Les
Rois-mages :
Ce n'est qu'en 354 que le Pape Liberus instaure
la célébration de la naissance de Jésus le 25 décembre. Cependant
les évangiles font état de la présence de bergers venus voir
Jésus dans la crèche. Hors, même en Palestine, il fait trop
froid à ce moment de l'année pour que des bergers passent
la nuit dehors avec leur troupeau.
Les premiers responsables de l'Église
chrétienne pensaient que la nouvelle religion serait mieux
acceptée si elle ne rompait pas tout à fait avec les usages
et les rites de l'époque. Pour les Romains, le 25 décembre
était la fête de "Sol Invictus" ("Soleil invaincu", fête instaurée
par l'empereur Aurélien en 274), rappelant la victoire de
Mithra (dieu iranien trés populaire à Rome) sur les ténèbres.
Ce qui coïncide avec le solstice d'hiver.
En ce qui concerne les Rois-Mages, l'Evangile selon Saint
Mathieu est le seul à faire mention de ces personnages mystérieux
venus d'Orient.
Nulle part dans la Bible il n'est dit qu'ils étaient trois
(les orthodoxes disent même qu'ils étaient 12).
C'est seulement à partir du VI ème siècle qu'on commenca à
les différencier. Ainsi en Grèce on les appelait Bithisarea,
Melichior et Gathaspa. En Egypte il étaient Batoussora,
Melcheor et Tadasia, puis Gaspard, Belchior et Batesalsa.
Dans l'Evangile arménien de l'enfance on les appelait Melkon, Gaspar et Balthasar. Dans la "Légende Dorée", Jacques de
Voragine (1228-1298) dit : "Leur
nom latin c'est Appellius, Amerius, Damascus ; en hébreu
on les nomme Galgalat, Malgalat et Sarathin ; en grec, Caspar,
Balthasar, Melchior."
C'est seulement au 12-13èmes siècles qu'on les appela couramment
Gaspard, Melchior et Balthazar en Occident.
Beltshatsar signifie "Dieu protège la vie du roi"
en araméen, Melchior vient de "melek" (roi)
en araméen et Gaspard vient du sanscrit "gath
aspar" (celui qui vient voir).
Plus tard on leur attribua même des races différentes car
on pensait qu'ils étaient les descendants de Sem, Sham et
Japhet.
Selon Bède le vénérable (673-735) et
la "Légende dorée" de Jacques de Voragine
(1228-1298), Gaspard était jeune, rouge, et apportait
de l'encens, Balthazar était d'âge mûr,
noir et apportait de la myrrhe, et Melchior était vieux,
blanc, et apportait de l'encens.
Une autre version dit que Gaspard était africain et
apportait de l'encens, Balthazar était asiatique et
apportait de l'or, et Melchior était européen,
et apportait de la myrrhe.
Et selon l'Evangile arménien de l'enfance Gaspard venait
de l'Inde et apportait de l'encens, Balthazar venait d'Arabie
et apportait de l'or, et Melchior venait de Perse.
Il n'y a donc pas consensus.
On retrouve la le symbole des trois âges de la vie et
des trois "castes" des lmythes indo-européens,
mais sous une forme assez éparpillée. En effet,
le blanc symbolisait les prêtres, le rouge les guerriers
(nobles) et le noir les paysants, alors que l'encens peut
correspondre à la prêtrise, l'or à la
royauté (noblesse) et la myrrhe à la médecine
(attribut des dieux indo-européens des paysants).
Plus tard on leur attribua des races différentes car on pensait
qu'ils étaient les descendants de Sem, Sham et Japhet : Melchior
devint un Européen blanc, Gaspard un Asiatique jaune,
et Balthazar un Africain noir.
Nulle part dans la Bible, pourtant, il n'est dit qu'ils étaient
de races différentes. ni même qu'ils étaient rois. Ils étaient
seulement des mages (maguseens),
c'est à dire des prêtres Mazdéens, donc des Perses. Leur religion
avait été fondée par Zoroastre, et ils célébraient le culte
d’Ahura Mazda.
L'Evangile de l'Enfance, un livre apocryphe, le dit clairement
:"Des Mages arrivèrent d'orient
à Jérusalem, selon ce que Zoroastre avait prédit".
Il est possible donc que ce texte ne soit qu'une tentative
pour faire croire que même les Mazdéens reconnaissaient le
Messie en Jésus.
Justement les Mazdéens attendaient aussi un Messie,
Saoshyant, né d'une vierge, pour la fin des temps. Et dans
la secte des Maguséens; il était prédit qu'un Sauveur sacré
devait naître dans une caverne et que ce petit enfant serait
l'incarnation du dieu Mithra.
Paul du Breuil écrit à ce sujet dans son livre "Histoire de
la Religion et de la Philosophie Zoroastriennes" : "En
effet, le thème des bergers qui reconnaissent ou recueillent
un enfant royal est propre à la légende iranienne et l'image
de la naissance du Sauveur dans une caverne appartenait aux
légendes parthes du Saoshyant-Mithra, incluant le mythe de
la fécondation virginale de la mère. Parallèlement à l'Apocalypse
d'Hystape, une prophétie zoroastrienne sur la naissance de
l'idéologie royale Parthe circulait parmi les Maguséens.".
Le Zend-Avesta des Perses zoroastriens
raconte même ceci à propos de la venue de Mithra
:
"Zoroastre, étant assis près de la source
d'eau vive, ouvrit la bouche et parla ainsi à ses disciples
: 'Écoutez, que je vous révèle le mystère
prodigieux concernant le Grand Roi qui doit venir dans le
monde. En effet, à la fin des temps, un enfant sera
conçu et formé avec tous ses membres dans le
sein d'une vierge, sans que l'homme l'ait approché.
Il sera pareil à un arbre à la belle ramure
et chargé de fruits, se dressant sur un sol aride.
Les habitants de cette terre s'opposeront à sa croissance
et s'efforceront de le déraciner du sol, mais ils ne
pourront point. Alors ils se saisiront de lui et le tueront
sur le gibet. La terre et le ciel porteront le deuil de sa
mort violente et toutes les familles des peuples pleureront.
Il ouvrira la descente vers la profondeur de la terre, et
de la profondeur il montera vers le haut. Alors, on le verra
venir avec l'armée de la lumière, porté
sur les blanches nuées; car il sera l'enfant conçue
de la Parole génératrice de toutes choses. Quand
se manifestera le début de son avènement, de
grands prodiges apparaîtront dans le ciel. On verra
une étoile brillante au milieu du ciel, sa lumière
l'emportera sur celle du soleil. Or donc mes fils, gardez
le mystère que je vous ai révélé,
qu'il soit écrit en votre cœur et conservé
dans le trésor de vos âmes. Et quand se lèvera
l'astre dont j'ai parlé, que des courriers soient envoyés
par vous, chargé de présents, pour l'adorer
et lui faire offrande. Ne le négligez pas, car il est
le Roi des rois, et c'est de lui que tous reçoivent
la couronne'."
Et l'Etoile qui guidait les mages, selon la Bible, pourrait
avoir un rapport avec l'étoile Alpha du Lion (Régulus = "Petit
roi"). Chez les Perses Mazdéens elle permettait de déterminer
la naissance des rois. Paul du Breuil rappelle qu'en Iran
oriental des Mages astrologues se recueillaient chaque année
sur une montagne pour y guetter durant trois jours cette étoile.
Et les "Oracles d'Hystape", texte perse introduit
dans l'Empire Romain, disent que la grande étoile était
le signe du "Grand roi", incarnation de Mithra.
Il parrait même que la présentation de l'or, de l'encens et
de la myrrhe pourrait être aussi un rituel Mazdéen.
Comment les Mages sont devenus des rois ? Il semble qu'on
avait fait, très tôt, des recoupements avec diverses pages
des Écritures, en cherchant des rapprochements avec d'anciennes
prophéties.
Deux passages, en particulier, se prêtent à des rapprochements
:
Dans le chapitre 60 d’Isaïe un poète chante à la gloire de
Jérusalem :
''Les nations vont marcher
vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton lever...
Un afflux de chameaux te couvrira, de tout jeunes chameaux
de Madian et d'Eifa, tous les gens de Saba viendront, ils
apporteront de l'or et de l'encens''.
Cortèges somptueux et titres de rois sont associés dans ce
texte.
Le Psaume 72 est encore plus explicite :
''Les rois de Tarsis et des
îles enverront des présents, les rois de Saba et de Séva paieront
le tribut, tous les rois se prosterneront devant lui ''.
Dés la fin du 2e siècle Tertullien avait rapproché
ces textes de celui de Matthieu.
Le désir de merveilleux
de la part des peuples chrétiens fera le reste.
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