PAYS LÉGENDAIRES :



Le Venusberg (Mont de Vénus) :                                                     


Le mythe du Venusberg (Mont de Vénus) est apparu en Allemagne au moyen-age.

Mais, en fait, tout commence avec les auteurs romains qui indiquent qu’il existait un oracle dans les Appenins.

Ainsi, dans l’ "Historia Augusta" est rapporté un épisode sur Claude II le Goth qui, en 268 ap.JC, a consulté cet oracle :
"... De même, quand dans les Apennins il a demandé son avenir, il a reçu la réponse suivante … "  

Et dans la "Vie de Vitellius" Suétone a rapporté ceci :
"L'année 271 est mort Claude conformément avec ce que l'Oracle des Apennins avait dit."

Bien plus tard, les Italiens ont conservé la croyance en une Sibylle immortelle qui continuerait à vivre dans la montagne, bien longtemps après la fin de l’empire romain (Pourtant on dispose de la liste des dix Sibylles des Romains, et aucune ne vivait à cet endroit).

Ainsi, en 1391 ou 1410, l’Italien Andrea da Barberino, dans son "Guerino il Meschino", raconte qu’en l'an 824 , le chevalier errant Guerino s’est rendu chez la Sibylle appennine (ou Sibilla Picena) pour connaître l'identité de ses parents.
Cette Sybille "qui ne doit mourir qu’à la fin du monde et qui sait toutes les choses présentes et passées" vivait dans une grotte du mont Sibilla dans les Appenins, prés de Norcia. Pendant un an, le chevalier resta dans la grotte en résistant, de toutes ses forces, aux tentations de la Sybille qui tenta de le détourner du christianisme. Il partit ensuite à Rome pour recevoir l'absolution du pape.

Dans "Le paradis de la reine Sibilla" (1420 ou 1444), le français Antoine de la Sale (1385-1461) raconte son voyage en Italie, où il aurait trouvé l’entrée de la caverne de la sibylle dans la montagne (au Monte della Sibilla près de Norcia).
Antoine raconte qu’un certain Guerino aurait pénétrés jadis dans la grotte et aurait vécu un an chez la Reine Sibilla avec son écuyer. Il aurait découvert que, le samedi, tous les habitants de ce pays prennent des formes de bêtes, de serpents ou de scorpions, et les gardent jusqu’au lundi.
Selon Antoine, un chevalier allemand (probablement Hans Van Bamborg) aurait également visité cette grotte en 1338.

Ce mythe semble, en effet, avoir intéressé particulièrement les Allemands qui donnèrent, on ne sait pourquoi, le nom de "Mont de Vénus (Venusberg)" au lieu où aurait vécu cette sibylle considérée comme une sorcière. Peut-être avaient-ils retenu l’aspect érotique de l’aventure arrivée à Guerino ?
Ainsi Enea Silvio Piccolomini (le futur Pie II, 1458-1464) fut un jour consulté par un Allemand, médecin du roi de Saxe, sur l’existence en Italie d’un "Mont de Vénus" où l’on enseignait les arts magiques ; il répondit qu’il y avait près de Norcia une caverne, où, disait-on, on pouvait converser avec les démons et se faire instruire dans la nécromancie.

En 1517, Jean Geiler de Kaysersberg (1445-1510) raconte que des sorcières se rassemblent sur le Venusberg :
"Vous demandez s'il y a quelque chose à propos de ceux qui sont dans le Venuszberck où les sorcières vont et viennent."

En 1497, Arnold de Harff, patricien de Cologne, allant de Rome à Venise, se détourne de son chemin et entraîne ses compagnons de route à le suivre "parce que, dit-il, j’avais entendu parler d’un de ces monts de Vénus dont, dans notre pays, on raconte tant de merveilles".

La même année, au sud du Tyrol, un certain Zuanne / Giovanni delle Piatte prétend avoir visité le Mont de Vénus où habite Dame Hérodiade avec le fidèle Eckart ainsi que Dame Vénus qui banquette avec des belles femmes et des hommes qui y sont parfois reçus. A Noel, toute la compagnie quitte la montagne pour faire le tour du monde en volant sur un cheval noir.
Il s’agit là manifestement d’un essai pour identifier la Sibylle avec diverses déesses déchues par le Christianisme. Vénus c’est la déesse de l’amour, Hérodiade c’est une femme que les Allemands identifient avec Holda, leur "Dame Noel", et le "Fidèle Eckart" est le garde de l’entrée de la grotte. Ce dernier, avant de devenir le gardien de la montagne, était déjà apparu dans la Chanson des Nibelungen, composée vers 1200, sous le nom de "Eckewart". Eckart signifie "Ecke-Wartend" = "Celui qui attend à l’angle" ou "Le veilleur à l’épée".

Paracelse (1493-1541) parle du Venusberg, se référant à Sylvneas Sylvius qui dit que Vénus ou une Sibylle occupe une caverne et prend une fois par semaine la forme d'un serpent. Paracelse décrit les "… nécromanciens ou nigromanciens cachés, qui viennent du Venusberg." (Paracelse 4, 332)

Dans le "Lied von dem Danheüser" (Ballade de Danheüser), écrit en 1515 en Thuringe, on parle du chevalier Danheüser (Danhewser / Danhüsser / Tannhauser / Tanhaeuser / Thanheüser / Tanhuser / Tanhusere) qui a visité le Mons Veneris / Venusberg :
"Danheüser était un chevalier qui cherchait
aventure partout,
il est entré dans le Venusberg pour voir
les belles femmes là-bas..."

Il passa une année dans la montagne, dans les bras de Vénus. Plus tard, après que le pape Urbain IV lui ait refusé le pardon de ses péchés, il décida de retourner vivre auprès de Vénus.
Ce Danheüser / Tannhauser (= "Celui de Tannhausen" ou "l’Homme du bois") a vraiment existé : C’était un poète-chanteur ayant vécu vers 1205-1268 et qui dénigrait l’amour courtois à la faveur d’une vision plus sensuelle de l’amour. Il était donc logique de l’envoyer chez la déesse Vénus. Désormais, dans la légende, ce sera lui qui remplacera Guerino.

Dans le "Livre des grandes merveilles d'amour", écrit par le français Antoine Gaget en 1530, il est dit :
"Ores m'en irai-je d'icy et moi cacherai dans le mont Horsel, en requérant de faveur et d'amoureuse merci ma doulce dame Vénus, voiture pour son amour serai-je bien à tout jamais damné en enfer."
Ce Mont Horsel est le Hörselberg / Hürselberg / Oselberg, situé près d'Eisenach en Thuringe, (Allemagne). Les Allemands l’avaient donc identifié au Venusberg (Mont de Vénus), en remplacement du mont Sibilla d’Italie.

Luther (1483-1546) parle lui aussi de Tannhauser / Danheuser :
"… mais peut-être voyage-t-il avec le vieux Danheuser à Venusberge." (Luther 5, 279)

En 1555, Fra Leandro Alberti, écrit la "Description de toute l’Italie". Il y parle à nouveau du mont Sibilla, le Venusberg italien :
"Non loin de là se trouve la large, horrible, épouvantable caverne nommée caverne de la Sibylle ; la renommée (ou plutôt une fable insensée) prétend que c’est l’entrée pour arriver à la Sibylle, qui demeure dans un beau royaume orné de grands et magnifiques palais, habités par des hommes nombreux et de belles demoiselles, qui prennent ensemble les plaisirs de l’amour. Il en est ainsi dans le jour ; la nuit tous, tant hommes que femmes, deviennent d’affreux serpents, ainsi que la Sibylle elle-même ; et tous ceux qui veulent entrer là, il leur faut d’abord subir les caresses de ces repoussants reptiles. Et nul n’est contraint de rester passé la fin de l’année, si ce n’est que, chaque année, il faut qu’il en reste un de ceux qui y sont entrés. Et ceux qui y seront entrés et en seront ressortis reçoivent de la Sibylle tant de grâces et de privilèges qu’ils passent ensuite dans la félicité tout le restant de leurs jours."

Vers 1607-1614, Henri Kornmann décide de placer le purgatoire dans le mont Horsel / Hörselberg d’Allemagne, qu’il appelle Horrisonus (= "Produisant un bruit terrible"), parce qu’on y entend les cris et lamentations des âmes.

En 1630, en Hesse, un certain Diel Breull prétend être allé au Venusberg et avoir vu Dame Holt (Holle / Hulda) qui lui a montré les flammes du purgatoire.
Il s’agit là à nouveau d’une tentative pour identifier la déesse de la montagne avec la "Dame Noel" des Allemands.

Le pasteur Georg Michel Pfefferkorn (1646-1732) ajoute ceci :
"Il me faut maintenant parler du Hörselberg qui s’élève entre Gotha et Eisenach, sur lequel les anciens moines ont fabulé et prétendu, entre autres choses, que cette montagne faisait partie du purgatoire parce que les âmes y seraient torturées (…) Ils disaient aussi que le fidèle Eckart, comme les paysans l’appellent, réside dans cette montagne et précède l’Armée furieuse en avertissant les gens du danger."

Dans le "Dictionnaire infernal" de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy, édité en 1818, le Venusberg (Mont de Vénus) est identifié à la "Montagne de Freya" (la Vénus des Germains) :
" …Or il y avait dans un canton de l’Helvétie, qui reconnaissait alors l’autorité de ce duc, une montagne dite la Montagne de Freya. Un mystérieux joueur de guitare en sortait de temps en temps, et il tirait de sa guitare des sons d’une magie si puissante qu’ils entraînaient les passants dans une caverne dont on ne les voyait, plus sortir. Le fidèle Eckart s’était retiré non loin de là et connaissait ce sortilège. Un jour le duc de Bourgogne, égaré à la chasse où il avait perdu son cheval, se traînait épuisé dans le bois qui servait de refuge au fidèle Eckart (…) Un soir qu’il se promenait avec eux, le joueur de guitare parut et les entraîna. Mais Eckart était avec eux : il combattit et mit en fuite les mauvais génies qui voulaient s’emparer des jeunes princes, les écarta de la caverne de Freya, et craignant que ce danger se renouvelât pour eux, il se dévoua à rester devant l’entrée du repaire infernal pour en repousser tous ceux qui y seraient attirés ; il y est encore, mais on ne le voit pas."

Le mythologue Ludwig Bechstein (1801-1860), en collectant le conte populaire "La Mähr du chevalier Tanhäuser", lui donne cette forme (chez les Allemands, la Mähr est une sorte defemme- vampire) :
"Quand il (Tanhäuser) arriva dans la montagne magique, il vit l’apparition merveilleuse d'une femme se tenant à la porte de la roche, qui avait des charmes indescriptibles, comme il n'en avait jamais vu, qui était vêtue d'une manière païenne très légère et attrayante. En même temps, le son de doux chants provenait des profondeurs de la montagne. Et c'était le Dame Vénus, dont l'amour tendre était tant recherché par les chevaliers. Pendant toute une année il resta avec elle dans la jouissance de tous les plaisirs des sens, mais finalement, le sentiment de saturation entra dans son esprit, alors il cessa d’être attiré par les charmes de la fée magique et de sa société dans le monde souterrain. En lui apparut le désir indomptable de quitter ce lieu de péché (…)
Dame Vénus fut très réticente quand il lui annonca qu'il allait partir et essayer de recevoir le pardon de son grand péché; enfin, il lui promit, fermement, de revenir vers elle si son vœu ne se réalisait pas, puis de rester avec elle pour toujours. Alors elle le renvoya toute triste et le chevalier sortit de la montagne (…)
Tanhaüser vint au Pape Urbain, tomba devant lui, lui embrassa les pieds et confessa la grave culpabilité qu'il avait éprouvée dans les montagnes de Dame Venus pendant un an. Cela irrita Urbain au-delà de toute mesure (…)
Ces mots durs ont profondément ébranlé le noble Tanhäuser. Il supplia de lui donner un an de repentir et de pénitence, mais tout fut vain. Triste et profondément affligé et désespéré devant son Dieu et Sauveur, le pauvre chevalier a alors repris le long chemin, et est revenu vers sa femme Vénus, qui l'a reçu gentiment. Il est entré dans le Venusberg et n’en est plus jamais ressorti."


Ludwig Bechstein, dans "Le fidèle Eckart et le chasseur sauvage" écrit également ceci :
"Le chasseur sauvage traverse souvent la forêt pendant les nuits hivernales, quand Dame Holle secoue son lit, les flocons de neige tombent du ciel comme des plumes duveteuses et Dame Holle voyage avec lui. Il vit dans le Hörselelberg avec un grand nombre de fantômes damnés (…) Maintenant, quand le chasseur sauvage avec son armée furieuse sort de la montagne magique, un vieil homme va à tout moment dans la direction dans laquelle l'ange infernal veut aller, un vieil homme avec des cheveux blancs qui porte un bâton blanc dans sa main et c'est le fidèle Eckart. Celui qui rencontrera celui-ci sera averti par lui qu'il doit s'écarter ou se prosterner et ne pas regarder le fantôme, même s'il peut l'entendre."

En 1836, Heinrich Heine écrit le poème "Tannhaüser, une légende", dont voici un extrait :
 "Visant l’amour et le plaisir
Tannhaüser, un bon chevalier
fit l’ascension du Venusberg.
Il y resta pendant sept années..."

En 1845, Richard Wagner sort son opéra "Tannhaüser", dont le titre primitif était "Le Mont de Vénus". Il y reprend le mythe de Tannhaüser vivant dans la montagne avec Vénus.

Le mythologue Sabine Baring-Gould (1834-1924) raconte ceci à propose de ces légendes sur le Venusberg :
"Ce mythe apparaît dans toutes les branches de la famille indo-européenne, et des exemples peuvent être cités dans les recueils de contes populaires grecs, albanais, napolitains, français, allemands, danois, norvégiens et suédois, islandais, écossais, gallois et autres."

Ainsi :

L'histoire écossaise de Thomas d'Ercildoune (Thomas le Rhymer / Thomas le rimeur, 1220-1297) est la même histoire :
Thomas a rencontré une dame étrange, de race elfique, la reine d' Elphame (= Elfheim, le royaume des elfes), qui l'a conduit dans la terre souterraine sous Eildon Tree (Eildon Hills), où il est resté avec elle pendant sept ans. Il revint ensuite à terre avec le don de poésie, et restant toujours lié à revenir vers sa maîtresse royale chaque fois qu'elle devrait le convoquer. En conséquence, tandis que Thomas se réjouissait avec ses amis de la tour d'Ercildoune, une personne accourut et dit, avec des marques de peur et d'étonnement, qu'un cerf et une biche avaient quitté la forêt voisine et défilaient dans la rue de le village. Thomas se leva aussitôt, quitta sa maison et suivit les animaux dans la forêt, d'où il ne revint jamais. Selon la croyance populaire, il fait toujours bombance dans le pays des fées, et on s'attend un jour à le revoir à terre.

Comparez cela avec l'ancienne ballade écossaise de Tamlane (Tam Lin / Tamas Lim), insérée dans The Complaynt of Scotland, publié en 1549 :
Le jeune Tamlane était le fils du conte Murray, et Burd Janet était la fille de Dunbar, conte de March. Quand ils étaient jeunes, ils s'aimaient. Mais quand l'heure de leur mariage fut proche, Tamlane disparut et personne ne sut ce qu'il était devenu. Bien des jours après sa disparition, Burd Janet errait à Carterhaugh Wood, quand le jeune Tamlane est réapparu.
Je reviens d’Elfiand (le pays des Elfes), dit le jeune Tamlane. La reine d'Elfland m'a fait son chevalier. Je chassais un jour, et pendant que je chevauchais autour de la colline, une profonde somnolence s'abattit sur moi, et quand je me réveillai, j’étais à Elfland (…)

Il y a aussi le mythe Nordique du fils de Helgi Thorir, qui est, sous sa forme actuelle, une production du quatorzième siècle :
Helgi et son frère Thorstein ont fait une croisière au Finnmark, ou en Laponie. Ils atteignirent l'île et trouvèrent la terre couverte de forêts. Helgi a exploré cette forêt et s'est soudainement tombé sur un groupe de femmes habillées en rouge et chevauchant des chevaux rouges. Ces dames étaient belles et de race Troll. L’une surpassait les autres en beauté, et elle était leur maîtresse. Elles ont érigé une tente et préparé un festin. Helgi a observé que tous leurs navires étaient d'argent et d'or. La dame, qui se nommait Ingibjorg, s'avança vers le Nordique et l'invita à vivre avec elle. Il se régala et vécut avec les trolls pendant trois jours, puis retourna à son navire, apportant avec lui deux coffres d'argent et d'or, qu'Ingibjorg lui avait donnés. Il lui avait été interdit de mentionner où il avait été et avec qui, ainsi il ne dit à personne d'où il avait obtenu les coffres. Les navires ont navigué et il est rentré chez lui. Une nuit d'hiver, bien plus tard, Helgi fut emmené hors de chez lui, au milieu d'une tempête furieuse, par deux cavaliers mystérieux, et personne ne put savoir pendant de nombreuses années ce qu'il était devenu, jusqu'à ce que les prières du roi, Olaf, obtiennent sa libération, puis il a été rendu à son père et son frère, mais il était désormais aveugle. Pendant tout le temps de son absence, il avait été avec la dame aux cheveux rouges dans sa mystérieuse demeure de Glœsisvellir.

Une histoire suédoise est du même genre :
Un jeune homme était en route pour aller voir sa fiancée, quand il fut séduit dans une montagne par une belle femme elfe. Avec elle, il vécut quarante ans, qui passèrent comme une heure; à son retour sur terre tous ses vieux amis et parents étaient morts, ou l'avaient oublié, et ne trouvant aucun repos là, il est retourné au pays des elfes de montagne.

Debes raconte également ceci :
Il arriva que, lorsque les bourgeois de Bergen eurent le commerce des îles Féroé, il y avait un homme à Serraade, appelé Jonas Soideman, qui fut gardé par les esprits dans une montagne pendant sept ans. Plusieurs années après, finalement, il en est sorti, mais a vécu après dans une grande détresse et la crainte, de peur qu’on vienne encore l'enlever.
Le même auteur mentionne un autre jeune homme qui avait été emporté, et après son retour, il fut enlevé une seconde fois, la veille de son mariage.

A Bâle, en Suisse, en 1520, on racontait ceci :
Le fils d'un tailleur nommé Léonard entra dans une caverne qui pénétrait profondément dans les entrailles de la terre, tenant dans sa main un cierge consacré. Il est arrivé à une terre enchantée, où était une belle femme portant une couronne d'or, mais de sa taille vers le bas elle était un serpent. Elle lui donna de l'or et de l'argent et le supplia de l'embrasser trois fois. Il a obéi deux fois, mais le crissement de sa queue l'a tellement horrifié, qu'il s'est enfui sans lui donner le troisième baiser. Ensuite, il a rôdé dans les montagnes, cherchant l'entrée de la grotte, rempli d'un désir ardent pour la société de la dame, mais il n'a jamais pu le retrouver.

Gervase de Tilbury 1152-1233) rapporte ceci :
En Catalogne, il y a une haute montagne, nommée Cavagum, au pied de laquelle coule une rivière aux sables dorés, dans le voisinage de laquelle il y a aussi des mines d'argent. Cette montagne est raide et presque inaccessible. Sur son sommet, qui est toujours couvert de glace et de neige, se trouve un lac noir et sans fond, dans lequel, si une pierre est plongée, une tempête surgit soudainement; et près de ce lac se trouve le portail du palais des démons. Il raconte ensuite comment une jeune demoiselle y a été entraînée et a passé sept ans avec les esprits de la montagne. À son retour sur terre, elle était mince et flétrie, avec des yeux errants, et presque dépourvue de compréhension.

La légende classique d'Ulysse retenu captif pendant huit ans par la nymphe Calypso dans l'île d'Ogygie, et de nouveau pendant un an par l'enchanteresse Circé, contient la racine de la même histoire.

NOTE :
Entre 1953 et 1968, le vestibules de la grotte de la Sibylle, en Italie, s’est effondré. Cependant, en l’an 2000, le Comité Promoteur "Grotte de la Sibylle Apennine" a procédé à des levés géologiques et géophysiques sur le site. D'après les résultats de la prospection géoradar, il existe un vaste complexe de type hypogée à une profondeur de 15 mètres sous la campagne, constitué de tunnels labyrinthiques et de cavités d'environ 150 mètres de longueur.