Jésus
et les Esséniens :
Au IIe siècle avant JC fut fondée la secte
des Esséniens (résultat de l'éclatement de la congrégation
des Assidéens), prés de la Mer Morte, qui considèraient que
leur foi est la seule vraie. Ils se voulaient les plus "purs",
les plus conservateurs, ceux qui tentent de revenir à la pureté
de la parole divine. Ils mentionnaient les "pauvres en esprit"
et attendaient la venue d'un Messie, la Rédemption et la survenue
du "Royaume" : La fin des temps proche où viendrait un monde
parfait. Ils se désignaient "fils de lumière" et croyaient
au "Saint-Esprit". Pour les sectateurs, le mauvais penchant,
la prédisposition au péché existaient en chaque homme : C'était
la "chair".
Selon Philon, ils étaient apiculteur et végétariens, faisaient
voeux de silence et croyaient en l'immortalité de l'ame. Ils
pratiquaient peut-être la médecine tout comme la secte
juive des "Thérapeutes" installés en Egypte dans la
région d'Alexandrie. En fait ces derniers étaient probablement
une branche des Esséniens puisque le grec "thétapeute" et
l'araméen "assaya" veulent tout deux dire "guérisseur" (d'ailleurs
l'historien Cassien les confondait). Cependant il y avait
quelques différences : Les Thérapeutes, contrairement
aux Esséniens, acceptaient des femmes dans leurs rangs.
Voici ce que disait Philon d'Alexandrie sur ces Juifs Thérapeutes
:
"L'option de ces philosophes se
marque aussitôt par le nom qu'ils portent : thérapeutes
ou thérapeutrides est leur vrai nom, d'abord parce
que la thérapeutique dont ils font profession est supérieure
à celle qui a cours dans nos cités – celle-ci
ne soigne que les corps, mais l'autre soigne aussi les âmes
en proie à ces maladies pénibles et difficiles
à guérir, que les plaisirs, les désirs,
les chagrins .... et la multitude infinie des autres passions
et des autres misères font s'abattre sur elles. S'ils
s'appellent thérapeutes c'est aussi parce qu'ils ont
reçu une éducation conforme à la nature
et aux saintes lois, au culte / thérapie de l'Être
qui est meilleur que le bien, plus pur que l'un, plus primordial
que la monade."
(Voir ICI un
autre texte de Philon d’Alexandrie sur eux).
Selon Pline et Josèphe, Les Esséniens avaient les cheveux
longs et portaient des vètements blancs. Ils menaient une
vie communautaire, sans femmes, sans argent et la mise en
commun des biens était de rigueur. C'était donc des sortes
de moines. (Voir ICI un
texte de Flavius Josephe sur les Esséniens).
Flavius Josèphe les décrivait ainsi dans ses "Antiquités judaïques XVIII,18-21" :
"Les Esséniens ont pour croyance de laisser tout entre les mains de Dieu ; ils considèrent l'âme comme immortelle et estiment qu'il faut lutter sans relâche pour atteindre les fruits de la justice. Ils envoient des offrandes au Temple, mais ne font pas de sacrifices parce qu'ils pratiquent un autre genre de purifications. C'est pourquoi ils s'abstiennent de l'enceinte sacrée pour faire des sacrifices à part. Par ailleurs ce sont de très honnêtes gens et entièrement adonnés aux travaux de la terre.
Il faut aussi les admirer, plus que tous ceux qui visent à la vertu, pour leur pratique de la justice, qui n'a jamais existé chez les Grecs ou chez les barbares, pratique qui n'est pas nouvelle mais ancienne chez eux... Les biens leur sont communs à tous et le riche ne jouit pas plus de ses propriétés que celui qui ne possède rien. Et ils sont plus de quatre mille hommes à vivre ainsi.
Ils ne se marient pas et ne cherchent pas à acquérir des esclaves parce qu'ils regardent l'un comme amenant l'injustice, l'autre comme suscitant la discorde ; ils vivent entre eux en s'aidant les uns les autres.
Pour percevoir les revenus et les produits de la terre ils élisent à main levée des hommes justes, et choisissent des prêtres pour la préparation de la nourriture et de la boisson."
Philon d'Alexandrie en disait ceci dans son livre "Quod
omnis probus liber sit (Tout homme vertueux est libre) 83-86"
:
"Ils se forment à la piété,
à la sainteté, à la justice, à
l'économie, à la politique, à la science
de ce qui est réellement bon, mauvais ou indifférent,
au choix de ce qu'il faut faire et à la fuite du contraire,
en prenant pour triple règle et critère l'amour
de Dieu, l'amour de la vertu et l'amour des hommes.
De l'amour de Dieu, ils produisent d'innombrables exemples
: la pureté constante incessante durant la vie entière,
le rejet du serment, le rejet du mensonge, la pensée
que la divinité est cause de tout ce qui est bien,
mais n'est cause d'aucun mal. L'amour de la vertu, ils l'illustrent
par le mépris des richesses, de la gloire, du plaisir
; par la maîtrise de soi, l'endurance, et encore par
la frugalité, la simplicité, l'humeur facile,
la modestie, le respect de la loi, équilibre du caractère
et toutes les vertus analogues. L'amour des hommes par la
bienveillance, l'égalité, la vie communautaire,
laquelle est supérieure à tout éloge,
mais dont il n'est pas hors de propos de parler ici brièvement.
Outre qu'ils habitent ensemble en confréries, leur
demeure est ouverte aussi aux visiteurs venus de l'extérieur
et qu'anime le même idéal. Ensuite il n'y a qu'une
bourse commune à tous, et les dépenses sont
communes : communs sont les vêtements et communs les
aliments ; ils ont adopté, en effet, l'usage des repas
en commun. Nulle part ailleurs on ne trouverait mieux réalisé
en fait, un tel usage du même toit, du même genre
de vie et de la même table, Et ce n'est pas sans raison
: en effet, ils ne gardent pas pour eux tout ce qu'ils reçoivent
comme salaire de leur journée, mais ils le mettent
en commun, pour qu'il soit à l'égale disposition
de ceux qui désirent en faire usage."
Ils vivaient sur les rives du Jourdain et
sur la rive ouest de la mer morte, comme le relate Pline l’Ancien,
dans son livre "Histoire Naturelle V 17" :
“Sur le rivage occidental du
lac d’Asphaltie (la Mer morte), hors de portée
de l’influence nocive de ses eaux, sont établis
les Hessénoriens (Ésseniens). Peuple solitaire
et le plus extraordinaire qui soit, sans femmes, sans amour,
sans argent, et vivant dans la société des palmiers.
Elle se reproduit de jour en jour, grâce à l'affluence
de nouveaux hôtes; et la foule ne manque pas de ceux
qui, fatigués de la vie, sont amenés par le
flot de la fortune à adopter ce genre de vie. Ainsi,
pendant des milliers de siècles, chose incroyable,
dans une nation chez laquelle il ne naît personne, tant
est fécond pour elle le repentir qu'ont les autres
de leur vie passée. Au-dessous de ces Ésseniens
s’élevait la ville d’Engadda (Engaddi)
qui ne le cédait qu’à Jéricho pour
la fertilité et pour ses palmeraies; maintenant c'est
un monceau de cendres comme Jérusalem. De là
on arrive à Masada, château sur un rocher, qui
n'est pas loin, non plus, du lac Asphaltite. "
Nous savons depuis les découvertes des manuscrits
de la Mer Morte (à Qumrân) comment ces Esséniens travaillaient
et leur manière de vivre. Leur noyau dur est donc bien défini
localement. Ils vivaient comme des moines, pratiquaient le
baptème et se ressemblaient pour les rituels et les repas.
Jean Baptiste était trés probablement un Essénien. Comme eux,
il vivait ascétiquement et pratiquait l'apiculture ainsi que
le rituel du baptème.
Dans ses "Antiquités juives 18.116-119", Flavius Josèphe disaitr ceci sur Jean Baptiste :
"Or, il y avait des Juifs pour penser que, si l'armée d'Hérode avait péri, c'était. par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l'avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu'il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour recevoir le baptême ; car c'est à cette condition que Dieu considérerait le baptême comme agréable, s'il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, niais pour purifier le corps, après qu'on eût préalablement purifié l'âme par la justice.
Comme les autres Juifs se rassemblaient, car ils étaient exaltés au plus haut point en écoutant les paroles de Jean, Hérode craignit qu'une telle force de persuasion n'incitât à une révolte: chacun semblait prêt à faire n'importe quoi sur les conseils de cet homme. Il estima bien préférable de prendre les devants et de le supprimer avant que quelque trouble surgisse du fait de Jean, plutôt que de se retrouver lui-même dans l'embarras si un bouleversement se produisait et d'avoir alors à le regretter. Victime des soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé prisonnier à la forteresse de Machéronte dont j'ai parlé plus haut, et il y fut mis à mort. Les Juifs furent d'avis que c'était pour le venger que l'armée avait été condamnée à la destruction : Dieu avait voulu frapper Hérode."
On notera que Jean a baptisé Jésus dans le Jourdain dans un lieu
situé à seulement 7 km de la communauté essénienne de Qmran.
Il est donc trés probable que Jésus ait été initié par les
Esséniens de Jean Baptiste.
Origène (185-254), dans le "Contra Celsum", dit ceci :
"...Sa famille étant pauvre, Jésus fut envoyé chercher du
travail en Égypte ; et lorsqu'il y fut, il y acquis certains
pouvoirs magiques que les égyptiens se vantaient de posséder" (C.C. I, 32 5. Cf. I, 28 10, 33 19 et 69 20. Cf. R.C. p. 355).
Il est probable que cela signifie que Jésus avait appris la
médecine chez les Esséniens Thérapeutes d'Alexandrie.
On remarquera que la Cène des Evangiles canoniques est de
type essénien : A Qumrân, un repas était pris en commun au
cours duquel un prêtre bénissait le pain et le vin (ainsi
qu'on l'a vu dans le texte de Philon d’Alexandrie)
Si on se base sur les rapports entre Jésus et les Esséniens,
on peut arriver à résoudre certaines incohérences concernant
la date de la passion :
Selon Marc, Luc et Matthieu, Jésus aurait pris le repas pascal,
aurait été arrété, jugé puis crucifié le 15 Nisân, jour de
paques (pour les juifs, la journée commencait le soir).
Ce jour tombait un vendredi, veille du sabbat (ca pouvait
donc être le 27 avril 31) :
"... Et le soir étant déjà venu,
puisque c’était la Préparation, ce qui est le jour qui précède
un sabbat,..."
(Marc 15:42)
"... Et c’était le jour de la Préparation
et le crépuscule du sabbat."
(Luc 23:54)
Mais tout cela ne tient pas debout : Comment Jésus aurait-il
pu, en une seule journée, avoir le temps de prendre le repas
pascal, de se faire arréter, d'être interrogé par l'ancien
grand-prêtre Anne puis par le nouveau grand-prêtre Caïphe,
de passer deux fois devant le sanhédrin, d'être jugé par Pilate,
de rencontrer Hérode puis à nouveau Pilate avant d'être crucifié
?
De plus la procédure suivie par le Sanhédrin est complètement
illégale selon le droit juif : Le Sanhédrin ne peut pas se
réunir la nuit pour un procés criminel, ni se réunir deux
fois dans la même journée, ni condamner à mort le jour ou
la veille d'une fête ou d'un sabbat, ni moins de 24 H aprés
une arrestation.
( > Voir des pages listant les irrégularités du procés : lesiecleavenir.fr - unpoissondansle.net - billetdetheo.com - didierlong.com )
Tout s'explique cependant si on lit la version de l'évangile
de Jean.
Celui-ci dit que Jésus avait pris le repas pascal en avance
sur la date juive normale :
"Or, AVANT la fête de Pâque, Jésus,
sachant que son heure était venue pour passer de ce monde
au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les
aima jusqu’à la fin."
(Jean 13:1)
Jean est cependant d'accord pour faire mourir Jésus le vendredi,
veille du sabbat, comme les autres évangélistes. Par contre
il affirme que ce jour ne tombait pas le jour de Pâque mais
la veille :
"Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe
au prétoire (or c’était le matin) ; et eux-mêmes, ils n’entrèrent
pas au prétoire, afin qu’ils ne fussent pas souillés ; mais
qu’ils pussent manger la pâque."
(Jean 18:28)
"Les Juifs donc, afin que les corps
ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat, puisque
c’était la Préparation (car le jour de ce sabbat-là était
grand), firent à Pilate la demande qu’on leur rompît les jambes,
et qu’on les ôtât."
(Jean 19:31)
Le Talmud (Sanhédrin 43A) prétend lui aussi que Jésus avait
été tué la veille de Pâque. C'était donc le 14 Nisân et cette
date pourrait correspondre à la date du 7 avril 30 ou du 3
avril 33 (ou du 15 avril 30 ou du 11 avril 33 si on tient
compte de l'irrégularité du cycle lunaire).
Mais pourquoi Jésus aurait-il pris le repas pascal en avance
?
Parcequ'il se référait non pas au calendrier lunaire officiel
des juifs mais au calendrier solaire des esséniens. Ainsi
pour lui la date du repas pascal était le soir du mercredi
12 Nisän. Il aurait donc eu tout le temps d'être arrété et
jugé avant d'être tué le vendredi 14 Nisän. Et la procédure
judiciaire n'aurait pas été entachée par toutes ces irrégularités.
D'ailleurs Épiphane de Salamine prétendait également que Jésus
avait été arrété un mercredi soir. Et le Didaché racontait
de même que la Cène et l'arrestation avaient eu lieu un mercredi
soir. Et Victorin de Puteau expliquait à ce propos que jadis
les chrétiens jeunaient deux jours par semaine : le mercredi
pour commémorer l'arrestation de Jésus, et le vendredi pour
commémorer sa mort.
Tout ceci montre bien l'influence que les Esséniens avaient
eu sur Jésus.
Cependant, par la suite, Jésus semble s'être
plus ou moins séparé des Esséniens (qu'il devait probablement
trouver trop dogmatiques) pour former la secte des Nazaréens.
Les disciples de Jean Baptiste qui l'avaient pris au début
pour le messie, sont alors devenus sceptiques et lui ont demandé "es-tu celui qui doit venir ou devons-nous
en attendre un autre ?" (Matthieu 11.3)
Que sont devenus ensuite les Esséniens, aprés la mort de Jean
Baptiste et de Jésus ?
Selon Hippolyte (Philosophoumena ou Réfutation de toutes les
hérésies, début du IIIe siècle livre IX, § 26):
"(Les Esséniens) se sont divisés au
cours du temps et ils ne respectent pas l'ascèse de la même
façon étant groupés en quatre groupes : certains parmi eux,
par exemple, pratiquent l'ascèse au delà du nécessaire, ils
ne touchent jamais à la monnaie, disant qu'il ne faut ni porter,
ni regarder, ni fabriquer une image... D'autres, lorsqu'ils
entendent quelqu'un discourir de Dieu et de ses lois, et s'il
se trouve ne pas être circoncis, on le guette seul à un endroit
et le menace de mort s'il ne se fait pas circoncire. S'il
refuse d'obéir, on ne lui pardonne pas, mais on l'égorge.
C'est par de tels incidents qu'ils ont obtenu leur nom, se
faisant appelés Zélotes ou Sicaires par certains (groupe de
terroristes anti-romains). Le troisième groupe d'entre eux
n'appelle Seigneur personne sauf Dieu, même si on les torture
ou tue..."
Il paraît évident, d'après les écrits de Josèphe (Guerre des
Juifs, II, 567) que les Esséniens et les Zélotes ont participé
à la grande révolte de 66-73 contre les occupants romains.
Josèphe relate qu'au début de la révolte le commandant de
l'important secteur central était un certain Jean l'Essénien.
Yadin estime qu'un nombre considérable d'Esséniens s'est joint
à la rébellion, ce qui, selon lui, explique la présence du
rouleau de la secte de Qumran à Masada (dernière forteresse
juive à être tombée entre les mains des romains).
Aprés l'échec de la révolte, les Esséniens divisés en quatre groupes semblent s'être
repliés vers la Transjordanie où l'on trouvera ensuite plusieurs sectes baptistes installées.
Parmi celle-ci il y avait les Hémérobaptistes ("Se baignant tous les jours"). Selon le texte des Homélies pseudo-Clémentines 2;23", ce nom désignait le groupe fondé par Jean-Baptiste.
Epiphane, dans son livre "Panarion 17" disait ceci sur eux :
"
Une secte d'hémérobaptistes, comme on les appelle, les accompagne. Elle n'est pas différente des autres, mais a les mêmes idées que les scribes et les pharisiens. Cependant, elle ne ressemble certainement pas aux Sadducéens dans la négation de la résurrection des morts, mais dans l'incrédulité que l'on trouve dans les autres. Mais cette secte avait acquis cette caractéristique supplémentaire d'être baptisée chaque jour du printemps, automne, hiver et été, de sorte qu'ils portent le nom d'hémérobaptistes. Car cette secte a prétendu qu'il n'y a pas de vie pour un homme s'il n'est pas baptisé quotidiennement avec de l'eau, lavé et purifié de toute faute..."
Il y avait aussi les Osséens, dont le nom semble dériver directement du nom des Esséniens.
Epiphane, dans son livre "Panarion 19" disait ceci sur eux :
"Après cette secte à son tour, vient une autre qui leur est étroitement liée, celle appelée la secte des Ossaéens. Ce sont des juifs comme les autres, hypocrites dans leur comportement et horribles dans leur façon de penser. On m'a dit qu'ils venaient de Nabatène, Iturée, Moabitide et Arielide, des terres situées au-delà du bassin de ce que les saintes Écritures appellent la 'mer Salée'. C'est ce qu'on appelle la 'mer morte'. Et d'après la traduction du nom, ce 'peuple des Ossaéens' signifie 'peuple vigoureux'. "
Selon Epiphane, les Esséniens s'appelleront plus tard "Sampséens".
Il y avait également les Nasaréens ou les Nazoréens.
Ceux-ci dérivaient directement des disciples de Jésus qui étaient restés dans le Judaïsme sans s'intégrer dans le Christianisme officiel.
Epiphane, dans son livre "Panarion 18" disait ceci sur eux, semblant en faire un rameau des Hémérobaptistes :
"Ensuite, je vais entreprendre de décrire la secte des hemerobaptistes, appelés la secte des Nasaraïens (Nasaréens). Ce sont des Juifs de nationalité, de Gile-aditis, de la Bashanitide et de la Transjordanie, comme on me l'a dit, mais des descendants d'Israël eux-mêmes. Cette secte pratique le judaïsme à tous les égards et n'a guère de croyances autres que celles que j'ai mentionnées. On lui a également donné la circoncision, et elle a gardé le même sabbat et observé les mêmes fêtes, et n'a certainement pas inculqué la divination ou l'astrologie. Elle reconnait également comme pères les personnages du Pentateuque, d'Adam à Moïse, qui étaient illustres pour l'excellence de leur piété - je veux dire Adam, Seth, Enoch, Mathusalem, Abraham, Isaac, Jacob, Lévi et Aaron, Moïse et Josué, fils de Nun. Cependant, Elle n'accepte pas le Pentateuque lui-même. Elle reconnait Moïse et pense qu'il avait reçu une législation — non pas cette législation, ont-ils dit, mais une autre. Ainsi, bien qu'ils fussent des juifs qui observaient toutes les observances juives, ils ne voulaient ni sacrifier ni manger de la viande. À leurs yeux, il était illégal de manger de la viande ou de faire des sacrifices avec de la viande. Ils ont prétendu que ces livres étaient des faux et qu'aucune de ces coutumes n'avait été instituée par les pères. C'était la différence entre les Nasaraïens et les autres..."
Plus tard on ajoutera également les Ebionites ('Ebyonim = "pauvres").
Ils ne reconnaissaient ni la messianité ni la divinité de Jésus.
Ils rejetaient les écrits de Paul et se recommandaient de Jacques, frêre de Jésus.
Épiphane de Salamine, dans son "Panarion, 30. 2,1" disait qu'ils voyaient en Jésus un simple homme mortel :
"En premier lieu, il (Ebion) dit que le Christ a été conçu d'une relation sexuelle et par la graine de l'homme, Joseph."
Dans son livre "Contre les hérésies I, 26, 2", Irénée de Lyon disait ceci sur eux :
"Ils rejettent les écrits de l'apôtre Paul parce que, à leurs yeux, c'est un apostat de la Torah."
Anne
de Jérusalem décrira l'existance d'"Ebionites Esséniens" en Pérée (Transjordanie).
Ceux-ci étaient probablement nés
de la fusion ultérieure des Esséniens avec les Ebionites. Epiphane, en effet, disait ceci :
"Seuls
quelque rares Nazoréens doivent toujours exister en Egypte
supérieure et au delà de l'Arabie, mais le reste des Osséens
(Esséniens), qui demeuraient au-dessus de la mer morte et
de l'autre côté avec les Sampsaeans se sont associés aux Ebionites."
Epiphane citait les sectes juives suivantes :
"Les
Sadducéens, les Pharisiens, les Hémérobaptistes, les Osséens
(Esséniens), les Nasaraeans et les Hérodiens..."
"( ...Ils vivaient...) en
Nabatène, Iturée, Moab et le pays autour d'Areopolis, les
régions se trouvant au-de la de la Mer Morte."
Eusebe a cité les travaux d'Hégésippus qui avait classé ces anciennes
sectes juives pratiquant le baptème :
"il y avait divers groupes
de circoncis, parmi les enfants d'Israel, tous hostiles à
la tribu de Juda et du Christ. C'étaient les Osséens (Esséniens),
les Galiléens, les Hémérobaptistes ("qui se baignent tous
les jours"), les Masbuthéens (les "Baigneurs quotidiens",
de la racine Masbuta = "plonger dans l'eau"), les Ébionites-Nazoréens (Ebionites mélés de Nazoréens ?),
les Sampséens (Sabéens), les Elchasaites, etc..."
(Les noms Sampséens / Sabéens, et Masbuthéens / Basmothéens,
viennent tous de la racine "Subbi" qui veut dire "Baptistes".)
Et les constitutions apostoliques donnaient la liste d'hérésies
juives suivantes : ... les Sadducéens... les Pharisiens...
les Basmothéens... les Hémérobaptistes... les Ebionites...
les Esséniens.
Lucien de Samosta, au 2ème siècle, parlait d'un groupe sur
le fleuve Euphrate en Syrie du nord. Ces "baigneurs quotidiens"
se levaient à l'aube pour se baptiser : Ce devait être des
Hémérobaptistes ("qui baptisent chaque jour") ou des Masbuthéens.
Tous ces groupes de Baptistes seront convertis en partie par le Gnostique Elchasai (Elkesai ou Helxai = "Puissance Cachée"),
fondateur de la secte des Elchasaites (ou Elcéséens).
Ceux-ci étaient des Baptistes hostiles
à Paul et ils vénéraient
Jésus autant que Jean Baptiste. Ils pensaient cependant
que jésus n'était pas un dieu mais l'incarnation d'un
ange (Michel ?) ayant habité auparavant dans plusieurs
autres prophètes : Adam, Enoch, Noé, Abraham et Elie.
Végétariens et ne buvant pas d'alcool, il donnaient
à Jésus le titre de "Sceau de la prophétie"
... terme qui sera repris ensuite par les Musulmans qui l'appliqueront
à leur prophète Mahomet.
Hippolyte, Epiphane et Origène racontent que vers 217 à 222,
pendant le règne de Callistus, Alcibiades d'Apamée serait
venu à Rome avec le livre de la secte des Elchasaites. Ce
livre provenait de Sebae, une ville de Parthie (Iran). Il
aurait été apporté à Elchasai par un
ange géant. Et Elchasai l'aurait donné aux Sobiais (Sabéens).
Epiphane, dans son livre "Panarion 19", décrit l'influence de l'elchasaïsme chez les Osséens / Esséniens :
"L'homme appelé Elxai les rejoignit plus tard, sous le règne de l'empereur Trajan après l'incarnation du Sauveur. Faux prophète, il a écrit un livre, soi-disant par prophétie ou comme par sagesse inspirée. Ils disent aussi qu'il y avait une autre personne, Iexaeus, le frère d'Elxai. Elxai a été trompé par la nature et une fraude délibérée. À l'origine, il était un Juif avec des croyances juives, mais il ne vivait pas conformément à la loi. Il a présenté une chose après l'autre et a formé sa propre secte, et a désigné le sel, l'eau, la terre, le pain, le ciel, l'éther et le vent comme des objets à prêter sous serment. Mais à nouveau, à un moment donné, il désigna sept autres témoins - je veux dire le ciel, l'eau, les 'esprits saints', dit-il, les anges de la prière, l'olive, le sel et la terre.
Contre le célibat, il déteste la continence et insiste sur le mariage. Et comme par révélation, s'il vous plaît, il a présenté d'autres personnages de son imagination. Et il a enseigné l'hypocrisie en disant que même si on devait adorer des idoles en période de persécution, ce n'était pas un péché - du moment qu'on ne les adore pas dans sa conscience et, quelle que soit sa confession, faire avec sa bouche et ne pas faire dans son coeur.
En outre, le forme a osé produire un témoin. Il a dit que Phineas, un prêtre de la souche de Lévi, Aaron et son ancien Phineas, avaient échappé à la mort à Babylone pendant la captivité en se prosternant devant l'image d'Artémis à Suse sous le règne du roi Darius. Ainsi, toutes les choses qu'il enseigne sont fausses et futiles.
Comme il a été dit plus tôt, Elxai était connecté à la secte que j'ai mentionnée, celle appelée Ossaïennes. Même aujourd'hui, il en reste encore en Nabatène, qui s'appelle également Pérée près de la Moabitide; ce peuple est maintenant connu sous le nom de Sampséens. Ils imaginent que le nom Elxai signifie 'pouvoir révélé', si vous voulez, puisque 'el' signifie 'pouvoir' et que 'xai' signifie 'caché'. Mais toute l'insolence de la coutume a été exposée de nos jours et ils ont encouru une grave honte aux yeux de ceux qui étaient capables de percevoir la vérité et d'en être certains.
La secte a encore survécu même de nos jours, sous le règne de Constance et des empereurs actuels. Car jusqu'à l'époque de Constance, une Marthus et une Marthana, deux sœurs descendues d'Elxai lui-même, étaient vénérés comme des déesses sur le territoire osséen - parce qu'elles descendaient de cet Elxai, si vous voulez ! Pourtant, Marthus est récemment décédée (bien que Marthana soit toujours en vie)! Les sectaires illusoires de ce pays emportent même les sœurs et les autres saletés de leur corps, soi-disant comme protection contre les maladies (…)
Mais de la composition trompeuse et fausse du livre de sa folie, je ne suis pas sûr qu'il l'ait enseignée de notre Seigneur Jésus-Christ. Car il ne le spécifie pas non plus, mais dit simplement 'Christ' (Messie), comme si, d'après ce que je peux comprendre, il voulait dire quelqu'un d'autre ou attendait quelqu'un d'autre.
Et il interdit la prière face à l'est. Il affirme qu'il ne faut pas faire face à cette direction, mais à Jérusalem de tous les côtés. Certains doivent faire face à Jérusalem d'est en ouest, d'autres d'ouest en est, d'autres du nord au sud et du sud au nord, de sorte que Jérusalem soit confrontée dans toutes les directions. Et remarquez la folie de la fraude ! Il interdit les offrandes brûlées et les sacrifices, comme quelque chose d'étranger à Dieu et ne lui étant jamais offert sous l'autorité des pères et de la loi, et pourtant il dit que nous devons prier pour Jérusalem, où l'autel et les sacrifices étaient - cet homme qui rejette la coutume juive de manger de la viande et du reste, et de l'autel, et brûle comme quelque chose d'étranger à Dieu."
Epiphane, dans son "Panarion 52" décrit également l'endoctrinement des autres sectes baptistes par Elxai :
"Et je laisserai passer cette secte également. Car encore une fois, Elxai est associé aux Ébionites après le Christ, ainsi qu'aux Nazoréens, qui sont venus plus tard. Et quatre sectes se sont servies de lui parce qu'elles étaient ensorcelées par son imposture. Parmi ceux qui sont venus après : les Ebionites et les Nazoréens; parmi ceux d'avant son époque et pendant celle-ci ; les Ossaéens et les Nasaréens que j'ai mentionnés précédemment.
C'est la sixième secte des sept à Jérusalem. Ils ont persisté jusqu'à la venue du Christ et après son incarnation jusqu'à la prise de Jérusalem par l'empereur Titus, frère de Domitien mais fils de Vespasien, la deuxième année du règne de son père Vespasien. Après la chute de Jérusalem, celle-ci et les autres sectes qui ont connu une brève période de célébrité - je veux dire les Sadducéens, Scribes, Pharisiens, Hémérobaptistes, Ossaéens, Nasaraïens et Hérodiens - s'attardèrent jusqu'à ce que, à son époque et à sa saison, chacun a été dispersé et dissous (…)
C'est donc le méchant qui a parlé à Elxai, celui qui l'a obligé non seulement à jurer par Dieu, mais aussi par le sel, l'eau, le pain, l'éther, le vent, la terre et le ciel."
Epiphane disait que les
Sampséens (Sampsènes, Sampsites), vivant
dans l'est de la Jordanie et de la mer morte, pratiquaient une forme
de baptème, reconnaissaient aussi Elchasai en tant
que leur professeur et vénéraient son livre mais pas la Bible.
Il est probable que leur nom de "Sampséens" était une forme
du mot "Sabéens".
Epiphane disait ceci à leur sujet dans son "Panarion 53":
"Il y a une secte de Perée : les Sampsaéens, peuple également connu sous le nom d'Elkasaïtes que j'ai déjà mentionné dans mes autres Sectes, dans le pays appelé Pérée après la mer de sel ou, comme on l'appelle, la Mer Morte. Ils sont aussi en Moabitide, près de la rivière Arnon, et de l'autre côté de l'Iturée et de Naabatitide, comme je l'ai souvent dit. Ces gens se vantent qu'Elxai est leur instituteur avec, en outre, deux femmes de sa race qui sont vivantes à ce jour, et sont vénérées comme des déesses supposées parce qu'elles sont de la semence bénie. Mais les Osséens, les Ebionites et les Nazoréens utilisent ce livre, comme je l'ai souvent dit. Cependant, ces Sampsaéens basent réellement leur religion sur eux et ne sont ni chrétiens, ni juifs ni païens; comme ils sont juste au milieu, ils ne sont rien. Mais ils disent qu'ils ont un autre livre, appelé le livre du frère d'Elxai, Iexai. Ils disent que Dieu est un, et le vénéreraient soi-disant par l'administration d'une sorte de baptême. Ils sont dévoués à la religion juive, mais pas de toutes les manières. Certains s'abstiennent même de manger de la viande. Ils mourraient pour les descendants d'Elxai. Et j'ai appris récemment que la femme Marthus, était morte, et, à moins qu'elle ne meure aussi, Marthana était toujours en vie. Chaque fois que ces femmes allaient n'importe où à pied, les foules les suivaient et prenaient la poussière de leurs pieds pour guérir, s'il vous plait, et, puisqu'elles étaient terriblement trompées, leur crachat aussi, et les utilisaient dans des phylactères et des amulettes. Pour chaque erreur, c'est d'abord l'aveuglement et le non-sens ensuite. Ils n'acceptent ni prophètes ni apôtres, mais toutes leurs idées sont des illusions. Ils honorent l'eau et la considèrent presque comme Dieu, car ils prétendent que c'est la source de la vie. Ils confessent le Christ nom, mais croient qu'il est une créature et qu'il continue à apparaître de temps en temps. Il a été formé pour la première fois en Adam, mais comme il choisit, il enlève le corps d'Adam et le remet. Il est appelé Christ et le Saint-Esprit est sa soeur, sous forme féminine. Chacun d'eux, le Christ et le Saint-Esprit, ont une hauteur de 96 km et une largeur de 24 km; et ils ont beaucoup d'autres non-sens (…)
Passons maintenant au reste, puisque nous l'avons frappé, comme un lis solaire, du gourdin d'espoir en Christ et en sa croix. Car il vaut la peine d'utiliser le nom même qu'ils se sont donné comme explication symbolique de leur titre factice. 'Sampsaéens' signifie 'solaires'; c'est pourquoi j'ai mentionné la bête. Les gens appellent ce lézard un 'lézard solaire', mais cette secte est inférieure au lézard, car elle n'a même pas son momentané avantage."
Pour Saint Augustin,
les Ebionites, les Sabéens et les Elchasaïtes
étaient des rameaux d'une même secte; A leur
sujet, il écrit ceci dans son livre "Des hérésies,
31-32" :
"Aux yeux des Ebionites,
Jésus-Christ n'était, non plus, qu'un homme
les préceptes charnels de la Loi, la circoncision et
toutes les autres observances, dont nous a délivrés
le Nouveau Testament, étaient choses sacrées
pour eux. Epiphane assimile à ces hérétiques
les Sampséens et les Elcéséens, au point
d'en faire les membres d'une même secte, et de les désigner
sous le même numéro, quoiqu'il remarque entre
eux quelques divergences d'opinion : néanmoins, dans
la suite, il parle d'eux en particulier, et leur assigne un
rang à part. A en croire Eusèbe, les Elcéséens
disaient qu'en temps de persécution il est permis de
renier extérieurement la foi, pourvu qu'on y reste
attaché dans le fond du coeur .
Les Elcéséens et les Sampséens,
dont Epiphane fait ensuite mention comme si c'était
ici leur place, furent, à ce qu'il paraît, les
dupes d'un faux prophète : cet homme, du nom d'Elci,
avait eu deux filles qu'ils adoraient comme des déesses.
Pour le reste, il y avait similitude d'erreurs entre ces hérétiques
et les Ebionites."
Actuellement, tous ces Baptistes n'ont pas tous disparu : leurs descendants se sont regroupés pour former
les Mandéens. Le
mandéisme désigne la religion pratiquée par une secte dont
les derniers survivants, quelques milliers, se trouvent actuellement
près des rives du golfe Persique, dans la région de Bassora.
Leur livre sacré, le Haran Gawaita, dit qu'ils sont venus
de Palestine en passant par la Syrie et en remontant l'Euphrate.
La secte mandéenne a été révélée en 1652 par un missionnaire
carme, qui décrivait ses membres sous le nom de "Chrétiens
de saint Jean". D’après l’étymologie, les "Mandéens"
(Mandayas) seraient des hommes de la connaissance (manda),
ce qui montre qu'ils se sont mélés avec des Gnostiques. Mais ils
désignent eux-mêmes leurs prêtres du nom de "Nasuraias" ("Nazoréens")
et leur doctrine du nom de Nasaruta ("Nazoréisme"), ce qui
révèle également leur mélange
avec les derniers Nazaréens.
Ils pensent que leur religion leurs vient d'Adam qui l'a recue
directement de Dieu (Mana). Leur dernier grands professeur
et guérisseur était Jean-Baptiste. Par contre ils considèrent
Jésus comme un faux messie, le prétendu sauveur des
Nazoréens. Pour eux le vrai messie s'appelle Enosh-Uthra.
Ils mangent trés peu de viande car tuer leurs est interdit.
Ils pratique le baptème quotidiennement avant lever de soleil
et n'emploient aucune image, aucune statue pour prier.
Ils ont des conditions diététiques strictes et le célibat
leurs est interdit tout comme la circoncision.
Leur cosmologie semble inspirée des Gnostiques (Elkasaïtes puis Adonaïstes) avec lesquels ils se sont mélés
au moyen-age. Dieu est le roi de la lumière qui
demeure dans le monde le plus élevé. Les mondes inférieurs
comprenant la terre sont la maison d'un mauvais esprit femelle
appelé Ruha. Celui-ci a donné naissance à des entités innombrables,
certaines bonnes et certaines mauvaises, dont "les douzes",
identifiés avec le zodiaque, et "les septs", identifiés avec
les sept planètes inspiratrices des sept fausses religions..
Un autre nom leurs était attribué, celui de Sabéens
ou Sabaya ("Baptistes"), qui souligne l’importance prise dans
cette secte par les rites du baptême.
Dans le Coran, les Sabéens sont appelés "as-Sâbi'ûn" et ils
sont considérés comme faisant partie des "gens du livre" (ahl
al-kitâb) comme les Juifs et les Chrétiens. Il ne faut pas
les confondre avec les Chaldéens de Harrân (des paiens ou
des Gnostiques adorateurs
du dieu lunaire Sin) qui ont repris ce nom vers 830 pour ne
pas être persécutés par les musulmans. Al-Biruni d'Ahmad (972
à 1048) divisait d'ailleurs les Sabéens en deux groupes. Il
écrivait que le premier groupe était celui de Harran et l'autre
celui de Wasit dans le Sawad Al-Irak. Il déclarait que celui
d'Irak était celui des vrais Sabéens.
Selon le Coran, l'oncle de Khadija, femme de Mahomet, aurait
été un Chrétien parlant l'hébreu (un "Nasraniy" plus exactement).
Il est trés probable qu'il était un Nazaréen ou un Sabéen.
il est trés probable aussi qu'il ait fortement influencé Mahomet
dans son rejet des doctrines de la trinité et de la divinité
de Jésus. D'ailleurs les arabes païens ont un instant cru
que Mahomet était un Sabéen.
Rabi'ah 'ibn 'Ubbad et ibn Abi Rabah ont écrit :
"j'ai vu le prophète quand j'étais
un païen. Il disait au peuple 'si vous voulez vous sauver,
acceptez qu'il n'y a aucun autre Dieu qu'Allah '. A ce moment
j'ai vu un homme derrière lui qui a dit 'C'est un Sabi.' Quand
j'ai demandé qui il était, lui, on m'a dit qu'il était Abu
Lahab, oncle du prophète."
Ibn Jurayi (qui a vécu au 8ème siècle) a écrit : "il
(Mohamed) est un Sabéen".
Et Ibn Zayd (798) a écrit : "Le
prophète et ses compagnons sont mentionnés comme étant des
Sabéens"
Mani, fondateur du manichéisme, semble avoir été influencé
également par le Mandéisme en même temps que par le Zoroastrisme.
Al-Nadim a écrit en 995 au sujet d'une secte baptiste qu'il
appelle Sabéens Bata'ih (Sabéens des marais). Il les appelle
également officieusement Mughasilahs ("les Baptistes" ou "ceux
qui se lavent"). Il n'y a aucun doute que ces personnes sont
des Mandéens / Sabéens ou des Elchasaites. Al-Nadim a écrit
aussi que Futtaq / Patik, le père de Mani, a appartenu à ces
Mughasilahs et qu'il a instruit son fils dans leur foi. Ceux-ci
étaient appelés "Baptistes" par les
Grecs et les Coptes, et "Menaqqedes" (Ceux qui purifient")
ou "Hall Hewares" (Vêtements blancs) par les
Syriaques.
A noter que, selon Al-Nadim, la secte des Sabéens des marais
aurait été fondée par Al-Hasih. Hors ce terme signifie "Saint
Homme" et servait aussi à désigner Elchasai,
fondateur de la secte des Elchasaites.
Les Baptistes et les Gnostiques Helléniens :
Si on en croit les "Homélies pseudo-Clémentines 23-24", Dosithée (Dositheos), fondateur du Gnosticisme, faisait partie du groupe des Hémérobaptistes, c'est à dire de la secte de Jean Baptiste.
Lui, ainsi que Simon le magicien, se sont même disputés pour prendre la tête de la secte aprés la mort de Jean Baptiste :
" Il y avait Jean baptiste, qui était également, selon la méthode de combinaison, le précurseur de notre Seigneur Jésus; et comme le Seigneur avait douze apôtres, qui correspondaient au nombre des douze mois du soleil, de même, Jean, lui-même, avait trente disciples, accomplissant le décompte mensuel de la lune (...) Mais parmi ces trente, le premier et le plus estimé par Jean était Simon; et la raison de son absence après la mort de Jean était la suivante : Il (Simon) était absent en Egypte pour la pratique de la magie et Jean avait été tué, Dosithée désirant obtenir la direction, a prétendu faussement que Simon était mort et a réussi à obtenir le siège. Mais Simon, qui rentrait peu de temps après et tenait énergiquement à la place, rencontra Dosithée sans demander cette place, sachant qu'un homme qui avait atteint le pouvoir au-delà de ses espérances ne pouvait en être débarrassé. C'est pourquoi, avec une prétendue amitié, il resta pour un temps à la deuxième place, sous Dosithée. Mais prenant sa place après quelques jours parmi les trente compagnons de route, il commença à faire du mal à Dosithée, disant que celui-ci ne donnait pas les instructions correctement."
Selon Origène également, Dosithée aurait succédé à Jean Baptiste.
Ensuite, en 36 ap.JC eut lieu une révolte des Samaritains contre Rome.
Dans ses "Antiquités juives 18.85-88" Flavius Josèphe la décrit ainsi :
" Les Samaritains ne manquèrent pas non plus de troubles, car ils étaient excités par un homme qui ne considérait pas comme grave de mentir et qui combinait tout pour plaire au peuple. II leur ordonna de monter avec lui sur le mont Garizim, qu'ils jugent la plus sainte des montagnes, leur assurant avec force qu'une fois parvenus là il leur montrerait, des vases sacrés enfouis par Moïse, qui les y avait mis en dépôt. Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. Mais Pilate se hâta d'occuper d'avance la route où ils devaient monter en y envoyant des cavaliers et des fantassins, et ceux-ci, fondant, sur les gens qui s'étaient rassemblés dans le village, tuèrent les uns dans la mêlée, mirent les autres en fuite et en emmenèrent en captivité beaucoup, dont les principaux furent, mis à mort par Pilate, ainsi que les plus influents d'entre les fuyards.
Une fois ce trouble calmé, le conseil des Samaritains se rendit auprès de Vitellius, personnage consulaire, gouverneur de Syrie, et accusa Pilate d'avoir massacré les gens qui avaient péri ; car ce n'était pas pour se révolter contre les Romains, mais pour échapper à la violence de Pilate qu'ils s'étaient réunis à Tirathana."
Hors il semble bien que le chef de ce groupe de Samaritains révoltés s'appelait Dosithée comme le disait Celse :
"Et après le temps de Jésus, Dosithée de Samarie voulut persuader les Samaritains qu'il était le Christ en personne prédit par Moïse et parut, par son enseignement, avoir conquis quelques adhérents."
Il est possible que les révoltés se soient alors enfuis du pays. Hors, selon les Mandéens, c'est justement vers 37 ou 38 ap.JC que leur migration vers l'est aurait commencé.
Michel le Syrien racontait également que "la secte des Kantéens et les misérables Dosthéens (secte de Dosithée)" étaient partis vers l'Orient à l'époque de Zénon et du Shah de Perse Balash (484-488).
(Selon Bar Kuni, les Kantéens étaient une sectedualiste gnostique fondée par Battaï sous le Shah Peroz, 459-487).
Et, selon Théodore Bar Konaï, dans son "Livre des Scholies XI", le prophète Ado le mendiant qui officiait au moyen-age chez les Mandéens se réclamait de Dosithée :
"On nomme les disciples d'Ado 'Nazaréens' et 'Partisans de Dosthaï (Dosithée)'."
Peut-être peut-on établir un lien entre le Gnosticisme Héllénien de Dosithée et le Gnosticisme Elchasaïte d'Elchasai ?
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