Jésus
et les Zélotes :
Et si Jésus avait été non pas un maitre spirituel
mais un révolté, un prétendant au trône d'Israel ?
Il n'était pas aussi pacifique qu'on le croit généralement.
Ainsi il disait :
"Ne pensez pas que je sois venu
mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la
paix, mais l’épée; car je suis venu jeter la division entre
un homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la
belle-fille et sa belle-mère..."(Mat. 10,34-35)
Et aussi :
"Je suis venu porter le feu sur
la terre; et comme je voudrais qu'il fût déjà allumé ! Mais
j’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à
l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que
je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, vous dis-je
; mais plutôt la division. Car désormais ils seront cinq
dans une maison, divisés : trois seront divisés contre deux,
et deux contre trois ; le père contre le fils, et le fils
contre le père ; la mère contre la fille, et la fille contre
la mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille
contre sa belle-mère."(Lc.12/49-53).
Plusieurs des disciples de Jésus semblent avoir été des
gens assez violents, probablement des maquisards, des résistants
à l'occupation romaine :
Il y avait Jacques et Jean :
"... puis Jacques de Zébédée et
Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès,
c'est-à-dire fils du tonnerre."( Mc 3-17)
---> Ce surnom de "Boanerges" dont la signification est
"Fils du tonnerre" nous prédispose à voir ces disciples
plus comme des hommes violents que comme de doux
apôtres .
Il y avait aussi l'apôtre Simon.
Luc le surnommait le "Zélote" :
"...et Simon, surnommé le Zélote."(Luc 6,15)
"... et Simon le Zélote."(Actes.1,13)
Marc et Matthieu le surnommaient plutôt le "Cananéen" :
"... Simon le Cananéen, et Judas l'Iscariote, qui aussi le livra." (Matthieu 10,4)
---> "Zélote", en grec, pourrait être traduit à notre époque par "fanatique".
"Cananéen" (Kananaios) pourrait signifier "Habitant de Cana" ... mais c'est
plutôt la déformation du mot Qanana / Qan'ani
qui veut dire "Zèlote" en hébreu.
Les Zélotes (de la racine grecque "zeloun") étaient des
révolutionnaires, des terroristes anti-romains particulièrement
fanatiques.
Il y avait aussi Siméon / Simon fils de Clopas, un cousin de Jésus.
Selon Hippolyte de Rome, il aurait été lui aussi surnommé "le Zélote" :
"Simon le Zélote, le fils de Clopas, qu'on appelle aussi Jude, devint évêque de Jérusalem après Jacques le Juste et il s'endormit dans la mort et fut enterré là à l'âge de 120 ans." (Hippolyte de Rome, sur les douze apôtres)
----> Ce Simeon / Simon fils de Clopas est souvent confondu avec l'apôtre Simon le Cananéen. Ils sont pourtant différents car Siméon fils de Clopas est mort crucifié par les Romain aprés 106 ap.JC, alors que Simon le Cananéen, est mort scié en deux, dans un pays situé de l'autre côté de l'Euphrate, plusieurs décennies auparavant.
Il y avait aussi l’apôtre Simon-Pierre. Il avait deux surnoms
: Cephas et Bariona :
"... Et comme il marchait le long
de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre,
et André son frère, qui jetaient un filet dans la mer, car
ils étaient pêcheurs." (Mat 4/18)
"... Et il le mena à Jésus.
Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon Bariona; tu seras
appelé Céphas (qui est interprété : Pierre)"
(Jean 1/43)
"... Et Jésus, répondant,
lui dit : Tu es bienheureux, Simon Bariona, car la chair
et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est
dans les cieux." (Mat 16/17)
---> Cephas (Pierre, le roc) lui fut donné pour sa dureté
ou sa taille massive qui le faisait ressembler à un rocher
(... ou alors parcequ'il était chauve ?)
Bariona pourrait signifier "Bar-Jonas" ("Fils de jonas"),
mais, en araméen, il pourrait se traduire aussi par "Membre
des Baryonims". Les Baryonims ("proscrits, maquisards")
était l'un des noms donnés aux Zélotes.
Ce Simon-Pierre n'était pas un pacifique car on le voit
couper d'un coup d'épée l'oreille d'un garde du Temple dans
le Jardin des Oliviers. (Gv 18,10).
Et il semble bien que c'est lui qui a tué les deux conjoints,
Ananias et Sapphira (Ananie et Saphire), parce qu'ils n'avaient
pas versé à la communauté le profit entier de la vente de
leur terrain. (Actes 5).
Il y avait aussi Judas, appelé "Iscariote" :
"... Judas Iscariote, qui aussi
le livra." (Mat 10/4)
---> On dit que "Iscariote" signifie "Habitant de Kerioth (Kerijoth / Qeriyyot) ". Cette ville de Judée était citée dans Josué 15;25 : "... et Hatsor la neuve, et Kerijoth, (Hetsron, c’est Hatsor)...".
Cependant cette cité n'existait plus à l'époque de Jésus. En outre "Iscariote" devrait plus exactement être traduit par "De la population de Kerioth", ce qui est une tournure que les Hébreux n'employaient jamais pour construire un surnom indiquant la provenance d'un homme.
Cependant le nom de Judas pourrait être déformé. En effet, dans la Bible Peshitta en araméen, Judas est appelé "Sicariot" c'est à dire "Sicaire" en
hébraîque. Hors les sicaires étaient la partie la plus extrémiste
des Zélotes. Leur nom leurs venait du poignard "sica"
dont ils se servaient pour tuer leurs victimes.
Joseph Flavius écrit à leur propos :
"A Jérusalem une nouvelle forme
de banditisme naquit, celle des sicaires, qui commettaient
des meurtres en plein jour au milieu de la ville. Ils agissaient
spécialement à l'occasion des fêtes en se mélangeant à la
foule, cachant sous leurs vêtements de petits poignards
avec lesquels ils frappaient leurs adversaires. Puis, quand
ceux-ci tombaient, les assassins s'unissaient à ceux qui
exprimaient leur horreur et simulaient si bien qu’ils étaient
crus et par conséquent pas reconnaissables."
(Guerre Judaïque II – 12).
A notre époque on traduirait "sicaire" par "terroriste". Et Judas semble donc avoir été lui aussi un zélote.
Selon Hippolyte de Rome, ces Sicaires et ces Zélotes seraient issus d'une des quatre tendances provenants de la division du mouvement essénien :
"Certains d'entre-eux en effet, poussent les pratiques à l'extrême, jusqu'à ne pas tenir en main une pièce de monnaie, déclarant qu'il ne faut ni porter, ni regarder, ni fabriquer d'effigie ; aussi nul de ceux-ci n'ose même entrer dans une ville, de peur de franchir une porte que surmonte des statues, estimant qu'il est sacrilège de passer sous des images. Certains autres d'entre-eux, lorsqu'ils entendent un individu discourir sur Dieu et sur ses lois, s'assurent, s'il est incirconcis, que cet individu est seul dans un endroit, puis ils le menacent de l'assassiner, s'il ne se laisse pas circoncire : s'il ne veut pas obtempérer, loin de l'épargner, on l'égorge : c'est de cela, étant donné ce qui se passe, qu'ils ont reçu leur nom, celui de Zélotes ou de la part de quelques-uns, celui de Sicaires. D'autres encore parmi eux refusent de donner à personne le nom de maître, sauf à Dieu." (Réfutation de toutes les hérésies" IX, 26).
Hors Jean Baptistes et Jésus semblent avoir fait partie un temps du la secte des Esséniens.
Et il y a aussi Jude / Thaddée (Theuda / Addaï) :
Luc l'appelait "Judas de Jacques" (Luc. 6,16 et Actes 1,14), c'est à dire "Judas fils de Jacques" ou, peut-être, "Judas frêre de Jacques". Il était appelé Thaddaeus / Thaddaios (Thaddée) dans Marc 3,18 et Lebbaeus / Lebbaios (Lebbée) surnommé Thaddaeus dans Matthieu 10,3. Hippolyte de Rome l'appelait "Judas appelé Lebbaeus surnommé Thaddaeus". Lebbaeus peut-être basé sur la racine hébraïque leb (cœur) et Thaddée pourrait venir de l'araméen "taddà" qui désigne la poitrine, et donc également le coeur. On pourrait donc traduire par "Celui qui a du coeur" ou "le Courageux".
Mais Saint Jérôme,
dans son "Commentaire de l’Épître aux Galates", dit aussi que "l’apôtre Judas, qui n’est pas le traître" a pris le nom de "Zélote (...) en vertu de son zèle insigne".
Dans son texte contre Helvidius, il l'appelle également "Jude Zélote qui est appelé Thaddée dans un autre évangile".
Deux variantes des "Constitutions apostoliques" (IVème siècle) indiquent que :
"Thaddaeus, aussi appelé Lebbaeus et surnommé Judas le Zélote, prêcha la Vérité aux Édesséniens et au peuple de Mésopotamie lorsque Agbarus régnait à Édesse".
Et, plus tard, dans le "Decretum Gelasianum" du VIème siècle, est encore cité l'épitre de "l’apôtre Jude Zelotes".
----> Ce Jude / Judas le Zélote, identifiable au Thaddée / Laebbius (selon Matthieu), et au Judas de Jacques (selon Luc) correspond peut-être à Jude frêre de Jésus. En tout cas, lui aussi faisait donc partie des Zélotes.
Les disciples de Jésus étaient donc en grande partie des
nationalistes luttant contre l'occupation romaine. Mais
le tout est de déterminer s'ils étaient des combattants
commandés par Jésus ou s'ils n'étaient que d'anciens résistants ayant abandonné le combat pour suivre un guide
spirituel.
D'aprés la Bible, il semble bien que les apôtres s'étaient
procuré des armes pour se défendre contre leurs ennemis
dans Jérusalem :
"Maintenant, que celui qui a une
bourse la prenne, et de même celui qui a un sac, et que
celui qui n’a pas d’épée vende son vêtement et s'achète
une. Car je vous dis, qu’il faut encore que ce qui est écrit,
soit accompli en moi : 'Il a été compté parmi les iniques'.
Car aussi les choses qui me concernent vont avoir leur fin.
Et ils dirent : Seigneur, voici ici deux épées. Et il leur
dit : 'C’est assez'."
(Luc 22/36-38).
---> Comme on le voit, c'est Jésus lui-même qui demande
d'acheter des armes.
Et ils se rendent ensuite au Jardin des Oliviers avec leurs
épées :
"Alors ceux qui étaient avec Jésus,
en voyant ceux qui arrivaient, demandèrent à Jésus, est-ce
que nous devons frapper avec les épées?"
(Luc 22-49).
Et ils firent usage de leurs armes contre les soldats romains
et les gardes du Temple qui étaient venus les arrêter :
"...Et voilà qu'un de ceux qui
étaient avec Jésus, étendit la main et tira son épée ; il
frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui détacha une oreille" (MT 26-51; Mc. 14-17; Gv. 18-10).
"... Et ceux qui étaient autour
de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur,
frapperons-nous de l’épée ? Et l’un d’entre eux frappa l’esclave
du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille droite."
(Lc 22,49-50)
"... Simon Pierre donc, ayant
une épée, la tira et frappa l’esclave du souverain sacrificateur
et lui coupa l’oreille droite ; et le nom de l’esclave était
Malchus."
(Jean 18,10)
Pourtant Jésus empèche ensuite ses disciples de
continuer le combat et précise que "Celui
qui tire l'épée périra par l'épée".
Il est possible alors que Jésus ait été un rabbin pacifiste
mais que ce soit ses disciples, au passé de résistants,
qui voulaient le pousser à revendiquer le trône d'Israël,
le prenant pour un messie politique et non pas pour un messie
spirituel. C'est pour cela qu'ils essayaient de faire passer
Jésus pour un descendant du roi Davi.(Exemple : dans sa
généalogie selon Mat 1/1).
D'ailleurs de nombreux Hébreux nourissaient le même espoir
envers lui puisqu'ils l'accueillirent dans Jérusalem en
l'appelant "Fils de David !"
Pourtant cela ne semble pas avoir été le but personnel de
Jésus. Il a même échappé à la stratégie de la foule quand
elle avait voulu le proclamer roi :
"... Jésus donc, sachant qu’ils
allaient venir et l’enlever afin de le faire roi, se retira
encore sur la montagne, lui tout seul.". (Jn
6,15) :
----> Les apôtres Zélotes attendaient probablement de Jésus
un messianisme politique et il est possible que Judas l'ait
trahi après la déception de la fête des Rameaux où Jésus
n'accepta pas le rôle de messie libérateur des romains qu'ont
voulait lui faire endosser. Peut-être même l'a-t-il livré
pour le contraindre à affronter les Romains en face, avec
les pouvoirs qu'il lui prétait ?
Un autre point obscur est celui de son intervention dans
le Temple de Jérusalem :
"... Et Jésus entra dans le temple
de Dieu, et chassa dehors tous ceux qui vendaient et qui
achetaient dans le temple ; et il renversa les tables des
changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes
;
et il leur dit : Il est écrit : 'Ma maison sera appelée
une maison de prière'; mais vous, vous en avez fait une
caverne de voleurs.
Et des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple,
et il les guérit.
Et les principaux sacrificateurs et les scribes, voyant
les merveilles qu’il faisait, et les enfants criant dans
le temple et disant : Hosanna au fils de David ! en furent
indignés, et lui dirent :
Entends-tu ce que ceux-ci disent ? Mais Jésus leur dit :
Sans doute ; n’avez-vous jamais lu : 'Par la bouche des
petits enfants et de ceux qui tètent, tu as établi ta louange'
?
Et les ayant laissés, il sortit de la ville et s’en alla
à Béthanie; et il y passa la nuit."
(Mat21,12-17)
"... Et il entra au temple, et
se mit à chasser dehors ceux qui y vendaient et qui y achetaient,
leur disant : Il est écrit : 'Ma maison est une maison de
prière'; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.
Et il enseignait tous les jours dans le temple ; et les
principaux sacrificateurs et les scribes, et les principaux
du peuple, tâchaient de le faire mourir."
(Luc19,45-47)
" ...Et ils s’en viennent à Jérusalem.
Et, entrant au temple, il se mit à chasser dehors ceux qui
vendaient et ceux qui achetaient dans le temple, et il renversa
les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient
les colombes ;
et il ne permettait pas que personne portât aucun vase ALpar
le temple.
Et il les enseignait en disant : N’est-il pas écrit : 'Ma
maison sera appelée une maison de prière pour toutes les
nations' ? mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs."
(Marc11,15-17)
----> En ce qui concerne les marchands du temple, ils vendaient
des pigeons destinés au sacrifice. ils étaient donc indispensables
tout comme les changeurs installés dans l'enceinte. Payer
les animaux du sacrifice avec de la monnaie romaine était
considéré comme impie. Il fallait donc échanger cette monnaie
impure contre des jetons de cuivre spéciaux, pour acheter
les animaux (au passage un bénéfice était gardé par les
religieux).
Jésus s'est donc attaqué à des vendeurs lévitiques et officiels,
et non contre des marchands non autorisés. Renverser leurs
étals c'était donc interdire la pratique du culte et priver
le clergé de ses revenus.
Mais Jésus s'attaquait-il au clergé officiel du temple par
but religieux ou par but politique ?
Reprochait-il aux prêtres leur manque de spiritualité ou
leur compromission avec les autorités romaines ?
Le Temple était le lieu le plus sacré d'Israêl, les autorités
y géraient le Trésor public composé d'immenses richesses.
C'est la aussi que se tenait le marché.
Comment Jésus a-t-il pu pénétrer aussi facilement dans l'enceinte
du Temple et y chasser les marchands avec un simple fouet
de cordes ?
C'est faire fi de la présence des gardes, des prêtres, des
sentinelles romaines, dont la garnison (une cohorte de 500
à 600 hommes) était renforcée en cette période de Pâque
réputée favorable aux agitations politico-religieuses (d'autant
plus qu'une foule énorme de pélerins, venus de Judée et
de Galilée, affluait vers Jérusalem pour cette période de
fête). L'importante garnison romaine se tenait dans la Tour
Antonia, véritable forteresse, reliée directement aux portiques
du Temple pour pouvoir y intervenir instantanément en cas
de problème.
Il est invraisemblable que Jésus ait pu tenir le Temple
pendant quelque temps sans disposer d'une force armée importante.
Celle-ci devait être assez forte pour repousser les soldats
romains et les gardes du Temple, mais aussi les milliers
de Juifs Pharisiens hostiles à ce coups de force.
Alors Jésus serait-il intervenu dans Jérusalem à la tête
d'une petite armée de Zélotes ? A-t-il agit comme un chef
de guerre ? Comme un révolté anti-Romain ou anti-Saduccéen
?
... A moins que les évangiles n'aient énormément amplifié
ce qui n'avait peut-être été qu'une simple altercation verbale
entre Jésus et quelques marchands du temple ?
Les passages suivants montrent peut-être aussi que Jésus
était bien un vrai descendant de David qui voulait revendiquer
la royauté :
"... Et comme il était à Béthanie
dans la maison de Simon le lépreux, et qu’il était à table,
une femme vint, ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum
de nard pur et de grand prix ; et, ayant brisé le vase,
elle le répandit sur sa tête." (Marc 14:3)
"... et se tenant derrière à ses
pieds, et pleurant, elle se mit à les arroser de ses larmes,
et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et couvrait
ses pieds de baisers, et les oignait avec le parfum." (Luc
7/36)
"...une femme, ayant un vase d’albâtre
plein d’un parfum de grand prix, vint à lui et le répandit
sur sa tête comme il était à table." (Matthieu
26,7)
---->L'onction des pieds était un rite spécifique aux rois
et messies légitimes. C'était un rituel d'union sacrée entre
un prétendant au trône et la haute prêtresse de son Royaume
(comme chez les Pharaons). Nous le trouvons même mentionné
brièvement dans le Cantique des Cantiques entre les amants.
Jésus semblait même promettre des postes de gouverneurs
POLITIQUES aux hommes (apôtres) qui le suivrait dans sa
prise du pouvoir en Israel :
"...et Jésus leur dit : En vérité,
je vous dis que vous qui m’avez suivi, dans la régénération,
quand le fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa
gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant
les douze tribus d’Israël." (Matthieu 19,28)
L'accusation de fauteur de troubles colle donc de manière
persistante à Jésus, assimilé à un prétendant davidique
aspirant au trône d'Israël :
" Nous avons trouvé cet homme
excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le
tribut à César, et se disant lui-même Christ, roi ... Il
soulève le peuple " (Luc 23, 2-5).
Les Romains eux-mêmes lui demandent s'il revendique réellement
le trône d'Israel ... mais Jésus ne répond ni vraiment "Oui"...
ni vraiment "Non". Il semble plutôt signifier que ce sont
les autres qui prétendent cela de lui :
"... Or Jésus se tenait devant
le gouverneur ; et le gouverneur l’interrogea, disant :
Es-tu, toi, le roi des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le
dis." (Matthieu 27,11)
"... Et Pilate l’interrogea, disant
: Toi, tu es le roi des Juifs ? Et répondant, il lui dit
: Tu le dis".(Luc 23,3 et Marc15,2-3)
"... Pilate donc entra encore dans le prétoire, et appela
Jésus, et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ?
Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres
te l’ont-ils dit de moi ?
Pilate répondit : Suis-je Juif, moi ? Ta nation et les principaux
sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?
Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon
royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu,
afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant
mon royaume n’est pas d’ici.
Pilate donc lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit :
Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis né pour ceci,
et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin
de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité,
écoute ma voix."
(Jean18,33-37)
Les Romains semblent d'ailleurs se moquer de Jésus, et surtout
à ses prétentions à la royauté, en l'habillant comme un
roi dérisoire :
"... Et les soldats aussi se moquaient
de lui, s’approchant, et lui présentant du vinaigre,
et disant : Si toi, tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même." ( Luc23, 36-37)
"... Et les soldats, ayant tressé
une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le vêtirent
d’un vêtement de pourpre, et vinrent à lui et dirent : Salut,
roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets." (Jean 19,2-3)
"... Alors les soldats du gouverneur,
ayant emmené Jésus au prétoire, assemblèrent contre lui
toute la cohorte
Et lui ayant ôté ses vêtements, ils lui mirent un manteau
d’écarlate ;
et ayant tressé une couronne d’épines, ils la mirent sur
sa tête, et un roseau dans sa main droite ; et fléchissant
les genoux devant lui, ils se moquaient de lui, disant :
Salut, roi des Juifs !
Et ayant craché contre lui, ils prirent le roseau et lui
en frappaient la tête."
(Mat 27,27-30)
---> On remarquera d'ailleurs qu'il y a un jeu de mot entre
le mot hébreu / araméen "qana" (qui signifie "roseau") et
le terme hébreu / araméen "kana / qanana" (qui signifie"zélote").
Ce serait la raison pour laquelle ils ont mis dans la main
de Jésus un roseau en guise de sceptre royal : cela pourrait
signifier qu'ils le considéraient bien comme un Zélote aspirant
au trône de David.
Les Romains l'ont d'ailleurs bien condamné en tant qu´agitateur
prétendant à la royauté d'Israël, selon ce qu'ils ont écrit
sur l´écriteau de la croix :
"... Et ils placèrent au-dessus
de sa tête son accusation écrite : Celui-ci est Jésus, le
roi des Juifs." (Mat 27,37)
"... Et il y avait aussi au-dessus
de lui un écriteau en lettres grecques, romaines, et hébraïques
: Celui-ci est le roi des Juifs." (Lc 23,38)
"...AL Et l’écriteau concernant
le sujet de son accusation portait écrit : Le roi des Juifs." (Mc15,26)
"... Et Pilate fit aussi un écriteau,
et le plaça sur la croix ; et il y était écrit : Jésus le
Nazaréen, le roi des Juifs." (Jn 19,19)
Même les juifs semblaient croire aux prétentions de Jésus
à la royauté.
Selon les écrits judaîques du Sanhédrin 43a, l'exécution
de Jésus ne se serait pas faite précipitamment : quarante
jours entre le procès et la mise à mort, délai pendant lequel
"quiconque à même de témoigner en sa faveur est invité à
le faire". La Guemara mentionne une controverse, une discussion
entre sages concernant cette période de quarante jours,
jugée excessive par certains. Il fut répondu : "Jésus
a eu droit à un traitement privilégié parce qu'il était
proche de la royauté".
A plusieurs reprises, Jésus est considéré comme un "lèstès
/ lhstou" par les Juifs, terme généralement traduit par
"brigand, voleur à main armée, pirate".
Ainsi, le Juif Celse déclare :
"....Un bon général qui commande
à des milliers de soldats n'est jamais livré, ni même un
misérable chef de brigands à la tête des plus dépravés,
tant qu'il semble utile à ses associés. Mais Jésus, puisqu'il
fut livré par ses subordonnés, n'a pas commandé en bon général,
et après avoir dupé ses disciples, il n'a pas inspiré à
ces dupes la bienveillance, si l'on peut dire, que l'on
a pour un chef de brigands." (C.C., II, 12).
"... On pourrait dire avec une
égale impudence d'un brigand et d'un assassin mis au supplice
: ce n'était pas un brigand, mais un Dieu, car il a prédit
à ses complices qu'il souffrirait le genre de supplice qu'il
a souffert. " (C.C., II, 44).
Celse dit même que Jésus commandait à des révoltés
:
"D'autres, qui étaient Juifs,
se sont révoltés au temps de Jésus contre l'Etat juif, et
mis à la suite de Jésus" (C.C. III, 8 3-5).
"C'est une révolte qui fut jadis
l'origine de la constitution politique des Juifs, et plus
tard des Chrétiens."
(C.C. III, 8 35-38).
Le Romain Sossionus Hiéroclès, dans son ouvrage "Aux chrétiens",
cité par Lactance, disait :
"Le Christ lui-même, chassé par
les Juifs, avait rassemblé une troupe de neuf cents hommes
pour se livrer au brigandage (dans la région de Damas)".
(Institutiones divinæ, V, III, 4)
Même dans la Bible, les romains semblent se demander si
Jésus ne serait pas un révolté galiléen :
"Et Pilate, ayant entendu parler
de la Galilée, demanda si l’homme était Galiléen."
(Luc 23.6)
En effet, les Romains n'aimaient pas les Galiléens car ils
se révoltaient trop facilement. Le terme "Galiléen" était
parfois employé comme un synonyme de "bandit" ou de "terroriste".
Jésus semble avoir également considéré que son successeur
s'appellerait "Menahem" (ce qui est la traduction du mot
"Consolateur" / Paraclet).
"... Si vous m’aimez, gardez mes
commandements ; et moi, je prierai le Père,
et il vous donnera un autre consolateur ('Menahem'), pour
être avec vous éternellement,
....
Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous ;
mais le Consolateur ('Menahem'), l’Esprit Saint, que le
Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses
et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites.".
(Jean14,15-16, 25-26)
"... Mais quand le CONSOLATEUR
sera venu, lequel moi je vous enverrai de la part du Père,
l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra
témoignage de moi.
Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dés le
commencement vous êtes avec moi.
(Jean 15, 26-27)
... Mais maintenant je m’en vais
à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande
:
Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la
tristesse a rempli votre cœur.
Toutefois, je vous dis la vérité : Il vous est avantageux
que moi je m’en aille ; car si je ne m’en vais, le CONSOLATEUR
ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.
Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché,
et de justice, et de jugement :
De péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ;
De justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous
ne me voyez plus ;
De jugement, parce que le chef de ce monde est jugé.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne
pouvez les supporter maintenant.
Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous
conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de
par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu,
et il vous annoncera les choses qui vont arriver.
Celui-là me glorifiera ; car il vous transmettra ce qu'il
a recu de moi.
(Jean 16; 5-14)
Hors ce Menahem qui devait venir aprés Jésus a bien existé
: C'était un Zélote qui revendiquait la royauté d'Israël
!
L'historien Flavius Joseph a rapporté ceci à son sujet :
"... Cependant, un certain Manahem
(Ménahem), fils de Juda le Galiléen (ce docteur redoutable
qui jadis, au temps de Quirinius, avait fait un crime aux
Juifs de reconnaître les Romains pour maîtres alors qu'ils
avaient déjà Dieu) emmena ses hommes à Massada, où il força
le magasin d'armes du roi Hérode, et équipa les gens de
son bourg avec quelques autres brigands ; s’étant ainsi
constitué une garde du corps, il rentra comme un roi à Jérusalem,
et, devenu le chef de la révolution, dirigea le siège du
palais ....... Les compagnons de Manahem , se ruant dans
les positions que les soldats venaient de quitter, tuèrent
tous les retardataires qu’ils purent saisir, pillèrent les
bagages et incendièrent le camp. Ces évènements eurent lieu
le sixième jour du mois de Gorpiéos.".
(Guerre Jud. II-17,8).
Si c'était bien cet homme que Jésus espérait pour continuer
sur sa voie, cela signifierait donc bien que ses idées étaient
politiques et non pas spirituelles.
Ou alors voulait-il se moquer de ses apôtres qui espéraient
le convaincre de devenir un Messie politique au lieu d'un
Messie spirituel ?
Un dernier point mystérieux : Qui était ce Barabbas qui
fut arrété par les romains à la même époque que Jésus ?
-"Et il y avait alors un prisonnier
fameux, nommé Barabbas.
Comme donc ils étaient assemblés, Pilate leur dit : Lequel
voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qui
est appelé Christ ?"(Mt 27,16-17)
---->Notons que dans certaines versions de ce passage (codex
Koridethi, Egerton et syriaque du Sinaï), le nom complet
de cet individu est "Jésus Barabbas" !!! Ce nom aurait
été ensuite effacé de la Bible parceque, comme l'a dit Origène
: " il ne convient pas de donner
ce nom à un personnage inique et, d'ailleurs, aucun pécheur
n'est ainsi nommé dans les Ecritures !"
Le plus étonnant est que "Jésus Bar-abbas" signifie "Jésus
fils du Père" ... ce qui pourrait s'appliquer tout aussi
bien à Jésus-Christ !
Cependant dans l'Evangile des Hébreux
(un texte utilisé par les Nazaréens) son nom n'est pas "Bar-Abbas"
mais "Bar-Rabban" (Fils du maitre).
Il est également possible que "Barabbas" soit la déformation de "Barsabas".
Dans le Codex de Beze on trouve justement un "Judas Barabbas" correspondant peut-être au "Judas Barsabas" cité dans les Actes des apotres 15;22. Et on trouve aussi un "Joseph Barsabas Justus" dans les Actes des apotres 1.23, correspondant peut-être au "Joseph Barnabas" / Barnabé" des Actes des apotres 9;27 et au "Barsabbas Justus" 3ème évèques de Jérusalem. Tous ces Barsabas faisaient peut-être partie d'une même famille ?
-"Ils s’écrièrent donc tous encore,
disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était
un brigand." (Jn 18,40)
-"Et il y avait le nommé Barabbas
qui était détenu avec ses compagnons de sédition, lesquels,
dans la sédition, avaient commis un meurtre." (Mc 15,7)
-"Et toute la multitude s’écria
ensemble, disant : Ôte celui-ci, et relâche-nous Barabbas
qui avait été jeté en prison pour une sédition qui avait
eu lieu dans la ville, et pour meurtre." (Luc
23,18-19)
----> On notera que le mot utilisé par Jean 18,40
pour qualifier Barabbas est "Lestes", ce qui se
traduit par "brigand" mais qui peut également
désigner un révolté zélote.
Et c'est ce même mot qui est utilisé par Matthieu
27;38 pour désigner les deux hommes crucifiés
avec Jésus :
"...Alors sont crucifiés
avec lui deux brigands (Lestai), un à la droite,
et un à la gauche."
---> Jésus ayant été crucifié
entre deux supposés zélotes, on peut donc
penser que lui aussi était considéré
comme étant un zélote.
On pourrait se demander si la Bible n'aurait pas mélangé
les histoires de deux Jésus différents :
Jésus-Christ, le rabbin réformateur, et Jésus-Barabbas le
révolutionnaire qui avait fomenté une révolte à Jérusalem.
Cela expliquerait le caractère contradictoire de Jésus,
parfois violent et parfois non-violent : Il y aurait en
fait deux Jésus.
Ce passage de Matthieu XXVI, 55 fait aussi réfléchir
:
"En cette heure-là Jésus
dit aux foules : 'Êtes-vous sortis comme après
un brigand, avec des épées et des bâtons,
pour me prendre ? J’étais tous les jours assis
parmi vous, enseignant dans le temple ; et vous ne vous
êtes pas saisis de moi'."
---> Le terme "brigand", ici,
traduit en fait le mot "zélote" dans le
texte original.. Jésus voit bien que les hommes
venus l'arréter le prennent pour un zélote,
et il nie en être un.
A vrai dire, l'histoire de Barabbas n'est pas trés
claire. En effet la Bible prétend que les Romains
l'ont libéré en se référant
à une coutume locale liée à la fête
de Pâque ... hors on ne possède aucune trace
d'une telle coutume. Et d'ailleurs les Romains n'étaient
pas tenus de suivre les coutumes locales des pays asservis.
Mais une chose semble claire, c'est que deux Jésus
ont été arrétés en même
temps, et qu'une des deux a été libéré
pendant que l'autre était mis à mort.
Ce pourrait-il qu'il y ait eu une erreur judiciaire, une
substitution de personnes ? On aurait alors condamné
le Jésus pacifiste et libéré le Jésus
Zélote !
Cela expliquerait pourquoi Jésus a pu être
mis à mort et être pourtant appercu plus tard
comme s'il était sorti de sa tombe. Et cela expliquerait
pourquoi, plusieurs années aprés la crucifixions,
Sossionus Hiéroclès décrit Jésus dans la région
de Damas à la tête de 900 brigants : Il s'agirait
en fait de Jésus Barabbas.
Et cette hypothèse pourrait être confirmée
par la "Tossefta, sanhédrin IX, 7", où
se trouve le passage suivant qui semble parler de deux Jésus
:
"Rabbi Meïr : Pourquoi est-il enseigné
en ces termes 'Le pendu au bois est une malédiction'
? De deux jumeaux qui se ressemblaient l'un l'autre, l'un
devint roi du monde entier et l'autre se livra au brigandage
; après quelque temps celui-ci fut appréhendé
et on le crucifia et tous ceux qui passaient disaient :
'on dirait que le roi a été crucifié'
; aussi est-il dit : 'Maudit celui qui est pendu au bois
!'."
Cependant un texte de Philon d'Alexandrie ("Contre
Flaccus ou De La Providence" "(35-40) vient tout compliquer.
On y trouve en effet l'histoire d'un certain Carabas (et
non plus Barabbas) qui, en l'an 38 ap.JC, aurait été
suplicié à Alexandrie de la même facon
que Jésus :
"Quand une plèbe
désordonnée a trouvé l'occasion de
mal faire, elle ne lâche point prise aisément
et se porte d'excès en excès.
Il y avait à Alexandrie un fou, nommé
Carabas, non pas de ceux dont la folie sauvage et furieuse
se tourne contre eux-mêmes ou contre ceux qui les
approchent; il était d'humeur douce et tranquille.
Ce fou, bravant le froid et le chaud, errait jour et
nuit dans les rues, servant de jouetaux jeunes gens et aux
enfants désœuvrés. On traîna ce
misérable au gymnase, là on l'établit
sur un lieu élevé afin qu'il fût aperçu
de tous. On lui plaça sur la tête une large
feuille de papier en guise de diadème, sur le corps
une natte grossière en guise de manteau; quelqu'un
ayant vu sur le chemin un roseau, le ramassa et le lui mit
dans la main en place de sceptre.
Après l'avoir orné ainsi des insignes
de la royauté et transformé en roi de théâtre,
des jeunes gens, portant des bâtons sur leurs épaules,
formèrent autour de sa personne comme une garde;
puis les uns vinrent le saluer, d'autres lui demander justice,
d'autres lui donner conseil sur les affaires publiques.
La foule environnante l'acclama à grande voix,
le saluant du titre de Marin, mot qui en syriaque signifie,
dit-on, prince. Or ils savaient bien qu'Agrippa était
d'origine syrienne,et que la plus grande partie de son royaume
était en Syrie.
Flaccus eut connaissance de cette comédie; que
dis-je? Il la vit, et, quand son devoir lui prescrivait
de jeter en prison ce fou pour ôter aux insulteurs
moyen d'exercer leur insolence envers d'honnêtes gens,
de punir ces histrions qui avaient osé poursuivre
d'outrages directs ou détournés un roi, ami
de César, honoré par le sénat romain
de la dignité prétorienne, non seulement il
ne leur infligea aucun châtiment, mais il ne daigna
pas même les réprimer; il donna carrière
aux méchants et aux envieux en feignant de ne rien
voir et de ne rien entendre."
---> S'agit-il d'une simple coïncidence ou bien
ce Carabas a-t-il inspiré l'histoire de Jésus
Barabbas ???
Pour tout compliquer encore plus, il existe également
des traditions persistantes (surtout gnostiques) prétendant
que ce n'est pas Jésus qui est mort sur la croix
mais un autre personnage qui lui a été substitué.
Mais aucune ne raconte que c'est le rabbi Jésus qui
a été crucifié à la place de
Jésus Barabbas.
Epiphane, dans son livre " L'histoire ecclesiastique",
raconte qu'il existe un texte appelé "Le voyage
des apotres" prétendant que le Christ n'a jamais
été crucifié, et qu'un autre a pris
sa place, et que par ce moyen Jésus s'était
moqué de ceux qui s'imaginaient l'avoir crucifié.
Le livre "L'Apocalypse copte de Pierre" (200-255)
dit la même chose :
"Celui que tu as vu sur l'arbre,
heureux et riant, celui la est le Jésus vivant ...
mais celui-ci auquel on cloue les mains et les pieds et
sa partie charnelle qui est un substitut mis à la
honte, celui qui est venu est son semblant , regarde-le
lui et moi' "
Les Gnostiques Basilidiens et Carpocratiens prétendaient
que c'était Simon de Cyrene qui avait été
crucifié à la place de Jésus.
Ainsi, le "Deuxième traité du grand Seth"
(100-200), un livre gnostique, raconte ceci :
"Celui qui buvait le fiel et
le vinaigre, ce n’était pas Moi. Ils me flagellaient
avec le roseau. C’était un autre, celui qui
portait la croix sur son épaule, c’était
Simon. C’était un autre qui recevait la couronne
d’épines. Quant à Moi, je me réjouissais
dans la hauteur, au-dessus de tout le domaine qui appartient
aux archontes et au-dessus de la semence de leur erreur,
de leur vaine gloire et je me moquais de leur ignorance."
Et un papyrus du Nag Hammadi dit cela :
"Je n'étais mort qu'en apparence,
dit en substance Jésus, c'est un autre qui a bu à
ma place le fiel et le vinaigre. Ils m'ont frappé
avec le roseau, mais c'est un autre, Simon, qui a porté
la croix sur ses épaules. C'est sur un autre qu'ils
ont placé la couronne d'épines... Et moi,
je souriais de leur ignorance."
Selon les Musulmans, par contre, c'est Judas qui a été
crucifié à la place de Jésus.
Cependant le Coran (Sourate 4, 157-158) nie seulement la
mort de Jésus, mais sans citer le nom de Judas :
"Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié;
mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui
ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude
: ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font
que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement
pas tué. Dieu l'a élevé vers Lui. Et
Dieu est Puissant et Sage."
A ce sujet, Tabarî (839-923) ajoute plein de détails
:
" Les juifs traînèrent
Issâ (Jésus) à un endroit où
ils avaient préparé une croix pour le crucifier,
et un grand nombre de juifs se rassemblèrent autour
de lui. Ils avaient un chef nommé Yesû?a (Josué),
qui était également parmi eux. Quand ils voulurent
attacher Issâ à la croix, Dieu l'enleva à
leurs regards et donna la forme et l'aspect d'Isâ
à Josué, leur chef. […] Quand ils regardèrent,
ils virent Josué entièrement ressemblant à
Issâ, et ils le saisirent. Il dit : 'Je suis Josué'.
Ils répondirent : 'Tu mens ; tu es Issâ, tu
t'es dérobé à nos regards par la magie
; maintenant la magie est passée et tu es devenu
visible'. Il protesta en vain qu'il était Josué
; ils le tuèrent et l'attachèrent à
la croix.Quant à Issâ, Dieu l'éleva,
au ciel comme il est dit dans le Coran : 'Ils ne l'ont pas
tué et ils ne l'ont pas crucifié, mais ce
n'était qu'un faux-semblant'."
Le livre "Evangile de Barnabé" (215-217)
donne encore plus de détails :
"Comme les soldats et Judas approchaient
de l'endroit où se trouvait Jésus, celui-ci
entendit venir beaucoup de monde. Il eut peur et se retira
dans la maison. Les onze dormaient. Mais Dieu voyant le
périple que courait son serviteur ordonna à
Gabriel, Michel, Raphaël et Uriel, ses serviteurs,
d'enlever Jésus du monde. Les saints anges vinrent
et enlevèrent Jésus par la fenêtre qui
fait face au midi. Ils l'emportèrent et le mirent
au troisième ciel avec des anges, bénissant
Dieu à jamais.
Judas fit irruption le premier dans la pièce d'où
Jésus avait été enlevé et où
dormaient les onze. Alors, l'admirable Dieu agit admirablement
: Judas devint si semblable à Jésus par son
langage et dans son visage que nous crûmes que c'était
Jésus.
Judas, lui, nous ayant réveillés, cherchait
où était le Maître. Mais, stupéfaits,
nous répondîmes : 'C'est toi, Seigneur, notre
Maître! Nous as-tu oubliés ? 'Mais il nous
dit en souriant : "E'es-vous fous? Je suis Judas Iscariote.'
Tandis qu'il parlait, la milice entra et on mit la main
sur lui car il était en tout semblable à Jésus.
Quant à nous, après avoir entendu les paroles
de Judas et vu la foule des soldats, comme hors de nous-mêmes,
nous nous enfuîmes. Jean qui dormait enveloppé
d'un drap s'éveilla et s'enfuit. Comme un soldat
l'avait saisi par le drap, il laissa le drap et se sauva
nu, car Dieu avait exaucé la prière de Jésus
et sauvé les onze du mal.
Les soldats s'emparèrent de Judas et le ligotèrent
non sans dérision car il niait la vérité
qu'il était Jésus. Ils lui disaient en se
moquant de lui : 'Ne crains pas, Seigneur, nous sommes venu
pour te faire roi d'Israël! Nous ne t'avons ligoté
que parce que nous savons que tu refuses le royaume!' Judas
répondit : 'Avez-vous perdu la cervelle? Vous êtes
venus prendre Jésus Nazaréen avec des armes
et des lanternes comme un voleur et vous m'avez ligoté
pour me faire roi, moi qui vous ai conduits ici!' Alors
les soldats perdirent patience et à coups de poings
et à coups de pieds ils commencèrent à
rendre à Judas la monnaie de sa pièce et en
furie, ils le conduisirent à Jérusalem. "
Cependant on sait que cet Evangile de Barnabé
n'est qu'un faux tardif.
Le livre "Les actes de Jean" (150-200), un texte
gnostique, donne encore une autre version. Selon lui, Jésus
n'a été crucifié qu'en apparence car
il n'est qu'un pur esprit (c'est la une thèse docétiste)
:
"Pour la foule d'en bas, à
Jérusalem, je suis crucifié, je suis piqué
par des lances et des roseaux, je suis abreuvé de
vinaigre et de fiel. Mais à toi je vais parler, et
ce que je vais dire, écoute-le (.....) .ce n'est
pas la croix de bois que tu vas voir quand tu seras descendu
d'ici. Je ne suis pas non plus celui qui est sur la croix,
moi que maintenant tu ne vois pas, mais dont tu entends
seulement la voix. J'ai été considéré
pour ce que je ne suis pas, n'étant pas ce que je
suis pour la multitude ; bien plus, ce qu'ils diront à
mon sujet est vil et indigne de moi. En effet, puisque le
lieu du repos ne peut être ni vu ni décrit,
à bien plus forte raison, moi qui suis le Seigneur
de ce lieu, je ne pourrai être ni vu .(......) Ainsi,
je n'ai souffert aucune des souffrances qu'ils vont me prêter.
Bien plus, cette souffrance que je t'ai montrée à
toi et aux autres en dansant, je veux qu'elle soit appelée
mystère (......) Tu entends dire que j'ai souffert,
or je n'ai pas souffert ; que je n'ai pas souffert, or j'ai
souffert ; que j'ai été transpercé,
or je n'ai pas été frappé ; que j'ai
été suspendu, or je n'ai pas été
suspendu ; que du sang s'est écoulé de moi,
or il ne s'en est pas écoulé. En un mot, ce
que ces gens-là disent de moi, je ne l'ai pas subi
; et ce qu Ils ne disent pas, voilà ce que j'ai souffert.
Ce dont il s'agit, je vais te le dire de façon voilée,
car je sais que tu comprendras. Comprends-moi donc comme
capture du Logos, transpercement du Logos, sang du Logos,
blessure du Logos, pendaison du Logos, souffrance du Logos,
clouage du Logos, mort du Logos. Et, après avoir
fait une place à l'homme, je vais parler ainsi: en
premier lieu, comprends donc le Logos ; ensuite, tu comprendras"
Difficile de vraiment savoir ce qu'il s'est passé
dans cette "affaire Jésus" !
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