Selon les évangiles, Jésus avait des frêres et des soeurs.
Selon Marc 3;31-32 :
"Ses frères et sa mère donc viennent ; et se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler ; et la foule était assise autour de lui. Et on lui dit : Voici, ta mère et tes frères, là dehors, te cherchent."
Selon la "Théorie helvidienne" ces frêres de Jésus étaient vraiment ses frêres. Mais certains prétendent que ce n'était
pas ses frêres mais ses cousins (enfants de Clopas, frêre de Joseph) car la langue araméenne
confond les deux termes (avec le mot "Hâ) : C'est la "Théorie hiéronymienne" des Catholiques professée par Saint Jérôme, Pélage, Saint Augustin, Jean Chrysostome, etc... Cependant les Évangiles ont été
écrits en grec, langue qui fait bien la distinction entre
les deux mots : frère se dit "adelphos" et cousin se dit
"anepsios". Hors c’est toujours le terme "adelphos"
qui est employé.
Certe, le mot "adelphos" peut parfois être
utilisé dans le sens général de "parents
éloignés"... mais la Bible cite également
les soeurs ("adelphè") de Jésus,
hors en grec le mot "adelphè" ne désigne
jamais rien d'autre qu'une soeur.
Dans les "Antiquités juives", l'historien
Flavius Josèphes utilise bien le mot
"adelphos" pour désigner Jacques le frêre
du Seigneur, et non pas le mot "anepsios".
Idem pour Hégésippe (cité par Eusèbe
de Césarée), quand il parle de "Jacques
frère du Seigneur" et de "Jude frère
du Seigneur selon la chair".
Et dans Colossiens 4,10, en parlant de Marc, le cousin de Barnabas, Paul emploie le mot "anepsios" alors que, dans Galates 1,19, il emploie le mot "adelphos" pour désigner Jacques, le frère du Seigneur. Et dans 1 Corinthiens 9,5, c'est également, le mot "adelphos" qu'il utilise pour désigner les frères de Jésus.
De plus, on notera qu'en grec il existe aussi le mot "suggenés" qui peut signifier "gens de la même race, parents, cousins". Dans la Bible, ce mot est traduit par "parente" ou "cousine" au sujet d’Elisabeth dans Luc 1;36. Pourtant, si les frères de Jésus avaient été réellement des cousins ou des proches parents, c’est ce mot aurait pu être employé… hors ce n’est pas lui qui a été choisi.
On remarquera également que, dans les Evangiles, les "frêres"
de Jésus sont trés souvent cités en
compagnie de Marie, ce qui laisse penser qu'ils sont trés
probablement les fils de celle-ci.
Certe, dans son livre "Contre Helvidius", St Jérôme défend la virginité de Marie ... cependant il existe une lettre de lui, plus tardive, où il laisse échapper que Jacques est bien le frère de Jésus.
De plus, le grec utilise deux mots distincts pour désigner
le premier fils d'une femme :
- "monogénês" pour préciser que le fils est resté unique,
- "prôtotokon" pour préciser que le fils est le premier-né,
c'est-à-dire l'aîné des autres.
Dans l'évangile de Luc c'est le mot prôtotokon (aîné des
autres) qui est utilisé, indiquant ainsi sans ambiguïé que
Marie eut d'autres enfants que Jésus. D'aileurs, en 380,
Helvidius, Jovinien et Bonose, affirmaient que Marie avait
eu d'autres enfants aprés Jésus.
Ces frêres et soeurs provenaient peut-être d'un précédent
mariage de Joseph : C'est la "Théorie épiphanienne" des Chrétiens Ortodoxes, professée par Épiphane de Salamine, Clément d'Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome, Cyrille d'Alexandrie, etc...
D'aprés l' "Histoire de Joseph le charpentier", Joseph s'était
marié une première fois à 40 ans et eut six
enfants : Jacques, Juste, Simon, Judas, Lydia et Lysia (ou
Jude, Juste, Joseph, Simon, Assia et Lydia). L'Evangile
du Pseudo-Matthieu 52,1 leurs donne les noms de Jacques,
Joseph, Judas et et Siméon.
L'Evangile de la nativité de Marie et l'Evangile
du Pseudo-Matthieu racontent une histoire semblable.
Et les "Actes apostoliques"
attribués à Abdias (VIe siècle) racontent
ceci :
"Clopas était
le frère de Joseph, et Clopas étant mort sans
enfants, Joseph, aux dires de quelques uns, épousa
sa femme, et suscita des enfants à son frère".
Cela n'empèche pas certains de dire que les frêres de Jésus n'étaient que ses cousins, étant les enfants de son oncle Clopas.
Selon l' "Histoire de Joseph
le charpentier", devenu veuf à 89 ans, Joseph aurait recu
Marie à 90 ans.
Epiphane prétendait quant à lui que Joseph
se maria avec Marie à l'âge de 80 ans.
D'aprés le "Protévangile de Jacques", Les parents de Marie
auraient consacré celle-ci à Dieu à l'age de 12 ans à Jérusalem.
Son tuteur désigné aurait été Joseph, un veuf.
Dans l'"Histoire de Joseph le charpentier", Jésus
raconte ceci :
"Juste et Simon, fils
aînés de Joseph, s'étant mariés,
allèrent dans leurs familles, ainsi que ses deux
filles qui se retirèrent dans leurs maisons. Et il
ne restait dans la maison de Joseph que Jude, Jacques le
Mineur et la Vierge, ma mère."
Joseph, plus tard, alors qu'il revenait d'un voyage, aurait
retrouvé Marie enceinte. Elle avait alors 16 ans.
Il est probable toutefois que ces histoires de soient que
des inventions tardives pour essayer de préserver
le dogme de la virginité de Marie. En effet, au IIIème
siècle, les images de Joseph le représentaient
encore comme un homme jeune. C'est seulement à partir
du IVème siècle qu'on commencera à
le représenter comme un vieillard. De plus il est
bien dit que Joseph a présenté Jésus
au Temple aprés sa naissance. Hors cette coutume
ne se faisait qu'avec le premier-né du père,
sans tenir compte des remariages. Si Joseph avait déja
eu des enfants avant Jésus, il n'aurait donc pas
eu à présenter celui-ci au Temple.
Cependant, pour les juifs, Jésus était le fruit de l'union
illégitime de sa mère avec un soldat romain du nom de Julius
Panthera ("Panthéra" étant un sobriquet signifiant "la panthère").
C'est pourquoi, dans le Talmud, on trouve 20 passages ou
il est appelé Yeshu'a ben Panthera (Jésus fils de Panthéra).
Chose incroyable, on aurait retrouvé à Bingerbrück en Allemagne, en 1859,
la tombe d'un soldat romain. Son nom était gravé : c'était
Tiberius Julius Abdes Panthera, archer originaire le Sidon
en Phénicie, qui fut muté en Rhénanie en l'an 9 ap.Jc !
Sur sa pierre tombale il était écrit ceci :
"Tiberius Julius Abdes Pantera, sidonia, annorum LXII, stipendiorum XXXX, miles ex-signifer cohortis 1 sagittariorum. Hic situs est. (Tiberius Iulius Abdes Pantera de Sidon, âgé de 62 ans ayant servi 40 ans, ancien porte-enseigne de la première cohorte d'archers, se trouve ici.)"
Effectivement, on sait que cette première cohorte d'archers fut transférée de Palestine en Dalmatie (Croatie) en l'an 6 de notre ère, puis en Germanie (Allemagne) en l'an 9.
Et sur la route de Naplouse, au nord de Jérusalem, on a également retrouvé une tombe juive du 1er siècle contenant un ossuaire gravé au nom de "Pantheros", en grec, et au nom de son fils "Josepos ".
Celse, rapporté par Origène dans le "Contra Celsum",
est le premier à mentionner ce Panthéra :
" La mère de Jésus a été
chassée par le charpentier qui l'avait demandée en mariage,
pour avoir été convaincue d'adultère et être devenue enceinte
des œuvres d'un soldat romain nommé "Panthèra". Séparée
de son époux, elle donna naissance à Jésus, un batard. La
famille étant pauvre, Jésus fut envoyé chercher du travail
en Égypte ; et lorsqu'il y fut, il y acquis certains pouvoirs
magiques que les égyptiens se vantaient de posséder." (Contre Celse. I, 32 5. Cf. I, 28 10, 33 19 et 69 20. Cf.
R.C. p. 355).
Plus tard, Épiphane (315-403) le répète :
"Jésus était le fils
d'un certain Julius, dont les surnom était Panthéra".
Il y a aussi des passages du Talmud touchant Jésus et supprimés
par la censure ecclésiastique du Moyen Age ; ils ont été
plus ou moins bien conservés dans quelques rares manuscrits
(codices de Munich, de Strasbourg, de Vienne) et forment
ce qu'on appelle les Hesronoth Hashass (Klausner, Osier)
; ainsi selon la tradition talmudique :
- Dans le traité Sanhédrin 43 a :
" On pendit Jésus
ben Stada sur un pieux la veille de Pâque"
- Dans le traité Sanhédrin 67 a :
"... et ils le pendirent
la veille de Pâque. Jésus ben Stada était le fils de Pandéra...
L'amant, c'était Pandéra. Le mari c'était Paphos ben Yehudah.
Mais sa mère c'était Miriam (Marie), surnommée Stada..." (Osier, p. 136).
- Dans Guittin 90a : Miriam était mariée à Papos ben Yehouda.
Celui-ci l’empêchait de sortir, et elle a fini, de ce fait,
par être infidèle à son mari.
- Dans le traité Schabbath 104 B :
"Le fils de Stada était
le fils de Pandéra".
- Dans le Talmud de Jérusalem, on lit que :
"Rabbi Eliezer ben
Damah ayant été mordu par un serpent, Jacob, habitant du
village de Siméi, se proposa pour le guérir au nom de Jésus
Pandéra" (Traité Schabbath,
ch. XIV, p. 156 de l'édition Schwab).
- Dans une leçon retranchée du Talmud de Jérusalem, nous
lisons :
"Son petit-fils avait
avalé quelque chose. Un homme vint et se mit à murmurer
au nom de Jésus ben Pandéra et il guérit " (Traité Abodah Zarah 40 d, Osier, p. 150).
- Vers la fin du 1er siècle, le rabbin Eliézer ben Hourcanos a rapporté un enseignement qu'un nommé Jacob de Sikhnin lui a communiqué "au nom de Jésus, le fils de Panteri".
- Dans un manuscrit du Josippon (recueil d'écrits en langue
hébraïque ayant utilisé entre autres sources les ouvrages
de Flavius Josèphe), nous lisons (+ cahier C.E.R. n° 180,
p. 15) :
"En ces jours-là, il
y eut de nombreux combats et de grandes dissensions en Judée
entre les Pharisiens et les "brigands" en Israël qui suivirent
Jeshu'ah ben Pandera le Nasoréen qui fit de grands miracles
en Israël jusqu'à ce que les Pharisiens l'aient vaincu et
le pendirent sur un poteau" (manuscrit
Hébr. 1280, fol. 123 v° de la B.N.F.).
- Plus tard, dans le Toledoth "Livre de l'histoire de Jésus",
publié en 1681 par Wagenseil dans ses "Tela ignea Satanæ"
(tome II, p. 3, 4, 5), Pandéra n'est plus le surnom d'un
soldat romain mais est devenu celui de Joseph !
- Plus tard encore, dans le Toledoth "Histoire de Yeshuh
de Nazareth" publié par Huldreich en 1705, Joseph Pandéra
de Nazareth est un juif qui se retire avec Marie sa complice
et son enfant en Egypte. Avec Joseph Pandéra, d'ailleurs, "elle conçut encore et enfanta
des fils et des filles", allusion
sans doute aux frères et sœurs de Jésus évoqués dans les
Evangiles (Osier, p. 105, 106).
Les auteurs chrétiens se souviennent de Panthera, mais ignorent
la légende qui s'attache à ce nom : Epiphane le Scolastique,
moine à Constantinople (De vita B. virgini., P.G. 120, 190
A-B) croyait que Jacob Panthera était le père de Joseph.
On remarquera que, dans la tradition talmudique, Jésus est
Ben Pandera (fils de Panthera) par son père, Ben Sotada
(fils de Stada) par sa mère. Le Talmud de Babylone désigne
le crucifié de Ponce Pilate sous le nom de Fils de la Sotada,
le fils de S'tath da, c'est-à-dire de "celle qui a quitté
la bonne voie, qui a été infidèle".
Dans le "Rouleau de Safed" ou "Rouleau de Mehgheehlla" (découvert en 1882 près du lac de Tibériade), Une fille de 15 ans du nom de
Stadea aurait eu deux enfants illégitimes : Judas et Yeshai
(Jésus). Par la suite, elle épousera Halachmee (ou Paphos
ben Yehudah). Ces deux enfants furent accueillis et éduqués
par des moines esséniens. Juda devint ensuite l'élève du
grand rabbin Hillel et Yeshai rencontra le grand rabbi Josué
ben Parakhai (ce qui est impossible car ce dernier vivait
un siècle plus tôt). Devenu le chef d'un groupe d'esséniens,
Yeshai fut condamné à mort pour incitation à la rébellion
contre l'empire; mais parvint à s'enfuir et voyagea jusqu'en
Inde.
... Cependant, tout laisse penser que ce texte n'est qu'un canular.
En tout cas une chose peut-être remarquée : Dans la Bible,
Jésus est trés souvent appelé "fils de Marie" au lieu de
"fils de Joseph". Pourtant en Israel la coutume était d'appeler
le fils d'aprés son père. Cela laisserait donc entendre
que Jésus était bien un batard adultérin, né de père inconnu
:
"Celui-ci n’est-il pas
le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques
et de Joses et de Jude et de Simon..." (Marc 6:3)
On remarquera encore une autre chose : L'absence précoce de toute référence à Joseph, dans les Evangiles, aprés la naissance de Jésus. Cela laisse penser que Joseph est mort trés tôt, alors que Jésus était encore petit. Cependant, étant donné que Jésus n'était pas le vrai fils de Joseph, ce dernier serait donc mort sans laisser de descendance. Hors la loi juive du lévirat prévoyait que, dans ce cas, le frère du défunt devait épouser la veuve, afin de poursuivre la lignée. Dans le cas de Joseph, c'est donc Clophas (son frêre selon Eusèbe et Hégésippe) qui devait épouser Marie et lui faire des enfants. Les frêres de Jésus seraient donc à la fois ses vrais frêres et ses cousins, ce qui concilierait la "Théorie helvidienne" et la "Théorie hiéronymienne".
Ou alors Joseph n'est plus mentionné, non pas parcequ'il était mort, mais parcequ'il s'était séparé de Marie.
Hors, justement, c'est que qu'affirmait Celse :
"Celle-ci (Marie), convaincue d'adultère avec le soldat Panthèra, fut chassée par son mari, charpentier de son état."
"Et, lorsque le charpentier (Joseph) se prit de haine pour elle (Marie) et la chassa, ni la puissance divine ni le Logos, habile à persuader, ne put la sauvegarder d'un pareil affront."
En ce qui concerne les frêres de Jésus, il y a quelques
textes parlant d'eux.
Saint Jérôme expliquait ceci au sujet de Jacques :
"Il a toujours conservé
sa virginité et sa pureté entière. Nazaréen, c'est-à-dire
consacré à Dieu dès sa naissance, il ne coupa jamais ses
cheveux ni sa barbe, n'usa ni de vin, ni bains, ni d'huile
pour oindre ses membres, ne porta point de sandales, n'usa
pour ses vêtements que du lin. Ses prostrations à terre
dans la prière étaient si fréquentes que la peau de ses
genoux s'était endurcie comme celle du chameau. Son éminente
sainteté lui valut le surnom de Juste par excellence."
Cyrille de Jérusalem faisait de Jacques le premier évêque :
"Jésus est apparu à Jacques, son propre frêre et le premier évèque de cette paroisse."
Epiphane, dans son "Panarion", faisait également de Jacques le premier évêque :
"Jacques ayant été consacré
premier évêque, lui qui est appelé frère du Seigner et Apôtre... Mais
on trouve qu'il est de la semence de David étant fils de
Joseph et qu'il était un Nazarite.'
(Panarion 29).
"Le premier né de Joseph
était Jacques surnommé Oblias (= rempart), aussi surnommé
'le Juste' qui était Nazarite soit un homme saint. Il fut
le premier à recevoir la chaire d'évêque, le premier par
qui le Seigneur a dressé son trône sur la terre.
Jacques aussi portait une lame d'or sur la tête. Une fois,
durant une sécheresse il leva les mains vers le ciel et
pria et le ciel donna la pluie. Il ne portait pas de vêtement
de laine. Ses genoux s'étaient durcis comme la peau du chameau
de par son continuel agenouillement devant le Seigneur,
de par son excessive piété. Aussi ne l'appelait-on plus
par son nom. Son nom était le Juste. Il ne prenait pas de
bain, il ne prenait pas la chair de l'animal comme je l'ai
expliqué et ne portait pas de sandales."
(Panarion 78)
Clément d'Alexandrie affirmait que Jacques avait reçut la
doctrine secrète du Christ ressuscité avant Pierre et Jean.
Dans ses "Homélies clémentines", Clément qualifiait Jacques,
le frère du Seigneur, d'évêque des évêques (donc de premier
Pape) qui gouverna la sainte église des Hébreux à Jérusalem
ainsi que les églises fondées partout...
Et, selon l’évangile apocryphe de Thomas, Jésus aurait dit
à ses apôtres :
"Où que vous soyez allés,
vous irez vers Jacques le Juste, pour qui ont été faits
le ciel et la terre." (logion
12)
Le texte des "Actes des Apôtres", dans la Bible, confirmait
d'ailleurs que c'était bien Jacques, dit le frère du Seigneur,
qui exercait l’autorité suprême sur la communauté des apôtres
dans les années 40 et 50 (et non pas Pierre). Il était l'auteur
de l'"Épitre de Jacques" inséré dans la Bible, et il s'opposait
trés souvent aux idées de Paul.
Eusèbe de Césarée, dans son "Histoire Ecclésiastique II,1" confirmait que les apôtres choisirent
Jacques comme évêque de Jérusalem, c'est à dire comme successeur
de Jésus :
"Alors également, Jacques, celui qu'on appelle frère du Seigneur - car il était nomme lui aussi fils de Joseph et Joseph était père du Christ car la Vierge lui était fiancée et avant qu'ils fussent ensemble elle fut trouvée ayant conçu du Saint Esprit, comme l'enseigne la sainte Ecriture des Évangiles, - donc ce Jacques a qui les anciens donnaient le surnom de juste à cause de la supériorité de sa vertu, fut, dit on, le premier installe sur le trône épiscopat de l'Eglise de Jérusalem. Clément, au sixième livre des Hypotyposes, l'établit de la sorte.
Il dit en effet que Pierre, Jacques et Jean (de Zébédée), après l'ascension du Sauveur, après avoir été particulièrement honorés par le Sauveur, ne se disputèrent pas pour cet honneur mais qu'ils choisirent Jacques le juste comme évêque de Jérusalem.
Le même, dans le septième livre du même ouvrage, dit encore à son sujet :
'
A Jacques le juste, à Jean et à Pierre, le Seigneur après sa résurrection donna la gnose, ceux-ci la donnèrent aux autres apôtres; les autres apôtres la donnèrent aux soixante-dix, dont l'un était Barnabé. Et il y eut deux Jacques : l'un, le juste qui, ayant été jeté du pinacle du temple, fut frappé jusqu'à la mort d'un bâton de foulon, et l'autre qui fut décapité'. "
(Nb : un auteur apocryphe ajouta que celui qui avait tué Jacques était Saul / Paul.)
L' "Histoire Ecclésiastique II, 23" reprenait sa vie plus en détail :
Paul en ayant appelé à César et ayant été envoyé par Festus à la ville des Romains, les Juifs perdirent l'espoir en vue duquel ils lui avaient tendu des embûches ; et ils se tournèrent contre Jacques, le frère du Seigneur, à qui avait été remis par les apôtres le siège épiscopal de Jérusalem. Voici ce qu'ils eurent l'audace de faire encore contre lui. Ils le firent venir au milieu d'eux et lui demandèrent de renier sa foi au Christ devant tout le peuple. Mais Jacques contrairement à la pensée de tous, parla ouvertement, d'une voix libre, bien plus qu'ils ne l'attendaient, devant toute la multitude et confessa que notre Sauveur et Seigneur Jésus était le Fils de Dieu. Ils ne furent pas capables de supporter le témoignage de cet homme, parce qu'auprès de tous il avait la réputation d'être très juste à cause de la supériorité dont il faisait preuve dans sa vie sage et pieuse; et ils le tuèrent, mettant à profit l'absence de gouvernement, car à ce moment même Festus était mort en Judée et tout ce qui regardait l'administration du pays était alors sans ordre et sans surveillance.
Les circonstances de la mort de Jacques ont déjà été précédemment indiquées par les paroles de Clément que nous avons citées : celui-ci rapporte qu'il fut jeté du pinacle du temple et frappé à mort à coups de bâton. Ce qui concerne Jacques, Hégésippe qui appartient à la première succession des apôtres, le raconte de la manière la plus exacte dans le cinquième livre de ses Mémoires, dans les termes suivants :
' Le frère du Seigneur, Jacques, reçut l'Église avec les apôtres. Depuis les temps du Seigneur jusqu'à nous, tous l'appellent le Juste, puisque beaucoup portaient le nom de Jacques. Cet homme fut sanctifié dès le sein de sa mère; il ne but ni vin, ni boisson enivrante; il ne mangea rien qui eût vécu; le rasoir ne passa pas sur sa tête; il ne s'oignit pas d'huile et ne prit pas de bains. A lui seul il était permis d'entrer dans le sanctuaire , car il ne portait pas de vêtements de laine, mais de lin. Il entrait seul dans le temple et il s'y tenait à genoux, demandant pardon pour le peuple, si bien que ses genoux s'étaient endurcis comme ceux d'un chameau, car il était toujours à genoux, adorant Dieu et demandant pardon pour le peuple. A cause de son éminente justice, on l'appelait le Juste et Oblias, ce qui signifie en grec rempart du peuple et justice, ainsi que les prophètes le montrent à son sujet. Quelques-uns donc des sept sectes qui existaient dans le peuple (juif) et dont nous avons parlé plus haut dans les Mémoires , demandèrent à Jacques quelle était la porte de Jésus et il leur dit qu'il était le Sauveur. Quelques-uns d'entre eux crurent que Jésus était le Christ. Mais les sectes susdites ne crurent ni à sa résurrection, ni à sa venue pour rendre à chacun selon ses œuvres : tous ceux qui crurent le firent par le moyen de Jacques.
Beaucoup donc, et même des chefs ayant cru, il y eut un tumulte parmi les Juifs, les scribes et les pharisiens, qui disaient : Tout le peuple court le risque d'attendre en Jésus le Christ. Ils allèrent ensemble près de Jacques et lui dirent : Nous t'en prions, retiens le peuple, car il se trompe sur Jésus, comme s'il était le Christ. Nous t'en prions, persuade tous ceux qui viennent pour le jour de la Pâque, au sujet de Jésus : car tous nous avons confiance en toi. Nous te rendons en effet témoignage, ainsi que tout le peuple, que tu es juste et que tu ne fais pas acception de personne. Toi donc, persuade à la foule de ne pas s'égarer au sujet de Jésus. Car tout le peuple et nous tous, nous avons confiance en toi. Tiens-toi donc sur le pinacle du temple, afin que de là-haut tu sois en vue et que tes paroles soient entendues de tout le peuple. Car à cause de la Pâque toutes les tribus et même les Gentils se sont rassemblés.
Les susdits scribes et pharisiens placèrent donc Jacques sur le pinacle du temple et lui crièrent en disant : Juste, en qui nous devons tous avoir confiance, puisque le peuple se trompe à la suite de Jésus le crucifié, annonce-nous quelle est la porte de Jésus. Et il répondit à haute voix : Pourquoi m'interrogez-vous sur le Fils de l'homme ? Il est assis au ciel à la droite de la grande puissance et il viendra sur les nuées du ciel. Beaucoup furent entièrement convaincus et glorifièrent le témoignage de Jacques en disant : Hosannah au fils de David. Alors, par contre, les mêmes scribes et pharisiens se disaient les uns aux autres : Nous avons mal fait de procurer un tel témoignage à Jésus. Montons donc et jetons-le en bas, afin qu'ils aient peur et ne croient pas en lui. Et ils crièrent en disant : Oh ! oh ! même le juste a été égaré. Et ils accomplirent l'Écriture écrite dans Isaïe : Enlevons le juste parce qu'il nous est insupportable : alors ils mangeront les produits de leurs œuvres. Ils montèrent donc et jetèrent en bas le juste. Et ils se disaient les uns aux autres : Lapidons Jacques le juste et ils commencèrent à le lapider, car lorsqu'il avait été jeté en bas il n'était pas mort. Mais s'étant retourné, Jacques se mit à genoux en disant : Je t'en prie, Seigneur Dieu Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Tandis qu'ils lui jetaient ainsi des pierres, un des prêtres, des fils de Réchab, fils de Réchabim, auxquels Jérémie le prophète a rendu témoignage, criait en disant : Arrêtez que faites-vous ? Le juste prie pour vous . Et quelqu'un d'entre eux, un foulon, ayant pris le bâton avec lequel il foulait les étoffes, frappa sur la tête du juste; et ainsi celui-ci rendit témoignage. Et on l'enterra dans le lieu même, près du temple et sa stèle demeure encore auprès du temple . Il a été un vrai témoin pour les Juifs et pour les Grecs, que Jésus est le Christ. Et bientôt après, Vespasien les assiégea.'
Voilà ce que raconte longuement Hégésippe, d'accord du reste avec Clément. Jacques était un homme si admirable et il était si renommé chez tous les autres pour sa justice, que même les Juifs raisonnables virent dans son martyre la cause du siège de Jérusalem qui le suivit immédiatement et qui, d'après eux, n'eut d'autre motif que le sacrilège osé contre lui. Josèphe n'hésita assurément pas à témoigner de cela par écrit et dit en propres termes :
'Cela arriva aux Juifs en punition (de ce qu'ils firent) à Jacques le juste, qui était le frère de Jésus, appelé le Christ, et que les Juifs tuèrent bien qu'il fût très juste'."
L' "Histoire Ecclésiastique III ,5;2-4" disait encore ceci :
"Or, après l'ascension de notre Sauveur, les Juifs non contents de leur audace contre lui, dressèrent aussi aux Apôtres de multiples embûches : le premier, Etienne fut tué par eux à coups de pierres; puis, après lui, Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean eut la tête coupée; et surtout, Jacques, qui, le premier après l'ascension de notre Sauveur, avait obtenu le siège épiscopal de Jérusalem, fut tué de la manière qui a été racontée. Les autres apôtres furent en butte à mille machinations tendant à leur mort : chassés de la Judée, ils entreprirent d'aller dans toutes les nations pour y enseigner le message, avec la puissance du Christ qui leur avait dit : 'Allez, enseignez toutes les nations en mon nom'.
De plus, le peuple de l'Église de Jérusalem reçut, grâce à une prophétie transmise par révélation aux notables de l'endroit, l'ordre de quitter la ville avant la guerre et d'habiter une ville de Pérée, nommée Pella . Ce furent là que se transportèrent les fidèles du Christ, après être sortis de Jérusalem de telle sorte que les hommes saints abandonnèrent complètement la métropole royale des Juifs et toute la terre de Judée."
L' "Histoire Ecclésiastique VII ,19;1 racontait ceci également :
"Le trône de Jacques aussi, de celui qui le premier reçut du Sauveur et des apôtres l'épiscopat de l'Église de Jérusalem et que les divines Ecritures désignent couramment comme le frère du Christ, a été conservé jusqu'à présent, et les frères de ce pays l'ont successivement entouré de soins, de sorte qu'ils montrent clairement à tous quelle vénération pour les hommes saints, parce qu'ils ont été aimés de Dieu, ceux d'autrefois et ceux d'aujourd'hui gardaient et gardent encore. Voilà ce qui concerne ce sujet".
L'historien Flavius Josèphe avait lui aussi décrit, dans ses "Antiquités juives XX 197-203" (vers 90 ap.JC), la
mort de Jacques le juste en 62 ap.JC :
"Comme Anân (Ananus
/ Hanne) était tel, il pensa avoir une occasion favorable
parce que Festus était mort et Albinus encore en route,
il convoqua un sanhédrin de juges et fit comparaître le
frère de Jésus appelé Christ (Christou), qui avait pour
nom Jacques (Iakobos), ainsi que quelques autres. Il les
accusait d’avoir transgressé les lois, et les livra pour
être lapidés.".
A noter que, selon la loi juive, être tué à coups de bâton
est la punition infligée aux prêtres qui célébreraient le
service du temple en étant impurs.
Parmi les frêres de Jésus cités par les Evangiles, il y a aussi Simon :
On sait qu'un Simon faisait partie des quatre frères de Jésus. On sait aussi qu'un certain Simon / Siméon fils de Clopas, fut le deuxième évêque de Jérusalem, ayant succédé à Jacques le Juste, frère de Jésus.
En effet, dans l' "Histoire ecclésiastique III,11,1" d'Eusèbe de Césarée, on lit ceci :
"Après le martyre de Jacques et la destruction de Jérusalem qui arriva en ce temps, on raconte que ceux des apôtres et des disciples du Seigneur qui étaient encore en ce monde vinrent de partout et se réunirent en un même lieu avec les parents du Sauveur selon la chair (dont la plupart existaient à cette époque). Ils tinrent conseil tous ensemble pour examiner qui serait jugé digne de la succession de Jacques, et ils décidèrent à l'unanimité que Siméon, fils de ce Clopas dont parle l'Évangile, était capable d'occuper le siège de cette église : il était, dit-on, cousin du Sauveur : Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph."
Dans l' "Histoire ecclésiastique IV,22,4" on lit aussi celà :
"Après Jacques le Juste, qui subit le martyre comme le Seigneur, pour la même doctrine, Siméon, fils de Clopas, oncle du Christ, fut établi second évêque de Jérusalem ; tous le préférèrent parce qu'il était cousin de Jésus…"
De plus, le texte "Sur les douze apôtres" attribué à Hippolyte de Rome raconte également ceci :
"Simon le Zélote, le fils de Clopas, qu'on appelle aussi Jude, devint évêque de Jérusalem après Jacques le Juste et il s'endormit dans la mort et fut enterré là à l'âge de 120 ans."
Pour Hippolyte, ce Simon / Siméon fils de Clopas était ainsi confondu avec l'apôtre Simon le Zélote. Ils étaient pourtant deux personnes différentes car Siméon fils de Clopas est mort crucifié par les Romain alors que Simon le Zélote est mort, scié en deux, dans un pays situé de l'autre côté de l'Euphrate, plusieurs décennies auparavant.
On disait que Simon / Siméon fils de Clopas était le cousin le Jésus, le fils de son oncle Clopas. Cependant nombreux furent ceux qui voulurent faire des quatre frères de Jésus de simples cousins, des fils de son oncle Clopas. Il n'est donc pas impossible que ce Simon / Simeon, 3ème évèque de Jérusalem, n'ait pas été un cousin mais un frère de Jésus.
Parmi les frêres de Jésus cités par les Evangiles, il y a aussi l'apôtre Jude :
Luc lui donnait le nom de "Judas de Jacques" (Luc. 6,16 et Actes 1,14). Il était appelé "Thaddaeus / Thaddaios (Thaddée)" par Marc 3,18 et "Lebbaeus / Lebbaios (Lebbée) surnommé Thaddaeus" par Matthieu 10,3. Pour Hippolyte de Rome il était "Judas appelé Lebbaeus surnommé Thaddaeus". Et dans la 2ème " Apocalypse de Jacques", il était"Theuda".
Deux variantes des "Constitutions apostoliques" (IVème siècle) indiquaient que :
"Thaddaeus, aussi appelé Lebbaeus et surnommé Judas le Zélote, prêcha la Vérité aux Édesséniens et au peuple de Mésopotamie lorsque Agbarus régnait à Édesse".
Ce "Judas de Jacques" était peut-être le fils de Jacques. Justement, on sait qu'un fils de Jacques le Juste, appelé Judas, mais plus connu sous le nom de Justus (le Juste), fut le troisième évêque de Jérusalem, succédant à Siméon. Il est désigné sous le nom de Judas chez Épiphane de Salamine.
De même, dans la liste des Constitutions apostoliques VII, 46, 2, il est rapporté que Judas (Justus) est le fils de Jacques, le "frère du Christ selon la chair".
Il est cependant peu probable que ce fils ait eu l'âge d'être disciple de Jésus en même temps que son père Jacques. Cet apôtre "Judas de Jacques" était donc plutôt le frère de Jacques (et donc aussi de Jésus). Il était probablement Jude / Judas, l'auteur de l' "Epître de Jude".
C'est lui, apparemment, qui est cité par Luc dans les Actes des apôtres, sous le nom de Jude Barsabas :
"Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l'Église, de choisir parmi eux et d'envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas (Barnabé), Jude appelé Barsabas et Silas, hommes éminents parmi les frères." (Actes 15,22)
"Nous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous annonceront de leur bouche les mêmes choses." (Actes 15,27)
"Et Jude (Judas) et Silas qui eux aussi étaient prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent." (Actes 15,32 )
Parmi les frêres de Jésus cités par les Evangiles, il y avait aussi Joseph / Joset.
Justement, on sait qu'un certain Joseph Barsabbas avait été candidat pour devenir apôtre.
Ainsi, dans les Actes des apôtres 1,21-23, on explique ceci :
"Il faut donc que d'entre les hommes qui se sont rassemblés avec nous pendant tout le temps que le seigneur Jésus entrait et sortait au milieu de nous, en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu'au jour auquel il a été enlevé d'avec nous, quelqu'un d'entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection. Et ils en mirent deux sur les rangs : Joseph, appelé Barsabbas (ou Barnabas selon le codex D05), qui était surnommé Justus, et Matthias."
Ce Joseph était donc surnommé "Justus" tout comme Jacques le frêre de Jésus, et "Barsabbas" tout comme Jude, un autre frêre de Jésus.
Mais dans les Actes des apôtres 4,36, il est également écrit cela :
"Or Joseph appelé en outre Barnaba (Barnabé) par les Apôtres, ce qui s'interprète fils du réconfort, un lévite, Chypriote de naissance…"
Son nom "Barnabas / Barnabé" doit être ici une erreur et il faudrait lire "Barsabbas" comme dans Actes 1,23… à moins que ce ne soit, au contraire, Actes 1,23 qui doivent être corrigé ?
En tout cas, si ce Joseph est vraiment né à Chypre, alors il ne peut pas correspondre à Joseph / Joset, frère de Jésus.
Cependant, dans une version trouvée dans le codex D05, il n'était pas écrit "un lévite, Chypriote de naissance" mais "un Chypriote, Lévite de naissance". Dans ce cas, ce Joseph pourrait s'être installé tardivement à Chypre mais ne pas y être né.
Mais si ce Joseph était vraiment appelé Barsabas, comme Jude / Judas, alors c'est qu'il était de la même famille que lui. Il était donc son frère … et donc le frère de Jésus.
Bizarrement, tout cela semblerait indiquer que le nom de famille de Jésus et de ses frères était Barsabas. Ce nom pourrait signifier "Fils de Sabas", ce qui poserait problème puisque le père est sensé être Joseph, l'époux de Marie. Ou alors Barsabas signifierait "Fils de baptiste", c'est à dire "Fils d'Essénien" puisque, à l'époque de Jésus, la seule secte baptiste qui existait était celle des Esséniens. Cela pourrait confirmer que Jésus aurait bien fait partie des Esséniens … ainsi que ses frêres.
Eusèbe de Césarée a donné également quelques indications sur la manière dont les membres de cette famille de Jésus se sont succédés comme évèques de Jérusalem :
"Le même historien dit aussi que d'autres descendants d'un de ceux qu'on appelait les frères du Sauveur et qui se nommait Jude, ont vécu jusqu'au même règne de Trajan, après avoir rendu témoignage, sous Domitien, de la foi au Christ, comme nous l'avons déjà raconté . Voici ce qu'il écrit :
'
Ils vont donc et conduisent toute Église, en tant que martyrs et parents du Seigneur. Une paix profonde régnant dans toute Église, ils demeurent jusqu'à Trajan César. A ce moment, le fils de l'oncle du Seigneur, Siméon, fils de Clopas, dont nous avons parlé plus haut , fut dénoncé par les hérétiques et fut jugé lui aussi comme eux, pour le même motif, sous le consulaire Atticus. Et il fut torturé durant plusieurs jours; il rendit témoignage de manière à étonner tout le monde et le consulaire lui-même (qui se demandait) comment un homme de cent vingt ans supportait ces tourments. Il fut condamné à être crucifié'."
(Eusèbe, Histoire Ecclésiastique III, 21;1-6)
"J'ai appris cependant dans des documents écrits, que, jusqu'au siège des Juifs sous Hadrien, il y avait eu à Jérusalem un chiffre de quinze successions d'évêques, que l'on dit avoir été tous Hébreux de vieille souche et avoir reçu d'une manière authentique la connaissance du Christ. Par suite, ceux qui étaient capables de décider là-dessus les avaient alors jugés dignes de la charge épiscopale. En effet, l'Église entière de Jérusalem était alors composée d'Hébreux fidèles : il en fut ainsi depuis les apôtres jusqu'au siège que subirent ceux qui vivaient alors, au cours duquel les Juifs se séparèrent de nouveau des Romains et furent détruits en des guerres très grandes.
Comme les évêques de la circoncision s'achèvent donc à ce moment, il peut être nécessaire d'en donner maintenant la liste depuis le premier. Le premier fut donc Jacques, celui qu'on appelle le frère du Seigneur. Après lui, le second fut Siméon, le troisième Justus, le quatrième Zacchée, le cinquième Tobias, le sixième Benjamin, le septième Jean, le huitième Matthias, le neuvième Philippe, le dixième Sénèque, le onzième Justus, le douzième Lévi, le treizième Ephrem, le quatorzième Joseph, enfin le quinzième Judas. Tels furent les évêques de la ville de Jérusalem depuis les apôtres jusqu'au temps dont nous parlons, tous de la circoncision."
(Eusèbe, Histoire Ecclésiastique IV, 5;2-4)
Étrangement tout cela semble indiquer que l'église fondée
par Jésus était, à cette époque, dirigée uniquement par
des membres de sa famille. Ce genre de direction dynastique
d'une organisation religieuse ressemble au système du califat
chez les musulmans.
Ces membres de la famille de Jésus étaient alors
appelés "desposynes", comme le dit Eusèbe de Césarée
(Histoire Ecclésiastique I, 7;13-14), rapportant les dires de Jules l'Africain
:
"Jusqu'alors, on trouvait copiées
dans les archives les généalogies des vrais
hébreux... Hérode fit brûler les registres
de ces généalogies... Quelques personnes soigneuses
gardèrent pour elles leurs propres généalogies,
soit en se souvenant des noms, soit en en prenant des copies
et se glorifièrent d'avoir sauvé la mémoire
de leur noblesse. Parmi elles, se trouvaient ceux qu'on
appelle desposynes, à cause de leurs accointances
avec la famille du Sauveur : originaires des villages
juifs de Nazareth et de Kokaba, ils s’étaient
répandus dans le reste du pays et ils avaient compilé
la sus-dite généalogie d’après
le Livre des Jours, (Chroniques) autant qu’ils l’avaient
pu."
En 318, un groupe de ces desposynes dirigés par Joses (le
petit fils de jude, frêre de jésus), s'était même rendu
auprés du Pape de Rome pour demander que la tête de l'église
soit rétablie à Jérusalem ... ce qui lui fut refusé. Rapporté
par Malachi Martin (1921-1999) :
" En 318 une délégation
de desposynes dirigée par Joses (le petit fils de
Jude, frère du seigneur) se rendit à Rome
pour réclamer au pape Sylvestre Ier que la tête
de l'Eglise soit rétablie à Jérusalem
au lieu de Rome. Il réclama que l'on renomme de véritables
désposynes à la tête des églises
de Jérusalem, Antioche, Ephèse et Alexandrie
à la place des évêques grecs. Mais aussi
que soit rétablie la dime de dime vers Jérusalem
et le calendrier des jours saints (...) Sylvestre
rejeta leur demande et affirma que dorénavant l'église
était installée à Rome et il insista
pour qu'ils acceptent les évêques grecs pour
les diriger (...) Ce fut le dernier dialogue connu avec
les églises gardant le Sabbat en orient, dirigée
par des disciples qui descendaient des parents de Jésus
le Messie."
Selon ce que dit Eusèbe dans
son "Histoire Ecclésiastique III, 20,1-15 ",
l'Empereur Domitien (81-96), aurait, en 93, fait venir de
la Palestine à Rome des "parents" du Seigneur,
descendants de la lignée de David qui vivaient à
Nazareth et à Kaubab, pour les interroger sur le
Christ dont il avait entendu parler :
"Il y avait encore, de la race du Sauveur, les petits-fils de Jude, qui lui-même était appelé son frère selon la chair : on les dénonça comme étant de la race de David. Evocatus les amena devant Domitien César, car celui-ci craignait la venue du Christ, comme Hérode. Et il leur demanda s'ils étaient de la race de David et ils dirent que oui. Alors il leur demanda combien de propriétés ils avaient, de quelles richesses ils étaient les maîtres. Ils dirent qu'à eux deux ils possédaient seulement neuf mille deniers et que chacun d'eux en avait la moitié, et ils ajoutèrent qu'ils n'avaient même pas cela en numéraire, mais que c'était l'évaluation d'une terre de trente-neuf plèthres sur lesquels ils payaient les impôts et qu'ils cultivaient eux-mêmes pour vivre.
Puis ils montrèrent aussi leurs mains, comme preuve de leur travail personnel, ils alléguèrent la rudesse de leur corps; ils présentèrent les durillons incrustés dans leurs propres mains par suite de leur labeur continuel. Interrogés sur le Christ et sur son royaume, sur sa nature, le lieu et les temps de sa manifestation, ils donnèrent cette réponse que ce royaume n'était pas de ce monde, ni de cette terre, mais céleste et angélique, qu'il arriverait à la consommation des siècles, lorsque le Christ viendrait dans la gloire, jugerait les vivants et les morts et rendrait à chacun selon ses œuvres. Domitien, là-dessus, ne les condamna à rien, mais il les dédaigna comme des hommes simples, les renvoya libres et fit cesser par un édit la persécution contre l'Église.
Lorsqu'ils furent délivrés, ils dirigèrent les Églises, à la fois comme martyrs et comme parents du Seigneur, et, la paix rétablie, ils restèrent en vie jusqu'à Trajan."
Quelques anecdotes pour terminer :
Le paléographe français André Lemaire aurait retrouvé à
Jérusalem, dans le quartier de Silwan, un coffre en calcaire (un ancien ossuaire vide,
daté de 63 ap Jc selon le carbone14) ayant servi à recevoir
le corps de Jacques, le frère de Jésus. On peut y lire une
courte inscription en araméen : "Ya'akiv bar Yosef akhui di Yeshua" (Jacob fils de Joseph, frère
de Jésus). Notons que Jacob est l'équivalent araméen pour
le grec Jacques. A.Lemaire et le Dr. Joseph Fitzmyer (un
spécialiste américain de l'araméen hautement respecté) ont
évalué l'inscription et découvert que son style correspond
à celui de la Jérusalem du premier siècle. Selon lui, si
les prénoms juifs Jacques (ou Jacob), Joseph et Jésus étaient
très courants à Jérusalem, en revanche la juxtaposition
de trois noms sur un ossuaire est rare. Elle tend à prouver
qu'il s'agissait de personnages connus : Jacques et Jésus de Nazareth... si cette inscription
est vraiment authentique, ce qui ne semble pas le cas selon les dernières conclusions.
Ensuite le réalisateur canadien James Cameron aurait trouvé dix coffres servant d'ossuaires à Talpiot dans la banlieue de Jérusalem. Cinq d'entre eux portent, en araméen, les noms de "Yeshua bar Yehosef" (Jésus fils de Joseph), de "Mryh" (Marie), de "Mtyh" (Matthieu), de "Ywsh" (Joset / Joseph = le frère de Jésus ?) et de "Yehuda bar Yeshua" (Juda fils de Jésus !). Et un porte, en grec, le nom de "Mariamenou Mara" (Marie qui est Mara).
Cependant rien ne prouve que ces ossuaires étaient ceux de la famille de Jésus car tous ces noms écrits étaient trés portés à cette époque… bien que les retrouver tous associés en un même lieu soit certainement moins fréquent.
Et pourtant, en y songeant bien...
Savoir tout ceci est-il d'une quelconque importance pour juger
les paroles de Jésus ?
On juge un homme à ses actes et non pas à sa famille.