DOSSIER JÉSUS :



Datation de la vie de Jésus :                                             

 

 

Datation de la naissance de Jésus :


Il n'est pas facile de déterminer l'année de naissance de Jésus.

La date officielle, la nuit du 24 au 25 décembre de l'an 1, n'a rien de certain. L'année en a été calculée seulement en 525 ap.JC par Dyonisius Exiguus (Denys le petit). Hors on sait qu'il a commis une erreur de calcul : il a oublié de tenir compte des quatre années pendant lesquelles Auguste a régné sous le nom d'Octave. En outre, Jésus n'a pas pu naitre le 25 Décembre car à cette date on ne trouve pas de bergers surveillant leurs bêtes dehors la nuit comme on le voit dans Luc 2;8 ("Et il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit.")

Selon d'autres auteurs, Jésus serait plutôt né vers l'an 2 av.JC. C'est ainsi ce qu'indiquent Justin (Apologie I:46:1), Irénée de Lyon (Contre les hérésies III:21:3), Clément d'Alexandrie (Stromates I:21:145) et Tertullien (Adversus Judaeos VIII:11:75). Et d'autres encore penchent plutôt pour l'an 1 av.JC : Hippolyte de Rome (Commentaire de Daniel IV:23), Eusèbe (Histoire ecclésiastique I:5:2) et Origène (Homélies sur Luc 3:1).Paul Orose(Histoires contre les païens VI:22,1).

Pour essayer de déterminer l'années de naissance de Jésus il vaut donc mieux en revenir aux textes des Evangiles …

Selon Matthieu, Jésus serait né sous le règne du roi Hérode :
"Or, après que Jésus fut né à Bethléhem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici, des mages de l'orient arrivèrent à Jérusalem."
(Matthieu 2;1)

Cela est confirmé par Luc :
"Aux jours d'Hérode, roi de Judée, il y avait un certain sacrificateur, nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; et sa femme était des filles d'Aaron, et son nom était Élisabeth (…) Et au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, nommée Nazareth, à une vierge, fiancée à un homme dont le nom était Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie."
(Luc 1;5 et 26-27)

Selon Luc, Jésus serait également né à l'époque du recensement de Quirinus :
"Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut rendu de la part de César Auguste, disant qu'il fût fait un recensement de toute la terre habitée.
Ce premier recensement eut lieu pendant que Cyrénius (Quirinus) eut le gouvernement de la Syrie.
Et tous allaient pour être enregistrés, chacun en sa propre ville.
Et Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, dans lune ville de David qui est appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David,
pour être enregistré avec Marie, la femme qui lui était fiancée, laquelle était enceinte.
Et il arriva, pendant qu'ils étaient là, que les jours où elle devait accoucher s'accomplirent ;
et elle mit au monde son fils premier-né, et l'emmaillota, et le coucha dans la crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie."

(Luc 2;1-7)

Le problème c'est qu'Hérode serait mort en l'an 4 avant JC alors que le recensement de Quirinus aurait eu lieu en l'an 6 après JC. Il est donc impossible que la naissance de Jésus ait eu lieu à la fois sous Hérode et sous Quirinus puisque les périodes d'activité de ces deux personnages ne se sont pas recouvertes.

A moins qu'Hérode ne soit pas mort en l'an 4 av. JC, mais plus tard ?

Selon Flavius Josèphe, la mort d'Hérode aurait eu lieu après un jeûne rituel et une éclipse de lune :
"Sous le pontificat de ce Matthias il arriva qu'un autre grand pontife soit installé pour un seul jour, celui où les Juifs jeûnent. Voici pourquoi : Matthias, pendant qu'il exerçait ses fonctions, dans la nuit qui précédait le jour du jeûne, crut en rêve avoir commerce avec une femme, et comme, à cause de cela, il ne pouvait officier, on lui adjoignit comme coadjuteur Josèphe, fils d'Ellémos, son parent. Ainsi Hérode destitua Matthias du grand pontificat ; quant à l'autre Matthias, le promoteur de la sédition, et certains de ses compagnons, il les fit brûler vifs. Cette même nuit il y eut éclipse de lune.
La maladie d'Hérode s'aggravait de plus en plus, car Dieu le punissait des actes qu'il avait commis contre sa loi. Il souffrait d'une fièvre lente qui ne manifestait pas autant son ardeur au contact de la main que dans l'intérieur des tissus qu'elle ravageait."

(Antiquités judaïques 17;5;165-168)

La date de ce jeûne (le jeûne d'Esther) pourrait être le 12 mars de l'an 4 av.JC et celle de l'éclipse qui l'a suivi pourrait être le 13 mars de la même année. Hérode serait donc mort vers le 15 mars de l'an 4 av.JC. C'est la date qu'a retenue Emil Schürer.
Cependant le jeûne d'Esther n'existait pas encore à cette époque (il n'apparaitra que vers le 12ème siècle ap.JC). En outre l'éclipse de lune du 13 mars était très peu visible à Jérusalem. Cependant, une autre date pourrait convenir : Il y eut un jeûne le 8 janvier de l'an 1 av.JC suivi d'une éclipse totale le 9-10 janvier de la même année. Dans ce cas, Hérode ne serait pas mort en l'an 4 av.JC mais vers le 26 janvier de l'an 1 av.JC. Hors cette date correspond exactement (ou 18 jours avant ?) au 2 du mois de Shebat que la tradition juive indique pour la mort d'Hérode.

On remarquera aussi que, selon Flavius Josèphe, Hérode est mort vers l'âge de 70 ans. :
"Désespérant de survivre, car il avait environ soixante-dix ans, il devint féroce, se laissant aller à un excès de colère et d'amertume à l'égard de tous…" 
(Antiquités judaïques 17;6;148)

Hors, selon Flavius Josèphe, Hérode avait 25 ans lorsqu'il est devenu gouverneur de Galilée en 47 av.JC.
Il doit donc être mort vers l'an 2 ou 1av.JC et non en l'an 4.

On sait aussi qu'à la mort d'Hérode, alors que lui succédait son fils Archelaüs, le légat Sabinius fut envoyé par les Romains pour inspecter ses biens; et cela ne pouvait certainement pas se passer en l'an 4 av.JC car il est connu que cette année-là Sabinius était en fonction en Cyrénaïque, loin de là. Et cette inspection a provoqué une révolte qui entraina la « guerre de Varus ». Hors on sait que celle-ci eut lieu sous le consulat de César en l'an 1 av.JC.

De plus, selon Flavius Josèphe, Hérode aurait régné pendant 37 ans après sa nomination par Rome et pendant 34 ans après la mort d'Antigone :
"Cela réglé, le cinquième jour après avoir fait tuer son fils Antipater, il (Hérode) mourut ; il avait régné trente quatre ans depuis l'exécution d'Antigone et trente-sept, depuis sa désignation par les Romains, homme d'une cruauté égale envers tous, cédant à la colère, rebelle à la justice, il jouit d'une fortune sans égale."
(Antiquités judaïques 17;8;191)

Hors, selon Flavius Josèphe, Hérode aurait été nommé roi par les Romains dans la 184ème olympiade, cette date correspondant à la fin de l'an 40 ou le début de l'an 39 av.JC (Appien situe l'événement en 39) :
"Antoine fêta par un banquet ce premier jour du règne d'Hérode. C'est ainsi que celui-ci fut nommé roi, dans la cent quatre-vingt-quatrième olympiade, sous le consulat de Cnæus Domitius Calvinus, consul pour la seconde fois, et de Caïus Asianus Pollion."
(Antiquités judaïques, 14;14;5;268).

Et, toujours selon Flavius Josèphe, Antigone aurait été tué 27 ans après que Pompée se fut emparé de la Jérusalem. Hérode serait donc devenu roi en 36 av.JC :
"Cette catastrophe s'abattit sur Jérusalem sous le consulat de Marcus Agrippa et de Caninius Gallus, en la cent quatre-vingt-cinquième olympiade, le troisième mois, pendant la fête du jeûne comme une sorte de retour anniversaire du malheur qui avait frappé les Juifs sons Pompée : car la ville fut prise par Hérode le même jour, vingt-sept ans plus tard."
(Antiquités judaïques, 14;16;4)

39 moins 37 faisant 2 et 36 moins 34 faisant 2, Hérode aurait donc vécu jusqu'en l'an 2 av.JC (ou en l'an 1 av.JC. si Josèphe a compté les règnes selon la méthode des années d'accession).

Cependant, même si Hérode est bien mort en l'an 1 et non pas en l'an 4 avant JC, ça ne permet toujours pas de résoudre le problème de l'année de naissance de Jésus. En effet il est toujours aussi impossible de faire coïncider le recensement de Varus, daté de l'an 6 après JC, avec le règne d'Hérode.

Quirinus est un personnage dont on connait la vie avec une relative exactitude. C'est lui qui avait été chargé d'organiser le recensement fiscal de la Judée lorsque ce royaume avait été annexé par l'empire romain en l'an 6 après JC. Ce recensement avait d'ailleurs provoqué une révolte des Juifs dont Flavius Josèphe a également parlé :

"Le pays d'Archélaüs (la Judée) fut rattaché en tributaire à la Syrie et l'empereur envoya Quirinius, personnage consulaire, pour faire le recensement en Syrie et liquider les propriétés d'Archélaüs."
(Antiquités judaïques, 17;13;5)

"Quirinius (gouverneur de Syrie en 3-2 av. J.C et en 6 ap. JC), membre élu du Sénat, qui, par toutes les magistratures, s'était élevé jusqu'au consulat et qui jouissait d'une considération peu commune, arriva en Syrie où l'empereur l'avait envoyé pour rendre la justice dans cette province et faire le recensement des biens. On lui avait adjoint Coponius, personnage de l'ordre équestre, qui devait gouverner les Juifs avec pleins pouvoirs. Quirinius vint aussi dans la Judée, puisqu'elle était annexée à la Syrie, pour recenser les fortunes et liquider les biens d'Archélaüs. Bien que les Juifs se fussent irrités au début à l'annonce de la déclaration des fortunes, ils renoncèrent à résister davantage, sur les conseils du grand pontife Joazar, fils de Boéthos. Persuadés par ses paroles, ils déclarèrent leurs biens sans plus d'hésitation. Mais un certain Judas le Gaulanite, de la ville de Gamala s'adjoignit un Pharisien, Saddok, et se précipita dans la sédition. Ils prétendaient que ce recensement n'amenait avec lui rien de moins qu'une servitude complète et ils appelaient le peuple à revendiquer sa liberté."
(Antiquités judaïques, 18;1;1-4)

"Après la réduction en province du territoire d'Archélaüs, le chevalier romain Coponius y est envoyé comme préfet, ayant reçu de César (Auguste) les pleins pouvoirs y compris le droit de vie et de mort – legatus cum jure gladii. Sur ces entrefaites, un Galiléen du nom de Judas essayait de soulever ses compatriotes : il leur faisait honte de consentir à payer tribut aux Romains."
(La Guerre des Juifs, II, 8.1) 

"… Judas qui avait persuadé un nombre considérable de Juifs, comme nous l'avons exposé plus haut, de refuser d'établir les registres des contributions lorsque Cyrenius (Quirinius) avait été envoyé en Judée pour établir le cens."
(La Guerre des Juifs, VII, 8) 

Dans les "Actes des apôtres" on parle aussi de cette révolte :
"Après lui s'éleva Judas le Galiléen, aux jours du recensement, et il entraîna à la révolte un grand peuple après lui ; lui aussi a péri, et tous ceux qui lui obéissaient furent dispersés."
(Actes 5;37)

On peut cependant se demander en quoi ce recensement pouvait concerner les parents de Jésus étant donné qu'ils habitaient alors à Nazareth en Galilée. Et la Galilée, à cette époque, n'appartenait pas aux Romains mais au roi Hérode Antipas (de l'an 1 av.JC à l'an 39 ap.JC). Probablement que ceci indique que Marie et Joseph n'habitaient pas à Nazareth mais bien à Béthléem en Judée, sous juridiction romaine. La mansion de Nazareth dans les Evangiles n'est qu'un mythe inventé pour expliquer pourquoi Jésus était appelé le Nazaréen.

Certains pensent cependant que l'année 6 ap.JC pourrait ne pas représenter le début mais la fin du recensement, celui-ci ayant commencé à l'époque d'Hérode et s'étant étendu sur plusieurs années. Ainsi seraient conciliés le texte de Luc et celui de Matthieu. Mais c'est peine perdue : Il est bien dit que le recensement a été organisé par les Romains lorsqu'ils ont transformé le royaume judéen d'Archélaüs en province romaine. Celui-ci a donc bien commencé en l'an 6 ap.JC.

Flavius Josèphe confirme bien que le recensement et la révolte qui s'ensuivit datent bien de cette année :
"Après avoir liquidé les biens d'Archélaüs et terminé le recensement, ce qui eut lieu lu trente-septième année après la défaite d'Antoine par César à Actium (6 ap. JC, Actium datant du 2 septembre 31 av. JC), Quirinius dépouilla de sa dignité Joazar, le grand pontife, contre qui le peuple s'était révolté, et lui substitua Anan, fils de Seth."
(Antiquités judaïques 18;1:26)

On peut cependant regarder de plus près ce que dit le texte de Luc 2;2 :
"Ce premier recensement eut lieu pendant que Cyrénius (Quirinus) eut le gouvernement de la Syrie."

Le mot "premier" (PRÔTE en grec) semble indiquer que Quirinus aurait ensuite effectué un 2ème recensement… mais cela est faux : on n'en retrouve aucune trace.

Cependant le mot PRÔTE pourrait être l'abbréviation de PROTESOS qui signifie "avant". La phrase signifierait alors "C'était le recensement avant que Cyrénius (Quirinus) eut le gouvernement de la Syrie."
Dans ce cas cela signifierait que Quirinus aurait effectué un autre recensement avant l'année 6 av.JC. Et c'est sous ce 1er recensement, probablement effectué à l'époque d'Hérode, que Jésus serait né.
Cela résoudrait donc l'incompatibilité entre les textes de Matthieu et de Luc !

Mais a-t-on des traces d'un 1er recensement effectué par Quirinus ?

On a justement retrouvé une inscription, dite "Inscription d'Apamée" ou "Lapis Venetus" (CIL III 6687; ILS 2683) qui parle d'un recensement effectué par Quirinus en Syrie.
Voila ce qu'elle dit :
"Quintus Aemilius Secundus, fils de Quintus, de la tribu Palatina, qui a servi dans les camps du divin Auguste sous P. Sulpicius Quirinus, légat de César en Syrie, décoré des distinctions honorifiques, préfet de la cohorte Ier Augusta, préfet de la cohorte II Classica. En outre, par ordre de Quirinius j'ai fait le recensement des 117.000 citoyens d'Apamée. En outre, envoyé par Quirinius en mission, contre les Ituréens, j'ai pris leur citadelle sur le mont Liban. Et avant le service militaire, j'ai été préfet des ouvriers, détaché par deux consuls à l'aerarium (trésor). Et dans la colonie, questeur, édile à deux reprises, duumvir à deux reprises, pontife.
Ici ont été déposés Quintus Aemilius Secundus fils de Quintus, de la tribu Palatina mon fils et Aemilia Chia mon affranchie. Ce monument est exclu de l'héritage."

Mais ce texte parle-t-il du 1er ou du 2ème recensement de Quirinus ?
Etant donné qu'il s'applique à la province romaine de Syrie-Phénicie, il ne peut donc pas se rapporter au recensement de l'an 6 ap.JC qui ne concernait que la Judée. Ce serait donc la preuve que Quirinus a bien procédé à un recensement antérieur.
Le texte de Luc donne le nom de APOGRAPHE à ce premier recensement, ce qui signifie qu'il s'agissait d'un dénombrement du peuple et d'enregistrement des états civils. Par contre le 2ème recensement, celui de l'an 6, était un inventaire des biens de la Judée par les Romains dans le but d'établir l'imposition de cette province nouvellement acquise. Pas étonnant qu'il ait provoqué une révolte !

Certains pensent même que Quirinus aurait pu gouverner deux fois la Syrie, à l'époque des deux recensements. Cela se base sur une inscription (l'inscription de Tivoli / Titulus Tiburtinus) qui cite un gouverneur romain qui aurait dirigé deux fois la Syrie-Phénicie. Mais comme le nom a été effacé, on ne peut pas être certain qu'il s'agissait bien de Quirinius. En outre, dans le texte, l'utilisation du mot ITERUM (= "2ème fois") est ambigüe : Veut-elle dire que le personnage a été deux fois légat, qu'il a été légat deux fois en Syrie-Phénicie ou qu'il a été légat de deux pays ?

Mais, qu'il ait été dirigé ou pas par Quirinius gouverneur de Syrie, peut-on déterminer la date du premier recensement ?

Dans le texte "Res Gestae Divi Augusti" de l'empereur Auguste, il est cité trois recensements généraux réservés aux citoyens romains et qui ont eu lieu en 28 av.JC, 8 av.JC et 14 ap.JC (Tertullien cite également le recensement effectué par Sentius Saturninus en l'an 8 av.JC dans son "Contre Marcion IV;19").
Dion Cassius cite une plus grande liste de recensements : 23, 18, 13, 8 av.JC, 4 et 9 ap.JC, ceux-ci semblant suivre une périodicité de 5 années (d'ailleurs ils étaient effectués par des censeurs qui ne restaient en fonction que pour 5 ans). Normalement il y aurait donc du en avoir un également en l'an 3 ou 2 av.JC.
D'ailleurs, dans son "Histoires contre les païens VI:22,1 et VII:3,4", Paul Orose place un recensement de l'empereur Auguste en l'an 752 de Rome ( = 2 av.JC).

Si Jésus est bien né lors de ce recensement de l'an 2 av.JC, alors sa naissance a bien eu lieu sous le règne d'Hérode, mort en l'an 1 av.JC. Cela résoudrait donc le problème des incompatibilité entre les textes de Luc et de Matthieu.

De plus, plusieurs auteurs antiques plaçaient également la naissance de Jésus en l'an 2 av.JC :

Dans son "Contre les hérésies III;21;3", Irénée de Lyon la situait dans la 41ème année du règne d'Octave / Auguste (27 av.JC-14 ap.JC).

Dans son "Adversus Judaeos VIII;11;75", Tertullien la situait également dans la 41ème année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre en l'an 30 av.JC.

Dans son "Histoire ecclésiastique I:5:2", Eusèbe de Césarée aussi la situait dans la 42ème année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre en l'an 30 av.JC.

Dans son "Homélies sur Luc 3;1", Origène la situait aussi dans la 41ème année du règne d'Auguste et 15 ans avant sa mort en 14 ap.JC.

Dans ses "Stromates I;21;145", Clément d'Alexandrie la situait 194 ans avant la mort de Commode, en 192. Il la situait également 28 ans aprés la prise d'Alexandrie par Auguste en 30 av.JC.

Dans son "Commentaire de Daniel IV;23", Hippolyte de Rome la situait en l'an 752 de la fondation de Rome, celle ci datant de 753 av.JC.

Dans son "Histoires contre les païens VI;22,1", Paul Orose la situait également en l'an 752 de la fondation de Rome.

Dans son "Panarion LI;22;3", Épiphane la situait l'année où Auguste XIII et Silvanus furent consuls (2 av.JC).

Le problème, si Jésus est né lors du recensement de l'an 2 av.JC, c'est que ses parents ne devaient pas être concernés. En effet, ils n'étaient pas des citoyens romains et la Judée ne faisait pas encore partie de l'Empire romain.
Il est donc probable que le déplacement de Nazareth vers la crèche de Béthléem n'a jamais eu lieu. Les parents de Jésus devaient probablement habiter Béthléem et la mansion de Nazareth n'est qu'un mythe inventé pour expliquer pourquoi Jésus était appelé le Nazaréen. Ou alors Hérode, roi de Judée, en tant que vassal des Romains, était peut-être obligé de participer à leur recensement ?

Devant toutes ces difficultés, une autre méthode pourrait être employée pour déterminer l'année de naissance de Jésus : Calculer quand est apparue la fameuse « étoile de Béthléem ?

Celle-ci aurait pu correspondre à la comète de Halley… mais on sait que celle-ci n'est passée que vers l'année 12 av.JC.

Ou alors elle pourrait aussi correspondre à une conjonction entre les planètes Jupiter et Saturne qui a eu lieu en l'an 7 av.JC… Mais il s'agit là de deux astres qui, au plus fort rapprochement, étaient séparés de deux degrés. Il ne s'agit en aucun cas d'un astre unique.

Ou alors il pourrait s'agir d'une étoile dont on trouve la trace en extrême orient.

Ainsi, dans le livre chinois "Ch'ien-han-shu", on trouve l'observation suivante :
"Dans la deuxième année de l'époque de Ch'ien-p'ing (5 avant JC), au deuxième mois (10 mars - 7 avril), une hui-hsing (« étoile-balai ») est apparue dans la constellation de Ch'ien-niu (Tête du Capricorne) pendant 70 jours."

Normalement, une "étoile-balai" est une comète. Mais comme celle-ci semble avoir été fixe, on avait probablement affaire à une nova.

A la même époque, en Corée, dans le livre "Samguk Sagi" ("Histoire des Trois Royaumes"), on trouve l'observation suivante :

"Dans l'année 54 de Hyokkose Wang (4 avant JC), au deuxième mois, au jour Chi-yu / I-yu (31 mars), une po-hsing ("étoile touffue") est apparue dans la constellation de Ho-Ku (Aigle)."

Même si la date et le lieu ne sont pas exactement identiques, on peut penser qu'on avait affaire à la même nova.

Mais faut-il cette fois-ci se rabattre sur l'année 4 ou 5 av.JC pour trouver l'année de naissance de Jésus ?
En outre, l'histoire des mages suivant l'étoile est-elle réaliste ? Ceux-ci, en effet, disaient qu'ils avaient vu l'étoile apparaitre à l'est. Mais, dans ce cas, pourquoi la suivaient-ils en se dirigeant vers l'ouest ?
Il est bien possible que cette histoire d'étoile ne soit qu'un mythe inventé pour rajouter un élément merveilleux à la naissance de Jésus.

 


 

Datation de la mort de Jésus :


En se basant sur la Bible, on peut essayer également de dater la mort de Jésus.

D'aprés les Evangiles, Jésus fut crucifié un vendredi. En effet, c'était la veille d'un sabbat (samedi). Ce vendredi coïncidait également avec le jour de la préparation (Parascève), c'est à dire la veille de Pâque.

Jean 19;31 écrit, en effet :
"Les Juifs donc, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat, puisque c'était la Préparation (car le jour de ce sabbat-là était grand), firent à Pilate la demande qu'on leur rompît les jambes, et qu'on les ôtât."

Jean 19;41-42 :
"Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n'avait jamais été mis. Ils mirent donc Jésus là, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche."

En effet, il fallait procéder à un ensevelissement rapide avant le coucher du soleil, car chez les Juifs on ne laisse pas exposé un cadavre la nuit. Et on ne le transporte pas le jour de Pâque et du sabbat.

Marc 15;42-43 confirme le jour de la préparation :
"Et le soir étant déjà venu, puisque c'était la Préparation, ce qui est le jour qui précède un sabbat, Joseph qui était d'Arimathée, conseiller honorable, qui aussi lui-même attendait le royaume de Dieu, vint et prit sur lui d'entrer auprès de Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. « 
Luc 23;53-54 : «Et l'ayant descendu, il l'enveloppa d'un linceul, et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait jamais été déposé. Et c'était le jour de la Préparation et le crépuscule du sabbat." 

Matthieu 27;62-63 :
"Et le lendemain, quand la Préparation fut achevée, les principaux sacrificateurs et les pharisiens s'assemblèrent auprès de Pilate, disant : Seigneur, il nous souvient que ce séducteur, pendant qu'il était encore en vie, disait : Après trois jours, je ressuscite."

Marc 16;1-2 :
"Et le sabbat étant passé, Marie de Magdala, et Marie de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates pour venir l'embaumer.
Et de fort grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent au sépulcre, comme le soleil se levait."


Le texte du Talmud babylonien (Sanhedrin folio 43a) confirme lui aussi la date :
"Un certain Jésus le nozri (nazaréen) a été pendu sur le bois la veille de Pessah (Pâque), et c'est grâce à la faveur des Romains qu'il n'a pas été lapidé."

La Pâque était célébrée tous les ans au mois de Nisan. Le soir du 14, jour de pleine lune, était réservé à la préparation et au repas pascal, et la journée du 15 était la fête de Pâque proprement dite ou fête des pains azymes. Ceci se basant sur le texte du "Lévitique 23;5-6" :
"Le premier mois (Nisan), le quatorze du mois, entre les deux soirs, est la Pâque à l'Éternel.
Et le quinzième jour de ce mois, est la fête des pains sans levain à l'Éternel : sept jours, vous mangerez des pains sans levain."

A l'époque de Jésus, la pleine lune du 14 Nisan ne retombe un vendredi que le 7 avril de l'année 30 ap.JC ou le 3 avril de l'année 33 ap.JC.
Mais ces calculs se basent sur la position exacte de la lune déterminée astronomiquement. Et comme les Juifs de cette époque ne déterminaient la position de la lune qu'avec leurs yeux, il est possible qu'il puisse y avoir des inexactitudes dans les jours de leur calendrier lunaire.

Cependant, dans Actes 2,16-20, Pierre dit que la prophétie de Joël s'est réalisée :
"Mais c'est ici ce qui a été dit par le prophète Joël : (…) le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne la grande et éclatante journée du Seigneur."

Et voila ce que disait Joël 2;31 et 3;15 :
"Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour de l'Éternel (…) Le soleil et la lune seront obscurcis, et les étoiles retireront leur splendeur."

Cela semble indiquer qu'un éclipse de soleil ou de lune aurait eu lieu lors de la mort de Jésus.

Hors il y eut une éclipse de lune le 3 avril de l'année 33 ap.JC, exactement le jour de la préparation de Pâque et visible à Jérusalem de 17h50 à 18h30.

Et les Evangiles semblent bien parler de cette éclipse :

Matthieu 27;45-46 :
"Mais, depuis la sixième heure (midi), il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu'à la neuvième heure (15 heures). Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une forte voix, disant : 'Éli, Éli, lama sabachthani ?' c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"

Luc 23;44-46 :
"Or il était environ la sixième heure (midi) ; et il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu'à la neuvième heure (15 heures) ; et le soleil fut obscurci, et le voile du temple se déchira par le milieu. Et Jésus, criant à haute voix, dit : Père ! entre tes mains je remets mon esprit. Et ayant dit cela, il expira."

Phlégon de Tralles, rapporté par Eusèbe a aussi écrit à propos de cette éclipse :
"En la quatrième année de la 202ème olympiade, il y eut une éclipse de soleil, la plus grande que l'on eut jamais vue, et la nuit se fit à la sixième heure du jour (midi), au point que les étoiles furent visibles dans le ciel. Et un grand tremblement de terre, ressenti en Bithynie, causa de nombreux bouleversements à Nicée."
La quatrième année de la 202ème olympiade va de juillet 32 à juillet 33, confirmant la date d'avril 33 ap.JC.

L'ennui c'est qu'une durée de trois heures c'est trop long pour une éclipse solaire (qui ne peut avoir une durée excédant sept minutes et demie).

En outre Luc, Matthieu et Phégon décrivent une éclipse de soleil alors que Jésus est mort lors de la Pâque juive, c'est à dire au milieu du mois de Nissan. Et cette date ne peut correspondre qu'à une pleine lune. Or à la pleine lune on ne peut observer qu'une éclipse de lune, pas de soleil. 

De plus il est impossible de voir une éclipse de lune en plein jour. Donc ce que décrit la Bible est astronomiquement impossible.

Cependant il y a un un autre problème :
Comment trouver le temps de caser le procès de Jésus entre le moment de son arrestation et celui de son exécution ?

En effet, la Michna (sanhédrin 4;1) dit ceci :
"Un verdict de condamnation ne peut pas être rendu avant le jour suivant (du jugement). C'est pourquoi des jugements ne peuvent avoir lieu la veille d'un sabbat ou la veille d'un jour de fête."

Le procès de Jésus devait donc, légalement, durer au moins deux jours, et le jugement devait être achevé avant le sabbat de Pâque.
Hors il semble bien que Jésus ait été crucifié le 14 Nisan, soit le lendemain de son arrestation qui aurait eu donc lieu le 13 Nisan.

Clément d'Alexandrie, dans sa "Chronique pascale" disait :
"Il a enseigné à ses disciples le mystère de ce symbolisme en cette journée du 13 où ils lui demandent : 'Où veux-tu que nous te préparions la Pâque ?' En ce jour donc se faisait la sanctification des azymes et la préparation de la fête… Notre sauveur a souffert le lendemain, lui qui était la Pâque offerte par les Juifs… Par suite, donc, le 14 où il souffrit les princes des prêtres et les scribes l'ayant amené à Pilate n'entrèrent pas dans le prétoire afin de ne pas se souiller, mais de manger la Pâque le soir sans empêchement."

En effet, dans Jean 18;28 il est écrit que les ennemis de Jésus n'entrèrent pas dans le prétoire afin de garder leur pureté rituelle, ce qui indique que le jugement se passait bien le jour du repas de Pâque, le 14 Nisan :
"Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c'était le matin) ; et eux-mêmes, ils n'entrèrent pas au prétoire, afin qu'ils ne fussent pas souillés ; mais qu'ils pussent manger la pâque."

Mais si Jésus est mort sur la croix le jour de la préparation, c'est à dire le 14 Nisan, veille de Pâque, comment se fait-il qu'il ait mangé le repas de Pâque (Cène) la veille avec ses disciples ? Le repas pascal, en effet, a toujours lieu le jour de la préparation, c'est à dire le 14 Nisan, veille de Pâque.
Comment Jésus aurait-il pu participer à la cène le soir de la préparation et mourir le même jour à 15 heures ?

Pour Apollinaire, il semble que la Cène pourrait alors avoir eu lieu le 13 Nisan et il nie qu'elle ait eu lieu le 14 comme l'affirment certains en se basant sur Matthieu car, dans ce cas, Jésus aurait été crucifié le 15, jour de la Pâque. Hors, pour lui, Jésus a bien été crucifié le 14 et il s'identifie ainsi à l'agneau que l'on sacrifie ce jour-là.
Mais pourquoi la cène aurait-elle eu lieu le 13 alors qu'elle correspond au repas de Pâques qui doit avoir lieu le 14 ?

Tout cela semble contradictoire et ne tient pas debout.
On se retrouve avec deux évènements qui sont tous les deux dits avoir eu lieu la veille de Pâque : la cène et le jugement. Et en même temps on sait que ces deux évènements ne peuvent pas avoir eu lieu le même jour.

Justin également essayait de placer le même jour deux évènements qui pourtant ne le pouvaient pas. Il disait :
"La Pâque, c'était le Christ, comme Isaïe le dit : 'Comme un mouton, il fut conduit à l'égorgement'. C'est le jour de la Pâque que vous l'avez arrêté, et c'est aussi dans la Pâque que vous l'avez crucifié, c'est écrit."

On pourrait tenter de résoudre ce problème avec la "règle de Badu". En appliquant celle-ci pour l'année 33 ap.JC, on voit que le vendredi 14 Nisan des Juifs de Judée correspondait au vendredi 15 Nisan pour les Galiléens. Si Jésus avait suivi l'usage des Galiléens, cela lui aurait permis de faire la préparation de Pâque un jour plus tôt que les Judéens. Le problème serait ainsi résolu.
Mais l'ennui c'est que la règle de Badu n'existait pas à l'époque de Jésus.
La solution du problème se trouve donc ailleurs…

Cependant il existe une tradition ancienne, datant des débuts du christianisme, qui présente les derniers jours de Jésus d'une manière différente.

Ainsi, selon la "Didascalie", la Cène aurait eu lieu le mardi soir du 11 Nisan. Jésus aurait donc été arrêté dans la nuit du mardi au mercredi et crucifié le vendredi 14 Nisan :
"Judas vint avec les scribes et avec les prêtres du peuple et il livra notre seigneur Jésus. Ceci eut lieu le 4ème jour (mercredi). Après avoir mangé la Pâque, le mardi soir, nous allâmes à la montagne des oliviers et, dans la nuit, ils prirent notre Seigneur Jésus. Le jour suivant, qui est le 4ème (mercredi), il fut gardé dans la maison du grand-prêtre Caïphe; ce même jour, les princes du peuple se réunirent et tinrent conseil à son sujet. Le jour suivant qui est le 5ème (jeudi), ils le conduisirent au gouverneur Pilate, et il fut gardé chez Pilate la nuit qui suivit le 5ème jour (jeudi). Au matin du 6ème jour (vendredi), ils l'accusèrent beaucoup devant Pilate, et ils ne purent rien démontrer de vrai, mais ils produisirent contre lui de faux témoignages, et ils le demandèrent à Pilate pour le mettre à mort. Ils le crucifièrent ce même 6ème jour (vendredi), il souffrit donc le 6ème jour (vendredi) pendant 6 heures."
(Didascalie 21;14;4-9)

Et pour Epiphane, Judas aurait trahis Jésus le lundi 10 Nisan. Dans "De Fide, 22" il écrit :
"Alors que le mercredi commençait, le Seigneur a été arrêté et le vendredi a été crucifié."
Et il nie que la Cène ait eu lieu le jeudi 13 Nisan comme le prétendent certains.

De même Victorien de Pettau, dans son "De fabrica mundi", écrit :
"L'homme Jésus Christ (…) a été arrêté par les impies le 4ème jour (mercredi)."

Cela indique donc, étrangement, que Jésus avait pris son repas pascal trois jours avant la Pâque officielle.
On peut donc se demander si Jésus ne suivait pas un calendrier différent de celui du peuple juif.

Hors, justement, dans le "Livre des jubilés" et le "Livre d'Hénoch" est cité un ancien calendrier sacerdotal que les Juifs avaient abandonné sous l'influence des Grecs à l'époque des Asmonéens. Et les Esséniens de Qumran avaient conservé ce calendrier comme le prouvent leur "Ecrit des Damas" leur "Manuel de discipline" et leur "Cantique pour l'holocauste du Sabbat" (4 Q 400-407). Ce calendrier était solaire et contenait 364 jours, ce qui fait que les fêtes religieuses y retombaient toujours les mêmes jours de la semaine chaque années, contrairement aux fêtes mobiles du nouveau calendrier lunaire. C'est ainsi que la Pâque, fixée au 15 Nisan, y correspondait toujours à un mercredi. Et le repas de Pâque était donc célébré le mardi 13 au soir.
Jésus aurait donc pris son repas pascal en suivant non pas le calendrier lunaire officiel mais le calendrier des Esséniens.
Cela expliquerait donc tout. Arrêté dans la nuit du mardi au mercredi et crucifié le vendredi, Jésus aurait donc eu assez de temps pour subir un procès légal selon la loi hébraïque. Et en plus cela confirmerait ce dont de plus en plus de chercheurs se doutent : que Jésus ait fait partie pendant un certain temps de la secte des Esséniens.
D'ailleurs, la Cène a eu lieu dans la Salle Haute (selon Marc 14;15) située, d'après la tradition, en plein quartier essénien de Jérusalem.

On remarquera, d'ailleurs, que dans Jean il est dit que le Repas de Béthanie avait eu lieu six jours avant Pâque alors que dans Marc et Matthieu il est dit qu'il avait eu lieu deux jours avant Pâque. Jean se basait donc sur le calendrier officiel alors que Marc et Matthieu se basaient sur l'ancien calendrier conservé par les Esséniens.

Jean 12;1 :
"Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts."

Marc 14;1-3 :
"Or, deux jours après, c'était la Pâque et les Pains sans levain. Et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de lui par ruse, et le faire mourir ; car ils disaient : 'Non pas pendant la fête, de peur qu'il n'y ait du tumulte parmi le peuple'. Et comme il était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux, et qu'il était à table, une femme vint, ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard pur et de grand prix ; et, ayant brisé le vase, elle le répandit sur sa tête."

Matthieu 26;1-7 :
"Et il arriva, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, qu'il dit à ses disciples : 'Vous savez que la Pâque est dans deux jours, et le fils de l'homme est livré pour être crucifié'. Alors les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple s'assemblèrent dans le palais du souverain sacrificateur, appelé Caïphe, et tinrent conseil ensemble pour se saisir de Jésus par ruse et le faire mourir ; mais ils disaient : Non pas pendant la fête, afin qu'il n'y ait pas de tumulte parmi le peuple. Et comme Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux, une femme, ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, vint à lui et le répandit sur sa tête comme il était à table."

On remarquera aussi que les ennemis de Jésus disent qu'ils n'osent pas le capturer pendant la fête… et pourtant c'est bien ce qu'ils font ensuite puisqu'ils l'arrètent la veille de Pâque. Cela prouve bien que, pour eux, ce jours n'était pas celui du repas pascal : Ils ne suivaient donc pas le même calendrier que Jésus.

Les auteurs de la "Didascalie" n'avaient d'ailleurs pas compris d'où provenait ce décalage étant donné qu'ils ont cru que c'était les habitants de Jérusalem qui l'avaient instauré pour pouvoir arrêter Jésus en dehors de la Pâque :
"Les habitants de Jérusalem vaquaient à l'immolation et au repas de la Pâque et le peuple du dehors n'était pas encore arrivé parce qu'ils changèrent les jours au point d'en être réprimandés par Dieu : Vous vous trompez en tout. Ils firent donc la Pâque trois jours plus tôt, au onzième jour de la lune, le mardi…" (Didascalie 21;17;6-7)

En ce qui concerne l'heure à laquelle Jésus a été crucifié, Marc et Jean ne s'accordent pas. Pour Marc c'était à 9 heures du matin alors que pour Jean c'était à midi :

"Et c'était la troisième heure (9 heures du matin), et ils le crucifièrent." (Marc 15;25)

"C'était la Préparation de la Pâque, c'était environ la sixième heure (midi) et il dit aux Juifs : 'Voici votre roi !'" (Jean 19;14)

Cependant, selon Epiphane, Jean aurait bien dit lui aussi, à l'origine, que c'était à la 3ème heure :
"Certaines copies de Jean ont altéré le gamma, qui désigne le chiffre 3, en un digamma qui désigne le chiffre 6, par suite d'une erreur de graphie : mais la tradition de la 3ème heure est celle de Clément, Origène et Eusèbe Pamphile."

Il reste cependant un problème : Le jour de la résurrection.
Jésus étant mort le vendredi vers 15 heures et ayant été mis dans le tombeau le soir même, il est dit qu'il est ensuite réssuscité le dimanche matin. Hors cela ne fait pas une durée de trois jours dans le tombeau mais même pas deux jours complets.

Marc 16;1-2 indique pourtant bien que jésus est revenu à la vie le dimanche matin :
"Et le sabbat étant passé, Marie de Magdala, et Mari de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates pour venir l'embaumer. Et de fort grand matin, le premier jour de la semaine (dimanche), elles viennent au sépulcre, comme le soleil se levait."

Matthieu 28;1 idem :
"Or, sur le tard, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine (dimanche), Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent voir le sépulcre."

Luc 24;1 idem aussi :
"Or le premier jour de la semaine, de très-grand matin, elles vinrent au sépulcre, apportant les aromates qu'elles avaient préparés."

Jean 20;1également :
"Et le premier jour de la semaine (dimanche), Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre."

Le texte de "Didascalie 21; 14;10-13" essaie d'expliquer cette anomalie en comptant la période de l'éclipse comme si c'était une nuit supplémentaire :
"Ces heures, durant lesquelles notre seigneur fut crucifié, sont comptées pour un jour. Il y eut ensuite trois heures d'obscurité qui sont comptées pour une nuit. Puis de la 9ème heure jusqu'au soir, il y eut trois heures de jour; puis ensuite la nuit du 7ème jour (samedi) de la passion… Et encore le jour du 7ème jour (samedi), et ensuite trois heures de nuit après le 7ème jour (samedi), durant lesquelles notre Seigneur dormit (et ressuscita). Ainsi fut accomplie la parole : Il faut que le fils de l'homme passe trois jours et trois nuits dans le sein de la terre, comme s'est écrit dans l'évangile."

Le moins qu'on puisse dire c'est que cette histoire des trois nuits passées dans le tombeau est loin d'être claire.

(Cf Jaubert Annie. "La date de la dernière Cène" : Revue de l'histoire des religions, tome 146, n°2, 1954. pp. 140-173. Web : https://doi.org/10.3406/rhr.1954.7015 et
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1954_num_146_2_7015)

L'âge que pouvait avoir Jésus lors de sa mort n'est pas clair non plus, d'ailleurs.

On pense souvent qu'il devait avoir 33 ans, cependant ce passage de Jean 2;19-22 semble indiquer qu'il en avait plutôt 46 :
"Jésus leur répondit : 'Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai.' Les Juifs lui dirent alors : 'Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras ?' Mais lui parlait du sanctuaire de son corps."

Mais si Jésus avait 46 ans, alors qu'on était alors en l'an 33 ap.JC, celà le ferait donc naitre vers l'an 13 av.JC.
Ou alors ce chiffre ne se rapporte qu'au temple de Jérusalem et pas à Jésus. Et étant donné que ce temple a commencé à être édifié en 20-19 av.J.C, selon Flavius Josèphe (Antiquités Juives, XV, 380), cette scène aurait eu lieu en l'an 26-27 ap.JC et non pas en 33 ap.JC.

Cependant ce passage d'"Adversus Haereses 2;22" d'Irénée de Lyon(130-202) indique lui aussi que Jésus avait presque 50 ans :
"Ce n'est qu'à partir de la quarantième, voire la cinquantième que l'on descend vers la vieillesse. C'est précisément cet âge-là qu'avait notre Seigneur lorsqu'il enseigna : l'Évangile l'atteste, et tous les presbytres d'Asie qui ont été en relations avec Jean, le disciple du Seigneur, attestent eux aussi que Jean leur transmit la même tradition, car celui-ci demeura avec eux jusqu'aux temps de Trajan. Certains de ces disciples n'ont pas vu Jean seulement, mais aussi d'autres apôtres, et ils les ont entendus rapporter la même chose et ils attestent le fait.
Il n'est pas jusqu'aux Juifs disputant avec le Seigneur Jésus-christ qui n'aient clairement indiqué la même chose. Quand en effet le Seigneur leur dit : 'Abraham, votre père, a exulté à la pensée de voir mon jour ; il l'a vu, et il s'est réjoui', ils lui répondirent : 'Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ?' (Jean VIII, 56-59). Une telle parole s'adresse normalement à un homme qui a dépassé déjà la quarantaine et qui, sans avoir encore atteint la cinquantaine, n'en est cependant plus très loin. Par contre, à un homme qui n'aurait eu que trente ans, on aurait dit : 'Tu n'as pas encore quarante ans.' Car, s'ils voulaient le convaincre de mensonge, ils devaient se garder d'outrepasser de beaucoup l'âge qu'on lui voyait : ils donnaient donc un âge approximatif, soit qu'ils aient connu son âge véritable par les registres de recensement, soit qu'ils aient conjecturé son âge en voyant qu'il devait avoir plus de quarante ans et, en tout cas, sûrement pas trente (...) Le Seigneur n'était donc pas de beaucoup éloigné de la cinquantaine."

Tout ce qui est datation en rapport avec Jésus est donc bien compliqué !