Arthur et Merlin sont-ils des personnages
historiques :
La légende arthurienne ne s'est en effet développée
que petit à petit, partant de l'histoire pour se diriger vers
le légendaire et le merveilleux et en brodant de plus en plus
sur la réalité originelle.
L'étude des livres anciens permet de voir comment s'est constitué
le cycle arthurien, années aprés années.
Pour commencer, voyons un peu l'origine mythologique
d'une île qui apparait souvent dans les romans arthuriens
:
Artemidore (125 - 27 av.JV) fut le premier
à parler de l'île de Seidhum ou Sidum, (Sein)
où vivent des sortes de druidesses :
" Il y a, dit-il, près de la Britannique, une
île où l'on sacrifie à Déméter
et à Corè suivant des rites semblables à
ceux de la Samothrace... "
Strabon (58 av.JC-21
ap.JC) décrit également, dans sa 'Géographie",
cette ile d'abondance située au-dela des Celtes Namnètes (région
de Nantes) et où ne vivent que des femmes :
" Posidonios dit qu'il
y a dans l’Océan une petite île, non loin
de la mer, située en face de l’embouchure de
la Loire. Ce sont des femmes samnites qui l’habitent,
elles sont possédées de Dionysos qu’elles
apaisent par des cérémonies et des rites sacrés.
Aucun homme ne pénètre dans l’île,
ce sont les femmes qui font la traversée pour avoir
des rapports avec les hommes et s’en retournent ensuite
chez elles. Il y a une coutume selon laquelle elles doivent
une fois par an démonter le toit du sanctuaire et le
refaire le même jour avant le coucher du soleil, chaque
femme portant son fardeau. Si l’un des d’elles
laissent choir sa charge, les autres la mettent en pièces,
emportent les morceaux en tournant autour du temple, tout
en poussant des cris, et ne s’arrêtant pas tant
que ne cesse leur frénésie. Et il arrive toujours
que l’une d’entre elles tombe et doive subir ce
traitement."
(Ici "Samnites" ne désigne probablement pas
des personnes venues du Samnium, mais vient plutôt de
"semnanom" qui signifie "femmes" en gaulois.
Ou alors il désigne les habitantes de Sein, tout simplement.)
Denys le Périégète
(1er siècle ap.JC), dans sa "Description de la
terre habitée" :
"Près des îles Britanniques,
il est un autre groupe d'îlots, et sur la côte
opposée, les femmes des Amnites célèbrent
en des transports conformes au rite des fêtes de Bacchos,
elles sont couronnées de corymbes de lierre, et c'est
pendant la nuit, et de là s'élève un
bruit, des sons éclatants."
Plus tard, vers 43 ap.JC, Pomponius Mela, dans sa "Chorographie"
ajoutera ces précisions :
"L'île de Sena (Sein), située dans la mer
Britannique, en face des Ossismiens, est renommée pour
un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées
à la virginité perpétuelle, sont au nombre
de neuf. Elles sont appelées Gallicènes (gallizènes
/ Gallisenaes), et on leur attribue le pouvoir singulier de
déchaîner les vents et de soulever les mers,
de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble,
de guérir des maux partout ailleurs regardés
comme incurables, de connaître, de connaître et
de prédire l'avenir, faveurs qu'elles n'accordent néanmoins
qu'à ceux qui viennent tout exprès dans leur
île pour les consulter."
(Galli-Sènes signifie probablement
les "Gauloises de Sein", ou alors les "jeunes
femmes gauloises".)
Avienus (4ème siècle ap.JC)
:
"Là, au milieu des flots
écumants d'une vaste mer, une petite île sort
du milieu des eaux : des chœurs nombreux de femmes y
célèbrent les fêtes du beau Bacchus ;
ces jeux sacrés se prolongent dans la nuit. Elles frappent
l'air de leurs cris, et font retentir la terre du bruit répété
de leurs pas."
On retrouvera souvent, dans les légendes
d'origine celtique, cette île gouvernée par neuf
(ou trois) femmes. Des rapprochements sont possibles avec
les trois Hespérides des Grecs et les neuf filles (déesses
des vagues) d'Aegir (dieu de la mer) des Germains
De son côté, Pline l'ancien (23-70), dans son
"Histoire Naturelle" (IV, 95) évoquait Avallus, l'île d'où
provient l'ambre. Elle se trouvait probablement dans la Baltique.
Mais une autre île d'Aval existe aussi au nord de la
Bretagne.
C'est la le prototype de l'ile d'Avalon / Abalum / Emain Ablach
en irlandais / Ynys Afallach en gallois / l"ile des pommes"
au moyen-age. Cette ile symbolisait pour les celtes le monde
des morts. Selon le "Baile Suthain Sith Eamhna", c'est à Emain Ablach que le grand dieuceltique Lug Lamfada aurait été élevé. Les romans de la table ronde, plus tard, y verront le pays
où la fée Morgane (et ses 8 soeurs) règne sur
un peuple de femmes (on parle aussi de "Tir nam Bean"
= la "Terre des femmes").
Dans les légendes galloises, cette Morgane est identifiée
à la déesse Modron, fille du dieu Avallach et épouse
du roi Uryen de Rheged. Elle peut aussi être identifiée à
la Muirgen / Morgens galloise, à la Mari-Morgans bretonne
et à la Morrigane irlandaise, déesse de la guerre,
du sexe et de la mort. Son nom pourrait signifier "Grande
reine" ("Mori-Rigan") ou alors "Née
de la mer" ("Muir-Gen"). Dans ce second cas,
elle serait liée aux Muruchs / Murroughs (Merraws d'Ecosse
et Moruachs / Moruadhs d'irlande) qui sont des sortes de sirènes
noyeuses.
Cette fée Morgane apparaitra dans de
nombreux romans arthuriens. Elle est dérivée d'une divinité
celtique, mais les autres personnages semblent bien être souvent
historiques, ainsi que le prouve l'étude des vieux
textes comme nous allons le voir...
- Tout commenca en 407 ap.JC lorsque l'usurpateur Constantin
III s'est emparé de la Grande-Bretagne et s'est rendu
indépendant de l'empire romain. En 410 ap.JC il quitta
le pays avec ses légions pour envahir la Gaule et l'Hispanie.
Il sera cependant tué en 411 ap.JC mais l'empire romain
ne reprendra plus jamais possession de la Grande-Bretagne
et ce pays sera laissé à l'abandon...
Selon le manuscrit Harleian MS 3859 (une version des "Annales
de Cambrie") c'est alors le chef militaire Coel Hen (Coelius
Senior, vers 383 - 420 ap.JC) qui organisa la défense de la
Grande-Bretagne contre les attaques des Pictes et des Scots
dans le nord, vers Eburacum (York).
Mais d'autres chefs militaires rassemblèrent également
les (Grands-)Bretons dans le sud.
- Vers 440 ap.JC, selon les "Annales de Cambrie",
Cunedda ap Edern (Cunedag / Cunetacius, 386 - 460 ap.JC) régnait
au Manau-Gododdin. Ce dernier avait épousé la fille de Coel
Hen et s'est installé en Vénédotie, au nord du Pays
de Galles, pour en chasser les pirates irlandais qui l'avait
envahi. Il créera pour ses parents les royaumes de Gwynedd,
de Cardigan et de Merioneth.
- Selon Sidoine Apollinaire (430-489), le préfet des Gaules Arvandus, aurait, en 468, écrit une lettre à Euric, roi des Wisigoths, dans laquelle "il lui déconseillait de faire la paix avec l'empereur grec (Anthemius), lui montrait la nécessité d'attaquer les Bretons installés au nord de la Loire, affirmait que les Gaules devaient, suivant le droit des peuples, être partagée avec les Burgondes". Les Bretons dont ils parlait semblaient avoir été commandé par un roi appelé Riothamus (Riotimus
/ Rigothamus / Rigotamos = "roi suprême").
- Selon Jordanes, dans "Getica" / "L'Histoire des Goths"
(vers 551 ap.JC), le roi breton Riothamus serait venu en Gaule
vers 468 - 469 pour aider l'empereur romain Anthemius (467-472) aux
prises avec les Wizigoths. Il aurait mené son armée jusqu'à
Bourges mais aurait été vaincu peu aprés en 469 ap.JC
:
"Euric, roi des Wisigoths,
voyant les Romains changer si souvent d'empereur, s'éfforça
de soumettre les Gaules à sa domination. A cette nouvelle,
l'Empereur Anthemius demanda aussitôt le secours des
Bretons. Riotimus, roi de ce peuple, vint sur des vaisseaux
par l'Océan avec douze mille hommes, débarqua,
et fut reçu dans la cité des Bituriges (Bourges).
Euric, roi des Wisigoths, s'avança contre ces ennemis
avec une armée innombrable, et après une longue
lutte, il vanquit Riotimus, roi des Bretons, avant que les
Romains eussent pu opérer leur jonction avec lui. Riotimus
perdit une grande partie de son armée; il prit la fuite
avec ceux qui purent survivre, et arriva chez les Burgondes
(en Bourgogne), voisins de ces contrées, et alors alliés
des Romains. Et Euric, roi des Wisigoths, s'empara de la cité
gauloise d'Arverna, car l'empereur Anthémius était
mort."
- Grégoire de Tours, dans l' "Histoire
des Francs" (vers 550 ap.JC) donne cette précision
:
"Les Bretons ont été
expulsés de Bourges par les Goths, après le
massacre de nombreux d'entre eux prés de Dol (Déols),sans avoir pu opérer leur jonction avec les fédérés francs aux ordres de Childéric et du comte Paul... ".
Riothamus se serait ensuite enfui en Bourgogne, dans la région de la ville d'Avallon, où il aurait disparu (On remarquera le rapprochement étrange qu'on peut faire entre le nom de cette ville et celui de la légendaire île celtique des morts).
Il est possible que Riothamus corresponde au roi Rhiotham
de Domnonée (Riatam / Ricodam fils de Deroch II / Darocus
II / Derek II, 435-470 ou 454-520 ap.JC) qui, selon les textes
bretons, serait allé combattre des pillards à
Bourges. Il ne s'agit donc aparemment
pas du roi Arthur comme certains l'affirment quelquefois.
- Un certain Arthwys fils de Mor, roi
d'Ebrauk (Eburacum / York) aurait vécu vers 455 - 500
ap.JC. Mais il n'était pas le Arthur légendaire
... L'apparition de ce nouveau nom, qui semble alors devenir
à la mode, laisse cependant penser qu'un personnage
célèbre l'avait porté un peu avant.
- Gildas le sage (saint Gweltaz, 493
- 570 ap.JC) dans "De excidio et conquestu britanniae" (vers
547 ap.JC), cite des personnages qui seront plus tard associés
à l'histoire d'Arthur : Ambrosius et Vortigern. Il
raconte que le "fier tyran Gurthrigern" (Vortigern) aurait
fait venir les Saxons en (Grande-)Bretagne, et ceux-ci en
auraient profité pour commencer la conquète du pays :
"Ensuite, tous les conseillers,
ainsi que le fier tyran Gurthrigern (Vortigern), roi des (Grands-)Bretons,
étaient tellement aveuglés, que, pour la protection
de leur pays, ils scellèrent son destin en invitant
au milieu d'eux, comme des loups dans la bergerie, les Saxons
féroces et impies."
Mais ensuite, un chef du nom d'Aurelius Ambrosius (Emrys Wledic
/ Emreis Gwledig = "Ambroise chef de la nation", surnommé
le "dernier romain") les aurait arrété au mont Bodonicus
(Badon / Bath / Badbury) vers 496 ap.JC :
"Ambrosius Aurelianus devint
leur chef. C'était un homme vertueux, le seul des Romains
à avoir, par hasard, survécu au choc d'une telle
tempête : ses parents qui avaient aussi portés
la pourpre avaient sans doute été tués.
De nos jours, ses descendants ont beaucoup dégénéré
de la vertu de leurs aïeux. Sous son commandement, les
Bretons reprennent des forces et provoquent les vainqueurs
au combat. Dieu les approuve, aussi ont-ils la victoire.
A partir de là ce sont tantôt nos compatriotes,
tantôt les ennemis qui l'emportent [...]. Ceci dura
jusqu'à l'année du siège du mont Badon,
le dernier massacre peut être des brigands, mais non
le moindre. Ceci se passait, à ma connaissance, il
y a quarante-trois ans et un mois passés. C'était
aussi l'année de ma naissance."
(De excidio et conquestu britannia
XXV, 3 - XXVI, 1)
Cette victoire contre les Saxons
sera ensuite souvent évoquée dans les romans
arthuriens.
Gildas cite également cinq tyrans qui règnaient
sur la Grande Bretagne vers 540 ap.JC :
-Constantin (Cystennin) de Domnonée (Devon).
-Aurelius Caninus (Aurelius Conanus / Cynan Wledig.= Conomor
de Domnonées 540-555 ou Cyngen Glodrydd de Powys 500
- 530 ?).
-Vortipor (Gwrtefyr 515 - 540 = Vortigern ou son fils Vortimor
/ Vertamorix ?) de Démétie (Dyfed).
-Maglocunus (Maelgwn / Mailcun 480 - 547 ap.JC) de Gwynedd,
mort de la peste jaune en 547 selon les annales de Cambrie
(ou en 549 selon les Annales des pâques galloises).
-Cuneglasus / Cunoglassus (Cynglas Goch / Cynlas ab Cynan),
l'ours ... qui conduisait le char du "receptaculum ursi"
("fort de l'Ours" = Din-Arth / Dineirth au Ceredigion).
Cela fait penser au roi Arthur dont le nom, justement, signifie
"ours". Le père de Cuneglasus était
Owein Ddantgwyn (Owein aux dents blanches) de Rhôs (480
- 517 ap.JC) qui était également appelé
"l'ours", et qui fut assassiné par son neveu
Maelgwyn (Maelgwn), ce qui fait penser également à
Arthur qui fut tué par son neveu Mordret (Maelwas).
Et le grand-père de Cuneglasus était un fils
de Cunedda : Einion Yrth (Engenius le terrible, 460 - 480)
de Gwynedd, dont le nom fait penser à "Uther",
le père d'Arthur. Cependant il est peu probable qu'on
ait affaire ici au légendaire roi Arthur, lequel était
bien plus puissant et régnait plus au sud, en Cornouailles.
- Vers 585 ap.JC serait né un
certain Arthwyr fils de Pedr, roi du Dyfed. mais lui non plus
n'a rien à voir avec le grand Arthur légendaire. Il montre seulement que ce nom était
alors devenu à la mode.
- Aneirin (vers 575 - 600 ap.JC), dans
son poème "Y Gododdin" / "Canu Aneirin" (qui célèbre
les guerriers morts à la bataille de Caireth / Catraeth
en 570), mentionne pour la 1ère fois un guerrier célèbre
appelé Arthur ainsi qu'un barde appelé Myrddin (Merlin)
:
"Il (Gwawrddur / Guaurthur ) nourrissait
les corbeaux sur les murs de la forteresse, bien qu'il ne
soit pas Arthur."
(Y Gododdin 99)
"Morien défendait
(ou louait) les beaux chants de Myrddin (Merlin)."
(Y Gododdin 40)
"Trois sangliers hérissés,
voués à la destruction, Morien emporté
avec sa lance, Myrddin (Merlin) avec ses chants, partagea
la meilleure part de sa richesse, de notre force et de notre
soutien."
(Y Gododdin 43)
Cependant certaines versions de ce texte ne contiennent pas
ces passages. On pense donc que ceux-ci sont des insertions
ajoutées au IXème ou Xème siècle.
- Le poème "Marwnad Cynddylan" (Chant de
mort de Cynddylan) a été écrit peu de
temps aprés la mort du roi Cynddylan en 656. On y trouve
une comparaison avec un certain Arthur, qui semble alors trés
connu pour sa puissance :
"C’était mieux
lorsqu’ils étaient les jeunes garnements du grand
Arthur, la puissante forteresse. Devant Lichfield, ils se
sont battus,"
Cependant ce poème n'est connu que par un écrit
de 1631 et il se pourrait qu'il ne soit pas aussi ancien qu'il
parrait.
- Vers 618 - 685 ap.JC vivait un certain
Athrwys, roi du Gwent et du Glywysing, et fils de Meurig du
Gwent. Il régnait à Caerleon mais, lui non plus,
n'avait probablement aucun rapport avec le grand Arthur légendaire.
Celà montre seulement que ce nom était
alors devenu à la mode.
- Adomnan (624 - 704), dans la "Vita Columbae", mentionne
aussi un grand guerrier du nom d'Arturius / Artuir, fils d'Aedan
mac Gabran du Dalriada (un allié de Gwendoleu). Mais
Il aurait été tué par les Pictes à
Tigernach, en 596 : Son histoire n'a donc rien à voir
avec celle du grand Arthur des légendes. Elle montre seulement que ce nom était
alors devenu à la mode.
- Vers 731 ap.JC, Bède le vénérable (672 -735), dans son "Historia
Ecclesiastica gentis anglorum", reprend l'histoire d'Ambrosius
Aurelianus, déjà cité par Gildas. Il
explique que c'était un empereur (au sens politique du terme)
et qu'on le surnommait "le dernier romain". Il aurait effectivement
battu les Saxons au mont Badon :
"À cette époque,
leur général et leur chef était Ambrosius,
aussi appelé Aurelianus ; il était d'origine
romaine ; c'était un homme courageux et modéré.
De son temps les Bretons reprirent courage ; il les exhorta
à combattre et leur promit la victoire. Avec l'aide
de Dieu, ils l'obtinrent ; ils remportèrent quelques
succès, jusqu'à l'année où eut
lieu le combat du Mont Badon"
La bataille de Badon serait datée de vers 493-496,
44 ans aprés l'arrivée des Saxons en (Grande)-Bretagne
vers 449-452, à l'appel de Vurtigern. Ce Vurtigern
(Vurtigirnus / Vortigern = "grand chef") a du régner vers
425-457 ap.JC.
- Selon le Gallois Nennius (Ninnyaw) vers 828, dans "Historia
Britonum", Guorthigirnus (Gwrtheyrn / Gwrteneu / Vortigern)
aurait rencontré un "enfant sans père" (en fait,
le fils illégitime d'un consul romain) appelé Ambrosius
(Embreiss Guletic / Emrys Gwledig = "Ambroise le chef") originaire
du Glewissing (Glamorgan). Il n'est pas dit explicitement
si ce personnage était le même qu'Ambrosius Aurelianus,
mais il est expliqué qu'il se serait querellé
avec un certain Vitalinus / Guitholinus / Guitolin :
"Et à partir du
début du règne de Guorthigirnus (Vortigern)
jusqu'à la discorde entre Guitolinus (Vitalinus) et
Ambrosius on compte12 ans. Et ce fut Guoloppum, la bataille
de Guoloph (Wallop)."
Le problème est que Vitalinus
était le grand-père de Vortigern. Il est donc
difficile d'en faire le contemporain d'Ambrosius..Voici, en
effet, la généalogie de Vortigern selon Nennius
(Historia Britonum 49) :
"Ceci est la généalogie
de Vortigern, qui remonte à Fernvail, qui a régné
dans le royaume de Guorthegirnaim, et était le fils
de Teudor; Teudor était le fils de Pascent; Pascent
de Guoidcant; Guoidcant de Moriud; Moriud de Eltat; Eltat
de Eldoc ; Eldoc de Paul; Paul de Meuprit; Meuprit de Braciat;
Braciat de Pascent; Pascent de Guorthegirn Guortheneu (Vortigern
Vorteneu); Guorthegirn Guortheneu (Vortigern Vorteneu) de
Guitaul (Vitalus); Guitaul (Vitalus) de Guitolion (Vitalinus);
Guitolion (Vitalinus) de Gloui. Bonus, Paul, Mauron et Guotelin
étaient quatre frères qui ont construit Gloiuda,
une grande ville sur les rives de la rivière Severn,
et en britannique elle est appeléee Cair Gloui, Gloucester
en saxon."
L'enfant appelé Ambrosius était
un prophète : En voyant un dragon rouge et un dragon
blanc se battre, il en déduira le déroulement
des guerres entre Bretons et Anglo-Saxons. Par la suite Vortigern
sera battu par les Saxons, et il s'enfuira pour échapper
à une révolte de ses sujets. Il périra
le coeur éclaté, ou alors englouti par la terre lors de l'incendie
de son chateau...
" Encore une fois Vortigern
s'est ignominieusement éloigné de Saint-Germain vers le royaume
de Dimetae, où, sur la rivière Towy, il a construit un château,
qu'il nomma Cair Guothergirn ("Forteresse de Vortigen"). Le
saint, comme d'habitude, l'y suivit et, avec son clergé, a
jeûné et a prié pendant trois jours le Seigneur, et autant
de nuits. Le troisième soir, à la troisième heure, le feu
tomba subitement du ciel, et brûla totalement le château.
de Vortigern. La fille d'Hengist, ses autres épouses, et tous les habitants, hommes et femmes,
ont alors misérablement péri : telle fut la fin de ce malheureux
roi, que nous trouvons écrite dans la vie de saint Germain.
D'autres nous assurent que, étant détesté par tout le peuple
de Grande-Bretagne pour avoir reçu les Saxons, et étant publiquement
accusé par Saint Germain et le clergé, à la vue de Dieu, il
pris la fuite, et qu'il déserta et vagabonda, cherchant un
lieu de refuge, jusqu'à ce que le coeur éclaté, il
eût une fin ignominieuse.
Certains affirment que la terre s'ouvrit et l'engloutit, et
que dans la nuit son château a complètement brûlé; car aucune
restes n'ont été découverts le lendemain matin, ni de lui,
ni de ceux qui ont été brûlés avec lui."
En tout cas il disparaitra et on ne le
retrouvera plus, et il sera remplacé par Ambrosius,
"le grand roi parmi les grands rois".
Il est cependant possible que Vortigern se soit réfugié en
Bretagne armoricaine où il sera connu en tant que "Saint
Gurthiern". Selon la tradition, ce Gurthiern était un prince
de Cornouailles (ou de Cambrie ?) qui fut chassé de son pays
natal pour avoir tué son neveu. Il devint ermite en Bretagne
armoricaine et créa un monastère sur l'île de Groix près de
l'embourchure du Blavet, prés de Anaurot (Kimper-ellé / Quimperlé)
vers l'an 500.
Nennius cite également le célèbre
barde Taliesin (534 - 599), qui sera présenté
comme un ami de Merlin dans des textes ultérieurs :
"À cette époque,
Talhaiarn Tataguen (Talhaearn Tad Awen) était célèbre
en poésie, et Neirin (Aneirin) et Taliesin et Bluchbardd
et Cian, connu sous le nom de Guenith Guaut, étaient
tous en même temps célèbres par leurs
vers."
Nennius parle aussi d'Arthur, dont c'est la première
apparition historiquement certaine dans un texte. Il n'est
cependant pas décrit comme un roi mais comme un "dux
bellorum" (chef de guerre) et ses 12 victoires sont énumérées
:
"C'est alors que le grand
Arthur, avec tous les rois et les forces militaires de la
Grande-Bretagne, ont lutté contre les Saxons. Et même
s'il y avait beaucoup plus noble que lui, il fut pourtant
douze fois choisi comme leur commandant, et fut le plus souvent
vainqueur. La première bataille dans laquelle il s'est
engagé, a été à l'embouchure de
la rivière Gleni (Glein = Glem, dans le Lincolnshire
ou dans la partie nord du Northumberland). Les deuxième,
troisième, quatrième et cinquième, ont
été sur une autre rivière, appelée
par les Bretons Duglas (ou Dubglas = La Dunglas dans le sud
du Lothian ou la Duglas dans le Lancashire), dans la région
de Linuis / Linnius (Lindsey ? Lincoln ?). La sixième,
sur la rivière Bassas (la Lusas dans le Hampshire ?).
Le septième dans le bois de Célidon / Kellydon,
que les Britanniques appellent Cat Coit Célidon (la
forêt calédonienne). La huitième était
près du fort de Gurnion / Guinnion, (Garionetum dans
le Norfolk) où Arthur a porté l'image de la
Vierge Sainte, Mère de Dieu, sur ses épaules
(ou sur son bouclier), et par la puissance de notre Seigneur
Jésus-Christ et de la Sainte Vierge Marie, les Saxons
furent mis en fuite, et il les poursuivit toute la journée
avec un grand carnage. La neuvième était à
la Cité de la Légion (Exeter ou Chester), qui
est appelée Cair Lion (Caer Leon). La dixième
était sur les rives de la rivière Tribuit /
Trywrwyd / Trat Treuroit (ou Ribroit, la Brue, dans le comté
de Somerset, ou la Ribble dans le Lancashire). La onzième
était sur la montagne Agned / Breguoin, que nous appelons
Cat Bregion (ou Agned Cathregonion = Cadbury, dans le Somerset,
ou Edimbourg). La douzième fut une lutte plus sévère,
lorsque Arthur a avancé sur le Mont Badon (Bath).
E n un seul jour, par une seule charge d'Arthur, 960 (ou 940)
guerriers y tombèrent, et personne d'autre que le Seigneur
ne lui prêta assistance. De toutes les batailles les
Bretons sortirent vainqueurs."
Ici c'est donc à Arthur qu'est attribuée la
victoire du mont Badon, et non plus à Ambrosius
Aurelianus.
Nennius raconte aussi qu'Arthur aurait vaincu le géant
du Mont Saint Michel ainsi que Ritta (Ritta Gawr / Riton)
un autre géant qui s'amusait à couper la barbe
des rois.
A cause de sa passion pour la guerre, Arthur aurait été
appelé "Mab Utr"en gallois et "Filius
horibilis" en latin, c'est à dire "Fils terrible".
Mais, plus tard, "Mab Utr"sera traduit de façon
erronée par "Fils d'Uter". Il est donc probable
que Uter, le père d'Arthur, soit un personnage dont
le nom repose sur une erreur de traduction de Nennius.
- Selon Nennius, dans "Mirabilis", Arthur avait un fils appelé
Amhar / Anir qu'il aurait tué :
"Là il y a un tombeau près d'une
source nommée Licat Amr; et tel est le nom de l'homme qui
est enterré dessous: Amr. C'était le fils d'Arthur le guerrier,
et Arthur lui-même l'a tué et enseveli à cet endroit."
(Cette tombe a été identifiée avec un
tumulus situé prés de la source de la rivière
Gamber dans le Herefordshire.)
Une addition à Nennius raconte aussi que Cabal ("cheval"),
le chien d'Arthur, a laissé l'empreinte de sa patte
sur le Cairn Cabal alors qu'il chassait le merveilleux sanglier
Troit (Twrch Trwyth / Porc Trwyd / porcum Terit).
- A noter que Nennius, dans son "Historia
Britonum", parle également d'une tour de verre
sur une ile. Il s'agit là encore de la mytique "île
de l'au-delà" correspondant à Avalon :
"Ils aperçurent
alors sur la mer une tour de verre. Ils voyaient sur la tour
des êtres qui ressemblaient à des hommes. Ils
leurs adressèrent la parole sans jamais obtenir de
réponse. Après s'être préparés
pendant un an à l'attaque de cette tour, ils partirent
avec tous leurs navires et toutes leurs femmes. Il ne resta
en arrière qu'un seul navire qui avait fait naufrage
avec son équipage. Quand l'expédition débarqua
sur le rivage entourant la tour, la mer s'éleva au-dessus
d'eux, et ils périrent tous engloutis par les flots.
Des 30 hommes et 30 femmes dont le navire avait fait naufrage
descend la population qui habite aujourd'hui l'Irlande...
"
(Ce passage est manifestement inspiré du "Livre
des Conquêtes" des Irlandais, ouvrage qui cite
aussi "Tor-iniz", l'île de la tour.)
- Les "Annales de Cambrie" (datant d'aprés 956) citent la
victoire d'Arthur au mont Badon et sa mort lors de la bataille
de Camlann (= la rivière Camel en Cornouailles ?) contre
Medraut :
"516 : La Bataille de Badon,
durant laquelle Arthur porta la croix de notre seigneur Jésus-Christ
pendant 3 jours et 3 nuits et où les Bretons furent
victorieux...
537 : La Bataille de Camlann, durant laquelle Arthur et Medraut
moururent, et il y eut la peste en Bretagne et en Irlande."
(Selon les annales irlandaises
de Tigermach, la bataille de Camlann aurait plutôt eu
lieu en 541).
Ces annales font cependant bien la différence
entre Medraut et Maelgwn, dont nous avions déja parlé
: "547 : La peste, par
laquelle Maelgwn, roi de Gwynedd, est mort. Ainsi les gens
disent : 'C'est le long sommeil de Maelgwn dans la cour de
Rhos'. C'est la peste jaune."
- Au 9-10ème siècle, le poème "Preiddann Annwfn
/ Preiddeu Annwn" ("le Sac de l'Au-Delà"), attribué à Taliésin,
raconte comment Arthur a traversé la mer avec ses guerriers
pour aller dans le monde de l'au-dela (Annwfn = Abime)...
mais seulement sept hommes en reviendront vivants :
"Dans le navire Prytwen (Pridwen),
trois fois plein, nous y allâmes.
Mais seulement sept personnes revinrent de Kaer Sidhi ('chateau
des fées')"
A noter que l'Annwfn est aussi appelé ici la "Tour
de verre" :
"... car éloignés
de Kaer Wydr' (Chaer wydyr = Tour de verre) ils n'ont pu voir
les prouesses d'Arthur
Trois fois vingt centaines d'hommes se tenaient sur les murs
et il était difficile d'approcher ces sentinelles."
Le but d'Arthur était de délivrer Gweir mab
Gwystyl (Gwair ap Geirioed = 'Otage') prisonnier dans l'Annwfn.
(On notera que Lundy, une petite île au large des côtes
de Cornouailles est connue comme "Ynys Weir", c'est
à dire "l'île de Gweir".)
"Total était l'emprisonnement
de Gwair à Kaer Sidhi
A cause de la vengeance de Pwyll et de Pryderi.
Personne avant lui n'avait pu pénétrer dans
la Cité.
Une lourde chaîne bleue retenait le courageux jeune
homme
Qui chantait tristement parmi les dépouilles de l'Annwfn."
.
Lors de cette expédition, Llyminawc (Lleenleawg / Lluch
Lleawg, appelé Llemenig dans les "Triades de l'île
de Bretagne") vola l'épée Kaledfwlch pour
Arthur:
"Une épée
brillante et meurtrière avait été tendue
vers lui
et dans la main de Llyminawc elle fut laissée."
Il semble aussi qu'un homme (Bedwyr ?) s'empara alors du chaudron
d'abondance :
"A Kaer Pedryfan,la citadelle
aux quatre enceintes,
Ce fut la première parole exprimée sur le chaudron.
Celui-ci était doucement chauffé par l'haleine
de neuf vierges.
N'est-ce pas le chaudron du Maître de l'Annwfn?"
Ces neuf vierges font penser aux neuf druidesses de l'île
de Sein ainsi qu'à Morgane et ses 8 soeurs.
Et cette histoire d'un raid sur une île rappelle l'expédition
de Bran Vendigeit en Irlande pour récupérer sa soeur Branwen
et un chaudron de résurrection (selon le "Maginogi
de Branwen"). La aussi il n'y a que sept hommes qui en
revinrent vivants, dont Taliesin également.
- Vers la fin du 10ème ou 11ème siècle (?) le "Mabinogion
de Kulhwch et Olwen" montre le roi Arthur entouré de
ses chevaliers. Ses deux principaux compagnons sont Kaw (Cei
/ Keu / Caius) et Bedwyr (Bedivere, un roi de Glywysing au
pays de Galles). On trouve aussi Gwalchmei (Gauvain / Gwaltafwyn
roi du Gododdin, 510 - 560), Llenlleawg (Llwch Llawwynnawc
/ Llyminawc / Lluch Lleawg / Llemenig = Lancelot ?), Hueil
(le frêre de Gildas le sage), karadawc (Karadawc Veichvras
/ Caradoc), ainsi que Taleesin Pennbeirdd (Taliessin chef
des bardes). Il y a aussi Sandde Bryd-angel, Morvran ab Tegitet
et Kynnwyl Sant (le portier Glewtlwyt Gavaelvawr / Glewlwyt
Gafaelfawr), qui furent les seuls survivants de la bataille
de Camlann.
Toute cette troupe se lancera
dans la quète d'objets merveilleux, parmi lesquels
on trouve le chaudron de Diwrnach en Irlande, et le sanglier
blanc immortel Troit (Twrch Trwyth / Tourc'h). Ils seront
aidés par Gwynn ap Nudd (Gwen fils de Nudd) qui est
le gardien de l'au-delà (Annwfn). On peut peut-être
l'identifier à un autre seigneur de l'au-dela : Afallach,
lui aussi fils de Nudd / Ludd (= le dieu irlandais Nuada ?).
La femme d'Arthur apparait ici pour la première fois
: elle porte le nom de Gwenhwyvar ("Blanche-fée"
= Guenièvre). L'épée d'Arthur porte le
nom de "Kaledvwlch" ("Dure-entaille")
et il est dit qu'elle a été prise par Llenlleawg
Ce texte dit aussi que Kaw et Bedwyr ont délivré
Mabon (= le dieu gaulois Maponos), fils de Modron (= la déesse
gauloise Matrona, peut-être identifiable à Morgane)
qui était prisonnier sur l'île de Caer Loyw (Kair
Glou / Kaer Gloui / Gloucester / "Ville de lumière").
En ce qui concerne le chevalier Hueil, la version du Mabinogion
trouvée dans le "Llyfr Gwyn Rhydderch" ("Livre
blanc de Rhydderch") raconte qu'il aurait poignardé
son neveu Gwydre mab Llwydeu (Gwydre ap Llwydeu), ce qui lui
aurait valu la haine d'Arthur.
- En 1019, dans le livre "La vie
de Saint Gwyddno (Goueznou / Gaeznovius)" ("Vita sancti Wohedouii"), il est écrit
qu'Arthur était le roi des Bretons. Il aurait combattu les Saxons et remporté plusieurs victoires en Bretagne et en Gaule.
- Le duc d'Aquitaine Guillaume IX (1071-1126) crée le "fin'amor" (amour courtois), sousl' influence de la littérature arabe. Mais cela ne sera intégré aux textes arthuriens que bien plus tard.
- Vers 1100, à
Modène et Padoue, les noms de "Arturius"
et "Galvanus" deviennent à la mode. Cela
indique que les textes parlant d'Arthur sont alors connus
en Italie et qu'ils y ont du succés.
- Le texte "Vie de Saint Patern / Padarn" (vers
1100) prétend que le "tyran" Arthur aurait tenté
de s'emparer de la tunique-relique que ce saint avait recu
du patriarche de Jérusalem :
"Alors que Padarn était
au repos dans son église, après tant de labeur
en mer, un certain tyran, Arthur de son nom, traversa la région
de part en part et, un jour, est venu à la cellule
de l'évèque saint Padarn. Et tandis qu'il s'adressait
à Padarn, il regarda sa tunique. La sienne étant
percée à cause de son avarice, il l'a voulu
pour lui-même. La réponse du Saint fut : 'Cette
tunique ne sied pas aux personnes méchantes, mais aux
hommes du clergé. Arthur sortit du monastère
en colère. Et, dans sa colère, il pensait qu'il
pourrait voler la tunique malgré les conseils de ses
propres compagnons. Un des disciples de Padarn, le voyant
revenir en furie, courut à Saint Padarn et dit : 'Le
tyran, qui était sorti d'ici, est de retour. Injuriant,
il nivelle le sol avec ses pieds. Padarn répondit :
'Non, c'est plutôt la terre qui pourrait l'avaler.'
A ce mot, aussitôt, la terre s'ouvre dans sa profondeur,
et avale Arthur jusqu'à son menton. Immédiatement
celui-ci reconnait sa culpabilité et commence à
louanger Dieu et Padarn, jusqu'à ce que, alors qu'il
demandait pardon, la terre accepte de le libérer. En
ce lieu, les genoux pliés, il supplia le saint de lui
accorder son indulgence, et le saint lui a pardonné."
Saint padarn aurait manqué également d'être
détroussé par Maelgwn, roi des Bretons du nord,
déja cité.
- Le texte "Vie de Saint Eflamm"
(vers 1100) dit que ce saint aurait aidé Arthur à
vaincre un dragon au Mont Saint Michel.
- Le texte "Vie de Saint Carannog"
(vers 1100, par Lifris ?) raconte qu'Arthur n'a permis à
Carannog de récupérer son autel miraculeux qu'en
échange d'un service : délivrer le pays d'un dragon.
Ici cependant Arthur est dit régner conjointement avec un
certain Cato / Cadwy :
"En ces temps Cadwy et
Arthur régnaient dans ce pays, qui demeure en Din Draithov."
Ce Cadwy correspond certainement au roi Cado de Domnonée (Cador
/ Cadorius, 482-537) qui était le fils de Geraint de Domnonée
(Gerren Llyngesoc). Le texte "Kulwch et Olwen" l'appelle
Cadiuy vab Gereint, et le livre "Vie de saint Guaiolc"
le connait sous le nom de Cathovius. D'autres traditions l'appellent
Kadwr de Cornouailles et affirment qu'il était le père
de Guenièvre, la femme d'Arthur. Cadwy était
un descendant de Coel Hen et, selon la tradition, Arthur était
le cousin de son père. Sa capitale était Cadbury,
la "Ville de Cado" (= Camelot ?).
Quand à sa forteresse de Din Draithov, elle correspond
peut-être à Dunster au Somerset. Ou à
Cair Draithov, citée par Nennius, ou à Din Tredâi
en Cornouailles.
- Le livre "Vita Gildae"
(écrit par Caradoc de Llancarfan, vers 1102 ou 1130) dit que
Gildas le sage était le fils de Caunos (Kaw), le roi
du Strathclyde, et que ses frêre étaient Cuillus,
le "grand chien des plaines" (Cueill / Cuillus Hueil,
dont on a déja parlé), Mailocus (Meilic mab
Kaw), Allecus et Egreas. Arthur aurait exilé son père
Kaw et décapité son frêre Hueil à
cause de ses pillages. Pourtant, Gildas se serait quand même
réconcilié avec Arthur :
"Hueil, le frère
aîné, était un guerrier actif et le soldat
le plus distingué, soumis à aucun roi, pas même
à Arthur. Il a harcelé ce dernier, et à
provoqué sa colère. Il venait souvent attaquer,
à partir de l'Ecosse, pour incendier, et piller en
cherchant la victoire et la renommée. En conséquence,
le roi de toute la Bretagne, en apprenant que des jeunes fougueux
avait fait de telles choses et continuaient à faire
des choses semblables, les a poursuivi. Dans cette poursuite
hostile, il leurs a fait la guerre jusque sur l'île
de Minau (Man), et a tué le jeune pilleur. Après
sa victoire, Arthur se réjouissait fort d'avoir surmonté
ses plus braves ennemis. Gildas, l'historien des Bretons,
qui séjournait en Irlande, dirigait des études
et prêchait dans la ville d'Armagh, et il a appris que
son frère avait été tué par le
roi Arthur. Il fut affligé en entendant ces nouvelles,
a pleuré et s'est lamenté, comme un frère
très cher envers un frère trés cher.
Il pria chaque jour pour l'esprit de son frère, et,
en plus, il pris l'habitude de prier aussi pour Arthur, le
persécuteur et le meurtrier de son frère, accomplissant
ainsi le commandement apostolique, qui dit : 'Aimez ceux qui
vous persécutent, et faites du bien à ceux qui
vous haïssent'."
Cependant une chronique galloise (écrite par Elis Gruffudd
vers 1552) prétend que Huail (Hueil) aurait été
tué par Arthur non pas à cause de ses pillages
mais à cause d'une affaire de femme.
- Selon Caradoc de Llancarfan, Gildas aurait également assisté
à une expédition menée par l'armée du "tyran" Arthur pour
délivrer sa femme Guennuvar, prisonnière de Maelwas (Medraut)
à Glastonbury :
"Gildas a quitté
l'île, embarqué sur un petit bateau, et, dans
la douleur, s'est rendu en Glastonia, au moment où
le roi Melvas régnait sur le pays de l'été
(Sommerset) .... Glastonia, c'est la ville vitreuse (Urbs
Vitrea), qui doit son nom au verre, c'est une ville dont l'origine
du nom vient de la langue anglaise. Elle fut assiégée
par le tyran Arthur avec une grande armée, à
cause de sa femme Guennevar / Gwenhwyfar, que le méchant
roi susdit avait violé et enlevé. Il l'avait
amené là pour la conserver dans cet asile invulnérable
en raison de sa position au milieu des bosquets du roseau,
des rivières et des marais. Arthur, le roi rebelle,
avait cherché sa reine pendant toute la durée
d'un an, avant d'apprendre enfin qu'elle était gardée
là-bas. Là-dessus, il excitait les armées
de Cornubia (Cornouaille) et Dibneria (Dyvneint = Domnonée
/ Devon), la guerre étant préparée entre
les ennemis.
Quand il vit cela, l'abbé de Glastonia, en présence
du clergé et de Gildas le Sage, est intervenu entre
les armées belligérantes, et d'une manière
pacifique il a conseillé à son roi, Melvas,
de libérer la dame enlevée. En conséquence,
celle qui devait être libérée, a été
libérée dans la paix et la bonne volonté."
On remarquera qu'ici il n'est plus dit que Maelwas et Arthur
se sont entretués pendant la bataille de Camlann.
On remarquera aussi que, dans un passage, Arthur est appelé
"ursus", c'est à dire "ours" en latin. Hors il semble bien
que son nom venait de "artu" qui signifie "ours" en celtique.
(Cependant un autre texte sur Gildas, écrit par Vitalis
vers 1060, n'opposait pas ce saint à Arthur mais à
Conomor / Cynmawr, roi des deux Domnonées, vers 520-555
ou 540-555).
Caradoc explique également l'origine du nom de la ville
de Glastonbury, dans le Somerset:
"Glastonia était
jadis appelée Ynis-Gutrin, et est toujours appelé
ainsi par les Britannique. 'Ynis' dans la langue britannique
c'est 'insula' (île) en latin, et 'gutrin' signifie
'en verre' Mais après la venue des Anglais et l'expulsion
des Britanniques, qui sont les Gallois, elle a reçu
un nouveau nom, Glastigberi, selon la forme du premier nom.
De l'anglais Glass ('verre'' = 'vitrum' en latin) et de 'Béria'
qui signifie 'ville', puis Glastinberia, c'est la ville de
verre."
En fait le nom de la ville de Glastonbury
repose ici sur une erreur d'étymologie : il est faussement
traduit par "Ville de verre" afin de l'identifier à
la "Tour de verre" qui se trouve en Avalon,
le pays des morts. Glastonbury / Glaestingburgh ne signifie
pas "Ville de verre" mais "Ville du clan Glaesting".
- Le texte "Vie de Saint Cadoc" (par Lifris / Llefris
de Llancarfan, vers 1105) cite le roi Arthur en le décrivant
comme un tyran peu sympathique. Il aurait convoité Gwladys,
la mère de saint Cadoc (qui était semble-t-il un de ses conseillers),
et ce sont ses compagnons Kay et Bedwyr qui le retiendront.
:
"Trois champions vigoureux,
Arthur, avec ses deux chevaliers, à savoir, Cai et
Bedwyr, étaient assis en haut de la colline, jouant
aux dés. Voyant le roi avec une fille qui les approchait,
Arthur fut immédiatement très enflammé
de désirs pour elle et, rempli de mauvaises pensées,
il dit à ses compagnons : 'Sachez que je suis enflammé
de concupiscence pour cette jeune fille que ce soldat emporte
à cheval.' Mais ils s'y opposèrent en disant
: 'Un si grand crime ne doit pas être commis par toi,
car nous sommes habitués à secourir les demoiselles
en détresse'."
Arthur aurait également condamné l'abbaye de
Llancarfan à lui remettre un troupeau de boeufs pour
la punir d'avoir donné asile à un certain Ligessauc fils de
Eliman (surnommé aussi Llaw Hir) qui avait tué
trois de ses hommes.
Le texte raconte aussi que Saint Cadoc aurait arrété
une attaque de son pays par le roi Maelgwn, déjà
cité.
- Selon Herman de Laon, dans son livre "De
Miraculis S.Mariae Laudunensis" (vers 1146), le
siège et le four d'Arthur étaient montrés
en Cornouailles aux "touristes" en 1113.
- Selon Guillaume de Malmesbury (1096-1143), dans "Gesta Regum
Anglorum" (vers 1125 ou 1135), c'est bien Arthur, qui aurait
vaincu les Anglo-Saxons au mont Badon. Comme, selon lui, Arthur
aurait été le général de l'armée
d'Ambroise (Ambrosius Aurelianus), cela pourrait expliquer
pourquoi la victoire du mont Badon est parfois attribuée
à Ambroise, et parfois à Arthur.
Comme on ignore l'emplacement de la tombe d'Arthur, Guillaume
ajoute que certains croient qu'il reviendra un jour :
"...Le
tombeau d'Arthur ne se trouve nulle part, et c'est pourquoi
les anciennes ballades rêvent qu'il va revenir..."
Divers chevaliers d'Arthur sont évoqués : Walgainus
(Gauvain), Eventus (Yvain) et Hiderus (Yder / Edern). Caliburnus,
l'épée d'Arthur; est également évoquée.
Guillaume de Malmesbury prétend également qu'on
aurait retrouvé la tombe de Walwen / Walvin (Gauvain,
un des hommes d'Arthur) au pays de Galles en 1086-1087.
- Dans son livre "Antiquitate glastoniensis ecclesiae"
(vers 1129 -1139), Guillaume de Malmesbury traduit encore
Glasenbury par "Ville de verre" (ou "Ynis-Gutrin
/ Ynys-Vitryn", l'ile de verre), essayant de l'identifier
lui aussi avec l'Insula Avallonia (Ile d'Avalon). Mais il
explique également qu'elle doit son nom à son
fondateur : Glast / Glasten / Glasteing (le codex d'Oxford
l'appelle "Glas fils d'Elnaw", un neveu de Cunedda)
vers 470 ou 485 ap.JC. Ce Glast a donné également
son nom à la dynastie des Glaestings et au pays de
Glastening (Somerset).
Ce Glast semble cependant un homme bien peu historique. Guillaume
dit qu'il avait fondé la ville là où
il aurait retrouvé, sous un pommier, sa truie (à
huit pattes) en fuite. Hors il existe le même mythe
en Irlande : Dans le "Livre d'Armagh" (vers 807)
on cite le porcher Cas fils de Glas, et dans le "Glossaire
de Cormac" (Xème siècle), le porcher Glas
fils de Cas qui aurait fondé la ville de Glassdimbir
là où ses porcs s'étaient arrétés
sous un pommier..
Guillaume raconte aussi qu'un certain Avaloc / Afallawc serait
venu s'installer dans la région de Glasenbury ou d'Avalon
avec ses filles. Hors dans des livres ultérieurs on
racontera que la fée Morgane et ses soeurs étaient
les filles d'Evalach / Avallach / Afallach et qu'elles régnaient
sur Avalon (Ynys Afallach). Cet Afallach serait le fils ou
le petit-fils de Llud (= Nudd = le dieu irlandais Nuada).
Selon la triade 70 des "Trioedd Ynys Prydain" ("Triades
de l'ile de Bretagne") il est le père de Modron,
la Grande Déesse Mère (= La déesse gauloise
"Matrona" et les trois "Matres"). Modron
peut donc être identifiée à Morgane.
En Italie, dans la cathédrale de Modène
(vers 1099 -1120 ou 1140 ?), une sculpture représente le siège
du chateau de Meleagant (Mordret / Maelwas) et du géant
Carado par l'armée d'Arthur. Les noms des personnages sont
écrits et on y trouve : Artus de Bretania (Arthur), Isdernus
(Yder / Edern / Aeternus), Che (Kaï / Keu / Caius), Galvaginus
(Gauvain), Galvariun (Gauvarien / Galeshin), Burmaltus (Burmald),
Mardoc (Mardoc / Malduc) et Winlogée (Guenièvre /Jennifer,
femme d'Arthur, appelée Winlogen / Winlowen en Bretagne armoricaine).
(-
Voir ici -)
- Vers 1132 - 1138, le Gallois Geoffroy de Monmouth (Galfridus
Monumutensis / Gaufridi de Monemuta, 1100-1154) explique,
dans "Historia regum britanniae", que les Bretons du sud auraient
élu comme chef, aprés le départ des Romains, un certain Constantin
le béni (Cystennin Vendigeit). Ce dernier correspondait peut-être
à Constantin de Domnonée (mais il a pu aussi être confondu
avec Constantin III, le légionnaire qui s'était emparé du
pouvoir en Grande-Bretagne, Gaule et Ibérie et avait fait
cessession de l'empire romain entre 407 et 411).
Son fils Constans / Constant lui succédera mais sera assassiné
par le fameux Vortigern (Wertegirn / Gwrtheyrn / Guothigern)
qui usurpera le pouvoir. Ambrosius Aurelianus (Ambroise Aurélien
/ Embreiz Guletik) et Uter Pandragon (Uthyr Penndrogn = "Uther
Tête-de-dragon" = "Uther le chef des troupes"),
les frêres de Constant, s'enfuiront alors en Bretagne armoricaine
chez le roi Budic (Beidawg, fils d'Emyr Llydawg d'Armorique
?) ... ou même jusqu'à Bourges (ce qui fait que certains
pensent qu'Aurelius Ambrosius ne ferait qu'un avec Rhiothamus).
La aussi intervient l'enfant prophète que Vortigern avait
rencontré. Il était originaire de Camarthen dans le Dyved
et était le fils d'une vierge, fille du roi de Démétie (Dyved),
et d'un incube (démon masculin). Son nom complet était Ambrosius
MERLINUS... c'est à dire MERLIN :
"... Tunc ait Merlinus,
qui et Ambrosius dicebatur..." = "...Alors Merlin,
qui s'appelait aussi Ambrosius...".
L'enfant Ambrosius est donc maintenant
identifié non plus au frêre d'Uter mais à
Merlin. En gallois, Merlin se dit Myrddin / Merddin, prononcé
"Meurzinn". En breton et en cornique il se dit Merzinn / Morzhin
ou Merzhin. On pense que Geeoffroy a traduit Myrddin par MERLINUS
au lieu de MERDINUS pour qu'il n'y ait pas de confusion facheuse
avec le mot "merde". Cependant, en latin "MERLINUS"
désigne aussi un merle.
On remarquera que le nom de Merlin n'était
probablement à l'origine qu'un surnom d'Ambrosius. En effet
ce dernier était originaire de Camarthen, hors le nom de cette
ville était jadis Caer-Myrddin ou Caer-Fyrddin ... ce qui
ne voulait pas dire "Forteresse de Merlin" comme le croient
certains, mais "Forteresse de la mer" (du latin Castrum Moridunum).
"Ambrosius Merlinus" signifiait donc simplement
"Ambroise de Camarthen" ou "Ambroise le maritime".
Et cet Ambrosius Merlinus apparait ici comme étant
un personnage bien distinct d'Ambrosius Aurelianus.
Pourtant, étrangement, le nom de Merlin semble avoir
été connu plus anciennement en Bretagne et en
Normandie. On trouve ainsi un Merthin Hael (839-870) et un
Merthin Hoiarn (813-871) dans le cartulaire de Redon. Et un
lieu appelé Merthiniac, en 844-858, dans le Morbihan.
Et un "Merlini campus" (camp de Merlin), en 1036,
dans le cartulaire de St Michel du Tréport en Normandie.
Et un "Merlini Mons" (Mont de Merlin), en 1078-1079,
dans le cartulaire de St Pierre de Préaux dans l'Eure.
Merlin Ambrosius (Merlin Emrys) aidera ensuite Aurelius Ambrosius
(Ambrosius Aurelianus, roi de 458 à 471).et Uther Pendragon
(= "Uher tête de dragon" ou "Terrible
chef des troupes", roi de 471 à 473) à renverser
Vortigern et à prendre le pouvoir. Merlin aidera aussi
Uther Pendragon à faire un enfant (le futur ARTHUR) avec Ygerne
/ (Eigyr / Ingerna), la femme de Gorlois de Tintagel.
Arthur est probablement né vers 457 ap.JC. Son nom signifie
"l'ours". Il a succédé à son père vers 473 ap.JC et a participé
à la bataille de Carohaise / Carhaix, contre les Wizigoths,
en Bretagne armoricaine, llà où l'on situera
la forêt de Brocéliande. (Selon les "Annales
de Salzburg", Arthur régnait en Bretagne à
l'époque du Pape Hilarius / Hilaire, 461-468).
On apprend par Geoffroy que la résidence d'Arthur était
Carleon (Caer-Leon) dans le pays de Galles, que son épée s'appelait
"Caliburn (Caliburnus)", sa lance "Ron", et son
écu "Prydwen" (auparavant ce nom était
attribué à son bateau). Parmi ses hommes apparaissent
le connétable Bédivère et le sénéchal
Kay qui l'accompagnent lors de son combat contre le géant
du mont St Michel.
Cadwy est également cité (sous le nom de duc Cador de Cornubia
/ Cadorius de Cornouailles) mais ici il ne règne plus conjointement
avec Arthur (comme dans la "Vie de Saint Carannog")
: il n'est que le général de ses armées.
(Un texte gallois l'appelle Kadwr jarl de Kernyw / Kador duc
de Cornouailles, et porte-épée d'Arthur.). Il
est le fils de Gorlois de Tintagel (ou de Cornouailles), et
est donc ainsi le demi-frêre d'Arthur.
Finalement Arthur sera tué à la bataille de Camlann contre
Mordred (l'amant de sa femme Guanhumara : Guennuera / Guenhuuara)
/ Gwenhwyvar / Guenièvre) : :
"C'est dans cette même
bataille que notre illustre roi Arthur fut mortellement blessé
; il fut alors transporté dans l'île d'Avallon
(insula Avallonis, citée pour la 1ère fois)
pour y soigner ses blessures. Arthur abandonna la couronne
de Bretagne à son parent Constantin, qui était
le fils de Cador, duc de Cornouailles. C'était en l'an
542 ap.J.-C. Que l'âme de notre roi repose en paix !..."
Geoffroy de Monmouth parle aussi de Guithelinus, évêque
de Gloucester puis archevêque de Londres. Ce dernier
est le Vitalinus qui, selon Nennius, se serait querellé
avec Ambrosius (Merlin Ambrosius ou Aurelius Ambrosius ?).
Cependant il est dit ici que ce Guithelinus aurait
protégé Aurelius Ambrosius
et Uther Pendragon.
C'est lui aussi qui serait parti rechercher des renforts en
(Petite)-Bretagne contre les barbares :
"Là-dessus, après
une consultation de l'assemblée, Guethelinus, archevêque
de Londres, est passé en Petite- Bretagne, appelée
alors Aremorica ... des navires étant obtenus en prêt,
des hommes choisis dans toutes les parties du royaume ont
été livrés à Guethelinus."
(Historia Regum Britanniae VI, 4)
Le problème est que, selon l' "Historia Regum
Britannia VI, 6", Guithelinus / Vitalinus était
déja mort avant que Vortigern (son petit-fils) s'empare
du pouvoir :
"Vortigern, consul des
Gewisséens, qui était lui-même très
avide de la couronne, est allé attaquer Constans (...)
l'archevêque Guithelinus était alors décédé.".
(A noter que la pierre tombale de ce Guithelinus / Vitalinus
nous est parvenue. Elle porte l'inscription suivante : "Vitaliani
Emerto").
Si Aurelius Ambrosius était le contemporain de Guithelinus
/ Vitalinus, il ne pouvait donc pas être en même
temps le contemporain de Vortigern, venu plus tard. A moins
qu'Aurelius Ambrosius ne doive
être identifié à Saint Ambroise, gouverneur
des Gaules au IVème siècle... donc plus ancien
que Vortigern ? .Mais dans ce cas comment Ambroise aurait-il
pu se quereller avec Vitalinus 12 ans aprés l'avènement
de Vortigern et être un contemporain de la bataille
de Badon vers 496 ap.JC ?
Devant toutes ces contradictions, certains ont prétendu
que Vitalinus et Vortigern pourraient n'être une seule
et unique personne... ce qui ne ferait qu'encore plus embrouiller
les choses.
- Vers 1134, Geoffroy de Monmouth.écrit
les "Prophetiae Merlini" (Prophéties de Merlin).
- En 1147, à Glasgow, est écrit
le livre "Vita Kentigerni" (Vie de St Kentigern),
qui sera réécrit quelques années plus
tard par le moine Jocelyn. Il en suivra deux textes sur le
même sujet : "Lailoken et Kentigern" et "Lailoken
et Meldred". Dans "Lailoken et Kentigern",
on apprend que Saint Kentigern
(mort en 603 ou 612) aurait rencontré un certain Merlin (Merlynum
/ Vyrdin) appelé aussi Lailoken (Laloecen
/ Llallog = "frêre / ami / jumeau") et vivant
dans les bois :
"A l'époque où
St Kentigern allait dans le désert, il arriva qu'un
jour, alors qu'il était en prière dans un bois
solitaire, un fou nu, velu et complètement démuni,
s'est précipité sauvagement vers lui. Il était
connu sous le nom de Laïloken, et certains disent qu'il
avait été Merlin, le prophète extraordinaire
des (Grands) Bretons, mais ce n'est pas certain."
Celui-ci était devenu fou
lors d'une bataille "dans la plaine située entre
Liddel et Carwannok". Cet homme sera tué plus tard par
les bergers du roi Meldred ... d'une triple mort, comme il l'avait
prophétisé.
(On remarquera que dans le poème "Cyfoesi Myrddin a Gwenddydd ei Chwaer" / "Conversation de Merlin et de sa soeur Gwenddydd", Merlin est appelé Llallogan Vyrdin et Llallawc.)
Le texte écossais "Lailoken et Meldred" précise
que ces bergers avaient été envoyés par
la femme de Meldred. Celle-ci voulait se venger de Lailoken
qui avait révélé son infidèlité.
La tombe de Lailoken serait située près du village de Drummelzier
:
"... À ces mots,
sa femme fait irruption avec des torrents de larmes, et parce
qu'elle n'avait pas obtenu ce qu'elle voulait, elle a commencé
secrètement à préméditer la mort
de Lailoken. Puis, quelques années après, le
jour où il avait été fortifié
avec le saint viatique, Lailoken était en train de
traverser la plaine près du château de Dunmeller,
au coucher du soleil. Il a été apercu par plusieurs
bergers qui avaient été mis sur sa trace par
cette femme diabolique. Comme il l'avait prédit et
comme il a été raconté ci-dessus, ainsi
fut accomplie sa fin. Il est dit que le roi a ramené
son cadavre inanimé pour l'enterrer en cet endroit
qu'il avait choisi de son vivant. Maintenant, à quelques
trente miles de la ville de Glasgow, dans sa plaine, Lailoken
est enterré. Percé par un pieu, attaqué
par une pierre et par l'eau, Merlin est dit avoir rencontré
une triple mort."
Ce Merlin Lailoken (vers 540 -584 ou 612 ?) doit être
identifié avec le barde de Gwennolus (Gwendoleu 560
- 573) roi de Galloway. Il serait devenu fou lorsque Gwendoleu
a été tué à la bataille d'Arderyd (Arthuret) . Selon les annales
de Cambrie cette bataille aurait eu lieu en 573 :
"573 : La bataille d'Arderit
(Arfderydd) entre les fils d'Eliffer
et Gwenddolau (Guendoleu / Gwenddolew) fils de Ceidio (Keidiae
/ Keidau), pendant laquelle Gwenddolau fut tué et Merlinus
devint fou."
(Les dates de 533 et 576 sont
aussi avancées pour cette bataille).
Ces fils d'Eliffer, ici invoqués, étaient Peredur
et Gwrgy. Les
annales de Cambrie les appellent Peretur et Guurci et datent
leur mort de 580.
On notera que le nom de Lailoken / Llallogan n'était
pas nouveau : On trouvait déjà, en effet les
traces d'un "Lalocan", en 854, en Armor.
Mais, en fait, ce Merlin Lailoken
n'avait aucun rapport avec le Merlin qui accompagnait le roi
Arthur (même si son roi Gwendoleu avait pour allié
un grand guerrier du nom d'Arturius / Artuir, un fils d'Aedan
mac Gabrain du Dalriada et tué par les Pictes à
Tigernach, en 596).
On peut rapprocher l'histoire de ce Lailoken de celle de Suibhne Geilt (Sweeney le Fou) fils de Colman Cuar. Il était roi
du Dál n'Araidhe (Dalriada en Ecosse) et, selon le texte irlandais "Buile
Suibne (Folie de Suibne)", il serait devenu fou lors de la terrible bataille de Mag
Roth / Mag Rath / Moira en 637 et se serait retiré dans les bois. Cependant les annales de Tigernach disent qu'il serait mort lors de cette bataille. Et d'autres listes dynastiques disent que ce n'était pas lui mais Congal Claen qui régnait à cette époque. En fait on ignore si c'est la folie de Lailoken qui a inspiré celle de Suibhne ou si c'est l'inverse car les plus anciens textes racontant leur histoire datent de la même époque.
- Vers 1148 ou 1151 Geoffroy de Monmouth, dans "Vita Merlini",
identifie cependant Ambrosius Merlinus à Merlin Lailoken,
le fou rencontré par saint Kentigern. Geoffroy raconte
qu'il était roi de Démétie (Dyved) et
qu'il a participé à la bataille où Peredur
de Venedotie (Goddodyn ou Gwynedd) et Rodarch de Cambrie (Rodarcus
/ Roderchus / Ryderch Hoel / Rhydderch Hen de Strathclyde
560-601) ont tué Guennoleus de Scotie (Gwenddolau /
Gwendoleu de Galloway 560 - 573). Etrangement, Merlin n'est
plus présenté ici comme un allié de de
Gwendoleu mais au contraire comme un allié de Rhydderch
(qui avait épousé sa soeur Ganieda). Merlin
serait devenu fou devant la mort des trois frêres de
Peredur et serait parti vivre en ermite dans la forêt de Caledonia
(Kalydon dans le sud de l'Écosse) :
"... une folie étrange
fut sur lui. Il s'éloigna et s'enfuit dans les bois,
ne voulant plus rien voir du cours des choses. Dans la forêt,
il est allé, heureux d'être caché sous
les frênes. Il a regardé les créatures
sauvages dans les clairières. Parfois, il les suivait,
parfois il les dépassait dans sa course. Il se nourissait
de racines de plantes et d'herbes, de fruits des arbres et
des mûres des taillis. Il est devenu un homme des bois,
comme s'il était voué à la forêt.
Donc, pour tout un été, il est resté
caché dans les bois, découvert par personne,
oublieux de lui-même et des siens, caché comme
un être sauvage."
Il délaissa sa femme Guendoloena (Gwendolyn) mais resta en
relation avec sa soeur Ganieda (Gwendydd = Belle journée) à qui il
prophétisera la triple-mort d'un enfant (et non plus
de lui-même comme dans la "Vie de St Kentigern").
Son élève était le célèbre barde Thelgesinus (Thelgesin /
Taliesin) qui avait étudié en Bretagne armoricaine à l'ermitage
de Gildas. .
Selon Geoffroy, le roi Arthur sera emporté
en bateau, aprés sa mort, par Thelgesin et Barinthus
(un moine-marin qui avait accompagné le célèbre
saint Brendan dans son exploration de l'Atlantique). Ils iront
sur l'ile d'Avalon (Insula Avalonsis / Ynys Afallon), appelée
aussi "l'ile des pommes" (insula pomorum) ou "l'ile
fortunée", dont le roi est Afallach. Là,
Arthur sera soigné par Morgen / Morgan / Morgain. Il
s'agit là de Morgane, dont c'est la 1ère apparition.
Aparemment elle est ici confondue avec Modron, la fille d'Avallach,
que les Triades galloises disent être la femme d'Urien
de Rheged et la mère d'Owain (Yvain). Cette Morgane
avait 8 soeurs : Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton,
Tyronoe, Thiton et Thiten ... celà fait penser aux
9 druidesses de l'île de Sein :
"...C’est là
que, selon leur douce loi neuf sœurs rendent la justice
à ceux qui vont vers elles depuis nos régions
: l'aînée des neufs est particulièrement
compétente dans l'art de guérir et surpasse
ses sœurs par son exceptionnelle beauté ; elle
a pour nom Morgane et a étudié les vertus médicinales
de toutes les plantes pour soulager les corps souffrants ;
elle est aussi passée maîtresse dans l'art fameux
de la métamorphose et dans celui de fendre les airs
de ses ailes neuves, comme Dédale : quand elle le veut,
elle peut se trouver à Brest, à Chartres ou
à Pavie ; quand elle le veut, elle se pose sur nos
rivages ; on dit qu'elle a appris les mathématiques
à ses sœurs : Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea,
Gliton, Tyronoe, Thiten et Thiton, qui se distingue à
la cithare.
C'est là-bas qu'après la bataille de Camblan
nous avons conduit Arthur blessé sous la conduite de
Barinthus qui connaissait les mers et les étoiles..."
D'autres sources parlent de seulement trois fées sur
l'île d'Avalon : Morgane, Maurgause et Hélène.
On a donc probablement affaire à une triple triade
: Morgane-Moronoe-Mazoe, Gliten-Glitonea-Gliton et Tyronoe-Thiton-Thiten.
- Selon Robert de Thorigny (1110-1186) il y avait bien deux
personnages distincts appelés Merlin :
-Merlinus Ambrosius (= Merlin Ambroise, l'enfant prophète).
-Merlinus sylvester (= Merlin des bois, le fou Lailoken).
- Vers 1150-1225 ou 1200-1250 est écrit
le poème "Yr Afallenau" ("Les pommiers")
inséré dans le "Livre noir de Camarthen
(1154-1189). Ce texte est attribué à Myrddin
(Merlinus Caledonensis / Merlin Sylvestris / Merlin-Lailoken).
On y voit Merlin caché dans la forêt de
Kelyddon après la bataille d'Arderyd où son
seigneur Gwendoleu a été tué par Ryderch
Hael. Merlin y est rongé de remords d'avoir causé
la mort des enfants de sa soeur Gwendyz / Gwendyd, épouse
de Ryderch.
Extraits :
“...Doux pommier qui croît
dans la clairière. Les seigneurs de la cour de Ryderch,
à cause de leur violence, ne te verront pas. Quoique
le sol à tes pieds soit foulé et qu’il
y ait des hommes autour de toi. Terribles à leurs yeux
sont les figures des héros. Gwendyz ne
m’aime plus, ne me salue plus. Je suis odieux
au plus fidèle serviteur de Ryderch, car j’ai
ruiné son fils et sa fille.
La mort prend tout devant elle ; que ne me rend-elle
triste ! Après Gwendoleu aucun prince ne m’honore
plus ; Je n’ai plus aucun divertissement, aucune visite
de ma belle. Pourtant, à la bataille d’Arderyd
je portais un collier d’or et maintenant je suis
méprisé par celle qui est blanche comme un cygne.
Doux pommier à la fleur délicate qui croît
caché dans les bois. Au point du jour on m’a
fait ce conte. Que le plus fidèle des serviteurs se
fâche à mon sujet, deux fois, trois fois, quatre
fois le jour. Jésus, plût à Dieu
que ma fin fût venue avant d’avoir sur ma main
la mort du fils de Gwendyz !
Doux pommier qui croît sur le bord du fleuve. Par respect
pour toi, ton gardien ne tirera pas de profit de tes fruits
splendides. Avant d’être privé de raison,
je me promenais souvent autour de ta tige avec une charmante
fille, modèle de grâce et de gaité. Mais
pendant dix ans et quarante ans, joué par des hommes
sans loi, je suis resté errant dans les ténèbres
et parmi les spectres. Après avoir joui de grandes
richesses, entretenu moi même des ménestrels,
je suis resté là si longtemps que les spectres
et les ténèbres ne peuvent plus m’abuser.
Je ne dormirai point, car je tremble pour mon cher seigneur
Gwendoleu et pour les citoyens de mon pays..."
Le "Livre noir de Camarthen" contient une suite
à ce poème, attribuée elle aussi à
Merlin Lailoken et appelée "Yr Hoianau" ("Les
marcassins").
Extrait :
".. Qu'importe à
Rydderch, qui fête cette nuit, que j'ai passé
la nuit dernière sans dormir, la neige au dessus du
genou, et des aiguilles de glace dans les cheveux, triste
sort (...) Depuis la bataille d'Arfderydd, plus rien ne me
touche, même si le ciel tombait et la mer débordait..."
Dans le "Livre noir de Camarthen", un autre poème
attribué à Merlin porte le nom de "Ymddiddan
Myrddin a Thaliesin" (Dialogue entre Merlin et Thaliesin).
On y voit Merlin, barde de Gwendoleu, et Thaliesin, barde
de Maelgwn, s'affronter à coups de prophéties
après la bataille d'Arderyd où Gwendoleu et
les fils d'Eliffer Gosgorddfawr s'affrontèrent.
- Vers 1137 ou 1155, le Trouvère Normand Robert Wace
(1110-1175) écrit le "Roman de Brut" (adaptation francaise
du "Historia regum Britanniae" de Geoffroy de Monmouth).
Il y montre Arthur tentant de conquérir La Gaule et Rome.
Wace donne un nouveau nom à l'épée d'Arthur : "Caliborne"
(Caliburn = "Acier blanc") ... qui sera déformé
plus tard en "Excalibur". Il parle aussi d'une table
ronde et d'une association de chevaliers (le prototype des
chevaliers de la table ronde) à Carlion. Et iI explique
qu'Arthur attend en Avalon le jour ou il pourra revenir délivrer
son peuple des Anglo-Saxons.
Ce livre introduira la tradition courtoise dans les romans
parlant d'Arthur.
A noter que Wace évoque la forêt de Brocéliande
sous le nom de "Brecheliant".
- Vers 1140 -1163, le troubadour Rigaut de Barbezieux est
le premier à parler du Graal dans un poème :
"De même que Persavaus
(Perceval), du temps où il vivait, fut si troublé
par sa contemplation que jamais il ne sut demander à
quoi servaient la lance et le grazaus (Graal), de même
en est-il de moi, Mieux que Dame, quand je vois votre gracieuse
personne" .
On notera que ce Perceval n'est autre que Peredur, roi d'Ebrauc
(Eburacum / York) vers 560-580 et un des vainqueurs de Gwenddoleu
(le maître de Merlin-Lailoken).
- Vers 1163 -1166, une mosaïque
de la cathédrale Santa Maria Annunciata d'Otrante représente
Arthur combatant le Chapalu, un chat monstrueux. (-
Voir ici -)
Le "Pa-gur" (chapitre XXXI du "Livre Noir de
Camarthen" 1154-1189 ou 1225) prétend cependant
que c'est Cai (kaï) qui a battu le "Cath Pallug
/ Pen Palach" ainsi que 9 sorcières (celles de
Caer Loyw ?)
La Triade n°63 du "Livre rouge de Hergest" (1375-1425)
dit que ce chat s'appelait le "Cath Paluc" (= "Chat
griffeur" ou "Chat de Palug"), qu'il fut enfanté
par la truie blanche Henwen, et qu'il ravageait l'île
de Môn / Anglesey.
- Vers 1160-1170, Béroul, Eihart von Oberge puis Frêre Robert
introduisent le personnage de Drostan (Tristan) dans les romans
arthuriens.
Selon la triade des porchers (triade n°23 du manuscrit
MS.Peniarth 54), ce Tristan aurait empéché Arthur,
Marchell (?), Kaï et Bedwyr de lui voler ses porcs :
"... Trystan fils d'Tallwch,
qui gardait les porcs de March, fils de Meirchiawn, tandis
que le porcher était parti à cause d'un message
d'Essyllt (Yseult) pour la rencontrer. Arthur, Marchell, Cei
et Bedwyr étaient la tous les quatre mais ils n'ont pas réussi à s'emparer d'un seul
porc, ni par la force, ni par la tromperie, ni par la ruse"
Il s'agit bien d'un personnage historique car sa pierre tombale
a été retrouvée à Fowey en Cornouailles. Celle-ci indique : "Ci-gît Drustanus fils de Cunomorus". Il était donc le fils de Conomor (Chonomor / Quonomorus / Mark) roi des
deux Domnonées vers 520-555 ou 540-555. Par contre sa
romance avec Yseut est la reprise d'une légende irlandaise.
- Vers 1160 - 1175, dans le "Lai
de Lanval", Marie de France décrit pour la première
fois Guenièvre, femme d'Arthur, comme une séductrice
et une intrigante.
-- En 1170 est écrit le livre "La bataille Loquifer"
qui raconte que le Chapalus, un chat monstrueux, demeurait
en Avalon où il était au service de la fée
Morgue (Morgane). Et Arthur chargea le chevalier Rainouart
de l'affronter.
- Vers la fin du XIIème siècle,
André de Coutance écrit "Li romanz des
Francais" pour se moquer des Anglais. Il y raconte que
la roi Arthur a été tué par le Capalu
dans un marais.
- Vers 1174 - 1179,
Alain de Lille écrit un commentaire sur les "Prophéties
de Merlin".
- Vers 1170-1189, Marie de France développe les personnages
de Tristan et Yseut, et Thomas d'Angleterre joint à
leurs aventures un épisode arthurien tiré de
l'"Historia regnum Britanniae" (l'épisode
du géant coupeur de barbes).
- Giraldus Cambrensis (Girald de Cambrie
/ Gerald de Galles / Gerallt Gymro, 1146 -1223), dans son
livre "Itinerarium Cambriae", affirme que Gildas
le sage (saint Gweltaz, 493 - 570 ap.JC) a détruit "un certain
nombre de livres remarquables" louant Arthur, après avoir
appris que celui-ci avait tué son frère, le pillard Hueil,
sur l'ile de Man.
Selon Girald il y aurait bien eu deux Merlin différents
:
"Il y avait en effet deux
Merlin. Celui-ci, qui fut aussi appelé Ambroise, car
il avait deux noms. Il prophétisa sous le roi Vortigern,
fut engendré par un incube et fut rencontré
à Carmardhin (Camarthen); c’est pourquoi, comme
il y avait été trouvé, cette ville fut
de son nom appelée Caer-Merdhin, c’est-à-dire
ville de Merlin. Quant à l’autre, il était
natif d’Albanie (Écosse) ; il fut appelé
Célidonien, à cause de la forêt de Célidon
où il prophétisa, et encore Sauvage (Sylvester
/ Wyllt / Gwyllt = Fou, sauvage), parce qu’au milieu
d’un combat, levant ses regards et ayant aperçu
dans l’air un monstre trop horrible, aussitôt
il devint dément. Il s’enfuit dans la forêt,
et jusqu’à sa mort vécut en sauvage. Ce
Merlin fut contemporain d’Arthur, et on dit qu’il
prophétisa bien plus complètement et plus clairement
que l’autre."
En fait, la traduction de Carmardhin par "Ville de Merlin"
(Caer-Merdhin) est une erreur, sa vraie signification étant
"Forteresse de la mer". C'est le nom de Merlin (Merdhin)
qui dérive de Camardhin et non pas le nom de Camardhin
qui dérive de Merlin.
- Ensuite Chrétien de Troyes (1135-1185) passera de l'histoire
à la fiction en s'inspirant de Rigaut de Barbezieux et en
ajoutant de nombreux chevaliers dans ses romans arthuriens.
Ces chevaliers combattent à la place d'Arthur, celui-ci
occupant un role de plus en plus passif. Quand à Merlin,
Chrétien de Troyes semble l'avoir oublié dans ses textes
:
- Vers 1170, Chrétien de Troyes écrit "Erec et Enide" : De
nombreux nouveaux personnages (dont Lancelot) apparaissent
autour du roi Arthur dont la cour est, ici, à Caradigan
/ Cardigan. Ce sont souvent des héros (ou mêmes des divinités)
tirées d'autres contes celtiques :
-Girflet fils de Do (= Gilvaethwy fils de la déesse
Don dans le "Mabinogion").
-Yder fils de Nut, amant de la reine (= Edeyrn
fils de Nudd dans le conte gallois de "Kulhwch et Olwen",
Edeyrn étant le Saint Edern de Bretagne Armoricaine
et Nudd étant le dieu Nuada d'Irlande).
-Guigomar, seigneur de l'ile d'Avalon et amant
de la fée Morgue (= Guyomard, amant de Morgane = Guingamor,
amant d'une fée selon le conte armoricain "La chasse au blanc
porc").
-Maheloas seigneur de l'Ile de verre (= Maelwas
de la "Ville de verre")..
-Morgue la fée guérisseuse (= Morgane,
qui apparait ici pour le première fois en tant que
soeur d'Arthur).
- Vers 1176-1183, Chrétien de Troyes écrit "Lancelot, le chevalier
à la charette" (Roman inachevé) : Pour la 1ère fois il est
dit qu'Arthur siège à Camelot (= Cadbury, dans le Somerset,
prés du village de Camel ?... ou Camulodunum / Colchester
dans l'Essex ?). Sa femme Guenièvre a été enlevée par Meleagant
de Bath au Somerset, seigneur du royaume de Voirre (= "Maheloas
de l'ile de verre" au Somerset ). Lancelot qui est amoureux
d'elle ira la délivrer avec Gauvain.
(Godefroi de Leigni écrira une suite à ce texte,
et il fera de Bath la capitale du Royaume de Gorre ... c'est
à dire du "Royaume de verre" puisque "Gutr"
signifie "verre".)
- Vers 1178-1181, Chrétien de Troyes écrit "Yvain, le chevalier
au lion".
Cet Yvain, fils d'Urien et de Morgane, n'est autre que Owein
/ Ewen (590-595) fils d'Urien de Rheged (570- 590) et père
de Saint Kentigern de Glasgow (vers 540-612). Urien et Owein
étaient des personnages historiques et le célèbre
barde Taliesin était à leur service. Selon la
triade galloise 70, la mère d'Owein était Modron
fille d'Avallach. Cela prouve donc bien que Modron est le
nom gallois de Morgane.
Dans ce livre, Chrétien de Troyes cite la forêt de Brocéliande
et sa fontaine de Barenton ("Barenton" vient de
"Balenton" qui dérive de "Bel-Nemeton,
le "sanctuaire du dieu Belenos").
On notera qu'il existe une version galloise de cette histoire
: "Owein ou La dame à la fontaine".
- Vers 1181-1191, Chrétien de Troyes écrit "Perceval / Le
conte del Graal" (Roman inachevé). Il prétendait que
son roman s'inspirait d'un texte que lui avait remis le comte
Philippe de Flandre ("C'est le Conte du Graal, dont le comte Philippe lui a confié le livre").
Ce livre parle d'UN graal, d'une lance qui saigne et d'un tailloir
en argent qui se trouvent dans le chateau du roi pêcheur (ou méhaigné /
blessé). Ce Graal, concept repris à Rigaut de
Barbezieux, est alors représenté comme un plat
sur lequel est posée l'hostie servant à maintenir
en vie le roi pêcheur. D'ailleurs, les plus anciennes
représentations graphiques du Graal, au13ème
siècle (-
voir ici -) lui donnent la forme d'un plat (peut-être
une sorte d'écuelle trés large comme en utilisaient
les Gallois). "Graal", "grasal" ou "gradal"
("gréaux" au pluriel) désigne alors
une sorte de large plat creux à viande :
"... un valet de chambre
vint, qui tenait une lance brillante, empoignée par
le milieu. Il passa à côté du feu et de
ceux qui étaient assis. Il coulait une goutte de sang
de la pointe du fer de lance et jusqu'à la main du
valet coulait cette goutte vermeille. Le jeune hôte
(Perceval) voit la merveille et se roidit pour n'en point
demander le sens. C'est qu'il se souvient des paroles de son
maître en chevalerie. Ne lui a-t-il pas enseigné
que jamais il ne faut trop parler ? Poser des questions c'est
une vilenie. Il ne dit mot.
Deux valets s'en viennent alors, tenant en main des chandeliers
d'or fin œuvré en nielle. Très beaux hommes
étaient ces valets qui portaient les chandeliers. A
chaque chandelier brûlaient dix chandelles à
tout le moins. Une demoiselle très belle, et élancée
et bien parée qui avec les valets venait, tenait un Graal entre ses mains. Quand en la salle elle fut entrée
avec le Graal qu'elle tenait, une si grande lumière
en vint que les chandelles en perdirent leur clarté
comme les étoiles quand se lève le soleil ou
la lune. Derrière elle une autre pucelle apportait
un tailloir (plat) d'argent. Le Graal qui allait devant était
fait de l'or le plus pur. Des pierres y étaient serties,
pierres de maintes espèces, des plus riches et des
plus précieuses qui soient en la mer ou sur terre.Tout ain si que passa la lance devant le lit, passèrent les demoiselles pour diaparaitre dans une autre chambre. Perceval vit leur cortège et, fidèle à la leçon du sage prud'homme, n'osa demander qui l'on servait de ce Graal ."
Dans ce roman, l'épée Escalibor est portée
par Gawain (Gauvain) :
"A sa ceinture était
accrochée Excalibor, la plus belle épée
qui existe, tranchant autant le fer que le bois."
- Robert de Boron écrit "Joseph d'Arimathie" / "Estoire dou Graal" vers 1190-1199, ou il reparle de
Merlin (celui qui est né d'une vierge). C'est lui qui confie
Arthur enfant à Antor. C'est lui aussi qui dirige la
table ronde et envoit les chevaliers chercher le Graal en
Avalon, ce qui permettrait au roi pêcheur de mourir
en paix. Cette fois le Graal est décrit comme étant l'écuelle
ou le calice de la Cène, dans lequel Joseph d'Arimathie aurait
recueilli le sang du Christ pour le transporter ensuite dans les vaux d'Avaron. Seul Galaad, le fils de Lancelot,
arrivera à voir ce qu'il y a dedans.
Dans ce livre est introduit le personnage de Blaise qui est
le confesseur de la mère de Merlin.
- En 1191, une tombe aurait été
retrouvée à Glastonbury et on l'identifia comme étant celle
d'Arthur et de sa femme Guenièvre (nouvelle tentative pour
identifier Glastonbury / Glassenbury avec Avalon et au "royaume
de verre"). En fait cette pseudo-découverte permettait
surtout au roi d'Angleterre de montrer aux Gallois qu'Arthur
était bien mort et qu'il ne reviendrait jamais chasser les
Anglais de leur ile. On prétend que l'épitaphe
disait ceci :
"Ici gît le célèbre
roi Arthur, enseveli avec Wenneveria (Guenièvre), sa seconde
femme, dans l'île d'Avalonia."
- Vers 1160 -1200, le "Breuddwyd Rhonabwy" ("Le
rêve de Rhonabwy") inséré dans le
"Livre rouge de Hergest", décrit Arthur jouant
au jeu de jeu de Gwyddbwyll avec Owain mab Urien (Yvain). L'épée d'Arthur
est décrite mais son nom n'est pas indiqué .
"Puis ils ont entendu Cadwr
comte de Cornouailles se faire convoquer, et l'ont vu se
lever avec l'épée d'Arthur dans sa main, avec
un ornement représentant deux chimères sur le
pommeau d'or..."
- Vers 1193, Ulrich von Zatzikhoven écrit "Lanzelet", adaptation
d'un "livre francais" que lui a montré Hugues
de Morville. Ici, le roi Arthur n'est plus évoqué mais on
retrouve une île ronde en cristal (= l'île de
verre). On apprend que la "Dame du Lac" a enlevé
Lancelot enfant pour l'élever dans un chateau sous-marin où
elle règne sur 10000 femmes. Plus tard elle le chargera
d'aller défendre son fils Mabuz. Ce dernier peut être
identifié à Mabon fils de Modron (Maponus fils
de Matrona), Modron étant elle-même identifiable
à Morgane. Quand à la femme d'Arthur, elle a
été enlevée par un certain Falerin et
a été délivrée grace à
Madruc/ Malduc et Tristan (Ici Lancelot n'apparait pas comme
étant amoureux d'elle).
- Vers 1195 et 1200, le pseudo-Wauchier
écrit une première continuation au "Conte del Graal"
de Chrétien de Troyes, où il explique que le Graal
est une sorte de corne d'abondance qui vole dans les airs en servant les convives :
"Monseigneur Gauvain vit entrer par une porte le précieux Graal qui servait le pain : il le déposait rapidement de tous côtés devant les chevaliers. La fonction du bouteiller était de servir le vin; le Graal le versait dans de grandes coupes en or dont il garnissait les tables. Dés qu'il les eut procurées, il posa l'autre mets sans plus tarder sur toutes les tables sans exception, dans de grands plats en argent. Monseigneur Gauvain observait tout cela, mais n'en revenait pas de voir le Graal les servir. Il était complètemenr ahuri de ne voir aucun serviteur et n'osait manger en confiance..."
Mais Gauvain échoue a en percer le secret car il s'endort au moment crucial où on va le lui expliquer.
- Vers 1200, Robert Biket. écrit
le "Lai du cor", où l'on voit une coupe magique
démontrer que, parmi tous les chevaliers d'Arthur,
seul Garadue (Caradoc) a une femme fidèle.
- Vers 1191-1212, des Clunisiens écrivent
"Perlesvaut" ou "Li Hauz Livres du Graal",
qui présente une suite assez spéciale aux aventures
de Lancelot. Au cours d’une messe, le Graal y apparaît
"en cinq formes différentes
que l’on ne doit pas dire, car il ne faut pas dire les
choses secrètes des sacrements".
Quand à Arthur, il a ici un fils, Lohot (Loholt), qui
sera tué par Kay.
- Layamon écrit sa version du "Roman de Brut" (vers 1203)
ou il donne le nom d'Argante à la fée qui soigne Arthur en
Avalon.
- Vers 1203 - 1204, Wolfram von Eschenbach écrit "Parzival",
oeuvre qu'il prétend inspirée d'un auteur provençal
appelé "Kyot" ( Guiot) mais qui contient
des passages repris à Chrétien de Troyes. Dedans
il explique que le Graal a été taillé dans une émeraude tombée
du front de Lucifer. Cette pierre porte le nom de "Lapsit
exillis", ce qui peut signifier "Lapis coelis"
(pierre venu du ciel) ou "Lapis Elixir" (ce qui
peut désigner la pierre philosophale). Cette pierre
fournit la "nourriture spirituelle" et permet de
prolonger la vie :
"C'est par la vertu de
cette pierre que le phénix se consume et devient cendres,
mais il renait de ses cendres. C'est grace à cette
pierre que le phénix accomplit sa mue pour resplendir
ensuite aussi beau qu'auparavant." (Allusion à la résurrection de Jésus).
Selon Wolfram von Eschenbach, le Graal est gardé par les Templiers
à Munsalwäsche / Montsalvage. En fait ces prétendus
"Templiers" sont plus exactement des "Templistes"
(Templeise) si on traduit correctement le mot allemand. Et
le Montsalvage est le "Mont sauvage" et non pas
le Montségur des Cathares. Montsalvage n'étant
que la traduction du nom de la ville de Wildenberg où
Wolfram écrivait (Plus tard, Wagner reprendra ce nom
sous la forme "Monsalvat").
Dans ce texte (où certains croient voir une influence
manichéenne), la messagère du Graal est la sorcière
Kundry. Quand à la fée "Terdelaschoye"
du pays de "Feimurgan", ce n'est autre que la "fée
Morgane" de la "Terre de la joie".
- Vers 1190 - 1210 (ou 1210 - 1220)
, Païen de Maisières écrit "La Demoiselle
à la mule / La Mule sans frein", un roman dont
le chevalier Gauvain est le héro. La "Demoiselle
à la mule" de ce récit n'est autre que
la messagère du Graal.
- Vers 1205 - 1210, Wauchier de Denain
écrit une 2ème continuation au "Conte del Graal"
de Chrétien de Troyes. Perceval y perce le secret du Graal : Celui-ci est le récipient qui a recueilli de sang de Jésus. Perceval rencontre
également la "fille à l'échiquier", la messagère
du Graal. (On remarque une possible influence manichéenne dans
ce texte).
- Vers 1205-1210, Gottfried von Strassburg écrit "Tristan
und Isolde".
- Vers 1205-1212, Robert de Boron écrit le "Didot-Perceval"
/ "Perceval en prose" où il est affirmé
que le père de Merlin était un enquibède
(incube). Il est dit aussi qu'à la fin de sa vie Merlin
s'est retire du monde avec son maitre l'ermite Blaise (Bleidd
en gallois et Bleizh en breton = "loup". Ce nom vient probablement
du loup gris qui accompagnait Merlin dans sa retraite forestière
selon la "Vita Merlinis"). C'est ce Blaise qui a écrit les
textes que lui dictait Merlin.
On apprend que le roi pêcheur serait Bron, le grand-père de
Perceval et qu'il était tombé en léthargie car son petit-fils
s'était assis sur le "siège périlleux", commettant ainsi un
sacrilège .
On apprend aussi qu'aprés sa mort, Arthur a été emporté sur
l'ile d'Avalon par Morgane (il aurait été tué à 76 ans à la
bataille de Camlann) :
"La bataille a duré
un temps très long et beaucoup de bons chevaliers y
sont morts, mais de tout ceux qui y sont décédé
le livre ne parle pas, mais je peux vous dire en vérité
que Mordret a été tué là-bas ainsi
que le roi des Saxons qui lui avait donné refuge. Et
le roi Arthur a été également blessé
mortellement, car il a été transpercé
dans la poitrine par une lance, et alors on a fait une grande
lamentation autour de lui. Et Arthur a dit: 'Cessez vos larmes
car je ne mourrai pas. Je vais partir à Avalon pour
que mes blessures soient soignées par Morgain, ma sœur'.
Ainsi, Arthur est parti en Avalon et il dit à son peuple
qu'il fallait l'attendre car il reviendrait."
- Vers 1210, dans le "Roman de
Yder", il est dit que Yder (Ysdernus / Edern fils de
Nudd / Saint Edern) est l'amant de la reine Guenloïe,
femme d'Arthur.
- Vers 1200-1230 est écrit "Meriadeuc
ou le Chevalier as deus espees".
- Raoul de Houdenc / Houdan (1165-1230)
écrit la "Vengeance Raguidel" et "Méraugis
de Portlesguez".
- Vers 1215-1240 est écrite la "Vulgate Lancelot / Lancelot
en prose / Lancelot-Graal" qui regroupe "Lancelot du Lac" (1215-1225), "La quête du Saint Graal" (1225-1230) et "La
mort le roi Artu" (1230), l'"Estoire del Saint-Graal" (1230-1240) et "l'Estoire de Merlin / Vulgate Merlin" (1230-1240).
Ce cycle est un monument de 8000 pages, écrit en francais
vulgaire et non en latin. Il est parfois considéré comme la
traduction en prose d'un original latin du à Gautier Map (1137-1209).
Mais c'est plus probablement une oeuvre collective faisant
la synthèse de tous les romans arthuriens antérieurs.
On y découvre Galaad, le fils de Lancelot, et on y
retrouve le chevalier Girflet fils de Do, c'est à dire
le gallois Gilvaethwy fils de Dôn (= la déesse
irlandaise Dana) ainsi que le chapalu, un chat monstrueux
qu'Arthur tue prés de Genève. .
Merlin y réapparait également (le fils du diable et
d'une vierge). Dans sa prophétie, le combat des deux dragons
ne symbolise plus la victoire des Anglo-Saxons sur les Bretons
mais celle d'Uther sur Vortigern. On apprend que Uther est
né à Bourges et qu'il a combattu le roi Claudas de Bourges
(ce qui pourrait le faire identifier à Riothamus).
Plus tard, Merlin fait couronner Arthur, crée les chevaliers
de la table ronde et les envoit chercher le Graal (assiette
dans laquelle Jésus a mangé).
Finalement Merlin sera enfermé dans une tour d'air par la
fée Uiuiane (Viviane / Niniane / Nymenche / Uimaine / Uimiane
/ Uiane), la dame du lac dont il était amoureux. Cette Niniane
était la fille de Dyonas, le filleul de Diane, la déesse
des forêts. Niniane était aussi la mère adoptive
de Lancelot et de ses cousins Lyonnel et Boort, et elle régnait
sur le "Lac de Diane" dans la forêt de Briosque.
Il est possible que cette Niniane ait été inspirée
de Nyfaim / Nyven / Nevyn / Nefyn / Nyuein, la mère
d'Urien Rheged, ou de Nemain / Neman, une déesse irlandaise
de la guerre et de la mort. Cette dernière était
parfois insérée dans une triade de déesses
guerrières : Les soeurs Morrigan, Badb et Macha (Nemain
prenant alors la place de Macha)..
Quand à Morgane elle est ici l'épouse d'Urien et la
mère d'Yvain (ce qui l'identifie donc bien à
Modron)... mais elle commence à devenir malfaisante envers
Arthur et son épouse (qui s'était opposée à son amour avec
le chevalier Guyomard). Aprés sa mort lors de la bataille
de Salesbière (Salisbury), Morgane emportera le corps
d'Arthur sur l'ile d'Avalon.
En ce qui concerne l'épée d'Arthur, elle sera
saisie par une main surgie de l'eau lorsque celui-ci, mortellemebt
blessé à la bataille de Salesbières,
la fera jeter dans un lac par Girflet.
On notera qu'ici Mordred est décrit comme étant
le fils incestueux d'Arthur avec Morgane, cette dernière
étant sa propre soeur.
- Vers 1225, Manessier écrit
une 3ème continuation au "Conte del Graal" de Chrétien
de Troyes. Celle-ci termine la 2ème continuation de
Wauchier. On y découvre que la lance qui saigne est celle qui a frappé le flanc de Jésus lors de la passion. (On remarque encore une possible influence manichéenne
dans ce texte).
- Vers 1220-1230, le "Roman de Durmart" raconte
que la femme d'Artus a été enlevée par
le géant Carados qui l'a livrée à Mardoc
(Mordret); Elle sera délivrée par les chevaliers
Galvagin, Galvariun, Kel et Yder. (C'est la scène qui
est reproduite dans la cathédrale de
Modène et que certains datent de vers 1250 plutôt que
de vers 1100 -1140).
- Vers 1220-1230 est écrit le
"Cycle Post-Vulgate" / "Suite Post-Vulgate"
/ "Roman du Graal" qui reprend les histoires de
la "Vulgate-Lancelot". Ce livre est divisé
en "L’Estoire del Saint Grail", "L’Estoire
de Merlin", "La Queste del Saint Graal" et
"La Mort Artu".
- Vers 1226 - 1230, Gerbert de Montreuil écrit une
quatrième continuation au "Conte del Graal" de Chrétien
de Troyes. Il explique que c'est la mort qui a interrompu Chrétien de Troyes dans son écriture du Conte du Graal.
- Vers 1230 est écrit le "Tristan
en prose", qui est encore plus long que le "Lancelot
en prose".
- Vers 1230, Heinrich von dem Türlin
écrit "Diu Crône" ("La Couronne")
. Il y racontre que c'est Gauvain (et non Galaad) qui a découvert
le Graal (Histoire inspirée de "La Demoiselle
à la Mule"). Et ici c'est un certain Gasozein
qui enlève la reine Guenièvre.
- Vers 1230, la Chronique latine d'Hélinand de Froidmont dit ceci sur le Graal :
"(Il est) appelé gradalis ou gradale en français, est un plat à sauce large et assez profond dans lequel la nourriture raffinée est présentée de façon cérémonielle, en différentes couches, en gradin (gradatim). Les gens du peuple l'appellent greal car il agréé". Il est fait d'argent ou d'un autre métal précieux afin de mettre en valeur son coûteux contenu".
- Dans la "Suite de Merlin" / Huth-Merlin (vers 1230 -1234
ou 1235-1240) qui continue le "Cycle post-Vulgate", on reparle
de Blaise, confesseur de la mère de Merlin, puis ami et biographe
de Merlin. On reparle aussi de Balain qui a blessé Pellehan
le roi pêcheur. On dit également que la dame
du lac, la chasseresse Niviène (= "Céleste", identifiable
à la déesse Diane) a donné l'épée
Escalibor à Arthur et qu'elle a protégé
celui-ci contre Morgane qui voulait le faire périr (Niviène
et Morgane étaient les élèves en magie
de Merlin). Mais c'est Niviène aussi qui a enfermé
Merlin sous une pierre tombale.
Le "Chapelu" , un chat monstrueux tué par
Arthur en Suisse, est également cité (c'était,
à l'origine, l'un des trois fléaux de Môn
/ Anglesey). Mais le "Livre Noir de Carmarthen", au 13ème
siècle, prétend que c'est Kei, le sénéchal
d'Arthur, qui l'aurait tué.
- Dans son "Gesta Regum Britanniae"
(vers 1235-1254), Guillaume de Rennes décrit une princesse
puissante (Morgane) assistée par neuf jeunes filles
vivant dans l'ile d'Avalon où Arthur blessé
vient se faire soigner.
- Vers le milieu du 13ème siècle un anonyme
écrit l' "Atre périlleux".
- En 1270 Richard d’Irlande traduit les "Prophécies de Merlin".
- Vers 1260 -1300, un certains Jean écrit
"Les Merveilles de Rigomer".
- Vers 1325 est écrit le "Livre
blanc de Rhydderch" (Llyfr Gwyn Rhydderch) qui contient quelques "Triades de l'Île
de Bretagne" (Trioedd Ynys Prydein) et quelques textes arthuriens gallois dont "Kulhwch et Olwen".
On y trouve aussi "Gereint et Enid" qui s'inspire d'"Erec et Enide" de Chrétien de Troyes. Arthur y apparait
avec le titre d'amherawdyr, c'est à dire de chef d'armée
ou d'empereur au sens militaire. Le prince Geraint (Gerontius
/ Guerec du Devon, ou Erec / Guerec / Waroc du Vannetais), bien que vivant au 8ème siècle, a été
intégré parmi les personnages des romans arthuriens.
On y trouve aussi "Owain, ou la dame à la fontaine" (1200-1225) inspiré de "Yvain, le chevalier au lion" de Chrétien de Troyes.
On y trouve aussi
"L'histoire de Peredur fils d'Evrawc". On y voit Peredur (Perceval) rencontrant un roi boiteux et un cortège
portant une lance et une tête coupée posée
sur un plat (= le Graal) :
"... Là-dessus,
il pouvait voir deux jeunes hommes entrant dans la salle,
et avec eux il y avait une lance de grande taille, et trois
ruisseaux de sang qui s'en écoulaient. de la pointe
au sol ... L'homme ne dit pas à Peredur ce que c'était,
et celui-ci ne le lui demanda pas. Quand la rumeur se fut
calmée, voici deux jeunes filles qui arrivent, avec
un grand plateau entre elles, avec dedans la tête d'un
homme baignant dans du sang."
Peredur rencontre aussi une femme
sur une mule (c'est la messagère du Graal) qui lui
apprend que cet homme décapité et ce roi blessé
ont été les victimes des neuf sorcières
de Kaer Loyw (Gloucester). Et il lui est demandé de
les venger.
Peut-être s'agit-il là de la version primitive
de l'histoire du Graal et non pas d'une adaptation galloise
tardive du "Perceval" de Chrétien de Troyes ?
On remarquera cependant que, dans la plus ancienne version
de "Peredur fils d'Evrawc" (insérée
dans le manuscrit "MS.Peniarth 7") datant de la
fin du XIIIème siècle, ce passage de la lance
et de la tête coupée n'existe pas encore.
- Dans son livre "Polychronicon",
Ranuph Higden (1299-1363) reprend Girald de Cambrie et distingue
deux Merlin différents :
"...Car on prétend
qu’il y eut deux Merlin, l’un appelé Ambroise,
engendré par un démon à Kaermerthyn,
en Démécie, au temps de Vortigern. Il lança
ses oracles en Snawdonie, aux sources du fleuve Conwy sur
les pentes du Mont Eryry (Dinas Embreiz, comme je l’ai
appris, signifie Colline d’Ambroise), sur la rive, quand
le roitelet Vortigern vint s’asseoir plein d’inquiétude.
Un autre Merlin est d’Albanie qui maintenant est l’Écosse.
Il porte deux noms, Sauvage et Calédonien, à
cause de la forêt de Calydon où il débita
ses prophéties. Il fut appelé Sauvage, parce
qu’au milieu d’une bataille, voyant un monstre
dans l’air, il perdit l’esprit et s’enfuit
à la hâte dans la forêt, au temps du roi
Arthur ; il prophétisa plus clairement que Merlin Ambroise."
- Vers 1330 est écrit "Sir Percival of
Galles" en anglais.
- Vers 1330-1344, le livre "Perceforest" mèle
l'histoire de Perceval avec le conte de la Belle au bois dormant.
- Vers 1340 est écrit le "Hanes Taliessin" ("Histoire de Taliesin").
- Vers 1370 (ou 1375-1400) est écrit "Sir Gawain and the green
Knight" ("Sire Gauvain et le chevalier vert"). Ici, le chevalier
vert combattu par Gawain est une créature envoyée
par Morgane pour effrayer Arthur et son épouse.
- Dans le "Livre Rouge de Hergest"
(1382-1410 ou 1375-1425) se trouve le "Dialogue de Merlin et de sa soeur Gwenddydd". Ici
Merlin est appelé Llallogan, qui est à rapprocher
du nom "Lailoken" cité dans la "Vie
de Saint Kentigern".
Dans le même livre est inséré le poème
"Chant de Merlin dans son tombeau". Ici Merlin est
reconnu comme le fils de Morfryn, ce qui est a rapprocher
du Merlin fils de Madawg Morvryn de la triade 101. Et
selon les "Iolo manuscripts", contenant des traditions orales
mises par écrit par iolo Morganawe au 18ème siècle, Merlin
était le fils d'un certain Morydd.
Le livre contient aussi
quelques "Triades de l'Île
de Bretagne" (Trioedd Ynys Prydein).
- A partir du manuscrit Peniarth MS 50 (vers 1445) on trouve des "Triades de l'Île
de Bretagne" qui parlent de Merlin et Arthur...
La 5ème triade
du "Livre rouge" parle de la chute de Vortigern
:
"Et à la fin Uthur
(Uter) et Emrys (Ambroise Aurélien) on brûlé
Gwrtheyrn (Vortigern) dans le chateau de Gwerthrynyawn, à
côté de la Wye, dans un incendie afin de venger
leur frère."
Elle parle aussi de la bataille de Camlann :
"C'est alors qu'eu lieu
la bataille de Camlan entre Arthur et Medrawd (Mordret), où
il fut blessé à mort. Et de cette blessure il
mourut et fut enterré dans l'île d'Afallach."
La 13ème triade
du "Livre rouge" parle de la guerre entre Arthur
et Mordret :
"... quand Medrawd (Mordret)
vint ravager la cour d'Arthur à Celliwig en Cornouaille,
il ne laissa ni nourriture ni boisson dans la cour qu'il ne
consomma. Et il entraîna Gwenhwyfar (Guenièvre)
de sa chaise royale, et porta un coup sur elle. La deuxième
ravage eu lieu lorsque Arthur vint à la cour de Medrawd.
Il n'y laissa ni nourriture ni boisson."
Selon la triade n° 101, les trois principaux bardes furent
:
- Merddin Emrys (= Merlin Ambroise).
- Merddin fils de Madawg Morvryn (= Llailoken, le fou des
bois).
-Taliesin, le chef des bardes.
Selon la triade n° 113, Merlin Ambroise serait mystérieusement
disparu en mer alors qu'il était parti chercher la "maison
de verre" :
"...Merddyn (Merlin), le
barde d'Emrys Wledig (Ambroise) et ses neuf bardes Cylveirdds,
qui se dirigèrent par mer vers la Maison de Verre (Ty
Gwydrin) : on n'entendit jamais dire où ils étaient
allés."Cette maison de verre correspond probablement à la
"Tour de verre", c'est à dire à Avalon,
le pays des morts. On peut aussi la rapprocher de Tor-iniz
("L'île de la tour") où vivaient les
terribles géants Fomores et où on a retrouvé
les restes d'une ancienne tour vitrifiée (c'est l'île
Tory, au nord-ouest de l'Irlande).
(Note : Selon les lolo Manuscripts, les treize objets merveilleux de l'île de Bretagne auraient été emportés par Myrddin dans cette maison de Verre).
Selon la triade n°52, Arthur aurait été emprisonné par un
certain Gwen Pendragon :
"... et le prisonnier le
plus célèbre des trois a passé trois
nuits en prison à Caer Oeth ac Anoeth (Agned ?), trois nuits
emprisonné par Gwen Pendragon, trois nuit dans une
prison enchantée sous la pierre du Echymeint (Llech
Echemeint). Ce prisonnier célèbre était
Arthur. Et
ce fut le même qui l'a libéré de chacune
de ces trois prisons : Goreu, le fils de Kustennin, son cousin."
.
Caer Oeth ac Anoeth (forteresse de la terre fertile et de la
terre inculte) était une prison construite par le dieu
Mawyddan ab Llyr avec les ossements des soldats romains
tués par Caradawc ab Bran. Elle était réservée
aux traitres et aux envahisseurs (Mabon, le fils de Modron,
y avait aussi été enfermé).
Selon la triade 71, ses trois cours
étaient à Mynyw (St David), Kelliwig (Gelliweg
/ Egloshayle) et Penryn Rhionedd (Glasgow):
"Les trois sièges
tribaux de la (Grande-)Bretagne sont : A Mynyw, Arthur est
le chef des rois, Dewi (David) est le chef des évèques,
Maelgwn est le chef des anciens. A Kelliwic en Cornouailles,
Arthur est le chef des rois, Beedwini est le chef des évèques,
Karadawc Vreichfras est le chef des anciens. A Penryn Rionnyd
dans le nord, Arthur est le chef des rois, Kendeyrn Garthwysest
le chef des évèques, gwrthwmwl Wledig est le
chef des anciens.
Selon la triade n°22, Arthur avait
trois maîtresses :
"Et les Trois Maitresses était celles-ci :
Indeg (Indec) fille de Garwy le Grand,
Et Garwen fille d'Henin le Vieux,
Et Gwyl de Gendawd."
Selon la triade 57, il y aurait eu trois Gwennhwyfar (influence des trois déesses d'Avalon ?) :
"Les Trois Grandes Reines d'Arthur :
Gwennhwyfar fille de Cywryd Gwent
Et Gwenhwyfar fille de Gwythyr fils de Greidiawl ;
Et Gwenhwyfar fille de Gogfran le Géant."
Les triades 53 et 84 citent une certaine Gwenhwyfach (Gwenhwyvach /Gwenhwywach / Guinevak) :
"Le second (coup douloureux) fut donné par Gwenhwyfach à Gwenhyfar : et pour cela il eut lieu ensuite la Bataille de Camlan."
"Et la troisième (bataille futile) fut la pire : ce fut Camlan, qui fut causée par une querelle entre Gwenhwyfar et Gwenhwyfach."
Ce personnage est probablement la source de la "fausse Guenièvre" qu'on trouve dans certains romans arthuriens (Gwenhwyfawr = La grande Gwenhwy et Gwenhwyfach = la petite / fausse Gwennhwy). Dans le "Mabinogi de Culhwch et Olwen" on l'appelle Gwenhwyach.
- Vers 1450, en Bretagne armoricaine, est
écrit le texte "Dialogue entre Arzur et Guinglaff".
On y voit le roi Arthur interroger un prophète aveugle
vivant dans les bois et portant le nom de Guinglaff / Gwenc'hlan.
Au XIXème siècle, la tradition populaire bretonne
conservera le souvenir de ce personnage qu'elle apellera Warc'hlan
et qu'elle identifiera à Merlin. Selon elle, il vivait
au sommet du mont Menez Bré sous lequel il finira par
aller se réfugier. Il y vivrait toujours, caché
loin des regards.
- En 1467, le livre "Usemens et
Coustumes de la foret de Brecilien" reprend le texte
de Wace décrivant la forêt de Brocéliande
:
"... il y a une fontayne
nommée la fontayne de Bellenton, auprès de laquelle
fontayne le bon chevalier Ponthus fist ses armes, ainsi que
on peult le voir par le livre qui de ce fut composé."
- Vers 1469, Sir Thomas Malory écrit "la morte d'Arthus".
Il explique que le roi pêcheur qui garde le Graal s'appelle
Pellam et qu'il a été blessé par Balin, le chevalier aux deux
épées . Ce dernier avait été banni par Arthur
pour avoir décapité la 1ère dame du lac (qui voulait sa tête
et celle de l'envoyée de Morgane d'Avalon).
On apprend que l'épée Excalibur avait été donnée par cette
1ère dame du lac à Arthur pour remplacer l'épée Caliburn qu'il
avait cassée. Après la bataille, de Camlann, Arthur
mortellement blessé, demandera à Bedivere (Beedwir)
de jetter Excalibur à l'eau pour que la nouvelle "Dame
du Lac" (Nimue / Nenive / Viviane) la récupère
:
"... Par conséquent,
a déclaré Arthur à Bédivère,
prends Excalibur, ma bonne épée, et va avec
elle là-bas à côté de l'eau, et
quand tu seras là je te charge de jeter mon épée
dans l'eau, et reviens me dire ce que tu as vu. 'Mon seigneur',
dit Bédivère, 'ton ordre sera suivi''.
Alors Bédivère parti, et comme il regardait
cette noble épée, voyant que le pommeau et le
manche étaient tout de pierres précieuses, alors
il se dit : 'Si je jette cette riche épée riche
dans l'eau, ceci sera un préjudice et une perte. Alors
Bédivère cacha Excalibur sous un arbre. Et donc,
dès qu'il le pût, il est revenu vers le roi,
et lui dit qu'il avait avait jeté l'épée
dans l'eau.
'Qu'est-ce que tu vis alors ?' dit le roi. 'Monsieur', dit-il,
' je n'ai rien vu à part les vagues et les vents'.
'C'est indigne de toi', dit le roi', donc tu vas retourner,
et obéir à mon commandement'.
Alors Bédivère est à nouveau reparti,
et prit l'épée dans sa main. Mais à la
pensée du péché et de la honte de jeter
cette noble épée, il la cacha, et revint de
nouveau. Il dit au roi qu'il avait été à
l'eau, et obéi à son ordre.
'Qu'est-ce que tu vis alors ?' dit le roi. 'Monsieur', dit-il,'
je n'ai rien vu à part les eaux et les vagues'.
'Ah, traître', dit le roi Arthur, 'maintenant tu m'as
trahi à deux reprises. Qui aurait cru cela de toi qui
m'es si cher ? On te dit noble chevalier, et tu me trahirais
pour la richesse d'une épée ? Mais maintenant
tu vas retourner, car ma vie est en grand danger, car j'ai
pris froid. Et si tu ne fais pas maintenant ce que je te dis,
si jamais je te vois, je te tuerai de mes propres mains, car
tu veux que ma riche épée riche me voit mort.'
Puis Bédivère se retira, et alla avec l'épée,
et se rendit à côté de l'eau, et il y
lia une ceinture à la poignée, puis il a jeté
l'épée aussi loin qu'il le pouvait dans l'eau,
et il vit un bras et une main surgis au-dessus de l'eau. Et
cette main a attrapé, et a secoué trois fois
l'épée en la brandissant. Puis la main avec
l'épée a disparu dans l'eau. Alors Bédivère
revint vers le roi, et lui dit ce qu'il avait vu.
'Hélas', dit alors le
roi, 'aidez-moi donc, car j'ai peur de tarder plus longtemps'. Alors Bedivere prit le roi sur
les épaules et marcha vers les rives du lac...."
Etrangement, cette histoire d'épée jetée
à l'eau pour que son possesseur puisse mourir en paix
se retrouve dans la mythologie des Ossètes du Caucase,
à propos de leur héro Batraz :
"... 'Je ne pourrai mourir
tant que mon épée n'aura pas été
jetée à la mer : ainsi en a décidé
le destin.' Les Nartes sont â nouveau désolés
car ils ne savent pas comment s'y prendre. Ils s'en sortent
par un
mensonge et déclarent à Batraz qu'il est temps
pour lui de mourir car son épée a été
jetée à la mer. ‘Quels prodiges avez-vous
vus quand mon épée est tombée dans l'eau
de la mer ?' leur demande-t-il. 'Aucun’ répondent
les Nartes. 'C'est donc que mon épée n'est pas
jetée â la mer ; autrement, vous auriez vu des
prodiges.' Les Nartes se résignent. Grâce â
un attelage de plusieurs milliers d'animaux, ils parviennent
à traîner l'épée jusqu'à
la côte puis la jettent à la mer. Aussitôt
s'élevèrent vagues et ouragans, la mer bouillonna
puis devint couleur de sang. Les Nartes étaient dans
une joie et un étonnement sans bornes. Ils coururent
raconter à Batraz ce qu'ils avaient vu ; convaincu,
il rendit le dernier soupir."
Une fois l'épée disparue, le corps d'Arthur
sera emporté à Avalon par Morgane :
"...Quand ils furent arrivés,
une petite barque se trouvait attachée près
du bord ; de belles dames y étaient installées,
et parmi elles était la reine, et toutes portaient
de noirs capuchons. Et toutes pleurèrent et crièrent
dès qu'elles aperçurent le roi Arthur.
'Maintenant, mets-moi dans la barque' dit le roi. Ainsi fit
le chevalier, avec douceur ; et là trois dames reçurent
le roi en grande peine. Elles l'allongèrent, et en
le giron de l'une d'elles il appuya sa tête. Alors la
reine dit : 'Hélas, mon frère ! Pourquoi avez-vous
tardé loin de moi ? Hélas, cette blessure en
votre tête a pris grand froid.'
Elles se reprirent à ramer loin de terre, et Bedivere
vit les dames s'éloigner de lui. Alors le chevalier
pleura et dit : 'Oh! Arthur, mon seigneur, qu'adviendra-t-il
de moi, maintenant que vous vous en allez et me laissez ici,
au milieu de mes ennemis ?'
'Console-toi, dit le roi, et vis de ton mieux, car il n'y
a rien en moi sur quoi s'appuyer. Je dois me rendre en le
Val d'Avylyon, pour que guérissent mes blessures. Et
si tu n'entends plus parler de moi, prie pour mon âme'
(.....)
... Il fut emporté dans un navire dans un lequel il
y avait trois reines. L'une était la sœur du roi
Arthur, la reine Morgan (Morgane) la fée, l'autre était
la reine de Northgalis (Galles du nord); la
troisième était la reine du Wasteland (= "Terre
gaste", la terre inculte). Il y avait aussi Nimue (Viviane),
la dame du lac, qui avait épousé Pelléas
le bon chevalier..."
Il est dit que Morgane, reine
de la terre de Gorre, était mariée au roi Urien
de Gorre, c'est à dire en fait à Urien de Rheged.
et que son amant était Accolon de Gaule.
Quand à Merlin il s'était retiré au Northumberland
avec son maitre et biographe Bleise. Il disparaitra enfermé
sous une pierre (un dolmen) par Nimue (Viviane) dont il était
amoureux.
- Vers 1552, Elis Gruffudd écrit
une chronique du pays de Galles où il raconte une nouvelle
version de la mort d'Huail (Hueil) par Arthur :
"Kaw o' Brydain était
le nom d'un chef qui a régné sur Edeirnion en
Galles du Nord. Il avait deux fils, Gildas et Huail. Huail
was gwr gorhewg anllad 'cheeky and wanton'. Huail était
'gwr gorhewg' (insolent et destructeur). Il a obtenu la possession
d'une des maîtresses d'Arthur. Arthur est venu pour
espionner le couple, et un combat féroce a eu lieu
entre lui et Huail. Finalement Huail a blessé Arthur
au genou. Ils firent ensuite la paix, à condition qu'Huail
ne se moque jamais d'Arthur à cause de sa blessure.
Arthur est ensuite retourné à sa cour à
Caerwys, mais pour toujours, et il est resté légèrement
boiteux.
En une autre occasion Arthur a du s'habiller en femme afin
de visiter en secret une fille à Rhuthum. Huail, par
hasard, est venu aussi, et il a reconnu Arthur à cause
de sa boiterie, alors qu'il dansait avec les jeunes filles.
Ses mots furent : 'Cette danse était très bien
sauf en ce qui concerne le genou'. Arthur a entendus cela
et il a su qui avait parlé. Il est retourné
à sa cour et il a demandé qu'Huail soit amené
devant lui, et il lui reprocha amèrement son infidélité.
Huail a été amené à Rhuthun, où
Arthur lui fit couper la tête sur une pierre de la place
du marché, et celle-ci, à ce jour est connue
sous le nom de 'Maen Huail'."
Dans "Merlin le Sauvage" (Myrddin Wyllt), Elis reparle aussi de l'histoire de Merlin (Myrddin fils de Morfryn / Morvryn) avec sa sœur Gwendydd.
... Par la suite, lors que la Renaissance, les romans arthuriens
passeront de mode et on les oubliera peu à peu. Il
faudra attendre la période romantique, au XIXème
siècle, pour qu'on les sorte de l'oubli.
Note :
Pour ceux qui douteraient encore qu'Arthur ait pu être à l'origine
un homme historique, il faut savoir qu'on a retrouvé sous
le chateau de Tintagel (qui date du 13ème siècle) les restes
d'un chateau plus ancien dont une pierre portait une inscription
latine datant du 6ème siècle ap.JC. Cette inscription disait
ceci :
"PATERN(...) COLIAVI FICIT
ARTOGNOU COL(...) FICIT(...)"
Ce qui se traduit par :
"Arthur, père d'un descendant de Colus (Coel Hen
/ Coelius Senior), a construit ceci."
En spéculant sur les lettres et abbréviations
effacées, on a proposé cette autre traduction
:
"Arthur a érigé ceci en mémoire
de Colus, son grand-père."
Cela confirmerait donc qu'Arthur était
bien un personnage historique et que Tintagel était
bien une de ses forteresses. |