Saint
Paul l'usurpateur :
Pour beaucoup Paul de Tarse reste un personnage
très énigmatique.
L'Eglise le nomme l'Apôtre, alors qu'il ne comptait pourtant
pas parmi les douze.
Il serait né entre 5 et 10 à Tarse en Cilicie (située dans
l'actuelle Turquie) mais en fait ses origines et le déroulement
de sa vie sont loin d'être clairs.
Il se disait à la fois juif et romain
... ce qui semble un non-sens car être romain entraine qu'il
acceptait le culte de l'empereur, ce qui est totalement en
contradiction avec le monothéisme strict du judaisme. Cependant les Juifs étaient exemptés du culte de l'empereur semble-t-il.
Paul aurait donc été un citoyen romain et la Bible montre
plusieurs fois les soldats romains l'escorter et le protéger
contre ses ennemis. Il devait donc être un personnage important
... et riche car on le voit capable de soudoyer le procurateur
Felix (actes 24;16).
Selon Jérôme (MI XXIII, 615 - 646) et Photius (Amphilocium
CXVI), il serait né à Giscala en Judée et, lorsque les romains
auraient envahi le pays, il aurait été emmené avec sa famille
en esclavage jusqu'à Tarse en Cilicie. Mais comment donc un
esclave aurait-il pu acquérir la citoyenneté romaine ? Et
s'il était né à Tarse, comme d'autres le croient, il ne pouvait
pas non plus avoir la nationalité romaine car ce droit n'a
été accordé aux habitants de cette ville qu'un siècle après
Paul.
Il prétendait que son nom hébreu était Saül qu'il changera
en Paul. Aparemment il aurait donc pu être un juif qui serait
devenu citoyen romain.
Pourtant il semble au contraire qu'il était un grec (les habitants
de Tarse étaient grecs) s'étant converti tardivement au judaisme
puis au christianisme. En effet, dans le "Panarion I, II;
16, 8" et "Contre les hérésies I, tII III, 16", Épiphane de
salamine dit que les Ébionites affirmaient que Paul était
un grec :
"selon eux il vint à Jérusalem et, aprés y avoir vécu un
certain temps, il se prit d'une passion inextinguible pour
la fille d'un prêtre. C'est pour cette raison qu'il se fit
prosélithe et se fit circoncire. Mais lorsqu'il fut éconduit
par la jeune fille, el en conçut une telle rage qu'il se mit
à commettre des libellés contre la circonsision, le sabbat
et la loi."
Paul prétendait avoir été disciple de Gamaliel, un maître
pharisien réputé dont on trouve des traces dans la tradition
juive :
" Je suis Juif, né à Tarse
de Cilicie, mais élevé dans cette ville-ci, et instruit aux
pieds de Gamaliel selon l’exactitude de la loi de nos pères,
étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui." (Actes 22;3)
Cependant il serait étonnant qu'un maitre aussi réputé accepte
parmi ses élèves un tel novice (converti dans le seul but
d'épouser une juive). Paul prétend même être de la tribu de
Benjamin, ce qui ne voulait plus rien dire à cette époque.
On voit donc bien que sa connaissance du judaïsme était trés
superficielle ... comme pourrait en avoir un gréco-romain
s'étant fait juif tardivement.
De plus, Gamaliel était un rabbin célèbre pour sa tolérance
(voir : Actes 5; 38-39) mais Paul ne l'était pas du tout.
Pharisien convaincu, il fut d'abord le persécuteur de nombreux
chrétiens et participa même plus ou moins directement à la
lapidation de saint Étienne.
Pourtant, on peux douter qu'il persécutait vraiment les chrétiens
comme qu'il l'affirmait. En effet, le verbe "diokein", en
grec, ne se traduit pas par "persécuter" mais plutôt par "poursuivre
intellectuellement". Son opposition aux chrétiens devait donc
plutôt se manifester par des joutes verbales.
Il prétendait avoir été envoyé à Damas par le grand prêtre
pour y capturer des chrétiens (Actes 9; 1-2). Mais cela n'a
aucun sens : Le grand-prêtre n'avait aucune autorité pour
l'envoyer capturer qui que ce soit puisqu'il était soumis
aux autorités romaines. De plus Damas ne faisait même pas
partie de l'empire romain mais de la Nabatène. Cette mission
était donc totalement illégale ... ou imaginaire.
Selon lui, alors qu’il galopait sur le chemin de Damas, Jésus
lui apparut et le convertit. Mais son témoignage n'est pas
du tout clair car il a donné plusieurs versions différentes
des faits :
"Et les hommes qui faisaient
route avec lui s’arrêtèrent tout interdits, entendant bien
la voix, mais ne voyant personne".
(Actes 9;7)
"Et ceux qui étaient avec
moi virent la lumière, et ils furent saisis de crainte, mais
ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait."
(Actes 22;9)
Tout cela est bien contradictoire .. et apparait bien différent
de la version selon laquelle paul aurait rejeté le judaisme
et se serait converti au christianisme par simple dépit amoureux.
Quoi qu’il en soit, Paul va se mettre alors à évangéliser
les hommes à son tour ... mais en suivant ses idées et non
pas celle de Jésus qu'il connaissait trés mal.
Il va d'abord essayer de convertir des juifs, mais devant
son insuccés il se rabatra ensuite sur les paîens.
Son enseignement s'éloigna alors de plus en plus de celui
des apôtres.
Ces derniers étaient restés proches du judaïsme : on les appelait
"Nazaréens" (Judéo-Chrétiens) alors que les disciples de Paul
étaient appelés "Hellénistes" (Pagano-Chrétiens).
Les Apôtres vont alors lui envoyer Barnabé (Barnabas) pour
essayer de le controler et l'emmener à Antioche :
"Et il s’en alla à Tarse,
pour chercher Saul ; et l’ayant trouvé, il le mena à Antioche. Et il leur arriva que, pendant un an tout entier, ils se réunirent
dans l’assemblée et enseignèrent une grande foule." (Actes 11; 25)
Mais Paul s'écarta alors encore plus des Nazaréens pour fonder une nouvelle religion qu'on appellera "christianisme" :
"et que
ce fut à Antioche premièrement que les disciples furent nommés
chrétiens." (Actes 11; 26)
Paul et Barnabas furent ensuite confrontés à l’arrivée
de fidèles de Jérusalem (les Judéo-Chrétiens / Nazaréens)
qui proclamaient que nul ne peut se dire Chrétien s'il n'observe
pas la loi mosaîque et la circoncision. Pour eux le Christianisme
n'était qu'un rameau du Judaîsme :
"Et quelques-uns, étant descendus
de Judée, enseignaient les frères disant : Si vous n’avez
pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez
être sauvés." (Actes 15;1)
Le conflit fut alors porté devant l’Eglise de Jérusalem, dirigée
par Jacques, frère du Seigneur (ce fut le "concile de Jérusalem")
:
"Une contestation s’étant
donc élevée et une grande dispute, entre Paul et Barnabas
et eux, ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres
d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les
anciens pour cette question." (Actes 15;2)
(Selon Galates 2;2, Paul n'avait pas été convoqué à Jérusalem
mais y était allé à la suite d'une vision).
Lors des débats, il est difficile de le savoir exactement
ce qui s'est passé car Paul semble en avoir rapporté une version
considérablement déformée ... probablement pour cacher les
difficultés qu'il a du y affronter :
Bizarrement, Jacques (le chef des apôtres) qui passait pourtant
comme trés regardant sur l'application de la loi mosaïque,
ne lui reproche même pas de ne pas avoir circoncit son disciple
Tite :
"Cependant, même Tite qui
était avec moi, quoiqu’il fût Grec, ne fut pas contraint à
être circoncis."(Galate 2;
3)
Jacques fait cependant surveiller Paul par deux espions afin
de controler les déviances de ses pensées :
"Et cela à cause des faux
frères, furtivement introduits, qui s’étaient insinués pour
épier la liberté que nous avons dans le christ Jésus, afin
de nous réduire à la servitude." (Galate 2; 4)
Les paroles de Jacques citées dans Actes 15: 17 semblent avoir
été purement et simplement inventées par paul. En effet elles
contiennent des citations de la Bible en grec (Septante) et
non de la Bible hébraïque.
(Cela dit, l'épitre attribuée à Jacques contient aussi des
citations de la Septante... cela s'explique peut-être parceque
Jacques utilisait une Bible essénienne dont le texte était
plus proche de la Septante que de la Bible hébraïque classique).
Étrangement, lors des débats, l'apôtre Simon-Pierre se range
du coté de Paul (Actes 15;14). Comme lui, il affirme que la
Loi (Thora) n’est pas nécessaire et que seule la foi peut
sauver.
A moins que ce ne soit pas le vrai Simon-Pierre mais un dénommé
Syméon (Actes 15;14) ?
Finalement Jacques, Simon-Pierre et Jean, après avoir délibéré,
semblent donner raison à Paul sur la question de la circoncision
et lui permettent de continuer à évangéliser les paiens selon
leur manière simplifiée, pendant que les Judéo-Chrétiens s'occuperont
d'évangéliser les Juifs :
"... l’évangile de l’incirconcision
m’a été confié, comme celui de la circoncision l’a été à Pierre." (Galates 2;7)
"Car il a semblé bon au Saint
Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau
que ces choses-ci qui sont nécessaires : qu’on s’abstienne
des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui
est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de
ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien." (Actes 15;28-29)
Mais en fait cette mission d'évangélisation des paiens accordée
à Paul semble douteuse puisque Simon-Pierre affirme que c'est
à lui-même que cette mission a été confiée :
"Et une grande discussion
ayant eu lieu, Pierre se leva et leur dit : Hommes frères,
vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a
choisi entre vous, afin que par ma bouche les nations ouïssent
la parole de l’évangile, et qu’elles crussent." (Actes 15;7)
Il semble donc que Paul ait voulu s'accaparer le personnage
de Simon-Pierre en lui prétant ses propres théories et en
essayant de s'emparer de sa mission.
D'ailleurs Jacques envoit des apôtres avec Paul pour surveiller
pendant quelques temps son orthodoxie, ce qui montre que la
méfiance continue :
"Alors il sembla bon aux
apôtres et aux anciens, avec toute l’assemblée, de choisir
parmi eux des hommes, et de les envoyer à Antioche avec Paul
et Barnabas : savoir Judes appelé Barsabbas, et Silas (Sylvain),
hommes qui tenaient la première place parmi les frères."
(Actes 15;22)
"Et Judas et Silas qui eux
aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs
discours et les fortifièrent. Et après avoir séjourné là quelque
temps, ils furent renvoyés en paix par les frères vers ceux
qui les avaient envoyés." (Actes 15; 32-33)
Peu aprés, Simon-Pierre part s'installer à Antioche, prés
de Paul (ce qui montre bien que l'évangélisation des païens
n'avait pas été accordée exclusivement à Paul), et y adopte
(parrait-il) les principes simplifiés des Pagano-Chrétiens.
Mais il change vite d'avis (avec Barnabas) quand de nouveaux
Judéo-Chrétiens arrivèrent de Jérusalem :
"Mais quand Pierre vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné tort. En effet, avant l'arrivée de certaines gens de l'entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens ; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis." (Galates 2;11)
Paul s'emportat alors contre Pierre, l"accusant de mépriser
sa manière de faire :
"Si toi qui es Juif, tu vis
comme les Gentils et non pas comme les Juifs, pourquoi contrains-tu
les Gentils à judaïser ? Nous qui, de nature, sommes Juifs
et non point pécheurs d’entre les nations, savons néanmoins
que l’homme n’est pas justifié sur le principe des œuvres
de loi, mais par la foi en Jésus Christ. Nous aussi, nous
avons cru au christ Jésus, afin que nous fussions justifiés
sur le principe de la foi en Christ et non pas sur le principe
des œuvres de loi. Parce que sur le principe des œuvres de
loi nulle chair ne sera justifiée." (Galate 2;14-16)
Cela montre donc que le concile de Jérusalem n'avait pas du
tout résolu le problème puisque les judéo-chrétiens et les
pagano-chrétiens continuaient de se disputer au sujet de la
conversion des paiens.
Paul finit ensuite par se séparer de Barnabas :
"Il y eut donc entre eux
de l’irritation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre,
et que Barnabas, prenant Marc, fit voile pour Chypre. Mais
Paul, ayant fait choix pour lui de Silas, partit, après avoir
été recommandé à la grâce du Seigneur par les frères." (Actes 15; 39-40)
Les deux branches du Christianisme se séparèrent alors de
plus en plus car le dogme paulinien du salut pas la foi et
non par la Loi (Thora) n'avait jamais été enseigné par les
Judéo-Chrétiens (pour eux, Jésus n'était pas venu abolir la
Loi, mais la parfaire, et l'accomplir, selon ses propres paroles).
14 ans plus tard, Paul retourna à Jérusalem pour voir Jacques
et les apôtres mais il subit alors une forte opposition :
"Et comme les sept jours
allaient s’accomplir, les Juifs d’Asie l’ayant vu dans le
temple, soulevèrent toute la foule et mirent les mains sur
lui,
s’écriant : Hommes israélites, aidez-nous ! C’est ici l’homme
qui prêche à tous et partout contre notre peuple, et la loi,
et ce lieu ; et qui de plus a aussi amené des Grecs dans le
temple et a profané ce saint lieu.
Car ils avaient vu auparavant dans la ville Trophime l’Éphésien
avec lui, et ils croyaient que Paul l’avait amené dans le
temple.
Et toute la ville fut en émoi, et il se fit un rassemblement
du peuple ; et ayant saisi Paul, ils le traînèrent hors du
temple ; et aussitôt les portes furent fermées."
(Actes 21; 27-30)
Paul, en effet, faisait de Jésus un Dieu et du Christ un principe
mystique, alors que les Judéo-Chrétiens (qui avaient bien
connu Jésus) niaient sa divinité.
Les apôtres qui vécurent aux côtés de Jésus n'avaient élaboré
aucune croyance particulière au sujet de sa crucifixion. Ils
n'ont jamais pensé qu'il s'agissait d'un sacrifice de Jésus
voulu par Dieu pour mettre fin à la Loi. Ce n'était la qu'une
pure invention de Paul (Romains 7; 1-6 et Galates 3; 13, 5
et 1-4).
Les apôtres ne prétendaient pas non plus que la crucifixion
servait d'expiation pour la rédemption du péché originel.
C'était la encore une pure invention de Paul (Romains 5; 19)
développée ensuite par Augustin d'Hippone.
Le divorce entre les deux conception du Christianisme était
donc bien consommé.
Et Paul tentait de défendre son enseignement d'être moins
véridique que celui des apôtres Judéo-Chrétiens :
"Car si celui qui vient prêche
un autre Jésus que nous n’avons pas prêché, ou que vouALs
receviez un esprit différent que vous n’avez pas reçu, ou
un évangile différent que vous n’avez pas reçu, vous pourriez
bien le supporter. Car j’estime que je n’ai été en rien moindre
que les plus excellents apôtres."(
II Corinthiens 11; 4-5 )
Paul s'opposa alors de plus en plus aux Judéo-Chrétiens et
à leur enseignement :
"... mais il y a des gens
qui vous troublent, et qui veulent pervertir l’évangile du
Christ.
Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous
évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il
soit anathème. Comme nous l’avons déjà dit, maintenant aussi
je le dis encore : si quelqu’un vous évangélise outre ce que
vous avez reçu, qu’il soit anathème." (Galates 1; 7-9)
"Car ceux-là qui sont circoncis,
eux-mêmes ne gardent pas la loi (Thora); mais ils veulent
que vous soyez circoncis, afin de se glorifier dans votre
chair. Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon
en la croix de notre seigneur Jésus Christ, par laquelle le
monde est crucifié pour moi et moi pour le monde. Car ni la
circoncision, ni l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle
création." (Galates 6; 13-16)
Paul reconnaissait cependant bien que ses disciples suivaient une doctrine différentes de ceux de Jésus :
"Or voici ce que je dis, c'est que chacun de vous dit : Moi, je suis de Paul ; et moi, d'Apollos ; et moi, de Céphas ; et moi du Christ." (1corinthiens1;12)
Paul prétendait même que son Jésus avait aboli la Loi de Moïse
(La Thora) :
"Mais maintenant nous avons
été déliés de la Loi, étant morts dans ce en quoi nous étions
tenus, en sorte que nous servions en nouveauté d’esprit, et
non pas en vieillesse de lettre."(Romains 7; 6)
"La sacrificature
étant changée, il y a aussi par nécessité
un changement de Loi."(Hébreux 7;12)
"Il y a abrogation
du commandement qui a précédé, à
cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la Loi
n’a rien amené à la perfection) et introduction
d’une meilleure espérance par laquelle nous approchons
de Dieu."(Hébreux 7;18-19)
"Voici ce qu’on
leur a déclaré: tu enseignerais à tous
les Juifs qui vivent au milieu d’autres peuples la nécessité
d’abandonner la Loi de Moïse; tu leur dirais de
ne plus circoncire leurs enfants et de ne plus suivre les
coutumes juives. ."(Actes 21;20)
Pourtant Jésus n'avait jamais dit cela, bien au contraire
:
"Ne pensez pas que je sois venu
pour abolir la Loi ou les prophètes, je ne suis pas venu pour
abolir, mais pour accomplir. Car, en vérité,
je vous dis : Jusqu’à ce que le ciel et la terre
passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera
point de la loi, que tout ne soit accompli.." (Matthieu 5; 17-18)
Et Paul avouait ne pas
respecter la Loi de Moïse :
"Pour les Juifs, je suis devenu
comme Juif, afin de gagner les Juifs ; pour ceux qui étaient
sous la Loi, comme si j’étais sous la Loi, n’étant
pas moi-même sous la Loi, afin de gagner ceux qui étaient
sous la Loi." (1 Corinthiens
9;20)
Accusé de mentir, Paul se défendait maladroitement, justifiant
sa déformation des dogmes :
"Et si mon mensonge envers
Dieu ne servait qu'à mieux faire éclater sa gloire, pourquoi
serais-je encore condamné comme pêcheur ? Nous sommes calomnieusement
accusés par quelques-uns qui prétendent que nous disons 'Pourquoi
ne ferions-nous pas le mal afin qu'il en sorte du bien ?'
"(Romains 3; 7-8 )
Il avouait pourtant ne pas être un vrai apôtre nommé par Jésus
ou ses disciples :
"Si je ne suis pas apôtre
pour d’autres, je le suis pour vous du moins ; car vous êtes
le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. C’est ici ma défense
auprès de ceux qui m’interrogent. (I Corinthiens 9; 2-3)
Et il se plaignait d'être attaqué par les apôtres qu'il appellait
des "faux frères" :
"...dans les périls parmi
de faux frères,..." ( II Corinthiens
11; 27 )
En effet, Jacques, frêre du Seigneur et chef des apôtres,
semble avoir alors écrit son épitre dans le seul but de s'opposer
à la doctrine du salut par la foi inventé par Paul :
"Mes frères, quel profit
y a-t-il si quelqu’un dit qu’il a la foi, et qu’il n’ait pas
d’œuvres ? La foi peut-elle le sauver ?...
... De même aussi la foi, si elle n’a pas d’œuvres, est morte
par elle-même...
Mais quelqu’un dira : Tu as la foi, et moi j’ai des œuvres.
Montre-moi ta foi sans œuvres, et moi, par mes œuvres, je
te montrerai ma foi. Tu crois que Dieu est un ; tu fais bien
: les démons aussi croient, et ils frissonnent. Mais veux-tu
savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est stérile
?" (Jacques 2; 14 et 17-20)
Jean semble aussi avoir considéré Paul comme un traître (et
même un antéchrist) et l'attaquait à mots couverts, l'accusant
d'avoir remplacé le Jésus de chair par un Jésus abstrait :
" ...ils sont sortis du milieu
de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent
été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est
afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun des nôtres." (I Jean 2; 19)
"Bien-aimés, ne croyez pas
tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont
de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le
monde. Par ceci vous connaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit
qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu, et tout
esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est
pas de Dieu ; et ceci est l’esprit de l’antichrist, duquel
vous avez ouï dire qu’il vient, et déjà maintenant il est
dans le monde." ( I Jean,
4; 1-3)
"car plusieurs séducteurs
sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus
Christ venant en chair : celui-là est le séducteur et l’antichrist". ( II Jean, 7)
Et même Pierre semble viser Paul de la même facon dans son
épitre :
"Or il y a eu aussi de faux
prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura parmi vous
de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de
perdition, reniant aussi le maître qui les a achetés, faisant
venir sur eux-mêmes une prompte destruction ; et plusieurs
suivront leurs excès : et à cause d’eux la voie de la vérité
sera blasphémée, et, par cupidité, ils feront trafic de vous
avec des paroles artificieuses" (II Pierre, 2; 1-3)
Idem dans la "lettre de Pierre à Jacques (insérée dans les
"Homélies clémentines") où il est écrit :
"Certains de ceux qui viennent
de la gentilité ont repoussé ma prédication conforme à la
loi pour adopter l'enseignement, contraire à la loi, de l'homme
ennemi et ses bavardages frivoles."
(Les spécialistes s'accordent à penser que cet "homme
ennemi" n'est autre que Paul.)
et :
"C'est de mon vivant même
que quelques uns ont tenté, par des interprétations artificieuses,
de dénaturer le sens de mes paroles en vue de l'abolition
de la loi. A les entendre ce serait ma doctrine à moi aussi,
mais je n'oserai la prêcher ouvertement. Loin de moi une telle
conduite ! Ce serait agir à l'encontre de la loi de Dieu,
qui a été promulguée par le ministère de Moïse et dont notre
Seigneur a attesté la durée éternelle quand il a dit : 'Le
ciel et le terre passeront ; pas un iota ni un trait ne passera
de la loi".
Pierre nie donc avoir partagé les idées de Paul comme ce dernier
le laissait pourtant entendre.
La haine de Paul envers les juifs et les Judéo-Chrétiens deviendra
alors croissante :
"... (les Juifs, ces chiens)
... qui ont mis à mort et le seigneur Jésus et les prophètes,
et qui nous ont chassés par la persécution, et qui ne plaisent
pas à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes, nous empêchant
de parler aux paîens afin qu’ils soient sauvés, en sorte qu'ils
ne cessent de mettre le comble à leurs péchés. Mais la colère
est venue sur eux au dernier terme." (I Thessaloniciens, 2; 15-16)
Paul n'était donc certainement pas l'auteur de l'épître aux
Hébreux.puisqu'il avait renoncé à s'adresser aux Juifs. Dans
son Histoire ecclésiastique, Eusèbe avait d'ailleurs dit que
l’Église de Rome doutait de l’origine de cet épître.
En ce qui concerne Marcion (celui qui a fait connaitre les
écrits de Paul), il ne connaissait que 10 de ses épitres
au lieu des 14 actuellement utilisés : Galates, 1 et
2 Corinthiens, Romains, 1 et 2 Thessaloniciens, Laodicéens
(ancienne version de l'Epitre aux Ephésiens ?), Colossiens,
Philippe et Philémon.
Les épîtres à Timothée et à Tite n'étaient probablement pas
de Paul, tout comme celles aux Colossiens, aux Thessaloniciens
II et aux Ephésiens. Une fausse épitre aux Laodicéens
a également circulé au moyen-âge (>
Voir). Et l'Église syriaque utilise aussi une 3e
épître aux Corinthiens (>
Voir).
L'autenticité des épîtres aux Corinthiens,
à Philippe et à Philémon (ignorée
de l'église syriaque) est également discutée
par les spécialistes.
Il ne nous reste donc, comme épitres indiscutables
de Paul, que celles aux Romains, aux Galates et aux Thessaloniciens.
Cependant on distingue jusqu'à cinq finales différentes pour
l'épître aux Romains, ce qui indique que sa fin a été rajoutée
tardivement.
Bizarrement, ce sont dans les différents ajouts retrouvés
dans les épîtres qu'on trouve le plus de références au Jésus
historique, alors que les écrits originaux de Paul ne connaissaient
qu'un Jésus abstrait.
Les écrits de Paul ne citent à aucun moment le déroulement
du moindre événement survenu pendant la vie de Jésus. Pas
de miracles, pas d'arrestation, pas de procès, pas de crucifixion).
Aucun nom des acteurs de la vie de Jésus n'est jamais cité.
Pas de Marie, de Joseph, de Pilate, de Caïphe, de Judas, etc...
(Pilate est cité seulement dans l'épître à Tite ... mais celle-ci
est apocryphe !)
Les lieux en rapport avec Jésus ne sont jamais cités. Pas
de Bethlehem, de Nazareth, etc...Golgotha…
Paul cite à de nombreuses reprises des passages de l'Ancien
Testament pour prouver ses arguments. Mais il ne cite jamais
les paroles de Jésus
Il ne dit jamais : "Jésus a dit" quand il décrit de nouveaux
dogmes remplacant la loi juive.
L'enseignement de Jésus n'est jamais mentionné, ni aucune
de ses paraboles.
Paul ne parle jamais de la vie passée de Jésus sur terre,
comme s'il ignorait tout d'elle.
Pour lui le Messie ne doit venir que dans le futur :
"... car la création en attente
aspire à la révélation des fils de Dieu."
(Romains 8;19)
Pour lui la crucifiction semble due à des "princes de ce monde"
(aparemment des démons de type gnostique). Elle était donc
plutôt mystique et n'a pas forcément eu lieu sur terre :
"... qu’aucun des chefs de
ce siècle n’a connue, car s’ils l’eussent connue, ils n’eussent
pas crucifié le Seigneur de gloire.'
(I Corinthiens 2;8)
Comme le disait l'historiciste A. Loisy, "Saint Paul (comme
aussi l'auteur de l'Epître aux Hébreux) connaissait mieux
les agissements du Christ au ciel que sur la terre. D'ailleurs,
Paul se soucie peu de l'existence terrestre de Jésus." :
"Ainsi nous, désormais, nous
ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous
avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le
connaissons plus ainsi."
(II Corinthiens, 5;16)
Paul cite 200 fois le Christ et seulement 12 fois Jésus, à
chaque fois sous la forme "Christ-Jésus" ou "Jésus-Christ"
comme si le mot "Jésus" avait été seulement par la suite.
Il semble donc bien que Paul ne basait pas ses dogmes sur
l'enseignement du Jésus qui avait vécu sur terre au milieu
des apôtres, mais sur un être mythique, éthéré et divin qu'il
appelait "Christ" (Christos" = "bon").
Comme le disait Ernest Renan : "Pour
Paul, le Christ n'est pas un homme qui a vécu et enseigné,
c'est un être tout divin".
Ce Jésus-Christ n'avait rien à voir avec le Jésus des Judéo-chrétiens
Nazaréens, celui des apôtres.
D'ailleurs les descendants de ceux-ci considéraient Paul comme
un traitre.
En 404, Eusèbe de Césarée, Épiphane et Saint Jérôme disaient
que les ALsectes Nazaréennes de Syrie et de Jordanie continuaient
de pratiquer la circoncision et les autres commandements de
la Torah. Pour ces Nazaréens, Jésus était un grand prophète,
il était le Messie annoncé par les Écritures, mais il n'était
qu'un homme. IIs avaient Paul et ses écrits en exécration
et ne manquaient pas une occasion de l'anathématiser comme
le pire imposteur de l'histoire de l'humanité. .
Il y avait aussi les Ébionites (mélés d'Esséniens) qui niaient
également la divinité de Jésus, ainsi que sa naissance virginale
et son appartenance à une trinité. Ils rejettaient également
son aspect salvateur : pour eux, la mission de Jésus était
seulement d’enseigner. Il n’avait pas voulu supprimer la Loi
; cette suppression étant l’œuvre de Paul, leur grand adversaire.
Irénée rapporte qu' "ils
n'utilisent que l'évangile selon Matthieu et répudient l'apôtre
Paul, soutenant qu'il a apostasié la loi."
Celse, qui s'opposait aux Pagano-Chrétiens, clamait lui aussi
que la vraie vie de Jésus avait été déformée :
"J'aurais beaucoup à dire
sur les événements de la vie de Jésus ; des choses vraies
et qui diffèrent de ce qu'ont écrit les disciples de Jésus" (C.C. II, 13)
C'est donc Paul qui est le vrai fondateur (et déformateur)
du Christianisme actuel et non pas Jésus et ses disciples
directs (les Judéo-Chrétiens Nazaréens).
L'essentiel de sa prédication était que Dieu "Chrîstos" a
envoyé sur Terre son fils Christos sous la forme d'un esprit
céleste ayant pris l'apparence d'un homme.
Ce Paulinisme extrême (appelé plus tard "Docétisme") sera
plus tard tempéré en se mélangeant un peu avec le Judéo-Christianisme.
C'est ainsi que le Jésus humain sera également retenu.
Mais vers 140 - 144, il existait encore des Docétistes qui
croyaient à la doctrine de Paul sous sa forme le plus extrême.
Ainsi Marcion, qui fut rejeté comme hérétique, affirmait encore
que Jésus n'était qu'une image de Dieu, une sorte d'ange qui
était descendu sur terre sous une forme adulte. Il rejetait
également fortement le Judaîsme. C'est pourtant ce Marcion
qui apporta pour la 1ère fois à Rome les dix épîtres de Paul.
Cela dit, même si Paul a déformé (et même détruit) l'enseignement
originel de Jésus, a-t-il tout de même inventé une nouvelle
doctrine empreinte de spiritualité quand-même ?
Pour s'en faire une idée, voyons un peu combien il favorise
la bête foi du charbonnier par rapport à la philosophie :
"Prenez garde que personne
ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines
déceptions, selon l’enseignement des hommes, selon les éléments
du monde, et non selon Christ." (Colossiens 2 :4-8) ... mais cette épitre n'est peut-être
pas de Paul.
Et voyons un peu quelle misogynie il a transmis aux Chrétiens
:
"Mais je veux que vous sachiez
que le chef de tout homme, c’est le Christ, et que le chef
de la femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ, c’est
Dieu".(I Corinthiens 11: 3)
"Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient
dans le Seigneur."
(Colossiens 3 : 18) ... mais cette épitre n'est peut-être
pas de Paul.
"Car la femme qui est soumise
à un mari, est liée à son mari par la loi, tant qu’il vit
; mais si le mari meurt, elle est déliée de la loi du mari.
Ainsi donc, le mari étant vivant, elle sera appelée adultère
si elle est à un autre homme ; mais si le mari meurt, elle
est libre de la loi, de sorte qu’elle n’est pas adultère en
étant à un autre homme." (Romains
7 : 2- 3 )
"Femmes, soyez soumises à
vos propres maris comme au Seigneur ;
parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le
Christ est le chef de l’assemblée, lui, le sauveur du corps.
Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les
femmes le soient aussi à leurs maris en toutes choses."
(Éphésiens 5 : 22-24)
"Que vos femmes se taisent
dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler
; mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la loi.
Et si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent
leurs propres maris chez elles, car il est inconvenant pour
une femme de parler dans l’assemblée."
(I Corinthiens 14 : 34-35) ... mais peut-être que ce passage
a été rajouté par une autre main.
"Que la femme apprenne dans
le silence, en toute soumission ;
mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité
sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence.
Car Adam a été formé le premier, et puis Ève.
Et Adam n’a pas été séduit ; mais la femme, ayant été séduite,
est tombée dans la transgression."
(1 Timothée 3 : 11-15) ... mais cette épitre n'est peut-être
pas de Paul.
Pour conclure, voici deux phrases de philosophes :
"Si l'on veut bien y faire
attention, la religion catholique apostolique et romaine est,
dans toutes ses cérémonies et tous ses dogmes, l'opposé de
la religion de Jésus."
(Voltaire)
"Au fond, il n'y a jamais
eu qu'un chrétien et il est mort sur la croix !"
(Nietzsche)
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