Le
trône de Saint Pierre ?
Dans Matthieu 23-9, il est dit :
"Et n'appelez personne sur la terre
votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans
les cieux. Ne vous faites pas appeler conducteurs; car un
seul est votre conducteur, le Christ."
Ce passage est incompatible avec l'instauration de la Papauté
puisque Jésus lui-même dit que personne ne doit s'appeler "notre
Père" ... hors "Pape" veut bien dire "Père". Et Jésus dit bien
que c'est lui qui conduit les fidèles et personne d'autres.
En fait, Pierre n'était pas le 1er
pape et il n'a jamais fondé la papauté. Le texte de Mathieu
sur lequel on se fonde est une interpolation. Il suffit
de voir combien les textes se contredisent :
Dans Matthieu 16: 17-19, il est dit :
-"Et Jésus, répondant,
lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair
et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est
dans les cieux.
Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre (Petros); et sur
ce roc (petras) je bâtirai mon église, et les portes du
hadès ne prévaudront pas contre elle.
Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout
ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ;
et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans
les cieux."
Alors que dans Marc 8: 32-33, il est dit :
-"Et il tenait ce discours
ouvertement. Et Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre.
Mais lui, se retournant et regardant ses disciples, reprit
Pierre, disant : Va arrière de moi, Satan, car tes pensées
ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes."
On remarquera d'ailleurs que Jésus ne pouvait pas dire qu'il
construirait son église sur Pierre, car à cette époque le
mot "ekklêsia" voulait encore dire "assemblée" et non pas
encore "église". Et le mot "construirai" (“oikodomêsô”)
ne peut être utilisé en grec que lorsqu'on parle d'élever
un batiment. De plus la phrase a une structure grammaticale
particulière : elle utilise le cas datif à la place de l'accusatif.
Hors cela n'est apparu en grec qu'à partir du 6ème siècle
aprés JC. Par contre les autres parties des évangiles utilisent
bien l'accusatif comme il était normal de le faire à cette
époque.
Conclusion : ce passage est un faux tardif rajouté dans
la Bible pour appuyer les prétentions de Rome à la suprématie
religieuse.
Dans la Bible, il est dit que Simon-Pierre est envoyé par
les apôtres, ce qui ne saurait être s'il était le véritable
chef spirituel.
Dans Galates 2:9 , Paul met sur un pied d'égalité les apôtres
Jacques, Pierre et Jean.
Dans Galates 2:14, Paul déclare comment il a été obligé
de reprendre Pierre qui avait commis un péché en méprisant
les frères non-juifs.
Dans 1Pierre 5:1, Pierre lui-même s'appelle un "Ancien"
parmis les autres anciens et il ne revendique jamais un
pouvoir suprême.
En fait si on lit bien le texte des "Actes des Apôtres",
on voit bien que c'était Jacques, dit le frère du Seigneur,
qui exercait l’autorité suprême sur la communauté des apôtres,
dans les années 40 et 50, et non pas Simon-Pierre. Ainsi,
lors du concile de Jérusalem, ce n'est pas Pierre, mais
c'est Jacques qui présidait la réunion et qui a prononcé
la résolution finale des débats collectifs (Actes 15:7-13).
On voit, par exemple, que le premier concile des apôtres
à Jérusalem est présidé par Jacques et non par Pierre (Act.
15 ; 7-13).
Eusèbe de Césarée, en son "Histoire ecclésiastique, II,
I, 2,3", dit bien que les apôtres choisirent Jacques comme
évêque de Jérusalem : "Jacques,
frère du Seigneur, succéda à l'administration de l'Église
avec les autres apôtres."(Hist.
Eccl. II, 23, 4).
Clément, en ses "Homélies clémentines", qualifie Jacques,
le frère du Seigneur, d'évêque des évêques (donc de premier
pape) qui gouverna la sainte église des Hébreux à Jérusalem
ainsi que les églises fondées partout...
Clément d'Alexandrie affirme que Jacques reçut la doctrine
secrète du Christ ressuscité avant Pierre et Jean.
Hégésippe l'a écrit aussi : "Le frère du Seigneur, Jacques,
reçut l’Eglise avec les apôtres."
Et, selon l’évangile apocryphe de Thomas, Jésus aurait dit
à ses apôtres : "Où que vous
soyez allés, vous irez vers Jacques le Juste, pour qui ont
été faits le ciel et la terre." (logion 12)
Après le "concile de Jérusalem", entre les suivants de Paul
et les suivants de Jacques, on n'a plus de traces de Pierre,
ce qui confirme les dires de Flavius Josèphe qui prétend
qu'il fut crucifié en 46-47 avec Jacques à Jérusalem (Antiquités
Judaïques, XX, v. 2).
Aucun passage de l'Ecriture ne dit que Pierre est allé à
Rome.
Dans 1 Pierre 5:13, Pierre dit même qu'il s'est installé
à Babylone, et pas à Rome. C'est de Babylone qu'il adresse
ses épîtres aux chrétiens d'Asie (1Pierre 1:1).
Dans Galates 2:8, on voit en effet que Pierre avait reçu
pour mission d'évangéliser les Juifs et non pas les paîens.
C'est Paul qui avait mission d'évangéliser les païens (et
donc Rome, ou il est allé).
Il n'y a pas de document authentique confirmant la présence
de l'apôtre Pierre à Rome, cette histoire ne reposant que
sur les contes d'un Père d'Asie, Abdias, et sur des suppositions
relatives à l'épitre de Clément.
Même Luther, l'un des pères du protestantisme, a dit que
Pierre n'est jamais venu à Rome : "Certains
érudits disent que saint Pierre n'est jamais venu à Rome;
et le Pape a certainement bien du mal à répliquer à de tels
savants... Seul, saint Paul y a certainement été..."
(Wider das Papsttum vom Teufel
gestiftet).
Et le pape Pie XI déclarait, en privé, que pour lui, "il
était certain que jamais saint Pierre ne mit les pieds à
Rome..."
En 1950-1953, des fouilles archéologiques ont permis de découvir sous la basilique Saint-Pierre du Vatican plusieurs tombes dont l'un des corps aurait été identifié à celui de Saint Pierre. Cependant en 1953 un cimetière chrétien a été trouvé sous le monastère Dominus Flevit, sur le mont des oliviers prés de Jérusalem. Il contenait un ossuaire portant le nom de Shimon bar Yonah (Simon Barjona) ce qui est exactement le nom de Pierre en araméen. Dix mètres plus loin un autre ossuaire portait les noms de Marie et Marthe et un autre le nom d'Eleazar (Lazarre). Il semble bien que Simon-Pierre n'ait pas été enterré à Rome mais bien à Jérusalem.
D'ailleurs, il est trés probable que Pierre ait été
exécuté avec son frère Jacques en 46,
à Jérusalem, sous Cuspius Fadus, et non à Rome.
Cela montre bien combien la tradition de la fondation de
la Papauté par Pierre ne repose sur rien de solide.
En réalité, le Pape Saint-Pierre, comme les douze premiers
papes, est un personnage légendaire qui n'a jamais existé.(ces
premiers papes semblent avoir été inventés
par Eusèbe de Césarée, dit Eusèbe
le menteur au IVe siècle). On ne possède d'ailleurs
aucun documents sur les premiers papes jusqu'en 325. ils
n'ont pour seul titre que celui d'évêque de Rome. Le titre
de pape n'apparaissant qu'en 306, à Alexandrie.
Les chrétiens de Rome ne prétendirent jamais, avant le IVe
siècle, que Pierre eût été évêque de leur ville. C'est seulement
à l'époque où Constantinople devint capitale impériale que
l'évêque de Rome tenta par tous les moyens de retrouver
l'autorité que l'évêque d'Orient lui contestait en se mettant
sous le patronage de Simon-Pierre.
Au début, les évêques de Rome considéraient d'ailleurs les
autres évèques comme leurs égaux. C'est au concile romain
de 382, que Damase 1er (366-384), évèque de Rome,
a déclaré pour la 1ère fois : "La
sainte Eglise romaine a la suprématie sur toutes les autres,
non grâce à quelque décret d’un concile, mais en vertu de
la primauté que lui a conférée la parole de Notre Seigneur
: Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise."
Toutefois, c’est à son successeur Sirice (384-399) que l’on
doit le titre de Pape dans un usage exclusif pour désigner
l’évêque de Rome, alors qu’il était précédemment utilisé
pour indiquer le chef d’une église parmi d’autres. En 386,
d'ailleurs, Sirice convoqua un nouveau concile à Rome dont
l’ordre du jour était la réaffirmation de sa primauté sur
les autres évèques.
En 451, le pape Léon 1er (440-461) en était
encore à réclamer la primauté sur le
monde chrétien et à protester contre le Concile
de Chalcédoine qui le divisait en cinq patriarcats
d'importances égales.
Il y eut aussi la célèbre "Donation de Constantin", document
affirmant que l'empereur Constantin aurait cédé, en 313,
le pouvoir temporel de l'Empire au Pape Sylvestre 1er (314-335)
et à la Papauté ultérieure.
Mais le grand humaniste chrétien Lorenzo Valla (1407–1457)
a prouvé en 1440 que cette "Donation de Constantin" était
un faux élaboré vers 754 par la chancellerie pontificale,
pour justifier la création de l'État pontifical par Pépin
le Bref. Nicolas de Cuse (1401-1464) a montré aussi comment
l'Eglise s'est laissée corrompre par cette fausse cession
du pouvoir impérial romain.
Conclusion : La Papauté n'a pas été fondée par Simon-Pierre,
et l'Église de Rome n'a jamais eu de justification réelle
lui permettant de prétendre à la direction de la chétienté
occidentale.
A propos de Simon-Pierre, Voltaire écrit ceci dans son "Dictionnaire
philosophique" :
"Tous les droits des métropolitains de Rome et de Constantinople
furent établis au concile de Chalcédoine, en 451 de notre
ère vulgaire; et il ne fut question dans ce concile d’aucun
voyage fait par un apôtre à Byzance ou à Rome.
(.....)
Il est indubitable que les premières largesses faites à l’Église
de Rome par Constantin n’ont pas le moindre rapport au voyage
de saint Pierre.
1° La première église élevée à Rome fut celle de Saint-Jean:
elle en est encore la véritable cathédrale. Il est sûr qu’elle
aurait été dédiée à saint Pierre s’il en avait été le premier
évêque; c’est la plus forte de toutes les présomptions; elle
seule aurait pu finir la dispute.
2° A cette puissante conjecture se joignent des preuves négatives
convaincantes. Si Pierre avait été à Rome avec Paul, les Actes
des apôtres en auraient parlé, et ils n’en disent pas un mot.
3° Si saint Pierre était allé prêcher l’Évangile à Rome, saint
Paul n’aurait pas dit dans son Épître aux Galates: «Quand
ils virent que Évangile du prépuce m’avait été confié, et
à Pierre celui de la circoncision, ils me donnèrent les mains
à moi et à Barnabé, ils consentirent que nous allassions chez
les gentils, et Pierre chez les circoncis.»
4° Dans les lettres que Paul écrit de Rome, il ne parle jamais
de Pierre; donc il est évident que Pierre n’y était pas.
5° Dans les lettres que Paul écrit à ses frères de Rome, pas
le moindre compliment à Pierre, pas la moindre mention de
lui; donc Pierre ne fit un voyage à Rome, ni *quand Paul
était en prison dans cette capitale, ni quand il en était
dehors.
6° On n’a jamais connu aucune lettre de saint Pierre datée
de Rome.
7° Quelques-uns, comme Paul Orose, Espagnol du ve siècle,
veulent qu’il ait été à Rome les premières années de Claude;
et les Actes des apôtres disent qu’il était alors à Jérusalem,
et les Épîtres de Paul disent qu’il était à Antioche.
8° Je ne prétends point apporter en preuve qu’à parler humainement
et selon les règles de la critique profane, Pierre ne pouvait
guère aller de Jérusalem à Rome, ne sachant ni la langue latine,
ni même la langue grecque, laquelle saint Paul parlait, quoique
assez mal. Il est dit que les apôtres parlaient toutes les
langues de l’univers; ainsi je me tais.
9° Enfin, la première notion qu’on ait jamais eue du voyage
de saint Pierre à Rome vient d’un nommé Papias, qui vivait
environ cent ans après saint Pierre. Ce Papias était Phrygien,
il écrivait dans la Phrygie; et il prétendit que saint Pierre
était allé à Rome, sur ce que dans une de ses lettres il parle
de Babylone. Nous avons en effet une lettre attribuée à saint
Pierre, écrite en ces temps ténébreux, dans laquelle il est
dit: "L’Église qui est à Babylone, ma femme et mon fils Marc
vous saluent." Il a plu à quelques translateurs de traduire
le mot qui veut dire ma femme, par la conchoisie, Babylone
la conchoisie; c’est traduire avec un grand sens...".
|