie et l'on combattait corps à corps. Les insurgés l'emportaient par l'audace, les gens du roi par l'expérience......". (Guerre Jud. II-17,5).

"... Cependant, un certain MANAHEM (MÉNAHEM), fils de Juda le Galiléen (ce docteur redoutable qui jadis, au temps de Quirinius, avait fait un crime aux Juifs de reconnaître les Romains pour maîtres alors qu'ils avaient déjà Dieu) emmena ses hommes à Massada, où il força le magasin d'armes du roi Hérode, et équipa les gens de son bourg avec quelques autres brigands ; s’étant ainsi constitué une garde du corps, il rentra comme un roi à Jérusalem, et, devenu le chef de la révolution, dirigea le siège du palais ....... Les compagnons de Manahem , se ruant dans les positions que les soldats venaient de quitter, tuèrent tous les retardataires qu’ils purent saisir, pillèrent les bagages et incendièrent le camp. Ces événements eurent lieu le sixième jour du mois de Gorpiéos.". (Guerre Jud. II-17,8).

C'est à cette époque que la toute jeune communauté judéo-chrétienne (Nazaréens) de Jérusalem quitta la ville pour se réfugier à Pella, dans la Décapole.

"Le lendemain, le grand prêtre Ananias fut pris dans la douve du palais royal, où il se cachait, et tué par les brigands avec son frère Ezéchias. Les factieux investirent les tours et les soumirent à une étroite surveillance pour qu’aucun soldat ne pût s’en échapper. La prise des fortifications et le meurtre du grand prêtre Ananias grisèrent à tel point la férocité de Manahem qu'il crut n'avoir plus de rival pour la conduite des affaires et devint un tyran insupportable. Les partisans d'Eléazar (fils du grand prêtre Ananias) se levèrent alors contre lui ; ils se répétaient qu'après avoir, pour l'amour de la liberté, levé l’étendard de la rébellion contre les Romains, ils ne devaient pas sacrifier cette même liberté à un bourreau juif et supporter un maître qui, ne fît-il même aucune violence, était pourtant fort au-dessous d'eux : s’il fallait à toute force un chef, mieux valait n'importe lequel que celui-là ?. Dans ces sentiments, ils se conjurèrent contre lui dans le Temple même : il y était monté plein d'orgueil pour faire ses dévotions, revêtu d'un costume royal, et traînant à sa suite ses zélateurs armés. Lorsqu’Eléazar (fils du grand prêtre Ananias) et ses compagnons s'élancèrent contre lui, et que le reste du peuple, saisissant des pierres, se mit à lapider l’insolent docteur, pensant étouffer toute la révolte par sa mort, Manahem et sa suite résistèrent un moment, puis, se voyant assaillis par toute la multitude, s'enfuirent chacun ou ils purent ; là dessus on massacra ceux qui se laissèrent prendre, on fit la chasse aux fugitifs. Un petit nombre parvinrent à se faufiler jusqu'à Massada, entre autres Eléazar, fils de Jaïr (Giairo), parent de Manahem, qui plus tard exerça la tyrannie à Massada. Quant à Manahem lui-même, qui s'était réfugié au lieu appelé Ophlas (Ofel) et s'y cachait lâchement, on le saisit, on le traîna au grand jour, et, après mille outrages et tortures, on le tua. Ses lieutenants eurent le même sort, ainsi qu'Absalon (Aba-Salon), le plus fameux suppôt de sa tyrannie.......". (Guerre Jud. II-17,9).

Alors, qui fut, finalement ce paraclet annoncé par Jésus ? Qu'il ait été un homme devant reprendre la tête de ses disciples, ou qu'il ait été un homme qui devait restaurer l'indépendance d'Israel, le moins qu'on puisse dire c'est que cette prophétie a été ratée.

Une dernière hypothèse serait qu'il représentait tout simplement l'inverse de Satan.
En effet "Menahem" signifie également "avocat" en hébreu, alors que "Satan" signifie "accusateur".
En grec également "parakletos" peut signifier "avocat, conseiller juridique, médiateur".
Menahem serait donc l'avocat du tribunal de Dieu alors que Satan en serait le procureur.

Il est difficile de comprendre qui ce mot voulait vraiment désigner.