DOSSIER JUDAISME :



L'onolâtrie des Juifs :                                                                              

 

Les anciens païens se sont longtemps moqués des Juifs, affirmant qu'ils adoraient un dieu à tête d'âne (onolâtrie). D'où cette idée étrange leurs était-elle venue ?

On remarque que, dans la Genèse, le Prince Hévéen Hamor (= âne) était le fondateur du royaume de Sichem :

"Et Jacob arriva en paix à la ville de Sichem, qui est dans le pays de Canaan, comme il venait de Paddan-Aram ; et il campa en face de la ville. Et il acheta de la main des fils de Hamor, père de Sichem, pour cent kesitas, la portion du champ où il avait dressé sa tente ; et il dressa là un autel et l'appela El-Élohé-Israël.
Et Dina, fille de Léa, qu'elle avait enfantée à Jacob, sortit pour voir les filles du pays ; et Sichem, fils de Hamor, le Hévien, prince du pays, la vit, et la prit, et coucha avec elle et l'humilia."  
(Genèse 33:18-34:2)

Certains en ont déduit que l'âne était peut-être, dés cette époque, l'emblème de la ville de Sichem... mais ce ne sont là que des spéculations.

Plus tard, le Grec Agatharchides (2ème siècle av.JC) se moquera des Juifs car ceux-ci priaient avec les deux bras levés vers le ciel. C'est alors que les Grecs, puis les Romains, prendront l'habitude de railler les Juifs, disant que leurs bras levés faisaient penser à deux oreilles d'âne dressées.

De là vient probablement l'habitude d'associer l'âne aux Juifs. On en trouve déja des traces chez Diodore de Sicile (-90-20 av.JC) :

"Antiochos, dénommé Épiphane, en battant les Juifs était entré dans le plus saint sanctuaire du dieu du temple, où il fut légitime pour le prêtre seul d'entrer. Trouvant ici une statue de pierre d'un homme à longue barbe assis sur un âne, avec un livre dans ses mains, il la supposa être une image de Moïse le fondateur de Jérusalem et l'organisateur de la nation, l'homme de plus qui avait ordonné aux Juifs leurs coutumes misanthropiques et contraires à la loi." (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique 34-35.1.1-5)

Ensuite, l'Alexandrin Apion, trés hostile envers les Juifs, a prétendu carrément que ceux-ci adoraient un dieu à tête d'âne.
Le Juif romanisé Flavius Josèphe (37-100) reprit alors ses affirmations en 93 pour tenter de les réfuter :

"Ce sanctuaire, Apion a osé dire que les Juifs y avaient placé une tête d'âne, qu'ils l'adoraient et la jugeaient digne d'un si grand culte; il affirme que le fait fut dévoilé lors du pillage du temple par Antiochos Épiphane et qu'on découvrit cette tête d'âne faite d'or, et d'un prix considérable. - A cela donc je réponds d'abord qu'en sa qualité d'Égyptien, même si chose pareille avait existé chez nous, Apion n'eût point dû nous le reprocher, car l'âne n'est pas plus vil que les furets, les boucs et les autres animaux qui ont chez eux rang de dieux. Ensuite comment n'a-t-il pas compris que les faits le convainquent d'un incroyable mensonge ? En effet, nous avons toujours les mêmes lois, auxquelles nous sommes éternellement fidèles. Et, quand des malheurs divers ont fondu sur notre cité comme sur d'autres, quand Antiochos le Pieux, Pompée le Grand, Licinius Crassus et, en dernier lieu, Titus César triomphant de nous ont occupé le temple, ils n'y trouvèrent rien de semblable, mais un culte très pur au sujet duquel nous n'avons rien à cacher à des étrangers.
Mais qu'Antiochos mit à sac le temple contre toute justice, qu'il y vint par besoin d'argent sans être ennemi déclaré, qu'il nous attaqua, nous ses alliés et ses amis, et qu'il ne trouva dans le temple rien de ridicule, voilà ce que beaucoup d'historiens dignes de foi attestent également, Polybe de Mégalopolis, Strabon de Cappadoce, Nicolas de Damas, Timagène, les chronographes Castor et Apollodore ; tous disent que, à court de ressources, Antiochos viola les traités et pilla le temple des Juifs plein d'or et d'argent. Voilà les témoignages qu'aurait dû considérer Apion s'il n'avait eu plutôt lui-même le coeur de l'âne et l'impudence du chien, qu'on a coutume d'adorer chez eux. Car son mensonge n'a pas même pu s'appuyer sur quelque raisonnement d'analogie. En effet, les ânes, chez nous, n'obtiennent ni honneur ni puissance, comme chez les Égyptiens les crocodiles et les vipères, puisque ceux qui sont mordus par des vipères ou dévorés par des crocodiles passent à leurs yeux pour bienheureux et dignes de la divinité. Mais les ânes sont chez nous, comme chez les autres gens sensés, employés à porter les fardeaux dont on les charge, et s'ils approchent des aires pour manger ou s'ils ne remplissent pas leur tâche, ils reçoivent force coups ; car ils servent aux travaux et à l'agriculture. Ou bien donc Apion fut le plus maladroit des hommes à imaginer ses mensonges, ou, parti d'un fait, il n'a pas su en conclure justement, car aucune calomnie à notre adresse ne peut réussir."
(Flavius Josèphe, Contre Apion 2.80-88)

Flavius Josèphe s'est opposé également à une histoire colportée par un certain Mnaséas :

"Après cela Apion raille les Juifs, comme très superstitieux, en ajoutant à sa fable le témoignage de Mnaséas. Cet auteur raconte, à l'en croire, qu'il y a très longtemps, les Juifs et les Iduméens (Edom) étant en guerre, d'une certaine ville iduméenne nommée Dora (Dora), un des hommes qui étaient attachés au culte d'Apollon (Resheph) vint trouver les Juifs. Il se nommait, dit-il, Zabidos. Il leur promit de leur livrer Apollon, le dieu de Dora, qui se rendrait à notre temple si tout le monde s'éloignait. Et toute la multitude des Juifs le crut. Zabidos cependant fabriqua un appareil de bois dont il s'entoura et où il plaça trois rangs de lumières. Ainsi équipé il se promena, de sorte qu'il avait de loin l'apparence d'une constellation en voyage sur la terre. Les Juifs, frappés de stupeur par ce spectacle inattendu, restèrent à distance et se tinrent cois. Zabidos tout tranquillement arriva jusqu'au temple, arracha la tête d'or de l'escarbot (animal que l'on croyait naître de la fiente des ânes) - c'est ainsi qu'il s'exprime pour faire le plaisant - et revint en hâte à Dora. Ne pourrions-nous pas dire à notre tour qu'Apion surcharge le baudet, c'est-à-dire lui-même, et l'accable sous le poids de sa sottise et de ses mensonges ? En effet, il décrit des lieux qui n'existent pas et, sans le savoir, change les villes de place. L'Idumée est limitrophe de notre pays, voisine de Gaza, et elle n'a aucune ville du nom de Dora. Mais en Phénicie, près du mont Carmel, il y a une ville appelée Dora, qui n'a rien de commun avec les niaiseries d'Apion ; car elle est à quatre journées de marche de l'Idumée." (Flavius Josèphe, Contre Apion 2.112-116)

L'historien Tacite (58-120) a essayé également d'expliquer pourquoi l'âne était associé aux Juifs :

"La plupart des auteurs s'accordent à dire qu'une maladie contagieuse qui couvrait tout le corps de souillure s'étant répandue en Égypte, le roi Bocchoris en demanda le remède à l'oracle d'Hammon, et reçut pour réponse de purger son royaume et de transporter sur d'autres terres, comme maudits des dieux, tous les hommes infectés. On en fit la recherche, et cette foule misérable, jetée dans un désert, pleurait et s'abandonnait elle-même, lorsque Moïse, un des exilés, leur conseilla de ne rien espérer ni des dieux ni des hommes, qui les avaient également renoncés, mais de se fier à lui comme à un guide céleste, le premier qui jusque-là eût apporté quelque secours à leurs misères. Ils y consentirent, et, sans savoir où ils allaient, ils marchèrent au hasard. Mais rien ne les fatiguait autant que le manque d'eau. Tout près d'expirer, ils s'étaient jetés par terre et gisaient dans ces vastes plaines, lorsqu'ils virent un troupeau d'ânes sauvages, revenant de la pâture, gagner une roche ombragée d'arbres. (Moïse les suit, et, à l'herbe qui croît sur le sol, il devine et ouvre de larges veines d'eau. Ce fut un soulagement ; et, après six jours d'une marche continuelle, le septième ils chassèrent les habitants de la première terre cultivée, s'y établirent et y fondèrent leur ville et leur temple.
Moïse, pour s'assurer à jamais l'empire de cette nation, lui donna des rites nouveaux et un culte opposé à celui des autres mortels. Là est profane tout ce qui chez nous est sacré, légitime tout ce que nous tenons pour abominable. L'effigie de l'animal qui leur montra la route et les sauva de la soif est consacrée dans le sanctuaire, et ils sacrifient le bélier comme pour insulter Hammon."
(Tacite, Histoires 5:3-4)

Plutarque (46-125) a raconté la même histoire :

"... et de même qu'ils (les Hébreux) honorent l'âne comme leur ayant découvert une source d'eau, de même ils révèrent aussi le porc, qui a été leur maître dans l'art d'ensemencer et de labourer la terre." (Plutarque, Livre V)

Plus tard, Tertullien (155-220) a repris le texte de Tacite pour le critiquer :

"Quelques-uns de vous ont rêvé que notre Dieu était une tête d'âne. Tacite est l'auteur de cette ridicule invention. Dans le cinquième livre de son histoire, où il parle de la guerre des Juifs, il remonte à l'origine de ce peuple. Après avoir dit sur leur origine, sur leur nom et leur religion tout ce qu'il lui plaît d'imaginer, il raconte que les Juifs, libres du joug de l'Égypte, ou, comme il le pense, chassés de ce pays, et traversant les vastes et arides déserts de l'Arabie, étaient près de mourir de soif lorsqu'ils aperçurent des ânes sauvages qui allaient boire, et qui leur découvrirent une source. Il ajoute que, par reconnaissance, ils consacrèrent une statue représentant un âne. De là on a conclu, j'imagine, que les Chrétiens, rapprochés par leur religion du culte judaïque, adoraient la même idole. Cependant ce même historien, si fertile en mensonges, rapporte dans la même histoire que Pompée, après s'être rendu maître de Jérusalem, entra dans le temple pour y surprendre ce qu'il y avait de plus secret dans la religion des Juifs, et qu'il n'y trouva aucun simulacre." (Tertullien, Apolégétique XVI)

Tertullien a aussi raconté, vers 197, comment les païens se moquaient des Chrétiens à Carthage, les confondant avec les Juifs :

"Mais récemment on a publié dans cette ville une représentation nouvelle de notre Dieu : un scélérat, qui se loue pour exciter les bêtes fauves, a exposé en public un tableau avec cette inscription : Le dieu des Chrétiens, race d'âne. Ce dieu avait des oreilles d'âne, un pied de corne, portait un livre à la main et était vêtu de la toge. Nous avons ri, et du nom et de la figure."
(Tertullien, Apolégétique XVI)

Tertullien a donné une plus longues description du même fait dans un autre de ses livres :

"Mais il court sur notre Dieu une rumeur nouvelle. Il y a peu de jours que, dans cette cité, un des hommes les plus pervers, déserteur de sa religion, et qui n'a de juif que la peau qu'il a perdue, après avoir subi la dent des bêtes féroces contre lesquelles il a loué son bras et tout son corps, a promené contre nous une image avec cette inscription : Deus Christianorum Onocoetès (Deus Christianorum onokoites = Dieu des Chrétiens engendré par un âne, ou Deus Christianorum onokottes = Dieu des Chrétiens à tête d'âne). Le monstre était vêtu de la toge, portant un livre à la main, armé de longues oreilles d'âne, avec un des deux pieds fourchu. La multitude de croire aussitôt sur la parole du juif. N'est-ce pas de cette engeance que partent toutes les infamies dirigées contre nous ? Dans toute la ville il n'est plus bruit que d'Onocoetès". (Tertullien, Ad nationes, I, 14)

Vers la même époque, sur la colline du Pallatin à Rome, un Romain s'est amusé à railler un Chrétien en gravant un grafitti sur le platre d'un mur :
Le dessin réprésentait un Chrétien priant devant un homme crucifié avec une tête d'âne.
Sous le dessin était écrit "Alexamenos sebetai theon", c'est à dire "Alexamène adore son Dieu".

 

Minucius Felix (mort vers 260) prétendait lui aussi que les Chrétiens adorent un Dieu à tête d'âne :

"On dit encore qu'ils adorent une tête d'âne, ce plus bas des créatures, consacrée par je ne sais quelle sotte superstition, religion véritablement digne de leur vie." (Minucius Felix, Octavius 28)

Plus tard, en parlant des Gnostiques, Epiphane (315-403) racontait ceci :

"Les uns, dit-on, représentent Dieu sous la forme d'un âne…"

Effectivement, chez les Gnostiques, le mauvais archonte (Sabaoth / Iaô, identifié au Dieu des Juifs) pouvait être représenté avec une tête d'âne.

Plus tard, Ibn Ezra racontera encore ceci :

"Chewan (= la planète Saturne) était adoré chez les Arabes sous la forme d'un image d'âne, et nous reconnaisons en lui la planète qui règne sur le sabbat."

Finalement, ne peut-on pas conclure que tout celà n'est pas trés sérieux et que les païens ne savaient pas vraiment de quoi il parlaient ?