PERSONNAGES LÉGENDAIRES :



Les fées :                                                                                       

 

Les FEEs sont connues dans de nombreux pays. Ainsi on les appelle FADEs, FADAs ou FADETTEs au Limousin, Poitou, Quercy, Auvergne, Indre, Allier, Savoie, Lot, Creuse et Languedoc, FANETTEs en Haute Vienne, FOLLETTEs en Saône et Loire, FAYEs / FAYAs / FEYEs en Savoie, EFAYEs en Isère, FAYETTla Haute Garonne, les Pyrénées et l'Espagne, FAIRYs en Angleterre et FEERs en Scandinavie.

Leur nom vient du latin FATA (pluriel de FATUM, destinée).
Chez les Romains, les TRIA-FATAs étaient les trois déesses du destin, appelées aussi PARQUEs. Leurs noms étaient Nona, Decima et Morta ... ou alors Anteverta, Carmenta et Postverta .
Elles correspondaient aux MOIREs des Grecs, dont les noms étaient Clotho,("Fileuse") Lachésis ("Destin") et Atropos ("Implacable").
Chez les Germains on les appelait NORNEs ("Tisserandes" ?) et leurs noms étaient Urdr  ("Passé"), Verdandi ("Présent") et Skuld ("Futur").
Chez les Baltes on les appelait LAUMEs / LAIMAs et leurs noms étaient Laima, Laimé et Dalia en lithuanien et Laima, Kerta et Dekla en letton.
Chez les Slaves on les appelait les Soudénitsys et leurs noms étaient Mokoche, Dolia et Nedolia.

Ces trois déesses symbolisaient la destinée et étaient représentées sous les traits de trois fileuses.
La première était jeune et représentait le passé. C'était elle qui filait le fil de vie de chaque homme, créant ainsi ses talents et sa destinée. Les Romains la représentaient vêtue de bleu.
Le deuxième était d'age mûr.et représentait le présent. C'était elle qui mesurait le fil de vie.de chaque homme, calculant ainsi la durée de son existance. Les Romains la représentaient vêtue de rose.
Le denière était vieille.et représentait le passé. C'était elle qui coupait le fil de vie.de chaque homme, déterminant ainsi sa mort. Les Romains la représentaient vêtue de noir.
Ces trois déesses pouvaient être rapprochées des trois NIXEs qui protégeaient les Romaines lors des accouchements.

Dans les légendes celtiques tardives ont retrouve encore trois sorcières qui entrainent la mort des héros : Les trois filles de Calatin provoquent la mort de Cuchulain et les sorcières Cuch, Gadish et Féhor provoquent celle de Nemed. Il y a aussi les trois filles de Conaran qui retenaient les Fenians prisonniers et les trois soeurs Wyrd dans MacBeth.

A cause de ce rapport avec la mort, les Celtes Gaels (Irlandais et Ecossais) ont identifié les Fées romaines avec des divinités celtiques locales : Les "AES-SIDHEs" ("Habitants du Sidhe") ou "BEAN-SIDHEs" ("Femmes du Sidhe"). Le "Sidhe" représentait l'"autre monde" (Tirn Ail), une sorte d'univers parallèle où les dieux irlandais "Tuatha dé Danann" ("Tribu de la déesse Dana") s'étaient réfugiés aprés avoir été vaincus par les Celtes Milésiens.
Les BEAN-SIDHEs deviendront les "BANSHEEs" en Angleterre vers 1771 et se comporteront en annonciatrices de la mort (tout comme les "Dames blanches" en France): En effet, le Sidhe était aussi le pays des défuns.
Avec le temps, le nom des AES-SIDHEs et BEAN-SIDHEs sera abbrégé en "SIDHs" par les Irlandais et en "SITHs" par les Ecossais. Et finalement, ces créatures seront. confondues avec les FAERIEs (FÉEs), comme on le voit dans un livre de l'écossais Robert Kirk, écrit en en 1692.
L
es entrées du Sidhe étaient multiples  :Au fond des lacs ou de la mer (Tirfo Thuin, le Pays sous les vagues), ou sous terre (les entrées correspondant aux dolmens) ou sur de lointaines iles de l'ouest. Parmi ces iles on trouvait Mag Medd (la plaine des plaisirs) ou Tir nam Bean ("terre des femmes", car les femmes y étaient dominantes) .L'ile mythique d'Avalon en faisait partie aussi et sa reine était la fée Morgane... qui n'est autre que la déesse celtique de la guerre et de la mort : Morrigu, Morrigane ou Marie-Morgane; Celle-ci formait une triade avec Badb / Macha et Nemain. On retrouve donc la aussi trois déesses.
Thomas Malory, dans "la morte d'Arthus", les appelle "Morgane reine d'Avalon, la reine du Wasteland et la reine de Northgales" et d'autres sources en font les trois soeurs
Morgane, Maurgause et Hélène. Et Adam de Hall, dans son "Jeu de la feuillée", en 1272, parlait de Morgue (Morgane), Arsile et Maglare.
Mais certains textes prétendent que Morgane avait 8 soeurs :
Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoe, Thiton et Thiten. Cela fait donc une triple triade : Morgane-Moronoe-Mazoe, Gliten-Glitonea-Gliton et Tyronoe-Thiton-Thiten. Le chiffre trois se trouve ainsi exalté.

L'ile d'Avalon et ses trois déesses semblent avoir été connues également des anciens Grecs. Ceux-ci les appelaient les iles des bienheureux, ou iles des Hespérides. Ces Hespérides étaient Aéglé la blanche, Aréthuse la noire, et Erythie la rouge. C'est dans leur jardin qu'Héracles / Hercule était parti chercher des pommes d'or ... ce qui est logique puisque "Avalon" signifie "Pommeraie".

Les dames blanches faisaient la navette entre les deux mondes, emportant avec elles les hommes qui leurs plaisaient. En cela elles ressemblent aux APSARAs des Hindouistes, aux WALKYRIEs des Scandinaves (qui étaient trois selon le texte de Saxo Grammaticus) et aux trois WAELCYRGEs des Anglo-Saxons. On notera d'ailleurs que ce nom signifie "Qui choisit les cadavres" et qu'il sert aussi à désigner le corbeau ("WAELCEASIG"). Hors le nom de la déesse irlandaise Badb signifie également "corbeau" ou "corneille".

Chez les Germains, les WALKYRIEs semblent ne faire qu'un avec les NORNEs ou avec les DISEs.
Les DISEs s'occupant de la naissance des enfants (comme les trois MATREs gallo-romaines), les NORNEs s'occupant du destins des adultes, et les WALKYRIEs s'occupant du sort des morts (D'ailleurs, Skuld est à la fois le nom d'une des NORNEs et d'une des WALKYRIEs). On se retrouve donc une fois de plus avec le nombre trois : il y a trois déesses et elles ont aussi trois aspects correspondant aux trois ages de la vie.

Les Fées les plus connues sont Morgane et Viviane en Grande-bretagne, mais la France a aussi sa fée célèbre : Mélusine. Cette dernière porte de nombreux noms selon les régions : Mellusigne (d'après le livre de Jean d'Arras en 1393), Mellusine, Mellusigne, Merlusigne, Méleusine, Méloursine, Mélorsine, Malorcine, Mée Lusigne, Mère Lusigne, Mère Lousine (en Côtes d'or), Merlusine (à Saint-Dié), Merlusse (dans les Vosges), Merluisaine (en Champagne), Marluzenne (dans le Hainaut), Méllusanette (dans les monts de la Madeleine), Mésusonnette (dans le Bourbonnais), Mellusin (dans la Drôme), etc ... Elle aussi annoncait les morts prochaines. La légende dit que sa mère, la Fée Présine, était une soeur de Morgane et qu'elle a élevé ses trois filles (Mélusine, Mélior et Palestine) sur l'ile perdue / ile d'Avalon.

Chez les Arabes aussi des déesses ressemblant aux fées semblent avoir été connues jadis. Ainsi, avant l'islam, Allah était reconnu comme ayant trois filles, toutes épouses du dieu lunaire Houbal.
Ces déesses étaient :
- Al-Ouzzâ / Alizat / Uzzayan ("la Puissante"), la jeune déesse de la pleine lune, qui régnait sur la fertilité.
- Al-Lât / Ilat / Alilahat / Allata / Latan ("la Déesse"), la déesse adulte du quartier de lune, qui régnait sur la guerre.
- Manât / Manawat ("la Destinée"), la vieille déesse de la nouvelle lune, qui régnait sur le destin. Elle s'appelait aussi Khaamou ou Khaabou ("Vierge" ?) et a donné son nom à la Kaaba.

On notera, pour terminer,que les anciens Egyptiens semblent avoir connu également des créatures semblables aux fées : Les sept Hathors, qui déterminaient le destin des enfants à leur naissance;
Voici leurs noms :
"Maitresse de l'univers", "Orage du ciel", "Celle de la terre du silence", "Celle de Khemmis", "Cheveux Rouges", "Rouge vif" et "Ton nom s'épanouit par la compétence".


Les Fées et les Elfes :

Actuellement, les Fées ne sont plus que rarement considérées comme des divinités du destin. Dans les pays anglo-saxons on les voit plutôt comme des esprits de la nature, ailés et de petite taille (exemple : la Fée Clochette dessinée par les studios Walt Disney). Cela est du fait que les Anglais les ont confondues avec les Elfes à partir du 14ème siècle.

Chez les peuples germaniques, les Elfes étaient des esprits de la nature comparables aux Nymphes des Grecs. Leur nom était ALFR en islandais, ALV en norvégien et suédois, ALF en danois, ELFEN en scot, ALF puis ELF en anglais et hollandais, ALP ou ALB en allemand et ELBE dans l'ancienne langue des Francs.
Chez les Scandinaves, leur maitre était Freyr, le dieu de la fertilité. Chez les Francs Mérovingiens, il était appelé Alberich, ce qui signifie "Roi des Albes (Elfes)".
Progressivement, les Elfes se confondront avec les Dwarfs / Dwarves, esprits nains des peuples germaniques. Ainsi, vers 1220, l'"Edda en prose" de l'islandais Snorri Sturluson décrit deux sortes d'Elfes : les Ljosalfr (Elfes lumineux) qui sont des Elfes classiques, et les Swartalfr (Elfes noirs) qui sont des nains. La sagga allemande "Ortnit" (XIIIème siècle), le roman allemand "Biterolf et Dietleib" (1260) et la "Chanson des Niebelungen" (vers 1210) décrivent Alberich comme un nain ou le roi des nains. Dans la Thidrekssaga norvégienne (XIIIème siècle) il est le nain Alfrik. Dans "Huon de Bordeau" (XIIIeme siecle), il devient le nain Auberon, et dans "Le Songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare (vers 1596) il est le nain Oberon, roi des Elfes et des Fées.
Devenue toute petites, les fées FADETTEs du Poitou et de Vendée seront considérées comme les femelles des Lutins FADETs ou FAR-FADETs. En Italie les fées FATAs deviendront les femelles des Lutins FARFARELLIs. Et dans les pays celtiques les Fées KORRIGANES seront les femelles des Lutins KORRIGANs / KORRIGANEDs.

D'autres transformations auront encore lieu. Ainsi vers 1537, Paracelses voudra faire des Elfes des esprits aériens. Les Elfes / Fées seront alors progressivement dotées d'ailes. Et c'est ainsi que le danois Andersen (1805-1875) les représentera dans un de ses contes : De trés petite taille et avec des ailes d'insecte. Il est possible aussi que cette nouvelle apparence soit due à l'influence d'autres créatures : les PIXIEs / PISKIEs / PIGSIEs de Cornouaille et les PILLYWIGGINs du Dorset qui sont de minuscules fées-elfes aux ailes de papillons ou de libellules qui protègent les fleurs.

Cette identifications des FÉEs avec les ELFEs et les NAINs se trouvait même évoquée précocement dans le poème Fafnismal de l'"Edda poétique" (8-13ème siècle). Il y était expliqué que les NORNEs (Fées germaniques) étaient nombreuses car Il y avait celles de la familles des Ases (dieux), celles de la famille des ELFEs et celles de la famille du nain Dvalinn.

Etrangements, en Inde, les esprits de la nature ont suivi la même évolution que chez les peuples germaniques : Ils sont devenus des nains. Ainsi, les Yakshas mâles et les Yakshis femelles étaient, à l'origine, des divinités mineures régnant sur les forêts, les montagnes et les lacs. Plus tard ils deviendront des nains ventrus régnant sur les trésors cachés dans le sous-sol. Leur roi est Kubera, le dieu du nord.

Certaines Fées-Elfes, de par leur attachement au fond des lacs, ont été aussi confondues avec les esprits féminins des eaux : SIRENEs, NAIADEs et NEREIDEs de Grèce (classées parmi les Nymphes), HAVFRUEs / ONDINEs germaniques et MAIR-MAIDs anglo-saxonnes.
A noter que les sirènes, à l'origine, n'avaient pas de queues de poisson. Au début c'était des oiseaux à tête de femme (> Voir). Après le 3ème siècle av.JC, elles acquérirent en plus des seins et des bras humains. Ensuite, sous l'influence des ONDINEs germaniques, elles perdirent tout caractère d'oiseau et commencèrent à être dotées d'une queue de poisson en Angleterre au 8ème siècle. Mais ce sera seulement au 15ème siècle que cette forme se généralisera en Europe.