DOSSIER JÉSUS :



Les textes romains sur Jésus :                                                                         

 

 

Les Chrétiens tiennent l'existence historique de Jésus pour acquise. Pourtant si celui-ci avait vraiment remué des foules énormes comme on le prétend, cela aurait été remarqué et les textes romains en auraient fait mention. Pourtant il est bien difficile de trouver des textes historiques contemporains de Jésus et qui parlent de lui.
Peut-être qu'à son époque ce dernier est passé bien plus inaperçu qu'on ne le croyait ?
Ou alors ces textes existaient mais ont été détruits ? ... Mais pourquoi ? Parcequ'ils décrivaient un Jésus différent du Jésus "officiel" des Chrétiens ?


Voici une liste des anciens textes contemporains de Jésus ou on peut essayer de trouver des témoignages historiques à son sujet :

- Vellerius Paterculus (-19 +31) :
Il a écrit l' "Histoire romaine", ouvrage dont la partie concernant la fin de l'année 29 jusqu'au milieu de l'an 30 (correspondant au ministère de Jésus) a disparu (ou a été opportunément détruite ?).

- Philon d'Alexandrie (-34 +54) :
Il a décrit les communautés de Juifs Esséniens et Thérapeuthes qui vivaient en Égypte.
C'est lui qui a inventé le concept de Logos (Verbe), qui sera plus tard repris par Saint Jean.
Pourtant nulle part il ne parle de Jésus qui était pourtant son contemporain.
Cependant, Eusèbe de Césarée prétend (dans son Histoire de l'Eglise II;v,7), que Philon avait décrit des troubles survenus en Judée sous Tibère (14-37 ap.JC). Peut-être que ce texte décrivait alors l'arrestation de Jésus ... mais il est l'un des seuls écrits de Philon a ne pas nous être parvenu.

- Servilius Nonianus (? +60) :
Il a écrit l' "Histoire romaine" ... ouvrage dont il ne reste aucune trace.

- Sénèque (-4 +65) :
Il n''a pas écrit une seule ligne sur Jésus ni sur les Chrétiens et leurs persécutions par Néron en +64.

- Aufiduius Bassus (+10 +65) :
Il a écrit l' "Histoire générale" ... ouvrage dont il ne reste aucune trace.

- Pline l'Ancien (+23 +79) :
Il parle de la Judée et de la Samarie mais ne dit rien sur Jésus.
Il parle des Essénien mais ignore les Chrétiens.
Il ne dit rien non plus de leur persécution par Néron en +64.

- Justin de Tibériade (vers +100) :
Il a écrit écrit l' "Histoire des Hébreux", livre dont tous les exemplaires ont été détruits.
Vers 860, Photios de Constantinople (+810 +895) en disait cependant : "Dans aucune partie du livre de Justin de Tibériade je n'ai trouvé la plus petite référence qui parle de la naissance de Christ, de ce qui lui arriva ou de ses actes extraordinaires."

- Martial (+40 +103) :
Il n'a rien écrit sur Jésus.

- Pline le Jeune (+63 +114) :
En 112 il écrit une lettre à l’empereur Trajan (Lettre X, 96) pour demander quelle conduite il doit tenir à l'égard d'une secte :
"Je me suis fait, Seigneur, une habitude d'en référer à vous sur toutes les affaires où j'ai des scrupules : qui pourrait mieux me diriger quand j'hésite ou m'instruire quand j'ignore ? Je n'ai jamais assisté à aucun procès contre les chrétiens. Aussi, je ne sais pas ce qu'on punit d'ordinaire chez eux, sur quoi porte l'enquête, ni jusqu'où doit porter leur punition. je me demande non sans perplexité s'il y a des différences à observer selon les âges, ou si la tendre enfance est sur le même pied que l'adulte, si l'on pardonne au repentir ou si qui a été tout à fait chrétien ne gagne rien à se dédire, si l'on punit le seul nom de chrétien en l'absence de crimes ou les crimes qu'implique le nom.
En attendant, voici la règle que j'ai adoptée à l'égard de ceux qui ont été déférés devant moi comme chrétiens: Je leur ai demandé à eux-mêmes s'ils étaient chrétiens. A ceux qui avouaient, je l'ai demandé une seconde et une troisième fois en les menaçant du supplice; ceux qui persévéraient, je les ai fait exécuter : quoique signifiât leur aveu, j'étais sûr qu'il fallait punir du moins cet entêtement et cette obstination inflexibles. D'autres, possédés de la même folie, je les ai, en tant que citoyens romains, notés pour être envoyés à Rome.
Bientôt, comme il arrive en pareil cas, l'accusation s'étendant avec le progrès de l'enquête, plusieurs cas différents se sont présentés. On a affiché un libelle sans signature contenant un grand nombre de noms. Ceux qui niaient être chrétiens ou l'avoir été, s'ils invoquaient des dieux selon la formule que je leur dictais et sacrifiaient par l'encens et le vin devant ton image que j'avais fait apporter à cette intention avec les statues des divinités, si en outre ils blasphémaient le Christ - toutes choses qu'il est, dit-on, impossible d'obtenir de ceux qui sont vraiment chrétiens -, j'ai pensé qu'il fallait les relâcher. D'autres, dont le ton nom avait été donné par un dénonciateur, dirent qu'ils étaient chrétiens, puis prétendirent qu'ils ne l'étaient pas, qu'ils l'avaient été à la vérité, mais avaient cessé de l'être, les uns depuis trois ans, d'autres depuis plus d'années encore, quelques-uns même depuis vingt ans. Tous ceux là aussi ont adoré ton image ainsi que les statues des dieux et ont blasphémé le Christ.
Au reste ils assuraient que leur faute ou leur erreur n'avait jamais consisté qu'en ceci : ils s'assemblaient, à jour marqué, avant le lever du soleil; ils chantaient tour à tour des hymnes en l’honneur d’un certain Khristus qu’ils considèrent presque comme une divinité; ils s'engageaient par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol, de brigandage, d'adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt; après cela, ils avaient coutume de se séparer, et se rassemblaient de nouveau pour manger des mets communs et innocents. Depuis mon édit, ajoutaient-ils, par lequel, suivant vos ordres, j'avais défendu les associations, ils avaient renoncé à toutes ces pratiques. J'ai jugé nécessaire, pour découvrir la vérité, de soumettre à la torture deux femmes esclaves qu'on disait diaconesses. Mais je n'ai rien trouvé qu'une superstition extraordinaire et bizarre. Aussi ai-je suspendu l'information pour recourir à ton avis.
L'affaire m'a paru mériter que je prenne ton avis, surtout à cause du nombre des accusés. Il y a une foule de personnes de tout âge, de toute condition, des deux sexes aussi, qui sont ou seront mises en péril. Cette superstition contagieuse a infecté non seulement les villes, mais aussi les campagnes et les bourgs. Je crois qu'on peut l'arrêter et y remédier. Ce qu'il y a de certain, c'est que les temples qui étaient quasi déserts, sont de nouveau fréquentés, que les sacrifices solennels longtemps négligés ont repris et que partout on vend la viande des victimes qui ne trouvait que peu d'acheteurs. D'où il est aisé de penser quelle foule d'hommes pourrait être guérie si l'on accueillait le repentir. "

On remarquera qu'à cette époque, les Chrétiens avaient déjà du se répandre dans l'empire romain. Ce texte ne pourrait donc, tout au plus, que témoigner des croyances des Chrétiens, mais il n'indique en rien si Jésus a vraiment existé presque un siècle plus tôt.
De plus cette lettre est douteuse : Pline était le conseiller le l'empereur, comment peut-on penser qu'il aurait eu besoin de demander des instructions sur la manière de réagir contre une secte ?
D'ailleurs Sidoine Apolinaire, au 4ème siècle, a déclaré que Pline le jeune n'avait écrit que neuf livres ... or cette prétendue lettre se trouve au dixième livre qui lui est attribué.
C'est seulement vers 1500 que cette lettre de Pline aurait été trouvée (ou fabriquée ?) par le frère Giocondo de Verone et apportée au pape vers 1509.

- Tacite (+54 +117) :
Il a écrit les "Annales", texte historique dont une partie des livres V et VI, celle qui couvrait la fin de l'année 29 et les années 30 et 31 ap.JC (période du ministère de Jésus), a mystérieusement disparu (ou a opportunément été détruite ?). Et c'est la même chose pour les livres VII à X qui couvraient les années 37 à 47 ap.JC. Et idem aussi pour les livres XVI et suivants, correspondant aux années 66 à 68 ap.JC.
Les Annales XV, 44 contiennent cependant ce passage qui décrit l'incendie de Rome en +64, et la persécution qui s'ensuivit :
"Pour faire taire cette rumeur qui l'accusait (de l'incendie de Rome), Néron substitua des accusés et infligea les tortures les plus raffinées à des hommes que leurs abominations rendaient odieux, et que le vulgaire appelait Chrétiens. L'auteur de ce nom, Christus, avait été condamné au supplice sous le règne de Tibère par le procurateur Ponce Pilate."
"Aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie. Pour faire taire cette rumeur qui l'accusait (de l'incendie de Rome), Néron substitua des accusés et infligea les tortures les plus raffinées à des hommes que leurs abominations rendaient odieux, et que le vulgaire appelait Chrétiens. L'auteur de ce nom, Christus, avait été condamné au supplice sous le règne de Tibère par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d'autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s’ouvraient à la compassion en pensant que ce n’était pas au bien public mais à la cruauté d’un seul qu’ils étaient immolés. "


Le problème est que Ponce Pilate n'était pas procurateur mais préfet ainsi que le démontre son nom gravé sur la "pierre de Césarée". C'est seulement sous Claude que le titre de préfet a été changé en celui de procurateur. Jamais Tacite n'aurait fait une telle erreur.
De plus les persécutions de Chrétiens qui ont suivi l'incendie de Rome n'ont jamais eu lieu. Aucun autre historien romain ni même chrétien n'en parle. Ni Pline l’Ancien, ni Martial, ni Dion Cassius, ni Flavius Josèphe, ni St.Augustin, ni Origène, ni Clément, ni Tertullien, ni Eusèbe n'en parlent.
Et en plus la condamnation de Jésus sous Pilate, citée dans ce texte, est en contradiction avec le livre V, 9, de Tacite qui dit : "Sous Tibère, la nation fut tranquille."
On peut donc soupçonner ce passage d'être un faux.
Justement, la plus ancienne version de ce texte aurait été "découverte" seulement vers 1429 par le secrétaire pontifical Poggio Bracciolini (Pogge) ... un spécialiste de la fabrication des faux manuscrits.
Cependant il était peut-être connu de Sulpice Sévère (363-420 ap.JC) qui l'aurait recopié dans ses "Chroniques 2;30-41".

- Plutarque (+46 +127) :
Il ne dit pas le moindre mot sur Jésus.

- Suétone (+69 +128) :
Vers +120, dans la "Vie des douze Césars" - Vie de Claude, XXV 4", il écrit :
"En 41 Claude, par un édit, chassa de Rome les juifs qui, sous l’impulsion de Chrestus, étaient des causes continuelles de désordre".
Mais il n'est pas question ici du Christ (ChIstus) mais d'un certain ChrEstus. Ce nom était courant à Rome (il figure plus de quatre-vingt fois dans les inscriptions de Rome) et signifiait "le bon / le meilleur ". De plus Suétone parle bien d'un homme se trouvant à Rome en 41, ça ne peut donc pas être Jésus qui était déja mort et qui n'est jamais allé à Rome.

Suétone aurait également écrit ceci dans une lettre vers +42 :
"On imposa des bornes au luxe; on réduisit les festins publics à des distributions de vivres; il fut défendu de vendre dans les cabarets aucune denrée cuite en dehors des liqueurs et des herbes potagères, alors qu'on y servait auparavant toutes sortes de plats; on livra aux supplices les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et malfaisante; on interdit les ébats des conducteurs de quadriges".
Mais il est clair que le passage sur les Chrétiens n'est qu'une insertion tardive : Les supplices de Chrétiens n'ont rien à faire parmi cette liste de mesures d'austérité.
De plus ce texte ne parle que des Chrétiens et n'apporte rien sur l'existance de Jésus.

- Epictète (+55 +135) :
Il n'a rien écrit sur Jésus.

- Juvénal (+55 +138) :
Il n'a rien écrit sur Jésus.

- Mara bar Serapion, philosophe stoïcien de Syrie :
Peu après la destruction du Temple, vers 73, il écrit à son fils une lettre en syriaque dans laquelle il parle du "sage Roi des Juifs", en le comparant à divers philosophes grecs, et impute la perte de Jérusalem au fait qu'ils l'aient mis à mort :
"Mara, fils de Sérapion, à Sérapion, mon fils, salut !(...)
Que dirons-nous, lorsque les sages sont pourchassés de force par les tyrans, que leur sagesse est privée de sa liberté à la suite de calomnies, et qu'ils sont pillés pour leur intelligence supérieure, sans qu'on leur laisse une chance de présenter leur défense ? Ils ne sont pas entièrement à plaindre : car quels avantages les Athéniens ont-ils tirés de la mise à mort de Socrate, quand on voit qu'ils ont subi en rétribution famine et peste ? Ou le peuple de Samos d'avoir brûlé Pythagore, quand on voit qu'en une heure tout leur pays a été inondé par la mer ? Ou les Juifs du meurtre de leur Roi sage, quand on voit que dès ce moment leur royaume leur a été retiré ? C'est avec justice que Dieu a accordé une récompense à la sagesse de chacun d'eux trois : les Athéniens sont morts de famine, le peuple de Samos, noyé sans remède, et les Juifs plongés dans la désolation, chassés de leur pays et déportés dans tous les autres. De plus, Socrate vit toujours, grâce à Platon ; Pythagore aussi, du fait de la statue d'Héra ; et même le Roi sage, à travers les nouvelles lois qu'il a promulguées".

Cette lettre fait de Jésus une sorte de philosophe et de candidat à la royauté.
Cependant certains spécialistes pensent que ce texte pourrait ne dater que du IIIème ou même du IVème siècle ap.JC. Dans ce cas, il serait un texte trop tardif pour représenter un témoignage contemporain sur Jésus.

Lucien de Samosate (+125 +192) :
Dans la "Mort de Pérégrinus, 11-13, il parle de Jésus :
"Celui qui est honoré en Palestine, où il fut mis en croix pour avoir introduit ce nouveau culte parmi les hommes ... En plus, celui qui leur avait donné sa loi les persuada qu'ils étaient tous frères les uns des autres après qu'ils aient transgressé une fois pour toutes en reniant les dieux grecs et en adorant ce même sophiste crucifié, et vivant sous ses lois...".
Mais c'est un texte trop tardif pour prouver que Jésus a bien existé un siècle plus tôt.

En fait les seuls écrits authentiques qui pourraient PEUT-ÊTRE prouver l'existence passée de Jésus seraient ceux de l'historien juif Flavius Josèphe (+37 + 100).
Dans ses "Antiquités juives, XVIII, 116-119" celui-ci avait déja cité Jean Baptiste, faisant ainsi de lui un personnage historique.
" Or, il y avait des Juifs pour penser que si l'armée d'Hérode avait péri, c'était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé le Baptiste. En effet, Hérode l'avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu'il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour être unis par le baptême; car c'est à cette condition que Dieu considérait le baptême comme agréable, s'il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier le corps, après qu'on eût préalablement purifié l'âme par la justice. D'autres s'étaient rassemblés autour de lui, car ils étaient très exaltés en l'entendant parler. Hérode craignait qu'une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s'emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d'avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s'être exposé à des périls. A cause de ces soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé à Machéronte, la forteresse dont nous avons parlé plus haut, et y fut tué. Les Juifs crurent que c'était pour le venger qu'une catastrophe s'était abattue sur l'armée, Dieu voulant ainsi punir Hérode."

Dans les "Antiquités Judaïques, XVIII, 63, 64", Flavius Josèphe a cité également Jésus dans un passage connu désormais sous le nom de "Testimanium Flavanium" :
"Vers ces temps là un homme sage est né, s'il faut l'appeler un homme (ou un sage). Il accomplissait notamment des actes étonnants (ou bizarres) et est devenu un maître pour des gens qui acceptaient la vérité (ou qui l'acceptaient) avec enthousiasme. Et il est parvenu à convaincre beaucoup de juifs et de grecs (que) Le Christ c'était lui. Et quand, par suite de l'accusation de la part des gens notables parmi nous, il avait été condamné par Pilate à être crucifié, ceux qui l'avaient aimé dès le début n'ont pas cessé. Il leur est apparu le troisième jour de nouveau vivant selon les paroles des divins prophètes qui racontent ceci et mille autres merveilles à son sujet. Et jusqu'aujourd'hui le (petit) peuple qui s'appelle chrétien d'après lui n'a pas disparu. Et vers ces temps là une autre offense (scandale) est venue provoquer une sédition des juifs."

Mais ce passage ne peut être qu'une 'interpolation chrétienne tardive : Seul un Chrétien peut affirmer ainsi que Jésus était le Messie. Hors Flavius Josèphe est resté juif Pharisien et ne s'est jamais converti au christianisme (Origène confirme dans le "Contre Celse, 1, 47" que Josèphe n'était pas chrétien).

Comme l'écrivait Voltaire dans son "Dictionnaire philosophique, V, rubrique Christianisme" :
"Les chrétiens, par une de ces fraudes pieuses, falsifièrent grossièrement un passage de Flavius Josèphe. Ils supposent à ce juif, si entêté de sa religion, quatre lignes ridiculeusement interpolées ; et au bout de ce passage ils ajoutent : Il était le Christ. Quoi ! Si Josèphe avait entendu parler de tant d'événements qui étonnent la nature, Josèphe n'en aurait dit que la valeur de quatre lignes dans l'histoire de son pays ! Quoi! ce Juif obstiné aurait dit : Jésus était le Christ. Eh ! si tu l'avais cru Christ, tu aurais donc été chrétien. Quelle absurdité de faire parler Josèphe en chrétien ! Comment se trouve-t-il encore des théologiens assez imbéciles ou assez insolents pour essayer de justifier cette imposture des premiers chrétiens, reconnus pour fabricateurs d'impostures cent fois plus fortes !"

De plus aucun auteur chrétien ancien ne cite ce passage. Ni Justin, ni Clément, ni Tertullien, ni Origène. C'est Eusèbe de Césarée (265-340) qui le citera le premier dans son "Histoire ecclésiastique, I, 11" et dans sa "Démonstration Évangélique, III, 3" ... hors Eusèbe était appelé "le faussaire" tellement il falsifiait les textes. Même Photios, au 9ème siècle, cite le passage sur Jean Baptiste mais pas celui sur Jésus ... comme si ce dernier n'était pas considéré comme authentique.
Mais une autre version, un peu différente, de ce passage existe dans L'"Histoire universelle" (Kitab Al-Unwan) d'Agapios de Menbidj, évêque arabe melchite de Hiérapolis en Syrie au Xè siècle :
"En ce temps-là vivait un sage nommé Jésus. Il se conduisait bien et était estimé pour sa vertu. Nombreux furent ceux, tant Juifs que gens d'autres nations, qui devinrent ses disciples. Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples ne cessèrent de suivre son enseignement. Ils racontèrent qu'il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu'il était vivant. Peut-être était-il le Messie sur qui les prophètes ont raconté tant de merveilles."

Il existe aussi la version citée par saint Jérôme (342-420) dans son "De Viris Illustribus" :
"À la même époque il y eut Jésus, homme sage, pour autant qu'il convienne de le dire homme. Il était en effet l'auteur de faits étonnants et le maître de ceux qui reçoivent librement la vérité. De plus, beaucoup, tant parmi les Juifs que parmi les Gentils devinrent ses disciples, et l'on croyait qu'il était le Christ..."

Et voila la version citée dans la "Chronique" de Michel le Syrien :
"En ce temps-là, il y eut un homme sage du nom de Jésus, s'il nous convient de l'appeler homme. Car il était l'auteur d'oeuvres glorieuses et maître de vérité. Et de beaucoup parmi les Juifs et parmi les nations il fit des disciples. On pensait qu'il était le Messie..."

Et il existe encore une autre version, celle qui est contenue dans la Chronique syriaque de Michel le Syrien, patriarche jacobite d'Antioche au XII ème siècle :
"En ce temps-là, il y eut un homme sage du nom de Jésus s'il nous convient de l'appeler homme. Car il était l'auteur d'œuvres glorieuses et maître de vérité. Et de beaucoup parmi les Juifs et parmi les nations il fit ses disciples. On pensait qu'il était le Messie. Et non selon le témoignage des chefs de notre peuple. C'est pourquoi Pilate le livra au châtiment de la croix et il mourut. Et ceux donc qui l'aimaient ne cessèrent pas d'aimer. Il leur apparut au bout de trois jours, vivant. Car les prophètes de dieu avaient dit sur lui de telles merveilles. Et jusqu'à nos jours n'a pas cessé le peuple chrétien qui tire de lui son nom."

Ces autres versions sont moins catégoriques pour dire que jésus était le Messie, ce qui rend le texte moins douteux.

Et il existe aussi une version de ce passage, assez divergente (le "Testimonium flavianum slavonium"), et qui est placée dans la traduction slavonne d'un autre livre de Flavius Josephe : "La guerre des Juifs, 2,174". Mais ce texte est bizarre : il parle d'un thaumaturge que les Juifs font crucifier .... mais à aucun moment on ne dit qu'il s'appelle Jésus :

"En ce même temps apparut un homme, si toutefois on doit le considérer simplement comme un homme : sa nature et son aspect étaient humains, mais sa vue était plus qu'humaine et ses œuvres étaient divines ; il réalisait des miracles puissants et magnifiques. Pour cette raison, je ne peux l'appeler un homme ; mais, considérant sa nature commune, je ne l'appellerai pas un ange.
Tout ce qu'il faisait, grâce à un pouvoir mystérieux et invisible, il le faisait par une commande verbale. Certains disaient de lui : 'Il est notre premier législateur qui se soit relevé d'entre les morts et ait manifesté beaucoup de guérisons et de preuves de sa sagesse'. D'autres le jugeaient envoyé par Dieu. Toutefois, il s'opposa à la Loi en beaucoup de points et n'observait pas le shabbat selon la coutume de nos pères ; cependant, il ne commettait pas d'actes impurs et ne travaillait pas de ses mains. Plusieurs parmi le peuple le suivirent et écoutaient ses enseignements. Et l'esprit de beaucoup entra en ébullition, espérant que par lui les tribus d'Israël allaient être libérées de la domination romaine.
Il demeurait de préférence sur le Mont des Oliviers, où il accordait des guérisons aux gens. Et cent cinquante s'unirent et le suivirent pour le servir, ainsi que beaucoup de gens du peuple. Comme ils voyaient sa puissance et constataient qu'il accomplissait tout ce qu'il désirait au moyen de sa parole, ils lui demandèrent d'entrer dans la Ville, d'exterminer les soldats romains et Pilate, et de régner sur eux. Mais il ne s'en soucia pas.
Quelque temps après, les chefs des juifs l'apprirent ; ils s'assemblèrent dans le sanhédrin avec le Grand-prêtre et dirent : 'Nous n'avons pas la force de résister aux Romains, qui sont comme un arc bandé ; nous sommes faibles. Par conséquent, allons rapporter à Pilate ce que nous avons entendu, et nous n'aurons plus de troubles. Car s'il devait apprendre cela par d'autres que nous, nous nous trouverions privés de nos biens, détruits nous-mêmes, et nos enfants seraient exilés et dispersés'. Ils allèrent rapporter les faits à Pilate.
Celui-ci envoya des hommes, fit tuer beaucoup de gens et arrêter ce faiseur de miracles ; il fit des investigations à son sujet et apprit qu'il faisait le bien et non le mal, qu'il n'avait jamais été un séditieux ni quelqu'un qui aspirât à la royauté. Et il le relâcha, car il avait guéri sa femme, qui était près de mourir. Il retourna à sa place coutumière et continua d'accomplir ses œuvres habituelles. Et de nouveau, comme un nombre encore plus grand de personnes se rassemblait autour de lui, il devint fameux pour ces miracles, plus que quiconque d'autre.
Les docteurs de la Loi furent transpercés de jalousie, et donnèrent trente talents à Pilate pour qu'il le mette à mort. Pilate prit l'argent et leur permit de faire eux-mêmes ce qu'ils voulaient. Et ils le prirent et le crucifièrent, à l'encontre de la loi des pères.
"
(Voic ici : http://www.1000questions.net/fr/chroniq/flavius.html)

Il est difficile de voir si ce récit est une amplification du premier ou si, au contraire, il en constitue une version plus primitive.
Il est cependant curieux de voir qu'il se trouvait placé dans un autre livre de Flavius Josephe, ce qui montre combien de tels textes pouvaient aller s'insérer un peu partout.
A noter que, pour certains critiques, on n'aurait pas vraiment affaire à une traduction savonne de la "Guerre des Juifs", mais du "De excidio urbis Hierosolymitanæ (La destruction de Jérusalem) / Pseudo-Hégésippe", une adaptation latine de la "Guerre des Juifs" réalisée, peut-être, par Ambroise de Milan (340-397).

On remarquera cependant que le préambule de la "Guerre des Juifs" contient un résumé précis et chronologique des faits racontés dans le livre... Hors ce résumé comporte un trou entre les règnes d'Auguste et de Néron, c'est à dire entre les années 14 et 54 ap.JC. Cela laisse penser qu'un passage aurait été effacé. Peut-être parlait-il de Jésus qui, justement, était actif à cette époque ?

En tout cas le passage sur Jésus qui se trouve dans les "Antiquités Juives" de Flavius Josèphe semble tout de même être une insertion tardive. En effet, il interrompt la continuité du récit et ce dernier garde sa cohérence si on l'en retire. Le passage se trouve inséré entre "... Assaillis sans armes par des hommes bien préparés, beaucoup de juifs périrent sur place; les autres s'enfuirent blessés. Ainsi finit l'émeute. ..." et " ... Dans la même période un autre événement terrible jeta le désordre parmi les habitants de la Judée et simultanément eurent lieu des actions de nature scandaleuse durant les sacrifices d’Isis à Rome... ".

Cependant il existe un autre passage des "Antiquités juives" ou Flavius Josèphe parle de Jésus (Antiquités juives, XX, 9) :
"Ananus rassembla le sanhédrin des juges et fit comparaître devant eux le frère de Jésus l'appelé Christ, qui avait pour nom Jacques ainsi que quelques autres; il les accusa d'avoir violé la Loi et les livra à la lapidation. Mais ceux des habitants de la cité qui étaient considéré comme les plus modérés et comme les plus exacts au sujet des lois prirent mal la chose, et envoyèrent demander secrètement au roi de lui enjoindre de s’abstenir d’agir ainsi, car ce n’était pas la première fois qu’Anân s’était conduit injustement. Certains d’entres eux allèrent même à la rencontre d’Albinus, qui venait d’Alexandrie, et l’informèrent qu’Anân n’avait pas le droit de convoquer un sanhédrin sans son autorisation. Convaincu par leurs propos, Albinus écrivit avec colère à Anân, le menaçant de représailles. Et le roi Agrippa, pour ce motif, le déposa du pontificat, qu’il avait exercé trois mois, et en investit Jésus, fils de Damnaios."

Ce passage a bien plus de chances d'être authentique que l'autre car il admet que Jésus avait un frêre appelé Jacques, chose qui aurait plutôt embarassé un interpolateur Chrétien.
De plus Origène (185-253) connaissait ce passage (ainsi que celui sur Jean Baptiste) alors qu'il ne connaissait pas le précédent (le "Testimanium Flavanium"). Cependant la version de ce passage qu'Origène avait lu semble différente de celle que nous connaissons. En effet, dans son "Commentaire de l'Evangile de Matthieu, 17", Origène explique que, selon Flavius Josephe, les Juifs ont subi la destruction de leur temple à cause de la mort de Jacques, le frère de "Jésus dit le Christ"... pourtant nous ne lisons rien de tel dans la version actuelle.

Le plus étrange c'est que Flavius Josèphe identifie Jacques simplement en tant que "frêre de Jésus", comme s'il estimait que ses lecteurs romains savaient parfaitement qui est ce Jésus ... Cela laisse penser qu'il leurs avait donc déjà présenté Jésus auparavant.
Mais si le "Testimanium Flavanium" n'est qu'une insertion chrétienne, où se serait donc trouvé ce passage authentique de Josèphe parlant de Jésus ? Aurait-il été censuré ?

Un autre détail laisse à réfléchir : Dans son oeuvre, Flavius Josephe cite de nombreux personnages contemporains appelés "Jésus" ou "Père de Jésus", mais aucun "Fils de Jésus". Cela laisse penser que le nom "Jésus" a commencé à devenir à la mode à son époque (alors qu'il était rarement utilisé auparavant). Un Jésus célèbre serait-il à l'origine de cette mode ??? Mais s'il était si connu, pourquoi ne retrouve-t-on pas de nombreux textes parlant de lui ???

Comme on le voit, il est bien difficile de trouver des textes historiques authentiques prouvant l'existence de Jésus.