Le Maitre
de Justice:
Le Maître de Justice (Morey ha Zcédek) était
le prophète des Esséniens de Qumrân, le fondateur de leur
communauté, un membre de la famille sacerdotale de Gemûl.
Ils le nommaient "serviteur de Dieu", "messie de l’Esprit",
"dernier prêtre" et " homme de douleur".
Les textes de Qumrân disent qu'il fut persécuté par "le prêtre
impie" (gouvernant Israël), qu'envoyé chez les Juifs pour
leur faire entendre le langage des prophètes, il fut sans
cesse traqué et, trahi par un des siens, et il dut rejoindre
son pays d'origine. Mais le "prêtre impie" sera puni par une
invasion de "Kittims" (ce mot signifie à proprement parler
"Crétois" et désignait soit des Grecs soit plus probablement
des Romains).
Dans le "Commentaire d'Habacuc" il est aussi question d'un
adversaire (la "langue de vipère", "l'homme de mensonge")
qui poussait les juifs à rejeter ses idées, et de la "Maison
d'Absalon" et des "Chercheurs de flatteries" (Pharisiens).
Depuis la mort du Maitre de Justice, on attendait son retour,
sa résurrection. Il y a donc une certaine analogie entre Jésus
et lui, mais les textes esséniens de Qoumrân taisent son identité
sur laquelle les chercheurs se perdent en conjectures.
En se basant sur l'"Écrit de Damas", on calcule que le Maitre
de Justice aurait commencé son ministère vers 176 av.JC.
Selon certains historiens, le Maître de Justice était le Grand
Prêtre Onias III (198-174 av.JC), illégitimement écarté par
les Séleucides au profit de Jeshua / Jason / Jésus (174-171
av.JC), de la famille des Tobiades, puis au profit de Ménélas.(171-162?
av.JC). Ce Ménélas était peut-être le "prêtre impie" car il
fera assassiner Onias III.
Mais J.T. Milik et E. Puech soutiennent que le Maître de Justice
était plutôt Simon III, le grand-prêtre en exercice depuis
159 av. J.C. Il fut évincé illégitimement en 152 par Jonathan
Maccabée, devenu grand-prêtre et gouverneur de la Judée(152-142)
par la grâce du souverain Séleucide Alexandre Balas.r?
La laïcisation du pouvoir théocratique exercé par le grand
prêtre Jonathan provoqua alors parmi les prêtres un schisme
qui conduisit un certain nombre d'entre eux à quitter Jérusalem
et à se rendre soit à Qumrân, soit dans la région de Damas.
Cette sécession fut menée par celui qui portera le nom de
«maître de justice», par opposition à Jonathan, "le prêtre
impie" qui le persécutait.
Jonathan, avec son frère et successeur Simon (143-134), fonderont
la dynastie Hasmonéenne et c'est peut-être eux que les scribes
Qumraniens appelaient les "vases de violence".
Cependant, à Qumrân, on a retrouvé un texte "Éloge du roi
Jonathan" (4Q448) qui indique que ce roi n'y était pas détesté
(A moins que ce textes ne décrive le roi Alexandre Jannée,
appelé aussi Jonathan).
Selon d'autres, le Maitre de Justice aurait été le Pharisien
Éleazar, et son persécuteur, le roi Hasmonéen Jean Hyrcan
(135-104), aurait été à la fois le "prêtre impie" et "l'homme
de mensonge".
Ou alors, le Maitre de Justice aurait été Juda ben Jédédiah
(qui pourrait être Juda l'essénien), et son persécuteur, le
roi Hasmonéen Aristobule Ier (104-103), aurait été le "prêtre
impie" et "l'homme de mensonge". Ou, selon d'autres hypothèses,
le prêtre impie serait Alexandre Jannée, (103-76) et l'homme
de mensonge serait son frêre Absalon, ou alors le Pharisien
Simon ben Shetah, le frère de sa femme Salomé Alexandra (76-67
av.JC).
Mais le texte Éssénien du "Commentaire de Nahum" semble plutôt
approuver Alexandre Jannée (appelé le "Lion de la colère")
quand il chatiait les Pharisiens.
Ou alors le Maître de Justice pourrait être Onias le Juste,
lapidé en 65 (comme raconté dans le Talmud) et Aristobule
II (67-63 av.JC) serait alors le prêtre impie et l'homme de
mensonge.
Cependant, comme on a retrouvé à Qumrân des pièces de monnaies
datant de Jean Hyrcan, d'Aristobule Ier et d'Alexandre Jannée,
leur fondateur serait donc plus ancien que cela : il pourrait
donc être plutôt Onias III ou Simon III.
La difficulté, notée par Magen Broshi, vient de ce que des
archéologues datent la première installation des Esséniens
à Qumrân de peu avant 100 av. J.-C. (le Père de Vaux proposait
la date de 130-125 av. J.C.). Les Esséniens persécutés se
seraient peut-être d'abord réfugiés à Damas puis se seraient
établis à Qumram seulement aprés.
Quand au maître de justice, il serait peut-être mort de mort
naturelle (ou éxécuté ?) vers l’an 110 avant J.-C.
Comme l'indiquent leurs livres, les Esséniens auraient également
connu un court exil à Damas (pour fuir les persécutions hasmonéennes)
vers 67-63 av. J.C avant de revenir à Qumrân sous la protection
des Romains (quand ceux-ci eurent envahi le pays).
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