DOSSIER JUDAISME :



Les débuts du monothéisme :                                                            

 

 

De nombreux égyptologues ont trouvé dans les textes "polythéistes" qu'ils étudiaient des tournures inattendues. Quand on lit les fameux "Livres de Sagesse" qui furent rédigés dans l'ancienne Égypte, on constate avec étonnement que les auteurs parlent souvent de "Dieu" au singulier, sans autre précision. Etienne Drioton va jusqu'à penser que "le monothéisme est en fait l'apanage des Livres de Sagesse".

Par exemple, on lit dans les Maximes de Ptahhotep, vers 2500 avant J.-C. : "Ce ne sont pas les dispositions des hommes qui se réalisent, mais le dessein de Dieu".

Sous la Xe dynastie, dans l'Instruction pour le roi Mérikarê, on trouve encore : "Dieu connaît celui qui agit pour Lui".

Plus loin, de nombreux hymnes à des dieux très divers s'adressent à eux dans ces termes : "Dieu unique qui n'a pas son égal !".

Pour l'égyptien, aucune contradiction dans tout cela. Pour lui, chaque divinité, dans chaque texte, est le Dieu Unique sans égal, car chaque dieu n'est que l'un des aspects du Divin tout entier. Il n'est pas possible de Le réduire à un seul nom, à un seul aspect, à une seule définition. Max Guilmot parle de "monothéisme à facettes" et Serge Sauneron déclare : "Ainsi y eut-il toujours en Egypte, à l'arrière-plan du polythéisme incontestable, la croyance très générale en l'universalité et l'unicité d'un être divin, sans nom, sans forme, mais susceptible de les revêtir toutes".

Cependant c'est le pharaon Akhenaton (Amenophis IV / Amenhotep IV, 1372-1337 av.JC, XVIIIe dynastie) qui est considéré comme l’"inventeur " du 1er monothéisme réel dans l’histoire du monde.
A l’âge de 15 ans, il se fait couronner sous le nom d’Aménophis IV. Au début, le nouveau pharaon, tout en promouvant le culte d’Aton (le disque solaire), continuait à honorer les autres dieux. Puis lassé de la suprématie du clergé d’Amon qui était tout puissant, il impose Aton comme seul dieu.
(Depuis la XVIIIe dynastie égyptienne, qui a fait d'Amon la divinité prédominante de l'état, les prêtres ont acquis une puissance telle qu'ils empêchaient les pharaons de régner librement).

En l'an 5 ou 6 de son règne, Akhenaton abandonne Thèbes, la capitale traditionnelle de la dynastie et siège du Temple d’Amon, et fonde une ville nouvelle à 320 km plus au nord où il va demeurer : Akhetaton ("l'Horizon d'Aton"), l'actuelle Tell El-Amarna. Puis il dépossède le clergé d'Amon, le privant de ses privilèges, de ses biens et de son autorité. Il fait détruire, en les martelant, les noms et les images d’Amon.

Il donne l’essor à un nouvel art "armanien", moins rigide, et surtout moins conventionnel que par le passé. Les formes sont plus réalistes, pouvant aller jusqu’à la caricature.
Fait unique jusqu'alors dans le passé égyptien, il change également son nom d'Amenhophis ("Amon est satisfait") en celui d'Akhenaton ("Serviable envers Aton").

Tous les dieux ancestraux sont éliminés pour n'en conserver qu'un seul, le dieu solaire Aton, représenté par un soleil dont les rayons se terminent par des mains. Cette nouvelle religion s'inspire fortement de la théologie d'Héliopolis, la cité du Dieu-Soleil Atoum, mais elle présente une caractéristique révolutionnaire : Le Dieu solaire est maintenant unique, toutes les autres divinités étant ignorées. Un fait intéressant est que l'on gomme même parfois le pluriel au mot "dieux" : il s'agit bien là de la première ébauche du vrai monothéisme.

Akhenaton s'adonne entièrement à l'Amour divin et finit par négliger les affaires de l'état. Il s'illustre surtout en déclarant que le soleil brille pour tout le monde, que tous les hommes sont égaux, même s'ils sont différents. C'est le premier homme de l'Histoire, surtout en tant que chef d'état, à avoir proclamé l'égalité de tous les hommes devant Dieu : Il a tenté d’unifier les divers peuples soumis à l'Égypte (dont les Sémites de Palestine) dans le culte ineffable d’Aton (l'identifiant peut-être au dieu sémitique Adonis / Adonaï ?), allégeant le sort des étrangers et des esclaves.

Très mystique, Akhenaton compose certains hymnes à la gloire d'Aton que l'on retrouve à l'état presque original dans les Psaumes de la Bible :
"Que ton apparition est belle, Aton vivant, seigneur de l’éternité !
quand tu es éblouissant, radieux, puissant,
ton amour est majestueux et grand !
tes rayons éclairent tous les visages,
to teint étincelant vivifie les cœurs,
car tu as empli le Double Pays de ton amour,
dieu auguste qui t’es formé toi même !
toi qui as fait l’univers et créé tout ce qui s’y trouve
hommes, troupeaux et tous les animaux
tous les arbres qui poussent sur le sol vivent quand tu te lèves pour eux.
Tu es la mère et le père de ceux dont tu as fait les yeux
Quand tu te lèves, ils voient grâce à toi
Dès que tes rayons ont éclairé le pays entier,
Tous les cœurs exultent de te voir
Car tu es apparu comme leur seigneur."


Pacifiste avant l'heure, le roi refuse de faire la guerre pour défendre les frontières de l'Egypte. Les incursions ennemies se succèdent provoquant la colère des égyptiens.
Il fut en quelque sorte, le premier apôtre de la non-violence, refusant de faire la guerre, même pour défendre les frontières de l’Egypte. C'est cela qui causa en partie sa fin, car de jours en jours, les pays voisins envahissaient de plus en plus le territoire égyptien.

Sur le Canaan de cette époque, nous avons des documents exceptionnels : les lettres de Tell el-Amarna. Ce sont des documents diplomatiques échangés entre la cour du pharaon Akhenaton et différents vassaux de Syrie-Palestine. Ces lettres nous donnent les noms de certains d'entre eux : Lab aya à Sichem, Abdi-Hépa à Jérusalem, Shuwardatta à Hébron, Milkili à Gezer. Chacun désirant agrandir son royaume, ils bataillent donc souvent entre eux.
Dans leurs expéditions militaires, ils font appel à des mercenaires, les nomades Habirous, ancètres des Hébreux. Dans la "tablette EA 287" de Tell El-Amarna, on voit Abdi-heba, gouverneur de Urushalimu (Jérusalem, "ville du dieu Shalim") et vassal de l'Égypte, se plaindre que les garnisons égyptiennes ont quitté la ville alors que les Apirous (Habirous / Habiris) s'apprêtent à l'attaquer. Il semble bien qu'un groupe d'Hébreux, rattaché à Abraham, se soit alors sédentarisé près d'Hébron (même racine que "hébreux") vers cette époque.

Cependant le monothéisme très strict d'Aton et la campagne iconoclaste et sacrilège qui l'a accompagné a certainement beaucoup choqué les Égyptiens, d'autant qu'elle était perpétrée au nom d'un dieu qui n'avait pas su acquérir leur confiance.
Ce 1er monothéisme s'accompagna aussi des premières persécutions systématiques de l'histoire de l'Égypte. Il y en aura d'autres, mais il faudra attendre encore 14 siècles pour les voir, ce seront celles du christianisme...

Et puis un jour de la 19ème année de son règne, le pharaon est mort .
Ses ennemis essayèrent alors d'effacer son souvenir de l'histoire de l'Egypte. Ainsi, on ne retrouva que très peu de peintures, de statue à son effigie... le nom d'Akhénaton fut effacé de tous les documents historiques et il fut interdit de prononcer son nom. Les prêtres et les partisans des vieilles croyances obligèrent son gendre et successeur Toutankhamon à évacuer la ville de Tell El-Amarna.
La stèle "du Renouveau" proclamera sous Toutankhamon que la réforme est terminée, que les cultes trop longtemps négligés des dieux et déesses traditionnels sont rétablis. Un peu comme si le pays était guéri après une maladie...

Par contre, la vraie destruction systématique des monuments amarniens remonte seulement à Sethi I et Ramses II. Toute référence au roi, toutes ses représentations et son nom furent systématiquement détruits, son sarcophage fracassé, et sa momie d'abord rapatriée à Thèbes a ensuite disparu.
Et ceci se fait avec l'adhésion générale de tout un peuple, et sans qu'aucune voix ne semble s'être élevée pour défendre la religion hérétique.
Trois quarts de siècles après sa mort, sous Ramsès II, on ne se souviendra du roi que sous les termes du "criminel Akhenaton".

Le mono-atonisme d'Akhenaton était la première manifestation dans l'histoire de la distinction "vrai Dieu - faux Dieu", qui sera reprise dans le mono-Yavhisme de Moïse.
On a fait un rapprochement entre les textes des Hymnes à Aton et le psaume 104 de l'ancien testament, écrit plusieurs siècles plus tard dont les accents sont voisins.

Inévitablement, certains en ont déduit l'existence d'un culte secret, d'une communauté d'initié qui aurait perpétué les idées d'Akhenaton jusqu'à Moïse, qui vivait peu de temps aprés. Sigmund Freud, de son côté, considèrait Moïse comme un Égyptien qui aurait transmis le savoir d'Akhénaton aux Hébreux (tribus Habirous de Syrie-Palestine) :
"Moïse… fut peut-être effectivement un membre de la maison royale, comme la légende l'affirme. Il était certainement conscient de ses grandes capacités, il était ambitieux et actif ".

Mais si Moïse avait embrassée la religion d'Aménophis, son ambition ne pouvait certainement pas s'exprimer dans une Egypte revenue depuis longtemps au polythéisme. Il transmit donc la religion reniée, aux Juifs. Des Juifs, prisonniers en Egypte depuis si longtemps qu'ils n'espéraient plus un libérateur sorti de leur peuple.

C'est ainsi que, selon Freud, "Moïse donna une religion nouvelle aux Juifs… et qu'il introduisit chez eux la circoncision, pratique populaire en usage depuis fort longtemps dans toute l'Egypte".

Cependant les circonstances de la naissance de Moïse, telles qu'elles sont décrites dans la Bible (Exode 2;1-7), ne sont pas convainquantes :

"Et un homme de la maison de Lévi alla, et prit une fille de Lévi ;
et la femme conçut, et enfanta un fils ; et elle vit qu'il était beau ; et elle le cacha trois mois.
Et comme elle ne pouvait plus le cacher, elle prit pour lui un coffret de joncs, et l'enduisit de bitume et de poix, et mit dedans l'enfant, et le posa parmi les roseaux sur le bord du fleuve.
Et sa sœur se tint à distance pour savoir ce qu'on lui ferait. Et la fille du Pharaon descendit au fleuve pour se laver, et ses jeunes filles se promenaient sur le bord du fleuve ; et elle vit le coffret au milieu des roseaux, et elle envoya sa servante, qui le prit ;
et elle l'ouvrit, et vit l'enfant ; et voici, c'était un petit garçon qui pleurait. Et elle eut compassion de lui, et dit : C'est un des enfants des Hébreux.
Et sa sœur dit à la fille du Pharaon : Irai-je et appellerai-je auprès de toi une nourrice d'entre les Hébreues, et elle t'allaitera l'enfant ?"

Tout celà ne tient pas debout. Peut-on imaginer une fille de Pharaon qui irait dans le fleuve pour se laver alors qu'elle disposait de salles de bain au palais ?
En plus, sa naissance et son sauvetage miraculeux s’inspirent clairement du récit de la
naissance du grand roi Sargon d’Akkad, ce dernier ayant également été déposé dans une
corbeille de roseaux sur les eaux du Fleuve pour être ensuite trouvé et adopté :
“Ma mère ..… m’a enfanté dans le secret ; elle m’a placé dans une corbeille de roseaux ; ..… elle m’a mis dans le Fleuve qui ne m’a pas submergé ; le Fleuve m’a soulevé, il m’a amené à Aqqi ..…. Il m’a sorti, pour son fils, il m’a adopté, il m’a élevé …”.

Difficile de ne pas voir des similitudes entre ce récit et celui de la naissance de Moïse dans l'Ancien Testament. Tout semble indiquer que la Bible a repris ce mythe pour faire croire que Moïse était d'origine hébraïque alors qu'en fait il était Egyptien.
En effet, le nom de Moïse (en hébreu Moshé) vient lui-même de l’égyptien. Le nom "mose" (masi / msy) signifiant “enfant / engendré”, et on le retrouve à la fin de nombreux noms égyptiens (par ex.: Thout-mosis = enfant du Dieu Thot ; Ptha-mosis = enfant du dieu Ptah, etc.).
On peut alors imaginer que Moïse, dignitaire égyptien et continuateur du culte d’Aton, aurait fuit l’Égypte à la tête de tribus sémites qu’il avait délivré de l’esclavage, et avec ses partisans égyptiens qui deviendront les Lévites. On notera en effet que, dans la Bible, les Lévites sont les seuls Hébreux a porter parfois des noms d'origine égyptienne. Par exemple : Mérari = Mrry ("bien aimé") et Pinhas = P'nhshy ("Nègre").

La jonction avec des Madianites à Cadès, adorateurs d’un dieu de l'orage appelé Yahvé, donnera lieu à un compromis religieux entre les Lévites et les Madianites : Yahvé deviendra le nom principal du dieu de Moïse. Il est vrai que Moïse connaissait bien les Madianites puisque, lors de son exil, il avait épousé la fille d'un chef madianite.

On notera que les égyptiens appelaient ces Madianites des "Matiaous" ou des "Shosous (bédoins) de Yahwo". L'archéologie confirme cela : De nombreuses inscriptions trouvées dans le Neguev, sur l'ancien territoire des Madianites, et datées de 1200 à 600 av.JC, citaient un dieu appelé Yah, Yahh, Yahu ou El-Yah. C'est également dans le Néguev que se trouve le mont Har Karkom, que certains archéologues identifient au vrai mont Sinaï. On y a même trouvé des gravures dont certaines représentent une ménorah, le chandelier à sept branches qui symbolise Yahvé dans le judaisme :

Le dieu Yahvé des Israéliens et Madianites était en fait un dieu adorés par de nombreux sémites : La plus ancienne référence est un texte d'Ougarit, datant du 14ème siècle av. JC, et qui dit que le dieu EL avait un fils appelé YaW. Mais il est également possible que ce YaW ne soit qu'une déformation de YaM, le dieu de la mer des cananéens.

La plus ancienne référence certaine se lit sur un vase trouvé à Lakish et datant de 1220 av. JC. On y voit dessinés un bélier et une ménorah, et il y est écrit "Yah de Gath".

Yah / Yahvé était également appelé YW, Jéoud ou Ieuô par les Cananéens de Beyrouth, Ya, You ou Yaw par les Amorites de Mari et Ougarit, Yô ou Haddo par les Araméens. Le roi de Hama avait un fils s'appelant Yoram (= "YO est élevé'), et qui se traduisait aussi par Hadoram ou Hadduram (= Haddou / Hadad est élevé). Yahvé était donc l'équivalant de Haddou / Haddad, un dieu de l'orage plus connu sous le titre de Ba'al ("Maitre").

On notera aussi que le nom Israël est composé d'un verbe "isra", qui veut dire lutter, et de la désignation d'une divinité "-El", un dieu cananéen important qui est devenu Allah par la suite. Etant donné que ce peuple ne s'appellait pas Isra-Yahou, en référence à Yahvé, on doit imaginer que les Israéliens ont vénéré El avant d'adopter Yahvé.
Explication possible : un groupe qui se nommait Israël a été rejoint par un autre groupe de gens fuyant l'Egypte et qui vénéraient Yahvé, une divinité qui aurait permis leur libération. Les deux dieux auraient ensuite été identifiés par les deux peuples.

Mais, en dehors de la Bible, que disent les textes antiques sur les origines de Moïse ?

Le premier texte dont nous disposons date du IV-III° Siècle avant J.C., il a été écrit par Hécatée d'Abdère, philosophe et historien, qui vécut en Egypte et composa une histoire de ce pays. Ce récit a été rapporté par Diodore de Sicile dans sa "Bibliothèque historique" livre XL;3 :

"Il se déclara anciennement en Egypte une maladie pestilentielle ; le peuple fit remonter à la divinité l'origine de ce fléau ; comme le pays était habité par de nombreux étrangers, ayant des mœurs et des cérémonies religieuses très différentes, il en résulta que le culte héréditaire était négligé. Les indigènes crurent donc que, pour apaiser le fléau, il fallait chasser les étrangers. C'est ce qu'on fit sur-le-champ (...) Les plus vaillants et les plus distingués furent jetés en Grèce, mais la masse émigra en Judée qui était alors déserte. Il y avait à leur tête Moses, plein de sagesse et de courage."

Un peu plus tard, Manéthon (3ème siècle av.JC) , un prêtre hellénisé d' Egypte, a donné sa version de l'exode et de Moïse. Son livre (Ægyptiaca) a été perdu mais plusieurs historiens antiques se sont basé sur lui pour décrire l'exode vue par les Egyptiens.

Selon le fragment 51 de l'Ægyptiaca, cité par Théophile d'Antioche, Moïse a été expulsé par le pharaon Tethmôsis (Thoutmosis I, 1506-1493 av.JC, début de la XVIIIe dynastie).

Selon le fragment 52 de l'Ægyptiaca, cité par Eusèbe et repris par Georges le Syncelle (9ème siècle ap.JC), Moïse a été expulsé par le pharaon Amôs (= Ahmosis I / Ahmès / Tethmôsis, 1550-1524 av.JC, début de la XVIIIe dynastie, qui a chassé les Hyksos de Basse Egypte).

Selon les fragment 53a et 53b de l'Ægyptiaca, cités par Eusèbe (3-4èmes siècles ap.JC), Moïse a été expulsé par le pharaon Cencherês / Achencheres (fin de la XVIIIe dynastie ?).

Selon le fragment 54 de l'Ægyptiaca, cité par Flavius Josèphe (1er siècle ap.JC) dans son livre "Contre Apion", Moïse a pour contemporains le pharaon Aménophis et le devin Aménophis fils de Paapis (Amenophis III / Amenhotep III, 1403-1353 av.JC) et son scribe-architecte Amenhotep fils de Hapou, XVIIIe dynastie).
Les prédécesseurs des Hébreux sont également évoqués : De féroces envahisseurs sémites qui ont pour nom Hyksos (Heka-khasout), de "Hyk" roi en langage sacré, et de "Sos", pasteurs. Ils ont pris le pouvoir à Memphis et fondé une dynastie (Joseph aurait peut-être pu faire partie de ces Hyksos). Cinq cent onze ans plus tard, ils ont été vaincus et obligés de s'enfermer dans leur ville d'Avaris. Assiégés, ils ont négocié leur départ vers la Syrie et y ont fondé Hierosolyma (Jérusalem).
D'autres vieux textes égyptiens anciens ont parlé aussi de ces sémites Hyksos : Ils avaient conquis la Basse-Égypte et l'avaient dominées jusqu’à ce qu'ils soient défaits par Ahmès (1550-1524 av.JC, début de la XVIIIe dynastie) qui détruisit leur capitale Avaris. Ils s’étaient attirés la haine des Égyptiens en faisant de Seth (le meurtrier d’Osiris) leur dieu suprême (identifié à Baal).

Flavius Josephe, "Contre Apion X" :

"Il ne me reste donc a réfuter que ce que cet historien a dit de Moïse. Les Égyptiens demeurent d'accord que c'était un homme admirable, et sont persuadés qu'il avait quelque chose de divin. Mais ils ne peuvent que par une grande imposture s'efforcer de faire croire qu'il était de leur nation comme ils font en disant que c'était un prêtre d' Héliopolis qui avait été chassé avec les autres à cause de la lèpre. La chronologie fait voir qu'il vivait cinq cent dix-huit ans auparavant, et du temps que nos pères après avoir été chassés d'Egypte s'établirent dans le pays que nous possédons maintenant. Pour montrer qu'il était très-exempt de celle fâcheuse maladie il suffit de dire qu'il défendit aux lépreux de demeurer dans les villes, dans les bourgs et dans les villages ; leur ordonna de vivre à part avec des habits différents des autre; déclara que l'on ne devait réputer impurs que ceux qui les avaient touchés ou logés avec eux, voulut que ceux mêmes qui étaient guéris de cette maladie ne pussent entrer dans Jérusalem qu'après certaine» purifications, et après s'être lavés dans des fontaines, s'être fait raser tout le poil et avoir offert plusieurs sacrifices. Si cet admirable législateur eut été lui-même infecté de cette maladie. aurait-il usé d'une si grande sévérité envers ceux qui en auraient comme lui été affligés ? Mais ce n'est pas seulement sur le sujet des lépreux qu'il a fait de telles lois; il a aussi défendu à ceux qui auraient le moindre défaut corporel d'entrer dan» le ministère des choses saintes, et privé de l'honneur du sacerdoce ceux qui contreviendraient à cet ordre. Comment donc aurait-il voulu lui faire une loi qui lui aurait été si préjudiciable et si honteuse? Quant à ce que Manéthôs (Manéthon) dit qu'il avait changé le nom d'Osarsiph / Osarseph (Osiris-Joseph) en celui de Moïse, y a-t il plus d'apparence, puisque ces deux noms n'ont nul rapport : au lieu que celui de Moïse signifie qu'il a été préservé de l'eau ; car les Égyptiens nomment l'eau moï. Je pense avoir assez clairement fait voir que lorsque Manéthon suit les écrits des ancien» il ne s'éloigne pas beaucoup de la vérité ; mais que hors de là il ne raconte que des fables ou qu'il invente ridiculement, ou auxquelles sa haine pour notre nation lui a fait ajouter foi."

Flavius Josephe, "Contre Apion XXVI" :

"Le premier qui m'arrêtera, c'est celui dont le témoignage m'a déjà servi un peu plus haut à prouver notre antiquité. Ce Manéthôs, qui avait promis de traduire l'histoire d'Égypte d'après les Livres sacrés, après avoir dit que nos aïeux (les Sémites Hyksos), venus au nombre de plusieurs myriades en Égypte, établirent leur domination sur les habitants, avouant lui-même que, chassés plus tard, ils occupèrent la Judée actuelle, fondèrent Jérusalem et bâtirent le temple; Manéthôs, dis-je, a suivi jusque-là les annales. Mais ensuite, il prend la liberté, sous prétexte de raconter les fables et les propos qui courent sur les Juifs, d'introduire des récits invraisemblables et veut nous confondre avec une foule d'Égyptiens lépreux et atteints d'autres maladies, condamnés pour cela, selon lui, à fuir l'Égypte (…)
Ainsi, après avoir avoué que tant d'années s'étaient écoulées depuis que nos pères avaient quitté l'Égypte, intercalant dans la suite le fabuleux roi Aménophis, il raconte que ce prince désira contempler les dieux comme l'avait fait l'un de ses prédécesseurs au trône, et fit part de son désir à Aménophis, son homonyme, fils de Paapis (Amenhotep, fils de Hapou, ministre d'Aménophis III,), qui semblait participer à la nature divine par sa sagesse et sa connaissance de l'avenir. Cet homonyme lui dit qu'il pourrait réaliser son désir s'il nettoyait le pays entier des lépreux et des autres impurs. Le roi se réjouit, réunit tous les infirmes de l'Égypte - ils étaient au nombre de quatre-vingt mille - et les envoya dans les carrières à l'est du Nil travailler à l'écart des autres Égyptiens.
Il y avait parmi eux, suivant Manéthôs, quelques prêtres savants atteints de la lèpre. Alors cet Aménophis, le sage devin, craignit d'attirer sur lui et sur le roi la colère des dieux si on les forçait à se laisser contempler ; et, voyant des alliés dans l'avenir se joindre aux impurs et établir leur domination en Égypte pendant treize ans, il n'osa pas annoncer lui-même ces calamités au roi, mais il laissa le tout par écrit et se tua. Le roi tomba dans le découragement.
Ensuite Manéthôs s'exprime ainsi textuellement : Les hommes enfermés dans les carrières souffraient depuis assez longtemps, lorsque le roi, supplié par eux de leur accorder un séjour et un abri, consentit à leur céder l'ancienne ville des Pasteurs, Avaris, alors abandonnée. Cette ville, d'après la tradition théologique, est consacrée depuis l'origine à Typhon (Seth). Ils y allèrent et, faisant de ce lieu la base d'opération d'une révolte, ils prirent pour chef un des prêtres d'Héliopolis nommé Osarseph et lui jurèrent d'obéir à tous ses ordres. Il leur prescrivit pour première loi de ne point adorer de dieux, de ne s'abstenir de la chair d'aucun des animaux que la loi divine rend le plus sacrés en Égypte, de les immoler tous, de les consommer et de ne s'unir qu'à des hommes liés par le même serment.
Après avoir édicté ces lois et un très grand nombre d'autres, en contradiction absolue avec les coutumes égyptiennes, il fit réparer par une multitude d'ouvriers les murailles de la ville et ordonna de se préparer à la guerre contre le roi Aménophis. Lui-même s'associa quelques-uns des autres prêtres contaminés comme lui, envoya une ambassade vers les Pasteurs chassés par Tethmôsis, dans la ville nommée Jérusalem, et, leur exposant sa situation et celle de ses compagnons outragés comme lui, il les invita à se joindre à eux pour marcher tous ensemble sur l'Égypte. Il leur promit de les conduire d'abord à Avaris, patrie de leurs ancêtres, et de fournir sans compter le nécessaire à leur multitude, puis de combattre pour eux, le moment venu, et de leur soumettre facilement le pays. Les Pasteurs, au comble de la joie, s'empressèrent de se mettre en marche tous ensemble au nombre de deux cent mille hommes environ et peu après arrivèrent à Avaris.
Le roi d'Égypte Aménophis, à la nouvelle de leur invasion, ne fut pas médiocrement troublé, car il se rappelait la prédiction d'Aménophis, fils de Paapis. Il réunit d'abord une multitude d'Égyptiens, et après avoir délibéré avec leurs chefs, il se fit amener les animaux sacrés les plus vénérés dans les temples et recommanda aux prêtres de chaque district de cacher le plus sûrement possible les statues des dieux. Quant à son fils Séthôs, nommé aussi Ramessès du nom de son grand-père Rampsès, et âgé de cinq ans, il le fit emmener chez son ami. Lui-même passa le Nil avec les autres Égyptiens, au nombre de trois cent mille guerriers bien exercés, et rencontra l'ennemi sans livrer pourtant bataille ; mais pensant qu'il ne fallait pas combattre les dieux, il rebroussa chemin vers Memphis, où il prit l'Apis et les autres animaux sacrés qu'il y avait fait venir, puis aussitôt, avec toute son armée et le peuple d'Égypte, il monta en Éthiopie ; car le roi d'Éthiopie lui était soumis par la reconnaissance. Celui-ci l'accueillit et entretint toute cette multitude à l'aide des produits du pays convenables à la nourriture des hommes, leur assigna des villes et des villages suffisants pour les treize ans d'exil imposés par le destin à Aménophis loin de son royaume, et n'en fit pas moins camper une armée éthiopienne aux frontières de l'Égypte pour protéger le roi Aménophis et les siens.
Les choses se passaient ainsi en Éthiopie. Cependant les Solymites firent une descente avec les Égyptiens impurs et traitèrent les habitants d'une façon si sacrilège et si cruelle que la domination des Pasteurs paraissait un âge d'or à ceux qui assistèrent alors à leurs impiétés. Car non seulement ils incendièrent villes et villages, et ne se contentèrent pas de piller les temples et de mutiler les statues des dieux, mais encore ils ne cessaient d'user des sanctuaires comme de cuisines pour rôtir les animaux sacrés qu'on adorait, et ils obligeaient les prêtres et les prophètes à les immoler et à les égorger, puis les dépouillaient et les jetaient dehors. On dit que le prêtre d'origine héliopolitainne qui leur donna une constitution et des lois, appelé Osarseph (Osiris-Joseph ?), du nom du dieu Osiris adoré à Héliopolis, en passant chez ce peuple changea de nom et prit celui de Moïse."

Flavius Josephe, "Contre Apion XXVII" :

"Voilà ce que les Égyptiens racontent sur les Juifs, sans compter bien d'autres histoires que je passe pour abréger. Manéthôs dit encore que dans la suite Aménophis revint d'Éthiopie, suivi d'une grande armée, ainsi que son fils Rampsès, à la tête d'une armée lui aussi, que tous deux ensemble attaquèrent les Pasteurs et les impurs, les vainquirent, et qu'après en avoir tué un grand nombre, ils les chassèrent jusqu'aux frontières de Syrie."

Flavius Josephe, "Contre Apion XXXII (XI)" :

"Après lui, je veux examiner Chærémon. Cet auteur également déclare qu'il écrit l'histoire d'Égypte, et, après avoir cité le même nom de roi que Manéthôs, Aménophis, et Ramessès son fils, il raconte qu'Isis apparut à Aménophis dans son sommeil, lui reprochant la destruction de son temple pendant la guerre. L'hiérogrammate (docteur sacré) Phritobautès (Phritiphante) dit que, s'il purifiait l'Égypte des hommes atteints de souillures, ses terreurs cesseraient. Le roi réunit deux cent cinquante mille de ces hommes nuisibles et les chassa. A leur tête étaient Moïse et Joseph, également hiérogrammates. Leurs noms égyptiens étaient Tisithen (Ticithe) pour Moïse, et Peteseph pour Joseph. Ces exilés arrivèrent à Péluse et rencontrèrent trois cent quatre-vingt mille hommes abandonnés par Aménophis, qui n'avait pas voulu les amener en Égypte ils conclurent avec eux un traité d'amitié et marchèrent sur l'Egypte. Aménophis, sans attendre leur attaque, s'enfuit en Éthiopie, laissant sa femme enceinte. Elle se cacha dans des cavernes et mit au monde un enfant du nom de Messenez (Ramessès), qui, devenu homme, chassa les Juifs en Syrie au nombre d'environ deux cent mille, et reçut son père Aménophis revenu d'Ethiopie."

Flavius Josephe, "Contre Apion XXXIV (XII)" :

"Après eux je présenterai Lysimaque, qui a pris pour ses mensonges le même thème que les écrivains précités, la fable des lépreux et des infirmes, mais qui les surpasse par l'invraisemblance de ses inventions; aussi est-il clair que son ouvrage est inspiré par une profonde haine. D'après lui, sous Bocchoris, roi d'Égypte, le peuple juif atteint de la lèpre, de la gale et d'autres maladies, se réfugia dans les temples, et y mendiait sa vie. Comme un très grand nombre d'hommes étaient tombés malades, il y eut une disette en Égypte. Bocchoris, roi d'Égypte, envoya consulter l'oracle d'Ammon au sujet de la disette. Le dieu ordonna de purger les temples des hommes impurs et impies en les chassant de là dans des lieux déserts, de noyer les galeux et les lépreux, car, selon lui, le soleil était irrité de leur existence, et de purifier les temples; qu'ainsi la terre porterait des fruits. Bocchoris, informé de l'oracle, appela près de lui les prêtres et les serviteurs de l'autel, leur ordonna de faire un recensement des impurs et de les livrer aux soldats pour qu'ils les emmenassent dans le désert, et de lier les lépreux entre des feuilles de plomb pour les jeter à la mer. Les lépreux et les galeux noyés, on réunit les autres et on les transporta dans des lieux déserts pour qu'ils périssent.
Ceux-ci s'assemblèrent, délibérèrent sur leur situation; la nuit venue, ils allumèrent du feu et des torches, montèrent la garde, et, la nuit suivante, après un jeûne, ils prièrent les dieux pour leur salut. Le lendemain un certain Moïse leur conseilla de suivre résolument une seule route jusqu'à ce qu'ils parvinssent à des lieux habités et leur prescrivit de n'avoir de bienveillance pour aucun homme, ni de jamais conseiller le meilleur parti, mais le pire, et de renverser les temples et les autels des dieux qu'ils rencontreraient. Les autres y consentirent et mirent à exécution leurs décisions; ils traversèrent le désert, et, après bien des tourments, arrivèrent dans la région habitée, puis, outrageant les hommes, pillant et brûlant les temples, ils vinrent dans le pays appelé aujourd'hui Judée, y bâtirent une ville et s'y fixèrent. Cette ville fut nommée Jérosula / Hiérosyla, c'est-à-dire, dépouille des choses saintes, à cause de leurs dispositions d'esprit. Plus tard, devenus maîtres du pays, avec le temps, ils changèrent cette appellation pour éviter la honte, et donnèrent à la ville le nom de Jérosolyme / Hiérosolyma, à eux-mêmes celui de Hiérosolymites.
"

L'historien romain Tacite (1er siècle ap.JC), dans son "Histoire" livre V;3, a lui aussi parlé de l'Exode qu'il place sous le pharaon Bocchoris (Bakenranef, 725-716 av.JC, XXIVe dynastie) ce qui est une date très tardive :

"Il a fait transporter sur d'autres terres, comme maudits des dieux, tous les hommes infectés. (…) Moïse, un des exilés, leur conseilla de ne rien espérer ni des dieux ni des hommes, qui les avaient également renoncés, mais de se fier à lui comme à un guide céleste".

La date approximative de l'exode est difficile à fixer, les auteurs grecs et romains situant chacun les évènements sous un pharaon différent. Il n'existe aucune source égyptienne relatant la fuite ou l'expulsion des Hébreux.

Cependant la présence des hébreux (les Habirous ou Apirous) est bien attestée en Égypte sous le règne d'Amenophis III (1403-1353 av.JC, XVIIIe dynastie) : on a mis à jour la tombe d'un fonctionnaire nommé Aper-El. Ce nom est un nom sémitique et vient du mot Apirou que les égyptologues rapprochent du mot 'ibrî , terme employé dans la Bible pour désigner les Hébreux (les deux mots ont la même racine consonantique). Le mot Apirou signifie "poussiéreux" ou "couvert de sable" et sert à désigner les populations semi-nomades sémitiques qui arpentent les régions désertiques du Sinaï à la Mésopotamie. Aper-El signifie donc "le poussiéreux d'El", El étant le dieu suprême dans le panthéon cananéen.
A la même époque, dans un texte du temple de Soleb, sont cités les "Shasous de Yahwo". Le pays des Shasous (Bédouins) se situait du côté de Madian et d'Edom. Ce texte prouve donc que leur Dieu était bien Yahvé. Hors c'est sur leur territoire que Moïse aurait rencontré Yahvé, selon la Bible.

A propos des Hébreux qui étaient considérés comme des lépreux par les Egyptiens, on a retrouvé une stèle datant du pharaon Akhenaton (Amenophis IV, 1372-1337 av.JC, XVIIIe dynastie) à Gebel Silsileh avec un texte évoquant les esclaves travaillant dans les carrières sous le nom de " lépreux".

Sous Séti Ier (1316-1295, XIXe dynastie), la population du Goshem fut réduite en esclavage (le pays de Goshem, situé dans le delta du Nil, avait accueilli les Hébreux selon la Bible). Selon les annales de Ramsès II, Séti Ier occupa les nouveaux esclaves à construire la forteresse de Pitom (Pithom mentionnée avec Pi-Ramsès en Exode 1,11) et à reconstruire la ville de Tanis pour en faire la nouvelle capitale de l'empire égyptien.

Sous Ramsès II (1295-1229 av.Jc, XIXe dynastie), on trouve aussi des Hébreux en Égypte : Le Papyrus Leyde 348 mentionne des Habirous transporteurs de pierre pour la construction d'un temple et de la grande forteresse de la ville de Ramsès (hors selon la Bible Les Hébreux fabriquaient des briques en Égypte). On peut lire : "Qu'on donne des rations aux soldats et aux Apirous qui traînent la pierre de taille pour le grand pylône de Ramsès (...)".

Sous Ramsès III (1217-1153 av.JC, XXe dynastie), des Hébreux étaient installés dans la ville d'Héliopolis.

Sous Ramsès IV (1194-1148 av.JC, XXe dynastie), le Papyrus Harris I mentionne également des Habirous parmi les ouvriers des carrières

Certains pensent que certains évènements de la fin de la XIXe dynastie égyptienne pourraient correspondre aux actions de Moïse et des Hébreux :

A la mort de Séthi II vers 1194 av.JC, son fils Siptah (1206-1188 av.JC, XIXe dynastie) était encore bien trop jeune pour lui succéder. Il régna alors sous une double tutelle : celle de sa belle mère Taousert Setepenmout (Thouôris), une des femmes de Séthi II, et celle de Bay / Beya, un Syrien ("Un vagabond d'un pays du Nord", "Celui qui a établi le roi sur le trône de son père"). Ce dernier connut une ascension fulgurante, passant de simple échanson (ou scribe) de Séthi II à Chef du Trésor et Chancelier (c'est à dire Régent) sous l'impulsion de Taousert, qui était peut-être sa maîtresse. Sa position lui permit même de posséder une sépulture dans la Vallée des Rois (KV 13).
Mais Bay aurait finalement été exécuté sur les ordres de Siptah, pour trahison, lors de l'an 5 de son règne. Un ostracon dit ceci à ce propos :
"Année 5, le 27e jour du IIIe mois de la saison Shemou. En ce jour, le scribe de la tombe de Paser est venu annoncer que Pharaon a tué le grand ennemi Bay".
Cela semble indiquer que Bay avait voulu s'emparer du pouvoir.

Après la mort de Siptah à 18-19 ans à peine, la dynastie n'ayant plus d'héritiers, Taousert assuma le pouvoir de 1188 à 1186 av.JC.
Le règne de Taousert prendra cependant fin dans une guerre civile.
C'est peut-être à ce moment qu'un Khary (Syro-Palestinien) surnommé Iarsou / Yarsou / Irsou ("Celui qui s'est fait lui-même" ou "Celui qui s'est fait Roi") aurait tenté d'usurper le pouvoir (à moins que Yarsou n'ait été qu'un surnom de Bay ?).
Le Papyrus Harris I en dit ceci :
"Il fit en sorte que le pays tout entier lui apportât des présents. Par la suite, il rassembla ses hommes et pilla tous les biens. Ils firent des dieux de simples hommes et aucune offrande ne fut plus consacrée dans les sanctuaires."
Certains pensent que ce Yarsou pourrait être Moïse à la tête des Hébreux qui ont pillés les biens des Egyptiens avant de s'enfuir.
Le général Sethnakht parviendra cependant à les chasser et fondera la XXe dynastie en 1186 av.JC.
Une stèle découverte à Eléphantine nous apprends ceci :
"Les ennemis qui étaient devant lui s'enfuirent plus vite que des petits oiseaux, pendant que l'aura du faucon les poursuivait. Ils abandonnèrent sur place l'or et l'argent de l'Egypte volés par les Asiatiques."
Certains pensent que ces Asiatiques seraient les Hébreux qui avaient volé les biens des Egyptiens avant de s'enfuir, ainsi qu'il est dit dans la Bible.
Et dans le Papyrus Harris, Ramsès III raconte comment son père Sethnakht aurait rétabli l'ordre dans toute l'Egypte  :
"Il remit de l'ordre dans tout le pays qui était en révolution. Il tua tous les hommes perfides qui vivaient dans le pays bien-aimé. Il purifia le grand trône d'Egypte et devint le souverain du Double Pays, sur le trône d'Atoum. Il redressa les visages tournés vers la terre et chacun reconnut en lui son frère (...). Il restaura les temples des cités, les chargea à nouveau d'offrandes."

Cependant ces évènements semblent s'être passé à une date trop tardive.
Aprés l'exode la plus ancienne mention du nom "Israël" apparaît sur une stèle dans la nécropole des pharaons à Thèbes vers 1220 av Jc. Il s'agit de la fameuse stèle d'Israël. Elle contient 27 lignes à la gloire du Pharaon Mineptah (Merneptah / Merenptah / Menephta, 1269-1203 av.JC, XIXe dynastie) qui s'est emparé de quelques villes palestiniennes et détruit Israël : "La tribu de Iasirela (Israël) est désolée ; sa semence n'existe plus ".

Cet hymne de victoire célèbre la soumission totale des Neuf-Arcs, les peuples étrangers ennemis de l'Egypte. C'est la première, et unique, mention d'Israël dans les textes égyptiens. Il s'agit alors seulement d'une tribu non sédentarisée car le hiéroglyphe déterminatif qui est associé à ce nom le désigne explicitement comme un peuple et non comme un état.
Ce n'est donc qu'ensuite qu'Israel s'unifiera pour constituer un vrai pays.

Quand à la religion monothéiste de Moïse, il semble bien qu'elle ait mis trés longtemps à s'imposer. En effet, tout laisse croire que les Hébreux restèrent encore polythéistes pendant des siècles, considérant Yahvé comme une sorte de roi des dieux...